Sur la conception
de la guérilla urbaine
(RAF, 1972)
" Entre
l'ennemi et nous, il nous faut tracer une ligne de démarcation
bien nette. " (Mao-Tsé-Toung)
" Etre attaqué par l'ennemi est une bonne chose et
non une mauvaise chose; en ce qui nous concerne, qu'il s'agisse
d'un individu, d'une armée, d'un parti ou d'une école,
j'estime que l'absence d'attaque de l'ennemi contre nous est
une mauvaise chose, car elle signifie nécessairement que
nous faisons cause commune avec l'ennemi.
Si nous sommes
attaqués par l'ennemi, c'est une bonne chose car cela
prouve que nous avons établi une ligne de démarcation
bien nette entre lui et nous.
Et si celui-ci
nous attaque avec violence, nous peignant sous les couleurs les
plus sombres et dénigrant tout ce que nous faisons, c'est
encore mieux, car cela prouve non seulement que nous avons établi
une ligne de démarcation nette entre l'ennemi et nous,
mais encore que nous avons remporté des succès
remarquables dans notre travail. " (Mao-Tsé-Toung,
26 mai 1939)
Soutenir la lutte
armée!
1. REPONSES
CONCRETES A DES QUESTIONS CONCRETES
" Je persiste
à soutenir qu'à moins d'avoir enquêté,
on ne peut prétendre au droit à la parole. "
(Mao)
Quelques camarades
ont déjà des idées toutes faites à
notre sujet. Pour eux, rattacher ce " groupe anarchiste
" au mouvement socialiste n'est que " démagogie
de la part de la presse bourgeoise ".
Dans la mesure où
ils l'utilisent de manière fausse et dénonciatrice,
leur conception de l'anarchisme ne va plus loin que celle de
la presse Springer . Nous ne discuterons avec personne à
un niveau aussi débile.
Pourtant, de nombreux camarades désirent savoir ce que
nous en pensons. Notre lettre à 883 (journal underground
berlinois) était trop générale. La bande
magnétique d'une certaine Michèle Ray dont le Spiegel
a publié des extraits n'était pas authentique et
provenait simplement de conversations privées.
Cette femme voulait
écrire un article en se servant de la bande comme aide-mémoire.
Elle nous a roulés ou nous l'avons surestimée.
Si notre pratique était aussi à l'emporte-pièce
que certaines de ses formules, on nous aurait arrêté
depuis longtemps. Le Spiegel a payé Michèle Ray
1000 dollars pour cela.
Que presque tout ce que les journaux publient sur nous - et comment
ils l'écrivent - n'est que mensonge, cela est clair. Les
projets d'enlèvement de Willy Brandt qu'ils nous attribuent
ont pour but de nous faire passer pour des débiles politiques;
le rapprochement qu'ils établissent entre nous et ceux
qui ont enlevé un enfant tend à nous assimiler
à des criminels sans scrupule quant au choix de leurs
moyens. Cela va jusqu'à des " détails de source
sûre " dans " Konkret " (N°5, mai 1971)
, détails sans importance bâclés ensemble
pour la forme.
Il y aurait parmi
nous des " officiers et des soldats "; certains d'entre
nous seraient dépendants, certains d'entre nous auraient
été liquidé; ceux qui nous ont quitté
auraient à craindre de nous; nous entrerions dans les
appartements ou aurions accès aux passeports le flingue
à la main; nous exercerions un " terrorisme de groupe
" - tout cela n'est que du vent.
Qui se représente une organisation illégale de
résistance d'après le modèle d'organisation
des Freikorps et de la Sainte-Vehme , veut lui-même le
pogrome. Horkheimer et Adorno, dans La personnalité autoritaire,
et Wilhelm Reich, dans Psychologie de masse du fascisme, ont
montré le rapport entre le fascisme et les mécanismes
psychiques qui produisent de telles projections.
Le caractère
révolutionnaire forcé est une contradiction en
soi - une contradiction improductive. Une pratique politique
révolutionnaire, dans les rapports dominants que nous
connaissons - ou même dans tous les cas -, suppose la concordance
permanente du caractère individuel et de la motivation
politique, c'est-à-dire l'identité politique. Critique
et auto-critique marxistes n'ont pas grand chose à voir
avec " l'autolibération ", mais bien plutôt
avec la discipline révolutionnaire.
Qui veut "
uniquement faire les premières pages ", ce n'est
même pas une quelconque " organisation de gauche ",
qui le ferait anonymement, mais " konkret " lui-même,
dont le rédacteur en chef soigne son image de bras gauche
d'Edouard Zimmermann (rédacteur en chef de l'émission
" XYZ " sur ZDF où la population est appelée
à devenir les assistants de la police criminelle), afin
de permettre à cette présentation d'étudiants
membres de corporations de remplir une part de marché.
Il y aussi beaucoup de camarades qui répandent des mensonges.
Ils se font mousser en racontant que nous aurions habité
chez eux, qu'ils auraient organisé nos voyages en Palestine,
qu'ils seraient informé de nos contacts, qu'ils auraient
fait des choses pour nous alors qu'ils n'ont rien fait.
Certains veulent juste montrer qu'ils sont " in ".
Cela a rattrapé
Günther Voigt, qui s'était vanté devant Dürrenmatt
d'être un des libérateurs de Baader, ce qu'il aura
regretté quand les flics sont arrivés.
Le démenti,
même s'il exprime la vérité, n'est après
pas si simple. Certains veulent par là prouver que nous
sommes idiots, irresponsables, imprudents, dingues. Ainsi ils
en amènent d'autres contre nous.
Ils consomment.
Nous n'avons rien à faire avec ces beaux-parleurs, pour
qui la lutte anti-impérialiste se déroule au café.
Ils sont beaucoup ceux qui ne racontent pas n'importe quoi, qui
ont une conception de la résistance, ceux qui en ont suffisamment
marre pour nous souhaiter bonne chance, parce qu'ils savent que
leur intégration et leur adaptation à la vie ne
vaut rien.
Le logement de la Knesebeckstrasse, où Malher a été
arrêté, n'a pas été découvert
à cause d'une négligence de notre part, mais à
la suite d'une trahison.
L'indicateur était
l'un d'entre nous. A l'inverse, pour ceux qui font ce que nous
faisons il n'y pas de moyen de se défendre; contre le
fait que les camarades se font briser par les flics, qu'un autre
craque car ne supportant plus la terreur que le système
développe contre ceux qui la combattent. Ils n'auraient
pas le pouvoir, les porcs, s'ils n'avaient pas les moyens.
Certains, à cause de nous, sont contraints à de
pénibles justifications. Pour éviter toute discussion
politique et la mise en cause de leur propre pratique par la
nôtre, ils n'hésitent pas à falsifier de
simples faits.
Ainsi il est toujours
affirmé que Baader n'avait plus que trois, neuf ou douze
mois de prison à purger, avant que nous ne le libérions,
bien qu'il soit facile de rétablir la vérité:
trois ans pour incendie, six mois d'un précèdent
sursis, six mois pour falsification de documents, etc., et le
procès devait encore avoir lieu.
Andreas Baader avait
déjà purgé quatorze de ces quarante-huit
mois dans dix prisons différentes de la Hesse, et avait
déjà été neuf fois transféré
de l'une dans l'autre pour mauvaise conduite: organisation de
mutinerie, résistance. Le calcul, où 34 mois deviennent
trois, neuf ou douze, avait pour but d'ôter tout impact
à sa libération le 14 mai.
C'est ainsi que
rationalisent certains camarades leur peur devant les conséquences
personnelles qu'aurait une discussion avec nous.
La question de savoir si nous aurions libéré Baader
sachant qu'une personne de gauche (employé de l'institut
berlinois des questions sociales, où Andreas Baader a
été libéré) allait être blessé
dans l'opération - elle nous a suffisamment été
posé - ne peut être répondu que par la négative.
La question du type,
que ce serait-il passé si, est pourtant ambiguë -
pacifique, platonique, moraliste, sans parti pris. Qui réfléchit
sérieusement à une libération de prisonniers
ne pose la question - il trouve la réponse lui-même.
Avec de telles questions
les gens veulent savoir si nous sommes aussi brutaux que nous
présentent la presse Springer; on devrait nous faire réciter
le catéchisme. C'est une tentative de bricoler la question
de la violence révolutionnaire, de placer à un
dénominateur commun la violence révolutionnaire
et la morale bourgeoise, ce qui ne marche pas. Il n'y avait dans
la prise en considération et des modalités aucune
raison de penser qu'un civil pourrait, et c'est ce qui s'est
passé, se jeter au milieu.
Que les flics s'en
moqueraient, c'était clair pour nous. La pensée
voulant qu'une libération de prisonniers soit mené
sans armes, est suicidaire.
Le 14 mai, comme à Francfort où deux d'entre nous
se sont barrés parce qu'ils devaient être arrêté,
parce que nous ne laissons pas arrêter facilement, - les
flics ont tiré en premier. Les flics ont à chaque
fois visé leurs tirs. Nous n'avons en partie pas du tout
tiré - et si nous avons tiré c'est sans viser:
à Berlin, Nürnberg, Francfort.
C'est prouvable,
parce que c'est vrai. Nous ne faisons pas "utilisation de
nos armes sans ménagements ". Le flic, qui se trouve
dans la contradiction entre son statut de " petit homme
" et celui d'esclave du capitaliste, entre le fait de recevoir
un petit salaire et celui de fonctionnaire du capitalisme monopoliste,
ne se trouve pas en situation de détresse. Nous tirons
si l'on tire sur nous. Les flics qui nous laissent courir, nous
les laissons aussi courir.
Il est juste d'affirmer qu'avec l'immense dispositif de recherche
contre nous c'est toute la gauche socialiste de R.F.A. et de
Berlin-Ouest qui est visée.
Ni le peu d'argent
que nous aurions pris, ni le vol de voitures ou de documents
pour lesquels on nous recherche, ni la tentative de meurtre qu'on
cherche à nous mettre sur le dos, justifient toute cela.
La peur a traversé
les os des dominants, qui pensaient déjà avoir
totalement en main cet Etat et tous ses habitants et classes
et contradictions, réduit les intellectuels à leurs
revues, enfermé les gauchistes dans leurs cercles, désarmé
le marxisme-léninisme. La structure de pouvoir qu'ils
représentent n'est pourtant pas aussi vulnérable
que leur effarouchement peut nous le laisse penser.
Leurs vociférations
ne doivent pas permettre de nous surestimer.
Nous affirmons que l'organisation de groupes armés de
résistance est actuellement juste, possible et justifiée
en République fédérale et à Berlin-Ouest.
Qu'il est juste,
possible et justifiée de mener ici et maintenant la guérilla
urbaine. Que la lutte armée comme "plus haute forme
du marxisme-léninisme " (Mao) peut et doit commencer
maintenant, que sans cela il n'y a pas de lutte anti-impérialiste
dans la métropole.
Nous ne disons pas que l'organisation de groupes armés
illégaux de résistance peut remplacer les organisations
prolétaires légales, ni que les actions individuelles
remplacent les luttes de classe, ni que la lutte armée
peut remplacer le travail politique dans l'usine ou dans le quartier.
Nous affirmons seulement que le développement et le succès
de l'un suppose l'autre.
Nous ne sommes ni
des blanquistes ni des anarchistes, bien que nous tenions Blanqui
pour un grand révolutionnaire et que nous ne méprisions
nullement l'héroïsme de beaucoup d'anarchistes.
Notre pratique n'a pas une année. C'est trop peu pour
pouvoir déjà parler de résultats. La grande
publicité que nous a faite les messieurs Genscher, Zimmermann
& Co nous permet d'apparaître opportunément
de manière propagandiste, de faire déjà
quelques remarques.
" Si vous voulez savoir ce que pensent les communistes,
regardez leurs mains et non leur bouche " a dit Lénine.
2. LA METROPOLE
REPUBLIQUE FEDERALE
" La crise
ne naît pas tant de l'arrêt des mécanismes
de développement que du développement lui-même.
Ayant pour but le pur accroissement du profit, ce développement
favorise de plus en plus le parasitisme et le gaspillage, relègue
des couches entières de travailleurs en marge de la société,
produit des besoins croissants qu'il ne parvient pas à
satisfaire et accélère la désagrégation
de la vie sociale.
Seul un monstrueux
appareil de manipulation de l'opinion et de répression
ouverte peut contrôler les tensions et les révoltes
ainsi alimentées! La rébellion des étudiants
et du mouvement noir en Amérique, la crise de l'unité
politique de la société américaine, l'extension
des luttes étudiantes en Europe, la reprise vigoureuse
et les nouveaux contenus de la lutte ouvrière et de la
lutte de masse, jusqu'à l'explosion du Mai français,
jusqu'à la tumultueuse crise sociale de l'Italie et la
reprise de l'insatisfaction en Allemagne, telles sont les grandes
lignes de ce tableau. "
(Il Manifesto, Pour le Communisme, thèse 33)
Les camarades du
Manifesto mentionnent la république fédérale
en dernière position et caractérisent sa situation
par le terme vague d'insatisfaction. L'Allemagne, dont Barzel
disait, il y a six ans, qu'elle était un géant
politique mais un nain politique - sa force économique
ne s'est pas amoindrie, contrairement à sa force politique,
à l'intérieur comme à l'extérieur.
Avec la formation
de la grande coalition de 1966 on devance le danger politique
qui aurait pu naître alors spontanément de l'imminente
récession. Avec les lois d'urgence on s'est donné
l'instrument qui assure l'action unifiée des dominants
pour les crises futures - l'unité entre la réaction
politique et tous ceux qui sont encore attachés à
la légalité.
La coalition social-libéral
a réussi à notablement absorber " l'insatisfaction
" qui s'est fait remarquer par le mouvement étudiant
et le mouvement extra-parlementaire, dans la mesure où
le réformisme du parti social-démocrate n'a pas
perdu de sa valeur dans la conscience de ses partisans, où
est repoussé, grâce à ses promesses de réforme,
l'actualité d'une alternative communiste pour la majeure
partie de l'intelligentsia, où est enlevé aux protestations
anti-capitalistes sa pointe.
Leur ostpolitik
amène au capital de nouveaux marchés, permet la
contribution allemande à l'équilibre et l'alliance
entre l'impérialisme US et l'Union Soviétique dont
les USA ont besoin pour avoir les mains libres dans leurs guerres
d'agression dans le tiers-monde.
Ce gouvernement
semble également arriver à séparer la nouvelle
gauche des vieux anti-fascistes et ainsi à isoler une
fois de plus la nouvelle gauche de son histoire, celle du mouvement
ouvrier. Le DKP, qui doit sa permission d'exister à la
nouvelle complicité de l'impérialisme US et du
révisionnisme soviétique, organise des manifestations
en faveur de l'ostpolitik de ce gouvernement; Niemöller
- figure symbolique antifasciste - concoure pour le SPD dans
les prochaines luttes électorales...
Sous le couvert de " l'intérêt général
" le dirigisme étatique tient en bride les bureaucraties
syndicales par le biais des contrats de progrès des salaires
et la concertation Les grèves de septembre '69 ont montré
qu'on avait passé la mesure en faveur du profit, ont montré
dans leur déroulement comme grève seulement économique
comment on les tenait bien en mai.
Le fait que malgré ses presque deux millions de travailleurs
étrangers la république fédérale
peut utiliser dans la récession se dessinant un chômage
approchant les 10%, toute la terreur, tous les mécanismes
de discipline, sans avoir à faire face à une armée
de chômeurs, sans avoir au cou la radicalisation politique
de ces masses, permet une conception de la force du système.
Participant avec l'aide militaire et économique aux guerres
d'agression des USA, la république fédérale
profite de l'exploitation du tiers-monde, sans avoir la responsabilité
de ces guerres, sans avoir à se disputer avec une opposition
à l'intérieur. Pas moins agressive que l'impérialisme
US, mais moins attaquable.
Les possibilités politiques de l'impérialisme ne
sont épuisées ni dans leur variante réformiste
ni dans leur variante fasciste, ses capacités d'intégrer
ou opprimer les contradictions qu'il produit lui-même ne
sont pas terminées.
Le concept de guérilla urbaine de la fraction de l'armée
rouge ne se base pas sur une estimation positive de la situation
en république fédérale et à Berlin-Ouest.
3. LES REVOLTES
ETUDIANTES
" De la
connaissance du caractère unitaire du système de
domination capitaliste résulte l'impossibilité
de séparer la révolution dans les points "
culminants " de celle des " régions arriérées
". Sans une relance de la révolution en occident,
on ne peut empêcher avec certitude l'impérialisme,
entraîné par sa logique de violence, de chercher
un débouché dans une guerre catastrophique, ou
les super-puissances d'imposer au monde un joug écrasant
".
(Il Manifesto, thèse 52)
Rabaisser le mouvement
étudiant au niveau d'une révolte petite-bourgeoise,
c'est: le réduire à ses propres surestimations
qui l'ont accompagné; c'est: nier son origine qu'est la
contradiction concrète entre l'idéologie bourgeoise
et la société bourgeoisie; c'est: nier le niveau
théorique, avec la connaissance de ses limites forcées,
que sa protestation anticapitaliste a déjà atteint.
Bien sûr le pathos avec lequel s'identifiaient les étudiants,
qui prenaient conscience de leur misère psychique dans
les usines du savoir, avec les peuples exploités d'Amérique
latine, d'Afrique et d'Asie, était exagéré;
la comparaison entre l'impression massive du journal Bild ici
et les bombardements de masse sur le Viet-Nam était une
grande simplification; la comparaison entre la critique du système
idéologique ici et la lutte armée là-bas
était orgueilleux; la considération d'être
le sujet révolutionnaire - tant que c'était au
nom de Marcuse - était ignorante de la figure réelle
de la société bourgeoise et des rapports de production
la fondant.
En république fédérale et à Berlin-Ouest,
il revient au mouvement étudiant - ses combats de rue,
ses incendies, son utilisation de la violence, son pathos, donc
aussi ses exagérations et ses ignorances, bref: sa praxis,
d'avoir reconstruit le marxisme-léninisme comme théorie
politique, dans la conscience au moins de l'intelligentsia, sans
laquelle les faits politiques, économiques et idéologiques
et leurs modes d'apparition ne peuvent pas être saisis,
et sans laquelle leurs connexions intérieures et extérieures
ne peuvent pas être décrites.
C'est justement parce que le mouvement étudiant part de
l'expérience concrète de la contradiction entre
l'idéologie de la liberté du savoir et la réalité
de la mainmise du capital monopoliste sur l'Université,
parce qu'il n'a pas été que initié idéologiquement,
il n'a pas rendu son dernier souffle jusqu'à ce que le
lien entre crise de l'Université et crise du capitalisme
soit examiné de fond en comble, au moins théoriquement.
Jusqu'à ce
que pour eux et pour leur " public " il soit clair
que ce ne sont pas la " liberté, égalité,
fraternité ", pas les droits de l'homme, pas la charte
de l'ONU qui forment le contenu de cette démocratie; qu'ici
est valable ce qui l'a toujours été pour l'exploitation
colonialiste et impérialiste de l'Amérique latine,
de l'Afrique et de l'Asie: la discipline, la soumission et la
brutalité à l'encontre des opprimés, pour
ceux qui se mettent de leur côté, pour ceux qui
soulèvent des protestations, qui résistent, qui
mènent la lutte anti-impérialiste.
De manière idéologique critique, le mouvement étudiant
a quasiment saisi tous les domaines de la répression étatique
comme expression de l'exploitation impérialiste: dans
la campagne de presse de Springer, dans les manifestations contre
l'agression américaine au Viet-Nam, dans la lutte contre
la justice de classe, dans la campagne contre l'armée,
contre les lois de l'état d'urgence, dans le mouvement
lycéen. Expropriez Springer!, Brisez l'OTAN!, luttez contre
le terrorisme de la société de consommation!, luttez
contre la terrorisme de l'éducation!, luttez contre le
terrorisme des loyers! ont été des slogans politiques
justes.
Ils visaient l'actualisation
des contradictions produites par le capitalisme mûr lui-même
dans la conscience de tous les opprimés, entre les nouveaux
besoins et les nouvelles possibilités de satisfaction
des besoins par le développement des forces productives
d'un côté et la pression à la soumission
irrationnelle dans la société de classes.
Ce qu'il y avait dans leur propre conscience, ce n'était
pas des luttes de classe élargis ici, mais la conscience
d'être une partie du mouvement international, d'avoir affaire
au même ennemi de classe ici que les Vietcongs là-bas,
avec les mêmes tigres de papier, avec les mêmes porcs.
Le deuxième mérite du mouvement étudiant
est d'avoir brisé la coupure provincialiste des vieilles
gauches: la stratégie de front populaire comme marche
de Pâques, Union allemande pour la paix, journal populaire
allemand, comme espoir irrationnel en un " grand tremblement
de terre " à n'importe quelle élection, sa
fixation parlementaire sur Strauss ici, sur Heinemann là,
sa fixation pro- et anti-communiste sur la R.D.A., leur isolement,
leur résignation, leur déchirement moral: prêt
à tout sacrifice, capable d'aucune praxis.
La partie socialiste
du mouvement étudiant a pris conscience d'elle-même
- malgré des imprécisions théoriques - de
la reconnaissance juste du fait que " l'initiative révolutionnaire
occidental peut aujourd'hui compter sur la crise de l'équilibre
global du monde et sur la maturation de forces nouvelles dans
tous les pays. " (Il Manifesto, thèse 55).
Ils ont donné
comme contenu de leur agitation et propagande cela de quoi ils
pouvaient se revendiquer eu égard des rapports allemands:
que contre la stratégie globale de l'impérialisme
la perspective de luttes nationales doit être internationaliste,
que seulement la liaison des contenus nationaux avec les contenus
internationaux peut stabiliser des formes traditionnelles de
luttes avec les initiatives révolutionnaires internationalistes.
Ils ont fait de
leur faiblesse leur force car ils ont reconnu qu'il n'y a qu'ainsi
qu'une résignation renouvelée, un découpage
provincial, le réformisme, la stratégie de front
populaire, l'intégration, pouvaient être évités
- les culs-de-sac de la politique socialiste dans les conditions
post- et pré-fascistes, comme elles sont en république
fédérale et à Berlin-Ouest.
Les gauches savaient alors qu'il aurait été juste
de relier la propagande socialiste dans les usines avec l'empêchement
pratique de la distribution du journal Bild.
Qu'il aurait été
juste de relier la propagande pour les GI's, pour qu'ils ne se
laissent pas envoyer au Viet-Nam, avec les attaques pratiques
contre des avions militaires pour le Viet-Nam, la campagne de
l'armée avec les attaques pratiques contre les bases aériennes
de l'OTAN. Qu'il aurait été juste de relier la
critique de la justice de classe avec les explosions des murs
de prison, la critique du conglomérat de Springer avec
le désarmement de ses milices patronales, juste de mettre
en marche une propre radio, de démoraliser la police,
d'avoir des logements illégaux pour les déserteurs
de l'armée, de pouvoir falsifier des papiers d'identité
pour l'agitation chez les travailleurs étrangers, d'empêcher
par des sabotages dans les usines la production de Napalm.
Et il est faux de rendre sa propagande dépendante de l'offre
et de la demande : pas de journal parce que les travailleurs
ne peuvent pas encore les financer, pas de voiture, parce que
le " mouvement " ne peut pas encore l'acheter, pas
d'émetteur, parce qu'il n'y a pas de licence, pas de sabotage,
parce que le capitalisme ne s'écroule pas pour autant
tout de suite.
Le mouvement étudiant s'écroula lorsque sa forme
d'organisation spécifiquement étudiante / petite-bourgeoise,
le " camp anti-autoritaire ", se révéla
inapte à développer une pratique appropriée
quant à ses objectifs, parce qu'il ne pouvait pas y avoir
d'élargissement de sa spontanéité aux entreprises
ni dans une guérilla urbaine capable, ni dans une organisation
socialiste de masse. Il s'écroula, lorsque l'étincelle
du mouvement étudiant - différemment d'en Italie
ou d'en France - n'est pas devenu le brasier des prairies de
luttes de classe élargie . Il pouvait nommer les buts
et contenus de la lutte anti-impérialiste - mais n'était
pas lui-même le sujet révolutionnaire, ne pouvait
pas se permettre la médiation organisationnelle.
A la différence des " organisations prolétaires
" de la nouvelle gauche ,, la fraction de l'armée
rouge ne nie pas sa préhistoire comme histoire du mouvement
étudiant, qui a reconstruit le marxisme-léninisme
comme arme dans la lutte de classe et a posé le contexte
international pour le combat révolutionnaire dans les
métropoles.
4. PRIMAT DE
LA PRATIQUE
" Pour connaître
directement tel phénomène ou tel ensemble de phénomènes,
il faut participer personnellement à la lutte pratique
qui vise à transformer la réalité, à
transformer ce phénomène ou cet ensemble de phénomènes,
car c'est le seul moyen d'entrer en contact avec eux en tant
qu'apparences; de même, c'est là le seul moyen de
découvrir l'essence de ce phénomène ou de
cet ensemble de phénomènes, et de les comprendre.
Mais le marxisme accorde une grande importance à la théorie
justement et uniquement parce qu'elle peut être un guide
pour l'action. Si, étant arrivé à une théorie
juste, on se contente d'en faire un sujet de conversation, pour
la laisser ensuite de côté, sans la mettre en pratique,
cette théorie, si belle qu'elle puisse être, reste
sans intérêt. " (Mao-Tsé-Toung, De la
pratique)
Le retour des gauchistes,
de socialistes, qui étaient en même temps les autorités
du mouvement étudiant, à l'étude du socialisme
scientifique, l'actualisation de la critique de l'économie
politique comme leur autocritique vis-à-vis du mouvement
étudiant, a été en même temps un retournement
à des travaux livresques.
A juger par la production
de papier, leurs modèles d'organisation, du mal qu'ils
se donnent pour et dans leurs explications, on pourrait penser
que les révolutionnaires revendiquent la direction de
luttes de classe violentes, comme si l'année 67/68 était
le 1905 du socialisme en Allemagne.
Lorsque Lénine,
en 1903 dans " Que faire? ", soulignait le besoin théorique
des travailleurs russes et donnait comme postulat, contre les
anarchistes et les socialistes révolutionnaires, la nécessité
d'une analyse de classe, de l'organisation, d'une propagande
démystifiante, c'est parce que des luttes de classe massives
se déroulaient. "
C'est justement
à travers les infamies de la vie russe que les masses
ouvrières vont se réveiller avec force et nous
ne savons même pas réunir, concentrer, si l'on peut
parler ainsi, toutes les gouttes et les rigoles des passions
populaires qui sourdent de la vie russe en foule innombrable,
plus grande que nous ne l'imaginions ou ne le croyons, et qui
doivent être unies en un fleuve impétueux "
(Lénine, Que faire?)
Nous doutons qu'il soit déjà possible de développer
dans les conditions présentes en république fédérale
et à Berlin-Ouest une stratégie unifiant la classe
ouvrière, d'en arriver à une organisation qui soit
à la fois expression et initiatrice d'un processus d'unification
nécessaire. Nous doutons que l'alliance entre les intellectuels
socialistes et le prolétariat puisse être soudée
par des déclarations de programmes ou être obtenue
par la prétention de créer des organisations prolétariennes.
Les gouttes et les rigoles des infamies de la vie allemande sont
rassemblées jusque là par le conglomérat
Springer, qui les conduit à de nouvelles infamies.
Nous affirmons que sans initiative révolutionnaire, sans
l'intervention pratique de l'avant-garde, des travailleurs et
intellectuels socialistes, sans la lutte anti-impérialiste
concrète il n'y a pas de processus d'unification, que
l'union ne peut être posé que par les luttes communes
ou pas du tout, dans lesquelles la fraction consciente des travailleurs
et intellectuels ne dirige pas la " mise en scène
", mais montre l'exemple.
Dans la production de papier des organisations nous reconnaissons
leur pratique à leur lutte concurrentielle d'intellectuels,
qui luttent pour la meilleure interprétation de Marx devant
un jury imaginaire, qui ne peut pas être la classe ouvrière
parce que son langage exclut déjà leur participation.
Ils sont davantage gênés d'être attrapé
à s'être trompé dans une citation de Marx
que de mentir quant à leur pratique.
La page qu'il donne
toujours avec la remarque correspond presque toujours, le nombre
d'adhérents à leur organisation ne correspond presque
jamais. Ils ont plus peur du reproche d'impatience révolutionnaire
que celui de corruption dans les professions bourgeoises; prévoir
le long terme avec Lukacs est important pour eux, comme est suspect
de se laisser agiter à court terme par Blanqui.
Leur internationalisme
s'exprime dans la censure vis-à-vis de telle organisation
commando palestinienne par rapport à une autre - des messieurs
blancs qui jouent aux mandataires du marxisme; ils l'expriment
dans les faits sous la forme du mécénat, dans la
mesure où ils mendient auprès de leurs riches amis
au nom du Black Panther; ils portent à leur crédit,
en vue du jugement dernier, ce qu'on leur donne par mauvaise
conscience alors que leur premier souci, plutôt que la
victoire de la guerre populaire, est de jouir de leur bonne conscience.
Ce n'est pas cela,
une méthode révolutionnaire d'intervention.
Mao, dans son Analyse des classes de la société
chinoise (1926) oppose la lutte de la révolution à
celle de la contre-révolution lorsque la " bannière
rouge de la révolution, levé par la IIIème
Internationale, afin de rallier autour d'elle toutes les classes
opprimées du monde; l'autre est le drapeau blanc de la
contre-révolution, et c'est la Société des
Nations qui l'a levé afin de rallier autour d'elle toutes
les forces contre-révolutionaires du monde ".
Mao distingue les
classes de la société chinoise en fonction de comment
elles se décideraient, pour l'avancée de la révolution,
entre la bannière rouge et la bannière blanche.
Cela ne lui suffisait pas d'analyser la situation économique
des différentes classes de la société chinoise.
Faisait partie de son analyse également la prise de position
des différentes classes par rapport à la révolution.
Il n'y aura pas de rôle dirigeant des marxistes-léninistes
dans les futurs luttes de classes si l'avant-garde ne tient pas
elle-même la bannière rouge de l'internationalisme
prolétarien et si l'avant-garde ne répond pas elle-même
à la question de savoir comment sera érigé
la dictature du prolétariat, comment le pouvoir politique
du prolétariat doit être exigé, comment le
pouvoir de la bourgeoisie doit être brisé, si elle
n'est pas prête avec une pratique à y répondre.
L'analyse de classe dont nous avons besoin n'est pas à
faire sans pratique révolutionnaire, sans initiative révolutionnaire.
Les " revendications révolutionnaires de transition
" que les organisations prolétaires ont posé
ici et là, comme la lutte contre l'intensification de
l'exploitation, la réduction du temps de travail, contre
le gaspillage de la richesse sociale, pour le même salaire
entre hommes, femmes et travailleurs immigrés, contre
les cadences infernales, etc. - ces revendications de transition
ne sont rien que de l'économisme syndicaliste, tant que
n'est pas répondu en même temps à la question
de savoir comment briser la pression politique, militaire et
propagandiste qui se mettront de manière agressive au
travers de la route de ces revendications si elles soulèvent
des luttes de classe massives.
Mais après
- si on en reste à elles - ce n'est plus que de merde
économiste, parce que pour elles cela ne vaut pas le coup
de prendre en charge le combat révolutionnaire et de mener
à la victoire, parce que " vaincre suppose que l'on
accepte le principe selon lequel la vie n'est pas le bien suprême
pour les révolutionnaires " (Debray). On peut intervenir
de manière syndicaliste avec ces revendications - mais
" la politique trade-unioniste de la classe ouvrière
est la politique bourgeoise de la classe ouvrière "
(Lénine). Ce n'est pas une méthode d'intervention
révolutionnaire.
Les soi-disantes organisations prolétaires ne se différencient
du DKP , quand elles ne posent pas la question de l'armement
comme réponse aux lois d'urgence, à l'armée,
aux gardes-frontières, à la police, à la
presse Springer, quand elles passent cela sous silence de manière
opportuniste, que parce qu'elles sont encore moins ancrées
dans les masses, parce qu'elles sont plus radicales en parole,
parce qu'elles en savent plus au niveau théorique.
En pratique elles
s'agitent au niveau des spécialistes du droit, qui pour
la popularité à tout prix soutiennent les mensonges
de la bourgeoisie qu'il y aurait encore dans cet Etat quelque
chose à obtenir avec les moyens de la démocratie
parlementaire, encouragent le prolétariat à des
luttes qui vu le potentiel de violence de cet Etat ne peuvent
être que perdues - de manière barbare.
" Ces fractions
ou partis marxistes-léninistes " écrit Debray
à propos des communistes en Amérique latine - "
agissent à l'intérieur des mêmes questionnements
politiques que ceux contrôlés par la bourgeoisie.
Au lieu de les modifier, ils ont contribué à les
ancrer encore plus fortement... "
Aux milliers d'apprentis et de jeunes qui ont tiré comme
conclusion de leur politisation pendant le mouvement étudiant
de se retirer de la pression de l'exploitation dans l'entreprise,
ces organisations ne proposent aucune perspective politique,
avec la proposition de s'accommoder encore une fois de la pression
capitaliste de l'exploitation. Elles prennent vis-à-vis
de la criminalité de la jeunesse le même point de
vue que les directeurs de prison, vis-à-vis des camarades
en tôle le point de vue de leurs juges, vis-à-vis
de l'Underground le point de vue des travailleurs sociaux.
Sans pratique, la lecture du " capital " n'est rien
qu'une étude bourgeoise.
Sans pratique, les
déclarations politiques ne sont que du baratin. Sans pratique,
l'internationalisme prolétarien n'est qu'un mot ronflant.
Prendre théoriquement le point de vue du prolétariat,
c'est le prendre pratiquement.
La fraction armée rouge parle de primat de la pratique.
S'il est juste d'organiser maintenant la résistance armée
dépend de sa possibilité; si cela est possible
ne peut être compris qu'en pratique.
5. GUERILLA URBAINE
" Ainsi,
considérés dans leur essence, du point de vue de
l'avenir et sous l'angle stratégique, l'impérialisme
et tous les réactionnaires doivent être tenus pour
ce qu'ils sont: des tigres en papier. C'est là-dessus
que se fonde notre pensée stratégique. D'autre
part, ils sont aussi des tiges vivants, des tigres de fer, de
vrais tigres; ils mangent des hommes. C'est là-dessus
que se fonde notre pensée tactique. " Mao Tse Tung,
1.12.1958
S'il est juste que
l'impérialisme américain soit un tigre de papier,
c'est-à-dire qu'en dernier recours il peut être
vaincu; et si la thèse des communistes chinois est juste,
que la victoire sur l'impérialisme américain est
devenu possible par le fait que dans tous les coins et bouts
du monde la lutte soit menée contre lui, et qu'ainsi les
forces de l'impérialisme soient éparpillées
et que par cet éparpillement il soit possible de l'abattre
- si cela est juste, alors il n'y a aucune raison d'exclure un
pays quel qu'il soit ou une région qu'elle quelle soit
parce que les forces de la révolution sont particulièrement
faibles, les forces de la réaction particulièrement
fortes.
Comme il est faux
de décourager les forces de la révolution dans
la mesure où on les sous-estime, il est faux de leur proposer
des conflits où elles ne peuvent que s'affaiblir et être
détruites. La contradiction entre les camarades sincères
au sein des organisations - laissons les baratineurs de côté
- et la fraction armée rouge réside en ce que nous
leur reprochons de décourager les forces de la révolution,
et qu'ils nous soupçonnent d'affaiblir les forces de la
révolution.
Qu'ainsi soit donné
la direction où peuvent " traverser le fleuve "
la fraction des camarades travaillant dans les usines et les
quartiers et la fraction armée rouge; cela correspond
à la réalité. Le dogmatisme et l'aventurisme
sont depuis longtemps les déviations caractéristiques
dans les périodes de faiblesse de la révolution
dans un pays. Que depuis longtemps les anarchistes aient été
les plus sévères critiques de l'opportunisme, a
amené le fait que celui qui critique l'opportunisme se
voit opposé le reproche d'anarchisme. C'est d'une certaine
manière un classique.
Le concept de guérilla urbaine provient d'Amérique
latine. C'est là-bas la même chose que ce qui peut
seulement être ici: la méthode d'intervention révolutionnaire
de forces révolutionnaires faibles en général.
La guérilla urbaine part du principe qu'il n'existe pas
d'ordre de marche prussien où beaucoup de soi-disants
révolutionnaires voudraient guider le peuple dans la lutte
révolutionnaire. Part du principe que lorsque la situation
sera mûre pour la lutte armée il sera trop tard
de la préparer.
Que sans initiative
révolutionnaire dans un pays dont le potentiel de violence
est si grand, dont la tradition révolutionnaire est si
cassée et si faible comme en république fédérale,
il n'y aura aucune orientation révolutionnaire quand les
conditions pour la lutte révolutionnaire seront plus favorables
qu'elles ne le sont maintenant - à cause du développement
politique et économique du capitalisme tardif lui-même.
La guérilla urbaine est dans cette mesure la conséquence
de la négation accomplie depuis longtemps de la démocratie
parlementaire par ses propres représentations, la réponse
inévitable aux lois d'urgence et aux lois des grenades
à main , la disposition à lutter avec les moyens
que le système s'est déjà mis à la
disposition afin d'éliminer ses opposants. La guérilla
urbaine se base sur la reconnaissance de faits, au lieu de l'apologie
de faits.
Ce que la guérilla peut faire, le mouvement étudiant
l'a en partie déjà su. Elle peut rendre concrète
l'agitation et la propagande où le travail de la gauche
est encore réduit.
On peut se présenter
cela pour la campagne de la presse Springer d'alors, et pour
la campagne Cabora Bassa des étudiants d'Heidelberg, pour
les occupations de maisons de Francfort, en relation avec les
aides militaires que la république fédérale
donne aux régimes compradors d'Afrique, en relation avec
la critique du régime de semi-liberté, de la justice
de classe, des milices patronales et de la justice dans l'entreprise.
Elle peut concrétiser
l'internationalisme verbal comme la fourniture d'armes et d'argent.
Elle peut émousser l'arme du système, l'illégalisation
des communistes, dans la mesure où elle organise la clandestinité,
qui reste enlevée à l'intervention policière.
La guérilla urbaine est une arme dans la lutte de classe.
La guérilla urbaine est lutte armée, dans la mesure
où c'est la police qui fait utilisation sans restriction
des armes de tirs, et c'est la justice de classe qui acquitte
les policiers responsables de bavures, et enterre vivant les
camarades, si on ne l'en empêche pas. La guérilla
urbaine signifie ne pas se laisser démoraliser par la
violence du système.
La guérilla urbaine vise à détruire l'appareil
de domination étatique en certains points, à le
mettre à certains moments hors d'état de nuire,
à anéantir le mythe de l'omniprésence du
système et de son invulnérabilité.
La guérilla urbaine a comme présupposé l'organisation
d'appareil illégal, ce sont des appartements, des armes,
des munitions, des voitures, des papiers. Ce qui est à
considérer en particulier a été décrit
par Marighella dans son " petit manuel du guérillero
urbain ". Ce qui à quoi il faut encore faire attention,
nous sommes prêts à tout moment de le dire à
celui qui veut la faire, si il s'est décidé. Nous
ne connaissons pas encore grand chose, mais savons déjà
certaines choses.
Il est important qu'avant de se décider à lutter
par les armes on ait déjà fait des expériences
politiques légales. Là où la liaison avec
la gauche révolutionnaire ne représente qu'un besoin
de mode, on ne se décide vraiment que là où
on l'on peut retourner.
La fraction armée rouge et la guérilla urbaine
sont respectivement la fraction et la pratique qui, dans la mesure
où elles tracent un trait clair entre elles et l'ennemi,
sont le plus terriblement combattues. Cela présuppose
qu'un processus d'apprentissage se soit déjà déroulé.
Notre concept originel d'organisation impliquait la liaison de
la guérilla urbaine et le travail à la base. Nous
voulions que chacun d'entre nous participe en même temps
dans les quartiers ou dans les usines dans les groupes socialistes
existant là-bas, influence le processus de discussion,
fasse des expériences, apprenne. Il s'est montré
que cela ne marche pas.
Que les contrôles
que la police politique fait sur ces groupes, leurs rendez-vous,
leurs réunions, leurs contenus de discussion, portent
déjà si loin qu'on ne peut pas être là-bas
si l'on ne veut pas être contrôlé. Que le
seul travail légal ne peut pas être relié
avec le travail illégal.
La guérilla urbaine présuppose être clair
quant à ses motivations, être sûr que les
méthodes à la Bild-Zeitung ne fasse pas d'effet
sur quelqu'un, que le syndrome antisémites - criminels
- sous-hommes et incendiaires qui est plaqué sur les révolutionnaires,
toute ces merdes, qui ne sont qu'en mesure d'isoler et d'articuler,
et qui influencent encore beaucoup de camarades dans leur jugement
sur nous, que cela ne touche personne.
Car naturellement le système ne nous laisse pas le terrain
et il n'y a aucun moyen - même pas avec la calomnie -,
qu'ils ne seraient pas prêt d'utiliser contre nous.
Et il n'y a pas d'opinion publique qui aurait un autre but que
de mettre à profit d'une manière ou d'une autre
les intérêts du capital, et il n'y a pas d'opinion
publique socialiste, qui se dépasserait elle-même,
son cercle, sa diffusion manuelle, ses abonnés, qui ne
se déroulerait pas majoritairement dans des formes hasardeuses,
privées, personnelles, bourgeoises.
Il n'y pas de moyen
de publication qui ne seraient pas contrôlés par
le capital, par le marché de la pub, par l'ambition des
auteurs de rentrer dans le grand establishment, par les avis
des médias, par la concentration sur le marché
de la presse. L'opinion publique dominante est l'opinion publique
des dominants, divisés en parts de marché, se développant
en idéologies spécifiques aux couches sociales,
ce qu'elle diffuse sert à sa propre affirmation sur le
marché. La catégorie journalistique signifie: vente.
L'information comme
marchandise, la nouvelle comme consommation. Ce qui n'est pas
consommable doit les emmerder. La liaison des journaux avec les
moyens de publication, les taux d'écoute à la télévision
- cela ne peut permettre aucune contradiction entre soi et le
public, pas d'antagonismes, pas de suites.
La liaison avec
les plus puissants faiseurs d'opinion sur le marché est
nécessaire à celui qui veut rester sur le marché;
c'est-à-dire que la dépendance vis-à-vis
du trust Springer grandit dans la mesure où le trust grandit,
trust qui a également commencé à acheter
les journaux locaux. La guérilla urbaine n'a rien d'autre
à attendre de cette opinion publique que l'inimité
amère. Elle doit s'orienter avec la critique marxiste
et l'autocritique, sinon rien.
" Qui n'a pas
peur d'être écartelé ose renverser l'empereur
de son cheval " dit Mao à propos de cela.
Le long terme et le travail à petite échelle sont
les postulats qui sont vraiment valables pour la guérilla
dans la mesure où l'on ne fait pas qu'en parler, mais
qu'on agit aussi par la suite. Sans laisser ouvert le retour
à un emploi bourgeois, sans pouvoir ou vouloir mettre
la révolution au clou, c'est-à-dire avec la conviction
que Blanqui a exprimé: " le devoir d'un révolutionnaire
est de toujours lutter, de lutter malgré tout, de lutter
jusqu'à la mort ".
- il n'y a pas de lutte révolutionnaire et il n'y en a
pas eu dont la morale n'était pas celle-là: Russie,
Chine, Cuba, Algérie, Palestine, Vietnam.
Certains disent que les possibilités politiques de l'organisation,
de l'agitation, de la propagande sont loin d'être épuisées,
mais que seulement après on pourrait poser la question
de l'armement. Nous disons: les possibilités politiques
ne seront pas vraiment utilisées tant que le but, la lutte
armée, n'est pas reconnaissable comme but de la politisation,
tant que la définition stratégique, que tous les
réactionnaires ne sont que des tigres de papier, n'est
pas reconnaissable derrière la définition tactique,
qu'ils sont des criminels, des meurtriers, des exploiteurs.
Nous ne parlerons pas de " propagande armée ",
mais nous la ferons. La libération de prisonniers ne se
déroule pas pour des raisons de propagande, mais pour
sortir le type. Les cambriolages de banques, comme on les cherche
à nous attribuer, nous ne les ferions que pour nous procurer
de l'argent. Les " succès brillants " dont Mao
dit que nous devrions les avoir visé, " quand l'ennemi
nous dépeint des couleurs les plus noires ", ne sont
que la rançon de nos propres succès. Les grandes
clameurs qui ont été faites à notre propos
nous en remercions plus les camarades latino-américains
- en raison du trait clair entre soi-même et l'ennemi qu'ils
ont déjà tracés -, qui fait que les dominants
ici nous " rentrent énergiquement dedans " à
cause du soupçon de quelques braquages de banques comme
s'il y avait déjà ce que nous avons commencé
de construire: la guérilla urbaine de la fraction armée
rouge.
6 LEGALITE ET
ILLEGALITE
" Le développement
de la révolution en occident, la contestation du pouvoir
capitaliste à l'intérieur de ses places-fortes
sont à l'ordre du jour et ont une signification décisive.
Il n'existe dans le monde ni l'endroit, ni les forces capables
de garantir une évolution pacifique et une stabilisation
démocratique; la crise tend à s'aggraver. S'enfermer
dans des horizons bornés ou repousser la lutte à
plus tard, c'est se laisser emporter par la dégénérescence
totale ambiante. "
(Il Manifesto, thèse 55).
Le slogan des anarchistes
" détruis ce qui te détruit " vise la
mobilisation directe de la base, des jeunes dans les tôles
et les foyers, dans les écoles et dans l'apprentissage,
se dirige vers ceux qui sont le plus dans la merde, vise à
une compréhension spontanée, est l'appel à
la résistance directe. Le slogan black power de Stokely
Carmichael: " fais confiance à ta propre expérience
! " voulait dire exactement cela.
Le slogan part de
l'examen que dans le capitalisme rien, mais qu'il n'y a également
rien, qui oppresse, fait souffrir, gêne, qui n'aurait pas
son origine dans les rapports de productions capitalistes, que
chaque oppresseur, quel que soit la forme avec laquelle il apparaît,
est un représentant du capital, c'est-à-dire: un
ennemi de classe.
Dans cette mesure le slogan des anarchistes est juste, prolétaire,
combattant de classe. Il est faux tant qu'il amène la
fausse conscience qu'il suffirait simplement de frapper, de taper
dans la gueule, que l'organisation serait de seconde importance,
la discipline bourgeoise, l'analyse de classe superflue.
Sans défense
face à la répression renforcée qui suit
leurs actions, bloqué, sans avoir fait attention organisationnellement
à la dialectique de la légalité et de l'illégalité,
ils sont légalement arrêtés.
La phrase de beaucoup
d'organisations " les communistes ne sont pas assez simplistes
pour s'illégaliser eux-mêmes " fait écho
à la justice de classe, et à personne d'autre.
Tant qu'elle signifie que les possibilités légales
d'agitation et de propagande communiste, de lutte politique et
économique, doivent être à tout prix utilisées
et ne doivent pas être mis en jeu avec légèreté,
c'est juste - mais ce n'est pas du tout cela qui est dit.
Elle veut dire que
les frontières que l'Etat de classe et sa justice posent
au travail socialiste suffisent pour utiliser tous les moyens,
que l'on doit s'en tenir à ces (dé)limitations,
que face aux attaques illégales de cet Etat, qui sont
à chaque fois légalisées, on doit à
tout prix reculer - la légalité à tout prix.
Arrestations illégales, jugements de terreur, attaques
de la police, chantage et pression par la magistrature - marche
ou crève, les communistes ne sont pas si simplistes...
Cette phrase est opportuniste. Elle est non solidaire. Elle abandonne
les camarades en tôle, elle exclu l'organisation et la
politisation de tous ceux du mouvement socialiste qui à
cause de leurs origines sociales et de leurs situations ne peuvent
pas faire autre chose que survivre comme criminel: l'underground,
le sous-proletariat, les innombrables jeunes prolétaires,
les travailleurs immigrés.
Elle sert la criminalisation
théorique de tous ceux qui ne se raccordent pas aux organisations.
Elle est leur union avec la justice de classe. Elle est bête.
La légalité est une question de pouvoir. Le rapport
entre légalité et illégalité est
à définir par la contradiction entre l'exercice
réformiste et fasciste du pouvoir, dont les représentants
à Bonn est à présent la coalition social/libéral
ici, Barzel/Strauss là-bas, dont les représentants
publicistes sont par exemple le journal " Süddeutsche
Zeitung ", la revue " Stern ", le troisième
programme de radio-Cologne et de radio Berlin libre , le journal
" Frankfurter Rundschau ", du trust Springer, de la
deuxième chaîne de télévision (ZDF),
du courrier bavarois, de la police et de sa ligne munichoise
ou du modèle berlinois, avec la justice du tribunal constitutionnel
ici, la cour fédérale de justice là-bas.
La ligne réformiste vise à éviter les conflits
par des promesses de réformes (dans le régime de
semi-liberté par exemple), dans la mesure où elles
évitent les provocations (la ligne souple de la police
berlinoise et du tribunal constitutionnel de Berlin par exemple),
par des reconnaissances verbales de malentendus (dans l'éducation
publique dans la région de Hesse et à Berlin par
exemple).
Cela appartient à la tactique du réformisme évitant
les conflits que de se mouvoir à l'intérieur et
un peu moins à l'extérieur de la légalité,
cela lui donne l'apparence de la légitimité, l'apparence
d'avoir les lois constitutionnelles sous le bras, cela vise l'intégration
des contradictions, cela laisse tourner à vide la critique
de gauche, disparaître, car cela les jeunes socialistes
et le parti socialistes veulent le garder.
Que la ligne réformiste
au sens d'une stabilisation à long terme de la domination
capitaliste est la ligne la plus effective, on ne peut pas en
douter, mais cela est lié à des présuppositions
précises.
Elle présuppose
la prospérité économique, car la ligne souple
de la police munichoise est par exemple beaucoup plus coûteuse
que le tour dur de la police berlinoise - comme le président
de la police de Munich l'a présenté de manière
évidente: " deux fonctionnaires avec des mitrailleuses
tiennent 1000 personnes en échec, 100 fonctionnaires avec
des matraques peuvent tenir 1000 personnes en échec. Sans
de tels instruments on aurait besoin de 300 à 400 policiers
". La ligne réformiste présuppose une opposition
anticapitaliste peu ou pas du tout organisée - comme on
le sait depuis l'exemple de Munich.
De surcroît la monopolisation du pouvoir étatique
et économique grandit sous le manteau du réformisme
politique, ce qu'entreprend Schiller avec sa politique économique
et Strauss a imposé avec sa réforme financière
- l'aggravation de l'exploitation par l'intensification du travail
et la division du travail dans le domaine de la production, par
des mesures à long terme de rationalisation dans le domaine
de la gestion et des performances des services.
Que l'accumulation de violence dans les mains fonctionne avec
un peu moins d'absence de résistance, quand on la mène
silencieusement, quand on évite pour cela des provocations
inutiles qui pourraient avoir pour suite des processus de solidarisation
incontrôlables - on l'a appris du mouvement étudiant
et de mai à Paris.
C'est pourquoi les
cellules rouges ne sont pas encore interdites, c'est pourquoi
le PC d'Allemagne est - sans levée de l'interdiction du
PC d'Allemagne - autorisée comme PC allemand, c'est pourquoi
il y a encore des émissions de télévision
libérales et c'est pourquoi certaines organisations peuvent
encore se permettre de ne pas se considérer comme aussi
simplistes qu'elles le sont.
Le champ de la légalité que le réformisme
propose est la réponse du capital aux attaques du mouvement
étudiant et de l'opposition extra-parlementaire (APO)
- tant qu'on peut se permettre la réponse réformiste,
c'est la plus effective.
Miser sur cette légalité, compter sur elle, l'allonger
métaphysiquement, l'estimer statiquement, ne vouloir que
la défendre, c'est répéter la stratégie
de zones d'auto-défense en Amérique latine, c'est
ne rien avoir appris, laisser du temps à la réaction
pour se former, se réorganiser, jusqu'à ce qu'elle,
non pas illégalise la gauche, mais l'anéantit.
Willy Weyer ne joue même pas sur la tolérance, mais
manoeuvre et rétorque à la presse libérale
qui le critique de transformer par ses alcootests chaque automobiliste
en criminel: " nous continuerons! " - montrant à
l'opinion publique libérale son absence de signification.
Edouard Zimmerman
fait de tout un peuple des policiers, le trust Springer a fait
la direction de la police berlinoise, le journaliste du journal
de Berlin (la BZ) écrit les ordres d'arrestations pour
les juges berlinois. La mobilisation de masse au sens du fascisme,
d'attaque, de peine de mort, de force de frappe, d'intervention
- avec comme façade le new look que l'administration de
Brandt, Heinemann et Scheel ont donné à la politique
de Bonn.
Les camarades qui traitent si superficiellement la question de
légalité et d'illégalité ont apparemment
mal saisi le sens de l'amnistie par laquelle on a rendu inoffensif
le mouvement étudiant . Dans la mesure où l'on
supprime la criminalisation de centaines d'étudiants,
ceux-ci reviennent de leur peur, on prévient à
une radicalisation continue, on leur rappelle énergiquement
à quel point les privilèges estudiantins ont de
la valeur, malgré une université usine du savoir,
l'ascension sociale.
Ainsi les barrières
de classes entre eux et le prolétariat sont à nouveau
formées, entre leur quotidien privilégié
comme étude et le quotidien du travailleur et de la travailleuse
dépendant/e des accords sur le salaire, qui n'ont pas
été amnistié par le même ennemi de
classe. Ainsi encore une fois la théorie a été
coupé de la pratique. La compte - amnistie égale
pacification - était bon.
L'initiative social-démocrate des électeurs, faite
par certains écrivains honorables - pas seulement cet
enfoiré de Grass - comme tentative d'une mobilisation
positive, démocratique comprise comme défense contre
le fascisme et ainsi à considérer, confond la réalité
de certaines éditions et rédactions des médias,
qui ne sont pas encore soumises à la rationalité
des monopoles qui boîte derrière, avec le tout de
la réalité politique.
Les domaines où
la répression s'est aggravée ne sont pas ceux avec
lesquels un écrivain a à faire en premier: prisons,
justice de classe, guerre des tarifs salariaux, accidents du
travail, consommation choisie, école, journal Bild et
BZ (de Berlin), les casernes-appartements des banlieux, les ghettos
pour étrangers - tout cela les écrivains le reçoivent
au mieux de manière esthétique, pas politiquement.
La légalité est l'idéologie du parlementarisme,
du partenariat social, de la société pluraliste.
Elle devient un fétiche quand ceux qui s'en targuent ignorent
que les téléphones peuvent être légalement
écoutés, le courrier légalement contrôlé,
les voisins interrogés légalement, les indics payés
légalement, que l'on peut légalement surveiller
- que l'organisation du travail politique, si elle ne veut pas
être mise hors-circuit de manière permanente par
l'attaque de la police politique, doit être en même
temps légal et illégal.
Nous ne misons pas sur la mobilisation antifasciste spontanée
par la terreur même, et le fascisme, et ne considérons
pas la légalité comme une corruption et savons
que notre travail fournit des prétextes, comme l'alcool
de Willy Meyer et la criminalité en hausse pour Strauss,
l'ostpolitik pour Barzel et le feu rouge que le yougoslave grille
pour les taxis de Francfort, la main dans le sac pour le meurtrier
du voleur de voiture à Berlin.
Et pour encore plus
de prétextes, parce que nous sommes communistes, et qu'il
dépend des communistes si la terreur et la répression
n'amènent que peur et résignation, ou provoquent
résistance et haine de classe et solidarité, si
tout ici est net au sens de l'impérialisme est balancé
par dessus bord ou pas. Parce que cela dépend si les communistes
sont si naïfs pour tout se laisser faire ou utilisent la
légalité entre autres pour organiser l'illégalité,
au lieu d'en fétichiser l'un par rapport à l'autre.
Le sort du Black Panther Party et le sort de la Gauche Prolétarienne
devaient découler d'une fausse appréciation, qui
n'a pas réalisé la contradiction de fait entre
constitution et réalité de la constitution, et
de l'aggravation de celle-ci quand la résistance organisée
fait son entrée.
Qui n'a pas réalisé
que les conditions de la légalité, avec la résistance
active, se modifient nécessairement et qu'il est pour
cela nécessaire d'utiliser la légalité pour
la lutte politique et en même temps pour l'organisation
de l'illégalité, et qu'il est faux d'attendre l'illégalisation
comme coup du sort imposé par le système, parce
que l'illégalisation signifie l'écrasement immédiat,
et que la question est alors réglée.
La fraction armée rouge organise l'illégalité
comme position offensive pour l'intervention révolutionnaire.
Mener la guérilla urbaine, c'est mener la lutte anti-impérialiste
de manière offensive. La fraction armée rouge pose
le lien entre lutte légale et illégale, entre lutte
nationale, entre lutte politique et lutte armée, entre
la définition tactique et stratégique du mouvement
communiste international.
La guérilla urbaine c'est, malgré la faiblesse
des forces révolutionnaires en république fédérale
et Berlin-Ouest, intervenir ici et maintenant de manière
révolutionnaire!
Vous êtes
partie prenante de l'aggravation ou de la solution du problème.
Entre les deux il n'y a rien. Depuis des décennies et
des générations on a contemplé et analysé
la merde de tous les côtés. Je suis personnellement
d'avis que la plupart des choses qui se passent dans ce pays
n'ont pas besoin d'être analysées plus longtemps
- dit Cleaver
SOUTENIR LA LUTTE
ARMEE!
VICTOIRE DANS LA GUERRE POPULAIRE!
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