Guérilla,
résistance
et front anti-impérialiste
(RAF, 1982)
Nous allons parler
de ce que nous avons appris ces dernières années,
et de ce que nous voulons faire à partir de là.
Cela restera forcément limité à des considérations
générales.
Nous disons qu'il est maintenant possible et nécessaire
de développer une nouvelle phase de la stratégie
révolutionnaire dans le centre impérialiste.
Comme préalable à ceci, nous allons délimiter
ici un bout de terrain sur lequel cela peut marcher. Nous partons
pour cela des discussions, tentatives et pas réels qui
se sont ajoutés les uns aux autres pendant les deux, trois
dernières années.
L'idée, la conception, a fait son chemin: on peut partir
de ce principe.
Les débuts
concrets montrent la possibilité et la portée réelle
de ceci:
Guérilla et Résistance. Un seul front.
Maintenant il s'agit de ceci: amener tout ce qui vit à
l'état de virtualité sur la scène politique
des différentes régions, souvent de façon
diffuse et selon une conception imprécise, à un
autre niveau de la lutte, c'est-à-dire l'amener à
l'efficacité et à la stratégie.
M a i n t e n a n t, sinon tout ce qui s'est développé
de nouveau, de productif et d'ouvert, fer de lance de tout cela,
la possibilité de tels développements inconnus
jusqu'à présent, risque de se diluer et de se désagréger.
Nous avons déterminé 1977 comme la transition de
la première étape de la guérilla à
la suivante. Le choc entre la guérilla et l'Etat en 1977
a été le catalyseur du renversement de la situation
politique ici. Les conditions de lutte se sont transformées
dans la dialectique de l'attaque et de la réaction.
Car avec des conditions différentes, les formes de lutte
peuvent et doivent changer. Après 1977 rien n'a été
plus comme avant. Ni l'Etat, ni la gauche, ni le rôle de
la RFA dans la politique internationale, ni la position de la
lutte armée dans le centre, dans le cadre de la lutte
internationale des classes.
Nous avons commis des erreurs en 1977, et l'offensive s'est transformée
en notre échec le plus cuisant. Nous y reviendrons après
en détail.
La situation aujourd'hui - le fait que par l'effet de la confrontation
nous en ressortons plus forts qu'avant - montre que les erreurs
et l'échec n'ont pas eu une portée décisive.
Au fond, l'offensive de 1977 a résumé notre lutte
depuis 1970 et l'a introduite dans une phase de décision.
Toute la période
des luttes pour la naissance et le développement de la
raf s'est concentrée sur l'unique question du pouvoir:
ces prisonniers seront-ils libérés, eux qui symbolisaient
la raf et auxquels l'Etat liait sa raison d'état.
De la même
façon, la lutte pour imposer le concept de guérilla
urbaine posait la première question du pouvoir fondamentale:
une politique armée pouvait-elle réellement s'implanter
en RFA et ouvrir ainsi des perspectives révolutionnaires,
question qui était le noyau de toutes les actions et batailles,
de toutes les recherches policières et campagnes des médias
pendant toutes ces années.
Voilà pourquoi cent fois le gouvernement a fait annoncer
notre " échec ".
Voilà pourquoi mille fois la majeure partie de la gauche
a proclamé haut et fort " l'absence de perspective
" de la lutte armée. L'isolement, les quartiers de
haute sécurité, le procès spectacle de stammheim,
visaient à éteindre ce qui s'était fait
jour. Et finalement il y a eu 1977.
Aujourd'hui il ne fait pas de doute qu'ils s'étaient prononcé
pour la mort de Schleyer, pour l'éventualité de
faire sauter une centaine de personnes à mogadiscio, et
qu'ils avaient décidé de liquider les prisonniers
de stammheim, parce qu'ils croyaient et espéraient vraiment
en finir une fois pour toutes, ou au moins pour les prochaines
années.
La dialectique du développement qui fait que tout est
différent à présent, montre exactement ce
qu'est la guérilla et ce qu'est l'état, et comment
la lutte se déroule.
Ils y seraient presque arrivés - mais l'ironie c'est qu'en
agissant de la sorte ils ont justement crée une situation
dans laquelle nous pouvions poursuivre la lutte dans des conditions
modifiées, donc meilleures.
Dans cet effort extrême et sans frein pour en finir avec
nous, par l'écrasement de l'offensive de 1977 qui les
tenait à la gorge comme aucune action auparavant, ils
ont été contraint à devenir un état
fort, d'aller jusqu'à écraser toute velléité
de critique, et de s'opposer à la société
jusque dans ses plus fines ramifications, comme appareil auquel
on ne peut pas échapper.
Ce faisant ils on apporté en automne 1977 à toute
opposition fondamentale une nouvelle situation et des conditions
de vie existentielles - sous forme d'expérience actuelle
et de perspective de luttes futures - qui ont obligé chacun
à redéfinir fondamentalement ses rapports avec
le pouvoir, ou alors de renoncer à son identité.
A ce propos, la situation objective qui se réduit simplement
à la question de la survie de la guérilla, est
devenue subjectivement pour tous ceux qui n'ont plus de perspective
ici, le moment de l'expérience existentielle: à
savoir que la disparition de la guérilla entraînerait
celle de leurs espoirs et conceptions d'une autre vie.
Que l'espoir n'existe que tant que dure la lutte.
Qu'ils veulent la guérilla et en ont besoin, que notre
échec est le leur.
Cette nouvelle expérience de la nécessité
de la guérilla facilite le saut vers une nouvelle conscience:
lorsque la lutte de la guérilla est conçue par
chacun comme sa propre lutte, la réaliser ne peut signifier
que se placer - peu importe à quel niveau - politiquement
et pratiquement dans le contexte de la stratégie de la
guérilla.
Le saut qualitatif
est le moment intérieur, vivant, incarné dans des
personnes concrètes, de la modification des conditions
de la lutte ici: pour le développement du front révolutionnaire
dans la métropole.
Il s'est agi pendant sept années d'apporter dans ce désert
politique où tout n'est que façade, marchandise,
conditionnement, mensonge et tromperie, l'esprit et la morale,
la pratique et l'orientation politique de la rupture sans retour
et de la destruction du système.
La guérilla.
Il s'est agi, à partir du lien avec les luttes en Asie
du sud-est, Afrique et Amérique latine et de notre identité
avec elles, de faire irruption ici violemment et de s'implanter.
Ce que le Che a appelé la phase de survie et de l'implantation,
a été ici la phase pendant laquelle il s'agissait
d'imposer le concept de guérilla urbaine, qui fait son
chemin et est repris, même si à un moment donné
les groupes armés existant étaient laminés.
Concept qui s'est
imposé par la force, cependant. A tout point de vue et
en étant isolés. Pas seulement contre un appareil
répressif sans équivalent dans notre histoire,
mais aussi contre les conceptions des gens que nous aurions préféré
rencontré autrement.
Dans ce paysage aplani et nivelé depuis des générations,
l'idée de la libération avait du mal à atteindre
les coeurs et les cerveaux à travers les couches de plusieurs
mètres d'épaisseur de corruption, d'aliénation,
de déformation.
A présent,
la question de savoir si l'on doit lutter et si on luttera avec
les armes en RFA et en Europe de l'ouest est résolue.
C'est évident.
Cela ne signifie pas que la guérilla ait un avenir assuré,
cela n'est jamais le cas, mais l'existence de la politique de
la guérilla constitue maintenant la base sur laquelle
la lutte se développe.
Dans la guerre internationale
des classes, le développement de la stratégie révolutionnaire
authentique dans le centre est d'actualité.
Du fait du contexte
international, la lutte pour la libération, partie du
projet isolé de guérilla, est devenue réalité
concrète et a fait irruption dans les discussions quotidiennes.
Il s'agit donc maintenant de sauter à pieds joints sur
le terrain de la situation ici pour, partant d'ici et dans un
mouvement inverse, amener la résistance des métropoles
au front de la guerre internationale des classes.
C'est donc une stratégie
qui a ses racines ici. Dans la soif existentielle d'une autre
vie, dans l'expérience de la totalité du centre
impérialiste, dans la nécessité de la résistance
ici.
Stratégie qui, à partir de là, conquiert
le front révolutionnaire dans le centre, comme secteur
de plus à côté des luttes en Asie, Afrique,
Amérique latine.
Cela signifie, là
où il y a un point de rencontre avec la guérilla
et la lutte pour la libération, se faire radicalement
point de départ du développement de la lutte anti-impérialiste.
Cela signifie lutter
à l'intérieur d'une conception stratégique
ouverte, où chacun, de par le sérieux de sa propre
situation, de par son histoire et du processus subjectif, et
du fait du but commun de la destruction du système impérialiste
et du bouleversement révolutionnaire de la société,
entre dans la lutte concrète, se met dans le contexte
de la politique de la guérilla et devient partie du front
révolutionnaire ici.
Cela signifie que dès le premier instant leur objectif
comme le nôtre est de faire que le front se développe,
et de déterminer sa direction.
Voilà ce que nous entendons par:
Lutter ensemble. Un seul front.
Si l'on veut, notre
ligne d'action jusqu'en 1977 se distingue de celle que nous adoptons
actuellement par le fait que jusqu'en 1977, ce qui importait
c'était tout ce qui aboutissait directement à la
lutte armée ou qui préparait ce pas, alors que
maintenant, ce qui importe c'est de faire se joindre la guérilla,
les luttes militantes et politiques, comme parties intégrantes
d'un ensemble, dans le point de perspective d'une stratégie
à développer dans les métropoles.
Nous disons: même
si l'organisation armée illégale est le noyau de
cette stratégie, elle ne reçoit toute sa force
nécessaire qu'au moment où la politique armée,
les attaques militantes, les luttes qui résultent de l'ensemble
du champ de l'oppression et de l'aliénation et la lutte
politique se rejoignent, pour déterminer ensemble leur
processus et l'amener à une seule attaque consciente,
dirigée contre les points névralgiques du centre
impérialiste.
Pour nous, le côté
subjectif du développement, à partir de la dialectique
de 1977 - la possibilité du front dans le centre - est
essentiel. iI l'est toujours ici. il est décisif pour
la lutte dans les centres impérialistes, qui ne produisent
naturellement - à partir des seules contradictions objectives
et des conditions existant sous cette forme de domination qui
consiste à gérer la crise et à transformer
tout développement social en moyen de domination - aucune
condition révolutionnaire, mais seulement destruction
et pourriture.
Mais évidemment,
personne ne se hisse tout seul à un échelon supérieur.
La situation qualitativement différente maintenant est
née du développement objectif de la lutte internationale
des classes et ne se comprend que par elle.
La longue histoire
des guerres de libération dans les continents colonisés
s'est comme cristallisée dans la lutte du front de libération
au vietnam, et sa victoire a déterminé toute la
phase historique de la libération nationale anticoloniale
des peuples soumis à l'impérialisme.
Les effets de cette
percée historique:
la force nouvelle des jeunes états nationaux sur le plan
de la politique internationale-
la crise économique, politique et sociale globale des
pays du centre impérialiste-
et la montée, parallèle aux luttes de libération,
de l'union soviétique comme grande puissance égale
aux usa-
ont amené le rapport de forces global entre les lignes
nord-sud, est-ouest et état-société à
l'intérieur des centres impérialistes à
un équilibre exacerbé, instable entre impérialisme
et libération.
En d'autres termes:
l'instabilité du système impérialiste a
produit depuis, partout dans le monde, une situation dans laquelle
l'impérialisme, à partir du moment où il
subirait une défaite en n'importe quel point du système
mondial, et perdrait une quelconque position de force en quelque
domaine que ce soit - qu'il s'agisse d'une composante économique
(telle que le pétrole, les matières premières
stratégiques, son avance technologique) ou de la domination
politique sur un région géographique (comme l'amérique
centrale ou le golfe) - peut basculer dans la crise finale du
système.
L'affrontement,
après le vietnam, s'est déplacé d'une position
de confrontation: centre de la guerre de libération, front
et arrière-pays, vers une ligne qui, à travers
le monde entier, traverse chaque secteur, chaque continent, chaque
pays. Parce que tout secteur, du fait de son imbrication et de
son importance dans le système global, peut devenir le
détonateur de l'effondrement du rapport de forces - et
peut ainsi devenir tendanciellement un front de la guerre de
libération.
La réaction
impérialiste était obligée - pour dire de
manière imagée - de se réduire en un concentré
de sa puissance: l'état, les appareils unifiés
de la chaîne des états dépendants des usa,
la reconstruction de sa capacité d'action militaire, économique
et politique et de ses instruments de domination. en essayant
de reprendre le contrôle de l'évolution globale,
ils veulent attaquer partout: dans les luttes actuelles en Asie,
Afrique, Amérique latine, dans les jeunes états
nationaux, dans l'opposition est-ouest, en Europe occidentale,
avec comme objectif de retrouver par cette offensive générale
sa position hégémonique.
Pour la lutte anti-impérialiste cela signifie qu'il est
nécessaire actuellement, face à cette unité
de la réaction impérialiste, de mener les luttes
parallèlement sur toutes les lignes.
Ce sont des secteurs différent d'un front unique.
Et en tant que luttes qui sont menées côte à
côte, tout secteur - donc également le secteur européen
- ne deviendra un front capable d'ébranler l'impérialisme
qu'à partir de sa propre force, de son développement
spécifique, et de ses conditions actuelles et historiques
spécifiques.
Ainsi le saut qualitatif de la dialectique de la confrontation
de 1977 à des conditions de luttes subjectives qualitativement
nouvelles ici, et notre rapprochement de la base du processus
de la contradiction à l'intérieur de ce centre,
sont complètement intégrés dans les nécessités
et les possibilités de la guerre internationale des classes.
Ils venaient pour ainsi dire juste à temps.
Il est vrai qu'en 1977 l'état a agi dans ce contexte.
vers la fin de la première phase de formation de la chaîne
des états dépendant des usa, notre défaite
lui a permis de se poser en superpuissance apparemment sans limites,
non pas en tant qu'état national, mais dans la dimension
du projet contre-révolutionnaire global.
En tant que première
puissance européenne qui, conformément à
sa fonction pour le système des états dépendants
des usa, veut imposer contre toute forme de résistance
la force politique à l'intérieur et sur le plan
européen, pour pouvoir mener l'attaque sur le plan international.
Mais en agissant
de la sorte, ils ont fait progresser l'affrontement dans deux
sens, et c'est effectivement à ces niveaux qu'auront lieu
les luttes décisives: dans le sens de la largeur pour
lutter contre la guérilla dans une politique unifiée
des états d'europe de l'ouest - et contre laquelle la
perspective du front ouest-européen de la guérilla
est devenue une réalité - et dans le sens de la
profondeur, dans la société, ce qui a provoqué
la polarisation la plus accentuée et le rejet le plus
large de l'intégration à l'état, sa logique
et ses lois de l'histoire de la RFA- et ce qui offre la possibilité
d'un front révolutionnaire ici.
Il est sans intérêt
à présent d'analyser en détail les changements
internes ici.
Car le comportement
et le mode de vie de ceux qui luttent depuis lors, montrent qu'ils
ont déjà intériorisé la situation
nouvelle et la prennent tout simplement comme point de départ.
Nous constatons simplement: l'opposition fondamentale, comme
jamais auparavant, a rompu fondamentalement avec ce système.
Froide, sans illusions,
désormais inaccessible pour l'état. Il ne s'agit
plus de " changer le système ", de " modèles
alternatifs " à l'intérieur de l'Etat. Tout
cela est devenu complètement grotesque. C'en est fini,
définitivement fini - et ce n'est qu'après la fin
du système qu'une perspective de vie est concevable.
L'impérialisme
ne dispose plus d'aucune perspective productive, positive; il
n'est plus que destruction. C'est là l'essentiel de l'expérience
où s'enracine la nouvelle militance dans tous les domaines
de la vie.
Cette expérience
est vécue de façon matérielle dans la base
économique de la vie, dans l'armement et la préparation
de la guerre nucléaire, dans celle des conditions de vie
naturelles et sociales, et à l'intérieur de l'individu
lui-même, où l'aliénation et l'oppression
s'expriment par une déformation massive et la destruction
de toute la richesse individuelle de la pensée, de la
sensibilité, de la structure de la personnalité.
La plupart en perdent tout espoir.
L'impérialisme
dans les centres a perfectionné et systématisé
sa domination au point qu'ils ne trouvent plus la force de résister.
Taux de suicides en forte augmentation, fuite dans la maladie,
l'alcool, les tranquillisants, les drogues, voilà la réaction
à la réalité d'une longue histoire d'échecs,
d'épreuves et de souffrances, de dépolitisation,
alors que la violence extérieure n'est plus perçue
comme la cause de tout cela.
Mais de cette dimension de la misère vient aussi la profondeur
existentielles des luttes et la haine. Ce n'est plus l'explosion
de colère, brève, spontanée.
Celle-ci s'est consumée
au cours de ces années. Voilà le terrain sur lequel
se développe maintenant le front révolutionnaire
dans le centre. Car si le développement du système
est vécu en dernière analyse comme aboutissant
à la destruction et à l'extermination, la résistance,
elle, porte en elle-même - consciemment ou non - l'élément
qui fait qu'elle joue maintenant le tout pour le tout, et contre
tout. à l'intérieur de luttes concrètes
isolées, mais en les dépassant.
L'unité de la lutte révolutionnaire devient possible
et nécessaire.
Voilà pour tous ceux qui veulent mener cette lutte, une
ligne d'action sur laquelle la rupture avec l'état, la
révolte et les combats militants peuvent converger partout
en une politique - une stratégie de l'attaque contre le
centre impérialiste. Ligne d'action qui, du fait de sa
pratique, aboutira forcément à cette convergence.
front anti-impérialiste
Pendant ces deux dernières années, il y a eu une
foule de tracts et d'actions ayant comme mot d'ordre " un
seul front avec la raf " et nous savons que le besoin et
la volonté de le réaliser traverse tous les domaines
politisés.
Mais entre ce qui existe potentiellement du front dans ce besoin,
cette volonté, ces débuts, et sa réalisation
dans un processus de développement, une organisation,
un mouvement, il y a une énorme distance.
Le front ne naît pas automatiquement par la juxtaposition
de luttes et par sa proclamation. Il dépérit dans
la proclamation, et la mobilisation pour son existence retombera
si ce concept n'est pas, davantage que maintenant, abordé
comme une question pratique, celle de savoir comment cela peut
se faire et si effectivement cela marche.
Et pas seulement
pour nous.
Le front ne sera réalité que si chacun, peu importe
où, fait sienne la recherche pratique des éléments
et des formes de l'unité de la lutte armée à
partir du terrain de l'illégalité, et de la résistance
politique militante à partir du terrain légal,
c'est-à-dire des moyens, des tactiques et de la structure,
donc de son champ d'action et de développement qui lui
est illégal, et s'attache à le faire progresser
consciemment dans le processus stratégique.
Le front est développement du lien pratique et politique
dans l'attaque contre le pouvoir impérialiste - ou bien
il n'est rien.
Au cours de ces deux dernières années pendant lesquelles
nous avons réalisé un premier noyau de cette nouvelle
structure de guérilla, nous avons expérimenté
à quel point ce lien se réalise spontanément,
à quel point il est fort - subjectivement et objectivement,
matériellement comme possibilité de l'attaque -
à quel point il est d'autre part difficile de mettre en
route un processus stratégique continu dépassant
les initiatives et actions politiques isolées et les contextes
pratiques limités.
Voilà le noeud qu'il faut trancher à présent.
Il ne s'agit pas de morale, de zèle, de performance. Il
s'agit, à partir de la décision de mener cette
lutte, de concevoir en toute connaissance de cause comment briser
effectivement le système ici, et de se déterminer
soi-même en fonction cela.
Nous en avons fait l'expérience nous-mêmes et nous
le constatons maintenant pour ceux que nous connaissons directement:
le moment décisif pour la percée dont dépend
maintenant quel chemin pourra être fait, est la lutte de
ceux qui ont commencé de lutter dans ce concept ou qui
veulent le faire, afin de se concevoir comme des sujets du front
anti-impérialiste.
Qui ont commencé
à l'anticiper en eux-mêmes et par eux-mêmes
et à déterminer toute initiative politique, toute
action à partir de lui et pour lui: de se penser dans
tout ce qu'on entreprend, dans la perspective du front de l'attaque.
Depuis les premières discussions en 1979 sur l'unité
de la lutte anti-impérialiste, ce sont toujours les mêmes
blocages dans et entre les groupes anti-impérialistes
qui empêchent ce qui pourrait exister depuis longtemps:
le front dans l'action.
Nous n'avons que faire des batailles fictives autour du mythe
" action militante " ou autour de l'invocation du "
lien avec les masses ".
De même tous
les efforts faits pour que l'on se réclame de nous ou
au contraire pour dépister dans les discussions le moindre
lien avec nous, sont superflus.
On constate que le résultat en est que rien n'est fait
pour que les prochains pas nécessaires se fassent.
F r o n t signifie
plus que des actions.
Le front, donc des luttes, qui de par leurs objectifs communs
deviendront un seul combat et qui peuvent à partir de
là se réunir pratiquement et politiquement, vivra
dans le centre européen sous des formes multiples. actuellement,
le front anti-impérialiste en rfa - ce sont des attaques
militaires, des projets militants coordonnés de façon
unifiée, qui visent à contrecarrer la stratégie
impérialiste, des initiatives politiques pour faire comprendre
la politique, qui interviennent dans la résistance actuelle,
c'est une lutte structurelle et organisationnelle pour être
capable d'agir, c'est à chaque instant de son développement
une lutte pour la possibilité et le but pratique de la
discussion et de la communication autour de ce processus de la
stratégie.
F r o n t signifie autre chose que d'entourer la guérilla
d'une structure venant du terrain de la légalité.
nous avons dit qu'il n'y a pas de " bras légal de
la raf " et qu'il ne peut pas y en avoir. bien sûr,
nous avons des contacts avec des gens un peu partout, et c'est
aussi cela la politique concrète de la guérilla
- mais ce n'est qu'en tant que développement autonome
et spécifique sur ce terrain et en vue de l'objectif commun,
que la résistance anti-impérialiste pourra devenir
une partie du front anti-impérialiste. et ce n'est que
par là que la séparation sera dépassée.
Ce n'est que comme cela que la lutte sur ce terrain peut s'embraser
politiquement, atteindre continuité et force - et de façon
générale, autodétermination et responsabilité
pleine et entière en chaque lieu du combat de la politique
révolutionnaire dans le centre ouest-européen,
en sont des éléments essentiels.
Les discussions qui piétinent, dans lesquelles des points
de vue isolés s'opposent aux professions de foi, l'étroitesse
d'esprit des groupes isolés, l'incapacité à
prendre des initiatives, tout cela disparaît à partir
du moment où l'on a compris et intériorisé
le concept de la situation:
que le front anti-impérialiste est aussi urgent et nécessaire
que faiblement développé, et pourtant potentiellement
fort du fait de sa position dans le centre de l'europe de l'ouest,
et du fait de sa possibilité énorme au sein de
la guerre de la libération internationale.
Le front combattant significatif contre la stratégie impérialiste
doit être le but prochain i m m é d i a t.
Sans une quantité de choses sur l'impérialisme
et ses plans comme en témoignent les innombrables papiers
à ce sujet, et la détermination et le feu des actions
militantes sont vains, si de ces deux éléments
ne résultent pas la décision d'établir le
lien qui permettra de parcourir ensemble toute une évolution
dans la lutte.
Et, à partir de ce qui existe maintenant:
à partir de ce qui est contenu dans la résistance
actuelle, et à partir des conditions de lutte dans la
métropole, d'extraire les éléments pratiques,
structurels, politiques, et les lignes de l'attaque contre le
noyau du pouvoir impérialiste ici: l'état rfa et
l'otan, pour continuer à les développer de façon
offensive.
La situation, c'est que -
la lutte anti-impérialiste est en retrait par rapport
à l'offensive de la machinerie impérialiste, certes
contradictoire, mais unifiée.
Les débuts de la nouvelle mobilisation anti-impérialiste
ne se sont pas constitués contre la reconstruction impérialiste
après le vietnam et le début de la crise, contre
la préparation et la mise en marche de son offensive -
dans cette phase la résistance était paralysée
par la faillite et finalement l'effondrement de la gauche issue
de 68 - mais ne se sont formés que maintenant, alors que
les attaques réactionnaires se déroulent à
tous les niveaux depuis longtemps.
Leur offensive se développe, spontanément la résistance
est grande, mais la politique anti-impérialiste n'en constitue
pas l'orientation décisive.
Pour le devenir, elle doit être présente comme facteur
significatif et producteur d'initiatives dans les discussions
autour et contre les projets impérialistes, qui déterminent
maintenant le cours de l'histoire réelle.
La stratégie américaine de guerre en europe -
l'offensive réactionnaire de l'état à l'intérieur
-
la stratégie réactionnaire de l'état à
l'intérieur -
la stratégie réactionnaire de roll-back de la chaîne
des états impérialistes contre les mouvements de
libération et les jeunes états nationaux et contre
les états socialistes.
La situation, c'est que -
la façon dont l'histoire va maintenant se dérouler
n'est absolument pas déterminée.
L'impérialisme
américain, dans sa crise historique - où pour la
première fois depuis 40 ans il y va de son existence -
peut avoir recours aux moyens les plus extrêmes, et il
le fera si le système glisse dans la crise incontrôlable,
et si personne ne l'en empêche.
Vu son potentiel de destruction nucléaire, cela prend
certes une perspective catastrophique - mais que nous qui sommes
dans le monde entier les opprimés et exploités
n'avons aucune raison de craindre.
Car elle signifie
dans tous les cas la fin de l'impérialisme, celui-ci signifie
dans tous les cas notre propre fin. notre attitude face à
la perspective de destruction nucléaire est donc premièrement
que nous ne la craignons pas et deuxièmement que nous
ne pourrons l'empêcher et ne l'empêcherons que par
la guerre révolutionnaire.
L'acuité de la situation réside moins dans la vraisemblance
d'une guerre nucléaire que dans le fait que l'impérialisme
américain se trouve engagée dans une offensive
généralisée qui comprend toutes les dimensions
et dont le but est la restauration de son hégémonie,
ce qui ne sera possible qu'à une échelle plus large
de l'ensemble de sa domination.
Mais il est possible
d'intervenir dans cette offensive, et il dépend, de façon
décisive, de la lutte anti-impérialiste en europe
occidentale, que leur tentative se termine en leur faveur, ou
qu'elle aboutisse à un saut qualitatif sur le plan mondial
de la lutte pour la libération, et contre eux.
Une échelle plus large de sa domination, cela signifie
- sans forcément impliquer la grande guerre - production
de destruction dans la vie quotidienne, dans les conditions de
vie, dans la manipulation et la répression - la mort et
la destruction de la substance humaine pour des millions de gens
et pour longtemps.
Pour nous, du fait de notre relative faiblesse face à
un pouvoir qui dispose de presque tout ici, la situation, c'est
aussi - qu'ils sont certes en mesure - et cela pour un certain
temps encore - d'empêcher la constitution d'un front menaçant
ici leur pouvoir, mais que, pour résoudre la crise généralisée
aux niveaux social, socio-politique et politico-militaire, ils
sont obligés de s'approprier du pouvoir de façon
agressive et de dépasser ainsi les limites politiques
dans la métropole, les " limites tolérables
" - démocratie, bien-être, paix intérieure
- et qu'ils ne pourront le faire éternellement s'ils sont
confrontés constamment à la lutte anti-impérialiste
et constamment démasqués dans la confrontation
ouverte, et si se trouve ainsi rompu le mince fil idéologique
entre l'état et la société.
Ces limites politiques
sont devenues historiquement constitutives pour le centre impérialiste
d'europe de l'ouest. elles ont été érigées
en piliers du système contre le mouvement ouvrier et les
guerres de libération, et elles ne pourront plus être
abattues sans que s'effondre l'ensemble de la société.
C'est ici que la faiblesse relative de la lutte anti-impérialiste
dans le centre de l'Europe de l'ouest peut être transformée
en force dans la lutte internationale.
Car à l'échelle
de l'ensemble du système impérialiste leur projet
global de restructuration ne fonctionne que si la mise au pas
à l'intérieur des centres impérialistes
se déroule de façon relativement facile et rapide,
sans frictions sérieuses et profondes.
Ce projet ne pourra résister à la rupture causée
par la lutte anti-impérialiste ici, vu les contradictions
internationales - ou alors ils imposeront des solutions à
l'intérieur comme à l'extérieur par leur
surpuissance, au risque d'une guerre internationale des classes
unifiée à une échelle plus élevée,
plus intense et plus large, c'est-à-dire au risque d'actualiser
la lutte visant à démanteler le système
impérialiste.
C'est à partir d'ici que nous combattons.
Et c'est seulement cela, la conscience de notre possibilité,
de notre propre force, de la chance que nous avons tout spécialement
ici - et donc aussi celle de notre responsabilité - qui
peut être l'élément mobilisateur qui fera
se lever et se développer ici le front anti-impérialiste.
L'évolution en europe de l'ouest est devenue la pierre
angulaire de l'affrontement mondial.
Du fait du mouvement de la guerre internationale des classes,
l'offensive à l'intérieur et à partir de
l'europe de l'ouest, s'appuyant sur l'état central qu'est
la rfa, est essentielle pour la stratégie impérialiste,
pour s'assurer, dans un nouveau round, sa domination en tant
que système fonctionnant au niveau mondial, et la reproduction
du capital.
De notre côté et face à cette offensive,
le développement du front dans le centre s'impose comme
simple nécessité vitale, comme condition nécessaire
pour briser la tendance actuelle du processus global de libération
à stagner dans l'opposition est-ouest et, pour les pays
où a eu lieu une libération nationale, du fait
des obligations de leur développement étatique.
Les centres eux-mêmes et l'europe de l'ouest, point d'intersection
des lignes est-ouest, nord-sud et plus particulièrement
état-société, sont le point de départ
et le noyau de leur projet de restructuration.
C'est d'i c i qu'ils doivent essayer de tirer le pouvoir militaire
dont ils ont besoin pour faire pression sur les états
socialistes et pour contrer les luttes de libération nationale,
c'est d'ici qu'ils doivent tenter de maîtriser le potentiel
économique, la crise intérieure sociale et économique
incontrôlable, de dominer et d'intégrer dans leur
système les jeunes états en voie de développement,
et - comme condition de tout cela - d'imposer par la force une
homogénéité politique intérieure,
sinon en tant que consensus, du moins comme une sorte de paix
intérieure.
C'est dans ce sens qu'ils sont ramenés vers les centres.
Ils essaieront obligatoirement d'imposer, de façon offensive,
et agressive, le concept global réactionnaire dans le
centre, à tous les niveaux et de toutes leurs forces.
Missiles à moyenne portée, bombe à neutrons,
surarmement conventionnel, concentration et centralisation du
capital, rationalisation, chômage massif planifié,
instrumentalisation de l'homme comme simple appendice de la machine
-
développement à outrance de la politique énergétique
indispensable pour eux à cause de son importance comme
moyen de guerre sur le marché mondial.
Destruction des structures sociales selon l'intérêt
des flics et du fric -
exploitation dans la course pour les moyens d'existence, formation
professionnelle conçue comme une usine -
flics, justice, taule -
etc.
Voilà les points avancés de cette offensive conçue
de façon militaire, l'étau de fer enserrant tous
les domaines partiels de la société dans les métropoles,
qui depuis longtemps ne nous laisse plus de choix de savoir si
nous voulons ou non le front dans le centre - la guerre a déjà
commencé. la question n'est plus que de savoir s'il y
aura ou non contre l'offensive réactionnaire le front
révolutionnaire.
C'est contre cet horizon que naît le front anti-impérialiste
dans les centres.
Son effet ne se
mesure pas seulement ici à la question de savoir s'il
est capable ou non d'empêcher tel ou tel projet impérialiste
actuel, ce qu'il atteint, il l'atteindra toujours en tant que
secteur de combat du front international au profit de celui-ci,
et ce n'est qu'à partir de cette totalité de la
confrontation impérialisme-libération qu'un rapport
de forces peut être crée qui rendra possible ici
la révolution sociale.
R é s i s t a n c e contre la machine impérialiste
qui s'apprête à frapper ici - telle est d'ailleurs
notre définition de l'action de la guérilla et
du développement du front anti-impérialiste - signifie
attaque et développement du front révolutionnaire
dans le centre, dans le cadre de la lutte mondiale.
Une attaque que toute la situation réclame maintenant
- et qui doit partir d'ici.
Sur le plan international, les deux blocs se dressent face à
face, pétrifiés dans leur potentiel de destruction
et figés dans leurs armements. des mouvements de libération
sont devenus des états, et ceux qui n'en sont pas encore,
agissent, dans leur lutte pour le devenir, quasiment comme tels.
Le terrain principal,
même pour les mouvements de libération et les jeunes
états, est celui de la politique internationale, des relations
internationales - il se situe entre l'opposition est-ouest qui
se reproduit dans ces pays, le marché mondial à
l'intérieur duquel et à l'encontre duquel ils sont
contraints de se développer, et la nouvelle force politique
des états libérés dans les instances internationales
qui leur confère une certaine marge de manoeuvre. c'est
le développement logique.
Expression de la
force que la lutte pour la libération nationale a atteint,
et expression de leur faiblesse qui les oblige encore à
se référer au système des états tel
que l'impérialisme l'a déterminé.
Le développement du pays dans cette situation conduit
la direction politique des jeunes états à une double
contradiction: d'une part, la misère de plus en plus profonde,
la pauvreté de la population, le sous-développement
et à partir de là, le recours à des solutions
radicales - d'autre part le caractère inévitable
de la lutte pour en obtenir les moyens dont disposent presque
exclusivement les états impérialistes, l'obligation
donc de s'arranger avec eux, ce qui les conduit tendanciellement
à accepter des obligations de plus en plus divergentes
d'où le risque de déchirements catastrophiques
dans les guerres civiles, la famine, le désespoir, la
répression et l'intervention.
Mais ces contradictions,
ils ne les ont pas choisies. celles-ci sont avant tout le résultat
d l'histoire coloniale qui profite encore à l'impérialisme
qui exploite les destructions qu'il laisse derrière lui,
après qu'il ait déjà été chassé
du pays.
La guérilla dans les métropoles et les luttes militantes
aujourd'hui résultent d'une dynamique déclenchée
par les mouvements de libération - et si aujourd'hui,
au bout de 30 ans, un mouvement a pu se développer ici
grâce à leur lutte, la situation là-bas est
actuellement et de façon essentielle tributaire du faible
développement des luttes ici.
Il ne peut y avoir
de perspective de destruction du système impérialiste
tant que la perspective de destruction n'a pas été
ouverte dans ses centres du pouvoir, de commandement et de production.
C'est-à-dire tant que la politique n'a pas pris une forme
matérielle qui, en tant que force significative dans la
lutte internationale, dans son mouvement réel, ses buts
et sa continuité, montre la volonté et la possibilité
d'en finir avec le système. ce n'est qu'à partir
de ce moment-là qu'un saut révolutionnaire est
concevable. L'impérialisme ne s'effondre pas de lui-même.
Il ne s'effondre pas non plus par un encerclement et étranglement
venant de l'extérieur.
Sans le développement du front ici, il se produira au
niveau mondial ce qui a été mortel dans l'histoire
des luttes de classes en europe, et sur le plan politique dans
le conflit est-ouest: une guerre de tranchées amère
et figée. un appareil impérialiste, agressif sur
le plan politique et militaire, surdéveloppé sur
le plan technologique et des techniques de production et d'organisation.
-qui dans son but de redevenir la seule puissance mondiale, que
ce soit sur le plan militaire contre la volonté de l'union
soviétique et des états socialistes de rester une
puissance égale, ou sur le plan politique contre la conscience
des peuples d'afrique, d'amérique latine et d'asie de
leur propre force, échouera certes.
-mais qui est assez puissant, grâce à ses moyens
de guerre politiques économiques et militaires, pour bloquer
les pays qui viennent de réaliser leur libération
nationale, en leur dictant les conditions de leur développement,
et assez puissant peut-être aussi, en imposant une course
aux armements et en agissant sur le marché mondial, pour
ébranler l'économie des pays socialistes.
-et qui dans la métropole, où l'état ne
cessera jamais de tenter de porter le pouvoir impérialiste
à l'hégémonie, par l'exploitation, l'état
policier et la gestion de la crise, écrasera une société
pourrissante.
Lutte pour la
libération
Si la résistance et l'attaque révolutionnaire constituent,
du fait de notre propre situation ici, une nécessité,
c'est aussi pour nous et pour nous seulement la possibilité
d'ouvrir la perspective vers la fin du système. une perspective
qui dans sa fonction de destruction de la puissance impérialiste
dépasse cette fonction:
· dans la maturité de la métropole où
le développement social productif a commencé à
se transformer en destruction, la lutte révolutionnaire
ici, dans ses buts et la structure du front combattant, fait
apparaître un avenir social au-delà des limites
historiques du système d'états existant;
· dans la phase historique de l'impérialisme mis
en déroute sur ses lignes extérieures et se désagrégeant
à l'intérieur dans la crise généralisée,
la maturité de la métropole pour un bouleversement
est aussi la maturité de la lutte orientée radicalement
vers le renversement des conditions sociales dans le sens des
objectifs communistes.
Où l'on ne
conçoit pas la vie comme une étape de transition
de plus, ni la victoire comme la prise du pouvoir d'état,
mais comme étant un processus homogène de résistance
qui est contre-pouvoir et transformation pour la libération.
La politique révolutionnaire
ici est la stratégie qui conçoit l'ensemble de
la résistance dans le cadre de la réalité
quotidienne ici, comme processus de lutte de libération,
et la comprend comme partie, secteur, et fonction des luttes
mondiales dont seule l'action combinée permet d'atteindre
le but.
Cette politique n'a rien à voir avec une conception du
monde. elle n'échafaude pas un de ces modèles idéologiques
qui se succèdent et dont on prétend qu'ils se réaliseront
plus tard. elle ne peut être qu'un processus réel.
signal de l'utopie, c'est une stratégie à long
terme et directe - on peut dire aussi un mode de vie - dans laquelle
le but stratégique de destruction du pouvoir impérialiste
est lié à une réelle transformation maintenant
-
le processus qui, au fur et à mesure du développement
du front, détruit l'occupation du terrain politique et
de l'individu par l'état - qui crée, par la production
d'un contre-pouvoir, les conditions nécessaires à
l'offensive politico-militaire, et qui en tant que production,
développement matériel, comprend en lui le rétablissement
de la pleine dimension de l'homme dans les relations des combattants.
Transformation immédiate, territoire libéré
et révolution sont pleinement intégrés dans
le processus de la résistance - et ce n'est qu'ainsi qu'ils
trouvent leur vérité.
La stratégie révolutionnaire ici, c'est la stratégie
contre leur stratégie.
Qui attaque leur plan stratégique dans leurs projets concrets
et qui, par l'attaque matérielle, brise politiquement
l'offensive impérialiste vers l'intérieur et l'extérieur,
créant ainsi la conscience qui devient nouvelle résistance
et processus du front sur le plan national et international,
qui bloque leurs plans avant même qu'ils puissent les exécuter.
Qui, en tant que front combattant significatif, transforme en
force matérielle la rupture du consensus dans le centre
impérialiste et qui, en propageant sur le plan international
cette rupture intérieure, leur ôte la légitimation
ou encore leur caractère attractif dont ils ont besoin
pour reproduire leur système d'argent, de manipulation
et de destruction, dans une nouvelle phase, à savoir dans
le monde entier.
Et qui, en tant que virage radical de la situation dans les métropoles,
montre la possibilité de la fin du pouvoir impérialiste
et de son existence parmi les hommes, et donc la maturité
pour une société libérée.
|
|