Cellules Communistes Combattantes

La flèche et la cible

 

Présentation

En 1987, nous avions appelé à un échange politique ouvert avec le mouvement communiste révolutionnaire.

Cette initiative visait à briser l’isolement complet auquel nous étions alors soumis dans les geôles de la bourgeoisie impérialiste belge.

En quelques semaines, de nombreux militants, des collectifs et des organisations de divers pays ont répondu constructivement à notre appel.

De multiples questions furent présentées, touchant à divers aspects - tant généraux que particuliers - du domaine révolutionnaire.

Nous voulons avant toute chose exprimer enfin notre reconnaissance à ces camarades pour la possibilité concrète qu’ils nous offraient là de rompre l’isolement, de surcroît sur le terrain des interrogations et discussions présentes au sein du mouvement révolutionnaire.

Il nous faut maintenant expliquer pourquoi cette latitude n’a pas été exploitée comme prévu, pourquoi nous achevons seulement aujourd’hui le travail en question.

Plusieurs raisons se recoupent. Nous avons été surpris par l’ampleur de la tâche.

Le nombre et la complexité des sujets abordés dépassaient de loin ce à quoi nous nous attendions.

Les conditions d’isolement total que nous avons connues jusqu’à fin 1988 rendaient le travail excessivement ardu, d’autant qu’il ne s’agissait pas simplement d’exposer des réflexions et positions communes toutes prêtes mais bien souvent de produire des analyses sur des sujets que nous n’avions étudiés jusque là que trop superficiellement, d’ajuster/actualiser des points de vue en fonction de l’évolution de leurs objets, de tirer des bilans, d’approfondir des thèses, de traduire nos progrès, de corriger des erreurs, etc., à partir de l’expérience et de ses leçons.

L’année 88 fut principalement consacrée à la préparation de la bataille du procès et de la grève de la faim contre le régime d’isolement.

La victoire de cette dernière influença l’orientation de notre activité au cours des années suivantes.

Sortis de l’isolement, nous privilégiâmes naturellement des contacts directs avec des camarades proches et des groupes se revendiquant des mêmes conceptions politiques que les nôtres.

D’autre part nous pûmes enfin intervenir dans des débats en cours au niveau international, répondre àdes questionnaires particuliers, etc.

Par exemple, nous sommes intervenus dans le débat sur «Parti et guérilla» animé par les camarades de la Commune Karl Marx (prisonniers du PCE(r) et des GRAPO), dans une crise qui a traversé des groupes militants aux Pays-Bas, dans le grand débat en cours en R.F.A. - notamment à partir des nouvelles orientations de la RAF, nous avons répondu à des questionnaires présentés par des camarades de Catalogne, du Pérou, de Turquie, d’Allemagne, à des courriers divers, etc.

Bref, toutes sortes de boulots qui se succédaient et nous empêchaient de reprendre sérieusement le grand travail débuté en 1987. Nous ne l’avons pour autant jamais perdu de vue.

Car nombre de matériaux accumulés dans son cadre ont très naturellement servi lors d’interventions particulières, de même que ces interventions étaient l’occasion de réunir des matériaux manquants.

D’une façon ou l’autre les thèmes de réflexion, les sujets d’analyse se recoupaient inévitablement. Cela sera flagrant à plusieurs reprises: des pans entiers du travail que nous présentons ici ont déjà servi dans des échanges avec des camarades français, allemands, etc. Nous l’indiquerons chaque fois et prions ces camarades d’excuser la répétition.

La petite histoire de ce travail en a aussi façonné l’aspect final. Bien que nous ayons cherché à en faire un tout le plus ordonné possible, il reste fort brut. A la base, plus de cent cinquante questions venues de nombreux horizons, qu’il a fallu trier, synthétiser, agencer.

Parmi ces questions, certaines que les années écoulées ont rendues caduques, d’autres pour lesquelles nous n’avons pas de réponse (ou du moins pas de réponse dont la publication présenterait un intérêt), etc.

On pourrait croire que la variété initiale devait couvrir la totalité de «la question révolutionnaire» , mais ce serait pêcher par spontanéisme.

Certes les questions rassemblées traduisaient l’étendue des préoccupations du mouvement révolutionnaire, la répétition de certaines révélait leur priorité, etc., mais malgré cela les 58 questions que nous avons finalement retenues ne peuvent prétendre cerner de façon exhaustive le domaine théorique et politique, loin de là.

«Matériaux pour la Révolution» , c’est exactement cela. Des éléments se voulant contribution à la réflexion générale qui, aujourd’hui plus que jamais, doit traverser tout le mouvement, toutes les forces révolutionnaires.

Nous avons cherché à apporter cette contribution dans les domaines les plus centraux, primordiaux, et bien entendu nous avons veillé à lui donner la plus grande cohérence, la qualité la plus globalisante. Maintenant il faut aller plus loin, le débat doit s’étendre et se renforcer. Notre contribution se veut aussi stimulation de ce mouvement.

«La flèche et la cible» ...

Mao Tsé-toung écrivait: «Comment lier lUne à l’autre la théorie marxiste-léniniSte et la réalité de la révolution chinoise? Il faut, pour employer une expression courante, “décocher sa flèche en visant la cible”.

Le Marxisme-léninisme est à la révolution chinoise ce que la flèche est à la cible.

Or, certains camarades “décochent leur flèche sans viser la cible “, ils tirent au hasard. De tels camarades risquent de faire échouer la révolution» («Pour un style correct dans le travail dans le Parti», 1er février 1942, O.C. t.lll).

Nous nous sommes efforcés, tout au long de nos réponses, d’être fidèles à cette juste pensée du Président Mao.

Cela explique aussi la place accordée aux références concrètes à la situation beige, aux rappels historiques propres à notre pays, etc.

Pour conclure, il nous reste à remercier les camarades qui ont permis que les questions nous arrivent à une époque où les autorités bourgeoises s’acharnaient à empêcher toute, relation politique avec nous, ceux qui ont aidé à rassembler la documentation nécessaire, ceux qui ont assuré l’édition, les traductions, bref tous ceux grâce à qui ce travail a été rendu possible.

LE COMBAT NE S’ARRETE JAMAIS!

VIVE LA LU1TE ARMEE POUR LE COMMUNISME!

QUE MILLE CELLULES NAISSENT!

COLLECTIF DES PRISONNIER(E)S
DES CELLULES COMMUNISTES COM BATTANTES

Mai 1993

[Le collectif a consisté en quatre militants emprisonnés, dont le dernier est sorti de prison début 2003.]