UNE PERSPECTIVE
REVOLUTIONNAIRE
EN EUROPE
WOTTA
SITTA (1993)
[le collectif wotta
sitta regroupe des prisonniers politiques italiens venant de
différentes organisations, principalement le parti-guérilla
du prolétariat métropolitain qui a été
une scission ultra-gauchiste des Brigades Rouges du début
des années 1980]
Les notes suivantes
définissent la position de notre collectif sur la voie
prise par la RAF depuis avril 1992, et, avec cette position,
forcément, notre point de vue sur certaines questions
que nous considérons comme fondamentales pour l'initiative
révolutionnaire des communistes en Europe.
Il s'agit là
de notes élaborées depuis longtemps dans leurs
contenus de fond.
Les motifs pour
lesquels nous ne les proposons qu'aujourd'hui à l'attention
et à la discussion des camarades sont très simples
et nous les expliquons brièvement.
TOUT d'abord, disons
avec clarté que pour nous le retournement de la RAF est
apparu, dès le début, comme une manifestation d'une
crise politique dans laquelle se nourrissaient dangereusement
les germes clé violents procès de désagrégation.
À l'énoncé
des raisons de leur "césure " avec le passé,
le groupe de militants clandestins constituant aujourd'hui la
RAF non seulement ne proposait aucun élément valable
pour une nouvelle perspective, en s'embourbant dans une épaisse
"bouillie populiste " pangermanique, mais ouvrait les
portes à la pénétration impérialiste
en acceptant déjouer le jeu de Kinkel.
Pour nous, prendre
nos distances ou jeter l'anathème, surtout au nom du viol
des sacro-saints principes, n'avait pas grande importance.
La RAF enfonça
profondément un coin dans le camp antagoniste européen,
amplifiant ainsi le manque de perspective déjà
existant.
Le nud était
et est la reconstruction stratégique de la politique révolutionnaire
et celle-ci ne se réalise que dans l'avancée de
la lutte et du débat consciemment orientés sur
des terrains réellement centraux.
Par son initiative,
la RAF a fermé cet espace bien qu'il ait été
maintenu ouvert péniblement après le coup d'arrêt
de l'expérience du front en 1988, en catalysant l'attention
et les énergies de parties considérables du mouvement
en Europe (et en particulier en Allemagne) sur des questions
erronées et secondaires, et en en écartant de nombreuses
autres de la dimension continentale de la lutte (spécialement
en Italie).
Dès lors
la crise devait se consumer jusqu'au bout.
De nombreuses choses
devaient acquérir une clarté tangible.
Et, en effet, l'attaque de Weiterstadt (action contre une prison
spéciale en construction) montrait combien le choix de
" s'arrêter pour réfléchir " était
fumeux ; vu que les éléments de réflexion
sur lesquels cette action s'appuyait se résumaient à
une condamnation de la cruauté de la prison technologique.
Cela constituait
surtout et plus concrètement une pression afin que quelques
bosses du "nouveau Reich " fassent une nouvelle distribution
des cartes dans la proposition Kinkel.
Mais les propositions
de la bourgeoisie sont toujours truquées et le jeu réel
n'est jamais celui qui est affiché.
Ainsi, Wolfgang
a été assassiné (NdT : Wolfgang Grams, militant
de la RAF exécuté par la police politique après
son arrestation le 27 juin 1993 à la gare de Bad Kleinen).
Grâce à un espion nourri dans le marécage
de la fausse pratique antagoniste, privée comme elle l'est
d'une quelconque perspective offensive.
Et si Kohi a chassé
Von Stahl (NdT : ministre de l'Intérieur démissionné
après l'exécution sommaire de Grams), c'est parce
qu'il voulait l'ensemble de la RAF pieds et poings liés
et demandant grâce, pour offrir en hommage à la
puissance allemande le spectacle de la mort physique et politique
de la résistance.
Parce que c'est
précisément la politique de pacification impérialiste
: anéantissement et réinsertion sont les deux faces
de la même monnaie.
Après Bad
Kleinen, quand tout cela est devenu clair et palpable pout tout
camarade en Allemagne et en Europe, le dernier voile masquant
encore l'impasse dans laquelle se sont fourrés les militants
clandestins de la RAF s'est lui-même dissipé.
Le silence par lequel
ils ont accepté et voulu que les affidabili (NdT : détenus
de confiance, expression tirée du film américain
Broobakers) de Celle se fassent dans la gauche les porte-parole
de la politique de pacification de Herr Kohl les a conduits au-delà
du fossé séparant révolution et impérialisme.
Un véritable
coup de poignard dans le dos des camarades prisonniers alors
que plus d'une fois ils ont clairement affirmé que leur
vie ne passait pas par la proposition de Kinkel ou de Schnarrenberger
(ministre de l'Intérieur), mais bien par le développement
révolutionnaire.
Pourtant la dérive
de la RAF n'est pas la seule à révéler la
phase comme étant pour les communistes des temps de désorienta-tion.
En observant certaines
formes grâce auxquelles d'autres camarades, à un
niveau complètement différent, tentent de dépasser
les difficultés objectives de cette phase historique,
il en découle un cadre assez éclaté d'expériences
et de réflexions pouvant être synthétisé
en trois filons essentiels d'approche de la guérilla et
de la stratégie révolutionnaire :
-celui privilégiant la nécessité de repartir
des luttes sociales de mouvement en jugeant impossible d'agir
à un niveau
politique global si celui-ci ne s'affirme pas comme un développement
naturel du mouvement ; mais de cette façon on finit inévitablement
par circonscrire l'horizon à
la situation spécifique que l'on vit, avec un rappel purement
idéal à l'affrontement politique général
;
-celui mettant en
avant la reconsidération des choix stratégiques
sur lesquels s'est constituée la guérilla ; une
course à reculons faite de révisions idéologiques
exacerbées et désarmantes qui éloignent
d'une approche offensive de la lutte ;
- celui enfin pour
qui la continuité du projet ayant guidé la guérilla
dans les dix dernières années est centrale, en
la jugeant immuable et en considérant les défaites
et les absences d'initiatives comme des problèmes purement
organisationnels qui se combleront automatiquement avec la reprise
de l'attaque.
Au contraire, avec
les défaites se révèlent toujours des positionnements
politiques inadéquats et, en l'absence d'une clarification,
elles sont vouées à se reproduire en pesant négativement
sur l'ensemble des conditions politiques, parce que de ce fait
le décalage entre les sédimentations de la conscience
révolutionnaire et l'évolution objective de la
lutte s'élargit.
Mais il faudrait
être myope pour n'en rester, dans le cadre actuel de l'expérience
révolutionnaire, qu'à ces seules limites de l'approche
stratégique maintenant la subjectivité communiste
en dessous de l'évolution de la lutte, et sans prendre
en considération d'autres facteurs.
En effet, il émerge
quand même de ce cadre la conscience de la nécessité
d'une proposition politique d'ensemble.
Et en conséquence
la possibilité concrète de sa définition.
Et ce n'est pas
tout, car des indications utiles pour des étapes essentielles
à atteindre pour y parvenir en émergent également.
L'expansion des
luttes sociales au niveau européen est un fait indéniable
aux yeux de tous.
Comme il est tout
aussi indéniable que ces luttes imposent la caractérisation
du terrain politique sur lequel se détermine la progression
des rapports de pouvoir.
Il est clair pour
tous que l'obstacle principal face auquel aujourd'hui les luttes
de masse ouvrières et prolétariennes sont contraintes
de reculer de plus en plus ou de négocier est l'impossibilité
d'attaquer immédiatement le niveau supranational spécifiquement
européen, déterminant pour beaucoup les limites
et les compatibilités rigides de chaque territoire national.
En ce sens, de nombreux(ses)
camarades uvrant dans les luttes à leur politisation
et à leur développement se sont déjà
confrontés, même si ce n'est que partiellement,
à la nécessité de rompre l'encerclement
national-local des luttes.
L'autre donnée
fondamentale est que les composantes les plus avancées
de la guérilla et du mouvement révolutionnaire
en Europe affirment, même si c'est avec plus ou moins de
force, clairement, qu'aucune avancée stratégique
n'est aujourd'hui possible sans un positionnement au niveau de
la dimension internationale de l'affrontement entre les classes.
C'est un élément
important de conscience établissant les bases d'un débat
unitaire et constructif.
À partir
de ces deux données, il est possible de dépasser
ces difficultés et de se connecter à la complexité
du cadre actuel de l'affrontement avec une vision à long
terme, et de dépasser des difficultés qui en restent
à une forme de faiblesse de l'iden-tité et des
tâches des communistes.
En effet, ce qui
définit les communistes dans les diverses phases du combat
entre prolétariat et bourgeoisie a toujours été
la capacité de " soutenir l'intérêt
du mouvement dans sa totalité " (Marx).
Alors les communistes
proposent dans la pratique, en termes d'organisation et de lutte,
une conscience et une vision globale de l'affrontement, une stratégie
afin d'affirmer concrètement les intérêts
du prolétariat et d'affaiblir la bourgeoisie.
"La tâche
des communistes " n'est pas celle de rappeler aux prolétaires
combien la vie dans la société bourgeoise est destructrice,
et de combien de massacres la richesse du big business se nourrit.
Ils le savent déjà et par eux-mêmes.
La tâche principale
est d'assurer la responsabilité de dire comment l'on gagne,
comment l'on obtient des changements petits ou grands au présent.
Maintenant, il pourrait sembler inutile d'aborder plus précisément
les thèses sur lesquelles la RAF a basé son retournement.
Ça serait
une erreur, ces thèses plongent leurs racines dans des
expériences et des concepts qui ne constituent certainement
pas une affaire privée de la RAF.
De nombreux(ses)
camarades, même si c'est en repoussant le rapport ambigu
avec la politique étatique, les considèrent encore
aujourd'hui en partie ou entièrement comme des réponses
valables aux problèmes d'initiative et de perspective
traversant le tissu communiste européen.
De toute manière,
ces thèses représentent l'aboutissement de vingt
ans d'expérience révolutionnaire.
Et tous les camarades,
ceux de la RAF même ou proches, qui veulent de toute façon
aller de l'avant, devront régler leur compte à
ces thèses.
C'est principalement
à eux que nous nous adressons.
Alors, affrontons-nous
à la critique des éléments généraux
pouvant être extraits des positions de la RAF, car il convient
de préciser quelques axes politiques par lesquels passe
l'avancée révolutionnaire et remettre les pieds
sur terre à quelques questions fondant la conscience politique
sédimentée par la guérilla en Europe et
qui ne doivent pas disparaître.
LA RAF dit : dans le changement des rapports de forces mondiaux,
l'idée d'un développement révolutionnaire
par la lutte internationale commune a échoué.
Une thèse aussi tranchée que superficielle parce
que privée de la moindre analyse du contexte mondial de
l'affrontement.
Pour eux, il n'y
aurait plus ni affrontements révolutionnaires en cours
dans le monde, ni énormes conflits sociaux en Europe,
en Asie, aux États-Unis, à l'Est, ni contradictions
interbourgeoises aboutissant à des guerres en tout genre,
et, enfin, il n'y aurait pas non plus de guerre globale des États-Unis
pour sauvegarder une prédominance politique et économique
toujours plus en crise.
Pour la RAF c'est
uniquement la référence à tout ça
qui a disparu.
Le fait principal
qui apparaît, c'est que la RAF ne s'est jamais détachée,
dans son évaluation du cadre de références
stratégiques, de l'évolution de l'affrontement
Camp socialiste-Camp impérialiste.
Chaque changement
de leur projet, après chaque expérience de lutte
internationale commune - d'abord avec la guérilla palestinienne,
puis avec la guérilla européenne -, a de toute
manière toujours tourné essentiellement autour
de la même vision des contradictions, des sujets et des
possibilités de développement de l'affrontement
mondial.
Et c'est justement
cette vision qui est " terminée ". Mais cela
ne date pas d'aujourd'hui!
En effet la possibilité
d'ouvrir des espaces à la perspective révolutionnaire
du prolétariat en prenant comme axe stratégique
le rapport de forces Est-Ouest ne certes pas achevée avec
les écroulements assourdissants de 1989 !
Après la
Seconde Guerre mondiale, la "défense de l'Union soviétique
" est demeurée le terrain central sur lequel se mesurait
l'avancée de la perspective communiste.
Le substrat de cette
position résidait dans la conception suivante : l'avancée
de la perspective communiste réduite à la généralisation
(plus ou moins mécanique) de l'expérience soviétique
dans le monde.
En ce sens, la lutte
pour la transformation révolutionnaire dans son pays et
la lutte anti-impérialiste aux côtés de l'Union
soviétique se complétaient et se renforçaient
mutuellement.
Cette conception,
même si au fond elle contient l'erreur révisionniste
de réduire un mouvement mondial de transformation communiste
à la généralisation de l'expérience
soviétique, eut un véritable souffle stratégique
lors d'une phase précise de l'affrontement mondial, parce
qu'en elle convergeaient les lignes fondamentales du développement
révolutionnaire :
- l'émancipation
de la classe prolétarienne pour laquelle les expériences
socialistes et de libération nationale constituaient une
possibilité réelle de transformation
matérielle ;
- l'opposition à
la ligne contre-révolutionnaire anticommuniste de contre-insurrection
(counterinsurgency), attaquée par les poussées
révolutionnaires de façon intégrée
dans les pays occidentaux et sur les trois continents;
- la généralisation de l'affrontement politique
et idéologique contre la bourgeoisie dans chaque zone
en une ligne unique de développement mondial qui se matérialisait
comme mouvement communiste international et avancée de
la perspective communiste.
C'est le contenu qui rendait central l'affrontement Est-Ouest.
Progressivement, l'éclatement du "camp socialiste"
en tant qu'alignement unitaire et homogène (qui commence
dans les années soixante avec la critique maoïste
de l'Union soviétique), l'impossibilité clé
transformation révolutionnaire des formations économiques
occidentales en suivant le modèle soviétique et
la modification de la nature de la contradiction Est-Ouest en
un affrontement - à l'échelle mondiale - entre
deux systèmes de domination impérialiste (quelles
que fussent leurs différences) ont progressivement rompu
cette convergence, réduisant à néant sa
portée stratégique pour le développement
révolutionnaire.
En ce sens, l'avancée
de la perspective communiste nécessitait un terrain différent
de généralisation internationale qui reflète
l'intérêt prolétarien de négation
des rapports capitalistes d'exploitation du travail et de la
vie, et cela ne pouvait être que la contradiction entre
prolétariat international et bourgeoisie impérialiste
qui, avec les nouveaux mouvements révolutionnaires et
les expériences guérilleras des années soixante-dix,
se traduisit en premiers éléments de conscience
communiste.
Centralité
stratégique de la contradiction prolétariat international
/ bourgeoisie impérialiste en tant que projection au plan
politique général, c'est-à-dire celui de
l'affrontement à tous les niveaux contre le système
de pouvoir politique de la bourgeoisie impérialiste, et
celui de la qualité homogène parcourant les luttes
prolétariennes du monde.
C'est le terrain,
et aujourd'hui plus que jamais à cause du degré
atteint par la crise, sur lequel il faut caractériser
les formes historiques d'alternative au capitalisme, leur possibilité
d'édification et leurs avancées.
La dynamisation
des contradictions interimpérialistes au niveau mondial
inscrites par la crise ouverte depuis les années soixante-dix
reproposait (dans les années quatre-vingt) une base matérielle,
aussi étroite qu'elle fût, au modèle Est-Ouest
en tant que clé d'approche à l'affrontement mondial.
La forte pression
pour la redéfinition des positions des pouvoirs politiques
et économiques se traduisait de plus en plus en une phase
ouverte de guerre impérialiste avec les États-Unis
et l'Union soviétique comme sujets principaux, mais non
uniques (des Malouines au Golfe), et allait croiser inévitablement
l'affrontement révolutionnaire international.
Du reste, c'était
et c'est un des facteurs actifs de la progression-accélération
de la guerre.
Donc, pour les forces
révolutionnaires, il était sûrement juste
de tenir compte de l'affrontement États-Unis-Union soviétique
dans leur initiative politique, afin de peser dans les rapports
de force mondiaux, mais tenir compte ne signifiait pas, hier
et encore moins aujourd'hui, se fourrer dans un cul-de-sac.
Proposer de nouveau
le vieux modèle de l'affrontement Camp socialiste -Camp
impérialiste en tant qu'axe stratégique a signifié
faire prévaloir ce modèle à toutes les nouvelles
lignes de développement révolutionnaire qui émergeaient
autour de l'axe prolétariat international - bourgeoisie
impérialiste, en les appauvrissant jusqu'à ne laisser
qu'un vieux philosoviétisme que la guérilla métropolitaine
avait déjà chassé à coups de pied
au cul comme référence politique stratégique
pour la conscience du prolétariat métropolitain
en même temps qu'une bonne partie de la panoplie révisionniste.
Si nous insistons
autant sur la question Est-Ouest, c'est parce que en certifier
formellement la fin et tourner la page sans en approfondir toutes
les implications est une erreur, autant que d'y rester agrippé
comme à une planche de salut lorsque les nécessités
de la lutte prennent un autre chemin.
Graduellement, la
nouvelle situation mondiale a placé au centre deux questions
décisives pour les progrès du communisme : premièrement,
la fin du système socialiste mondial et, deuxièmement,
la guerre impérialiste.
De la crise de l'Union
soviétique et de l'expérience de pouvoir socialiste,
on peut sortir avec une conscience plus forte des potentialités
de la perspective communiste, ou alors avec des régressions
désastreuses qui pèseront qui sait combien de temps.
Cela dépend
de comment la conscience d'un nouveau progrès de la perspective
communiste est affirmée.
Une perspective
non pas en tant que " programme ", mais tel un nud
politique autour duquel s'enroule l'élaboration de la
conscience de l'affrontement global entre prolétariat
et bourgeoisie dans cette phase historique.
La conscience révolutionnaire
qui élabore les nouvelles étapes et objectifs politiques
concrétisant les intérêts généraux
du prolétariat face aux contradictions et aux limites
objectives du capitalisme dans cette phase historique.
Plus la crise avance
et plus la société capitaliste se transforme dans
son ensemble en étendant, en approfondissant, en com-plexifiant
qualitativement la polarisation des conditions et des intérêts
entre prolétariat et bourgeoisie, plus l'affrontement
de pouvoir se catalyse également autour de la capacité
à faire surgir la possibilité d'émancipation,
de libération et de dépassement du capitalisme.
Un intérêt
général visible qui, par la politique révolutionnaire,
rend praticable la réunification des luttes et des intérêts
particuliers.
Aujourd'hui, le
capitalisme métropolitain a conduit au développement
de forces productives fortement innovatrices et complexes immédiatement
planétaires, sa crise a amorcé de grandes contradictions
tout aussi planétaires.
L'étroite
interdépendance des économies et des conditions
sociales bloque les nouveaux développements et transformations
significatives n'agissant pas sur des bases supranationales.
Tous ces procès
génèrent autant la poussée vers des formes
d'union supranationales qu'à l'opposé, la fragmentation
des localismes.
Cela parce que nous
avons atteint ce degré de développement où
l'affrontement de pouvoir entre les intérêts généraux
du proléta.riat et les intérêts généraux
de la bourgeoisie commence à vivre, à se résoudre,
au niveau immédiatement mondial.
Cela se produisit
également et en partie à d'autres époques,
mais c'était alors lié à un développement
différent de l'économie et des rapports sociaux,
et, en conséquence, l'affrontement de pouvoir ne pouvait
avoir pour objet des intérêts universels pour le
prolétariat comme pour la bourgeoisie.
En fait, cela se
traduisait au niveau de la conscience et des objectifs matériels
et politiques en avancées et transformations au plan national.
Aujourd'hui, au
contraire, les avancées se mesurent surtout au niveau
supranational.
Non parce que la
dimension supranationale signifie nivellement ou disparition
des "particularités", mais parce qu'elle s'impose
comme "nécessité générale "
et donc en tant qu'élément qui détermine
toute avancée quelle qu'elle soit.
Pour la bourgeoisie
comme pour le prolétariat.
Et c'est cette donnée
"objective " qui a provoqué la crise du maintien
et de l'édification des formes politiques du pouvoir prolétarien
(des États comme des organisations) sur la seule base
nationale, face à l'affrontement de pouvoir entre les
classes se développant au niveau global, parce que celui-ci
se renverse sur ces formes de pouvoir en rapport de forces écrasant.
Base économique
et rapport de pouvoir sont étroitement liés.
La guerre du Golfe
a ouvert une ère de nouveaux affrontements interbourgeois
destructeurs à l'échelle mondiale sous la pression
de la crise et du fait de la forte interdépendance. Une
question étroitement liée à celle de la
perspective.
Dans cette ère,
le prolétariat doit aussi affirmer les raisons générales
de son émancipation historique parce que c'est seulement
ainsi qu'il peut se placer (de façon autonome et active)
dans le conflit entre État et groupes bourgeois locaux
en évitant de suffoquer sous les nationalismes plus ou
moins masqués ou de subir passivement les conséquences
sociales destructrices de ces conflits.
La crise capitaliste
génère toujours la guerre. C'est vrai, mais il
faut voir qu'aujourd'hui, dans cette phase historique, dans le
cours de cette crise générale (spirale entre de
grandes restructurations technologiques et des récessions
dévastatrices) et avec son impact global dans le monde
interdépendant, tel est le processus réel de généralisation
de la guerre.
Face à nous,
nous constatons la progression avec laquelle un nombre croissant
de contradictions débouchent en guerre, progression au
centre de laquelle le redéploiement belliqueux américain
domine.
Après la
guerre froide qui était, pour ainsi dire, une "crise
de la guerre " et donc une "détente ",
aujourd'hui c'est la guerre partout, la "guerre de la crise
".
De nombreux foyers
de guerre s'allument ça et là sans qu'aucun des
anciens ne soit véritablement éteint.
Dans cette reproduction
endémique des guerres locales se manifeste aussi la crise
de la forme État national (en tant que pilier du développement
capitaliste d'un territoire) déchiré entre des
revendications d'autonomie interne - concurrence régionale
- et une dépendance transnationale accrue.
Aucun sujet local
n'a le pouvoir clé conclure définitivement les
guerres, mais seul celui d'ouvrir l'affrontement et de le reproduire
dans la déstabilisation généralisée
et dans la destruction des forces productives matérielles
et sociales.
La crise progressive
de l'hégémonie économique et politique des
États-Unis interagit avec divers niveaux de contradictions:
- celle surgissant
de la formation progressive de trois blocs continentaux : États-Unis,
Europe et Japon ;
- celle surgissant
de la nécessité d'une formation de puissances régionales,
en particulier Moyen-Orient, Afrique du Nord, Est et Asie;
- celle surgissant
de la pression massive sur les peuples et les classes prolétariennes
pour l'imposition d'une nouvelle accumulation.
Les États-Unis
ont été et continuent d'être les garants
de l'intérêt général de la bourgeoisie
impérialiste (dans son acception la plus pure de classe
supranationale), leur
crise se traduit en une crise de tout le système mondial
: l'introduction d'une fragmentation implique l'accélération
d'un
ensemble complexe de contradictions.
Dans le futur, l'hégémonie
globale des États-Unis se fondera de moins en moins sur
leur puissance économique, mais toujours plus sur leur
supériorité militaire.
Et même la
première dépendra de la seconde. C'est cela que
signifie la guerre du Golfe.
La politique de
"sécurité totale " des États-Unis
répond à cet impératif. Un modèle
de guerre de domination immédiatement utilisable dans
tous les territoires de la planète.
De ce fait, la Force
d'intervention rapide s'est substituée à la "défense
avancée ", et la guerre n'a plus un champ de bataille
en fonction de l'armée ennemie, car elle suit la logique
de l'extermination de masse tous azimuts.
Elle ne distingue
pas le militaire du civil.
Ainsi les victimes
civiles sont toujours plus nombreuses que les militaires.
En cette fin de
siècle, la généralisation de la guerre sera
davantage encore le terrain politique principal auquel le prolétariat
international fera face pour se former en tant que classe dans
les nouvelles conditions économiques et politiques.
Dans la guerre,
la révolution se renforce seulement en présence
d'une perspective politique claire et correspondant au niveau
atteint par les contradictions.
Relancer l'alternative
communiste du capitalisme métropolitain et contrer la
guerre des États-Unis pour la conservation de leur hégémonie
dépassent le domaine national de la lutte des communistes.
Cela requiert un
saut de qualité de la lutte au niveau international. L'avancée
passe exactement par une idée nouvelle de développement
révolutionnaire dans la lutte internationale commune.
Pour nous, ici en Europe, cela signifie en priorité un
projet et une proposition concrétisant une ligne continentale
d'affrontement, parce qu'il est impensable de parler aujourd'hui
d'unité mondiale si avant nous ne nous mettons pas au
niveau atteint par les contradictions économiques et politiques
sur le continent.
Si la RAF n'a accompli
aucun pas en avant vers une nouvelle orientation - mais, au contraire,
des reculs pour en finir avec sa propre histoire -, c'est parce
que, également depuis 1989, elle a graduellement circonscrit
ses perceptions et ses analyses des changements, autant ceux
du camp impérialiste que ceux des rapports de classes,
à la seule Allemagne.
Une nouvelle politique
ne peut uniquement voir le jour qu 'en se mesurant aux nouveaux
problèmes, uniquement en progressant au niveau global.
Ce que la RAF n'a
pas compris, c'est que la "Grande Allemagne " ne peut
exister seule sans la " Grande Europe ". En dehors
d'elle, c'est la guerre, la radicalisation des contradictions
entre les fractions bourgeoises, avec le renforcement des nationalismes
et des mouvements réactionnaires et avec les inévitables
retombées violentes contre le prolétariat et les
communistes.
Dans l'un et l'autre
cas pour les communistes, la lutte pour l'affirmation des intérêts
principaux du prolétariat passe par la conquête
d'une vision d'ensemble de l'affrontement de classe en Europe.
Parce que le problème
n'est pas celui d'empêcher un " projet impérialiste
d'unification" particulier, c'est justement le contraire.
Le problème est d'acquérir la conscience et la
force pratique d'agir au niveau déjà atteint par
les conditions économiques, sociales et politiques grâce
auxquelles la bourgeoisie impose ses intérêts au
prolétariat dans chaque territoire européen particulier,
du Sud au Nord.
C'est affirmer à
ce niveau les intérêts généraux du
prolétariat européen en tant que qualité
émergeant des luttes dans leur ensemble.
Dans les années
quatre-vingt, la nécessité d'affirmer une stratégie
révolutionnaire internationale de dimension continentale
pour contrer les projets centraux de l'impérialisme -
exigence impossible à repousser et fondée sur les
conditions objectives dans lesquelles doit se développer
le projet révolutionnaire - a projeté la dialectique
unitaire entre les forces révolutionnaires avec le mot
d'ordre Lutter
ensemble, et
a mûri l'idée-force de la nécessité
et de la possibilité de construire l'organisation révolutionnaire
du prolétariat métropolitain européen.
Un processus de
construction qui, dès le début, est conçu
et fondé sur une étroite interaction et dialectique
entre les forces d'avant-garde et les secteurs les plus avancés
de la lutte prolétarienne au niveau continental.
Dans la phase actuelle,
l'identité communiste révolutionnaire acquiert
d'énormes possibilités de développement
concret dans le rapport dialectique entre organisation communiste
révolutionnaire et mouvements de masse prolétariens
en Europe.
Dans cette direction,
le débat et le processus mûris au milieu des années
quatre-vingt autour de la construction du Front Révolutionnaire
Anti-Impérialiste constituent indubitablement une avancée
significative, tant parce que cela a relancé au niveau
européen le patrimoine des expériences nationales
que parce que cela a donné lieu à certains pas
qualitatifs importants du projet international et anti-impérialiste.
Malgré ses
limites, l'expérience du Front s'est affirmée historiquement
comme un point de non-retour.
Elle a affirmé
que le combat international et internationaliste a des implications
beaucoup plus larges que la seule solidarité et une simple
politique d'alliance, et elle s'est connectée avec la
lutte d'émancipation prolétarienne mondiale.
II n'y a rien dans l'analyse des conditions de crises-développement
du mode de production capitaliste et de l'impérialisme
qui nous démontre que l'on doit revenir en arrière
par rapport à cette conscience.
Au contraire, il
s'agit de faire avancer la stratégie révolutionnaire
internationale au niveau continental dans les nouvelles conditions
d'affrontement.
La capacité
de la guérilla à se positionner en tant que stratégie
de pouvoir du prolétariat métropolitain européen
prend corps principalement dans la capacité à savoir
saisir consciemment où se jouent aujourd'hui les rapports
de forces entre les classes et dans la caractérisation
de l'étroite connexion existant entre le domaine national
et le système de domination supranational.
Dans cette direction,
il faut maintenir et développer le rapport dialectique
liant l'attaque contre les projets stratégiques de la
bourgeoisie impérialiste et son ordre de domination et
les luttes les plus avancées du prolétariat métropolitain
en termes de conscience politique, d'organisation autonome de
classe, de lutte offensive et de défense des espaces et
conditions de vie.
Depuis que l'unification
du marché mondial a soumis, toujours plus, les formations
économiques nationales, leur régulation économique,
politique et sociale réalisée par les États-nations
est entrée en crise et, avec elle, la possibilité
d'accomplir des transformations significatives en "occupant
" les États-nations ou en "pesant " sur
eux.
N'importe quelle
force politique ou sociale désirant révolutionner
les rapports de domination et d'exploitation qu'elle subit doit
nécessairement caractériser le pouvoir auquel elle
s'affronte.
De plus en plus
de mouvements révolutionnaires et de subjectivités
communistes ont combattu pour le pouvoir face à des instances
supranationales ou internationales ; les mêmes conditions
économiques, sociales et politiques d'où surgit
l'affrontement évoluent de plus en plus sous la poussée
des facteurs supranationaux.
Et c'est cette base
matérielle qui détermine la nécessité,
dans la définition de la stratégie révolutionnaire
pour le pouvoir, d'établir la prédominance de l'international
sur le national, dans laquelle le territoire national et sa structure
politique sont affrontés en tant que partie autonome mais
intégrée d'une formation supranationale, expression
du stade actuel de réunification du marché mondial.
La question fondamentale,
donc, n'est pas tant de calculer combien de "pouvoir"
détient encore l'État-nation ; il s'agit au contraire
de bien comprendre si, en restant encore à cette central!té,
on transforme-détruit ou non le capitalisme.
Si, dans ce domaine,
on parvient encore à affirmer les intérêts
politiques et économiques généraux et immédiats
du prolétariat dans les grandes contradictions capitalistes,
rendues plus complexes et accélérées par
les destructions et les innovations nées de la crise.
Et c'est ce qui
impose à tout communiste de réorienter sa perspective
et le processus d'avant-garde sur la centralité de la
contradiction prolétariat international / bourgeoisie
impérialiste et de construire une ligne d'affrontement
offensif qui ait la force et la capacité d'affaiblir le
système impérialiste.
La crise de l'État-nation est une composante de la crise
capitaliste, en tant que telle elle a une valeur générale
vérifiable dans presque toutes les situations nationales,
et, en conséquence, elle ne peut être ni comprise
ni affrontée seulement au niveau local.
Elle est déterminée
par les exigences de la grande bourgeoisie internationale qui
a besoin des instruments politiques de soutien et de régulation
des processus liés à l'accumulation, à la
concurrence et au contrôle de la force-travail, ayant déjà
dépassé le domaine national et en fonction desquels,
au cours des quinze dernières années, les organismes
supranationaux, leurs compétences et leurs pouvoirs se
sont multipliés au détriment des États-nations.
La forme prise progressivement
par les États-nations en Europe dépendra du processus
de la dialectique entre eux et de la définition des nouvelles
structures étatiques continentales ; ce processus d'étatisation
communautaire n'est pas une transposition mécanique dans
un sens élargi de l'État-nation, mais il se présente
telle une interconnexion systémique d'États et
d'organismes supranationaux afin d'exécuter des fonctions
étatiques au niveau européen.
Chaque État européen, à divers degrés
et niveaux, règle ses comptes avec la crise du système
politique, qui voit l'épuisement des formes connues jusqu'à
aujourd'hui de "démocratie politique " dans
le système capitaliste, et une mutation essentielle des
rapports de forces dans la lutte des classes et jusque dans les
appareils de l'État qui en sont complètement investis.
En Italie - mais
l'essence n'est guère différente en Allemagne,
en France, etc. -, c'est par une guerre sourde entre les appareils
et les fractions bourgeoises depuis des années que prend
corps une structuration autoritaire de la "démocratie
" dans laquelle la réadaptation et la "modernisation
" du système politique étatique se base sur
l'imposition à toutes les forces politiques "historiques
" d'une série d'objectifs politiques généraux
représentant "l'intérêt du pays "
afin de pouvoir être aligné sur le processus d'unification
européen et d'éviter la désagrégation
et l'éclatement du cadre politique régi par l'État.
Cette imposition
d'une "nécessité objective " - "Ou
l'Union européenne, ou la guerre !"- constitue le
modèle par lequel la bourgeoisie tente d'échapper
à sa crise politique ; son plan est de coopter dans le
domaine de la gestion de l'État toutes les forces politiques,
des conservateurs aux réformistes en passant par les syndicats
pouvant accepter les tensions et les contradictions sociales
dans ce processus totalisant de refondation de l'État.
Une étreinte
mortelle dans laquelle la bourgeoisie impérialiste cherche
à pulvériser la lutte de classes jaillissant des
nouvelles polarisations sociales en cours dans tous les pays
à capitalisme avancé ; et les avant-gardes révolutionnaires
devront les démasquer et les combattre afin d'ouvrir des
espaces à la lutte du prolétariat métropolitain.
La graduelle intégration
continentale en Europe entraîne inévitablement une
structuration politique de domination en garantissant l'existence
et la reproduction suivant deux lignes de fond qui la caractérisent.
Et donc, vers l'intérieur
pour gérer la restructuration et la concentration des
entreprises, les nouvelles formes de concurrence et de développement
inégal, le contrôle et la pression sur le prolétariat
(en tant que force-travail directe et de réserve) ; vers
l'extérieur en fonction du rapport de forces de la confrontation
avec les autres blocs économiques régionaux (Amérique
du Nord et Sud-Est asiatique) et en
direction des économies capitalistes les plus faibles
du marché mondial (Tricontinent et Est) non seulement
au plan politique, mais pour se positionner dans la défense
de l'intérêt général du système
mondial face à la crise américaine.
Une restructuration
politique prenant une forme étatique car elle ne répond
pas à une dynamique conjoncturelle, mais à un intérêt
général de la bourgeoisie impérialiste européenne
d'organisation et de reproduction de la formation économico-sociale
continentale qui se réalise en un processus fortement
contradictoire et à long terme.
D'autre part, en
Europe, ce processus a déjà eu une incidence profonde
tant dans l'économie que dans le rapport capital-travail
et dans les rapports sociaux, au point que la grande bourgeoisie
a désormais imposé au niveau continental tous les
principaux processus de développement-accumulation-concentration
de richesse : une dynamique qui requiert inévitablement
une redéfinition de l'organisation des pouvoirs dépassant
le cadre national.
Ce processus, guidé par les grands oligopoles multinationaux
et par les fractions bourgeoises les plus puissantes, dessine
la formation d'une véritable bourgeoisie impérialiste
européenne s'affirmant sous diverses formes en tant que
sujet porteur d'un intérêt précis de classe
au niveau mondial et envers les États particuliers à
partir de ses places fortes en Europe; des représentants
aux sommets des différents trusts internationaux financiaro-bancaires
jusqu'au personnel politique transnational lié au nouveau
système de pouvoir européen exprimant principalement
les intérêts des premiers.
Mais l'intégration continentale n'élimine pas la
crise économique, ni le développement inégal,
ni la concurrence et la compétition entre les grands capitaux.
Dans une phase capitaliste
au cours de laquelle des groupes multinationaux et multiproductifs
sont devenus dominants et occupent globalement les territoires,
la lutte de concurrence n'est plus circonscrite aux simples entreprises
et aux marchandises particulières, mais investit également
les territoires désormais considérés et
réduits à être une entité économique
(la prétendue régie nationale), c'est-à-dire
pouvant être rapprochés économiquement parce
que pouvant être organisés et exploités économiquement
en chacun de leurs éléments constitutifs.
La dialectique entre
étatisation communautaire et États-nations se traduit
par leur intégration graduelle dans cette dimension nouvelle,
sans conduire toutefois à la disparition de ces derniers.
Elle apparaît
avec la connexion continue et dynamique entre les différentes
économies et États, puis elle uvre de plus
en plus de façon autonome, elle les conditionne et les
conforme toujours plus à ses exigences dans un cadre de
complémentarité encore plus étroit.
La construction européenne, à ses divers stades
de développement, repose toujours plus pesamment sur les
rapports de classe.
Et en tout premier
lieu à l'intérieur de l'usine, car le cur
de la restructuration capitaliste reste aujourd'hui plus que
jamais l'extraction de la plus-value.
La dynamique globale
de l'internationalisation du rapport de capital, particulièrement
avancée en Europe, et les stratégies spécifiques
unifiées et homogènes guidant tous les processus
de restructuration productive et de réorganisation sociale
dans le cadre de la crise-développement du Capital ont
impulsé la formation d'un prolétariat métropolitain
européen du fait des conditions de vie tendanciellement
homogènes.
De la constitution
de trusts monopolistes européens de dimension supranationale
et des processus de concentration-centralisation de divers secteurs
productifs découlent des processus de restructuration
établissant un niveau d'exploitation et une organisation
du travail de plus en plus homogène de la classe ouvrière
comme des travailleurs des services et des autres secteurs, jusqu'aux
modèles d'enseignement, de la formation du marché
du travail et de la croissance illimitée d'une armée
industrielle de réserve utilisable au-delà des
frontières nationales, telle une masse de manuvre
pour les politiques de restructuration productive mises en uvre
dans l'Europe entière.
Grâce à
cela, le Capital cherche à libérer définitivement
le marché du travail de ses limites et rigidités
coûteuses.
C'est un fait démontré
durant les dix années passées et encore plus ces
derniers temps, les principales luttes dans chaque pays se sont
vérifiées surtout sur les axes des restructurations
et des "projets européens" décidés
au niveau de la CEE, de même que pour l'adoption de politiques
et de normes dans les services, les aides et autres secours.
À ce cadre
s'ajoute la dynamique toujours plus importante des flux migratoires
des pays des Trois Continents et de l'Est européen convergeant
vers l'Europe occidentale.
En Europe, il est
désormais impossible de sous-évaluer le fait de
l'immigration, vu l'impact qu'il a dans la lutte sociale de presque
tous les pays.
Pour donner quelques
exemples, il suffit de penser aux mesures restrictives contre
l'entrée des "étranger " en Italie et
plus récemment en Allemagne comme en général
dans tous les pays européens signataires des accords de
Schengen (NdT : cette analyse est antérieure à
l'annulation, ou plutôt au report sine die, des accords
de Schengen, le 25 janvier de cette année, mais la politique
des pays européens en matière d'immigration n'en
est pas sensiblement modifiée), une politique se proposant
de réguler de façon rigide le marché du
travail grâce à des lois communautaires précises
capables d'optimiser le rapport capital/ travail à bas
prix.
En réalité,
les masses immigrées du Sud et de l'Est se pressant à
la frontière européenne unique sont la base irremplaçable
d'un développement de l'économie européenne,
et l'ensemble des politiques de la CEE à leur égard
ne vise qu'à garantir une planification attentive de leur
exploitation et de leur contrôle.
En ce sens parler
de société des deux tiers est tout à fait
erroné parce que personne n'est superflu dans la formation
sociale capitaliste, tant dans les pays du "centre "
que dans les pays de la "périphérie ".
La nouvelle division
internationale du travail produit une nouvelle composition de
classe du prolétariat dans laquelle les morts de faim
des Trois Continents de même que les 10 % de chômeurs
"structurels " de la riche Europe sont le fruit de
la rationalité de la plus-value et non de la méchanceté
de la bourgeoisie.
Les analyses sociologiques
de la "société des deux tiers" décrivent
la condition de misère de vastes couches prolétariennes,
mais elles ne sont absolument pas capables de saisir la substance
des dynamiques capitalistes qui la produisent et retendent en
permanence.
Le phénomène
du "nouveau racisme" explosant en Europe (En Allemagne,
en Grande-Bretagne, en France, en Espagne, en Italie...), suite
à la formation d'un prolétariat multiracial et
multi-ethnique, et qui préoccupe pas mal les gouvernements
européens est aussi et surtout l'occasion d'introduire
un cadre législatif plus ramifié et répressif
partout sur le continent.
Aujourd'hui l'affrontement
de pouvoir en Europe peut se comprendre seulement à partir
de la formation de ces deux sujets : la bourgeoisie impérialiste
européenne et le prolétariat métropolitain
européen.
Cet affrontement
se développe déjà objectivement au niveau
continental comme le démontre la simultanéité
des luttes du prolétariat métropolitain sur tout
le territoire.
La majorité
de ces luttes sociales et ouvrières en Italie, en Allemagne,
en Espagne, en France, en Grèce... doit faire comprendre
et bien réfléchir sur l'homogénéité
des processus d'où elles surgissent, et sur le manque
d'une référence politique révolutionnaire
correspondante.
Le processus d'étatisation
communautaire est la dynamique par laquelle tendan-ciellement
le mouvement révolutionnaire devra vérifier la
possibilité d'obtenir des améliorations concrètes
des conditions de vie du prolétariat et de relancer la
perspective communiste.
C'est en fait le
terrain sur lequel se condensent et se condenseront toujours
de puissants affrontements de pouvoir. Pour la première
fois, les conditions de vie des masses ouvrières et des
prolétaires dépendent étroitement des formes
et des rythmes de l'unification européenne.
Cela signifie tout
d'abord que l'affrontement classe / État dans chaque pays
n'est compris à nouveau qu'à partir de sa dimension
européenne, et ensuite que les mutations en cours entre
pouvoirs étatiques et formation sociale sont saisies également
dans cette dimension, tant en ce qui concerne les éléments
communs rencontrés dans les principaux États européens
que pour ce qui est de la dimension supranationale s'affirmant
au-dessus et dans ceux-ci.
L'affrontement contre
l'État dans le territoire national reste donc un élément
de politisation et de recomposition des luttes locales.
L'État conserve
et approfondit ses fonctions de contre-révolution interne
et de contrôle de parts significatives des processus économiques
ainsi que dans le domaine idéologique-culturel. Donc la
de l'État entre toujours dans le projet et dans les perspectives
communistes des révolutionnaires en Europe.
La construction
d'une ligne d'affrontement européen est fondamentale parce
que c'est la seule assez générale pour permettre
la "rupture de l'encerclement " des luttes par lesquelles
le prolétariat de tous les pays réagit à
l'imposition des pesantes conditions de vie constituant le cur
de la restructuration européenne de la production et du
marché capitaliste.
On ne peut édifier une direction de la lutte générale
qu'en construisant et en proposant avec clarté cette ligne,
une direction avec laquelle les forces les plus significatives
du mouvement révolutionnaire agissant déjà
au niveau européen, même si c'est de façon
embryonnaire et partielle, se reconnaissent et se connectent.
Aujourd'hui, les conditions pour uvrer à la construction
d'un projet révolutionnaire européen sont mûres
parce que c'est le passage historique fondamental pour la relance
de la perspective communiste.
À partir
de celui-ci peut surgir un processus d'unification des luttes
révolutionnaires au plan mondial correspondant à
la réalité du capitalisme métropolitain.
Un projet révolutionnaire
européen plaçant au centre l'affrontement prolétariat/
bourgeoisie dans sa dimension continentale ne peut être
par ailleurs lié mécaniquement et spéculativement
au procès d'unification européen et à la
formation du bloc impérialiste.
Même si le
bloc européen régresse sous les coups des contradictions
qu'il ne réussit pas à résoudre, et qu'on
assiste à une exa-cerbation de la poussée des nationalismes
dans la Communauté européenne, au niveau stratégique
la politique prolétarienne ne serait pas énormément
bouleversée dans ses axes centraux.
Le processus d'émancipation
du prolétariat ne peut avoir comme horizon les configurations
que prend chaque fois le système capitaliste, mais il
se fonde sur une vision universelle et internationaliste de la
perspective communiste.
Ainsi, concevoir
le combat en Europe en tant que partie de l'affrontement mondial
entre libéralisme et révolution est le présupposé
essentiel d'un projet révolutionnaire européen.
C'est la base pour
construire la force révolutionnaire capable d'intervenir
contre la guerre du "nouvel ordre mondial " à
travers laquelle les États-Unis défendent leur
dominance, une force pouvant devenir un point de référence
pour les luttes anticapitalistes et anti-impérialistes
dans le monde entier.
La RAF dit : dans le nouveau processus la guérilla ne
peut être le "centre " car elle se détacherait
des antagonismes de classe, et elle perdrait "la connaissance
sociale".
Il est clair que
pour eux la guérilla se place au centre seulement parce
qu'elle frappe "plus haut" que n'importe quel autre
sujet antagoniste existant.
En se plaçant
en haut - à un niveau inaccessible aux autres - la guérilla
s'impose au mouvement car elle établit un seuil d'affrontement
qui, de fait, est le sien propre.
De cette façon,
on peut recueillir une large sympathie, mais on ne construit
pas une nouvelle organisation et une conscience révolutionnaire
du prolétariat.
Si l'on considère
la guérilla comme un fait "militaire " dans
lequel le "politique " réside dans le choix
de l'objectif par lequel on entraîne automatiquement la
croissance linéaire des niveaux de conscience révolutionnaire
du prolétariat, alors tôt ou tard on cessera le
combat.
La guérilla
est une praxis guidée par une stratégie.
Son cur est
constitué par les contenus stratégiques lui donnant
forme.
La qualité
politique émise par la guérilla en Europe ne peut
être réduite aux régressions militaristes
(même si elles furent nombreuses).
La guérilla
métropolitaine incarne la rupture révolutionnaire
réalisée en Europe au début des années
soixante-dix par les organisations de la lutte armée pour
reconstruire la conscience de classe du prolétariat et
pour rouvrir un affrontement de pouvoir dans le cur du
système impérialiste.
L'ouverture d'une
lutte révolutionnaire n'ayant absolument pas épuisé
sa force intrinsèque dans son devenir contradictoire.
-
Un combat se poursuivant,
et la bourgeoisie n'a jamais réussi à bloquer complètement
son évolution qualitative au cours des années soixante-dix
- quatre-vingt, et aujourd'hui encore elle tente d'en fragmenter
la portée stratégique en effaçant la mémoire
historique du prolétariat européen.
Aujourd'hui, le développement réel d'un processus
d'organisation et de conscience révolutionnaire du prolétariat
ne peut se réaliser en l'absence d'une stratégie
de guérilla.
Et aucune avancée
qualitative n'est possible sur le plan de la perspective comme
sur celui des changements concrets.
Dans la guerre de
classe de longue durée - contenu et forme historique actuels
du processus révolutionnaire -, ne sont pas si remarquables
les formes dans lesquelles s'expriment la lutte prolétarienne
et son expansion quantitative que le développement qualitatif
du processus d'organisation de classe.
En fait, même
en se caractérisant avant tout comme conquête d'un
terrain spécifique de l'avant-garde, la lutte de guérilla
est en même temps, et à divers niveaux, politiquement
diffusable dans l'ensemble du mouvement prolétarien pour
en élever l'autonomie et la résistance.
Une ligne praticable
à partir de chaque situation spécifique de lutte,
s'imposant donc aussi tel un véhicule de communication
révolutionnaire et de recomposition de classe.
De ce fait, la guérilla dans les métropoles ne
s'est jamais résumée ni ne se résume qu'à
"frapper l'ennemi ", mais elle est aussi et simultanément
(re)construction, en diverses phases, de la conscience révolutionnaire
du prolétariat à partir des luttes concrètes
que celui-ci exprime, et donc ligne de masse.
La stratégie
de la guérilla, en tant que moyen d'être de l'avant-garde
révolutionnaire dans la métropole, ouvre donc la
voie à l'ensemble des luttes prolétariennes et
recompose la classe dans sa perspective d'émancipation
des rapports sociaux capitalistes.
C'est une stratégie
s'affirmant grâce à une ligne interne à la
classe prolétarienne.
Cela est désormais
un fait acquis par l'expérience révolutionnaire
dans la métropole, guidée par la guérilla
qui a développé ses étapes et son processus
organisationnel à partir d'un enracinement dans les situations
de pointe de la lutte prolétarienne au cur des principaux
pôles métropolitains.
Ce qui constitue
un progrès par rapport au modèle de la Troisième
Internationale du parti se plaçant tel le souteneur "extérieur
" de la conscience de classe dans le prolétariat.
En ce sens, l'organisation
d'avant-garde ne peut être conçue comme unique point
de départ du développement des processus de conscience,
organisation et constitution en classe du prolétariat
métropolitain.
Le terrain de l'avant-garde,
même en ayant une particularité précise dans
le contexte de la lutte de classe, se développe en termes
à'unité et clé distinction avec le mouvement
du prolétariat. Unité quant à l'intérêt
général de la classe; distinction dans le sens
où l'avant-garde remplit un rôle distinct dans le
processus révolutionnaire par rapport aux autres instances
du mouvement révolutionnaire, à partir des divers
niveaux de conscience que ces déterminations expriment.
En ce sens l'avant-garde
est parti.
Depuis toujours,
ce principe fait partie des processus d'organisation du prolétariat,
toutefois cela ne signifie pas, comme cela s'est souvent passé
au cours de l'histoire du mouvement communiste, s'attribuer une
délégation purement idéologique des intérêts
de classe.
Dans le déroulement
de l'affrontement, cela conduit à s'éloigner toujours
plus du processus concret de la lutte de classe et à se
refermer sur soi-même.
L'existence, la
lutte et le développement de l'avant-garde se légitimisent
clans la vérification politique qui dérive de la
réalisation des intérêts généraux
et particuliers du prolétariat se révélant
les plus importants dans les différentes phases de l'affrontement
de classe.
Le fait que l'organisation
d'avant-garde, dans sa praxis, doit toujours donner corps aux
intérêts généraux de la classe, en
se plaçant au niveau le plus haut de l'affrontement et
sur les contradictions principales qui le caractérisent,
ne signifie pas que celle-ci puisse représenter seule
l'ensemble et le degré de progrès des intérêts
généraux du prolétariat.
Ces derniers ne
peuvent être représentés que par l'ensemble
des organismes qui, phase après phase, conjoncture après
conjoncture, expriment le système de pouvoir prolétarien
révolutionnaire dans les diverses formes qu'il assume
et dont l'organisation d'avant-garde n'est qu'une partie, même
si c'est la plus avancée et la plus consciente.
En tant que projection
sur le terrain du pouvoir de l'ensemble des antagonismes de classe,
la praxis guérillera a toujours à rôle central
d'avant-garde et au fil des années elle a vérifié
que le pouvoir prolétarien est un ensemble de processus-rapport-système.
C'est uniquement
en faisant vivre et en renforçant toujours plus les intérêts
généraux du prolétariat dans l'affrontement
classe / État que l'on peut faire progresser l'ensemble
du processus révolutionnaire et réaliser des avancées
dans la construction du pouvoir prolétarien, mais aussi
dans les conditions de vie et d'auto-organisation du prolétariat
métropolitain.
Enfin en tant que prisonniers révolutionnaires et comme
communistes issus de l'expérience de la guérilla
italienne, nous tenons à préciser la question de
la "détention politique ".
Les prisonniers
de la guérilla font indubitablement partie du mouvement
révolutionnaire et de l'affrontement actuel, comme tels
leur contribution au débat et à la reconstruction
de la perspective révolutionnaire peut revêtir une
importance certaine dans les différentes phases de la
lutte et en particulier dans les périodes de difficultés,
telle celle que nous traversons.
De ce fait, en Italie
comme dans d'autres pays européens et aux États-Unis,
l'État cherche précisément à effacer
les prisonniers révolutionnaires en tant que réalité
politique afin d'interdire une quelconque forme de continuité
entre les expériences révolutionnaires dont ils
sont les expressions et les conditions actuelles du combat.
En conséquence,
l'intérêt commun entre le mouvement révolutionnaire
dans son ensemble et les prisonniers résistants collectivement
face aux conditions qu'ils subissent n'est pas déterminé
par l'exacer-bation de la contre-révolution continentale
au sens strict - un aspect sûrement réel -, mais
principalement par la nécessité d'une nouvelle
perspective dans laquelle la "mémoire du combat passé
" est un élément toujours décisif.
Le rôle des
prisonniers de la guérilla qui durant toutes ces années
ont conservé leur identité révolutionnaire
et ont contribué au progrès clé l'ensemble
de la perspective révolutionnaire est désormais
un fait historique indiscutable vérifié en Italie,
en Allemagne, en Espagne, en France, en Angleterre, aux États-Unis,
comme dans de nombreux pays du Tricontinent (Pérou, Salvador,
Palestine occupée, Turquie, Philippines...).
Ainsi, ce n'est
pas un hasard si la contre-révolution s'acharne sur eux
et si elle vise, par n'importe quel moyen de répression
et de collaboration, à la destruction de leur identité
et de leur essence en tant que sujet politique.
Au cours de ces
dernières années, précisément dans
les pays où l'expérience guérillera a marqué
qualitativement l'affrontement de classe, nous constatons un
nouveau degré d'agressivité de la stratégie
contre-révolutionnaire qui, en plus des initiatives à
caractère militaire, tente de se frayer un chemin à
la faveur de la crise d'identité et perspective des organisations
de la guérilla métropolitaine.
Le projet de "solution
politique "en Italie, d'il y a quelques années, et
dans laquelle l'initiative de la bourgeoisie impérialiste
d'attaque contre la guérilla "de l'intérieur
" a rencontré un fort soutien de nombreux prisonniers
politiques devenus désormais "compatibles",
a ouvert une voie et fournit un modèle d'intervention
pour la stratégie intégrée de contre-révolution
préventive dans l'Europe occidentale entière.
Il est clair, bien
évidemment, qu'il ne s'agit jamais d'une transposition
mécanique de ce modèle d'un pays à l'autre,
mais même dans la diversité des contextes historiques
et des conditions spécifiques des réalités
particulières ce sont les mêmes contenus d'une stratégie
impérialiste bien connue dans laquelle l'anéantissement
et la collaboration des forces et des sujets de la subversion
/ transformation sociale sont les pôles de la même
politique à mener à bien.
En ce sens l'"initiative
Kinkel " de "réconciliation sociale " en
Allemagne, même dans ses modalités pariculières,
n'est pas si éloignée de l'initiative des partis
du gouvernement italien, surtout elle a le même but : empêcher
une quelconque forme de continuité entre les expériences
révolutionnaires des vingt dernières années
et l'affrontement actuel.
Les initiatives
comme celle de Kinkel visant apparemment à donner une
" solution politique " à la question des prisonniers
politiques ont en réalité une autre portée.
Elles veulent utiliser
des prisonniers comme le "ventre mou " du mouvement
révolutionnaire et comme moyen de pression contre le présent
de la guérilla, en cherchant par tous les moyens à
influencer et à contrôler les développements
de l'affrontement révolutionnaire en Europe occidentale.
Dans ce contexte, elle nous parut tout de suite dangereuse et
étrangère à la possibilité d'établir
un rapport aisé et mécanique entre la question
de la libération des prisonniers politiques et la possibilité
de déterminer une nouvelle politique.
Elle signifie offrir
à l'État allemand la capacité de mener à
fond la politique des otages, en utilisant le chantage sur les
prisonniers comme une arme contre le développement des
processus d'organisation du prolétariat dans les nouvelles
conditions.
Il s'agit surtout
d'enfermer la perspective révolutionnaire dans un cul-de-sac
sans aucune possibilité de débouché politique.
Elle démontre
une profonde incompréhension de la dimension internationale
dans laquelle les processus révolutionnaires et cette
question des prisonniers politiques se situent.
La contre-révolution
préventive en Europe - il est utile de le rappeler - a
atteint un seuil historique déterminé par le rapport
révolution / impérialisme sur tout le continent
et par rapport à lui la règle valable est celle
dans laquelle les niveaux acquis par la contre-révolution
au niveau international s'étendent et s'articulent inévitablement
dans chaque situation particulière.
Dans ce sens, l'initiative
de " réconciliation sociale " de Kinkel n'a
rien de nouveau, et il nous paraît suicidaire de croire
pouvoir évaluer et jouer la question des prisonniers politiques
au niveau national en pensant tirer profit des difficultés
actuelles et des contradictions de l'État allemand.
Le cas italien au
contraire devrait enseigner de nombreuses choses aux communistes
et aux prisonniers révolutionnaires désirant travailler
concrètement à la relance de la perspective en
Europe occidentale.
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