BRIGADES ROUGES
Résolution
de la Direction Stratégique
(Avril
1975)
Impérialisme
et internationalisme prolétarien
" Les Etats-Unis
ont choisi d'être l'ennemi mortel de tous les gouvernements
populaires, de toutes les mobilisations de la conscience socialiste
scientifique partout dans le monde, de tous les mouvements anti-impérialistes
de la terre. Leur histoire dans les cinquante dernières
années et plus, les caractéristiques intrinsèques
de leurs structures fondamentales, leur dynamique politique,
économique et militaire, font des Etats-Unis le prototype
de la contre-révolution fasciste internationale ".
George L. Jackson
Nous commençons
ce texte par une citation du grand
combattant afro-américain assassiné par les gorilles
impérialistes dans la prison de S. Quentin parce qu'elle
saisit
dans son essentiel le coeur d'une question fondamentale pour
nous: la question de l'impérialisme.
On peut résumer
les termes généraux du problème de la façon
suivante.
L'impérialisme
est un système de domination mondiale au centre duquel
se trouvent les Etats-Unis, au milieu desquels siègent
les grandes compagnies multinationales et leurs intérêts.
Au cours des années,
ce système s'est articulé et stratifié en
zones fonctionnelles de production et de consommation qui sont
en même temps des zones politiques et militaires. Les pays
du " vieux continent " composent une importante aire
économique, politique et militaire de l'impérialisme.
Cette aire, d'un
point de vue capitaliste substantiellement homogène, est
définie en termes stratégiques comme "système
démocratique occidentale ".
Récemment,
après la victorieuse lutte de libération du Viet-Nam
et du Cambodge, après la crise de Chypre et du Moyen-Orient,
ce " système " avec le Japon est devenu le banc
d'essai du système impérialiste tout entier.
Cela veut dire que
c'est principalement en Europe que se joueront toujours plus
la permanence et le bouleversement des équilibres mondiaux
sanctionnés par la deuxième guerre mondiale.
En d'autres termes,
l'unité économique politique et militaire, sous
le signe atlantiste, de cette zone, est décisive pour
les Etats-Unis.
Et c'est à
tel point qu'il n'est pas du tout hasardeux de soutenir que du
point de vue " amérikain " (qui n'est pas seulement
celui des USA mais aussi celui de ses alliés atlantistes),
le "système démocratique occidental "
constitue dans cette conjoncture une totalité stratégique
(politique, économique, militaire) qui n'admet pas de
mutilations et ne tolère pas de modifications de substance.
L'Italie, en tant
que composante organique de ce système et donc du système
impérialiste mondial dirigé par les USA, se trouve
dans une position extrêmement importante parce que: -avec
la crise de régime qui l'afflige, elle forme un facteur
de crise du dispositif impérialiste tout entier, -par
la grande influence qu'a le PCI (parti communiste italien), elle
constitue un point fort du dispositif social-impérialiste
et après les récents événements portugais,
cela n'est pas négligeable;
-par l'énergie
assez importante du mouvement révolutionnaire, elle peut
se transformer en une zone révolutionnaire explosive de
l'Europe..
Cette situation
est très favorable pour les forces révolutionnaires
de notre pays car, au niveau mondial, l'impérialisme est
secoué de violentes convulsions et tout fait
penser que le pire n'est pas encore arrivé.
La crise qu'il traverse
est sans aucun doute la plus grave depuis la deuxième
guerre mondiale, elle est en même temps économique,
politique et militaire.
Economique parce
c'est une crise cyclique de surproduction en présence
d'une inflation galopante et d'un désordre financier et
monétaire jamais enregistré; politique puisqu'elle
déchaîne les facteurs d'instabilité de certains
régimes subalternes et attise la lutte ouvrière,
prolétarienne et révolutionnaire des classes opprimées
tant aux USA qu'en Europe.
Militaire puisqu'elle
détermine un décollement croissant de l'OTAN et
la défection de certains pays importants.
Les luttes des peuples
et des classes qui avec une détermination révolutionnaire,
ont opposé une résistance idéologique, politique
et armée à des prétentions hégémoniques
planétaires, ont été une force de déchaînement
de la crise.
Plus précisément,
les contradictions qui ont contraint l'impérialisme à
la " crise ", à la défensive et donc
à entrer dans la phase historique de sa dissolution sont
au nombre de trois:
-les pays qui luttent
pour leur libération et pour le communisme;
-le social-impérialisme
soviétique, lui aussi intéressé par le contrôle
des zones stratégiques, le ratissage des matières
premières, les nouveaux marchés et les débouchés
pour ses investissements;
-les luttes ouvrières
et la montée des guérillas prolétariennes
dans ses centres industriels et métropolitains.
C'est dans la dialectique
complexe entre ces contradictions qui pousse irréversiblement
vers une redéfinition des rapports de force entre impérialisme,
social-impérialisme et forces révolutionnaires
et donc qui alimente, dans le monde capitaliste occidental en
général, et en Italie en particulier, des conditions
objectivement favorables à la croissance de l'initiative
ouvertement révolutionnaire.
Il appartient aux
classes révolutionnaires et à leurs avant-gardes
politiques et militaires de saisir l'occasion.
Sur la scène
européenne, l'impérialisme réagit à
sa crise en poursuivant trois objectifs fondamentaux:
-favoriser un processus
de contre-révolution globale et ouverte ' contre toute
force antagoniste,
-mesurer de nouveau
à l'intérieur de chaque pays la force de la classe
ouvrière et rétablir des rapports de force favorables
aux classes dirigeantes locales " assurément atlantistes
", -décourager les velléités autonomistes
qui ont fait leur chemin dans certains pays pour les reconduire
sous " l'aile américaine ".
Manoeuvres économiques
et services secrets travaillent assidûment dans cette perspective.
L'utilisation de
la " crise du pétrole " en est le dernier exemple
même si, à l'épreuve des faits, il s'est
montré une arme à double tranchant.
En effet, si d'un
côté l'inflation sauvage, la récession économique
et le danger d'une vraie dépression ont permis le chantage
politique (" si vous voulez combler le déficit pétrolier
et remettre en ordre, au moins en partie, les balances des paiements
avec nos emprunts, il faut liquider sans hésitation les
poussées " communistes " qui érodent
à la base la stabilité des régimes politiques
"); de l'autre côté, ils ont rendu plus aigués
les tensions de classe et ainsi favorisé les poussées
révolutionnaires.
Toutefois, il apparaît
clairement que " crise de l'impérialisme", dans
l'immédiat, ne signifie pas "effondrement "
mais contre-révolution impérialiste globale, c'est-à-dire:
a)restructuration
des modèles économiques de base;
b)restructuration
rigidement planifiée des fonctions économiques
à l'intérieur d'une division internationale du
travail et des marchés;
c)réajustement
des structures institutionnelles, militaires et étatiques
des régimes moins stables et plus menacés dans
le cadre de l'ordre impérialiste.
Affirmer que l'Italie
est le maillon faible du " système démocratique
occidental" veut donc aussi dire que c'est le pays où
la contre-révolution se déchaînera le plus
fort et le système impérialiste entier assumera
la responsabilité de ce processus.
Cela signifie que
le prolétariat italien, à mesure que la guerre
de classe s'intensifie dans le pays, ne se trouvera pas seul
pour " régler ses comptes " avec un ennemi interne,
mais bien avec l'entière organisation économique,
politique et militaire de l'impérialisme.
Cela veut dire,
plus généralement, que la guerre de classe révolutionnaire
dans les métropoles européennes est immédiatement,
aussi, guerre de libération anti-impérialiste,
parce que l'émancipation d'un peuple dans un contexte
impérialiste doit affronter la répression impérialiste.
Il n'existe pas
de " voies nationales " au communisme, parce qu'il
n'existe pas actuellement de possibilité de se soustraire
de façon singulière au système de domination
impérialiste.
Face à la
demande de pouvoir qui est à la base des mouvements des
forces communistes qui oeuvrent sur le continent européen,
la contre-révolution impérialiste assume une spécificité
différente seulement par la forme et l'intensité,
pas par la qualité.
Quelle différence
y a-t-il entre la CDU et la DC?
Strauss est bien
semblable à Fanfani!
Pour cet ensemble
de motifs, l'internationalisme prolétarien est notre premier
étendard de lutte; la zone continentale est le décor
général dans lequel sont étudiées
" les lois de la conduite de la guerre qui influent sur
la situation d'ensemble de la guerre "; le territoire national
est le théâtre opérationnel de notre guérilla;
les pôles de classe industriels et métropolitains,
les points de force et d'irradiation de la guerre civile révolutionnaire.
Aspects
économiques de la crise du régime
Si l'on admet que
la crise est le résultat de la contradiction qui a opposé
les forces productives aux rapports de production capitalistes,
donc de l'antagonisme exprimé continuellement par les
luttes ouvrières des six dernières années,
on en voit la spécificité économique.
La crise économique
actuelle présente trois caractères principaux:
-c'est une crise
de surproduction ou mieux de sous-consommation: après
la forte expansion des années 50/60 (miracle économique
à, nous sommes entrés dans une phase caractérisée
par un fort déséquilibre entre la quantité
de marchandises produites ou productibles et l'absorption du
marché.
Ceci est l'aspect
historique de la crise actuelle; -c'est une crise en présence
d'une forte augmentation des matières premières,
dont le pétrole.
Ceci a pour effet
que, dans la mesure où le prix des machines augmente,
en conséquence de l'augmentation du prix,, soient des
matières premières qui les composent, soient des
matières premières auxiliaires à leur fonctionnement,
le taux moyen de profit diminue proportionnellement.
L'augmentation du
coût des matières premières produit en outre
la réduction ou l'arrêt du processus entier de reproduction
du capital, soit parce que le produit de la vente des marchandises
est insuffisant pour reproduire tous les éléments
constitutifs de la marchandise elle-même, soit parce que
la continuation du processus reproductif à une échelle
correspondant à son élargissement technique est
impossible; -c'est une crise en présence d'une forte chute
du taux moyen de profit.
Ceci est l'aspect
spécifique de la crise économique actuelle.
Il est important
d'analyser les conséquences que cette forte chute du taux
moyen de profit a produit et produira sur la structure économique
et politique du système.
Si la chute tendancielle
du taux moyen de profit est une caractéristique fondamentale
du processus capitaliste (d'autant plus que le capital constant
tend toujours plus à augmenter par rapport au capital
variable) en Italie dans cette dernière décennie
(1966-1974) cette chute tendancielle a subi un processus d'accélération
notable dû surtout au violent jaillissement de l'industrie
chimique comme industrie impérialiste multinationale (Montedison).
L'industrie chimique
est caractérisée en effet par un taux de plus-value
élevé (c'est-à-dire hautes valeurs de la
productivité pour chaque ouvrier), mais par un taux moyen
de profits très bas.
Ceci entraîne
qu'il est de plus en plus difficile pour un capitaliste dans
la chimie de repérer à l'intérieur même
du processus de production les capitaux nécessaires à
la restructuration technologique, et il doit recourir à
l'endettement.
Mais, étant
donné la grande quantité de capital financier,
il devient de plus en plus dur de ratisser ces fonds à
l'intérieur du marché financier privé (finance
privée et actionnariat), c'est pourquoi il doit recourir
aux emprunts d'Etat.
Dans ces conditions
apparaît pour le capitaliste de la chimie la nécessité
d'établir de bons rapports avec l'appareil d'Etat pour
obtenir ces prêts aux conditions les plus avantageuses.
De là à
transformer l'appareil d'Etat en une structure étroitement
subordonnée à ses exigences de développement,
il n'y a qu'un pas et il est même absolument nécessaire.
L'Etat assume donc,
dans le camp économique les fonctions d'une grosse banque
au service des grands groupes impérialistes multinationaux.
Du moyen par lequel
l'Etat/banque ramasse " au niveau social" ces capitaux
nécessaires (qui ne sont autres que la plus-value globale
" assignée " aux multinationales) naît
le fort processus inflationniste caractéristique du développement
capitaliste actuel, dominé par les grands, groupes impénalistes
multinationaux.
Il est clair que
le processus ici simplifié pour le secteur chimique est
valable pour tout autre secteur où domine la structure
capitaliste multinationale (c'est-à-dire pour Montedison,
comme pour Pirelli) et pour toute fonction de l'Etat (économique,
politique et militaire).
L'Etat devient l'expression
directe des grands groupes impérialistes multinationaux,
avec un pôle national.
C'est-à-dire
que l'Etat devient une fonction spécifique du développement
capitaliste dans la phase de l'impérialisme des multinationales;
il devient: Etat impérialiste des multinationales.
Cela signifie aussi
que l'Italie tente de rejoindre le modèle germano-américain.
Modifications
sur la composante de classe.
Voyons les conséquences
que la chute du taux moyen de profit produit sur la structure
de classe.
Dans les secteurs
où le taux de profit est très bas. on note une
diminution absolue de la force-travail utilisée. Par exemple,
pour la Montedison, dans les années 66-71. dans le secteur
chimique, on a des investissements en installations fixes pour
600 milliards, avec une augmentation notable par rapport aux
années précédentes, et une diminution de
la force-travail de 70.761 à 70.661 unités.
Cette tendance est
aussi plus que confirmée dans les quatre dernières
années.
D'autre part, le
système capitaliste, aussi en tant que producteur de la
marchandise force-travail, produit une forte augmentation de
la population globale. Il suffit de penser que, vers 1800, la
population de la terre était évaluée à
environ 1 milliards d'unités; avec l'avènement
du système capitaliste, on assiste en 150 ans à
une multiplication par quatre de la population mondiale (actuellement
nous en sommes autour de 4 milliards).
De cela on peut
tirer une généralisation: la chute tendancielle
du taux moyen de profit produit une diminution de la force-travail
utilisée par rapport à la population totale: c'est-à-dire
que, face à une augmentation constante de la population
totale, il n'y a pas une augmentation proportionneDe de la force-travail
utilisée.
Nous avons dit précédemment
que l'aspect scientifique de la crise économique est la
forte chute du taux moyen de profit. Donc, on peut soutenir que
la crise actuelle produira une diminution notable de la force-travail
utilisée par rapport à la population globale.
Ce phénomène
se développera de manière de plus en plus accélérée
et sera une caractéristique constante de notre développement
économique.
Tout ceci produit
et produira sur la composante de classe des modifications stables
que l'on peut schématiser ainsi. Par rapport à
la population globale, on aura:
a)une diminution
continue des salariés ayant un emploi stable;
b)une augmentation de " l'armée de réserve
" (réservoir où puiser dans les moments d'expansion),
c'est-à-dire des salariés ayant un emploi instable
(voir actuellement.l'utilisation de la Caisse d'Intégration)
c)une augmentation de cette partie de la population qui sera
éjectée définitivement par le processus
capitaliste (les marginaux).
Ce dernier phénomène ne s'était pas manifesté
nettement jusqu'à présent grâce à
l'émigration qui a signifié pour toute une période,
le débouché à la surproduction de force-travail.
Actuellement, étant
donné la forte chute du taux moyen de profit, cette soupape
de sécurité ne peut plus fonctionner. Les émigrés
retournent chez eux pour repeupler le rang des chômeurs
totaux ou partiels, c'est-à-dire, en définitive,
des marginaux.
Par rapport aux
comportements de classe, on peut formuler l'hypothèse
suivante:
- salariés ayant un emploi stable -
Une partie de ceux-ci reflète le niveau de conscience
immédiate qui est la défense de leur condition
de salariés (salaire équitable).
Ceux-là forment
la base matérielle du réformisme.
Une autre partie,
et c'est la couche la plus productive, celle dont l'exploitation
s'accentue de plus en plus (travailleurs à la chaîne),
développe une conscience révolutionnaire, c'est-à-dire
l'abolition du travail salarié et la destruction de la
société capitaliste.
- les marginaux
-
Les marginaux sont un produit de la société capitaliste
dans sa phase actuelle de développement et leur nombre
est en constante augmentation. Ils sont utilisés comme
consommateurs par la société capitaliste en tant
que société de consommation.
Ce sont toutefois
des consommateurs sans salaire.
De cette contradiction
naît la " criminalité ".
L'utilisation " économique " de la criminalité
de la part du capitalisme réside dans le fait que celle-ci
contribue à la destruction de la marchandise nécessaire
pour continuer le cycle.
Par exemple, on
pourrait très bien construire des voitures à l'épreuve
des voleurs, mais cela irait contre les intérêts
de Fiat.
Une partie des marginaux reflète au niveau immédiat
la conscience bourgeoise: individualisme extrême, aspiration
à toujours " consommer " plus.
Une autre partie
reflète la conscience révolutionnaire d'abolition
de leur condition de marginaux, d'où l'abolition de la
société fondée sur le travail salarié.
- l'armée de réserve -
En ce qui concerne
l'armée de réserve, les niveaux de conscience sont
donnés par l'entrelacement des niveaux de conscience rencontrés
parmi les salariés ayant un emploi stable et les marginaux.
Le projet politique démocrate-chrétien
Si les années
70/74 ont été caractérisées par de
fortes contradictions à l'intérieur de la bourgeoisie
(par exemple: duel Montedison-Fiat), contradictions qui ont fendu
verticalement la structure de l'Etat, des partis, des forces
syndicales, la période actuelle semble caractérisée
par une phase d'" armistice " entre les différents
groupes capitalistes italiens: c'est-à-dire que face à
l'aggravation de la crise les différents groupes capitalistes
ont serré les rangs.
Armistice ne signifie
cependant pas la fin des contradictions à l'intérieur
du front bourgeois, cela signifie simplement un gel momentané
de ces contradictions, gel qui se manifeste à travers
un accord (lui aussi momentané) sur la répartition
du pouvoir entre les groupes bourgeois les plus forts.
C'est au moyen de
cette clef qu'il faut interpréter l'accord au sommet de
la cofindustria au printemps 74 (Agnelli président et
Cefis vice-président), l'unité établie autour
de Fanfani des plus forts courants de la DC (Fanfaniens, Dorotéistes,
Andreottistes, etc...), l'actuelle composition et la fonction
du gouvernement Moro.
Penser que les contradictions
qui divisent le front de la bourgeoisie sont des contradictions
de caractère antagoniste serait donc une erreur.
Ce sont simplement
des tactiques variantes du même projet: la construction
de l'Etat impérialiste des Multinationales. L'essence
du conflit inter-capitaliste se situe simplement en cela; quel
sera le groupe impérialiste multinational qui, en guidant
le projet de construction de l'Etat impérialiste, s'assurera
la part la plus grosse du pouvoir.
Le projet politique
de la DC, qui trouve en ce moment en Fanfani son interprète
le plus autorisé, vise à faire de la DC elle-même,
l'axe principal de ce projet d'Etat impérialiste.
En se posant à
tout moment comme gérant de " l'armistice ",
la DC cherche à être l'élément de
médiation dialectique continue entre les intérêts
des différents groupes capitalistes.
Dans les intentions
de la DC on devra ainsi réaliser, à l'intérieur
d'un processus caractérisé par des contradictions
dans le dispositif bourgeois et par une forte opposition entre
bourgeoisie et prolétariat, la construction " pièce
par pièce " de l'Etat impérialiste et, à
la fin de ce processus, une complète intégration
entre DC et Etat impérialiste.
Il est clair cependant
que ce processus ne se déroulera certainement pas de manière
pacifique, mais prendra de plus en plus les caractères
de " guerre civile ".
Ceci aussi, et surtout,
par la profonde crise d'hégémonie qui contraint
la bourgeoisie, ses représentations politiques et les
institutions de l'Etat, à résoudre les contradictions
de classe de plus en plus au moyen de la force, c'est-à-dire
en utilisant l'appareil de coercition tout entier, et seulement
celui-là.
Le projet politique
démocrate-chrétien, plus particulièrement,
soutenu ouvertement aussi par Tanassi, Sogno et Almirante, se
propose de construire autour du bloc intégrationniste
de la DC, un " bloc historique " plus vaste et articulé
ouvertement réactionnaire et contre-révolutionnaire,
fonctionnel pour la construction de l'Etat impérialiste.
On joue les élections
administratives de juin, et encore plus les prochaines élections
politiques, dans cette perspective à long terme.
De même que
les thèmes " dominants " de la propagande politique
en ces sinistres campagnes électorales n'ont pas un caractère
contingent comme paraissent le croire les révisionnistes,
mais sont eux aussi une étape de la construction "
pièce par pièce " de l'Etat impérialiste.
A cet égard
la question de " l'ordre public " et de la guerre à
la " criminalité politique " fait figure d'emblème,
car elle vise moins à une augmentation des voix qu'à
la militarisation préventive du territoire et de la lutte
de classe, ou bien c'est un instrument direct de la nécessité
de reconstruire un cadre des valeurs de masse qui consentent
à la restructuration et à la concentration de tous
les pouvoirs de l'Etat dans la perspective de la guerre civile
contre-révolutionnaire.
Parce que c'est
la voie, l'unique voie que la DC indique et suit pour faire front
à la crise du régime.
Au-delà des
apparences " conciliaires ", ce que veut la DC, c'est
un conflit entre les forces révolutionnaires et progressistes
et le bloc historique contre-révolutionnaire.
Elle cherche une
fente verticale qui marginalise et anéantisse les forces
hostiles à la restructuration impérialiste de l'Etat
du régime.
Elle propose de
garantir aux patrons des multinationales impérialistes:
1)un renforcement
des structures et de l'organe militaire clans les deux sens de
fonctionnalisalion aux projets de l'OTAN et de spécialisation
anti-guérilla contre la subversion interne;
2)la création
d'une " magistrature de régime " et le raidissement
des mesures pénales sur les chapitres particulièrement
inhérent à la guerre de classe, de la législation
sur la détention d'armes à celle sur la détention
préventive, l'arrestation, les frontières, les
peines exemplaires pour les militants révolutionnaires;
3)l'adoption de
mesures " préventives " comme la militarisation
des grandes villes, des institutions, des hommes les plus exposés
du régime.
Et plus généralement,
justement pour réaliser ces objectifs avec le plus petit
nombre de contradictions, elle vise à une réforme
constitutionnelle précise, à l'élection
directe du président de la république et à
une augmentation décisive du pouvoir de l'exécutif:
en bref, à la "république présidentielle".
Restructurer l'Etat
pour battre le mouvement ouvrier sur le terrain de la guerre
civile, tel est l'essentiel du projet politique démocrate-chrétien.
Le
pacte corporatif
La tentative de construire des liens corporatifs entre la classe
dirigeante du régime et les organisations syndicales des
travailleurs joue un rôle plus important qu'on ne le croit
pour la formation de l'Etat impérialiste.
Agnelli en tant
que porte-parole du patronat tout entier, l'avait prévu
dans son premier discours comme président de la confindustria,
quand il soutenait la nécessité d'"en venir
à un pacte social qui, trente ans après avril 45,
redéfinisse les objectifs nationaux du peuple italien
en vue des années 80-90.
Il ne s'agit cependant
pas d'un pacte entre syndicats-patronat et gouvernement ".
Il l'a également
confirmé cette année: " la dureté de
la crise
économique, ses complications d'ordre social et l'exigence
d'un prompt retour au développement, donnent à
l'organisation industrielle des objectifs de caractère
général qui sont en grande partie communs aux organisations
de
travailleurs.
Je pense que les
syndicats et patronat se trouvent devant le même problème:
celui de la construction d'un cadre général, fait
de choix et de directions qui favorisent non pas la
consommation passive, les rentes, et l'accumulation
parasitaire, mais bien l'initiative et la capacité ".
Donc, selon Agnelli
les plus grandes forces industrielles-multinationales du pays
devraient assumer une responsabilité plus directe dans
la gestion du pouvoir en fixant une série de principes
politiques et de solutions techniques pour réaliser une
gestion commune de la crise d'aujourd'hui et de la reprise, demain,
avec les confédérations syndicales et le gouvernement.
Ce qui nous intéresse, c'est qu'on justifie le "
pacte social " non pas dans une fonction " anticonjoncturelle
", donc comme accord tactique, mais comme exigence anticipée
et, par conséquent, comme projet de stabilisation pour
les années 80!
On peut définir
ainsi l'opération d'emprisonnement que cela présuppose:
incorporation organique de la classe ouvrière dans le
capital et dans l'Etat.
Il s'ensuit la logique
que la classe ouvrière, pour se sauver, doit sauver le
patron; pour sauver le patron, doit sauver l'Etat; pour sauver
l'Etat, doit assumer les coûts économiques de la
reconversion de la production et les sacrifices de la restructuration
impérialiste.
C'est une logique
misérable et il faut en tenir compte uniquement parce
qu'elle est faite justement par les directions des syndicats
et du Parti Communiste.
Les argumentations
pour la justification du " pacte corporatiste " sont
fausses en ceci:
-on identifie l'intérêt ouvrier avec l'intérêt
de développement du grand capital des multinationales,
et l'intérêt des multinationales avec l'intérêt
national;
-on introduit habilement
par une disposition réformiste, l'exigence de reconversion
productive du grand capital.
Le " pacte
corporatif" en ce qui concerne l'usine veut cacher une réalité
que les avant-gardes ouvrières appellent depuis des années
" fascisme d'usine ", c'est-à-dire une restructuration
du cycle et de l'organisation du travail avec ses revers:
a)Rupture de la
rigidité de la force-travail (mobilité: destruction
systématique des noyaux d'avant-garde; utilisation plus
grande des installations; intensification de l'exploitation);
b)Militarisation de l'appareil de domination (corporatisation
des dirigeants, des cadres, des chefs; syndicalisme jaune; utilisation
des fascistes pour les " travaux de basse oeuvre ";
espionnage).
Quant à la
lutte ouvrière, une conséquence décisive
du "pacte" est donc une conception plus moderne de
la répression: syndicaliste et flic, espionnage patronal
et contrôle syndical se fondent en un but unique d'anéantissement
de l'autonomie et de l'opposition.
La tendance, déjà
démontrée dans de nombreuses usines où la
lutte autonome est particulièrement incisive, qui voit
les représentants syndicaux et les directions du personnel
engagés à collaborer pour l'identification des
" provocateurs " avec comme objectif spécifique
leur élimination par le licenciement ou la dénonciation
à la magistrature, cette tendance en est un exemple.
En substance, cette
proposition corporatiste est résolument réactionnaire.
Elle préfigure
une dictature féroce dans les conflits des forces de classe
révolutionnaire; et, dans la mesure où elle s'affirme
à l'usine, elle tend à se projeter sur le terrain
politique général en fermant tout espace à
la guerre de classe révolutionnaire.
Le
compromis historique
La gauche officielle ne comprend pas les profondes transformations
structurelles et politiques qui s'accomplissent sous l'égide
de la DC et de la confindustria à l'intérieur de
la contre-révolution globale impérialiste.
Le P.C.I. surtout
montre son incapacité à indiquer une stratégie
alternative de classe. La ligne rappelée au XTVème
Congrès en est une évidente démonstration.
Les données de la " stratégie " du Compromis
Historique sont rendues caduques pour deux raisons: le caractère
partisan de la guerre à outrance de l'impérialisme
et le caractère réactionnaire et impérialiste
de la DC.
Berlinguer, ce Kautsky
de 1916, indique comme tendance au niveau mondiai et même
justifie par le comportement des USA, la politique de la "
coexistence " et de la " coopération ",
allant jusqu'à prophétiser " un système
de coopération et d'intégration assez vaste pour
dépasser progressivement la logique de l'impérialisme
et du capitalisme et renfermer les les aspects les plus différents
du développement économique et civil de l'humanité
entière ".
Pour Berlinguer,
il n'y a pas d'antagonisme entre impérialisme, social-impérialisme
et révolution, mais des contradictions sur la voie d'une
solution " pacifique " et " civile ".
La réalité
l'a démenti.
La tendance générale
aujourd'hui dans le monde est celle qu'indiquent les camarades
chinois: c'est la révolution.
Impérialisme
et social-démocratie se trouvent de plus en plus souvent
en contradiction ouverte et les guerres de libération
des peuples connaissent de nouvelles victoires.
C'est le cas au
Viet-Nam, au Cambodge, ou au Portugal.
En ce qui concerne
l'Italie, l'idylle philosophico-capitaliste de Berlinguer dépasse
les limites de la pudeur.
Avec une opération
théorique très éloignée du matérialisme
historique et dialectique, fl propose le " compromis avec
les masses populaires catholiques ", c'est-à-dire
avec la DC dont il néglige, ou tout simplement, nie le
caractère impérialiste, antinational et antipopulaire
qui depuis trente ans fait de ce parti l'âme et le cerveau
de toutes les poussées réactionnaires et fascistes,
de plus en plus croissantes dans le pays.
On déserte
le marxisme-léninisme, on s'éloigne de l'analyse
de classe à un tel point que la contradiction principale
est désormais présentée comme contradiction
entre " démocrates " et " antidémocrates
"; les premiers étant tous ceux qui agissent dans
le milieu constitutionnel, les seconds, tous les autres, peu
importe qu'ils soient fascistes, révolutionnaires ou ouvriers,
qui poursuivent des objectifs de luttes " particularistes
" ou " corporatifs ".
La fonction que
s'est assigné le PCI est donc de récupérer
à l'intériieur du système " démocratique
" toutes les poussées antagonistes du prolétariat
en les détournant en termes réformistes.
En effet, le "
compromis historique " ne présuppose pas une opposition
stratégique à l'égard du programme de réalisation
de l'Etat impérialiste (dans l'Etat impérialiste
"démocrate-chrétien ", il y aura un peu
plus de flics, dans celui du PCI un peu moins, mais seulement
parce que chacun devra être son propre flic), mais se présente
simplement comme une formule différente pour la gestion
du pouvoir de ce même pouvoir.
Le " compromis
historique " ne correspond pas à un besoin politique
de classe, mais, plutôt, au profit opportuniste d'une couche
de classe qui tire quelques misérables avantages du renforcement
du système capitaliste. Pour cette raison le PCI s'oppose
désormais violemment au mouvement révolutionnaire
et aux forces de classe dont il tire sa vigueur et ses ressources.
C'est pourquoi les
projets révisionnistes échoueront certainement.
Toutefois, il ne
faut pas sous-estimer la fonction ambivalente que la ligne du
" compromis historique " développe dans la crise
du régime en une courte période:
-d'un côté
il constitue un puissant facteur de crise politique du régime;
il inspire la terreur et accélère les contradictions
dans les secteurs les plus conservateurs et les plus réactionnaires.
-de l'autre il évite
que le pays devienne ingouvernable, c'est-à-dire qu'il
fasse obstacle au développement de la guerre des classes.
En effet, cela signifie
que, alors que les secteurs conservateurs ou réactionnaires,
préoccupés par la tournure des événements,
conçoivent et développent des projets ouvertement
contre-révolutionnaires, de larges secteurs du mouvement
ouvrier et populaire restent prisonniers du piège paralysant
qu'est la ligne du " compromis ".
Et cette ligne,
en figeant les forces de classe, retarde et entrave la prise
de conscience, au niveau de la masse, de la nécessité
de la guerre, et ce, juste au moment où la situation est
très favorable aux forces révolutionnaires. Dès
qu'on oublie que ce sont les exploités qui doivent vouloir
la guerre, on est prêt pour la paix du patron!
Porter
l'attaque au coeur de l'Etat
Notre ligne, dans
ce cadre général de projets et de contradictions,
reste d'unifier et de renverser toute manifestation partielle
de l'opposition prolétarienne en une attaque convergente
au " coeur de l'Etat ".
Elle commence par
la considération évidente, que c'est l'Etat, par
son comportement, qui garantit et impose le projet global de
restructuration et que, par conséquent, en-dehors du rapport
classe ouvrière/Etat, il n'y a pas, comme de reste il
n'y a jamais eu, de lutte révolutionnaire.
L'objectif intermédiaire
est 1"affaiblissement et la crise définitive du régime
démocrate-chrétien, prémisse nécessaire
pour un " virage historique " vers le communisme.
Le devoir principal
de l'action révolutionnaire dans cette phase est donc
la plus grande désarticulation politique possible tant
du régime, que de l'Etat.
C'est-à-dire
le plus grand développement possible de contradictions
entre les institutions, à l'intérieur de chacune
d'elles entre les différents projets tactiques de solution
de la crise, et à l'intérieur de chacun d'eux.
Le passage à
une phase plus avancée de désarticulation militaire
de l'Etat et du régime est prématurée et
donc échoue, pour deux motifs:
1)La crise politique
du régime est très avancée, mais nous ne
sommes pas encore près du " point de rupture ";
2)L'accumulation des forces révolutionnaires sur le terrain
de la lutte armée, même si elle a connu une grande
accélération dans les deux dernières années,
n'est pas encore assez puissante, par son expansion sur le territoire
et sa maturité politique et militaire pour consentir le
passage à une nouvelle phase de la guerre.
La destruction de
l'ennemi et la mobilisation politique et militaire des forces
populaires ne peuvent qu'aller de pair.
En d'autres termes,
le renforcement du pouvoir prolétarien est la condition
préliminaire du passage à la phase la plus avancée
de la désarticulation militaire du régime et de
l'Etat ennemi.
La
guérilla urbaine
A notre avis, on doit affronter la question à partir de
la couche de classe qui plus que toute autre subit l'intensification
de l'exploitation due aux projets de restructuration capitaliste
et impérialiste.
La théorie
révolutionnaire, c'est la théorie des besoins politico-militaires
de " libération " de cette couche de classe.
Elle seule en fait exprime en puissance, sinon en conscience
(qui signifie " organisation ", l'universalité
des intérêts de classe.
C'est seulement
autour de ses besoins que peuvent être organisés
et assumés les besoins des couches sociales marginalisées
par le processus de restructuration et que peuvent être
battues les résolutions révisionnistes, réformistes
ou corporatives de cette partie de la classe ouvrière
qui trouve un avantage, même moindre, dans le renforcement
du système de domination impérialiste.
La guérilla
urbaine joue un rôle décisif dans l'action de désarticulation
politique du régime et de l'Etat. Elle atteint directement
l'ennemi et fraye un chemin au mouvement de résistance.
C'est dans la guérilla
que se constitue et s'articule le mouvement de résistance
et le terrain de l'autonomie, et non le contraire.
Elargir ce terrain signifie en premier lieu développer
l'organisation de la guérilla, sa capacité politique
et militaire.
Toutes les positions
qui considèrent la croissance de la guérilla comme
une conséquence du développement du terrain légal
ou semi-légal de " l'autonomie " sont fausses.
Il est nécessaire
de faire la lumière sur ce point. Dans ce qui est défini
comme " terrain de l'autonomie " s'entassent des positions
très diverses.
Certains, qui situent
leur place dans la lutte des classes par la voie " subjective
", se reconnaissent comme faisant partie de ce terrain,
plus pour lui imposer ses problèmes et ses besoins, c'est-à-dire
pour le "récupérer", si bien qu'ils expriment,
aujourd'hui, une interprétation très partiale et
surtout sectorielle de ses besoins.
A leur source, ils
ont constitué un facteur décisif dans le processus
de dépassement de " l'esprit de chapelle ",
mais aujourd'hui ils risquent de finir eux-mêmes dans le
cul-de-sac de ce processus.
C'est le "
fétichisme de la légalité " qui prédispose
à ce danger, c'est-à-dire l'incapacité à
sortir de la fausse opposition entre " légalité
et illégalité ".
En d'autres termes,
les assemblées autonomes ne réussissent pas à
poser le problème de l'organisation à partir des
besoins politiques, et finissent ainsi par les délimiter
dans le type d'organisations légales existantes.
Ce qui correspond
à couper le pied pour le faire entrer dans la chaussure!
Certains, plus conscients
de la contradiction où ils se débattent, arrivent
à admettre un dualisme d'organisation et ainsi à
reproposer l'improposable théorie du " bras armé
", dans la vieille logique de faillite de la 3ème
Internationale.
Mais, dans cette nouvelle situation, sous peine d'extinction
de leur fonction révolutionnaire, ils doivent faire un
saut dialectique s'ils veulent rester fidèles à
l'engagement fondamental d'organiser sur le terrain de la guerre
de classe l'opposition de la couche " objectivement "
révolutionnaire.
En-dehors de cette perspective, il n'y a que conceptions minoritaires
ou inféodés au révisionnisme.
La guérilla
urbaine organise le " noyau stratégique " du
mouvement de classe, pas le bras armé.
Dans la guérilla
urbaine, il n'y a pas contradiction entre penser et agir militairement
et donner la première place à la politique.
Celle-ci développe
son initiative révolutionnaire selon une ligne de masse
politico-militaire.
Pour la guérilla,
ligne de masse ne veut pas dire, comme quelqu'un l'a mal compris,
" organiser le mouvement de masse sur le terrain de la lutte
armée ", tout au moins pas pour le moment.
Dans l'immédiat,
l'aspect fondamental du problème reste la construction
du " Parti Combattant " comme interprète des
besoins politiques et militaires de la couche de classe "
objectivement " révolutionnaire et l'articulation
des organismes de combat au niveau de classe sur les divers fronts
de la guerre révolutionnaire.
La différence
n'est pas sans importance et cela vaut la peine de l'expliquer,
car elle cache une divergence sur une question primordiale: l'organisation.
Cette divergence
réside dans le fait que la première thèse
aplanit jusqu'à la faire disparaître l'organisation
du " mouvement " qui, dans le même temps, gonfle
jusqu'à atteindre des dimensions mythiques; la seconde
conçoit organisation et mouvement en tant que réalités
nettement distinctes en perpétuelle discussion.
Le parti combattant
est un parti de cadres combattants. C'est donc une unité
avancée et armée de la classe ouvrière,
par conséquent distincte et en même temps partie
intégrante de celle-ci.
Le mouvement est
une réalité complexe et hétérogène
où de multiples niveaux de conscience coexistent et se
combattent.
Il est impensable, et impossible d' " organiser " cette
multiplicité de niveaux de conscience " sur le terrain
de la lutte armée ".
Parce que ce terrain,
bien qu'étant stratégique, n'est pas encore le
principal, parce que le noyau que constitue le parti combattant,
c'est-à-dire les BR, n'a certainement pas mûri les
capacités politiques, militaires et d'organisation, nécessaires
à son objectif.
Il ne s'agit pas d'" organiser le mouvement de masse sur
le terrain de la lutte armée " mais d'enraciner l'organisation
de la lutte armée et la conscience politique de sa nécessité
historique, dans le mouvement de classe.
Cela reste le principal
objectif du parti combattant actuellement dans sa période
de construction.
Pour l'ensemble
des motifs que nous avons exposé, le niveau de combat
adéquat à cette période reste celui de la
propagande armée.
Les objectifs principaux
de l'action de propagande armée sont au nombre de trois:
-Créer le
plus grand nombre possible de contradictions politiques à
l'intérieur du système ennemi, c'est-à-dire
le désarticuler, l'empêcher de fonctionner.
-Ouvrir la voie
au mouvement de résistance en utilisant des terrains de
combat souvent inconnus, mais non mois essentiels.
-Organiser le niveau
de classe avancé, dans le Parti ou dans des organismes
de combat sur les divers fronts'de la guerre.
La propagande armée
réalisée à travers l'action de guérilla
indique une phase de la guerre de classe, et non comme le pense
quelqu'un, une " forme de lutte ".
A cette phase succède
celle de la " guerre civile en action ", où
la tâche principale de l'avant-garde armée sera
de désarticuler, même militairement, et de briser
la machine bureaucratique et militaire de l'Etat.
L'assaut de la prison
de Casale pour la libération d'un camarade, éclaire
l'idée de la propagande armée de la façon
suivante:
-il a produit une
désarticulation profonde de l'Etat: renversement de la
campagne de propagande, dont la tentative de nous faire passer
pour " désespérés "; échec
des projets démocrates-chrétiens de " procès
exemplaire " durant les élections; accentuation des
contradictions entre magistrature et C.C., entre magistrature
de Milan et magistrature de Turin, entre grades supérieurs
et grades inférieurs de la magistrature, entre DC et autres
forces politiques, etc...
-il a ouvert la voie au mouvement de résistance dans les
deux sens: avoir réalisé un mot d'ordre du programme
révolutionnaire (libération des prisonniers politiques)
et aussi avoir crée un climat de confiance dans la masse
des prisonniers politiques au-delà des avant-gardes révolutionnaires;
avoir exploré un nouveau terrain de combat et en avoir
tiré des indications et une expérience décisifs
dans un proche avenir
-il a crée les prémices pour organiser l'avant-garde
révolutionnaire, enfermée dans les prisons du régime,
sur un programme révolutionnaire d'attaque de l'Etat.
Maintenant il appartient au Parti Combattant de transformer,
à l'intérieur et en-dehors des prisons, les prémices
en structures, les puissances révolutionnaires libérées,
en pouvoir prolétarien armé.
Sur quel terrain doit se développer notre initiative
tactique?
On peut le définir
en trois mots d'ordre
fondamentaux:
1 - rompre les
liens corporatistes entre la classe
dirigeante industrielle et les organisations de
travailleurs
2 - briser la
DC, centre politique d'organisation de la
réaction et du terrorisme
3 - frapper l'Etat
dans ses maillons les plus faibles
Rompre les Hens
corporatistes entre la classe dirigeante industrielle et les
organisations de travailleurs
Sur le terrain de la lutte ouvrière, le noeud à
défaire est aussi le point central du programme de lutte,
c'est le "pacte corporatif": le rapport Confindustria-Syndicats-Gouvernement
comme axe porteur de la restructuration capitaliste et comme
élément fondamental de l'Etat corporatiste impérialiste
des multinationales.
Il est très
important, bien qu'insuffisant dans cette perspective, d'intensifier
les mouvements autonomes de lutte contre tout aspect de la restructuration,
comme la caisse d'Intégration, la mobilité du travail,
les licenciements et l'intensification forcenée de l'exploitation.
Ces niveaux de lutte
se situent dans la direction juste et assument un caractère
offensif, dans la mesure où ils réussissent à
briser la " cage " syndicale et à mettre en
échec, c'est-à-dire à miner, la capacité
de contrôle des Confédérations.
Mais l'attaque doit
surtout être étendue à la structure politico-militaire
du commandement; parce que la Confindustria réformée
est le principal centre de l'initiative patronale; parce qu'elle
se sert des organisations " syndicales " des dirigeants,
des cadres, des petits chefs et des ouvriers à mentalité
de patron, comme courroies de transmission de la nouvelle idéologie
et comme centres d'organisation corporatiste.
Désarticuler
à fond cette " courroie " en en expliquant la
structure, les fonctionnements et les liens avec les centres
de pouvoir politique et avec le projet général,
est une exigence immédiate de la lutte révolutionnaire.
Jusqu'à présent
nous avons mené l'épuration au niveau de la production.
Dorénavant,
il sera nécessaire d'attaquer également les niveaux
administratifs, dirigeants, ou directement les patrons les plus
importants.
Désarticuler
cette trame veut dire en faire sauter la fonction politique et
militaire.
En effet, la tendance
corporatiste porte en elle l'exigence et l'organisation de la
répression violente contre l'opposition de classe, c'est-à-dire
de ceux qui refusent le suicide révisionniste.
En conséquence,
la fonction du commando va de plus en plus se spécialisant
aussi dans cette direction.
La récolte
d'informations sur les noyaux d'avant-garde ouvrière,
l'espionnage politique, l'infiltration, la provocation, et tout
autre genre de travail contre-révolutionnaire sont amenés
à de niveaux d'efficacité.
Il s'agit de ne
pas les laisser fonctionner, de les prévoir, de les neutraliser,
et de punk avec la dureté opportune quiconque assume la
responsabilité de leur fonctionnement.
Briser
la démocratie chrétienne,
centre politique d'organisation
de la réaction et du terrorisme
Sur le terrain politique,
c'est la D.C. qu'il faut combattre et vaincre, parce qu'elle
est le vecteur principal du projet de restructuration impérialiste
de l'Etat, et le point d'unification du faisceau des forces réactionnaires
et contre-révolutionnaires qui lie Fanfani à Tanassi,
à Sogno, à Pacciardi, à Almirante, aux groupes
terroristes.
La démocratie
chrétienne est l'ennemi principal.
C'est le parti organique
de la bourgeoisie, de la classe dominante, et de 1' impérialisme.
C'est le centre
politique d'organisation de la réaction et du terrorisme,
c'est le moteur de la contre-révolution globale et le
support du fascisme moderne: le fascisme impérialiste.
On ne doit pas se
laisser tromper par les professions de foi "démocratique
et antifasciste" parfois tenues par certains dirigeants
de ce parti, parce qu'elles répondent au besoin tactique
de maintenir la substitution dialectique entre "fascisme
" et " antifascisme " qui permet à la D.C.
de récupérer des voix en faisant croire que la
" démocratie réformée ", c'est-à-dire
l'Etat impérialiste, est le meilleur rempart contre le
danger " fasciste ".
Le problème
des avant-gardes révolutionnaires est de faire la lumière
sur tout le jeu en frappant les liaisons, les complicités
et les projets.
La D.C. n'est pas
seulement un parti, mais l'âme noire d'un régime
qui depuis 30 ans opprime les masses ouvrières populaires
du pays.
Déclarer
la nécessité d'abattre le régime et proposer
dans les faits, un compromis " historique " avec la
D.C. n'a pas de sens.
Bavarder sur le
moyen de la " réformer " en a encore moins.
Il faut liquider,
battre et disperser la démocratie chrétienne. La
défaite du régime doit entraîner avec elle
cet immonde parti et l'ensemble de ses dirigeants.
Comme cela s'est
passé en 45 pour le régime fasciste et le parti
de Mussolini.
Liquider la D.C.
et son régime est la prémisse indispensable pour
arriver à un " tournant historique " effectif
dans notre pays.
C'est le principal
devoir du moment!
Frapper
l'Etat dans ses maillons les plus faibles
La question de l'Etat
est celle qui nous différencie le plus des forces révisionnistes
et para-révisionnistes qui travaillent inlassablement
à perfectionner cette machine anti-prolétarienne.
Avec Marx, Engels,
Lénine, Staline et Mao, nous aussi nous disons que:
" Briser
la machine bureaucratique et militaire de l'Etat est la condition
préliminaire à une réelle révolution
prolétarienne ".
La lutte contre
le corporatisme, le fascisme et le régime ne peut pas
être séparée de l'action directe contre les
institutions de l'Etat, et revient, dans cette phase, à
leur désarticulation politique maximale.
" Désarticulation
politique " et non pas " érosion propagandiste
de la crédibilité démocratique " parce
que cet Etat en voie de restructuration est déjà
l'Etat de la guerre civile.
Pour cela, il est
nécessaire d'obtenir des résultats sur le terrain
de la libération des camarades détenus; sur le
terrain des représailles contre al structure militaire
des prisons; contre l'anti-guérilla dans toutes ses articulations;
contre la magistrature du régime; contre ces secteurs
du journalisme qui se distinguent dans la " guerre psychologique
".
L'actualité
de cette perspective est plus que démontrée à
travers les niveaux de l'action contre-révolutionnaire
dans nos confrontations et dans les confrontations de toutes
les forces qui se sont mobilisées sur le terrain de la
guerre de classe; démontrée également à
travers les excellents résultats politiques qui ont suivi
l'opération Sossi et l'assaut de la prison de Casale Monferrato.
Notre présence
dans le mouvement révolutionnaire et notre initiative
de guérilla et de construction du pouvoir prolétarien
se conformeront à ces lignes.
Mais il est important
d'ajouter une dernière chose: il est nécessaire
de surmonter toute tension particulariste et tout esprit de secte.
Nous croyons à
la nécessité de " s'unir au peuple pour unir
le peuple " dans la guerre pour le communisme.
Nous combattons
et luttons dans cette perspective pour l'unité du mouvement
révolutionnaire.
|