BRIGADES ROUGES
Communiqué de
septembre 1971
Nous sommes fatigués des interminables déclarations de principe,
de concepts déjà énoncés dans les -C.P.M, -"Sinistra Proletaria",
-"Nuova Résistenza". La nouveauté consiste par dessus tout dans
l'opération de systématisation accomplie.
La bourgeoisie, face à sa crise n'a pas
d'autre alternative que la militarisation non pas
de type fasciste traditionnelle, mais fasciste-gaulliste
qui prend une apparence démocratique (prépondérance du
premier ministre et du président de la République sous la
Constitution de la Verne).
La gauche non réformiste n'est pas préparée à faire face à ce
type d'affrontement armé.
Il y a donc deux possibilités :
1°) répondre sur le mode de la troisième Internationale
avec des variantes anarcho-syndicaliste ; les "groupes" ont déjà choisi celle-ci.
2°) ou rejoindre l'expression révolutionnaire métropolitaine
de notre époque à savoir : les B.R. et ce
en référence au marxisme-léninisme, la révolution
culturelle prolétarienne sur le modèle d'expériences des
mouvements de guérillas métropolitaines.
Nous voulons seulement être le premier point de rencontre des formations
du parti armé, qui n'est pas le bras armé d'un mouvement de
masse désarmé, mais plutôt le point d'unification le plus élevé.
Nous n'acceptons pas les schémas du P.C européen,
surtout en ce qui concerne la question des rapports entre une
organisation politique et militaire.
Nous voulons une guérilla !
1°) Comment voyez-vous la phase actuelle de l'affrontement de classe?
La gauche révolutionnaire extra-parlementaire s'est trouvée démunie, pas
préparée face à la recherche d'un nouvel équilibre de la part de la
bourgeoisie.
Notre expérience politique naît de cette exigence.
2°) Quelles sont les causes à la base de la crise actuelle?
Aujourd'hui on est face à un revirement de prospective politique de la
bourgeoisie mise au pied du mur face à l'initiative de la classe ouvrière qui a
refusé le réformisme comme projet de stabilisation sociale, mettant à l'ordre
du jour la fin de l'exploitation.
3°) Comment va évoluer la situation politique ?
Il n'y a qu'une seule possibilité pour la bourgeoisie : rétablir
la situation, moyennant une organisation toujours plus despotique
du pouvoir. Le despotisme croissant du capital sur le travail,
la militarisation progressive de l'Etat et de l'affrontement de classe,
la montée de la répression comme fait stratégique sont les conséquences
objectives et inexorables.
En Italie on assiste à la formation d'un bloc
de type réactionnaire alternatif au centre gauche, tout ça sous
le drapeau de la droite nationaliste qui tend à se réassurer
le contrôle de la situation économique et sociale ;
c'est-à-dire de la répression de toute forme de lutte
révolutionnaire et anti-capitaliste .
4°) Pensez-vous à un retour du fascisme ?
La question ne se pose pas en ces termes.
La décision répressive
pour le moment vise moins à la liquidation institutionnelle de l'Etat
"démocratique" comme l'a fait le fascisme qu'à la répression plus
féroce du mouvement révolutionnaire.
En France le "coup d'Etat" de
De Gaulle et l'actuel "fascisme" gaullien vivent sous les apparences
de la démocratie.
Il serait cependant
ingénu d'espérer une stabilisation modérée de la situation économique et
sociale en présence d'un mouvement révolutionnaire combatif.
5°) Quels sont donc vos choix?
La réponse de la bourgeoisie par la répression est déjà
amorcée et tend à supprimer la capacité de résistance de la classe ouvrière.
L'heure X de l'Insurrection n'arrivera pas, en tout
cas pas celle que se figurent de nombreux camarades,
à savoir un affrontement décisif entre prolétariat et bourgeoisie,
comme ce fut le cas en 1922.
6°) Finalement à quel filon idéologique et
historique vous rattachez-vous?
Nos points
de repère sont le marxisme-léninisme, la révolution culturelle chinoise
et l'expérience d'actes des mouvements de guérilla métropolitaine en un
mot : la tradition scientifique du mouvement ouvrier
et révolutionnaire international ; ce qui signifie
aussi que nous n'acceptons pas en bloc les schémas qui
ont guidé les partis communistes européens dans la phase r
évolutionnaire de leur histoire, surtout en ce qui concerne
la question de l'organisation politique et militaire.
8°) Votre problème est donc celui de commencer la lutte armée ?
La lutte armée a déjà commencé.
C'est la bourgeoisie qui frappe,
il faut donc créer l'instrument de classe capable de l'affronter au même niveau.
Les B.R. sont le premier sédiment du processus de
transformation de l'avant-garde politique de classe en
avant-garde politique armée.
La lutte armée en Italie
doit être conduite par une organisation qui soit la directe expression
du mouvement de classe, et pour cela nous travaillons à l'organisation
des noyaux ouvriers d'usine et de quartiers dans les pôles industriels
et métropolitains où il existe une concentration de révolte et
d'exploitation.
10°) Vous êtes donc dans une phase de préparation ?
On ne peut en être qu'à ce stade car en fonction de la route que nous avons
choisi, il nous faut accumuler expériences et schémas ; mais elle ne constitue
pas une phase détachée de la lutte de classe mais se réalise à l'intérieur de
celle-ci.
11°) Les B.R. sont donc engagées dans l'affrontement ?
Nous exigeons, à la différence des organisations extra-parlementaires, de
nouvelles formes d'organisation de la lutte révolutionnaire : organisation de
l'auto-défense, premières formes de la clandestinité, actions directes.
De ces
premières expériences de phase tactique nécessaire, nous devons passer à
la phase stratégique de lutte armée.
12°) Quelles sont les conditions pour que ce passage se produise?
Il existe deux conditions fondamentales : se mesurer à tous les niveaux avec
le pouvoir (libérer les détenus politiques, exiger la peine de morts contre les
policiers assassins, exproprier les capitalistes... et bien sûr, prouver qu'on
peut survivre à ce stade d'affrontement.
Faire naître un pouvoir alternatif dans
les usines et les quartiers populaires.
13°) Qu'entendez -vous par pouvoir prolétaire alternatif ?
La révolution n'est pas seulement un fait technico-militaire ; et l'avant-garde
armée n'est pas le bras armé d'un mouvement de masse désarmé, mais son
point d'unification le plus élevé, de sa demande de pouvoir.
14°) Quelle direction désirez-vous suivre dans la phase actuelle?
Radicaliser le discours stratégique, casser l'offensive tactique de la
bourgeoisie, lier la lutte à tous les aspects de l'organisation capitaliste du
travail, ne pas laisser les sbires espions impunis, ni les magistrats qui
attaquent le mouvement de classe dans ses intérêts ni ses militants.
Dans l'immédiat cette action doit se maintenir à un haut niveau de mobilisation
populaire pour empêcher tout courant pessimiste et défaitiste ; le choc ne peut
déboucher par un retour à la situation précédente mais constituer la
promesse pour un choc stratégique : la lutte armée pour le pouvoir.
15°) Les B.R. c'est donc un organisme de transition?
Non, car la lutte armée ne peut être envisagée par des organismes
intermédiaires comme les comités de base, les cercles étudiants, ouvriers ou
des organisations politiques extra-parlementaires ; iI faut une organisation
stratégique à la base.
16°) Vous voulez dire un parti ?
Exactement.
Les B.R. sont un premier point d'agrégation pour la formation du
parti armé du prolétariat.
|
|