Interview du camarade Prachanda, secrétaire général du Parti Communiste du Népal (maoïste)

 

 

Li Onesto, Revolutionary Worker: il y a des tas de gens révolutionnaires dans le monde entier qui veulent en savoir plus sur la guerre populaire au Népal.

Cela serait ainsi d'un grand intérêt si vous pouviez nous donner une image de base de la situation objective, et nous expliquer quelle est la base matérielle existante pour initier la guerre populaire au Népal.

Pourquoi est-ce que le Parti pense qu'il soit possible d'engager une guerre populaire prolongée, d'organiser les masses par la lutte armée ?

Pourquoi est-ce la stratégie correcte par rapport à la situation au Népal ? Et pourquoi est-ce que le Parti pense qu'il soit possible de vaincre avec cette stratégie ?

Camarade Prachanda: Je veux tout d'abord expliquer cette question en termes idéologiques.

Le Népal est un pays semi-féodal semi-colonial. Et le marxisme-léninisme-maoïsme dit que, dans les pays opprimés de ce type, les pays semi-féodaux semi-coloniaux, c'est en général une situation révolutionnaire objective qui prévaut.

C'est la base idéologique de laquelle nous sommes partis pour étudier la situation concrète, parce que la chose principale est la clarté idéologique.

Et, à travers le cours de la lutte de classe, des mouvements de masse, des luttes de masse, et principalement de la lutte idéologique au sein du mouvement communiste, nous sommes arrivés à la conclusion qu'une situation correspondait à l'initiation de la guerre populaire.

Nous voyons que le Népal est un pays pauvre et petit. Plus de 85% de la population vit dans les zones rurales, et les gens sont très pauvres - ils sont très opprimés. Les relations féodales - les formes féodales d'exploitation - sont très sévères dans les zones rurales.

Le développement industriel est très faible, et les types de bases industrielles qui existent sont toutes dans les mains d'une classe bourgeoise compradore - principalement la bourgeoisie indienne expansionniste.

Ainsi, il y a de claires distinctions de classe, et les gens se sont battus pour des réformes, pour l'indépendance, pour des moyens de subsistance, pour une longue période. Il y a une lutte de masse continue.

Mais à cause du manque de direction révolutionnaire, à cause du révisionnisme dans le mouvement communiste, à cause de la crise de la direction : à chaque fois qu'il y a eu une lutte de masse, la direction a été en mesure d'amener la confusion dans les masses, de faire des compromis avec les classes dominantes et d'avoir des concessions pour ce groupe révisionniste.

Je voudrais mentionner qu'en 1815 il y a eu une grande lutte avec l'Inde britannique. Les Népalais se sont battus héroïquement contre l'Inde britannique, mais en fin de compte ils n'ont pas réussi, ils ont échoué.

C'était une lutte armée, c'était la guerre avec l'Inde britannique, et les gens ont participé à cette guerre de différentes manières. Il y a eu différents types de guerre de guérilla d'utilisés.

Et, dans cette guerre, la classe dominante britannique a vu que le peuple népalais était très héroïque et très brave, et qu'il se battait héroïquement contre l'Inde britannique. Pendant plus d'un an il s'est battu et battu, et a battu l'armée britannique en de nombreux endroits.

Des centaines et des centaines de gens, y compris des femmes et des personnes âgées, tous se sont battus dans cette guerre.

Mais la classe dominante népalaise, principalement la monarchie, le roi, se sont rendus à l'Inde. Il y a eu la négociation à Sugali, et ils ont fait un compromis.

Après cela, encore plus de territoire népalais fut pris par l'Inde. Avant cela, géographiquement, le Népal était à peu près 3 fois plus grand. Mais tout ce territoire fut pris par l'Inde avec le traité de Sugali.

A partir de là le Népal devint un pays semi-colonial, et quand les Britanniques quittèrent l'Inde, le Népal devint une semi-colonie de l'expansionnisme indien. Après cela vint la clique du gouvernement Rana ; le grand camarade Karl Marx avait appelé ce Jang Bahadur Rana une poupée et un chien britannique.

Les gens ont énormément souffert de tous types d'oppression et d'exploitation, et à partir de là le Népal est devenu un pays semi-féodal.

En 1949 lorsque le Parti Communiste Népalais fut établi, ce fut un événement grand et jouant historiquement beaucoup. Ce Parti fut établi lors de la victoire de la grande révolution chinoise et que le socialisme se développait en URSS.

RW : Est-ce que la victoire de la révolution chinoise a été un facteur très important pour la fondation du Parti Communiste au Népal ?

Prachanda : oui, ce fut un facteur très important. Et il y avait également à ce moment là une grande lutte armée des paysans en Inde.

C'était la large situation révolutionnaire environnante au moment où fut fondé le Parti Communiste au Népal.

Le parti commença à travailler dans la base des masses paysannes, et pour trois ou quatre années il y eut un grand mouvement paysan, une sorte de révolte révolutionnaire.
Mais, en même temps, la direction du parti changea et adopta un point de vue révisionniste.

Et la direction, le mouvement, le secrétaire général à ce moment là, appelèrent le roi, affirmant que nous ferons tout notre travail pacifiquement, et qu'il faudrait ainsi regarder notre parti ainsi. Et la totalité de la direction du parti devint révisionniste.

Après cela il y a eu beaucoup de luttes de masse, de mouvements de masse.

Mais à chaque fois, la clique révisionniste amena la confusion dans le peuple, fit des compromis avec les classes dominantes, et trahit les masses. A chaque fois ils trahirent les masses.

Et en même temps il y avait une lutte idéologique en cours dans le mouvement.
Puis, quand la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne fut initiée en Chine sous la direction du grand camarade Mao, cela eut un impact direct sur la révolution au Népal.

Il y a eu tellement de documents de la Révolution Culturelle chinoise qui arrivèrent au Népal. La Révolution Culturelle inspira principalement la génération plus jeune des communistes et des masses.

Et en même temps les jeunes dans le mouvement communiste étaient également inspiré par le mouvement naxalite en Inde. Cela inspira des jeunes du district de Jhapa et provoqua une sorte de rébellion contre la direction révisionniste, et il y eut un processus de reconstruction du parti.

En même temps se tint le quatrième congrès du parti, et il posa également la question de la lutte armée dans l'agenda. Mais il n'y avait toujours pas clairement de ligne politique totalement développée : comment réorganiser un nouveau type de parti et expliquer aux masses le besoin de se rebeller.

Il y a eu un grand débat politique et idéologique pendant 10 années après la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, et toute l'équipe de notre direction est un produit de cette lutte idéologique.

Et, en même temps, au sein de notre parti, il y avait une grande lutte entre deux lignes, tout d'abord avec la clique de Lama, parce qu'il y avait là une tendance droitière. Nous avons vigoureusement combattu cette ligne.

Plus tard nous avons combattu la ligne de Dumdum, la ligne de M .B. Singh, parce qu'elle consistait en l'éclectisme et une dérive droitière et une pure confusion.

Individuellement M.B. Singh était établi comme un leader, mais sa ligne était totalement révisionniste, et cela amenait tellement de confusion, camouflé sous des mots éclectiques.

Nous avons combattu cette ligne, et lorsque nous avons combattu cette ligne, nous avons développé la ligne juste, qui est maintenant guidant le peuple et la guerre populaire.

Nous en sommes arrivés à une compréhension juste à partir de cette lutte avec Dumdum (M.B. Singh) et nous avons défini notre idéologie comme le marxisme-léninisme-maoïsme.

RW : quelle est l'année de tout cela ?

Prachanda : c'était l'année 1986 je pense, lorsque nous avons définitivement établi le marxisme-léninisme-maoïsme comme notre idéologie.

A cette époque il n'y avait que le Parti Communiste du Pérou qui avait fait de même, et nous avions eu certains documents du PCP.

Mais à propos de cette question il y avait déjà eu quatre ou cinq ans de discussion : pourquoi la pensée Mao Zedong ?

Pourquoi pas le maoïsme ? Ce genre de discussion avait lieu dans notre parti.

Nous avons eu une année de débat pour changer cette terminologie, c'était notre compréhension de la contribution de Mao. Nous avions également défini la guerre populaire et notre ligne militaire, notre ligne politique.

Et cela est notre base idéologique, politique, subjective.

En même temps, la lutte de classe se développait, et, dans les circonstances de cette lutte de classe et la lutte entre deux lignes, nous avons été capable de voir la situation objective et subjective afin d'initier la guerre populaire.

En ce qui concerne votre question quant au lien entre les facteurs objectifs et subjectifs, je voudrais dire que dans les pays opprimés, selon le marxisme-léninisme-maoïsme, une situation objective révolutionnaire prévaut dans telle ou telle partie du pays.

Le processus de développement de ce pays est inégal.

Ainsi, dans une partie du pays il y a la possibilité de l'initiation de la lutte armée, du soutien et du développement de la lutte. En général, comme un tout, vous pouvez dire qu'une situation révolutionnaire objective prévaut.

Dans les pays opprimés, la question est celle de la préparation subjective - la question principale, le principal facteur est subjectif.

Et subjectif signifie le parti communiste, le parti communiste révolutionnaire, armé du marxisme-léninisme-maoïsme.

Nous pouvons également dire, en ce sens, que la question principale dans ces types de pays est comment combattre le révisionnisme et construire un nouveau type de parti armé du marxisme-léninisme-maoïsme.

C'est la question principale dans ce pays.

Dans les pays impérialistes tel n'est pas le cas. Dans les pays impérialistes, la question principale n'est pas le facteur subjectif.

Le facteur principal décidant des tactiques et de la ligne est objectif. Objectivement les pays impérialistes sucent le sang des pays opprimés et les contrôlent.

Ainsi, la question principale pour les révolutionnaires de ces pays impérialistes est de montrer continuellement le système tout entier, et de construire le parti, et d'essayer consciemment de faire de la situation objective une situation révolutionnaire - et quand une situation révolutionnaire objective se développe, à ce moment là, de tenter un grand saut.

Nous pensons que c'est ce genre de ligne qui devrait être appliqué ici.

Mais la stratégie est différente dans les pays semi-féodaux, semi-coloniaux comme le Népal, où plus de 80 ou 85% de la population vit dans des zones rurales, dont le processus de développement est inégal, où les ouvriers modernes, les travailleurs prolétaires, sont peu.

Certains disent qu'une situation révolutionnaire objective ne prévaut pas dans ce type de pays.

Comme dans notre pays, les révisionnistes disent toujours qu'il n'y a pas de situation objective, et ils disent aussi qu'il n'y pas de situation subjective pour commencer la lutte armée.

Ils disent toujours cela, et nous condamnons cette ligne. Cela n'est pas un fait. Dans ces types de pays la question est celle de la préparation subjective.

C'est de cette manière que nous avons regardé les conditions pour initier la guerre populaire.
Et à ce niveau de l'initiation, nous avons tenté d'en arriver à comprendre l'ensemble de l'histoire du Népal.

Quel est le niveau culturel, le niveau culturel des masses, quelles sont les conditions économiques, quels sont les rapports sociaux, quelles sont les forces, quelle est l'analyse de classe.

Nous avons fait tout cela avant cette dernière préparation finale.

Et à ce moment là nous avons découvert certaines caractéristiques spécifiques à la situation au Népal. Malgré que le Népal soit un petit pays, nous pensons que dans un autre sens il ne s'agit pas d'un petit pays.

Géographiquement si vous regardez l'ensemble de l'Inde comme pays, vous pouvez voyager en une ou deux journées d'un bout à l'autre du pays. Mais au Népal vous avez à monter et à descendre pour de nombreux jours - je sais que vous comprenez cela. C'est plus isolé que l'Amérique.

RW : oui j'ai en ai eu l'expérience directe !

Prachanda : ainsi, bien que le Népal soit un petit pays, la région montagneuse est très favorable à la guerre de guérilla, pour la guerre populaire.

Et nous avons également vu cela parce qu'il y a eu un gouvernement réactionnaire centralisé pendant plus de 200 ans, et il y a également eu une tendance des masses à résister dans tout le Népal.

Le gouvernement central a ses armes et contrôle partout - à partir de Katmandou.

Et dans le long processus de lutte et de résistance, les masses népalaises ont développé un type de situation où - d'est en ouest, du nord au sud - partout il y a la lutte de masse, de classe.

Donc nous avons vu une situation où si nous en appelions à un programme de résistance, de mouvement de masse, alors tout le Népal s'engagerait dans le mouvement.

Nous avons également regardé le fait que nous sommes entouré de trois côtés par ce grand pays indien. A l'est, à l'ouest, au sud, il y a l'Inde. Et au côté nord, la Chine. Sur le côté nord il est très difficile d'aller et de venir. C'est la chaîne de l'Himalaya.

Il y a certains endroits où les gens peuvent aller et venir du Tibet, mais en général ce n'est pas comme pour l'Inde. Nous avons également analysé cette situation.

Nous avons également découvert que le Népal est également un grand pays parce qu'il y a beaucoup de nationalités.

La population n'est que de 20 millions de personnes, mais il y a plus ou moins entre 20 et 25 nationalités opprimés différentes. Il y a différent langages, il y a différentes religions.

Et c'est également une particularité de la situation népalaise. Nous avons étudié toutes ces questions et comment résoudre la question nationale.

Nous nous distinguons fondamentalement de tous les partis révisionnistes et bourgeois.

Nous défendons le droit à l'autodétermination pour les nationalités opprimés et, pour maintenant, dans notre situation concrète, nous disons que l'autonomie devrait être dans le programme.

Nous l'affirmons et l'expliquons comme une situation spécifique dans notre mouvement.

Et avec la région du Terai, vous pouvez encore dire que le Népal est " grand ", parce que vous pouvez voir que dans la partie sud, d'est en ouest, il y a des régions de plaines, la région du Terai, qui est à plus ou moins 300 mètres du niveau de la mer.

C'est une grande plaine, une grande région agraire, avec de grandes forêts.

Il y a également la région montagneuse, où il y a de grandes montagnes - c'est là où vous avez voyagé, vous connaissez donc cela très précisément. Et la majorité de la population vit dans ces zones montagneuses et la grande chaîne de l'Himalaya, qui est très froide.

De cette manière vous pouvez dite que le Népal est un grand pays, pas un petit pays. Nous avons étudié ces conditions géographiques.

Et nous avons également étudié notre situation organisationnelle subjective. Nous étions dans la partie orientale, nous étions dans la région centrale, et nous étions également dans la partie occidentale.

L'ouest est historiquement, géographiquement et culturellement la base de la révolution. C'est le point principal pour la révolution - les gens sont ici plus opprimés par les classes dominantes, et le gouvernement de Katmandou est très loin d'ici.

RW : quelle est la base matérielle pour le fait que la révolution soit plus avancé à l'Ouest ? Est-ce que la question des nationalités opprimés est un grand facteur ?

Prachanda : oui, et une autre chose est qu'économiquement les classes dominantes négligent toujours le développement de l'Ouest.

RW : pourquoi ?

Prachanda : parce qu'ils pensent qu'investir là-bas ne serait pas profitable. C'est un des facteurs que nous pouvons voir.

Et l'autre est qu'il y a principalement des nationalités opprimés à l'ouest et que les classes dominantes sont hégémoniques, chauvines, avec un chauvinisme de hautes castes.

Ainsi ils négligent et oppriment ces nationalités.
Et une autre chose est qu'à l'époque de faire ce pays, avant 1800, dans la dernière partie du 18ème siècle, cette partie du pays n'était pas totalement capturée par le gouvernement central. Il y avait une sorte de compromis.

Avec l'empire Gorkha, cette partie du pays fut capturée plus tard. Ils prirent d'abord l'est, puis vinrent plus tard à l'ouest. L'aspect principal n'est pas plus tard ou moins tard, mais le fait que ces zones ne furent pas totalement capturées.

Les autorités locales avaient un certain pouvoir et les autorités centrales également. De cette manière ces zones avaient alors une sorte d'autonomie. Ainsi les masses des régions occidentales n'étaient pas tant sous le contrôle du gouvernement en place.

Et elles ne se préoccupaient pas de ce que le gouvernement faisait ou non. C'est un autre fait historique à propos de l'Ouest.

Et au Népal occidental il y a les groupes ethniques mongols - vous avez vu comment tous nos camarades là-bas ressemblent à des Chinois.

Ces nationalités sont si sincères et de tels combattants courageux - historiquement ils ont ce genre de culture. Et le chauvinisme de haute caste et les liens féodaux ne prédominent pas chez ces nationalités.

RW : vous dites que les traditions féodales sont moins fortes parmi les nationalités opprimés ?

Prachanda : oui, moins fortes, vraiment. Lorsque vous êtes allés dans les régions centrales ou orientales vous avez vu que les traditions féodales sont très fortes.

RW : et quand j'étais au Rolpa et au Rukum je n'ai pas vu de temples.

Prachanda : oui, au Rolpa et au Rukum il n'y a pas beaucoup de temples, et dans le contexte familial de ces nationalités il y a une sorte de démocratie, de démocratie primitive.

Même la domination masculine est plus faible dans ces endroits - ce n'est pas comme dans les castes dominantes. Et, en même temps, notre parti a une longue tradition de travail dans ces zones, comme au Thabang et au Rolpa.

RW : et les révisionnistes de ces zones sont plus faibles.

Prachanda : très faibles. Et il y a eu ici continuité d'une direction révolutionnaire consistante.

L'influence révisionniste dans cette zone a toujours été faible, et la tendance révolutionnaire a prévalu. Voilà tous les facteurs.
Géographiquement, il n'y a pas de facilités de transports, il n'y a pas d'électricité, et les communications sont très faibles pour les classes dominantes.

Tous ces facteurs nous ont amené à la conclusion que l'Ouest est la région principale pour la guerre populaire.

Mais nous avons également vu que nous ne pouvions pas initier la guerre populaire uniquement dans la partie orientale, parce que les classes dominantes sont très fortes.

Elles ont une armée puissante, un système de communication performant, et toutes ces sortes de choses.

C'est pourquoi si nous n'initions la lutte armée que dans la partie orientale, alors le gouvernement centraliserait toutes ses forces et nous écraserait.

Subjectivement nous avons également vu une situation favorable pour le développement de mouvements de masse dans tout le pays.

Et nous avions une organisation à travers tout le pays.

C'est pourquoi nous avons conclu que nous devrions initier la guerre populaire à partir de différentes parties du pays. Nous devrions centraliser à partir principalement de trois zones : l'Est, le centre, l'Ouest, ainsi que la capitale.

Les villes devraient être un autre aspect, non pas pour des combats armés, mais pour la propagande et ce genre de choses.
Un autre endroit où nous devions concentrer le travail est l'Inde, parce que plus de 7 millions de Népalais vivent en Inde. Ainsi l'Inde devrait être un autre point où nous devrions faire des efforts pour résister aux classes dominantes.

C'est de cette manière que nous avons fait un plan. Ce sont les spécificités que nous avons vu au Népal.

Nous n'avons pas vu exactement la même situation pour initier la lutte armée qu'aux Philippines, au Pérou, en Turquie et dans d'autres pays où il y a des types de guerre populaire.

Il y a plus de similitudes avec le PCP au Pérou, mais pas exactement. Ils ont commencé à partir d'élections, en les attaquant.

Mais nous avons commencé à partir de différentes parties du pays, avec des milliers d'actions dans le premier plan [d'offensive].

Lorsque nous avons étudié en détail la situation historique, géographique et culturelle au Népal, nous en sommes arrivés à la conclusion que nous devions initier la guerre populaire de cette manière.

Plus de 72% du peuple népalais vit sous le seuil de pauvreté.

C'est une situation grave. Nous avons toujours expliqué aux gens que rien ne peut être obtenu de système multipartite - que c'est du vent, que c'est impérialiste, que c'est féodal. Ainsi après trois, quatre années, les masses ont vu que " oui, ce que les maoïstes ont dit est réellement juste ". Ce genre de sentiments a prévalu.

Juste avant l'initiation nous avons organisé beaucoup de grandes démonstrations de masse ainsi que des meetings de masse.

Des milliers et des milliers de gens ont participé. Nous avions déjà déclaré que nous allions commencer la guerre populaire.

Mais les classes populaires ne l'ont pas cru et pensaient : " ils parlent, ils parlent seulement ".

RW : dans certains de vos écrits vous parlez de comment le parti a à faire une grande rupture - idéologiquement, politiquement et militairement - afin de commencer la guerre populaire.

C'est une grande question pour les partis dans le monde, et c'est une ligne de division entre le révisionnisme et le marxisme-léninisme-maoïsme - la question de mener les changements idéologiques, politiques et organisationnels nécessaires dans le parti, de commencer la lutte armée.

Pouvez-vous ainsi nous parler du type de rupture que votre parti a dû faire pour initier la guerre populaire ?

Prachanda : ce sont des questions sérieuses, très importantes que vous avez soulevé. La question des ruptures est une question de faire une percée.

Avant tout il y a la question de comprendre notre idéologie, c'est-à-dire le marxisme-léninisme-maoïsme.

Comment est-ce que le maoïsme explique ou définit cette rupture, ce processus en développement ?

Certaines personnes s'imaginent un processus d'évolution, un processus en développement continu, un processus d'évolution. Mais le marxisme-léninisme-maoïsme enseigne que tel n'est pas le cas, que scientifiquement ce n'est pas le cas, telle n'est pas l'analyse scientifique.

Le processus réel de développement rompt avec la continuité, faisant une rupture. Tout dans la nature, l'histoire humaine et la société, dans la pensée humaine - le processus de développement - est le processus de rupture avec la continuité. Nous en sommes arrivés à saisir cette question très sérieusement avant l'initiation.

RW : vous parlez d'effectuer un saut [qualitatif].

Prachanda : oui, faire un saut. A un moment, dans notre parti, pour chaque camarade, sur les lèvres de chaque camarade, il y avait la question du saut ; le saut - nous devions faire un saut.

Nous avons fait de cette question de faire un saut une question pointue, nous devions faire le saut. Les partis révisionnistes et les chefs révisionnistes ont toujours enseigné au peuple la question de la réforme, de la réforme, de la réforme.

Et la réforme c'est le réformisme, le révisionnisme. Mais la question d'effectuer des sauts est révolutionnaire. Nous condamnons toutes les cliques révisionnistes pour l'évolutionnarisme vulgaire.

Nous sommes révolutionnaires, et la révolution signifie rompre avec la continuité et la question d'effectuer des sauts.
Avant l'initiation, nous avions un grand débat quant à ces questions.

Lorsque nous avons changé notre terminologie de "marxisme-léninisme pensée Mao Zedong " en "marxisme-léninisme-maoïsme ", à ce moment là, nous avions un grand débat au sein du parti quant à cette question du sait

Et nous en sommes arrivés à une [juste] compréhension. Mao a dit dans la théorie de la connaissance qu'il y a une théorie en deux étapes - l'étape du sens ou de la perception et l'étape de la conclusion logique.

Nous avons essayé d'éduquer le parti tout entier selon la théorie de la connaissance de Mao, cette théorie en deux étapes.

Et cela nous a amené à une nouvelle compréhension du marxisme-léninisme-maoïsme.

Avant cela, il y avait une sorte de pensée que le marxisme-léninisme-maoïsme signifiait différentes sortes de réformes et de gradualismes.

Mais lorsque nous avons défini cette question de cette nouvelle manière, alors de nouveaux sentiments, une nouvelle confiance, une nouvelle situation se sont développés dans le parti.

Il y avait une lutte avec les tendances droitières à ce moment là, et nous nous sommes battus, principalement avec les droitiers, le révisionnisme.

Alors, lorsque l'élaboration du plan pour l'initiation fut effectué, il y a eu un autre débat quant aux questions de savoir comment commencer la guerre populaire.

Notre parti était tellement influencé par les tendances droitières. A ce moment là, nous avons participé indirectement aux élections, et nous avions 11 membres au parlement, 9 à la chambre basse et 2 à la chambre haute.

Et cela a également eu une grande influence à l'intérieur des cercles de notre parti - l'influence droitière était là.

Cela a été un grand challenge pour notre parti que la question de savoir comment effectuer le saut.

Le parti était tellement encerclé par le révisionnisme droitier, les tendances petites-bourgeoises, tout cela. Et beaucoup de gens travaillaient ouvertement.

Mais je tiens à préciser et à souligner le fait que le principal de notre direction ne travaillait pas publiquement à ce moment là. C'était nos membres du parlement qui étaient publics.

Nos membres du bureau politique et nos camarades, la plupart des chefs régionaux et ceux des districts ne travaillaient pas publiquement, ils étaient clandestins. Il y avait un travail parlementaire mais le mécanisme organisationnel de l'essentiel du parti était clandestin à ce moment là - vous devriez noter cela.

Ainsi, en faisant le plan pour l'initiation il y a eu un grand débat pour savoir comment en arriver à la lutte armée, parce que beaucoup de gens étaient influencés par la lutte "pacifique ", le travail au parlement, les sentiments droitiers et petits-bourgeois, et une longue tradition du mouvement réformiste.

Alors nous avons dit que le seul processus [correct] doit être un coup, un grand saut. Pas un changement graduel. Il y avait des réflexions de gens différents dans le parti, considérant que nous devrions d'abord faire quelques actions sans déclarer la guerre populaire, et voir ce qui se passe. Ce genre de pensées était partagée par certains.

Et nous avons discuté : est-ce que c'est le processus ? Et nous avons dit : non, ce n'est pas révolutionnaire, c'est également du réformisme.

C'est une approche conspirative. Et la lutte armée n'est pas une conspiration, la guerre populaire n'est pas une conspiration, elle est ouverte, ouverte politiquement et déclarée ouvertement.

La théorie conspirative ne marchera pas, et ce n'est également pas révolutionnaire. Faire une action et dire ensuite : " ok regardons ce qui va se passer ".

Puis faire une autre action… Non, rien ne marchera comme cela.

Il y en avait également qui pensait que nous pourrions commencer la lutte armée dans différentes parties du pays mais ne pas dire que nous avions commencé la guerre - et ensuite, plus tard, lorsque nous aurions vu comment la situation s'est développée, déclarer la guerre populaire. Il y avait également ce genre de logique.

Et certaines sections voulaient commencer la guerre mais entendaient continuer à participer au système parlementaire d'une manière indépendante. Ils argumentaient que certains devraient rester au parlement, que cela nous " aiderait ".

Plus tard, certaines de ces personnes n'ont pas exactement décadé mais ont pris leur retraite politique après l'initiation.

Ils avaient la logique suivante : " ok nous commençons la guerre populaire mais dans la région principale, au Rolpa, Rukum, quatre parlementaires doivent être au parlement parce que là nous pouvons gagner et cela renforcera la guerre populaire ". Il y avait également ce genre de logique.

Et nous avons condamné toute cette logique et dit, non, ce n'est pas le marxisme-léninisme-maoïsme.

RW : tout cela s'est passé vers 1995, l'année de l'initiation ?

Prachanda : oui, principalement 1995.

Nous avons condamné toute cette logique, affirmant que ce n'est pas le marxisme-léninisme-maoïsme, que ce n'est pas en accord avec la situation objective et subjective du Népal.

Notre point de vue était que nous devions déclarer librement et franchement que nous avions initié la guerre populaire et que c'est l'unique alternative laissée au peuple, pour son émancipation, pour son indépendance vis-à-vis des impérialistes brutaux.

Nous devions distribuer des tracts dans tout le pays. Nous devions coller des affiches dans tout le pays. Nous devions mener nos actions dans tout le pays. Et nous devions lancer un grand débat dans tout le pays.

Il y avait des doutes quant à cette ligne, certains pensaient que cela pouvait être " ultra-gauche " ou " aventuriste ".

Il y avait ce genre de doutes. Certaines personnes ne défendaient pas ouvertement cette ligne, mais doutaient seulement.

Quand il y a eu une discussion ils ont soutenu unanimement, mais il y avait ces réticences.
Un mois seulement après l'initiation il y a eu un grand débat national à propos de la question de la guerre populaire.

Chaque journal, chaque radio, chaque personne dans le pays demandait : qu'est-ce que la guerre populaire, qu'est-ce que ce parti maoïste ?

D'un coup, le parti était établi d'une manière grande et nationale, et était au centre des débats, après seulement un mois. Nous avons eu une réunion du bureau politique, et nous avons synthétisé cette expérience d'un mois.

C'était un processus de grande transformation pour l'ensemble du parti - pour l'ensemble de notre organisation des masses - parce que ce n'était pas un changement graduel.

C'est une grande question, celle du combat à mort, et tout était chamboulé.

Nous avons conclu que ce processus d'initiation a été correct, que le premier plan d'initiation du parti s'était révélé correct et avait réellement bouleversé le pays. Alors l'ennemi a commencé à massacrer le peuple.

Arrestations, viols, meurtres, pillages - ils ont commencé ce genre de choses.

Et alors nous avons préparé le second plan, immédiatement, un mois après l'initiation.

RW : avant que vous continuiez et parlez du second plan, en terme de lutte idéologique durant la période de préparation, quel rôle a joué le mouvement communiste international ?

Prachanda : oui, vraiment, je dois mentionner cela. Dans l'ensemble du processus de la préparation finale… il y a eu une participation internationale consistante.

Tout d'abord il y a eu le comité du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste. Cela a été un échange politique et idéologique important.

A partir du comité du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste, nous avons eu l'expérience du Parti Communiste du Pérou, la lutte entre deux lignes là-bas, et également l'expérience en Turquie, l'expérience en Iran, et l'expérience aux Philippines.

Nous avons appris de l'expérience au Bangladesh et de certaines expériences au Sri Lanka.

Et il y a eu une conférence sud-asiatique à laquelle nous avons participé. En même temps nous avons eu un débat direct et continu avec les communistes indiens, principalement ceux du [PC d'Inde (marxiste-léniniste) dont l'organe est :] People's War et du Maoist Communist Center.

Et cela nous a aidé d'une manière ou d'une autre. Cela nous a permis de comprendre l'ensemble du processus de la guerre populaire.

Donc, ce que je veux dire ici, c'est que l'une des choses spécifiques quant à la guerre populaire, l'initiation de notre guerre populaire, est qu'il y a eu une participation internationale dès le début.

Dès la période de la préparation, jusqu'à la période de l'initiation, et après l'initiation, il y a eu une participation internationale.

Aides, débats et discussions ont été présents. Cela a été d'un grand bénéfice pour nous. C'était une grande aide pour les masses népalaises.

Théoriquement nous sommes clairs, et nous insistons à chaque fois sur le fait que la révolution népalaise est une partie de la révolution mondiale et que l'armée populaire népalaise est un détachement de l'armée du prolétariat international pris dans son ensemble. Cela est clair.

Mais durant la préparation de l'initiation et après l'initiation nous avons compris cela, non pas dans un sens théorique, mais en voyant les implications concrètes de l'internationalisme prolétarien, quel rôle pratique cela jouait.

Nous l'avons dit au comité du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste : lorsque la guerre populaire au Népal fait face à des reculs, alors ce ne sera pas seulement une question pour le Parti Communiste du Népal (maoïste), mais pour le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste dans son ensemble.

Le groupe People's War, le Maoist Communist Center et d'autres participant à la lutte révolutionnaire en Inde ont participé à ce processus, d'une manière ou d'une autre.

Nous avons compris dès le début que nous devrions impliquer de plus en plus de parties des masses révolutionnaires dans le processus de notre initiation.

Donc, avant cela, nous avons effectué des investigations au Bihar en Inde.

Nous sommes partis en Andar Pradesh pour voir la lutte là-bas et nous avons tenté de comprendre la situation pratique et les problèmes pratiques de la lutte armée.

Principalement, le débat et la discussion dans le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste a été d'une grande aide.

Et après l'initiation, avec ce débat, ce grand résultat, des milliers et des milliers de gens des masses indiennes en sont arrivés à comprendre la guerre populaire au Népal.

Et notre guerre populaire a aussi aidé l'ensemble du mouvement international, parce qu'il y a eu un grand recul avec la guerre populaire au Pérou [avec l'arrestation du Président Gonzalo et l'émergence d'une ligne opportuniste de droite].

A la conférence sud asiatique, j'ai dit aux autres partis que dans cette situation la question d'aider le Pérou n'était pas seulement la question de soutenir les révolutionnaires, mais que nous avions à initier la guerre populaire dans nos propres pays. Cela serait d'une grande aide.

Et après l'initiation de la guerre populaire au Népal cela a été prouvé - nous avons aidé le PCP, nous avons aidé l'ensemble du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste, nous avons aidé l'ensemble des masses révolutionnaires.

Et nous avons également eu de l'aide de partout dans le monde.

Hier j'ai vu une note dans le journal de votre voyage et, vraiment, je suis très impressionné.

Vous avez noté qu'au Népal, en seulement trois années de guerre populaire, il y a eu de grandes avancées. Vous avez vu cela vous même, et l'avez noté.

Mais vous avez aussi observé que nous en arrivons à point extrêmement crucial. Les choses en sont juste maintenant à un point crucial. L'engagement de l'ennemi contre la guerre populaire va devenir bien plus grand, et cela va être un grand défi.

Nous avons été vraiment impressionné que vous ayez fait cette conclusion.

Vous avez compris que ce type de situation est en développement et le défi que cela représente.

Et vous avez également souligné dans vos notes que l'ensemble de la communauté internationale devrait être en alerte vis-à-vis de cette situation et devrait jouer un rôle en parlant de la guerre populaire, en la soutenant, et en s'opposant aux mouvements du gouvernement réactionnaire.

Nous pensons également, à partir de ce point de vue, que les relations internationales et l'importance de la guerre populaire au Népal se sont développées. Et je pense que votre passage est lui-même un point vital à ce sujet.

Ce n'est pas simplement un tour, " vous êtes venus et repartis". Cela a des implications historiques, et c'est une initiative bonne et très grande.

Votre voyage au Népal, votre projet au Népal, sera une grande initiative pour la révolution prolétarienne - pour s'opposer aux classes dominantes réactionnaires et pour aider les masses au Népal.

Cela sera une grande initiative. Ce n'est pas fini - il devra y avoir un processus continu avec cela maintenant.

De vos expériences nous en sommes arrivés à comprendre plus profondément que ce genre de projets devrait être fait d'une manière organisée, planifiée et continue.

Et maintenant le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste va apprendre de votre expérience au Népal après le succès de votre voyage. Il y a eu tellement d'épreuves physiques que vous avez passé, mais vous avez réussi.

Et donc, au niveau international, nous voulons également mentionner ce projet et tout ce voyage.

RW : en de nombreux endroits j'ai rencontré des camarades qui ont parlé du fait qu'avant l'initiation le parti était composé principalement d'intellectuels.

Et ils m'ont dit qu'il y a eu toute une série de lutte idéologique entre les intellectuels pour faire la rupture nécessaire, pour faire les sacrifices nécessaires, pour passer dans la clandestinité, quitter leurs emplois, etc., qu'il y a eu tout un trouble pour certains membres du parti par rapport aux sacrifices à faire.

Certaines personnes ont laissé tomber, d'autres sont allées de l'avant. D'autres sont allés de l'avant en venant des masses.

Pouvez-vous parler de ce processus de rupture et de changement dans la composition du parti, avec l'initiation et lors des trois dernières années de guerre populaire ?

Prachanda : c'est également une question très importante.

Oui, il y a eu un grand changement dans le parti, vraiment. Nous avons réalisé avant l'initiation qu'après le processus d'initiation il y aurait un grand processus de transformation au sein du parti.

Nous pensions qu'il était possible que 50% des membres de notre parti se détacheraient, mais que d'autres nouveaux camarades et de nouveaux gens viendraient et rejoindraient le parti.

Nous pensions que cela pouvait arriver.

Nous avons considéré cette question à l'avance et nous étions préparé mentalement à ce que cela arrive - parce qu'il y avait tellement de tendances petites-bourgeoises, trop d'intellectualisme.

Nous étions psychologiquement préparés à affronter la question de savoir comment soutenir la guerre populaire après ce grand saut.

Nous avons encore et encore discuté de cette question au Comité Central et dans les bureaux régionaux, et dans d'important comités de districts - comme quoi cela pourrait arriver et que nous aurions à être prêts.

Nous disions qu'un très grand problème pourrait arriver si nous ne nous préparions pas nous-mêmes.

Mais si nous étions psychologiquement prêts, alors cela ne nous ébranlerait pas.

C'était une question.

Et, dans le plan pour l'initiation, nous avions un plan militaire pour attaquer les forces de police, les propriétaires terriens, les laquais locaux dans les zones rurales.

Mais nous n'avions pas de grand plan pour le sabotage dans la capitale parce que, à ce moment-là, nous ne voulions pas créer une situation où d'un coup les intellectuels s'éloigneraient de nous.

Nous voulions gagner leur soutien. Nous ne voulions pas que les intellectuels de la capitale ou d'autres villes partent, cessent de travailler avec le parti.

Ce qui est arrivé par la suite est que, après un mois, nous avons vu un grand changement dans les zones rurales. De grands changements ont commencé dans les zones rurales. Certaines personnes se sont enfuies. D'autres nouvelles personnes se sont mises en avant.

De milliers et des milliers de gens passèrent dans la clandestinité.

A Rolpa, en un mois, des milliers de personnes sont passées dans la clandestinité. Non seulement des membres du parti mais aussi des gens parmi les masses passaient dans la clandestinité - à Rukum, Jarjakot, Salyan, Kalikot. C'est le genre de situation qui se développait.

Ainsi la processus de transformation était très grand dans ces zones rurales. Mais dans les villes où il y a plus d'intellectuels, le processus de transformation était très très lent, et dans certains cas, l'on peut dire, insatisfaisant.

Nous n'étions pas contents des réactions petites-bourgeoises. Un exemple est ce qui est arrivé juste après l'initiation de la guerre populaire, dans la capitale, Katmandou. Il y avait la répression du gouvernement partout.

Des artistes, des journalistes, des professeurs, des enseignants - partout, ceux qui avaient de la sympathie pour nous ont été arrêté.

A ce moment-là, qu'arriva-t-il dans la ville ? Là où nous allions on nous disait : " vous ne devriez pas rester là, la police va venir ".

Il y avait tellement de terreur parmi les différentes couches d'intellectuels. Pendant longtemps ils avaient été avec nous.

Mais à partir de là, ils avaient tellement peur, ils étaient tellement terrorisés, que même pour nous, ils n'osaient pas lutter, nous abriter. Ainsi pendant 22 jours nous avons dû continuellement bouger dans la ville.

Mais lorsque nous avons eu le rapport de Rolpa, Rukum, Gorkha, Sindhuli, Kabre, les zones rurales, il y a eu la confiance chez les masses et les cadres révolutionnaires.

Le sentiment était alors : " oui nous avons fait du bon travail. Maintenant une nouvelle vie a commencé ". Il y avait un nouveau soutien de masse et une révolte de masse dans les zones rurales.

Mais dans les villes, les intellectuels vacillaient beaucoup trop, ils étaient tellement terrorisés, et nous avons vu que c'était une question de classe. Quelle classe pense maintenant que nous prenons notre destinée en main ? Telle était la situation, et ainsi nous avions à lancer une lutte idéologique dans les villes.

RW : et les forces prolétariennes dans le villes ?

Prachanda : les prolétaires étaient en meilleure position. Durant cette période difficile, ils ont été les forces urbaines - travailleurs, ouvriers - qui ont aidé le parti, qui ont sauvé le parti.

Les ouvriers de notre Organisation Syndicale pannépalaise nous ont beaucoup aidé. Ils n'étaient pas terrorisés. Leur sentiment était : " ok, c'est quelque chose de nouveau ".

Et un autre élément important a été les femmes - cela est très, très important. Les femmes de Katmandou ont été l'autre force qui, en cette période de terreur, nous ont soutenu et nous ont protégé, nous ont aidé à bouger.

Les femmes nous ont aidé à ce moment-là. Il y a également eu l'aide d'étudiants, parce que nous avions une bonne organisation parmi les étudiants dans tout le pays.

A ce moment les étudiants n'avaient pas également pas peur. Ils se sentaient éclairés, pensaient qu'il s'agissait d'une nouvelle chose pour le Népal, faite par notre parti. Il y avait alors ce genre de réflexions parmi les étudiants.

Ainsi il s'agit principalement d'ouvriers, de femmes et d'étudiants qui nous ont aidé.

Mais les intellectuels, qui avaient beaucoup de connaissance de la philosophie, de la théorie, etc., ces gens vacillaient tellement qu'ils ne pouvaient pas vraiment nous aider.

Et au bout d'une année, nous avons vu davantage encore de changement dans les zones rurales.

Des milliers et des milliers d'organisations de masses furent construites, l'influence du parti s'élargit à de nouvelles zones et une nouvelle organisation s'est développée.

Certains révolutionnaires petits-bourgeois s'enfuirent en Inde, dans des pays arabes ou ailleurs à cause de la terreur. D'autres restèrent solidement.

Et en même temps, dans les zones rurales, il y avait une révolte de masse de la part des femmes, et des milliers de cadres à plein temps arrivèrent. Des gens que nous ne connaissions pas auparavant devinrent des héros, vraiment.

Rien qu'une année après l'initiation, pendant un mois, j'étais au Rolpa, au Rukum, au Jarjakot, au Salyan, et j'ai vu, et notre parti a vu, qu'une nouvelle chose s'était développée.

Les gens ne combattaient pas seulement la police ou les réactionnaires, les agents féodaux, mais ils étaient également en train de briser les chaînes féodales de l'exploitation et de l'oppression, toute une révolution culturelle se développait dans le peuple.

Les questions du mariage, les questions de l'amour, les questions de la famille, les questions des rapports entre les gens. Toutes ces choses furent mis sens dessus dessous et changèrent dans les zones rurales.

Nous arrivions à comprendre la vision de Mao comme quoi les zones rurales arriérées seraient la base de la révolution - la base réelle de la révolution.

Nous avons vu au Rolpa, au Rukum, au Gorkha, au Sindhuli, au Kabre, les graines de la nouvelle société, les exemples pour inspirer le peuple. Partout dans le pays, dans la révolution, les masses étaient fiers de leur Rolpa et de leur Rukum.

Et nous voyons, à la base, au niveau des masses, que le processus de transformation n'est pas seulement dans le parti et les organisations de masses, mais dans les masses comme un tout. Les chaînes de l'oppression féodale, principalement les rapports féodaux, sont brisées.

RW : oui, particulièrement entre les hommes et les femmes.

Prachanda : oui, les hommes et les femmes, réellement. Et notre parti a tenté de développer la direction de camarades féminins.

Il y a eu des problèmes en le faisant, mais maintenant nous sommes en train de résoudre le problème, pas à pas. Des masses de femmes sont allées de l'avant comme combattantes révolutionnaire.

Et nous avons le plan depuis le début comme quoi les camarades hommes et femmes devraient être dans les mêmes unités, les mêmes sections, et que tout devrait être fait en ce sens. Nous avons travaillé à former de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes - de nouveaux rapports, une nouvelle société, de nouvelles choses.

Dans la région occidentale, depuis le début, nous n'avons pas eu de grands problèmes ni de reculs dans ce processus de transformation, parce que des milliers et des milliers de femmes voyaient qu'il y avait là une autre vie.

Mais dans la région centrale et la région orientale telle n'était pas la situation. Il y avait plus d'intellectuels dans le parti là-bas. Si le parti menait une offensive et était victorieux ces forces diraient " oui, nous devons faire cela ".

Mais s'il y avait un type de recul et de répression ils diraient : " oh non cela ne marchera pas ".

Il y avait ce genre de chose dans la région du centre.

Là beaucoup de gens dans le parti étaient des intellectuels petits-bourgeois, d'origine de classe petite-bourgeoise.

Et il y a une situation économique plus prenante - chaque famille a un peu de terre, de l'électricité, des routes, des facilités pour l'éducation.

Toutes ces choses sont là-bas et beaucoup de membres du parti sont de cette classe, aussi y a-t-il des tendances vacillantes.

Mais en ce processus de trois années nous avons également vu la transformation en cours dans la région centrale - une transformation culturelle, une transformation idéologique.

Et certains des meilleurs chefs et des meilleurs cadres viennent de cette région.

C'est une importante chose que nous voyons, de nouvelles choses qui arrivent - certains des gens âgés et petits-bourgeois qui reculent, et les nouvelles masses qui avancent.

De nouveaux cadres arrivent, et nous faisons de notre mieux pour donner des responsabilités à ces nouveaux camarades.

C'est la politique de notre parti. Nous avons essayé de le faire, non seulement au niveau régional et des districts, mais même au niveau du Comité Central.

Rien que dans la dernière réunion, la quatrième, la quatrième réunion historique, nous avons placé au Comité Central sept nouveaux camarades du niveau régional où l'on se bat vraiment à la base. Vous voyez qui est le camarade que vous avez rencontré à Rolpa, responsable du détachement ?

RW : oui, c'est un très bon camarade !

Prachanda : ce camarade est justement devenu un membre du Comité Central à la quatrième réunion.

Il y a tellement de camarades comme lui. Si nous ne faisions pas cela certains des camarades plus âgés seraient à la traîne.

Ce pour faire face à la situation, une situation se développant rapidement avec des questions relevant du défi ; il y a des camarades qui ne peuvent pas changer tout leur mode de pensée. Ils pensent juste comme avant, et c'est le problème.

Ainsi notre parti est-il en train d'essayer de donner des responsabilités à ces camarades qui ont été forgé dans le processus des trois années de guerre populaire, et cela aide le parti à rester dans la juste voie.

La direction ne doit pas être dans les mains de tendances opportunistes, quelles qu'elle soient.

Nous sommes très sérieux quant au développement d'une nouvelle direction, et les forces que nous développons sont très enthousiastes, très bonnes.

Nous voyons qu'il y a eu plus de 700 morts. Mais des milliers se sont mis en avant. Ce processus ne nous affaiblit pas, mais nous aide.

Lorsque les classes dominantes ont commencé leur opération répressive " Kilo Sera 2 ", nous pensions que cela serait une grande chose pour notre parti, qu'il pourrait y avoir des vacillations dans nos rangs.

Mais en fin de compte les résultats objectifs ont été qu'il n'y a pas eu tant de vacillation. Dans certaines régions il y a eu quelques vacillations.

Mais dans la région occidentale, il n'y a globalement pas eu de vacillation.

Il y avait même plus de confiance, plus de détermination, plus de confiance pour lutter.

Au niveau des masses, il n'y a pas de vacillation, ainsi nous sommes fiers des masses dans les rangs de notre parti. Dans la région centrale il y a quelque vacillation, il y a quelques tendances qui vacillent.

Et dans la capitale, comme vous le savez déjà, il y a une vacillation parmi quelques intellectuels. Mais il y a également de bons camarades parmi les ouvriers, les femmes et les étudiants. De très bons camarades, plein d'abnégation et de détermination.

Durant les trois années de guerre populaire, il y a également eu d'autres types de changements. Les peuples des nationalités opprimés - les peuples mongols, les peuples du Terai et les peuples de l'extrême-orient [du pays] - ont éprouvé beaucoup de sympathie avec la guerre populaire.

Ils sentaient que c'était l'unique alternative pour eux.

Et c'est aussi une grande victoire pour la guerre populaire et une grande défaite pour la classe dominante réactionnaire. Ainsi beaucoup de nouvelles organisations se sont développées parmi les nationalités opprimés après l'initiation, comme le Front National de Libération Magar.

RW : oui, j'ai rencontré les chefs de cette organisation.

Prachanda : il y a le Front National de Libération Taru dans la région du Terai, le Front National de Libération Terai, et les Rai, et les Limbu, et les Tamang.

Et dans la capitale il y a le Newar Khala, une organisation de masse de cette nationalité qui a tellement de programmes, comme le blocage réussi de Katmandou récemment. Cette nouvelle organisation, générée par le parti, mène le plan du parti.

Ce processus est quelque chose de nouveau qui est né. La classe dominante réactionnaire sent que si ces forces grandissent et se développent ce serait dangereux pour l'ensemble du système.

C'est pourquoi ils tentent de manipuler le peuple. Ils tentent de faire des concessions aux nationalités opprimés et disent qu'ils vont faire plein de choses pour elles.

Et ils disent des maoïstes : " ils veulent diviser le pays. Ils veulent diviser les Mongols. Ils veulent diviser les Rai, les Limbu, les Terai.

Partout ils veulent diviser les gens. Ce sont des séparatistes et ils veulent casser le pays. Ne les suivez pas ".

C'est le genre de propagande qu'ils tentent de propager. Mais les gens ne les croient pas. Le peuple sait que nous prenons au sérieux la question nationale, et que, d'un point de vue politique et d'un point de vie historique et national, c'est l'unique solution pour les nationalités opprimés.

Personne, pas même les gens des classes dominantes des nationalités opprimés, n'osent s'opposer à notre politique. Ils sont forcés de dire que cette politique des maoïstes est correct.

Il y a beaucoup de membres du parlement qui disent : " oui, la politique des maoïstes est correcte pour les nationalités opprimés ".

Il y a eu également beaucoup de problèmes parce que nous n'avons pas été capables de développer une grande vague de luttes des nationalités opprimés. Mais de nouvelles choses sont nées parmi les nationalités opprimées, et c'est une très grande force pour soutenir la guerre populaire et rendre victorieuse celle-ci.

RW : la guerre populaire c'est la destruction de l'ennemi. Mais c'est aussi une construction.

L'un des plus grands achèvements de ces trois années de guerre populaire est la manière avec laquelle les masses commencent à exercer le pouvoir populaire.

Une contribution importante de Mao est sa démonstration comme quoi le processus de guerre populaire prolongée est également un processus d'entraînement des masses à conduire la société d'une nouvelle manière, de formation des masses idéologiquement et politiquement selon le marxisme-léninisme-maoïsme, de commencement pour elles à se changer elles-mêmes et la société - avant même la prise du pouvoir dans la totalité du pays et la construction d'une nouvelle société socialiste.

Pouvez-vous parler de l'importance d'exercer le pouvoir populaire à ce niveau de la révolution ?

Prachanda : nous avons mentionné dans notre document d'initiation que l'initiation de la guerre populaire signifie non seulement écraser l'ennemi, mais aussi se changer soi-même, changer les masses.

Le grand Karl Marx a affirmé que la classe ouvrière aurait à passer 15, 20, 50 ans de guerre civile, non seulement pour écraser l'ennemi mais aussi pour se changer elle-même, pour être à niveau pour exercer le nouveau pouvoir.

Nous avons cité cela, et nous avons cité Lénine à propos du processus de guerre civile qui viendrait avec une situation extrêmement complexe.

Et en faisant face à cette situation, le parti serait capable d'exercer le pouvoir.

Nous avons également cité le camarade Mao quant au fait que la guerre populaire ne consiste pas seulement à écraser l'ennemi, mais aussi à nettoyer sa propre crasse et toutes nos mauvaises habitudes, les mauvaises choses que nous avons eu pour une longue période.

Nettoyer tout cela est aussi un des objectifs de la guerre populaire.

Dès le départ nous avons tenté de faire passer ce message aux masses, et nous avons tenté d'entraîner tout le parti dans cette direction.

Dans notre pays où la classe prolétaire est très faible numériquement, les ouvriers qui travaillent dans les usines de Katmandou ou d'autres villes n'ont également pas totalement rompu avec leurs mauvaises habitudes.

C'est pourquoi dans ce type de pays, la guerre populaire prolongée c'est aussi la formation d'un nouveau type de parti révolutionnaire.

C'est une leçon de l'histoire. Sans ce type de lutte révolutionnaire, un parti communiste révolutionnaire n'est pas possible dans ces types de pays. Nous entraînons les masses à cette réflexion.

Nous avons dit qu'en fin de compte le processus de destruction n'est pas qu'un processus de destruction, c'est aussi un processus de construction.

Sans destruction il ne peut pas y avoir de construction, comme l'ont dit Mao et d'autres grands chefs. Mais qu'est-ce qui est le principal ?

Après l'initiation nous avons dit que pour nous la destruction était le principal, la construction le secondaire. Et quand nous avons atteint le point de prendre et d'exercer le pouvoir réel, à partir de là, les questions de la construction seront l'aspect principal.

Mais même là il y aurait le fait comme quoi sans destruction il n'y aura aucune construction.

Comme Mao l'a dit, les gens pensent d'habitude qu'une guerre est très destructrice, que la guerre est quelque chose de très mal, que cela tue des gens, toutes ces sortes de choses. Mais les gens ne comprennent pas que la guerre est un grand processus de construction.

La guerre a toujours eu un effet de purification. Nous essayons d'essayer d'enseigner cela au peuple, de former les cadres à cela.

Et nous devons également apprendre la guerre en faisant la guerre. La tendance instinctive des intellectuels est que nous avons à apprendre toutes ces choses, que nous devrions tout lire, et alors que nous pourrons faire la guerre.

Ces types de tendances ont été de droite depuis le début. Mais nous avons dit, non, cela n'est pas le maoïsme.

Cela n'est pas le marxisme. Cela n'est pas le matérialisme dialectique. Cela ne s'accorde pas à la théorie scientifique de la connaissance. La question est d'apprendre la guerre par la guerre.

Le camarade Mao a dit : nous n'avions rien au début. Nous avions seulement du millet.

Nous avons mangé du millet.

Nous avions quelques armes, et nous nous sommes battus, et nous avons capturé toutes ces choses. Nous n'étions pas clair à ce moment là quant à quoi frapper et quoi ne pas frapper. Nous sommes partis frapper et nous avons appris comment frapper.

Nous essayons également de faire les choses en ce sens.
Vous avez posé la question du pouvoir populaire. Dans la région occidentale, dans certains districts, il y a eu une certaine forme de vide politique juste après une année.

Mais à ce moment nous n'étions pas en position d'exercer le pouvoir d'une manière organisée. Nous n'avions pas assez défait la police. C'était le genre de situation qu'il y avait.

RW : vous voulez dire que les responsables des comités de développement du village (VDC) du gouvernement étaient partis, mais que la police était toujours forte ?

Prachanda : oui, la police était forte.

Il n'y avait plus de responsables des VDC qui travaillaient là-bas, mais la police était toujours présente.

C'était le genre particulier de situation là-bas au bout d'une année après l'initiation. Et après deux années, la question du pouvoir est devenue une question brûlante.

Elle arrivait dans l'agenda, et nous avons commencé à étudier la question de l'exercice du pouvoir. Nous avons discuté pour savoir à quel niveau nous pouvions organiser le processus de l'exercice du pouvoir populaire.

Et après deux ans, deux ans et demi, nous avons vu que, dans la région principale, principalement la région occidentale, la police locale était globalement défaite.

Ils arrêtaient d'aller dans les villages des zones rurales. Ils avaient tellement peur qu'ils n'entraient pas dans les villages. Ils restaient dans leurs commissariats, à leur poste. Et même là parfois la police dormait hors de ses locaux.

Ils mettaient une bougie ou une lanterne à l'intérieur, et quand les maoïstes attaquaient le poste de police, ils étaient dehors dans la forêt. Ce genre de choses est arrivé. Cela a été le genre de situation pour des centaines et des centaines de postes de police.

Nos unités réussirent à mener d'importantes escarmouches, d'importants raids, et à terroriser la police. Ils ont souffert d'un genre de défaite.

A partir de là il n'y avait plus dans les villages ni de Comités de Développement des Villages, ni la police.

Mais, au début, notre exercice du pouvoir n'était pas bien planifiée, cela n'avait pas été bien défini. Cela n'a pas été bien fait.

Dans le processus de deux années de guerre populaire, dans la région principale, un vide politique s'est développé, et nos camarades auraient dû commencer à exercer le pouvoir. Ils ne comprenaient pas ce qu'ils faisaient, que nous avions besoin d'exercer le pouvoir.

Mais ils devaient tout faire. Les masses le demandaient. Parmi les masses il y avait des querelles qui devaient être mis de côté. Il y avait les questions du mariage, de l'éducation, et la terre - principalement les questions de la terre - qui devaient être résolues. Toutes ces choses.

A un moment, quand nous étions en train d'étudier ce qui se passait sur le champ, nous avons découvert qu'un chef d'une unité devenait un chef politique.

Le pouvoir était dans les mains du chef d'unité, pas du secrétaire du comité du district (SDC) du parti ou le secrétaire de la zone. Les gens voyaient en le commandant de l'unité le chef politique. Le commandant de l'unité donnerait des discours et attaquerait les agents ruraux.

Et tout ce qu'il faisait, il le faisait en uniforme. Alors les gens pensaient, c'est notre chef. Le pouvoir était dans les mains d'un commandant d'unité. C'était là la situation pour trois ou quatre mois, c'était la situation. Et nous avons dit que ce n'était pas une bonne chose.

Les armes devraient être commandés par le parti. C'est l'opinion maoïste. Ce n'était pas une erreur des commandants d'unité. Ce n'était pas bien préparé, cela n'avait pas été bien discuté. Cela a été spontané. Alors le centre du parti discuta de toutes ces questions, et les questions du front uni et les questions du pouvoir furent définies.

RW : cela après deux années d'initiation ?

Prachanda : deux ans et demi. l'exercice spontané du pouvoir a commencé après juste deux années.

Pendant quatre mois, non seulement dans la région occidentale, mais également dans certaines zones de la région orientale et certaines zones rurales de la région centrale, il y avait un vide politique : et en fait le pouvoir était administré par les gens eux-mêmes, par l'armée populaire, par les unités. Tel était la situation.

RW : ainsi le plan organisé par le parti et la stratégie d'exercer le pouvoir populaire sont plutôt nouveaux ?

Prachanda : nous pouvons dire que cela a réellement commencé après la quatrième réunion, lorsque nous avons dit : maintenant nous allons aller de l'avant, sur la voie de la formation de bases d'appui. Alors nous avions un plan bien défini de l'exercice du pouvoir populaire.

RW : donc cela s'est passé à la fin 1998 ?

Prachanda : oui. Mais avant, il y avait déjà une vision générale - comme quoi nous devions avoir un front uni, que nous avions à exercer le pouvoir. Il y avait une vision générale, mais pas un plan complet.

Et avant que notre plan soit terminé, le pouvoir réel était entre nos mains. Vous avez déjà entendu que nos camarades taxent les businessmen locaux, qu'il y a des cours de justice populaire, la distribution des terres, et les fermes collectives, le divorce, le mariage - toutes ces choses que le peuple fait. Nous avons vu ce nouveau pouvoir populaire se développer.

Et tout d'abord nous n'avons pas enseigné aux masses - elles nous ont enseigné comment commencer à exercer le pouvoir. Cela ne peut pas être dicté d'en haut.

Les masses elles-mêmes, par le processus de guerre populaire, par le processus de la lutte, ont donné naissance aux formes du nouveau pouvoir populaire. Elles ont commencé à faire toutes ces choses.

Juste après avoir commencé le processus entier, nous avons complété les plans pour faire un front uni, organiser les réunions des masses, avoir les masses élisant des chefs pour exercer le pouvoir populaire. Nous disions que cela devait fonctionner selon le principe de trois en un [former un groupe de direction combinant parti, armée, et front uni des masses].

Nous avons vu que nous devions de plus en plus étudier le processus de formation des comités révolutionnaires, comme ce qui s'est passé lors de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine - que nous devions apprendre comment ils ont formé des comités révolutionnaires et appliqué le principe de trois en un.

Nous sommes maintenant dans le processus préliminaire ; ce n'est pas encore affiné. Mais nous voyons de grandes choses arriver. Et maintenant ce que le peuple pense, quand il voit tout le processus, c'est qu'il a le pouvoir, et il en est fier.

Les masses sentent que nous avons le pouvoir maintenant : nous pouvons distribuer les terres, nous avons les fermes collectives, nous pouvons divorcer, nous pouvons améliorer les choses, nous pouvons briser toutes les chaînes, nous pouvons taxer les businessmen, nous pouvons gérer les forêts. Nous pouvons faire toutes ces choses nous-mêmes - sans les VDC, sans la police.

Notre front uni est là, notre unité est là. Les gens le sentent vraiment. Et ce grand sentiment est la base pour la victoire de la guerre populaire. C'est la base que l'ennemi ne peut pas écraser.

Ce grand sentiment parmi les masses existe principalement dans la région occidentale. Dans les régions centrale et orientale, ce sentiment se développe aussi.

Mais la situation est très favorable pour les ennemis dans ces régions. Le gouvernement peut aller partout et écraser le peuple. C'est pourquoi il y a des problèmes.

Mais même dans ces zones le peuple comprend progressivement l'importance du pouvoir.

Dans la région centrale, beaucoup d'hectares de terre ont été pris, et des milliers et des milliers de quintaux de grains ont été pris et distribués aux masses. Et ce processus fait que le peuple pense : " oui, c'est à nous ".

RW : en termes d'exercice du pouvoir, une des choses moins développées est la réforme agraire, et plus de formes collectives de production parmi les paysans. Pour les révolutions dans les pays opprimés, la question agraire et les rapports de production dans les campagnes sont la clef essentielle pour révolutionnariser la société.

Quelle est la vision du parti quant au processus de révolutionnarisation des rapports de production dans les campagnes, comme élément du processus de construction de la guerre populaire ?

Prachanda : nous disons que cette nouvelle révolution démocratique est une révolution agraire. Fondamentalement, le caractère de cette révolution est agraire. Mais la situation au Népal n'est pas classique, pas traditionnelle. Dans la région du Terai nous trouvons des propriétaires avec quelque terres, et nous nous sommes emparés des terres et les avons distribué aux paysans pauvres.

Mais dans les régions entièrement montagneuses, cela n'est pas le cas. Il y a de petites possessions, et pas de grands propriétaires terriens.

C'est pourquoi notre plan principal dans ces zones est de développer les fermes collectives et de révolutionnariser les rapports de production.

Le principal problème là-bas est de savoir comment développer la production, comment l'augmenter. Les pauvres petites parcelles de terre des paysans ont une faible productivité.

Avec les fermes collectives cela sera plus scientifique et des choses peuvent être faites pour augmenter la production. Mais nous ne pouvons pas organiser immédiatement les fermes collectives.

En terme de propriétés terriennes, cela sera une propriété privée du paysan. Mais le processus de production sera collectif. Nous sommes en train d'essayer cela dans nos régions. Et les fermes collectives ont globalement déjà été établies dans nos régions développées.

RW : pouvez-vous plus nous expliquer cela, comment cela marche ?

Prachanda : dans les zones développées nous avions déjà tracé un plan et commencé, dans certains endroits de Rolpa, de Rukum, de Jarjakot, de Salyan - moins à Salyan, principalemen au Rolpa, Rukum et Jarjakot.

Tout d'abord nous avons pris la terre de propriétaires terriens vivant à Katmandou, d'usuriers, de ce genre de personnes. Nous avons pris la terre mais ne l'avons pas distribué aux paysans.

Parce que distribuer cette terre parcelle par parcelle ne marcherait pas, ne les aiderait pas à élever leur niveau de vie, leur niveau économique.

Donc la première chose ce sont les types de terres pris aux propriétaires terriens, usuriers, etc. La seconde chose ce sont les autres terres, comme les terres publiques qui peuvent être cultivées.

Et la troisième chose les terres possédées par les paysans. Ce sont les trois types de terres qu'il y a ici. Lorsque nous prenons la terre des propriétaires terriens, cette terre devient une propriété collective - il y aura une propriété collective de masse.

Cette terre sera la terre des masses, et tous les paysans travailleront sur cette terre, et les récoltes de cette terre seront la propriété de la localité.

RW : comment est ce que le grain de cette terre est distribué ? Cela devient-il des fonds collectifs ?

Prachanda : oui, des fonds collectifs. Ce que rapporte la terre sera les fonds collectifs des masses, utilisés pour les besoins des masses de cette localité. Jusque-là nous avons fait comme cela.

Et la terre en jachère, ou la terre publique qui peut être cultivé, nous sommes en train d'essayer de cultiver cette terre collectivement et de distribuer collectivement aux masses la production.

La distribution collective signifie que cela est fait selon le pourcentage du travail fait, du nombre d'heures travaillées. La production distribuée est proportionnelle aux heures de travail de telle ou telle famille.

RW : ainsi il y a une sorte de système de comptabilité où les paysans travaillent et ont tant de revenus pour tant d'heures travaillées, et ils ont les grains en fonction.

Prachanda : oui c'est exactement cela. Là où notre base de masse est forte et les masses sont dans le processus de lutte, nous commençons à avoir les fermes collectives. La propriété est privée, mais le travail collectif. Cela a déjà montré son efficacité dans le processus de production.

RW : cela serait comme si 5 fermiers avaient chacun un carré de terre, mais qu'ils travailleraient tous ensemble ces terres. Est-ce qu'ils collectiviseront les outils, les instruments, les animaux ?

Prachanda : les animaux, les outils, la terre - selon les outils qu'ils utilisent et le nombre d'heures de travail, en pourcentage, selon le pourcentage de travail fait, ils divisent la production.

De cette manière nous pouvons élever la quantité de la production. C'est ce que nous faisons dans les zones développées.

Mais dans les zones moins développées, dans la région orientale et la région centrale, nous essayons un système qui n'est pas exactement un échange de force du travail.

Durant la dernière saison des pluies, s'il y a moins de bras ou si la force de travail n'est pas suffisante qu'il n'est pas possible de bien cultiver, alors d'autres familles paysannes sont là pour aider. Ma famille va vous aider, et votre famille va m'aider, et nous allons vous aider. Il y a ce genre de tradition dans les familles paysannes.

RW : ce genre de traditions existait déjà ?

Prachanda : il y avait ce genre de traditions, et maintenant nous développons cette tradition de manière organisée.

Et d'une manière plus organisée nous commençons à développer différentes formes de fermes collectives - et des mesures menant aux fermes collectives.

Nous essayons d'organiser le système du travail des fermes, et cela permet les paysans d'achever une sorte d'unité entre eux. Ils font toutes ces choses pour briser les chaînes du féodalisme, et c'est une école de la transformation culturelle.

Quand toute nos familles travaillent ensemble, chantent ensemble, dansent ensemble - alors cela est plus communautaire.

La Guerre Populaire est un concept valable partout, universellement. Les révolutionnaires doivent mener la Guerre Populaire, mais en l'appliquant selon les conditions concrètes du pays.

C'est le Président Gonzalo qui a ouvert théoriquement la voie, et également pratiquement avec le développement de la Guerre Populaire au Pérou.

Au Terai, jusque là, nous n'avons pas eu une forte base de masse, il n'y a pas de forte lutte. Il y a une action de guérilla en cours dans le Terai, dans les plaines.

Il y a de grands propriétaires terriens, il y a la terre du roi, la terre de la reine - énormément de grandes terres bourgeoises. Jusque là ce que nous avons fait est prendre le grain des propriétaires terriens.

Nous ne sommes pas encore capables de prendre la terre au Terai. Mais nous sommes capables de prendre le grain stocké. Cela permet aux masses de comprendre l'importance de la guerre populaire, l'importance de la révolution.

Progressivement ils arrivent pour voir : " oui, c'est à nous ". Et ainsi nous développons également une base de masse dans la région du Terai.

RW : une question très importante que je voulais poser concerne le quatrième plan stratégique de développement des bases d'appui. Pouvez-vous nous dire où en est ce processus et ce qu'il reste à faire dans la prochaine période pour mener le plan à bien.

Prachanda : c'est également une question très importante. Notre quatrième congrès a esquissé, expliqué les questions de la construction des bases d'appui.

Pour faire ce plan de développement des bases d'appui, nous avons tout d'abord tenté de clarifier la conception théorique des bases d'appuis, parce qu'en Asie du sud il y a la tendance à un économisme armé, un type d'économisme armé, de réformisme, de réformisme armé.

RW : la lutte armée sans perspective ?

Prachanda : sans perspective, exactement.

La ligne existe en Inde. Certains groupes disent : zone de guérilla, zone de guérilla, zone de guérilla. Ils disent zone de guérilla depuis 25 ans, mais il n'y a aucune perspective, aucune perspective concrète.

Et nous connaissions cette question de la zone de guérilla, et la base d'appui allait devenir une question très sérieuse.

Nous avons essayé de clarifier ces questions parce que les bases d'appui sont une question stratégique pour la guerre populaire prolongée.

Sans l'objectif de bases d'appui, il n'y a pas de guerre populaire réelle. Sans vision stratégique des bases d'appui il n'est pas question de guerre populaire prolongée.

La question des zones de guérilla n'est pas une question stratégique.

C'est une question de transition - des masses non armées aux masses armées, et des masses sans pouvoir aux masses avec le pouvoir. Pour passer ce processus, la zone de guérilla n'est que transitoire. Ce n'est pas une question stratégique.

C'est pourquoi nous ne devons pas confondre les termes de zone de guérilla et de base d'appui. Notre principale stratégie est de conquérir, de capturer, de construire des bases d'appui. Nous avons tout d'abord clarifié cela dans notre plan.

Ensuite, dans notre situation concrète, maintenant, nous n'allons pas établir de bases d'appui. Nous ne sommes pas en position de le faire. Nous n'allons pas établir de bases d'appui dans ce quatrième plan. Nous concentrons et centralisons nos efforts pour construire des bases d'appui. Nous sommes dans le processus de construction des bases d'appui. Nous avons à comprendre cela.

RW : est-ce que la distinction est celle entre bases d'appui temporaires et permanentes ?

Prachanda : pas exactement. Nous n'utilisons pas les termes de temporaire et de permanent.

Nous sommes dans le processus de construction des bases d'appui. Nous ne disons pas " bases d'appui temporaire ". Cela pourra être temporaire ou permanent. Cela dépend des forces du pouvoir populaire - ce qui signifie notre capacité militaire.

RW : qu'est-ce qui caractérisera une base d'appui ? Vous dites que vous êtes maintenant dans le processus de formation des bases d'appui.

Mais quel sera le critère pour dire: maintenant nous avons établi une base d'appui ?

Prachanda : le critère pour avoir une base d'appui, du point de vue militaire, est d'avoir à ce moment là défait la capacité militaire de l'ennemi.

Jusque là et tant que nous n'avons pas défait une unité de militaires envoyée contre nous, la force armée de l'ennemi, nous ne pouvons pas dire que nous avons une base d'appui stable. Nous pouvons avoir une sorte de forme préliminaire de base d'appui. Mais nous ne pouvons pas dire qu'elle est stable.

Nous voyons que Mao n'a pas utilisé le terme de permanent ou temporaire.

Ce dont il a parlé, c'est de base d'appui stable, de base d'appui instable, de forme préliminaire de base d'appui. Ce sont trois types de formes que Mao a expérimenté et synthétisé.

C'est pourquoi pour avoir une base d'appui stable nous avons à écraser la force armée de l'ennemi.
Mais avant cela nous ne pouvons faire que des bases d'appui instables.

Nous combattons les forces armées et, pour le moment, elles ne viennent pas. C'est pourquoi nous avons une base d'appui. Mais quand elles viendront, alors elles vont se battre, et cela sera instable.

Et alors cela ne sera peut-être qu'une zone de guérilla. Alors encore nous capturerons, battrons l'ennemi et cela sera stable. Il y aura ce processus de stable et d'instable. Nous voyons les choses comme cela.

Et vous avez demandé quant au critère pour avoir une base d'appui. Une chose est une forte organisation du parti. Il doit y avoir une direction forte, consistante.

Une seconde chose est une bonne base de masse, comme Mao l'a dit. Une bonne base de masse de masses en lutte.

Et avoir une bonne base de masse signifie non seulement des sympathisants, mais aussi des masses elles-mêmes entraînées à la guerre.

C'est la signification d'une bonne base de masse. Et vous avez besoin d'une forte armée populaire. J

usque là nous n'avons pas dit : " armée populaire ", " armée populaire de libération " - nous n'avons pas utilisé ce genre de termes. Nous avons utilisé ceux d'unité de guérilla, de section de guérilla.

RW : vous n'utilisez donc pas le terme d'" armée populaire "?

Prachanda : nous utilisons le terme d'armée populaire au sens théorique. Mais comme nom formel de l'armée, nous ne disons pas " c'est notre APL, Armée Populaire de Libération ". Nous avons une armée populaire, mais nous n'avons pas appelé cette forme d'organisation l'" Armée Populaire de Libération ".

Maintenant nous avons le but de former des compagnies. Nous sommes organisés maintenant jusqu'à la section. Et vous avez vu la force armée spéciale - c'est un pas en avant dans la formation des compagnies.

Lorsque nous soutiendrons la formation d'une compagnie, où il y a deux, trois, quatre compagnies, et, en même temps, des sections ailleurs - alors nous dirons que c'est notre puissante armée.

Notre vision est que lorsque nous avons des compagnies, alors nous aurons une armée puissante pour avoir une base d'appui. C'est également l'autre critère.

Et pour établir des bases d'appuis est nécessaire une situation nationale et une situation internationale particulières. Cela signifie de grandes contradictions dans les classes dominantes - elles se battent entre elles - et il y a également une situation instable avec l'Inde.

Parce que pour nous, au final, nous aurons à nous battre avec l'armée indienne. C'est la situation. C'est pourquoi nous devons prendre en compte l'armée indienne. Lorsque l'armée indienne viendra avec ses milliers et milliers de soldats, cela sera une grande chose. Mais nous n'avons pas peur de l'armée indienne parce, en un sens, cela sera une très bonne chose.

RW : vous pourrez leur prendre plein d'armes…

Prachanda : oui, ils vont nous donner beaucoup d'armes. Et beaucoup de gens vont les combattre. Cela sera une guerre nationale.

Et cela sera une très grande chose. Ils auront beaucoup de difficultés à intervenir. Cela ne sera pas facile pour eux. Mais s'ils sont assez stupides pour oser… Ils oseront, ils seront obligés. Ils feront cette stupidité.

Nous devons nous préparer à cela. Et pour cette raison nous disons que nous aurons également besoin d'une situation internationale particulière.

Et, pour nous, cela a principalement affaire avec l'Inde, l'expansionnisme indien. Lorsqu'il y aura une situation instable en Inde et une forte base de masse en soutien à la guerre populaire, et qu'il y a des contradictions à l'intérieur de la classe dominante indienne - à ce moment-là nous pouvons conquérir, nous pouvons établir et déclarer que nous avons des bases d'appui, que nous avons un gouvernement.

Lorsque nous déclarerons que nous avons une base d'appui, alors nous ferons formellement un gouvernement central. Nous pensons que lorsque le Rolpa, le Rukum, le Jarjakot, le Salyan seront une zone libérée, alors nous proclamerons la République Populaire du Népal - le gouvernement de la République Populaire du Népal.

Ce gouvernement sera au centre, et il y aura aussi des bases d'appui, des zones de guérilla, de futures zones de bases d'appui, différents types de zones. Mais lorsqu'une base d'appui sera déclarée, alors la République Populaire du Népal sera aussi déclarée.
C'est pourquoi, pour maintenant, nous ne disons pas que nous avons établi des bases d'appui.

Mais dans un sens pratique vous comprenez que, lorsque vous êtes allés au Rolpa et au Rukum, il y a un certain type de base d'appui - où nous exerçons le pouvoir.

Nous collectons les taxes, nous tenons des cours [de justice] populaires, nous contrôlons les forêts, toutes ces choses.
Là nous avons l'unité, la section, la force spéciale. Et la police n'ose pas venir dans ces zones. C'est un type de base d'appui préliminaire. C'est le processus de formation des bases d'appui.

RW : clarifions les choses.

Vous avez dit qu'une fois une base d'appui formée la République Populaire du Népal serait proclamée. Vous dites qu'elle sera proclamée avant la prise du pouvoir dans l'ensemble du pays ?

Prachanda : nous n'avons pas exactement dessiné un plan détaillé. Mais en général notre réflexion est que, lorsque nous serons en position de déclarer pour la première fois une base d'appui dans une région du pays, d'autres régions devraient être bientôt des bases d'appui.

Comme dans les régions orientale et centrale, une forme de pouvoir devra être exercé ouvertement. Jusque là, nous ne pouvons pas faire une zone libérée à l'ouest.

Mais avec cette situation nous pouvons organiser un grand mouvement de masse à Katmandou comme dans d'autres villes. Nous pensons comme cela.

Ce n'est pas finalisé et cela n'a pas encore été décidé. Mais nous pensons généralement qu'au Népal nous pouvons faire comme cela, parce que nous avons déjà un front uni central.

Et nous avons un plan pour faire de ce front uni un outil pour la lutte révolutionnaire au niveau central, une arme pour le pouvoir populaire, au niveau local. C'est notre définition du front uni. Au niveau local cela devrait être un instrument pour exercer le pouvoir.

Au niveau central cela devrait être un instrument de propagande et de lutte révolutionnaire de masse.

Lorsque ce type de situation se développera, alors nous pourrons faire de front uni central une forme de république populaire, une forme de république populaire d'une valeur de propagande, d'une valeur politique, et écraser l'ennemi et soulever les masses.

Au niveau central, nous aurons à former une forme de gouvernement. Mais avant cela nous ne dirons pas que nous avons une forme de gouvernement - c'est un front uni.

RW : proclamer un nouveau gouvernement aurait aussi des implications internationales parce que vous demanderez une reconnaissance internationale.

Prachanda : oui, une reconnaissance internationale - toutes ces choses que nous aurons à faire. A notre quatrième congrès ces questions se sont posées. Devrions nous dire maintenant que nous avons un gouvernement formel ?

Non, cela serait prématuré. Nous devons dire que c'est prématuré, ce n'est pas encore le temps de dire cela.

Mais si nous regardons tout le processus de développement, nous voyons qu'en fin de compte à un moment nous aurons à déclarer un nouveau gouvernement et un président et une république, les ministères et toutes ces choses.

Et nous dirons aux masses mondiales que c'est un gouvernement du peuple.
Nous disons également que nous ne libérerons pas seulement deux, trois, quatre districts sans nous occuper des autres régions ou de la capitale.

Au Népal lorsque nous libérerons une zone et déclarerons notre gouvernement - et c'est notre base dans la région occidentale - alors nous aurons besoin d'un plan clair et précis pour l'ensemble du pays et des masses.

Il devra y avoir une grande révolte des masses dans les autres parties du pays. Sans cette révolte de masse et cette lutte de masse dans toutes les futures zones d'appui et les zones de guérilla en même temps, alors militairement nous ne serons pas capable de maintenir notre base d'appui. Parce qu'à ce moment là l'Inde viendra également à nous, et les forces de police seront centralisées pour nous écraser. Alors des milliers de gens seront massacrés.

RW : ainsi une base d'appui ne peut être qu'établi que si la guerre populaire est forte dans tout le pays.

Prachanda : oui, c'est notre perspective.

RW : peut-être pourriez-vous parler brièvement de la question de la construction d'une nouvelle culture dans le peuple. En particulier, il y a deux choses qui m'ont frappé lors de mes voyages.

La première, c'est la culture particulière de sacrifice et de dévouement au parti, et le rôle que cela joue dans le développement de la guerre populaire et de la conscience révolutionnaire du peuple.

La seconde chose est moins générale, il s'agit de la question du développement de la culture de rébellion contre les traditions féodales et la révolutionnarisation des rapports sociaux dans le peuple.

Prachanda : en ce qui concerne cette question j'aimerais dire que former les masses à l'esprit de sacrifice est très important, parce qu'à l'époque de l'impérialisme et de la révolution prolétarienne, dans la situation entière aujourd'hui, sans sacrifice, sans effusion de sang, nous ne pouvons pas prendre le pouvoir, et nous ne pouvons pas transformer l'ensemble de la société sur une nouvelle base.

C'est pourquoi il est question de sacrifice, d'effusion de sang, comme vous avez à l'ouest avec les martyrs. Les gens veulent devenir des martyrs. Les gens sentent que devenir martyr c'est être respecté.

C'est le grand sentiment qui nous permet de changer l'entière perspective prévalant dans cette société : féodale, individualiste et anarchiste.

Quand vous vivez parmi ces camarades, ces familles des martyrs, leurs frères, mères, fils - vous voyez qu'il y a une sorte de transformation culturelle existant en eux et leurs sentiments.

Lorsqu'un camarade tombe en martyr nous en faisons vigoureusement une question de fierté et d'importance historique.

Et le père et la mère, les parents du martyr, sentiront alors que " maintenant mon fils est mort, mais il y en a des milliers et des milliers d'autres qui sont maintenant mes fils ". C'est le grand sentiment.

C'est le grand changement qui a eu lieu. Ces parents qui voient que " chacun est mon fils - des centaines de jeunes sont maintenant mes fils ".

Cette entière culture féodale et individualiste, sectaire, qui a prévalue, a été mis sens dessus dessous. Nous encourageons, pour notre révolution culturelle, ce type de sacrifice, et nous glorifions ce type de sacrifice.

Parce que nous savons qu'en cette époque, en cette situation mondiale aujourd'hui, des milliers et des milliers de gens auront à se préparer pour se sacrifier.

Mao a dit que s'il y a une troisième guerre mondiale, tout le monde ne pourra pas être tué. Peut-être que la moitié de la population disparaîtra et que l'autre moitié restera et un autre monde apparaîtra.

Mao n'était pas irresponsable en disant cela. L'esprit de ce qu'il a dit ne consiste pas en ce que des millions de gens devraient mourir. C'était l'esprit de faire un nouveau monde. C'était l'esprit de changer le monde.

Et, dans un sens plus général, vous avez demandé globalement comment changer le féodalisme. Il y a deux questions ici, je pense. D'abord le parti doit avoir un plan complet, et il doit y avoir des efforts complets pour le faire.

Il doit y avoir une ligne idéologique et politique développée et formée à changer les relations féodales.

Ensuite nous devons faire un plan concret pour chaque région. Parce que, comme je l'ai dit, bien que le Népal soit petit, il est grand. Il y a beaucoup de sortes de culture ici. Et on ne peut pas faire un plan pour chacune d'entre elles.

Pour toute la région himalayenne, nous devrons faire un plan complet, regarder aux problèmes culturels, les chaînes traditionnelles, les différents types de problèmes tribaux qu'il y a.

Et dans la région montagneuse, dans la région occidentale, comme vous l'avez vu, il n'y a pas beaucoup de temples. Mais lorsque vous allez à Katmandou il y a tellement de temples - c'est une capitale de temples.

C'est pourquoi nous devons faire un effort conscient pour chaque région, pour chaque nationalité.

Quelles sont leurs chaînes traditionnelles, quelles sont les exploitations féodales et les oppressions féodales qui prévalent pour telle nationalité - nous devons faire des efforts pour écraser consciemment ces choses.

Et le dernier point est que la question principale est la lutte. Dans le processus de lutte, les masses se transforment elles-mêmes. La lutte est le moyen principal de transformation. Les autres choses sont secondaires.

RW : pour continuer cette question, il y a le rôle particulier des femmes dans la guerre populaire et la question de briser l'oppression féodale des femmes.

Une chose que nous avons apprise de la lutte de classe et du processus révolutionnaire en Chine est qu'il y a une relation dialectique entre la lutte idéologique et politique - transformant la réflexion des gens - et la transformation des rapports sociaux actuels, économiques et familiaux qui bloquent les femmes, qui empêchent les femmes de jouer un rôle égal dans la société.

En d'autres termes, tant que les femmes ont toujours la responsabilité de s'occuper des enfants et des tâches ménagères, ce genre de choses, elles seront empêchées de jouer un rôle complet dans la société et dans la révolution. Ainsi de nouvelles formes ont à être trouvé dans la société pour résoudre cette contradiction.

Et c'est un processus de lutte de classe au sein du peuple - transformant la réflexion du peuple pour changer les institutions et développer de nouvelles institutions révolutionnaires qui changent les rapports entre les gens et par la suite transforment leurs réflexions.

Peut-être pourriez-vous parler de ceci par rapport à ce qui a été réalisé dans la guerre populaire au Népal - et ce qui reste à faire, y compris amener les femmes à des niveaux supérieurs de direction et de responsabilité.

Prachanda : avant l'initiation, la question féminine n'avait pas été débattu sérieusement dans notre parti. C'était notre faiblesse.

Et dans notre société la domination masculine, les rapports féodaux ont prévalu pour une longue période. En termes généraux nous étions d'accord, oui, la question féminine est importante. En tant que communiste nous connaissons ces choses.

Mais dans un sens concret, dans un sens sérieux, je dirais qu'avant l'initiation nous n'étions pas sérieux en ce qui concerne la question féminine.

Et comme nous n'étions pas sérieux, beaucoup de femmes camarades n'étaient pas en première ligne de notre mouvement. Il y avait des femmes sympathisant et quelques organisatrices, mais il n'y avait pas beaucoup d'effort pour développer les femmes camarades.

Alors juste après l'initiation la question s'est posée - elle est arrivée brutalement.

Et particulièrement dans mon expérience, j'ai été très ému quand, durant la première année après l'initiation, j'ai vu le sacrifice des femmes dans la région principale, dans les zones de combat - leur militance, leur héroïsme, et leur dévouement.

Lorsque j'ai vu des masses féminines venir sur le champ, alors nous avons commencé à débattre sérieusement de la question féminine. Et maintenant la situation dans le parti, plus ou moins, a globalement changé, pour voir la question féminine d'un point de vue prolétarien.

Nous avons tenté de comprendre à partir de différents angles la question féminine - quelle est la signification de la question féminine, quelle est son importance politique et théorique, et quelles sont les implications pratiques dans la lutte de classe et l'ensemble de la perspective historique ?
Et d'un point de vue pratique, je voudrais dire que parmi les nationalités opprimées il n'y a pas tellement de domination masculine. Il y a une sorte d'égalité.

Chez certaines nationalités les femmes sont considérées comme plus importantes - les veuves sont considérées comme plus importantes que les hommes.

RW : à quelles nationalités vous référez vous ?

Prachanda : principalement les nationalités mongols, principalement Magar, et principalement au Rolpa et Rukum. Ici il n'y a pas tant de domination masculine.

Les femmes peuvent facilement divorcer, et si une femme se remarie la communauté ne la regarde pas comme une mauvaise femme. Les traditions sont très différentes.

De plus de plus de cadres femmes militantes et révolutionnaires viennent de ces nationalités. Et nous faisons pour le mieux pour développer la direction de ces camarades.

Avant l'initiation il n'y avait pas de femmes dans les comités de districts.

Maintenant il y en a. Au Rolpa, il y a trois ou autre camarades femmes dans le comité de district, et il y a également des femmes au niveau du secrétariat.

Et il y a des camarades femmes qui dirigent des comités de parti de zones entières, qui dirigent des unités entières. Elles font toutes ces choses. Il y a également certains secrétaires des comités de districts, de nouvelles camarades femmes qui ont été formées et qui ont fait du bon travail. Et vous avez vu dans un district de l'est, la secrétaire du comité de district est une camarade femme.

Et dans un autre district, à côté de la frontière indienne, il y a également un camarade femme secrétaire d'un comité de district. Dans les comités de district, il y a maintenant entre 40 et 50 femmes.

Cela montre un grand changement dans notre structure nationale et comment nous développons les qualités de commandement des femmes.
Nous essayons également d'amener les femmes au niveau de la direction régionale, et nous essayons de les former pour la direction du comité central.

Chez les nationalités opprimées, il y a beaucoup de potentiel pour le développement de la direction prolétarienne dans les masses féminines.

Et nous concentrons notre attention et centralisons nos efforts ici pour développer la direction des femmes. Il y a également beaucoup de potentiel pour développer la direction des femmes parmi les ouvriers.

RW : Qu'en est-il des obstacles pratiques auxquels la femme fait face à la maison, en terme de jouer un rôle plus grand ?
Par exemple, lorsque j'ai voyagé, j'ai vu beaucoup de femmes avec des enfants en bas âge, et c'est un problème.

Certaines femmes peuvent avoir de la famille pour s'occuper de leurs enfants, mais cela n'est pas toujours possible. Y a-t-il une perspective pour socialiser plus le travail ménager et le fait de s'occuper des enfants?

Prachanda : à ce stade, les problèmes pratiques auxquels sont confrontées les femmes camarades, on peut dire que c'est tout le parti qui y est confronté, consistent principalement en le fait de s'occuper des jeunes enfants.

Quand des membres d'unités tombent enceintes et ont leurs bébés, il y a la question de savoir qui va s'occuper de l'enfant. Certaines femmes ont un bon esprit et continuent de travailler, mais les problèmes pratiques de s'occuper du bébé deviennent un grand obstacle.

Dans la région principale, ce que le parti essaie de faire est pour l'instant, quand une femme a un bébé, de l'amener dans une zone sûre parmi les masses pendant 6 mois.

Elle ne revient pas à son propre domicile, et elle est parmi les masses, continuant ce qu'elle peut faire comme travail au niveau local. Puis, après 6 mois, elle peut voyager avec son enfant et d'autres camarades peuvent s'occuper de l'enfant, et les femmes camarades peuvent alors partir, parler et organiser.

C'est le genre de choses que des centaines de femmes font. Et quand l'enfant a un an, alors les masses ou les organisations de masse peuvent s'en occuper et la femme camarade peut revenir.

Maintenant, localement, le parti est en train de discuter de savoir comment organiser la gestion de l'enfance. La question se présente pratiquement d'elle-même en ce moment.

En certains endroits, il y a des plans de formation d'une maison de l'enfance où des camarades qui ont une bonne expérience et un bon esprit iraient et travailleraient. Ce plan n'est pas finalisé, mais est discuté.

Le parti ne presse également pas directement, mais encourage fermement les camarades hommes et femmes, les couples, à ne pas avoir d'enfants pour l'instant, de ne pas avoir de bébé pour cinq ou sept ou dix ans parce que cela serait un grand problème pratique.

Nous expliquons cela quant à cette question, c'est aussi une sorte de sacrifice. Nous avons à sacrifier - ne pas avoir de bébé. Et il y a beaucoup de cas où les couples n'ont pas encore d'enfants. Mais essayer de ne pas avoir d'enfants pose un autre problème, parce que le Népal est très arriéré et qu'il n'y a pas de centres de soin, pas de docteurs.

RW : vous parlez du manque de contraceptifs ?

Prachanda : quand une femme tombe enceinte il se pose la question de l'avortement - elles veulent avorter. Et après de nombreux avortements la condition physique de la femme est affaiblie.

RW : de fait le contrôle des naissances est pratiquement une question pressante.

Prachanda : oui, une question pressante.

Nous disons aux camarades que cela aiderait de ne pas avoir de bébés pour l'instant. Mais s'ils ont un enfant alors nous organiserons les masses pour résoudre le problème de s'occuper des enfants.

Et il y a beaucoup de cas où les femmes ont un bébé et, quand on s'occupe de l'enfant en-dehors de l'organisation du parti, alors elle se fait arrêter. Il y a beaucoup de femmes camarades en prison dans la région occidentale à cause de cela.

RW : parce qu'elles avaient à partir pour des zones sûres ?

Prachanda : si elles quittent les zones sûres en dehors du contrôle de notre organisation alors elles sont capturées par l'ennemi.

Ce problème existe aussi. En ce qui concerne les femmes, je voudrais dire qu'un autre grand problème est le développement de la direction…

RW : et l'analphabétisme est un grand obstacle pour les femmes, n'est-ce pas ? A cause du faible niveau théorique, du niveau d'éducation, qui forme un obstacle pour les femmes venant à des niveaux supérieurs de direction.

Prachanda : oui, c'est également une question.

Maintenant au niveau local nous essayons de développer un système d'éducation local pour enseigner aux femmes camarades à lire et écrire - une école du soir. De telles choses sont en cours d'être fait.

Mais cela sera un long processus. Un processus prolongé. Cinq, dix, vingt années seront nécessaires pour alphabétiser tout le monde. Nous devons apprendre aux femmes camarades à lire et à écrire.

Il y a beaucoup de femmes camarades qui maintenant savent désormais lire et écrire, et nous faisons de notre mieux pour les amener à la direction. Mais l'analphabétisme est un grand problème, et nous tentons d'élever le niveau d'alphabétisation dans les masses en général.

RW : avant que nous ne terminions, pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours personnel, de telle manière que les gens sachent quelque chose de vous.

Quel est votre histoire politique ?

Qu'est-ce qui a marqué votre pensée révolutionnaire et vos activités ? Comment est-ce que la lutte de classe, au Népal et au niveau international, a joué sur vous ?

Prachanda : je viens d'une famille de paysans pauvres de la région centrale, de Pokhara.

Mais à cause des pauvres conditions de vie, ma famille, mes parents, partirent de Pokhara, des zones montagneuses, pour la région du Terai, le district du Chitwan. Toute ma jeunesse, l'école, était dans le district de Chitwan.

Et j'ai commencé à être influencé par l'idéologie communiste il y a 28 ans, lorsque j'avais 17 ans. A ce moment-là il y avait de grands mouvements de masse dans la région. Il y avait des mouvements étudiants.

Il y avait des mouvements de masse opposés à l'expansionnisme indien. Toutes ces choses m'ont impressionné.

C'est une zone avec de grandes forces bourgeoises comprador indiennes et beaucoup d'exploitation. Toutes ces choses m'ont marqué.

Et encore plus, ce qui m'a impressionné, m'a convaincu, cela a été la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine. Mao, la révolution culturelle, tous les mouvements anti-révisionnistes : toutes ces choses m'ont marqué.

Il y a 28 ans je suis devenu un communiste, je suis devenu un membre du parti.

Et après quelques temps, il y a eu une grande lutte entre deux lignes, et j'étais en liaison avec des camarades révolutionnaires au quatrième congrès du parti. Dans le processus de lutte entre deux lignes, je suis rentré en contact avec des camarades révolutionnaires plus âgés que moi, et nous avons eu un contact serré, des discussions, et des débats.

Et il y avait un grand mouvement progressant dans la lutte de classe. Il y a vingt ans il y a eu un grand mouvement de masse, et dans mon district un grand mouvement de femmes et un grand mouvement paysan.

Cela a formé l'environnement amenant au développement de ma réflexion révolutionnaire.

En même temps, il y avait une grande lutte entre deux lignes dans le parti, et j'ai continuellement été avec la ligne révolutionnaire. Et quand il y a eu la scission avec Dumdum (M.B. Singh), alors collectivement nous les camarades, l'équipe principale du comité central, avons tenté d'étudier l'ensemble du processus international, le mouvement communiste international, le mouvement communiste népalais. Et ma réflexion s'est développé dans ce processus.

RW : la lutte contre le révisionnisme a été très importante…

Prachanda : mon trait principal est que je hais le révisionnisme. Je hais sérieusement le révisionnisme. Et je ne fais jamais de compromis avec le révisionnisme. Je me suis battu et battu avec le révisionnisme. Et la ligne correcte du parti est fondée sur le processus de lutte contre le révisionnisme. Je hais le révisionnisme. Je hais sérieusement le révisionnisme.

RW : je voudrais examiner plus en avant vos commentaires à propos de la situation internationale et, en particulier, la signification de la guerre populaire au Népal en tant qu'élément de la révolution mondiale.

Quelle est votre réflexion à ce sujet, en deux temps - comment est-ce que la guerre populaire au Népal peut renforcer le mouvement international et comment le mouvement communiste international peut renforcer la guerre populaire au Népal, leur relation dialectique?

Prachanda : il y a objectivement une relation dialectique entre la guerre populaire au Népal et l'ensemble de la situation internationale et du mouvement.

Et ce que nous pensons, et ce que je pense, est qu'une nouvelle vague de la révolution, de la révolution mondiale, est en train de commencer, parce que l'impérialisme fait face à une grande crise.

Certaines personnes pensent qu'économiquement et culturellement l'impérialisme est dans une crise plus profonde qu'avant la seconde guerre mondiale. Il y a beaucoup de symptômes de changement radical que les mouvements populaires sont en train de voir dans le monde entier.

Et quant à la base économique, culturelle et politique, nous voyons qu'une nouvelle vague de la révolution mondiale est en train de commencer. C'est un fait. Nous avons à comprendre cette question, parce que comme Mao l'a dit, il y aura de 50 à 100 années de grand bouleversement et de grandes transformations.

D'un point de vue pratique, la guerre populaire au Népal contribue à former et à accélérer cette nouvelle vague de la révolution.

Et cela contribue à l'organisation du mouvement communiste international sur une base maoïste. Et le maoïsme doit être au poste de commande de cette nouvelle vague de la révolution mondiale.

La guerre populaire au Pérou a fait du bon travail en établissant le maoïsme.

Nous pensons également que le Parti Communiste Révolutionnaire des USA a fait un bon travail, idéologiquement et politiquement, en ce qui concerne la lutte contre le révisionnisme et l'établissement du maoïsme.

Et notre parti et la guerre populaire au Népal est également en train d'accélérer ce processus.

Maintenant, subjectivement, les forces prolétaires sont faibles - après la mort de Mao et la contre-révolution en Chine.

Le Népal est un petit pays, nous sommes un petit parti - mais nous avons une grande perspective. Notre guerre populaire peut être l'étincelle, une étincelle pour mettre le feu à la prairie.

Nous avons également vu que durant ces trois années de guerre populaire les communistes indiens et les masses indiennes ont été d'une certaine manière impressionné.

Et il y a eu des milliers et des milliers de personnes à New Delhi en train de crier " Vive la guerre populaire au Népal ! Nous soutenons la guerre populaire au Népal ! ".

A chaque coin de rue en Inde la guerre populaire au Népal est le sujet du débat.

Nous menons la guerre populaire sous la bannière du marxisme-léninisme-maoïsme.

C'est pourquoi nous pensons que cela a joué un rôle très important et significatif dans les masses révolutionnaires indiennes et dans le débat idéologique du mouvement communiste indien.

Cela a également aidé le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste à montrer le révisionnisme international, le révisionnisme moderne, le révisionnisme en Chine et le révisionnisme russe.

Au Népal il y a un grand parti révisionniste et beaucoup d'influence révisionniste. Et la guerre populaire a joué un très grand rôle en montrant tout cela.

Cette guerre a changé le nom du pays lui-même - l'identité du pays.

C'était un pays très arriéré, pauvre mendiant. Mais maintenant c'est un pays de héros, de héros prolétariens. Et maintenant, sur le mont le plus haut du monde, le Sagarmatha [le mont Everest] - il y a le drapeau rouge.

Cela se verra du monde entier. Les gens diront : quel pays est-ce, le Népal ?

C'est le pays avec le mont le plus haut.

Que se passe-t-il là-bas ?

Une révolution prolétarienne héroïque, il y a la guerre populaire.

Cela se verra. C'est pourquoi nous pensons que nous avons une grande responsabilité, que nous faisons face à un grand défi dans l'actuelle situation internationale.

Et nous ferons de notre mieux. Nous devons faire de notre mieux, jusqu'à la fin, pour accomplir notre devoir et notre responsabilité.