Parvati

LE PROBLEME DES FEMMES A DES POSTES DE DIRECTION DANS LA GUERRE POPULAIRE AU NEPAL

[Le Camarade Parvati est Membre du Comité Central et Chef du Département des Femmes du CPN (Maoïste).]

La Guerre Populaire (GP) au Népal, déclenchée en février sous la direction du CPN (Maoïste) progresse par bonds et par sauts.

Les flammes de la révolution ont embrasé le pays tout entier.

Selon le bilan du gouvernement lui-même, sur les 75 districts du pays, la GP est implantée dans 73 d'entre eux.

Toutes ces victoires auraient été impossibles sans la mobilisation des masses qui sont la colonne vertébrale de la GP au Népal. La mobilisation des femmes est particulièrement évidente dans la GP au Népal.

Ce sont elles qui ont été les premières à briser le silence assourdissant qui a suivi la première grève historique au Népal, grève qui marquait le déclenchement de la GP au Népal, le 13 février 1996.

A l'occasion du 8 mars 1996, toutes les Associations de Femmes Népalaises (Révolutionnaires)[(ANWAA(R)] ont osé lancer un séminaire (malgré de fortes menaces d'arrestation) et exprimer l'urgence d'une révolution d'ensemble pour résoudre le problème de l'oppression des femmes.

Ce fut après cette courageuse démarche que d'autres organisations de masse ont commencé à faire connaître leurs propre programme.

Les femmes de Dalit, dans le district de Kalikot, au Népal occidental, furent les premières à arracher des fusils aux forces armées réactionnaires et à les remettre aux instances locales du Parti, donnant ainsi un coup d'accélérateur à la GP dans ce district.

En mars 2001, le premier assaut historique opéré par 6 femmes Maoïstes sur une prison forteresse, celle du district de Gorkha, est sans doute un événement rarissime même au niveau de l'histoire mondiale.

Depuis la déclaration de l'Etat d'urgence en novembre 2001, parmi toutes les organisations de masse, ce sont les organisations de femmes et d'étudiants qui se sont montrées les plus actives et les plus avant-gardistes dans le mouvement.

La marche anti-alcool, qui a secoué le pays tout entier en octobre 2001 a en fait obligé le gouvernement à négocier avec l'ANWA(R).

Autre fait remarquable, avant même que les hommes du Parti ne remettent leurs propriétés familiales au Parti, les femmes de Rolpa avaient déjà commencé à remettre volontairement leurs bijoux personnels aux instances locales du Parti.

Après la déclaration de l'état d'urgence, les viols de femmes se sont multipliés, de même que les rapts, les assassinats et les disparitions de femmes.

Et malgré tout cela, la participation des femmes à la GP au Népal n'a fait que croître.

Il existe maintenant une base objective pour que les femmes accèdent à des postes de direction sur tous les fronts.

Le CPN(M), conscient de cette réalité, a créé un département séparé des femmes sous le Comité Central du Parti.

La fonction de ce département est de mettre en place des politiques spécifiques pour favoriser l'accès des femmes à des niveaux supérieurs afin que les femmes en nombres croissants puissent incarner la politique sur les trois fronts, Parti, Armée et Front Uni.

LA QUESTION DES FEMMES A DES POSTES DE COMMANDEMENT AU CPN(MAOÏSTE)

La question de l'accès des femmes aux postes de direction a pris de l'importance au Népal au fur et à mesure que les fronts révolutionnaires unis remplaçaient les stances de l'Etat réactionnaire au niveau des villages et des districts.

Les femmes rejoignaient le mouvement dans des proportions inconnues jusqu'alors et faisaient preuve d'un esprit de résistance, de sacrifice et de dévouement extraordinaires, mais elles n'avaient pas les connaissances techniques nécessaires pour assumer des tâches de direction.

Avec l'instauration du Conseil du Peuple Révolutionnaire Uni CPRU) au niveau central, pour assurer la coordination des activités de tous les fronts unis aux différents niveaux, cette question est devenue on ne peut plus pertinente.

D'autre part, quand elle avaient un niveau de formation militaire plus élevé au sein de l'Armée de Libération du Peuple, les femmes elles-mêmes ont cherché à poser le problème du développement de la qualification des femmes au niveau de la direction.

Cette question a pris une plus grande importance au fur et à mesure que la formation militaire atteignait comme maintenant le niveau de la Brigade, et depuis qu'il existe des pelotons et des sections de femmes.

On a pu constater que les hommes continuent à progresser dans le domaine militaire jusqu'à l'âge de 40 ans et plus, alors que les femmes ne peuvent plus guère aller au-delà de 25 ans.

Alors que sur le terrain la situation objective exigeait qu'on développe des qualités de commandement chez les cadres femmes, au sein du Parti lui-même , se déroulait un débat théorique sur le rôle des femmes dans le mouvement communiste.

Ce fut lors de la Seconde Conférence National, au cours de l'analyse et de la synthèse des réalisations de la GP au Népal, que, à propos de la voie Prachanda, le rôle des femmes dans l'institutionnalisation de la révolution continue et leur rôle pour prévenir la contre-révolution ont fait l'objet d'une discussion approfondie.

En réalité, la création pour les femmes d'un département séparé est un produit de la voie Prachanda.

On discutait de leur rôle dans les trois instruments de la révolution Parti, Armée et Front.

Le Parti étant le principal dans les trois instruments, la question de former des femmes dirigeantes révolutionnaires dans le Parti Communiste a reçu une attention toute particulière.

LA QUESTION DE LA DIRECTION ET LES FEMMES

La direction est à la base une centralisation de l'idéologie politique, donc dans un parti communiste c'est la direction en matière d'idéologie qui détermine la qualité de la direction.

Cette qualité se développe au cours d'une lutte de classe continue, une lutte à l'intérieur du Parti et une lutte interne.

Une direction qui a vraiment fait ses preuves ne peut apparaître que dans des pays où il y a lutte de classes et où la bonne santé du Parti naît de la lutte interne au parti, lutte qui exige un niveau élevé de transformation des individus grâce à une lutte interne incessante.

Rosa Luxembourg, Alexander Kollontai, Clara Zetkin, Chaing-Ching sont toutes issues d'une lutte de classes très intense, une lutte au sein du Parti en Allemagne, en Russie et en Chine.

D'autre part la question de la direction dépend à la fois de la nécessité objective et du facteur chance.

Dans la relation dialectique entre les deux, il est vrai que la situation objective rend nécessaire l'émergence d'un leader, mais la question de savoir qui va émerger comme leader est laissée au hasard.

C'est à ce point du problème que la question du leadership des femmes se fait plus compliquée.

On a vu que les mouvements communistes révolutionnaires ont toujours fait éclater la colère des femmes, mais ils ont été incapables de canaliser cette énergie pour forger des dirigeantes communistes à toute épreuve.

La question a été mille fois posée : pourquoi y a-t-il si peu de femmes dirigeantes dans les partis communistes alors que le marxisme nous donne une analyse très fine de l'oppression des femmes et donne la solution du problème.

D'où la question : pourquoi le facteur chance ne joue-t-il pas en faveur de l'émergence de femmes dirigeantes dans les partis communistes malgré des conditions objectives qui vont dans ce sens? Une analyse approfondie s'impose.

LES FEMMES SONT ARRIVEES TARD
DANS L'ARENE POLITIQUE.

Dès l'époque de l'esclavage, les hommes des classes privilégiées ont pu développer leurs talents dans la sphère des affaires politiques de l'Etat.

Ils ont développé leurs qualité de dirigeants au détriment des femmes des différentes classes et des hommes qui avaient un statut d'esclave.

Et cela continue sous une forme ou sous une autre.

Il convient ici de rappeler qu'Engels expliquait que l'abolition du matriarcat a été la grande défaite historique mondiale du sexe féminin et que les hommes se sont emparés du commandement même à la maison.

La femme a été humiliée et réduite à la servitude, elle est devenue l'esclave du désir de l'homme et une institution simplement destinée à la production d'enfants.

En vertu de leur droit sur la propriété, les hommes se sont emparés de la direction et les femmes ont perdu le droit matriarcal.

Elles sont devenues celles qu'on dirige.

La division du travail qui prévalait à l'époque réservait aux hommes les travaux de l'esprit tandis que les femmes se voyaient reléguées aux travaux manuels.

Le résultat fut que les hommes accumulèrent unebonne expérience dans les domaines de l'analyse et de la synthèse du monde, alors que les femmes étaient confinées aux travaux dérisoires de la maison. Les hommes monopolisant ainsi les sphères du savoir se sont activement engagés non seulement dans la définition du monde mais aussi dans sa transformation.

Il faut se rappeler que les femmes ont obtenu le droit de vote bien après les hommes.

Même aujourd'hui au XXIème siècle, les féodaux religieux d'un autre âge comme les Talibans en Afghanistan (aujourd'hui remplacés par une coalition de petits hobereaux féodaux sous le règne de Hamid Karzia) et de cheiks dans les pays du Golfe, les femmes sont maintenues à l'écart de la sphère publique.

Même dans les pays occidentaux, malgré tout le tintamarre des féministes, il y a peu de dirigeantes à la tête des partis politiques.

Prenons le cas du Népal : dès leur naissance les femmes n'ont aucun droit de diriger à cause du système féodal et monarchique en vigueur.

Tous ces facteurs ont un effet de cumul sur la lutte pour l'accession des femmes aux postes de direction dans les partis politique.

Et cela est particulièrement vrai pour les partis communistes dont l'histoire elle-même est relativement récente et qui sont pourtant si antagoniques par rapport au courant que représentent les principaux partis politiques.

Le mode de production en vigueur n'est pas favorable

La base et la superstructure de la société actuelle reposent sur un mode général d'exploitation et sur le mode particulier de l'exploitation du travail de reproduction et du travail domestique des femmes.

En ce qui concerne les rapports de propriété, les femmes sont responsables de l'entretien de la propriété de l'homme elle est celle qui donnera des fils à son mari pour la transmission de cette même propriété en ligne masculine.

Toute la superstructure en place, comme le système social, culturel, éducatif et politique fonctionne en vue de cette exploitation.

Par exemple l'institution du mariage qui est une alliance destinée à perpétrer l'hégémonisme de l'homme dans les rapports de propriété.

Pour les femmes, cette alliance est une marginalisation qui les réduit à l'esclavage domestique. Cela reste, hélas, vrai chez les communistes, bien qu'à un degré moindre.

Le Népal grâce à de puissants mouvements progressistes a périodiquement produit des militantes en grand nombre, mais il semble qu'elles disparaissent à peine sont-elles reconnues.

Une des raisons les plus évidentes de cet état de fait est l'institution du mariage qui a écarté des dirigeantes féminines dont l'avenir était pourtant plein de promesses..

La Guerre Populaire semble modifier ce schéma, mais néanmoins, même au sein de la GP, le maintien des femmes à un poste de direction semble compromis quand elles se marient et décident d'avoir des enfants.

La raison de cette situation est que le système féodal et patriarcal est beaucoup plus rétrograde dans des pays comme le Népal que dans le système patriarcal capitaliste des pays plus avancés.

C'est à cause de cette situation que la vie des femmes communistes quand elles sont mariées est souvent compliquée.

Pourtant malgré la disparition progressive de la notion de propriété privée au fur et à mesure que progresse la GP, les racines culturelles du féodalisme pénètrent sous mille formes insidieuses, comme par exemple la division traditionnelle du travail au nom de la nécessité.

S'ajoute à cela la charge unilatérale que porte la femme quand elle devient mère.

Avec chaque nouvel enfant qui naît la femme s'enfonce plus profondément dans l'esclavage domestique.

En fait de nombreuses femmes qui ont mis des enfants au monde se plaignent qu'avoir des enfants c'est un peu comme être placée aux arrêts de rigueur, parce qu'elles sont coupées de l'activité du Parti pendant une longue période.

C'est ainsi que de nombreuses militantes communistes tombent dans l'oubli dès qu'elles se marient avec un camarade de leur choix.

Les choses se passent ainsi surtout dans les régions dominées par les réactionnaires car les femmes n'y reçoivent aucun soutien des masses et du Parti au cours des années où elles assurent les tâches de la reproduction.

Il est cependant réconfortant de voir que le problème est en voie d'être résolu dans les zones de bases comme Rolpa et Rukum, où les masses apportent leur soutien pour alléger le fardeau de la maternité des femmes dirigeantes.

Un autre aspect de la société féodale népalaise est la forte pression exercée sur les femmes mariées pour qu'elles fassent des enfants, et en particulier des fils.

Avec le déclenchement de la GP, cet aspect a en partie disparu mais la pression reste néanmoins pour qu'il y ait au moins un enfant.

Il existe également une tendance à exercer une certaine pression sur les femmes cadres afin qu'elles se marient, publiquement ou secrètement à cause de la suspicion lourde qui règne à l'encontre des femmes célibataires et qui a pour conséquences des mariages forcés ou prématurés.

Il y a aussi une tendance à considérer les délits sexuels comme plus graves que les délits politiques.

LA LUTTE DES FEMMES EST PLUS DIFFICILE
QUE CELLE DES HOMMES.

Pour les femmes communistes, il ne suffit pas de participer à la lutte de classe, la lutte à l'intérieur du Parti et à la lutte interne.

Il arrive souvent qu'elles restent en minorité alors qu'elles appartiennent à la ligne majoritaire à l'intérieur du Parti.

Et parce qu'elles sont le produit de cette société à structure patriarcale, leur combat interne est un combat contre elles-mêmes en tant que personnes mais aussi un combat contre le fatalisme, le complexe d'infériorité, le syndrome de culpabilité etc.

Et elles doivent affronter des luttes encore plus difficiles quand elles sont célibataires, divorcées ou plusieurs fois mariées. La documentation est abondante dans les articles d'Alexandra Kollontai.

Elle est elle-même un très bon exemple de la révolte contre ce genre de mariages.

Elle a quitté son premier mari et son enfant pour se consacrer davantage au travail révolutionnaire, ensuite elle a quitté son second mari communisten mariage traditionnel qu'elle s'est trouvée confrontée à des difficultés propres à la société bourgeoise mais aussi des difficultés venant des conservateurs communistes.

En conséquence, Alexandra Kollantai est plus connue par la "théorie du verre d'eau ", (la théorie selon laquelle le sexe devrait être aussi simple et facile que de boire un verre d'eau) chez les conservateurs communistes que par ses contributions sur le mouvement communiste et sur le mouvement des femmes et du prolétariat communistes.

Prenons un autre exemple, celui de Chiang-Ching, elle a dû affronter les calomnies de la presse et des personnalités bourgeoises à cause de ses mariages précédents et même à l'intérieur du Parti elle n'était pas traitée très amicalement.

Chiang-Ching a dû accepter un isolement politique de 32 années en contrepartie de son mariage avec Mao. Cette décision a été prise quand le droitiste Liu-Shao Chi siégeait au quartier général du Parti.

MANIFESTATIONS DES VALEURS PATRIARCALES
AU SEIN DU PARTI COMMUNISTE.

Puisque le mouvement féministe est un fruit de la révolution bourgeoise, il n'est pas rare du tout que les partis communistes aient tendance à être particulièrement chatouilleux sur les problèmes des femmes.

Ils sacrifient aux valeurs patriarcales tout en approuvant formellement la libération des femmes.

Et cela se manifeste de plusieurs façons.

Par exemple, au lieu de considérer les femmes comme des partenaires égales et sûres sur le long terme au sein du mouvement communiste, certains ne leur concèdent qu'un rôle de soutien dans le mouvement communiste.

Le Parti donne alors une importante exagérée à la lutte de classes au détriment bien souvent de la lutte contre l'exploitation de la femme, et oublie la relation dialectique entre les deux.

Il y a eu des cas de retard dans la formation des organisations des femmes ou même de dissolution temporaire d'une organisation de femmes qui existait.

Il y a des cas où le front de masses des femmes s'est vu refuser la liberté nécessaire à la création de ses propres plans et programmes les privant ainsi du pouvoir d'initiative et de création. Ce qui conduit en fin de compte à l'aliénation et à l'esprit de suivisme à l'intérieur du Parti.

Ce qui peut aussi être le résultat de la non-coordination du programme des femmes avec le programme du Parti.

En conséquence le programme du Parti a la priorité sur le programme des femmes.

On constate le conservatisme au sein du Parti dans la relégation des femmes cadres à des tâches dites féminines.

C'est ainsi qu'elles n'ont pas pu participer à l'élaboration de la politique du parti et d'autres domaines.

Dans la pratique cela conduit au spontanéisme qui discute des problèmes des femmes mais ne passe pas à l'application parce qu'on laisse les circonstances jouer en faveur de la course aux grades.

On voit souvent le Parti ne pas intervenir contre la traditionnelle division des tâches entre hommes et femmes c'est à dire laisser les hommes se charger du travail intellectuel pendant que les femmes assurent les travaux manuels.

Cela se manifeste à travers un égalitarisme strict qui refuse de voir les conditions et les besoins spécifiques des femmes. Ce qui est encore plus apparent quand les femmes ont leurs règles ou sont enceintes.

MANQUE D'EFFORT SUBJECTIF DES FEMMES CADRES.

Les femmes doivent continuer à mener la lutte contre la double oppression. Mais parce qu'elles ne font pas l'effort suffisant dans le domaine de la subjectivité, elles s'arrêtent à mi-chemin.

Par exemple, elles ont mené avec succès la lutte contre les valeurs féodales. Elles n'ont pas toujours mené la lutte de classes..

Et là où elles ont mené la lutte de classes, elles n'ont pas pu mener la lutte à l'intérieur du Parti. Et en ne participant pas ou peu à la lutte interne dans le Parti, elles ont perdu leur intelligence idéologique.

Elles ont ainsi perdu une chance de participer au travail d'élaboration du cours du mouvement communiste qui a pourtant une si grande importance pour leur propre libération.

Leur manque d'effort subjectif est évident dans de nombreux domaines.

Dans le domaine de l'idéologie, elles sont la proie du pragmatisme, de l'économisme et du sectarisme parce que elles n'accordent pas assez de sérieux à l'étude théorique et à cause de leurs conditions objectives dans le passé, elles ne s'impliquent pas assez dans la lutte interne au Parti pour changer cette même condition objective.

Dans le domaine pratique, elles sont souvent suivistes et elles appliquent les directives du Parti aveuglément sans poser de questions, exactement de la même façon qu'elles obéissaient à leur père avant d'être mariées, à leur mari ensuite et enfin à leurs fils une fois veuves.

C'est ainsi qu'elles deviennent victimes des circonstances.

On en voit la manifestation dans les maternités non désirées qui les gênent encore plus quand elles sont sur le champ de bataille.

Une autre manifestation est leur manière de suivre aveuglément la ligne politique de leur mari au lieu d'élaborer leur propre ligne, ce qui a des conséquences pour l'indépendante de leur vie politique.

En n'affirmant pas leurs droits, elles tombent dans le piège de la division traditionnelle du travail et le résultat est qu'elles se font les véhicules directs ou indirects de s idées traditionnelles et rétrogrades qui mènent à la contre-révolution.

Elles voient souvent dans le mariage et la maternité un break dans leur carrière militaro-politique comme s'il s'agissait d'un travail temporaire.

De même s'associent-elles volontiers au travail de leur mari dans son domaine de travail à lui et elle perd ainsi les rênes de son propre travail antérieur.

Il faut noter que les femmes mettent plus de temps à s'installer dans leur propre domaine de travail. C'est pourquoi le changement fréquent de lieu et de travail les affecte davantage que les hommes.

Les conséquences de toutes tendances donnent aux femmes un complexe d'infériorité qui est contre-productif pour la révolution.

LES HOMMES NE RENONCENT PAS VOLONTIERS
A LEURS PRIVILEGES PARTICULIERS.

Alors que les femmes cadres ont des difficultés à s'affirmer, les hommes cadres ont du mal à renoncer à leur position privilégiée héritée de la structure patriarcale. Cela se voit de mille façons.

Par exemple dans leur acceptation toute formelle de l'accession des femmes au rang de cadre alors qu'au fond d'eux mêmes ils ne l'acceptent pas. En témoignent les retards à promouvoir des femmes aux postes de direction dans le Parti, l'APL et le Front.

Et aussi leurs impatience devant les erreurs commises par les femmes et leur manque général de professionnalisme. Ils laissent souvent les femmes s'occuper des problèmes spécifiques aux de femmes.

On le voit à leur désintérêt pour la lecture afférant aux questions féminines comme s'ils n'étaient pas concernés.

Ils ne lisent pas les textes qui concernent les problèmes des femmes et ne participent pas non plus à l'élaboration des programmes du front de masses des femmes.

Tout cela prend parfois la forme d'une surprotection des femmes cadres en matière de sécurité quand ce n'est pas vraiment nécessaire et à leur façon de se charger du travail intellectuel des femmes à leur place.

Une autre manifestation de cet état de fait, c'est leur attachement à la division traditionnelle des tâches, c'est à dire en ne renonçant pas à leur monopole du travail intellectuel et reléguant les femmes aux corvées domestiques quotidiennes.

Refusant de renoncer à leur position privilégiée, ils ont tendance à décourager les épouses pleines d'enthousiasme et volontaires pour entreprendre des tâches indépendantes qui les éloigneront beaucoup de leurs époux.

LIGNE POLITIQUE
ET LA QUESTION DES FEMMES DIRIGEANTES.

C'est une idéologie et une ligne politique correctes du Parti Communiste qui permettront d'évaluer la qualité des dirigeantes communistes qui émergeront et définiront le chemin de la libération des femmes.

La ligne politique juste élaborée par le Parti Bolchevique avec à sa tête le Camarade Lénine, a produit de magnifiques dirigeantes communistes comme Alexandra Kollontai, Clara Zetkin, Anessa Armada et Krupskaya etc.

C'était une ligne politique correcte parce qu'elle a permis à des dirigeantes communistes comme Clara Zetkin et Rosa Luxembourg de concevoir une Journée Internationale des Femmes célébrée depuis dans le monde entier, cette décision étant reprise par la première conférence internationale des femmes socialistes à Stockholm en 1910.

Et cette célébration est le fait aussi bien de la bourgeoisie (à sa façon) que des communistes aujourd'hui encore.

Suivant une ligne politique juste la communiste Rosa Luxembourg a dénoncé et combattu Bernstein dans son livre "Révolution ou Révisionnisme" et plus tard c'est son combat contre Kautsky qui l'a fait connaître des communistes révolutionnaires dans le monde entier.

C'est elle qui a averti Lénine du danger de la bureaucratie à l'intérieur des structures du Parti si la question du centralisme démocratique n'était pas comprise d'une façon dialectique et dans les conditions spécifiques du seul pays de son application.

Avec l'apparition de la contre-révolution dans les Etats auparavant socialistes et les tendances bureaucratiques qui de temps en temps semblent vouloir miner de l'intérieur les partis révolutionnaires engagés dans la GP, l'avertissement de Rosa Luxembourg reprend de l'actualité.

De même ce fut la ligne politique correcte élaborée par le Camarade Mao, à la tête de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne qui a permis à la colère des femmes de s'exprimer.

Ce fut une femme qui a posé la première affiche dénonçant Liu Shao Chi et engageant la lutte contre la ligne droitiste au quartier général.

Ce fut la Révolution Culturelle qui a permis à la Camarade Ching Ching (privée de sa qualité de dirigeante) de devenir l'une des combattantes les plus résolues contre le capitalisme jusqu'à sa mort (ou son assassinat ?).

Il faut également se souvenir que ce fut le droitiste Liu Shao Chi, quand il occupait le quartier général, qui a ordonné aux femmes de rentrer dans leurs foyers afin de résoudre le problème du chômage qui menaçait à l'horizon.

Ce fut la politique droitiste de la Perestroïka et la politique capitaliste de Deng qui petit à petit a réintroduit la traite des femmes, avec le retour de la prostitution, du des concours de beauté etc. en Russie et en Chine.

Ceci dit, n'oublions pas que les femmes elles-mêmes se divisant en plusieurs classes, les femmes communistes se divisent elles aussi selon des lignes droitistes, centristes et révolutionnaires.

A cause de cette politique anti-libération des travailleuses relevant d'une ligne droitiste et centriste, les femmes qui se réclamaient de telles lignes se sont en fin de compte marginalisées dans leur propre parti et ont été dénoncées à l'extérieur du parti à cause de leur position anti-femmes.

Alors que les femmes qui ont opté pour la ligne révolutionnaire, même si elles n'ont pas pu faire triompher la révolution dans leur propre pays restent des figures très populaires.

Prenons le cas de Rosa Luxembourg ; elle reste la dirigeante communiste la plus populaire jusqu'à maintenant.

Elle a été tuée avant d'avoir pu réaliser son rêve, ce qui accroît encore le respect qu'on lui voue en tant que dirigeante communiste résolue.

De la même façon, ce fut la position très ferme adoptée par Chiang Ching qui a défendu la ligne révolutionnaire de Mao même pendant sa captivité qui a fait d'elle une indomptable héroïne.

On observe avec intérêt que les femmes révolutionnaires communistes ont toujours été à l'offensive dans le combat contre les révisionnistes.

La raison en est peut-être qu'elles éprouvent dans la douleur combien le révisionnisme amène la bureaucratisation qui à son tour renforce les valeurs patriarcales, qui elles-mêmes en fin de compte refusent les femmes dans la politique.

Il faut noter que dans des pays du tiers monde comme le Népal où la différenciation des classes n'est pas assez nette, la lutte à l'intérieur du Parti peut parfois prendre la forme de lutte sexiste, ethnique, régionale.

Le problème du sexisme peut alors devenir un élément important de la lutte de classe.

Et dans ce cas évacuer le problème sexiste aura forcément des répercussions au niveau de la lutte de classes.

LA PROPRIETE PRIVEE
ET LA QUESTION DES FEMMES DIRIGEANTES.

C'est d'une façon continue que les masses féminines affluent par vagues pour participer au mouvement révolutionnaire. L'émergence potentielle de femmes dirigeantes est donc une conséquence normale.

Mais cette vague et le nombre de possibles femmes dirigeantes semblent se tarir une fois la révolution en place ou quand la révolution a échoué.

La raison principale de ce phénomène est le concept de propriété privée.

Tant qu'existera la propriété privée, les femmes devront s'occuper des tâches domestiques, la propriété privée restant un attribut de l'homme, et cela en dépit toutes les éventuelles révolutions.

Le concept de révolution continue jusqu'au communisme revêt une importance stratégique pour les femmes car ce ne sera qu'à ce stade que la propriété privée sera abolie, laissant ainsi libre cours à la créativité féminine.

C'est pour cela qu'il est important de faire des efforts conscients dans les partis révolutionnaires du monde pour créer un environnement favorable à la formation de dirigeantes révolutionnaires qui joueront un rôle d'agent catalyseur quand nous atteindrons le communisme.

On ne peut donc pas laisser au hasard seul l'émergence de dirigeantes communistes ; nous devons en pleine conscience veiller à ce qu'elles puissent éclore, vivre, s'éduquer et être défendues.

QUELQUES EXPERIENCES
DE LA DIRECTION DES FEMMES AU NEPAL.

Le fait de reconnaître l'importance des femmes révolutionnaires et de leur rôle dans le mouvement PCN (Maoïste) a donné des résultats encourageants.

Il y a aujourd'hui quelques femmes au Comité Central de notre Parti.

Il y en a des dizaines au niveau régional, des centaines au niveau du district et plusieurs milliers dans les zones de bases et dans les cellules.

Dans l'Armée de Libération du Peuple, il y a de nombreuses femmes-commandants et vice-commandants dans diverses sections, brigades, pelotons, escouades et milices. Il y a des sections uniquement féminines dans la brigade, des pelotons de femmes des escouades de femmes et des milices de femmes qui opèrent sur le terrain.

Le Conseil du Peuple Révolutionnaire Uni qui est un comité organisationnel du gouvernement central à l'état embryonnaire. Il comprend quatre femmes sur 37 membres. La participation des femmes à tous les niveaux des Conseils du Peuple s'est faite sur mandat.

Pour donner simplement un exemple de leur participation dans différents domaines, prenons la nombre total des femmes membres d'organisations féminines de masse, il s'élève à 600 000.

Sur le plan militaire il y a dix femmes commandants de sections dans la force principale, deux femmes commandants de pelotons dans la force secondaire et plusieurs femmes commandants de milices dans la force de base.

Les femmes y ont lancé une campagne appelée : " Un village, une unité, une maison, un ami ". Cette campagne a contribué à organiser et politiser les villages les uns après les autres. De même dans le domaine d la production, il y a eu une campagne appelée : " Là où il y a un contact, il y a une organisation ; là où il y a une organisation il y a production ". Les femmes se sont donc engagées dans les activités de la production.

Elles se sont impliquées avec énergie dans les tribunaux populaires où étaient jugés et punis les ivrognes, les joueurs, les machos et les tricheurs.

Dans ces tribunaux, les milices féminines locales s'impliquaient énormément au côté des villageois. On peut dire que ce sont là les bases objectives de l'émergence de femmes dirigeantes qui ont mûri dans la région occidentale.

Les femmes sont aujourd'hui encouragées à se rebeller en nombre croissant contre les mariages forcés et les mariages qui ne conviennent pas d'un point de vue politique.

Prenons l'exemple de la Camarade Shilpa, qui a commencé comme commandant d'une escouade de guérilla, elle est devenue ensuite membre du sous-comité de région du Parti et enfin vice-présidente du comité du peuple au niveau du district.

Elle a trouvé une mort héroïque alors qu'elle tendait une embuscade contre les forces armées réactionnaires en mai 2002.

Elle a osé dénoncer son mari qui avait renié la révolution après avoir été capturé ; et elle a divorcé.

Il y a une tendance croissante au remariage des veuves. La définition de famille de martyrs s'étend aujourd'hui aux épouses de camarades martyrs qui se sont remariées sans abandonner la cause révolutionnaire.

Ce qui a aidé les veuves de martyrs à se remarier sans culpabilisation.

Par exemple la camarade Shilu, celle qui commandait les femmes qui ont livré un assaut historique sur la prison de Gorka en mars 2001, elle s'est remariée avec un autre camarade quand elle a perdu son mari Bhim Sen Pokharel qui est tombé en héros en essayant de protéger le camarade Basu, membre du polit-bureau du CPN (Maoïste)et premier martyr au sein du polit-bureau.

Il convient de mentionner que la camarade Phul. Maya B.K., qui était commandant de section dans le bataillon qui adonné l'assaut historique sur les casernes de Dang le 23 novembre 2001 est tombée en même temps que son mari le camarade Bijok dans cette même bataille.

On peut ajouter que le commissaire politique pour l'attaque de la caserne de Satbaria à Dang en avril 2002 est une femme.
Au cours de la déclaration de l'état d'urgence et de la mobilisation militaire, de nombreux maris, épouses, fils et filles sont tombés au front et cela montre bien le degré de la politisation de la famille au Népal.

CONCLUSION

Nous pouvons donc conclure que l'accès des femmes révolutionnaires aux postes de direction dans le parti communiste, a une importance stratégique parce qu'elles sont une force ancrée dans les masses, une force fiable et durable, qui fera avancer le mouvement communiste de la Révolution de Démocratie Nouvelle jusqu'au socialisme, et du socialisme jusqu'au communisme avec la disparition de l'Etat et de la propriété.

L'émancipation complète des femmes y sera garantie.

A propos de la relation entre le communisme et l'émancipation des femmes, Inessa Armand a dit à juste titre que l'émancipation des femmes est inconcevable sans le communisme, et donc que le communisme est inconcevable sans l'émancipation complète des femmes.

Les concepts du droit à se rebeller, de la révolution culturelle, de la révolution continue de la révolution en général, de la politique basée sur les masses, etc. tous ces concepts et leur application sont très importants pour les femmes à cause de leur statut de double oppression.

Cette double oppression et la vieille promesse jamais tenue de l'égalité que leur ont fait les classes dirigeantes, gauche révisionniste comprise, les maintient sur leurs gardes et prêtes à s'opposer à toute contre-révolution, tout révisionnisme parce qu'elles ont vu leurs conquêtes en matière de droits des femmes se faire lentement grignoter avec chaque mesure capitaliste prise par le Parti en Russie et en Chine.

Les communistes devraient être parfaitement conscients que si on ne lutte pas constamment contre les valeurs patriarcales, malgré les campagnes de rectification, la bureaucratie s'infiltrera lentement dans le parti.

La bureaucratisation du parti signifie qu'il va se couper des masses.

Si le Parti devient une fin en soi, au service de sa propre existence, il va finalement renforcer le révisionnisme. Et le parti deviendra l'avant-garde de la classe exploiteuse au lieu d'être celle de la classe exploitée.

Il ne représentera plus aucune perspective pour la classe et pour les femmes.

Enfin, pour que le mouvement communiste s'épanouisse, il ne suffit pas qu'il produise de remarquables dirigeantes communistes comme Rosa Luxembourg et Clara Zetkin, il est d'égale importance qu'il produise des compagnes communistes comme Krupsakaya et Chang Ching, qui étaient des dirigeantes dans leur propre domaine, et qui se tenaient fermement aux côtés de leur époux, eux-mêmes dirigeants éminents du mouvement communiste.

Elles étaient la compagne et le réconfort de leur mari et en même temps activement engagées dans la lutte de deux lignes dans le parti.

Nous avons aussi besoin de femmes comme Jenny Marx qui est restée ferme comme un roc auprès de son mari dans les temps de tourmente personnelle et politique, et qui l'a aidé de toutes ses forces.

Car pour préserver les conquêtes de la révolution et continuer notre progression, il nous faut non seulement des dirigeantes révolutionnaires mais il faut aussi que nos dirigeants hommes reçoivent l'appui et la protection indispensables.

N'oublions pas non plus que ce sont des révolutionnaires comme Karl Marx, Engels, Auguste Bebel, Lénine, Mao etc. qui ont apporté une analyse très profonde de l'oppression des femmes et montré le chemin de leur émancipation.

Autre fait important à noter : les femmes communistes savent qu'à chaque avancée du pouvoir du peuple prolétarien correspond une relative avancée du pouvoir des femmes.

Les hommes communistes devraient savoir que la révolution et les conquêtes de la révolution ne peuvent être garanties et développées que dans la mesure où les femmes sont de plus en plus nombreuses à rejoindre les rangs de la révolution et la diriger.

De même, exactement comme le mouvement prolétarien a besoin de la participation de tous ceux qui se rebellent contre leur classe, de même le mouvement des femmes a besoin de la participation de tous ceux qui se rebellent contre leur classe mais aussi contre leur propre préjugé sexiste.

Par conséquent, l'alliance entre les hommes et les femmes révolutionnaires n'est pas seulement un vœu mais encore une nécessité historique.

Et cela rend encore plus nécessaire l'émergence de dirigeantes révolutionnaires communistes.

Il est enfin important de ne pas oublier une remarque de Mao qui disait ; soyez mécontents, le monde appartient aux mécontents.

Cette remarque s'applique encore plus aux dirigeantes révolutionnaires qui doivent mener une lutte de classe plus longue et plus complexe, une lutte à l'intérieur du parti et une lutte à l'intérieur d'elles-mêmes.