Cellules Communistes
Combattantes
La
flèche et la cible
ANNEXES
[initialement apparaissait dans
la brochure une carte de la Beligique]
Cette carte de Belgique
présente les neuf provinces qui composent le pays (ces
provinces seront bientôt au nombre de dix, puisque le Brabant
doit être divisé en un Brabant wallon et un Brabant
flamand).
Elle ne rend cependant
pas compte des importantes réalités régionales
et linguistiques. Le pays est divisé en trois régions:
la Flandre (comprenant les provinces des deux Flandres, dAnvers,
du Limbourg et la partie septentrionale du Brabant), la Wallonie
(comprenant les provinces du Hainaut, du Luxembourg, de Liège,
de Namur et la partie méridionale du Brabant) et la région
bilingue de Bruxelles (capitale).
Aux institutions
nationales, provinciales et régionales (ces dernières
étant autonomes depuis 1977) sajoutent les institutions
communautaires: communautés flamande, française
(Wallonie et Bruxelles) et germanophone (les cantons rédimés
dEupen et Malmédy gagnés sur lAllemagne
après la première guerre mondiale).
Lensemble
débouchant sur un infernal imbroglio institutionnel.
Le processus actuel
de fédéralisation de lÉtat et la plus
grande autonomie accordée ainsi aux régions et
communautés ont quelque peu apaisé les querelles
linguistiques (Flamands/Wallons) qui ont lamentablement émaillé
la vie politique belge durant de longues années.
Lancien clivage
entre une Flandre rurale et catholique et une Wallonie socialiste
et industrielle est dépassé depuis bien longtemps,
tant du fait de lindustrialisation de la Flandre (pétrochimie
à Anvers, etc.) que du déclin des secteurs traditionnels
implantés en Wallonie (charbon, sidérurgie, métallurgie,
etc). Véritable Koweit charbonnier", la Wallonie
permit à la Belgique de devenir au XlXème siècle
le deuxième pays industriel et minier du monde après
lAngleterre.
Le pays était
alors deux fois plus équipé en machines à
vapeur que lAllemagne et cinq fois plus que la France.
ACTION DU PREMIER
MAI 1985
action de propagande
armée menée par les Cellules Communistes Combattantes
contre le quartier général du patronat belge (la
Fédération des Entreprises de Belgique) à
Bruxelles. Le bâtiment fut ravagé par une forte
charge explosive placée dans une camionnette. Deux pompiers
envoyés sur les lieux par la police perdirent la vie dans
cette attaque, malgré les mesures de précaution
prises par les révolutionnaires (tracts davertissement,
communication au central de la gendarmerie).
Les autorités
politiques et la presse escamotèrent la responsabilité
des services de police et de gendarmerie (qui furent la cible
dune action de représailles des Cellules quelques
jours plus tard) et en profitèrent pour se livrer à
une campagne de propagande contre-révolutionnaire hystérique
qui trouva son apogée au procès de quatre militants
de lorganisation en octobre 1988.
AFFAIRE ROYALE
la Belgique fut
secouée en 1950/51 par une grave crise politique ayant
pour origine léventualité dun retour
de Léopold III sur le trône.
Celui-ci était
fortement critiqué pour son attitude équivoque
pendant la guerre et loccupation (capitulation du 28 mai,
conflit avec le gouvernement Pierlot réfugié en
France, rencontre avec Hitler à Berchtesgarden, etc).
Après plusieurs années de débats violents,
une consultation populaire consacre le partage entre une Flandre
catholique et royaliste et une Wallonie opposée au retour
du roi. Lorsque celui-ci revient à Bruxelles suite à
la victoire électorale social-chrétienne de 1950,
la classe ouvrière renoue avec la tradition des "grèves
belges générales et politiques (1893, 1902,
1913, 1932 et 1936) animées par lavant-garde traditionnelle
de la classe: les mineurs et les métallurgistes du sillon
industriel wallon.
Déclenchée
à Liège par les métallos, la grève
gagne tout le pays et prend en Wallonie un caractère franchement
insurrectionnel (dans le Borinage, à Charleroi et à
Liège, des travailleurs érigent des barricades
pour bloquer laccès aux communes ouvrières).
Larmée
rappelle des troupes dAllemagne et seconde la gendarmerie
dans la répression. Les affronte­ments se succèdent
à Liège et à Bruxelles tandis quattentats
et sabotages se multiplient (surtout contre des voies ferrées).
Le 29 juillet 1951 larmée occupe Liège avec
des autos blindées et la journée sachève
dans de nombreux affrontements, par des levées de barricades,
etc.
Le lendemain les
gendarmes tuent quatre manifestants et en blessent des dizaines
dautres à Grâce-Berleur, dans la banlieue
ouvrière liégeoise.
Lidée
dune marche sur Bruxelles voit alors le jour, un projet
auquel adhère non seulement toute la classe ouvrière
mais aussi des groupes de la Résistance anti-nazie (essentiellement
des Partisans Armés) qui sétaient clandestinement
engagés dans la lutte anti-léopoldiste. Face à
cette menace, Léopold allait abdiquer en faveur de son
fils Baudouin mettant ainsi un terme à la crise.
BORINAGE
bassin houiller
situé à louest de Mons (province du Hainaut),
exploité dès le Xllème siècle et
transformé en désert industriel par la fermeture
progressive des charbonnages. Les mineurs borains constituèrent
très souvent lavant-garde combative du prolétariat
belge, les grèves de 1887/88 et de 1932 en témoignent
clairement.
Malgré leur
révolte de 1959 ils ne parvinrent pas à enrayer
le mouvement de fermeture des puits amorcé dès
lentre-deux-guerres et précipité par la crise
européenne du charbon de 1958. Le dernier charbonnage
borain ferma en 1976.
CAMPAGNE ANTI-IMPERIALISTE
DOCTOBRE
première
campagne de propagande armée menée par les Cellules
Communistes Combattantes, centrée sur la «guerre
à la guerre» et au capitalisme fauteur de guerre.
Du 2 octobre 1984 au 15 janvier 1985, huit attaques visèrent
successivement des multinationales de larmement impliquées
dans la fabrication des missiles Cruise ou Pershing Il (Litton,
Man et Honeywell), les partis gouvernementaux (libéral
à Bruxelles et social-chrétien à Gand) et
des structures militaires (les télécommunications
de la base aérienne de Bierset, le réseau oléoducs
de lOTAN -dynamité en six endroits du pays - et
un centre US du SHAPE).
CAMPAGNE KARL
MARX
campagne de propagande
armée ouverte par les Cellules Communistes Combattantes
le 8 octobre 1985 et axée sur les thèmes de la
lutte anti-crise et de la nécessité de lorganisation
de classe. Les actions frappèrent un des trusts de lélectricité,
un centre des impôts, le siège du patronat de la
métallurgie à Charleroi, trois principaux sièges
des premiers groupes financiers du pays et une banque américaine.
Les coups de la répression interrompirent la campagne
fin 1985.
CAMPAGNE PIERRE
AKKERMAN
campagne de pro­pagande
armée menée par les Cellules Communistes Combattantes
entre le 19 octobre et le 6 décembre 1985. Cette campagne
dédiée à la mémoire dun communiste
belge mort dans les Brigades Internationales en 1936 avait pour
thème «Combattre le militarisme bourgeois et le
pacifisme petit-bourgeois». Des actions furent successivement
menées contre un centre de recrutement de larmée,
la multinationale de larmement US Motorola, la Bank of
America, un dirigeant pacifiste social-traître et le réseau
oléoducs de IOTAN (une action relayée par
une autre contre le QG de ce réseau à Versailles,
en France, à linitiative dun groupe de communistes
internationalistes).
CENTRE
bassin houiller
situé entre celui du Borinage et celui de Charleroi, dans
la province du Hainaut. Cette région industrielle traditionnelle
(aciéries Boël à La Louvière, etc.)
est aujourdhui désaffectée et elle détient
le plus haut taux de chômage du pays: 30%!
C.N.A.P.D.
Comité national
daction pour la paix et le développement: organisation
pacifiste petite-bourgeoise particulièrement influente
au début des années 80.
COCKERILL-SAMBRE
première
entreprise sidérurgique du pays, principalement basée
à Charleroi et à Liège mais ayant des filiales
en France et en Allemagne. Elle est née de la fusion (sous
le contrôle de lÉtat quand il prit sous tutelle
les «secteurs nationaux» en difficulté) des
sociétés Cockerill (Liège) et Hainaut-Sambre
(Charleroi). Les aciéries, laminoirs et ateliers de construction
mécanique de Cockerill-Sambre sont des bastions traditionnels
du prolétariat wallon.
COMMISSION SYNDICALE
créée
en 1889 à linitiative du P.O.B., elle constitua
une étape décisive de lunification et de
la centralisation du syndicalisme, elle permit à lorgani­sation
syndicaliste socialiste de se développer jusquà
devenir elle-même un des piliers du P.O.B. La Commission
syndicale du P.O.B. allait devenir en 1937 la Confédération
Générale du Travail de Belgique (consacrant ainsi
son autonomie par rapport au parti, mouvement amorcé dès
1905 quand elle se dota dinstances dirigeantes propres)
puis la F.G.T.B actuelle.
CONCERTATION
SOCIALE
la première
«convention collective» entre patrons et syndicats
fut établie en 1906 à Verviers après une
grève suivie dun lock-out.
Les conventions
restèrent lexception jusquà la fin
de la première guerre mondiale mais ensuite elles augmentèrent
en nombre et élargirent leur champ daction (salaires,
durée et rythme de travail, sécurité et
hygiène, etc). Ce mouvement allait conduire à linstitutionnalisation
des conventions à travers les Commissions paritaires.
Un pas important
dans la voie de la concertation sociale systématique fut
accompli par linstauration des Conférences Nationales
du Travail sous le gouvernement Van Zeeland en 1936 (suite à
la grève «des 500.000»).
Ces conférences,
bien quofficieuses, réunissaient gouvernement, patronat
et syndicats au sein dune instance de consultation influente
puisque ses travaux allaient déboucher sur la législation
concernant les vacances annuelles, la semaine des 40 heures pour
les emplois dangereux et pénibles, ainsi que sur des conventions
sectorielles fixant salaires et conditions de travail.
Plusieurs Conférences
Nationales du Travail se succédèrent entre 1944
et 1948 dans le cadre de la reconstruction nationale, portant
sur les salaires, les prix, la sécurité sociale,
lorganisation du travail et la fiscalité. Dautres
furent encore réunies en 1971 et 1976 sous lappellation
de «Conférence Tripartite pour lEmploi»
mais lapprofondissement de la crise nallait plus
permettre par la suite détablir un véritable
accord interprofessionnel. Lorsque lon évoque les
mécanismes de gestion pacifique des conflits sociaux,
il faut aussi citer les organes consultatifs paritaires (patronat!
syndicats) issus de la loi de septembre 1948 sur lorganisation
de léconomie: le Conseil Central de IÉconomie,
les Conseils professionnels et les Conseils dentreprises.
Il faut encore signaler
le Conseil National du Travail créé en 1952 qui
constitue avec le Conseil Central de lÉconomie une
des bases de la concertation sociale: les conventions interprofessionnelles
sont conclues sous légide de ce Conseil.
C.S.C.
Confédération
des Syndicats Chrétiens. Elle est depuis 1985 la plus
grande organisation syndicale du pays grâce à son
assise en Flandre. Son origine remonte aux syndicats anti-socialistes
animés par léglise catholique et le patronat,
mais elle prit son essor avec la création des Unions professionnelles
chrétiennes qui suivit lencyclique Rerum Novarum
de 1891. Elle adopta son appellation actuelle en 1923, succédant
à la Confédération Générale
des Syndicats Chrétiens et Libres de Belgique fondée
en 1912.
CUIVRE ET ZINC
entreprise métallurgique
de la région liégeoise qui fut le théâtre
en 1984 dun conflit social qui tint en haleine prolétariat
et patronat belges. Une grève provoqua une réaction
extrêmement brutale du patronat (licenciement de délégués
syndicaux, intervention de la gendarmerie dans lusine)..,
réaction qui renforça la détermination des
grévistes. Finalement lentreprise fut mise en liquidation
(650 ouvriers et 140 employés et cadres jetés au
chômage). Cuivre et Zinc a été reprise en
1988 par la multinationale industrielle suédoise Trelleborg
sous le nom de «Boliden Cuivre & Zinc.
DEFUISSEAUX ALFRED
(1841-1906)
avocat montois
qui entra sur la scène de la lutte des classes lors dun
retentissant procès qui dura trois ans et à lissue
duquel il obtint la condamnation dun charbonnage de sa
région pour la mort de quarante-quatre mineurs dans un
coup de grisou en 1871.
Cela ouvrit la voie
à la poursuite des charbonnages et à lindemnisation
de toutes les victimes pour tous les cas du genre remontant jusquà
trente ans en arrière.
Ce coup déclat
juridique lui valut toutes sortes de persécutions (dont
une condamnation pour port darme... motivée par
la détention dun canif!).
En 1886, Defuisseaux
rédige son très célèbre Catéchisme
du Peuple» en faveur du socialisme et du suffrage universel,
une oeuvre qui lui vaudra des poursuites pour avoir attenté
au respect de la loi". Il passe alors huit années
en exil, doù il organise le Parti Socialiste Républicain
après que le P.O.B. (au sein duquel son radicalisme lui
attirait bien des ennemis) eut désavoué la grève
proclamée par le Congrès des houilleurs de 1887.
Appelant à
la Révolution et oeuvrant en ce sens, le P.S.R. fut victime
de laction policière et Defuisseaux traîné
en jugement avec une vingtaine de camarades.
La révélation
de provocations policières fut exploitée par la
défense, laffaire fit scandale et le procès
sacheva par des acquittements. Defuisseaux réintègre
alors le P.O.B. (il en avait été exclu) mais reste
exilé: il a accumulé dix condamnations différentes
lui promettant vingt-neuf années de prison! Il rentre
cependant en Belgique, est incarcéré à Mons,
et organise depuis la prison sa campagne électorale (la
réforme électorale de 1893 accordait le vote aux
ouvriers mais attribuait plusieurs voix aux riches).
Le succès
du P.O.B. est éclatant, Defuisseaux est élu député
de Mons et il sort triomphalement de prison, porté par
la foule. Il fut encore à linitiative de nombreuses
lois élargissant les droits démocratiques et son
enterrement réunit plus de cinquante mille travailleurs.
Le DRAPEAU ROUGE
organe central
du Parti Communiste de Belgique, il disparaît début
1991 au profit dune éphémère publication
«pluraliste» intitulée «Libertés».
FABELTA-TUBIZE
entreprise de fibres
synthétiques du Brabant wallon qui fut le théâtre
dune longue lutte sociale (grève, occupation de
lusine, grève de la faim des travailleurs). Lusine
ferma en 1975 (tandis que Fabelta-Gand, en Flandre, allait être
reprise par la multinationale néerlandaise AKZO).
F.G.T.B.
Fédération
Générale du Travail de Belgique. Principale force
syndicale en Wallonie, elle nest plus -depuis 1985 - que
la seconde au niveau national (devancée par la C.S.C.).
Syndicat socialiste, la F.G.T.B. est lhéritière
de la Confédération Générale du Travail
de Belgique, elle-même issue de la Commission syndicale
du P.O.B. A lorigine la plus lointaine de cette tendance
syndicale on trouve les sociétés de secours mutuel,
les caisses de résistance et de grève créées
à partir de 1834, et les premiers syndicats (tisserands,
métallurgistes, etc.) apparus en 1857.
FRONTISME
mouvement illégal
développé parmi les soldats flamands durant la
première guerre mondiale, en réaction à
loppression culturelle et linguistique quils subissaient
de la part dune direction de larmée et dun
corps des officiers exclusivement francophone (à linstar
de limmense majorité de la bourgeoisie, car à
lépoque même la bourgeoisie flamande parlait
le français, jugé plus valorisant).
Le frontisme sortit
rapidement du cadre linguistique et on vint à exiger lautonomie
administrative de la Flandre et à se montrer favorable
à une paix séparée avec lAllemagne.
Les frontistes menaçant de déposer les armes, certaines
de leurs revendications furent satisfaites.
Mais leur moyen
de pression disparut avec larmistice et le mouvement nationaliste
flamand, pour légitime quil fut en loccurrence,
récolta lhostilité dune population
qui avait ou à subir quatre années dune occupation
très douloureuse (à lexception de létroit
front de lYser, adossé à la France et à
la mer, tout le pays avait été occupé).
GREVES DE 1886
mouvement à
caractère insurrectionnel qui se déclencha dans
le bassin sidérurgique liégeois et s étendit
aux trois bassins hennuyers (Borinage, Centre, Charleroi). Ce
fut la vague de grèves la plus massive et la plus violente
quait jamais connu la Wallonie. Lintervention de
larmée fit des dizaines de morts, des centaines
douvriers furent condamnés. Les grévistes
détruisirent et incendièrent le château dun
patron et une verrerie à Baudoux, la brasserie appartenant
au maire de Châtelineau, une autre verrerie à Roux
(où larmée tua vingt manifestants), des maisons
de directeurs de charbonnage à Plomcot, Ransart, Gilly
et Marcinelle, une abbaye à Soleilmont, etc. A la base
de ce mouvement de grèves, une crise cyclique qui avait
fait passer le salaire annuel moyen du houilleur de 1086 frs
en 1883 à 783 frs on 1886.
GREVES DE 1887/88
mouvement à
caractère insurrectionnel lancé par les ouvriers
et les mineurs du Hainaut dirigés par Alfred Defuisseaux.
Organisée ouvertement comme grève générale
révolutionnaire», le mouvement entendait surmonter
la défaite de 1886 et adoptait un caractère politique
(il revendiquait notamment le suffrage universel).
Organisés
dans le Parti Socialiste Républicain (dune tendance
proche du blanquisme), les organisateurs de ce mouvement furent
victimes dinfiltrations et de provocations policières
qui allaient déboucher, après une nouvelle vague
de grèves insurrectionnelles on 1888, sur de nombreuses
arrestations (affaire dite du «Grand Complot»).
Les grèves
révolutionnaires de 1887/88, contrairement à celles
de lannée précédente, allaient rester
cantonnées au Hainaut, sans parvenir à gagner la
région liégeoise ni aucune autre. Leur échec
allait renforcer le camp réformiste qui sétait
désolidarisé delles on préconi­sant
le développement dassociations coopératives
et mutualistes.
GREVE DE 1893
mouvement de lutte
imposé à la direction du P.O.B. par son aile gauche
et par sa base ouvrière wallonne en faveur du suffrage
universel.
Le déclenchement
de la grève était décidé en cas de
rejet du suffrage universel par la Constituante. Les débats
souvri­rent le 22 février 1893 et le il avril
le suffrage universel était repoussé par 115 voix
contre 26. Le soir même te P.O.B. appelait à la
grève générale. Le mouvement démarra
à Bruxelles (dans la métallurgie, les imprimeries,
etc.) puis sétendit en province, dans les bassins
houillers du Centre et du Borinage, à Charleroi et à
Liège, et même on Flandre où à lépoque
la classe ouvrière était pourtant réduite
et dépourvue de véritables traditions de lutte
(20.000 grévistes à Gand).
De multiples affrontements
eurent lieu, au cours desquels larmée tua de nombreux
grévistes (massacre aux usines de Roubaix et Bougie à
Borgerhout, charge des lanciers à Wetteren, fusillades
à Mons - 16 tués - et à Anvers - 5 tués
-, etc.), mais la leçon porta et la bourgeoisie concéda
le vote plural (une voix au prolétaire, plusieurs au riche).
GREVES DE 1902
mouvement de lutte
lancé par les travailleurs du Hainaut à lannonce
dun nouveau report de la révision de la Constitution
(qui devait remplacer le vote plural par le suffrage universel
pur et simple: un homme, un vote).
Le nombre et la
gravité des incidents (la gendarmerie tua plusieurs manifestants
à Bruxelles le 12 avril) et la pression de la base forcèrent
le P.O.B. à décréter la grève générale.
Les masses, très combatives, débordèrent
couramment les consignes du P.O.B. (dynamitage de la demeure
dun député catholique à Binche, du
bureau de poste à La Louvière, de la Banque Nationale
à Bruxelles, etc., révolvérisation de policiers
à La Louvière, investissement et destruction de
locaux cléricaux à Gand, et partout des manifestations
incessantes rassemblant, par exemple, trois cent mille grévistes
pour la seule journée du il avril).
La répression
fut extrêmement brutale (une jeune fille tuée par
les gendarmes à Houdeng, deux nouveaux manifestants tués
également par la gendarmerie à Bruxelles, six autres
tués et quatorze blessés par la Garde Civique à
Louvain le 16 avril lors dune marche vers la maison du
président de la Chambre, etc).
Quand le P.O.B.
proclama la fin de la grève, sa décision fut ressentie
comme une terrible trahison par beaucoup de prolétaires,
principalement à Louvain, à Charleroi et dans le
Bornage. Il on fut dailleurs sanctionné par une
stagnation lors des trois élections suivantes, alors que
jusque là il progressait systématiquement et que
de surcroît le nombre des votants ne cessait daugmenter.
GREVES DE 1913
mouvement de lutte
méticuleusement préparé par le P.O.B. qui
ne voulait on aucun cas voir les masses échapper à
son contrôle comme en 1893 et on 1902. Des grèves
et des événements sanglants avaient émaillé
lannée 1911 (les gendarmes tirent sur la foule à
Liège lors dune grève spontanée ayant
mobilisé non seulement les travailleurs liégeois
mais aussi ceux du Centre et du Borinage) et le P.O.B. avait
une fois de plus appelé à la reprise du travail.
Mais la même
année il décidait aussi de préparer (par
lagitation, des collectes de fonds, etc.) une grève
générale et pacifique. La proposition parlementaire
du P.O.B. concernant la révision constitutionnelle (toujours
on vue du suffrage universel) ayant été repoussée
le 7 février, la grève fut décidée
pour le 14 avril suivant.
Elle rencontra
un énorme succès (de 375 à 450.000 grévistes),
elle se déroula sans incidents majeurs et le P.O.B. la
suspendit dès quil reçu lassurance
quune commission serait mise on place pour examiner le
problème électoral. La grève générale
et pacifique avait duré huit jours.
GREVES DE 1932
mouvement de lutte
lancé par les mineurs du Borinage sous limpulsion
du Parti Communiste on raison dune baisse du salaire nominal
denviron 35%. Les charbonnages borains, dexploitation
difficile et aux installations vétustes, ressentaient
plus durement la crise que ceux du Limbourg, par exemple. Les
limites de la grève sexpliquaient par le fait quentre
1930 et 1939 les prix diminuaient plus vite que les salaires,
ce qui avait accru le pouvoir dachat de ceux qui avaient
pu conserver leur emploi.
De fait, la crise
frappait le prolétariat belge avant tout par le chômage
quelle occasionnait (on janvier 1930, on comptait un taux
de chômage de 7,5%, on juillet il était de 10% et
en décembre il sélevait à 26,2%).
Dans un premier temps dix mille mineurs du Borinage cessèrent
le travail, mais lorsque la grève menaça de gagner
les bassins voisins (chaque jour, à lappel du Drapeau
Rouge, des milliers de Borains sy rendaient à vélo
pour inciter leurs camarades à les rejoindre dans la grève)
le gouverneur du Hainaut interdit les attroupements et fit appel
à dimportantes forces de gendarmerie.
Elles sattaquèrent
régulièrement aux travailleurs en lutte, tuant
lun dentre eux à Roux, tandis que pour leur
part ceux-ci incendiaient le château dun directeur
de mine. Cette grève fut aussi prétexte à
larrestation de toute la direction du P.C.B. (sauf Jacquemotte
protégé par son immunité parlementaire)
et à un procès pour complot contre la sécurité
de lEtat.
La grève
insurrectionnelle de 1886 secoua tout le sillon industriel wallon
et principalement ses deux grandes entités, Liège
et Charleroi.
Elle fut noyée
dans le sang, tout comme lavaient été les
soulèvements antérieurs et comme le furent les
suivants (1887/88, 1893...). A propos de la grève de 1869,
Marx écrivait: «Il ny a quun seul pays
civilisé où lon saisit avidement et joyeusement
le prétexte des grèves pour assassiner les ouvriers.
Ce pays unique est
la Belgique, le pays-modèle du constitutionnalisme continental,
le paradis au petit pied du seigneur de la terre, du capitaliste
et du prêtre. La terre ne fait pas plus sûrement
sa révolution annuelle que le gouvernement belge son massacre
annueL.»
GREVES DE 1936
mouvement de grève
générale qui partit du port dAnvers lorsque
le prolétariat perçut la reprise économique
et revendiqua une amélioration de sa situation. A lexemple
du Front Populaire an France, on réunit une Conférence
Nationale du Travail (gouvernement-syndicats-patronat) qui allait
déboucher sur toute une série de lois sociales
(salaire minimum, liberté syndicale, congés payés,
etc). A lorigine, cette grève navait pourtant
pas recueilli le soutien des syndicats socialistes et chrétiens.
GREVES DE 1950
voir AFFAIRE
ROYALE
GREVES DE 1960/61
le plus important
conflit social quait connu la Belgique après la
seconde guerre mondiale. La crise économique amorcée
on 1958 frappe de plein fouet le Borinage qui devient la cible
dun plan gouvernemental de fermeture de la moitié
des puits du bassin.
Une grève
spontanée éclate, que les syndicats seront bien
forcés de reconnaître après coup quand les
métallurgistes du Centre et de Charleroi (100.000 grévistes
en 1959) rallieront le mouvement, Ils passent alors un accord
et mettent fin à la grève contre la volonté
de la base.
En mars 1959, 25.000
travailleurs gantois du textile - autre secteur touché
par la crise - débrayent, un mouvement auquel dautres
succéderont (par exemple les réparateurs de navires
à Anvers). Fin de lannée, le F.S.B. et la
F.G.T.B. reforment leur unité (unité qui était
compromise depuis la grève des métallos de 1957)
sur base des thèses planificatrices mises en avant par
le mouvement syndical an 1954 et 1956.
Début 1960,
le patronat rejette la proposition faite par la F.G.T.B. de convoquer
une Conférence Économique et Sociale, le gouvernement
le suit dans ce refus mais lâche quelques promesses qui
lui garantissent la neutralité de la C.S.C. Le 29 janvier,
la F.G.T.B. appelle à une journée de grève.
Elle sera bien suivie
dans les bassins industriels wallons, à Anvers, Gand et
Bruxelles. Une nouvelle grève spontanée éclate
an mars dans le Borinage, à lannonce de la fermeture
de puits. Labsence de la F.G.T.B. dans ce conflit est remarquée
et fait lobjet de nombreuses discussions. Fin juillet/début
août, le gouvernement Eyskens (coalition social-chrétienne/libérale)
met au point un vaste plan daustérité baptisé
«loi unique, un plan foncièrement anti-populaire
(limitation du chômage, baisse des salaires, relèvement
de lâge de la retraite, réduction des pensions,
etc).
Cest cette
«loi unique» qui sera le détonateur des grèves
de lhiver 1960/61, tous les conflits sociaux évoqués
ci-dessus ayant indiscutablement préparé le mouvement,
renforcé petit à petit la détermination
du prolétariat à affronter le gouvernement. Dincessantes
manifestations précèdent la grève qui éclate
an décembre à linitiative de la cellule du
P.C.B. des ACEC de Charleroi (5% du personnel). Un cortège
est formé, qui va appeler les entreprises voisines à
arrêter le travail. Le lendemain, le personnel communal
débraye à Liège. Il est suivi par les métallurgistes
(malgré lopposition des délégués
syndi­caux). A Anvers le port est paralysé.
La grève
se généralise alors, la F.G.T.B. est obligée
de la reconnaître an cours de route et elle mobilisera
jusquà trois cent mille grévistes à
travers tout le pays. De multiples affrontements et attentats
voient le jour (la gendarmerie donne lassaut contre un
local syndical à Gand, la plupart des manifestations sachèvent
dans des combats avec les policiers et les gendarmes - les heurts
les plus graves se déroulent le 6 janvier à Liège,
des banques, journaux et administrations sont mis à sac,
les gendarmes tuent deux ouvriers et en blessent des dizaines
dautres). La violence populaire prenant de lampleur,
le gouvernement fera déployer larmée...
Le journal Le Peuple
est interdit dans les casernes.
La grève
dura cinq semaines et sessouffla. Si elle nallait
pas atteindre son but précis, le retrait de la «loi
unique», elle devait malgré tout créer une
situation politique telle que le gouvernement Eyskens démissionna
an février (ce qui empêcha de fait lapplication
de la fameuse loi).
Lors des élections
qui sensuivirent, la politique du P.S.B. (qui avait refusé
de provoquer la dissolution du Parlement par la démission
de ses élus, comme le lui avait demandé la F.G.T.B.)
fut sanctionné par un glissement de voix vers le P.C.B.,
dont le score passait ainsi de 1,89% en 1958 à 3,08% on
1961. La grève révéla aussi lhétérogénéité
du mouvement syndical socialiste (et notamment la fracture entre
les centrales wallonnes et flamandes, ces dernières étant
encore plus réticentes devant la grève).
GREVES DE 1983
mouvement de lutte
lancé par les cheminots et qui mobilisa rapidement lensemble
des services publics contre la politique daustérité
foncièrement anti-populaire du gouvernement Martens/Gol,
une coalition social-chrétienne/libérale: modération
salariale, diminution de limposition pour les revenus
du capital, nouvelle loi sur les loyers favorable aux propriétaires,
restrictions dans la sécurité sociale, dans lenseignement,
etc. La C.S.C. se retira de la grève qui ne fut que tardivement
et timidement soutenue par la F.G.T.B. Cela explique notamment
pourquoi elle ne réussit pas à prendre une dimension
interprofessionnelle ni à sétendre au secteur
privé. Con­trairement à la grande grève
de 1960/61, les grèves de septembre 1983 furent suivies
aussi bien an Flandre quen Wallonie.
GRIPPA JACQUES
(1913-1991)
figure émérite
du mouvement communiste belge, il adhère au Parti à
lâge de 17 ans et occupe de 1939 à linvasion
nazie le poste de Secrétaire Politique de la Fédération
bruxelloise, puis de la Fédération de Verviers
jusquen 1943. Chef détat-major des Partisans
Armés, il est arrêté le 9 juillet 1943 et
déporté à Buchenwald. Devenu membre du Comité
Central, Jacques Grippa anima la bataille contre le révisionnisme
dans le P.C.B., une bataille qui allait conduire à la
scission davril 1963 (XlVème Congrès). Fondateur
du Parti Communiste marxiste-léniniste de Belgique, il
milita ensuite jusquà sa mort au sein du Mouvement
des Communistes de Belgique.
HUYSMANS CAMILLE
(1871-1968)
homme politique
socialiste, il fut bourgmestre dAnvers (1933-1940), député
pendant 55 ans (de Bruxelles dabord, dAnvers ensuite),
ministre des Arts et des Sciences de 1925 à 1927, Premier
ministre en 1946/47 et ministre de linstruction publique
entre 1947 et 1949. Il fut aussi secrétaire (de 1905 à
1922) puis président (de 1939 à 1944) de la IIème
Internationale. Il organisa la conférence de Stockholm
en 1917.
JACQUEMOTTE JOSEPH
(1883-1936)
principal fondateur
du Parti Communiste de Belgique. D'abord secrétaire permanent
du Syndicat des Employés (affilié à la Commis­sion
syndicale du P.O.B.) an avril 1910, il collabore à divers
journaux syndicaux (notamment celui du courant syndicaliste-révolutionnaire
LExploité), il défend lunité
dune organisation syndicale centralisée et forte
contre les tendances anarchistes, corporatistes et régionalistes.
Ses articles sont
aussi dirigés contre le parlementarisme opportuniste et
appellent à lessor dun parti politique socialiste.
Les vigoureuses campagnes de LExploité -dans lequel
il joue un rôle de plus an plus important - contre l«Union
Sacrée», pour une politique autonome de la classe
ouvrière, en faveur de la révolution spartakiste,
etc. en font lorgane de la minorité de gauche du
P.O.B.
La campagne de LExploité
dénonçant lintervention impérialiste
dirigé contre la révolution soviétique mobilise
nombre de travailleurs et empêche la fourniture darmes
et de munitions à la Pologne fasciste de Pilsudski (la
découverte par les dockers dAnvers dun train
de munitions à destination de la Pologne alors on guerre
avec la Russie soviétique fait tomber, en 1920, le gouvernement
d«union sacrée» qui avait nié
lexistence dun tel trafic).
Lors du Congrès
restreint du P.O.B. de décembre 1920, les droitiers exigent
la suppression des groupes des «Amis de LExploité»
rassemblés autour du journal. La scission intervient an
avril 1921 et an mai le Congrès des Amis de lExploité
se prononce pour la fondation dun parti communiste. En
septembre 1921, le congrès de fusion avec les groupes
communistes déjà constitués déboucha
sur la fondation du P.C.B.
Lorsquen janvier
1923 la bourgeoisie belge emboîte le pas à la bourgeoisie
françai­se et fait occuper la Ruhr, Jacquemotte et
le P.C.B. lancent une forte campagne dopposition. La réaction
ne se fera pas attendre: un procès pour -complot contre
la sécurité de lÉtat»... qui
se retournera contra ses instigateurs. Jacquemotte, premier des
cinquante-quatre accusés, prend loffensive, dénonce
le gouvernement et les autorités judiciaires et transforme
le procès an victoire pour le Parti qui vécut ainsi,
pour reprendre le mot même de son dirigeant, son «baptême
du feu». J
oseph Jacquemotte
entra au Parlement an avril 1925 comme député de
Bruxelles et sen servira comme dune tribune pour
soutenir la grève des métallurgistes la même
année, celle des typographes et des travailleurs du textile
an 1931, celle des mineurs an 1932 (lutte qui allait donner lieu
à un nouveau procès pour "complot ),
celle des 500.000 en 1936, etc., pour dénoncer
lopportunisme du P.O.B., le fascisme on Allemagne, en Italie
et en Belgique (lutte anti-rexiste), pour stigmatiser leffroyable
oppression des travailleurs africains du Congo belge (notamment
à loccasion de la mutinerie de Kwango, fief des
«Huileries du Congo belge», en 1931, que la troupe
mata en tirant à la mitrailleuse dans la foule, massacrant
une centaine de manifestants), pour soutenir lU.R.S.S.,
et finalement pour défendre loption du «Front
Populaire», conformément aux directives du Komintern.
Son plaidoyer pour
le «Front Populaire» sera particulièrement
ardent, il ira même, dans ce quil est convenu dappeler
son «testament politique» parce quécrit
peu avant sa mort, jusquà envisager ladhésion
an bloc du P.C.B. au P.O.B., à la seule condition que
le Parti puisse y conserver son organisation autonome et ses
principes directeurs (la proposition fut rejetée par le
P.O.B.).
LIMBOURG
province flamande
dans laquelle de riches gisements miniers ont été
exploités depuis le début du siècle jusquaux
années 80. Les mines du Limbourg furent le théâtre
de nombreuses et puissantes luttes sociales, surtout depuis quen
1965 senclencha de façon irréver­sible
le processus de fermeture des puits.
A cette époque
38% de la population active masculine de la province travaillait
encore dans les charbonnages. En janvier 1966, la gendarmerie
tua deux mineurs lors dune grève contre la fermeture
de la mine de Zwartberg. Depuis quelques implantations industrielles
ont été réalisées dans la province
(usines Ford à Genk, par exemple) qui connaît malgré
tout un taux de chômage très élevé.
MARTENS/GOL
appellation de deux
gouvernements (connus aussi comme «Martens V» et
«Martens VI») de coalition social-chrétienne/libérale,
dirigés par le Premier ministre Wilfried Martens (social-chrétien
flamand) et par le vice-Premier ministre Jean Gol (libéral
wallon). Cette coalition sest distingué par une
politiqua néolibérale foncièrement anti-populaire,
organisant la dégradation des services publics, le contrôle
et las économies budgétaires, une réforme
fiscale favorable aux capitalistes, des licenciements massifs,
la suppression de la liaison automatique des salaires à
lindex (au coût de la vie), une dévaluation,
un désengagement de l'État des «secteurs
nationaux» en difficulté (acier, verre, textile,
charbon, etc.), etc.
Bref une politique
dite «daustérité» qui entraîna
de nombreux conflits sociaux dont le plus important fut la grève
de septembre 1983.
Martens V entra
an fonction le 17 décembre 1981 et Martens VI tomba le
15 octobre 1987, pour faire place à une coalition à
dominante, puis exclusivement social-chrétienne/socialiste.
Cette coalition qui connaît régulièrement
des changements de personnes est toujours an place aujourdhui.
P.C.B.
Parti Communiste
de Belgique, section belge de lInternationale Communiste,
fondé an 1921 par lunion de deux fractions révolutionnaires
présentes dans la gauche du P.O.B.: la courant de Joseph
Jacquemotte (dorigine syndicaliste-révolutionnaire,
réuni autour du journal LExploité) et celui
de War Van Overstraeten (anti­parlementaire et anti-syndicaliste,
dissidence bruxelloise de la Jeune Garde Socialiste). Les effectifs
du P.C.B. (500 militants, sur les 10.000 que comptaient alors
les ligues ouvrières du P.O.B.) allaient croîtra
rapidement malgré le départ denviron 350
militants lors de la rupture avec les trotskystes (influents
surtout an Hainaut) en 1928.
Fidèle aux
consignes du Komintern, le P.C.B. exclut toute collaboration
avec les social-démocrates (la polémique avec eux
fut virulente!) et il entreprend une lutte contre le chômage
alors an pleine expansion. Il développe ses propres structures
syndicales (principalement la Centrale Révolutionnaire
des Mineurs, regroupant aussi des métal­lurgistes
liégeois), ce qui amène les communistes actifs
dans la Commission syndicale à se rapprocher des positions
de lOpposition Syndicale Révolutionnaire.
Suite à la
grève de 1932 au Borinage, le P.C.B. passa dun millier
à environ trois mille membres. Loption du «Front
Populaire» et du Front uni fut défendue à
partir du Congrès de 1935 à Charleroi mais elle
ne connut quun succès relatif an raison des réticences
du P.O.B. (alla avait pourtant été bien accueillie
par sa base et des fédérations comme celle de Liège
et de Bruxelles).
Les Jeunesses Communistes
fusionnèrent pourtant avec la Jeune Garde Socialiste,
les syndicats communistes furent dissous et leurs membres saffilièrent
à titre individuel aux syndicats socialistes (de la C.G.T.B.).
Le soutien à la République espagnole constitua
aussi un terrain dunité: deux mille volontaires
partirent pour les Brigades Internationales. Le Parti connut
alors une forte croissance (3.200 militants an 1935, 8.500 en
1938), un développement qui se répercuta aussi
dans le domaine électoral, particulièrement en
1938.
Analysant tout dabord
la guerre mondiale comme guerre de brigandage inter-impérialiste,
et cela conformément à la ligna du Komintern («Ni
Londres, ni Berlin»), le P.C.B. sinvestit activement
dans les premières grèves sous loccupation
(«grève des 100.000» an mai 1941, à
Liège notamment). Linvasion de lUnion Soviétique
par las nazis provoquera lengagement du Parti dans la Résistance
armée (cest lapparition des «Partisans
Armés») et la traduction dans le domaine de la Résistance
de la politique du Front uni (par la création du «Front
de lindépendance»).
Une lutte vigoureuse
est alors engagée qui, à la différence dautres
dans les pays voisins, visait particulièrement des collaborateurs:
du 1er janvier 1943 au 1er mars 1944, Liège, Charleroi
et Bruxelles furent le théâtre de 1.174 actions
contre des rexistes, dont 742 mortelles.
On connaît
latrocité des représailles perpétrées
par lennemi et, alors que le Front de lIndépendance
rassemblant communistes, anti-fascistes, patriotes et démocrates,
an­glophiles, etc. est en pleine expansion, la Gestapo parvient
à arrêter entre janvier et juillet 1943 des centaines
de militants et cadres du Parti, dont les plus hauts responsables
du Comité Central et de la direction des Partisans Armés.
Les pertes de la
Résistance (vingt mille clandestins belges tués
par les nazis) et spécialement le sacrifice de 1.200 combattants
de lorganisation des Partisans Armés quil
avait contribué à fonder et à laquelle il
avait consacré ses meilleures forces, devaient saigner
le Parti: sur les 35 membres et candidats du Comité Central
élus en 1939, seuls cinq échappent à la
déportation ou à la mort, cinq commandants des
Partisans Armés se succèdent à Bruxelles
de 1942 à 1944, qui seront arrêtés les uns
après les autres.
Cependant le Parti
sort aussi de la guerre fort dun prestige et dun
ascendant politique puissant, et ses membres passent de 10.000
à la fin de la guerre à100.000 après la
libération. Il devient ainsi le troisième parti
du pays et participe aux gouvernements Pierlot et Van Acker de
1944 à 1947.
Le P.C.B. entame
alors une longue période de décadence marquée
par des déviations révisionnistes (auxquelles le
renouvellement des cadres pendant la guerre nest pas étranger).
Il perd progressivement son âme et ses forces, jusquaux
scissions des années 60 qui donneront naissance à
des groupes maoïstes. La P.C.B. a perdu toute représentation
parlementaire lors des élections de 1985.
PIERLOT HUBERT
(1883-1963)
homme politique
catholique. Premier ministre dun gouvernement qui prit
son nom en 1939, il dirigea depuis Londres (contre lavis
du roi Léopold III resté en Belgique) le gouvernement
belge an exil puis, à la libération, le gouvernement
dunion nationale (auquel participa le P.C.B.). Un gouvernement
qui semploya en priorité à ramener la production
au niveau davant-guerre et finit par tomber suite au départ
des catholiques nacceptant pas lopposition des partis
socialiste et communiste au retour du roi (cest le début
de «laffaire royale»).
P.O.B.
Parti Ouvrier Belge,
né en 1885 du Congrès réuni à linitiative
de la Ligue ouvrière de Bruxelles, de lunion des
ligues ouvrières, mutualités, syndicats et coopératives
socialistes du Brabant, de Flandre orientale, de Liège,
du Hainaut et dAnvers.
Le P.O.B. prenait
ainsi le relais en labsorbant du Parti Ouvrier Socialiste
de Belgique, lui-même produit de la fusion de 1879 du Parti
Ouvrier Socialiste Flamand et du Parti Ouvrier Socialiste Brabançon,
structures ayant émergé deux ans plus tôt
de la Chambre du travail, de la fédération des
sociétés ouvrières bruxelloises et de quelques
groupas ouvriers wallons.
Le retard relatif
des wallons en matière dorganisation politique -
alors quà lépoque leur région
concentre lessentiel du prolétariat national - sexplique
en tant que séquelle des puissantes influences bakouniniennes
dans les sections de lAssociation Internationale des Travailleurs.
Outre les ligues
ouvrières, spécifiquement politiques, très
influentes mais dont les effectifs étaient réduits
au regard du nombre de membres du P.O.B., le mouvement socialiste
reposait sur quatre piliers principaux: les «Maisons du
Peuple» qui allaient se répandre jusque dans les
plus petites communes, les mutualités, les syndicats et
les coopératives.
Ces dernières,
typiques au mouvement ouvrier belge, connurent une expansion
notable: en 1910 on recensait déjà plus de 3.000
coopératives et en 1930 cinquante-cinq grandes coopératives
approvisionnaient plus dun million de consommateurs. En
1965, les coopératives réalisaient encore 24% du
chiffre daffaire total des sociétés de distribution
dans le pays.
Au départ
les statuts des coopératives (comme des mutuelles et des
syndicats) spécifiaient que quiconque sy affiliait
reconnaissait les statuts et le programme du P.O.B., et ainsi
grossissait automatiquement la base du courant le plus réformiste
du parti. Mais peu à peu syndicats, mutuelles et coopératives
acquirent de lautonomie (pour ce qui est des syndicats,
suite à la grève de 1902 et aux contradictions
qui avaient éclaté entre les ouvriers grévistes
et le P.O.B.) et ce dernier devint un parti politique à
part entière.
Il connut une dissidence
lors des grèves de 1887: le Parti Socialiste Républicain.
Il participa pour la première fois à un gouvernement
lors de la première guerre mondiale, quand son président
Émile Vandervelde fut nommé ministre sans portefeuille
le 4 août 1914.
Cétait
là le couronnement dune longue lutte pour le suffrage
universel, marquée par les grèves de 1887/88, 1893,
1902 et 1913. Le P.O.B. oeuvra activement à linstitutionnalisation
de la collaboration de classe, torpillant systématiquement
les mouvements de lutte ouvrière trop combatifs à
son goût, se désolidarisant régulièrement
des syndicats socialistes quand il était au gouvernement.
Il étendit
dailleurs cette politique de désolidarisation au
niveau international par un colonialisme, un impérialisme
et un atlantisme sans détour. Ainsi, il prit position
pour le transfert du Congo à la Belgique (qui aboutit
en 1908), et son domaine économique (coopératives
mais aussi participations industrielles) sétendit
jusque dans la colonie où il possédait notamment
plusieurs plantations de coton.
Ainsi, également,
se prononça-t-il, an 1916, par la voix de son président
Vandervelde, pour lannexion du Grand-Duché de Luxembourg
puis, lors des négociations du traité de Versailles,
pour lannexion de Maastricht, du Limbourg hollandais, de
Moresnet, dEupen, de Malmédy et dune partie
du domaine colonial allemand (le traité naccorda
à la Belgique que les revendications territoriales
formulées aux dépens de lAllemagne). Ainsi,
enfin, le P.O.B., devenu Parti Socialiste Belge (P.S.B.) après
la libération, on 1944/45, allait devenir un agent actif
de lallégence de lEurope occidentale à
limpérialisme US (son dirigeant, Paul Henri Spaak,
fut dailleurs secrétaire général de
IOTAN de 1957 à 1961).
P.O.S.
Parti Ouvrier Socialiste,
ex-Ligue Révolutionnaire des Travailleurs: section belge
de la IVème Internationale (trotskyste).
POUVOIRS SPECIAUX
pouvoirs accrus
quune majorité parlementaire peut accorder à
lexécutif pour une période donnée
et dans un cadre particulier. Le gouvernement Martens/GoI y eut
très largement recours pour réaliser sa politique
daustérité.
P.S.(B.)
Parti Socialiste
Belge, constitué en 1945 sur base de lhéritage
du P.O.B. Bien que ce parti ne représenta que la deuxième
force politique du pays (après les social-chrétiens),
il constitua le pivot des premiers gouvernements daprès-guerre,
jusquen 1949. Il retrouve le pouvoir (avec les libéraux)
de 1954 à 1958, puis sy installe (avec les social-chrétiens
et parfois dautres partis encore) de 1961 à 1980.
Il y est à
nouveau depuis 1987. Foncièrement réformiste, le
P.S.B. eut quand même une aile gauche prônant le
retour aux thèses collectivistes du P.O.B. et qui, pour
avoir été active sur le terrain (ainsi par exemple
la tendance du syndicaliste liégeois André Renard
qui joua un rôle davant-plan dans les grèves
de 1960/61), nen fut pas moins toujours impuissante face
à la direction et à lappareil réformiste
du parti. Le P.S.B. se scinda an 1978 pour donner naissance à
deux partis distincts: le Parti Socialiste (majoritaire on Wallonie)
et le Socialistische Partij (actuellement troisième an
Flandre).
P.S.R.
Parti Socialiste
Républicain, une dissidence du P.O.B. rassemblée
lors des grèves de 1887/88 autour dAlfred Defuisseaux.
Elle réintégra le P.O.B. en octobre 1889.
P.T.B.
Parti du Travail
de Belgique. Parti populiste et opportuniste créé
en 1979 à partir de lorganisation «Tout le
Pouvoir aux Ouvriers», elle-même issue du mouvement
étudiant maoïste des années 70.
SECTION BELGE
DE LA.I.T.
la fondation de
la 1ère Internationale à Londres an 1864 impulsa
dans notre pays un processus dorganisation des cercles
socialistes et des associations ouvrières sous légide
de militants progressistes de grande valeur, tel par exemple
César De Paepe.
A partir de lassociation
bruxelloise «Le Peuple», les internationalistes belges
rassemblèrent des fonds de grève, assurèrent
laide juridique aux grévistes poursuivis, développèrent
la propagande, etc. Cette activité culmina lors des grands
mouvements de grèves qui se succédèrent
entre 1867 et 1870 dans les bassins de Seraing et de Charleroi.
Vers 1870, lAssociation Internationale des Travailleurs
comptait environ 60.000 adhérents en Belgique et disposait
de sections dans tous les centres industriels importants.
Si, à limage
de César De Paepe, de nombreux proudhoniens se rallièrent
au marxisme, le courant anarchiste resta puissant dans la section
belge de linternationale et il constitua un allié
puissant pour la tendance de Bakounine. Le mouvement internationaliste
commença à décliner en 1872, pour des raisons
conjoncturelles mais aussi à cause de la défaite
de la Commune de Paris et du conflit entre anarchistes et collectivistes.
S.G.B.
Société
Générale de Belgique, principal holding du pays,
actif dans las secteurs du transport, de lénergie,
de la métallurgie des non-ferreux, de lassurance,
de la banque, des travaux publics, etc. Avant guerre, au faîte
de sa puissance fondée sur le charbon, lacier et
les constructions métalliques et électriques, la
Générale possédait 40% du patrimoine industriel
belge! A la fin des années 80, ce holding fut lenjeu
dune bataille financière internationale qui sacheva
par une prise de participation du groupe financier français
Suez. La S.G.B. possède des intérêts partout
an Europe, mais aussi an Amérique du Nord, au Zaïre,
au Brésil, etc.
VAL SAINT-LAMBERT
entreprise du secteur
verrier située à Saraing (région liégeoise),
née au début du siècle de la fusion de plusieurs
entreprises sous légide de la Société
Générale de Belgique. En 1975, cette cristallerie
qui employait 1.200 travailleurs connaissait des difficultés
et la situation déboucha sur un long conflit social (les
travailleurs sorganisèrent an comité de grève
prenant en charge la production). La lutte se solda par des centaines
de licenciements lors de la misa en place, sous contrôle
dune commission paritaire, dune nouvelle direction.
VAN ACKER ACHILLE
(1898-1975)
homme politique
socialiste, présidant du Parti Socialiste clandestin pendant
la guerre, Premier ministre et ministre du charbon an 1945/46,
ministre jusquen 1949 puis encore Premier ministre de 1954
à 1958. Représentatif du réformisme du P.S.B.,
il joua un grand rôle dans linstauration de la sécurité
sociale.
VANDERVELDE EMILE
(1866-1938)
homme politique
socialiste qui participa à la fondation du P.O.B., élu
député an 1894, il resta présidant du groupe
parlementaire socialiste jusquà sa mort. Il sera
élu président du Comité Exécutif
de la IIème Internationale an 1900 à Paris et il
jouera un rôle non négligeable dans sa trahison
(non seulement Vandervelde ralliera les thèses social-chauvines
et bellicistes, défendra leffort de guerre, etc.,
mais an 1915 il ira jusquà faire un voyage en Russie
pour appeler à suspendre «momentanément»
la lutta contre le tsarisme et à se consacrer exclusivement
à la guerre contre lAllemagne!). Il occupa plusieurs
postes ministériels antre 1914 et 1935 et fut délégué
beIge an 1919 lors des négociations du Traité de
Versailles.
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