IL FUTURO

 

[Revue semi-légale italienne des années 1990, proche du Mouvement Prolétaire Anti-Capitaliste]

DE LA RESISTANCE PROLETARIENNE A L'OPPOSITION ANTICAPITALISTE,
QUELLE LIGNE DE MASSE ?

Introduction

Par les temps qui courent, lire le journal revient à lire des bulletins de guerre.

Chaque jour, la liste des fermetures d'usine s'allonge. La "cassa integrazione" (plan social technique de chômage) atteint un niveau record à la faveur de la nouvelle loi sur cette "cassa integrazione guadagni speciale" (loi n°223 de 1991) qui prévoit la mobilité, c'est-à-dire le licenciement au bout de deux ans.

La liste est destinée à s'allonger comme celle des contrats sociaux.

Face aux attaques patronales et à la dégradation générale des conditions de vie et de travail, les prolétaires essaient de s'organiser pour tenter de résister. Le premier type d'organisation de résistance est généralement lié au lieu de travail (ou le quartier), c'est positif et inévitable, mais simultanément fonctionnel et limité à des objectifs immédiats.

Si l'organisation d'usine, de quartier, etc., reste telle quelle, sans insertion dans un contexte plus vaste, au-delà du partiel, ses aspects corporatistes et sectoriels deviendront évidents.

A la différence du passé, aujourd'hui les discours sur la crise sont compris par des millions de prolétaires, parce que cette réalité, ils la vivent dans leur chair, et face à l'historiette propagée par la bourgeoisie à propos de soi-disantes causes à la crise, ils commencent à apporter une compréhension des bases économiques réelles.

La faible de la faible compétitivité du fait de coûts de travail élevés, celle de la nécessité du démantèlement de l'Etat social déjà mal en point, du besoin impérieux du pacte social dont les patrons, le gouvernement et les syndicats tentent rageusement de faire la publicité, tout ceci n'est plus cru par personne.

A la crise, les prolétaires répondent souvent par des formes d'auto-organisation. Ce sont des formes qui ont tendance à saisir les difficultés générales à l'intérieur de la seule usine, les limitant donc à cette enceinte, et en ne les insérant pas dans une crise générale du mode de production capitaliste (MPC) basé sur la propriété privée des moyens de production; cette lecture conduit à responsabiliser des dirigeants incapables ou un fonctionnement des directions monopolistes...

Ou plus globalement les vols et escroqueries que les capi (mafieux) d'Etat et les partis ont commis durant des années.

Au contraire, le moment est désormais venu d'expliquer - si cela n'a pas été fait précédemment - aux prolétaires ce qu'est la crise et la surproduction, car bien que les patrons atteignent les objectifs cités plus haut, les profits poursuivent leur chute et la reprise tant espérée se fait attendre. Mais cette tâche n'est possible que si de larges secteurs prolétariens s'approprient les lois objectives sur lesquelles l'exploitation se base.

Le capital est un rapport social historiquement déterminé et la crise du capital est, avant tout, une crise de valorisation du capital. Donc aujourd'hui, avec le MPC, à la différence de par le passé, la crise n'est pas le produit du manque de production de marchandises, mais au contraire celui de la surproduction des capitaux et des marchandises.

Ce système social, basé sur le profit et sur l'exploitation, est si absurde qu'il contraint des millions de personnes à mourir de faim alors qu'on produit trop abondamment.

C'est cette conscience que nous devons apporter aux exploités, l'absurdité d'un système qui pour sauver le profit de quelques uns - et dans la phase impérialiste les quelques uns se réduisent toujours plus - affament tous ceux qui concourent à créer les richesses des autres.

Pour en arriver là, il est nécessaire de reprendre le débat sur la crise, sur la composition de classe, sur les mutations qui se sont produites dans le prolétariat, dans la classe ouvrière. C'est un débat qui se fait prioritaire. Le rôle des avant-gardes- de celles qui se veulent dignes de ce nom - est de mesurer à partir de ce concept, en agissant à l'intérieur du mouvement et non en restant sur le côté.

LE PROLETARIAT PARAMETRE POUR UNE CONFIGURATION DE LA COMPOSITION DE CLASSE

"Le fait que les jeunes attachent parfois au côté économique une importance plus grande que celle qu'il ne mérite est en partie de notre faute à Marx et moi.

Face aux adversaires, nous devions souligner le principe essentiel qu'ils niaient, et ensuite, nous ne trouvions pas toujours le temps, l'endroit et l'occasion de rendre justice aux autres facteurs qui participent à l'interaction.

Mais, à peine se joignait à l'exposition d'une période de l'histoire cette application pratique, que la chose changeait et aucune erreur n'était plus possible (...). C'est ainsi que s'est crée une étrange confusion. (Engels, lettre à Joseph Bloch)

Une étrange confusion s'est constituée dans la définition de la composition de classe, surtout à partir du moment où celle-ci s'est élargi et complexifiée. C'est-à-dire dans la phase impérialiste du MPC.

Face aux restructurations et à la profonde mutation des formes selon lesquelles se réalisent dans cette phase les processus du travail, le terme classique de "classe ouvrière" qui dessinait une partie assez définie de la population des pays capitalistes, commence à perdre énormément de sa capacité descriptive.

A partir de cette insuffisance, certains ont déliré sur sa soi-disante disparition, et d'autres ont épousseté avec "aggiornamenti" la théorie / conception ouvriériste bien connue.

Déjà Negri avait soutenu que, désormais, la loi de la valeur n'avait plus de raison d'être, que le capital avait été historiquement vaincu et qu'il résistait dans la forme, seulement dans les appareils idéologiques et surtout dans le pouvoir politique.

En continuant dans cette idée, on a cherché à expliquer les nouvelles décompositions produites par la déstructuration comme étant une "nouvelle manoeuvre patronale" qui brisait l'unité de l'usine et dispersait le sujet antagoniste sur le territoire.

Et en suivant cette "logique", on a parlé "d'ouvrier social", une figure qui, désormais, ne devait plus se défendre ni s'opposer au capital dans l'usine (une situation trop difficile à cause du processus de décomposition du cycle productif et de la fragmentation consécutive de la classe), mais qu'au contraire, elle se serait recomposée au niveau des "besoins induits", ainsi largement diffusés dans toute la société et que le système capitaliste n'est pas en mesure de satisfaire.

Selon cette théorie idéaliste, le (besoin de) communisme se développe "objectivement" dans la société capitaliste et la classe "subjectivement" s'est désormais étendue à un point tel qu'il est difficile d'en dessiner les contours !

Analysant les transformations, nombre d'autres ont avancé différentes hypothèses et conclusions, mais en définitive il existe au minimum un dénominateur commun : considérer les paramètres du "travailleur productif" et du "travailleur improductif" dérivent de la discussion profonde et enflammée née entre les économistes classiques et Marx, et que ce dernier avait largement affronté dans la première partie de sa théorie de la plus-value", cette oeuvre incomplète devant constituer le livre IV du capital. Dans celle-ci, Marx définit clairement le travail productif en régime capitaliste, comme étant le travail qui produit valeur d'échange et donc plus-value pour le capital.

A l'époque, les travailleurs improductifs étaient nombreux : agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales et enfin gardiens, domestiques... que Marx prend en considération dans son fameux exemple à propos du travail improductif.

Le serviteur du capitaliste n'est pas productif, explique Marx, du moment que son travail n'est pas échangé contre du capital mais avec une partie du revenu du capitaliste. le capitaliste qui a des serviteurs ne réalise pas de profit, au contraire, il dépense.

Mais ce même travail peut devenir productif dès lors que ce n'est plus le jardinier mais l'entreprise de jardinage qui traite des mêmes fonctions.

Un cordonnier qui confectionnait une paire de chaussure et qui les vend, créait une valeur d'usage sous forme de marchandise et l'échangeait contre de l'argent.

Un capitaliste qui investit son "argent" et ouvre une fabrique de chaussures, produit beaucoup "plus" qu'une plus grande quantité de chaussures : il donne vie à des rapports qui produisent une séparation croissante entre fonction de direction (dominante) et celle d'exécution (subordonnée), il produit et reproduit un rapport social qui, généralisé à chaque processus productif, crée les classes sociales.

Ainsi, la transformation du travail improductif en travail qui, afin que les capitalistes en tirent plus-value, est "productif", constitue le processus de création de la société capitaliste.
Aujourd'hui, ce processus a "excessivement" progressé, mais si cela peut aider à se rapprocher avec plus de clarté de l'actuelle composition de la classe prolétarienne, il n'est pas inutile de reparcourir les étapes et les formes qui le projettent.

Traditionnellement dans la catégorie "travail productif" sont inclus les processus de travail liés à l'agriculture, à l'extraction des matières premières (mines) et aux industries de transformation.

Dans cette première et partielle classification, il est déjà noté que toutes les activités de transport des marchandises sont incluses dans l'industrie de transformation, contrairement à l'habituelle et erronée classification de cette activité dans le secteur des "services".

Et cela lors que le "capital productif investi en elle (l'industrie des transports) ajoute de la valeur aux produits transportés, une partie par transfert de la valeur des moyens de transport, une partie par l'ajout de la valeur par l'entremise du travail de transport". (Marx, le capital livre II).

Le raisonnement est tout aussi évident à l'intérieur de l'usine même, où de nombreux ouvriers ne réalisent pas d'autres travaux que de la manutention, "transporter" les différentes marchandises à l'intérieur et entre les ateliers.

Même discours valable pour les travailleurs grâce auxquels les marchandises sont pesées, emmagasinées, emballées, tous des travailleurs qui ajoutent de la valeur aux marchandises et donc, pour le capitaliste, des travailleurs productifs.

En outre, à partir de la phase monopoliste, le mode capitaliste de production établit sa domination sur la totalité des besoins humains, ceux pris des points de vue individuels, familiaux ou sociaux.

La poussée à l'expansion du capital dans de nouveaux secteurs de la production est déterminée, en termes économiques, par l'excédent de concentration du capital déjà réalisé dans l'industrie manufacturière.

D'autre part, les importants phénomènes d'urbanisation créent les présupposés d'un ample marché "avide" de nouveaux produits.

En fait est désormais détruite l'organisation sociale existant lors du capitalisme primaire, basé essentiellement sur la famille (amis, voisins et communauté), le travailleur est contraint à entrer en rapport, même en-dehors de l'usine, avec le capital; il est obligé de s'adresser au "marché", à entrer dans un rapport achat-vente, non seulement pour les biens indispensables à sa subsistance mais aussi pour satisfaire d'autres nécessités, celles du divertissement, les loisirs, ou les soins des enfants, des personnes âgées ou malades.

Désormais, tout cela n'échappe plus au contrôle du capital et à ses lois, y compris les émotions et les sentiments.

Donc avec la phase impérialiste s'établit la soumission aux lois du marché capitaliste de la production, pour l'immense majorité des biens; parallèlement la conquête par le capital des "services sociaux" et donc de leur conversion en marchandises, et "l'invention" de "nouveaux produits" et de "nouveaux services" visant à satisfaire aussi des besoins induits et devenus indispensables dans la société capitaliste restructurée.

Toute "nouvelle" activité est créatrice de profit.

En fait, pour la production de plus-value et donc du profit capitaliste, il n'est pas indispensable que "l'objet du travail" (les matières premières) et le résultat final de celui-ci aient un caractère matériel.

Ils peuvent transformer également des éléments soi-disants "immatériels" (comme celui des "informations" par exemple, sur lesquelles est appliqué un travail et qui, donc, sont réélaborées).

Le travailleur occupé à la production de biens matériels rend un "service" au capitaliste et c'est en tant que résultat de ce "service" qu'un objet tangible prend la forme d'une marchandise.

Dans le cas des services véritables, le résultat du travail ne peut pas prendre la forme d'un objet, il est donc offert directement au consommateur, mais les effets du travail se transforment également en marchandises.

Dans la phase impérialiste, le travail des services n'est pas offert directement au consommateur, mais dans l'immense majorité des cas, il est acheté par un capitaliste (ou par l'Etat capitaliste) qui le revend sur le marché, en en obtenant un profit.

Pour le capitaliste, il n'existe aucune différence, en temps de production de plus-value, entre l'ouvrier d'usine et le personnel qui cuisine dans des restaurants ou des MacDonalds, prépare, apprête, lave, sert, exécute une production tout aussi tangible.

Le même discours est valable pour les travailleurs des blanchisseries ou des ateliers de réparation, d'entretien, de location de voitures, etc...

Que les travailleurs de l'entretien et du nettoyage soient attachés à des biens d'usage et continuellement réutilisés, comme dans les hôtels, ou à des marchandises en cours de "finition" (c'est-à-dire comme dans les opérations de polissage et de lustrage finaux de l'automobile) ne change pas la nature des effets de ces opérations, elles sont productrices pour le capitaliste.
De tous ces exemples découle clairement une première conclusion mettant en évidence quelques grosses difficultés rencontrées quand on s'obstine à faire des classifications trop schématiques et rigides du travail (et des travailleurs) dans la société capitaliste, en se basant seulement sur la forme concrète et déterminée du travail et sur les opérations particulières que le travail exécute.

Pour le capitalisme, ce qui compte, ce n'est pas tant cette forme concrète, mais la forme sociale; ce qui importe, c'est que le travail soit inscrit dans le contexte des rapports sociaux capitalistes, que le travailleur soit transformé en salarié et qu'il produise du profit pour le capitaliste.

Tout ceci ne signifie pas que tout processus de travail dans le système capitaliste soit devenu "productif", au contraire si elles se sont développées et si elles ont un poids croissant, toute une série d'activités, tout en étant indispensables à son entretien, sont de fait improductives.

Vu la répétitivité des processus de production de la valeur et de la plus-value, l'attention du capitaliste est contrainte de se concentrer toujours plus sur le problème de la réalisation de la plus-value, celle de la consommation et donc de la vente de la marchandise.

En même temps, les valeurs créées étant devenues désormais extrêmement importantes, l'usage du capital à des fins exclusivement créditrices et spéculatives a énormément augmenté.

Dans le cas spéculatif, les financiers impérialistes, par les jeux boursiers (la spéculation)... s'approprient et se redistribuent entre eux des portions de plus-value créées par la production.

Ces activités, tout en étant nécessaires voire indispensables au MPC, n'apportent pas une croissance, même minime à la valeur ou à la plus-value, elles sont donc en soi improductives, mais ceci n'empêche pas qu'elles engagent d'énormes masses de travail dans les pays capitalistes les "plus avancés".

La grande entreprise capitaliste a été obligée, par les lois mêmes du système, de développer énormément cette forme. De développer le secteur des "recherches de marché", de "promotion des ventes", publicité, spéculation, et ainsi de larges fractions du capital sont canalisées vers ces secteurs.

En conséquence, le "travail improductif" n'est plus seulement celui lié à des phases précédentes de développement (comme dans le cas des artisans ou des paysans ou des "professions libérales qui existent encore dans les pays capitalistes plus développés et en grande proportion dans ceux de la périphérie) mais en étant aussi complètement soumis aux rapports de production dominants, il est utilisé par les mêmes capitalistes de manière et pour des objectifs improductifs.

La grande masse du travail considéré comme improductif parce qu'il ne travaillait pas pour le capital s'est transformé, aujourd'hui, en une masse croissante de travail improductif, parce travaillant pour le capital et parce que le besoin de travail improductif de ce dernier a énormément augmenté.

Dans les premières entreprises capitalistes, la part des "salariés" attachés à des fonctions improductives représentait une petite quantité et jouissait de privilèges évidents.

Aujourd'hui le simple fonctionnaire étroitement lié au capitaliste a cédé la place dans l'entreprise à des divisions entières ou à des services dans lesquels seuls les chefs sont restés en rapport direct avec la direction capitaliste, alors que tous les autres occupent des positions proches de celles des travailleurs attachés à la production, créant ainsi une énorme quantité de travailleurs, sujets en tant que tels à la subordination et à l'oppression qui caractérisent la vie des travailleurs productifs.

A ces secteurs ont été appliquée la même "direction scientifique" expérimentée dans les usines avec la division technique du travail, puis sa mécanisation.

Non pas différemment que pour les processus productifs (et même avec plus de facilité), le travail dans les bureaux est décomposé et parcellarisé entre un grand nombre de travailleurs partiels pour lesquels il est désormais impossible de comprendre le sens du processus de travail dans son ensemble.

Par la suite, l'introduction de l'ordinateur réunifia le processus du travail en éliminant de nombreuses phases qui précédemment étaient confiées aux travailleurs partiels.

Mais comme dans l'industrie, l'ordinateur dans le MPC ne se transforme pas en gigantesque pas en avant vers la réduction et l'élimination de la division, travail manuel / travail intellectuel, qu'il pourrait potentiellement devenir.

Au contraire, le capitalisme reproduit et approfondit obstinément cette division (entre experts, analystes, codeurs, programmateurs, simples opérateurs...) et également dans de nombreux cas, le travail des bureaux ne s'éloigne pas du simple travail manuel.

Dans une phase précédente, déjà, la catégorie "travail productif" avait démontré toutes ses limites quand on voulait l'utiliser comme paramètre pour définir l'appartenance ou non à la classe prolétarienne, c'est dès l'instant où l'on fait une analyse concrète du marché du travail qu'aujourd'hui enfin ces limites se rencontrent toutes de manière amplifiée.

En fait, entre les travailleurs des usines et des bureaux, les différences qui étaient les caractères initiaux de ces deux secteurs, s'affaiblissent toujours plus.

Non seulement, les "employés" sont toujours plus issus de familles ouvrières et vice-versa, mais ils coexistent toujours plus dans la même famille.

Les conditions salariales ne diffèrent pas de manière criante, parfois même, celles des "employés" sont inférieures à celles des ouvriers qualifiés.

Du point de vue de la "qualification", dans les bureaux, une main d'oeuvre déqualifiée y est toujours plus employée, laquelle est, contrairement aux phases antérieures, soumise (et parfois de manière plus importante) au même risque de licenciement que les ouvriers.

Les travailleurs employés dans les bureaux vont ainsi grossir les files croissantes de "l'armée de réserve" représentée par la population ouvrière au chômage ou semi-occupée, ou en "cassa integrazione".

Si nous utilisons le concept productif comme ligne de partage entre prolétariat et bourgeoisie, alors à quelle niveau devrions-nous placer les chômeurs, parmi les "productifs" ou parmi les "improductifs" ?

Nous entrerions dans un faux débat, et on pourrait disserter s'ils produisent directement (les conditions pour) le profit capitaliste ou s'ils sont une conséquence des mécanismes liés à sa reproduction.

L'analyse détaillée du processus de formation de la "surpopulation relative" a été faite par Marx qui affirmait très précisément : "... Mais si une surpopulation ouvrière est le produit nécessaire de l'accumulation, c'est-à-dire du développement de la richesse sur une base capitaliste, cette population devient, vice-versa, le levier de l'accumulation capitaliste et plus encore, une des conditions d'existence du mode de production capitaliste.

Elle constitue une armée industrielle de réserve disponible qui appartient au capital de manière aussi complète que si ce dernier l'eut élevé à ses propres frais, et elle crée pour les besoins variables de valorisation de celui-ci, le matériel humain, exploitable, toujours prêt, indépendamment des limites de l'augmentation réelle de la population." (le capital, livre I) "Produit et levier de l'accumulation qui appartient entièrement au capital".

Marx définit cette partie de la population dans le régime capitaliste, en ne laissant aucun doute sur la position de classe et en rendant superflue toute dissertation sur les formes "productives" ou "improductives" de sa subordination.
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On pourrait objecter que parmi les "sans-travail", on rencontre des situations différentes et l'on pourrait aussi soulever d'autres objections.

L'une d'entre elles, par rapport à la position de classe de tant de "salariés" dans l'industrie ou les services, ou de ceux appelés communément "emplois publics".

Dans ce cas également, le paramètre "économique" est celui relatif aux moyens de production (de propriété ou de non-propriété) et donc le mécanisme par lequel il y a création de la production de plus-value pour le capitaliste, mais cela ne nous conduirait pas dans la bonne direction.

De nombreux cadres techniques et scientifiques, les ingénieurs, les niveaux supérieurs de la direction et du contrôle, les employés spécialisés et les "professionnels" occupés à la production, dans les organismes financiers, mais aussi dans les hôpitaux ou dans les écoles de l'armée et pourquoi pas dans la hiérarchie ecclésiastique... ne sont pas propriétaires des moyens de production, ils vendent leur "force de travail" en échange d'un "salaire" (dénommé traitement), mais pouvons-nous à partir de cet élément les assimiler à la classe prolétarienne ?

Tous ces éléments mettent en évidence, une nouvelle fois, le fait que le concept de classe sociale est un concept plus large et plus profond et il ne peut être liquidé en utilisant exclusivement des paramètres économiques.

Il exprime un rapport qui existe entre les hommes lors du processus du travail, dans lequel entrent en jeu le travail manuel et le travail intellectuel, entre un rôle de direction et celui d'exécution, entre une position de domination et une position de subordination.

Il est sous-entendu que la base, sur laquelle il a été possible aux capitalistes de créer cette trame dense de rapports aliénants pour le prolétariat, fut l'expropriation d'une capacité de production autonome, l'appropriation des moyens pour produire les biens matériels et en conséquence l'appropriation des résultats du travail.

Mais avec tout ceci, nous ne révélons rien de nouveau.

C'est une réalité qui s'est déjà imposée avec l'affirmation du MPC et avec la création de structures dédiées à sa défense et à sa reproduction.

Mais la production capitaliste n'est pas uniquement une production de marchandises, elle est également et parallèlement une production et une reproduction des rapports sociaux dominants qui permettent de reproduire le système.

Dans la partie la plus "avancée" du système, la société entière est rendue fonctionnelle à l'extraction du profit, et à cette fin, toutes les branches de la production s'organisent et se structurent, tissant un dense réseau de rapports stratifiés et hiérarchisés.

Sans aucun doute possible, un haut dirigeant d'une entreprise appartient à la bourgeoisie, non parce qu'il possède des actions mais parce qu'il occupe une position déterminée dans la société capitaliste; il exerce un rôle de direction dans le processus du travail qui le place au sommet de la hiérarchie, qui lui permet d'avoir un pouvoir décisionnel autonome, de commander et de contrôler une masse de travail subalterne, et qui, par conséquence, lui permet de jouir de bénéfices économiques considérables.

La structure de classe de la société capitaliste est complexe, et le domaine de la bourgeoisie est garanti et reproduit par un éventail de figures qui ne peuvent être limitées aux seuls "hauts sommets" de la "pyramide".

Il existe toute une série de figures qui appartiennent à la bourgeoisie non seulement parce qu'elles en défendent les intérêts, mais justement par leur position à l'intérieur des processus de travail, pour leurs rapports à la richesse et au pouvoir, pour leur sécurité de leur poste (d'emploi), pour leur autorité sur le travail des autres et pour leurs prérogatives de commandement.

Mettre en évidence la prolétarisation de la société capitaliste ne signifie pas préfigurer mécaniquement et schématiquement la polarisation absolue entre un sommet réduit et la masse de la population.

La "nouvelle classe moyenne" à substituer à la classe moyenne qui existait dans la phase prémonopoliste est une invention de la bourgeoisie.

Dans la période précédente, il existait un groupe social qui, de fait, n'était pas interne à la structure sociale capitaliste, et ses attributs ne pouvaient être assimilé ni au prolétariat ni à la bourgeoisie, parce qu'il soutenait de fait l'instauration ou le retour à des modes de production pré-capitalistes.

Aujourd'hui, s'il existe une "position intermédiaire", celle-ci est un complément interne au processus de croissance du capital et elle assume, dans les divers moments de crise ou de "reprise", les caractéristiques de l'un ou l'autre pôle de la structure de classe.

A l'aube de ce siècle, en analysant la composition de classe de la société capitaliste, Lénine avait mis en évidence le caractère non absolu de l'élément économique, il avait alors déjà fourni les éléments et les paramètres avec lesquels il est possible "aujourd'hui encore" de résoudre la question en disant : "les classes sociales sont des groupes humains qui se différencient entre eux par le lieu qu'ils occupent dans un système de production historiquement déterminé, par leur rapport face aux moyens de production (rapports que les lois fixent et consacrent), par le rôle qu'ils jouent dans l'organisation sociale du travail et, par suite, par la manière et la proportion qu'ils reçoivent de la richesse sociale." (Lénine, une grande initiative)

Les difficultés de définition naissent aussi du fait que les classes, la structure sociale dans son ensemble, ne sont pas des entités fixes, mais des processus en cours qui subissent des transformations et des variations, elles ne sont pas des "choses" définissables en termes arithmétiques.

D'autre part, ce n'est pas à partir de son poids quantitatif qu'une classe assume un rôle bien défini, mais c'est seulement à partir du degré de conscience de classe qu'elle peut devenir actrice dans une phase historique.

Une conscience de classe qui s'exprime par une permanente attitude antagoniste dans les confrontations entre les classes opposées, et qui se manifeste aussi dans l'élévation de l'expérience, de la mémoire, dans le développement de ses organisations.

Et, de plus, dans tous ces comportements qui se modifient rapidement, on pourrait dire de jour en jour dans les périodes de tension et de conflit.

Une conscience de classe qui signifie avoir conscience de soi comme étant un groupe qui vit des problèmes, qui a des intérêts et des perspectives communs, et opposés aux classes dominantes.

Parfois, les manifestations de cette conscience se mettent en "sourdine" durant de longues périodes, de manière confuse, désordonnée et sujette aux manipulations de la classe dominante.

Justement dans ces périodes, le rôle de sa fraction la plus avancée - qui existe très concrètement - devient plus important au regard du fait que, si la variété des formes concrètes du travail (productif et non-productif) n'a pas de poids sur l'existence du prolétariat en tant que classe, celles-ci influencent par contre la conscience, le degré de cohésion et d'agir social et politique des sujets prolétariens.


DE LA RESISTANCE PROLETARIENNE A L'OPPOSITION ANTICAPITALISTE : DE L'ORGANISATION ECONOMICO-SOCIALE A L'ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE

Sans vouloir réduire aux éléments minimums l'analyse de la crise qui tenaille le système capitaliste dans son entier, nous pouvons affirmer que le résultat immédiat produit est l'appauvrissement des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière.

La froideur des chiffres nous donne un étalon réel de comparaison et renforce cette réalité.

L'Istat (instituto centrale di statistica, institut central de statistiques) parle déjà de 400 000 "nouveaux pauvres", l'OCDE prévoit 30 millions de sans-emplois dans les pays industriels; l'utilisation de l'instrument de la "cassa integrazione guadagni" a augmenté au niveau national de plus de 20%, atteignant 50% dans les régions les plus industrialisées, et les effets économiques de la manoeuvre du gouvernement Amato ne tarderont pas à se faire sentir sur les prochaines feuilles de payes.

Le spectre d'une période de larmes et de sang se mue en sombre réalité.

La résistance à cette dégradation des conditions matérielles, même si elle est contradictoire, limitée et partielle, est bien un fait.

Avec des hauts et des bas, typique à tout période de lutte, un énorme mouvement de masse se met en place.

Ces deux derniers mois, des millions de travailleurs ont rempli les rues. La conviction de la nécessaire résistance aux perspectives de la misère a secoué tout le corps prolétarien.

Mais au-delà de l'appauvrissement matériel, la misère d'un mouvement de masse, incapable de donner une perspective politique à cette capacité de mobilisation, s'est révélée avec de lourds contenus.

Si d'une part, on ne peut que constater avec satisfaction les initiatives spontanées surgies un peu partout, qui contraignent les collaborateurs syndicaux à appeler à des mobilisations contre des accords qu'ils avaient eux-mêmes signés, de l'autre on ne peut que rester amer en constatant la manoeuvre très réussie pour réencadrer dans l'espace compatible la poussée contestataire à laquelle la base ouvrière avait réussi à donner corps.

Des membres de l'appareil bureaucratique du syndicalisme d'Etat, bien que minoritaires, se sont retrouvés miraculeusement à la tête d'un mouvement comme celui des conseils qui, apparemment, ouvrait de nouvelles perspectives à la possibilité de ne pas céder, pour le moins sur le front de la lutte.

Les résultats de ce processus ne tarderont pas à se manifester, nous en sommes certains !

Mais si, cela dit sans détour, ces figures n'ont rien fait d'autre que remplir leur devoir déterminé institutionnellement, quelle fut l'attitude des camarades qui ont agi durant cette période pour tenter de porter l'axe de résistance sur des voies indépendantes de celles scandées par les CGIL, CISL, et UIL (note : les syndicats officiels, style CGT - CFDT... en France).

Quelques uns, pris à contre-pied par un façon ouvrière d'agir retrouvée, par les occupations d'usines et les rues pleines de "bleus de travail", les pitoyables tenants de la farce du transformisme n'ont su rien faire d'autre que de reproduire leur scénario éculé et rabâché (note : dans le vocabulaire "politique" italien le mot "transformisme" désigne la pratique par laquelle les milieux dirigeant l'Etat et le capital neutralisent la classe par des concessions subalternes).

Réveillés en sursaut de leurs élucubrations masturbatoires à la recherche de la "nouvelle subjectivité révolutionnaire"- résidant peut-être en leur lugubre ghetto- ils se sont confrontés à cette réalité ouvrière, partielle et limitée sans doute, mais qui timidement se pose le problème d'aller vers d'autres formes de résistance.

Mais à l'épreuve des faits, ils n'ont pas su faire autre chose que réduire la confrontation en la plaçant sur le terrain pervers de l'existentialisme (le leur évidemment !).

Une période terminée ?

Nous ne le savons pas, néanmoins, il nous importe plus de nous arrêter autant sur les possibilités actuelles de rétablir un rapport avec de si tristes réalités.

D'autres, peut-être parce que déjà encadrés dans de microscopiques, ou plus petites encore, structures para-syndicales ou partisanes se sont limités à se présenter comme les porteurs de "l'absolue vérité", réduisant la confrontation à la présentation de leurs orientations.

S'ils ne l'avaient pas encore fait, ils se sont engagés dans la voie de se structurer officiellement en néo-syndicat, renvoyant au futur et à d'autres instances la résolution du "problème" politique.

Ainsi donc, le problème reste posé.

Redéfinir une projectualité qui sache faire vivre, dans le combat quotidien contre le capital, la nécessité de prolétariat de classe "en soi" à classe "pour soi".

De ce même prolétariat, il faut définir la composition actuelle.

Evacuer définitivement le terrain de ces théories qui se basent sur la disparition des ouvriers comme classe exploitée.

Poser avec force la problèmatique d'une organisation qui ne se limite pas à négocier la vente de la force de travail, même si c'est à un prix plus élevé que celui d'aujourd'hui : une organisation qui - en partant de la nécessité de reparcourir la voie d'une recomposition du prolétariat - sache poser avec force la critique radicale et la possibilité de dépassement du système capitaliste !

Quelle "ligne de masse" ?
ou Quelle intervention des avant-gardes dans le travail de masse ?

Sur ce thème, nombreuses sont les ambiguïtés qui peuvent surgir.

Une grande partie du mouvement s'arrête aux phénomènes de résistance; pour une intervention ce sont là des bases sûrement nécessaires, comme nous l'avons déjà affirmé, mais elles ne sont pas suffisantes.

D'autres dictent des lignes de masse aux masses alors qu'ils en sont coupés, créant ainsi un décalage dans l'interprétation de leurs besoins.

D'autres enfin délèguent la "ligne de masse" à un fantomatique parti qui n'existe pas, et dans le cas contraire, qui n'est pas encore reconnu comme l'avant-garde du prolétariat, critère fondamental pour sa légitimation même.

Ou encore certains pensent que, dans l'attente de la construction du Parti, il est nécessaire de freiner le processus d'organisation socio-politique du prolétariat, en se positionnant un pas à côté et non pas à la tête du mouvement prolétarien qui lui, indépendamment de l'intervention du facteur subjectif, se constitue objectivement.

Dans tous les cas, le résultat (d'une façon ou d'une autre) est celui de constituer un ensemble réel éloigné des mouvements, et pour cette raison, il ne parviendra jamais à orienter et à développer une conscience à l'intérieur du prolétariat.

Nous, nous ne sommes pas de ceux qui retiennent que les mouvements seuls, sans une avant-garde consciente qui les oriente, accompliront un saut qui les amènera à critiquer radicalement le système d'exploitation.

Les conditions objectives générées par le MPC sont la base de la constitution même des mouvements.

Mais c'est le facteur subjectif, le rôle de l'avant-garde, qui par la conscience en soi amènera à la conscience pour soi, comme première étape pour, par la suite, assumer une conscience supérieure.

Aujourd'hui, c'est déjà une tâche très ardue que de faire le premier pas.

Nous sommes encore loin du passage de la conscience en soi à une conscience pour soi, bien que l'Italie soit un des pays qui, dans sa majeure partie, connaisse un des niveaux de conscience du mouvement ouvrier et révolutionnaire parmi les plus élevés.

Les erreurs commises par le passé et la capacité d'offensive capitaliste ont fait beaucoup régresser le niveau du mouvement.

Nous nous trouvons ainsi, après des années de réflexions silencieuses (dans le meilleur des cas) à agir dans une phase où le ferment prolétarien se fait sentir à nouveau, mais il est traversé de nombreuses contradictions, et donc sans orientation de progression réellement crédible.

La décomposition du prolétariat et sa fragmentation sont les premiers facteurs fondamentaux qui empêchent une quelconque future aptitude à se propulser en avant.

Le premier pas en ce sens est saisi dans le travail pour sa recomposition, une expression désormais très en vogue, mais souvent vide du moindre contenu.

Un des premiers points, comme nous avons voulu le soulever dans cette intervention, consiste justement à nous remettre à réfléchir sur la catégorie prolétarienne.

C'est seulement en l'identifiant, seulement en la reconnaissant, seulement en traçant ses limites que nous pourrons avancer dans le travail de recomposition.

Cette bataille est très dure.

Il nous faut affronter des myriades de concepts, chacun d'entre eux invoquant son "orthodoxie" de l'interprétation du marxisme-léninisme; selon les cas, ceux-ci voient dans l'ouvrier productif l'unique élément du prolétariat, et sinon en restent à la classe ouvrière, comprise selon les schémas du capitalisme primaire, comme étant l'ensemble du prolétariat, ils rejettent ainsi de nombreuses figures qui sont parties intégrantes de cette classe.

Ou, au contraire, traumatisés par les restructurations capitalistes, et ne regardant pas au-delà du bout de leur nez purement italien, leurs adeptes voient se réduire les concentrations ouvrières dans leur pays et se paralysent parce qu'ils ne réussissent pas à s'inventer un autre sujet qui pourrait être force motrice.

Sans parler de tous les concepts qui accueillent, presque avec un soupir de soulagement, la réduction numérique des concentrations ouvrières; et trouvent des sujets de tout acabit pour être les moteurs d'une transformation idéaliste.

Bien que nous voudrions pouvoir agir dans un contexte plus avancé, c'est de fait le panorama auquel nous nous confrontons, que cela nous plaise ou pas.

Et c'est dans ce cadre, même avec les distinguos nécessaires et avec un ordre de priorité qui doit exister, que nous devons agir.

Dicter une "ligne de masse" dans ces conditions devient un travail on ne peut plus contradictoire et bien peu la suivraient.

Nous, nous retenons qu'aujourd'hui ici, on peut au maximum parler de quel travail de marche est mis en oeuvre, en quels termes et avec quels objectifs.

Et pour faire cela, il est nécessaire d'utiliser un travail qui ait au moins des vérifications pratiques ou qui tente de les avoir.

Commencer à travailler ne peut être reporté, du fait que la classe marque des positions plus avancées.

Et parce qu'en plus, elle doit commencer à se reconnaître comme telle, en accomplissant un processus de recomposition.

Penser qu'il est possible de réaliser des pas en avant en portant un mouvement économique et une forme purement politique est quasiment utopique et dangereux à divers points de vue - mais ce n'est pas l'endroit pour en débattre.

Il est nécessaire qu'en partant de la situation dans laquelle nous agissons, par le travail que nous développons avec les sujets les plus conscients de la classe ouvrière et du prolétariat, se crée un élément intermédiaire qui travaille pour la recomposition de classe.

Un élément qui sache dialectiser la résistance anti-capitaliste au processus de recomposition, un mouvement qui doit tourner autour de la composante la plus avancée du prolétariat.

Un mouvement qui aura obligatoirement pour ossature, la classe ouvrière, non pas comme nous l'avons déjà posé quand nous analysions la catégorie prolétarienne, appartenance de classe et pas seulement au niveau numérique, mais par les caractéristiques historiques que celle-ci a exprimé, parce que c'est la classe ouvrière qui seule a une histoire dans le combat contre le capitalisme.

Nous ne pouvons certainement pas attendre des centaines d'années afin que d'autres secteurs du prolétariat mûrissent la même histoire et la même expérience.

Nous parlons donc, non d'une organisation politique, mais d'une instance qui travaille à la constitution d'une tendance (même si cela peut paraître à certains un recul) qui serve en perspective à catalyser les diverses composantes avancées du prolétariat.

Une tendance qui dès maintenant doit trouver certains arguments théoriques et analyser à nouveau, comme nous le disions, quelques caractères fondamentaux mais qui, simultanément, sache déjà créer des moments de mobilisation de masse.

Nous ne pouvons pas en rester au pur énoncé formel des intentions ou de ce qu'il faudrait ou non faire.

Nous sommes aujourd'hui en mesure d'accomplir, même si ce n'est que de manière précaire et peu organique, un travail parmi des secteurs de masse, un travail qui n'a encore qu'une forme d'instance au niveau social mais qui, aujourd'hui, est capable d'accomplir un saut nouveau, en s'appropriant des caractères politiques.

Autrement, nous ne pourrions parler qu'avec difficulté d'opposition au système capitaliste.

On ne pourra s'opposer que si la conscience d'appartenir à une classe est créée.