Union des Communistes
Combattants
Manifeste
et thèses de fondation
(Octobre
1985)
En Italie,
la lutte révolutionnaire reprend naissance dans les années
1968-1969, sur base de la poussée politique effectuée
par les vastes mobilisations ouvrières, prolétariennes
et étudiantes.
Après de
nombreuses années d'hégémonie révisionniste
indiscutée sur la classe prolétarienne, après
des années durant lesquelles le mouvement ouvrier ne s'éleva
pas au-delà d'une lutte trade-unioniste, d'une lutte dans
les limites de la société bourgeoise, le mot d'ordre
de la conquête du pouvoir politique et de la dictature
du prolétariat redevint d'une actualité brûlante.
Dès l'explosion
initiale des luttes de masse, un problème apparaît
comme primordial aux yeux des véritables avant-gardes:
comment donner au mouvement de classe une direction politique
qui forgerait les formes d'action révolutionnaire en mesure
de guider les travailleurs vers la prise du pouvoir d'Etat?
En effet, toute
lutte de classe est une lutte politique et le but de cette lutte,
qui se transforme inévitablement en guerre civile, est
le monopole du pouvoir politique.
Le cours des événements,
marqué en 1968-1969 par le développement impétueux
du mouvement de masse et aussi par la réaction et la contre-attaque
de la bourgeoisie, mit précisément au grand jour
la nature inconciliable de l'antagonisme existant entre capital
et travail, et montra que les classes combattent, en dernière
instance, pour conquérir le pouvoir d'Etat.
En résumé,
l'histoire de ces années imposa au prolétariat
et à ses avant-gardes conséquentes, un devoir pratique
et urgent: créer un parti de type nouveau, un parti réellement
communiste, capable de combattre sans réserve pour la
dictature du prolétariat, sans se laisser attirer par
les sirènes de la démocratie bourgeoise.
Mais le prestige
du Parti Communiste Italien (P.C.I.) était grand dans
les masses, et par conséquent aussi grand était
le dégât que causait son évolution révisionniste
et la politique pacifiste honteuse dont ce parti usait quotidiennement
dans les salles du parlement bourgeois.
Une telle trahison
ne pouvait être considérée comme un accident,
et l'on ne pouvait pas non plus différer un examen responsable
de révolution apparue dans le rapport entre les classes,
dans les institutions politiques de la société
bourgeoise et dans les expériences acquises par les mouvements
révolutionnaires.
En somme, la recherche
de voies nouvelles s'imposait, de voies propres à relancer
la révolution dans le contexte des nouvelles conditions
du second après-guerre.
L'organisation des
Brigades Rouges se saisit de ce problème avec précision
et exactitude et réussit à y répondre de
manière extrêmement conséquente au niveau
pratique grâce à sa décision d'initier la
lutte armée contre l'Etat de manière systématique
et continue.
Constituées
en 1970, les Brigades Rouges durent d'abord naviguer à
contre-courant: en effet, non seulement elles se trouvaient confrontées
à de nombreux groupuscules pseudo-révolutionnaires
qui, - s'ils étaient disposés à prendre
part aux explosions violentes de la lutte de masse -, battaient
en retraite dès qu'il s'agissait de se mettre à
la tête du mouvement de manière organisée
et conséquente, dès qu'il s'agissait de remplir
une fonction politique et de direction dans la lutte spontanée
du prolétariat; mais, pire encore, les Brigades Rouges
rompaient sciemment avec une masse de préjugés
ancrés dans les milieux révolutionnaires, préjugés
qui considéraient la lutte armée comme impossible
en dehors d'un contexte insurrectionnel et qui trouvaient, bien
que de manière détournée, une signification
immédiate dans la grande tradition de l'Internationale
Communiste.
Pourtant, c'est
la justesse même de cette vision politique - commencer
la lutte armée en créant ainsi les bases du regroupement
pour la fondation du parti du prolétariat - qui fut à
la base du fait que les Brigades Rouges eurent raison, de manière
décisive, de ces tendances retardataires et opportunistes.
Très vite,
les Brigades Rouges se sont étendues dans les principales
villes italiennes, dans les principaux pôles industriels;
très vite, le sens et la signification de leur choix subjectif
d'avant-garde devinrent évidents; et très vite,
par leur juste action de lutte contre l'Etat, elles conquirent
pour la lutte armée communiste un rôle central dans
le panorama politique italien; et d'autres groupes commencèrent
à suivre leur exemple.
Marxistes-léninistes
dans leur réfèrent théorique, fortement
enracinées dans la classe ouvrière et dans les
couches les plus combatives du prolétariat des villes,
les Brigades Rouges s'affirmèrent donc comme détachement
d'avant-garde avant tout parce que leur proposition s'avéra
être la réponse politique concrète à
une situation historique concrète.
Si d'un côté
l'inutilité du parlementarisme en ce qui concerne l'activité
révolutionnaire était apparue absolument clairement,
d'un autre côté les communistes risquaient bien
malgré eux de se transformer en propagandistes stériles,
extrémistes dans la lutte économique mais incapables
d'influer sur l'évolution politique du rapport entre les
classes.
Or les groupes qui
ne savent pas imposer à la société toute
entière les exigences politiques du prolétariat,
les groupes qui ne savent pas s'opposer aux institutions bourgeoises
à l'aide des moyens adaptés pour affirmer ces exigences,
les groupes qui n'oeuvrent pas à la conquête de
conditions générales plus favorables au développement
de la révolution, ne sont certainement pas des groupes
communistes et n'exercent certainement pas une fonction dirigeante
dans la lutte des classes.
Les communistes
sont les interprètes conscients d'un processus inconscient:
telle est la thèse incontestable du socialisme scientifique.
Et par l'intermédiaire
de l'initiative politico-militaire, l'avant-garde retrouva place
dans la vie politique nationale et se conduisit précisément
comme le représentant conscient des intérêts
du prolétariat: elle s'éleva au-dessus de la lutte
économique des masses, au-dessus du bourbier groupusculaire,
et elle s'opposa clairement aux agents de la bourgeoisie dans
le mouvement ouvrier.
A travers la pratique
de la lutte armée, les Brigades Rouges montrèrent
clairement que l'objectif de la classe ouvrière n'est
pas telle ou telle réforme partielle, mais la prise violente
du pouvoir politique, le bouleversement complet de la société
toute entière; et ainsi, dans les faits, dans l'action
concrète conforme aux spécificités de notre
situation historique, les Brigades Rouges se rattachèrent
au contenu réel, à la substance immortelle de la
tradition communiste.
En quelques années
en effet, il apparut clairement que le parti des Brigades Rouges
constituait l'avant-garde du prolétariat italien, sa direction
politique révolutionnaire.
Sur base d'une activité
combattante intense et d'un travail constant de pénétration
dans les masses, les Brigades Rouges purent légitimement
déclarer, en 1978, la clôture de la première
phase de leur lutte politico-militaire: suite à la Campagne
de Printemps de cette année-là, à la séquestration
et à l'exécution d'AIdo Moro, président
de la Démocratie Chrétienne (D.C.) et principal
instigateur de la politique dite du "compromis historique"
entre la D.C. et le P.C.I., la lutte armée s'affirmait
définitivement comme un point de référence
obligatoire et déterminant pour tout révolutionnaire
et, en même temps, comme l'unique opposition politique
cohérente face au gouvernement bourgeois et aux manuvres
des partis contre les plus larges masses.
L'unité du
politique et du militaire dans l'attaque au coeur de l'Etat,
l'initiative combattante du parti comme direction politique consciente
de la lutte des classes vers la prise du pouvoir politique, se
présentait donc comme la conquête historique, comme
le résultat essentiel de cette période.
L'Histoire cependant
ne va pas en ligne droite.
Elle a certes une
direction, une direction nécessaire, mais cette direction
se présente précisément comme le résultat
d'un parcours qui n'a rien de facile, plat et direct: c'est à
travers d'innombrables sacrifices et aussi d'erreurs, à
travers de grandes offensives et aussi des retraites désagréables,
qu'une classe opprimée parvient à connaître
la voie de son émancipation.
S'il est manifeste
et irréfutable que les Brigades Rouges ont rendu au prolétariat
italien la capacité politico-pratique d'organiser la lutte
révolutionnaire contre l'Etat bourgeois (et cela constitue
leur inestimable valeur historique), il est aussi vrai que, dans
leurs actions, elles se basaient sur une conception politique
éclectique, qui ne peut être définie comme
marxiste que dans une certaine mesure.
La transposition
à la situation sociale d'un pays impérialiste des
schémas révolutionnaires propres aux pays dépendants,
la sous-évaluation du rôle spécifiquement
politique de l'avant-garde communiste, les nombreux mélanges
entre le Marxisme-Léninisme et des idéologies anti-matérialistes
d'origine purement petite-bourgeoise, telles sont les plus marquantes
des diverses erreurs commises sur le plan théorique par
les Brigades Rouges.
Et, dans la lutte
des classes, à chaque erreur théorique correspond
une erreur pratique: d'une part, de telles fautes théoriques
provoquèrent l'incapacité d'exploiter pleinement
les conquêtes réelles que l'expérience elle-même
avait apportées aux communistes; et d'autre part, elles
conduisirent à l'exaltation d'aspects secondaires, tout
à fait étrangers à la lutte armée
en tant que politique révolutionnaire.
Les Brigades Rouges
avaient réussi à jouir d'un énorme prestige
politique, un prestige et une autorité de parti; elles
avaient réussi à créer une machine organisationnelle
très puissante, une machine qui constituait un des plus
importants facteurs politiques de la société italienne.
Mais cette machine
était à l'intérieur politiquement faible,
il lui manquait une solidité théorique et un centre
dirigeant fort, capable de bâtir une cohérence idéologique
et pratique dans les diverses institutions de l'organisation.
Précédée
d'un balancement entre économisme et militarisme, de scissions
symptômatiques et éloquentes, de premières
défections et collaborations avec l'ennemi de classe,
la défaite tactique de 1982 ne fut donc que le résultat
logique d'une accumulation de contradictions qui, bien que clairement
liées à la période qui suivit 1978, trouvaient
indubitablement leur origine bien auparavant.
La vision théorique
particulière, la manière de penser et d'agir qui
accompagnèrent la naissance et le premier développement
de la lutte armée dans notre pays attribuèrent
ainsi à son bilan même certaines erreurs essentielles,
certaines faiblesses politiques fondamentales.
Mais on peut parler
de faiblesses pour ainsi dire nécessaires; d'erreurs et
de faiblesses que le mouvement communiste, pour se frayer un
chemin et acquérir de l'expérience, ne pouvait
pas ne pas commettre; d'erreurs et de faiblesses par ailleurs
facilement compréhensibles, étant donné
le cadre historique dans lequel a surgi la lutte armée
comme forme de la politique révolutionnaire et dans lequel
elle a trouvé ses premiers référents idéologiques.
Donc, s'il n'y a
aucun doute que dans notre pays une période de la lutte
armée révolutionnaire s'est achevée, il
est encore plus vrai que ce qui s'est achevé là
n'est que la période de jeunesse de la lutte armée,
la période au cours de laquelle il était avant
tout impératif d'affirmer la lutte armée comme
caractère fondamental et obligatoire de l'activité
de parti.
Pendant ces quinze
dernières années, la lutte de classe a, donc, finalement
découvert par elle-même la formule politique adaptée
à la relance de l'activité communiste dans notre
période historique.
Elle l'a découverte
à travers de nombreuses contradictions, elle l'a découverte
tant dans les erreurs que dans l'ingénuité, mais
au moins elle Ta découverte! Et c'est l'essentiel.
C'est pourquoi toute la période historique qui va de 1978
à 1982 est extraordinairement instructive pour la révolution.
Durant ces années, à travers l'expérience
accumulée par les Brigades Rouges, il est apparu nettement
que la lutte armée est la méthode décisive
de la lutte politique communiste contemporaine, le caractère
fondamental et obligatoire de l'activité de parti.
En outre, tous les
travailleurs isolés, les éléments avancés
du prolétariat, les révolutionnaires sincères
et les groupes organisés ont pris connaissance et vu à
l'uvre toutes les principales tendances depuis toujours
présentes dans l'arène de la lutte politique comme
reflet mis en avant du mouvement plus général des
classes; ils ont pu en évaluer la portée et en
observer la parabole théorique et pratique, examiner leur
rapport réciproque et ils ont appris à discerner
une ligne réellement marxiste, réellement révolutionnaire,
de ses habiles contrefaçons.
Tout cela constitue
indéniablement un patrimoine immense pour le mouvement
communiste, une contribution énorme à la théorie
et à fa pratique de la révolution prolétarienne,
non seulement pour notre pays mais aussi pour toute l'aire du
centre impérialiste.
Tout cela, surtout,
représente indubitablement les bases réelles de
tout progrès ultérieur.
En même temps
cependant, l'expérience de la période traversée
a sans aucun doute prouvé que sans une vision scientifique
et organique de notre révolution, sans une conception
marxiste des devoirs et du rôle du parti, même les
plus grandes conquêtes de la lutte de classe risquent de
rester inopérantes, de la même manière que
les plus grands succès peuvent s'évanouir, engloutis
par les pièges de l'Histoire.
Années de
gigantesques défis et de courageux choix d'avant-garde,
ces années passées ont consacré la lutte
armée comme forme de la politique révolutionnaire.
Aujourd'hui, le
point principal est d'apprendre à perfectionner cet enseignement,
à faire plus et mieux pour dépasser les résultats
obtenus, afin que la ligne révolutionnaire puisse être
portée plus avant sans la moindre hésitation.
Cependant la situation requiert des choix appropriés,
des choix précis capables de se traduire en pratique.
En effet, non seulement
les Brigades Rouges se montrent actuellement incapables de progresser,
mais elles ne peuvent s'élever au niveau politique requis
par l'évolution des choses elles-mêmes; et ce alors
que dans des secteurs plus inexpérimentés et disséminés
du mouvement révolutionnaire, se profile déjà
clairement le développement d'une tendance révisionniste,
laquelle consiste de manière marquante en la théorisation
(explicite ou sous-entendue) de l'abandon de la lutte armée.
La situation d'actuelle
désorientation existant dans le mouvement de classe; le
danger croissant de voir disparaître les plus grandes conquêtes
de ces quinze dernières années de lutte d'avant-garde;
la nécessité de battre définitivement, dans
la théorie et dans la pratique, les orientations subjectivistes
qui ont causé tant de dommages à la potentialité
politique de la lutte armée; le devoir de défendre
avec intransigeance, face à la bourgeoisie et face à
ses laquais, la justesse du chemin parcouru par les communistes
ces dernières années et de transmettre aux nouvelles
générations révolutionnaires l'expérience
accumulée; et enfin l'évolution du contexte national
et international, qui montre l'imminence de batailles décisives
pour le prolétariat; toutes ces données posent
clairement à l'ordre du jour le problème - et font
un devoir - de la construction d'un nouveau groupe politique,
capable de se baser sur la grande expérience des Brigades
Rouges et sur le Marxisme-Léninisme pour déterminer
une théorie et une pratique révolutionnaires réellement
adaptées à la situation italienne.
C'est sur base de
toutes ces considérations, ainsi que sous l'impulsion
ou à l'initiative de quelques ex-militants des Brigades
Rouges expulsés de cette organisation suite à leur
bataille pour l'adoption des thèses politiques énoncées
dans la dite Seconde Position , que s'est constituée au
mois d'octobre 1985 l'Union des Communistes Combattants, qui
a adopté les thèses suivantes.
1. L'Union des Communistes
Combattants est une organisation marxiste-léniniste. Comme
telle, elle donne pour guide de l'action la doctrine du matérialisme
historique et dialectique, et reconnaît comme ses propres
principes incontournables la dictature du prolétariat
et le pouvoir des Soviets, c'est-à-dire la substance de
cette doctrine.
L'Union des Communistes
Combattants n'a donc pas d'intérêts différents
de ceux du prolétariat tout entier; elle ne s'en distingue
pas puisque, possédant une vision
d'ensemble du chemin historique que cette classe doit nécessairement
parcourir, elle s'efforce de défendre, dans tous les méandres
de la lutte des classes, non pas les intérêts de
groupes ou professions particuliers mais les intérêts
de la classe ouvrière dans sa totalité.
2. L'Union des Communistes
Combattants, avant-garde consciente de la classe ouvrière,
uvre pour transformer toute lutte réduite ou partielle
en une lutte générale pour le renversement de l'ordre
capitaliste.
Elle organise et
dirige la lutte du prolétariat dans le but précis
de le conduire jusqu'à l'insurrection armée contre
l'Etat bourgeois, jusqu'à l'affrontement direct pour la
conquête du pouvoir politique.
Pour pouvoir s'émanciper
de l'esclavage du travail salarié, pour pouvoir instaurer
sa dictature sur les autres classes sociales et organiser le
socialisme - stade inférieur du communisme -, la classe
ouvrière doit avant tout conquérir le pouvoir politique
dans son pays et détruire sans hésitation la machine
de l'Etat bourgeois.
D'autre part, à
travers leur mouvement spontané, les masses prolétariennes
ne sont pas en mesure de s'élever à la conscience
achevée de leurs propres intérêts, à
la conscience de l'irréductible antagonisme qui existe
entre elles et toute l'organisation politique et sociale contemporaine.
C'est précisément
en cela que consiste le rôle de l'avant-garde communiste:
rendre le prolétariat capable de réaliser sa grande
mission historique, l'organiser en parti politique autonome -
comme détachement d'avant-garde opposé à
tous les partis bourgeois et principalement à l'Etat -,
diriger toutes les manifestations de la lutte des classes vers
leur nécessaire aboutissement: la dictature du prolétariat.
L'Union des Communistes
Combattants, qui sait que le devoir fondamental des communistes
est de rester toujours en contact le plus étroit possible
avec toutes les couches du prolétariat, affirme cependant
la ferme conviction que les concepts de parti et de masse doivent
être rigoureusement séparés.
Le parti est une
part de la classe, mais il s'en distingue: il en est le noyau
d'avant-garde, conscient et organisé.
Dans toutes les
phases de la lutte, il sait être, par sa nature, à
la tête de la mobilisation, comme guide des éléments
les meilleurs et les plus dévoués du prolétariat:
c'est à lui qu'incombé la responsabilité
de faire avancer la révolution, de hâter la crise
des classes dominantes, et non de s'aligner sur le niveau de
la masse.
Par conséquent,
toute dévaluation dans la théorie et dans la pratique
du rôle conscient du parti, toute concession au spontanéisme
et au trade-unionisme, qui conduit inévitablement (et
principalement dans les pays impérialistes comme le nôtre)
à adopter des positions révisionnistes, à
dénaturer la fonction même du communisme, doit donc
être combattue comme le pire des ennemis de la cause prolétarienne.
3. L'Union des Communistes
Combattants adopte la lutte armée en tant que méthode
avancée et décisive de la lutte politique communiste.
Structurée
avec cohérence comme organisation armée et clandestine,
qui réunit dès maintenant le rôle politique
et le rôle militaire dans l'action générale
comme dans l'action de chacune de ses institutions et de chacun
de ses militants particuliers, l'Union des Communistes Combattants
s'oppose à toutes les conceptions qui, proposant une division
des rôles entre organismes militaires et politiques, minent
à la base l'unité d'action, la cohérence,
et la nature communiste de l'avant-garde contemporaine.
L'époque
révolutionnaire exige des communistes l'utilisation de
méthodes de lutte aptes à concentrer toute l'énergie
du prolétariat jusqu'à la dernière de ses
conséquences logiques: l'affrontement direct, la guerre
ouverte avec la machine d'Etat bourgeois.
D'une part, il est
absolument nécessaire que chaque travailleur particulier
sache bien clairement la différence qui existe entre les
vraies avant-gardes communistes, qui luttent pour conquérir
le pouvoir politique, et les vieux partis officiels qui, dans
leur pacifisme parlementaire, ont honteusement trahi le drapeau
de la classe ouvrière.
D'autre part, il
est évident qu'à l'époque actuelle, marquée
dans nos pays par le développement et la consolidation
maximale du contenu réactionnaire de fa démocratie
bourgeoise, le centre de gravité de la vie politique se
déplace de manière totale et définitive
en dehors des limites du parlement, qui n'est plus que la façade
formelle de la dictature de la bourgeoisie en même temps
qu'un moyen efficace pour enfermer dans les limites de la légalité
capitaliste chaque poussée réelle d'opposition
prolétarienne.
Dans un tel contexte historique, l'indépendance politique
du prolétariat, sa vocation historique à la dictature,
se lient indissolublement au refus des circuits institutionnels
et de l'action parlementaire.
Le terrain de la
lutte d'avant-garde, de la lutte des communistes, se place ailleurs:
dans la lutte armée, dans l'action autonome et énergique
d'un parti combattant qui, tout en représentant les intérêts
généraux de la classe laborieuse en opposition
à l'Etat bourgeois, sait néanmoins influer sur
l'évolution politique du rapport entre les classes, examiner
et accentuer la crise politique de la bourgeoisie en contrecarrant
ses menées réactionnaires et donner en même
temps une claire indication révolutionnaire aux plus larges
masses.
L'Union des Communistes
Combattants, instruite opar l'expérience pratique accomplie
jusqu'ici par le mouvement révolutionnaire national et
international, comme par la théorie du socialisme scientifique,
défend et affirme les intérêts généraux
du prolétariat par le combat contre l'Etat et considère
donc l'utilisation actuelle de la lutte armée (la lutte
armée d'avant-garde dans des conditions non révolutionnaires)
comme la principale et fondamentale distinction politique et
pratique entre les vrais et les faux communistes, entre les vraies
et les fausses avant-gardes du prolétariat.
4. Pour atteindre la révolution,
l'avant-garde
communiste doit conquérir une influence prédominante
dans les masses prolétariennes, condition pour pouvoir
les guider effectivement à la prise du pouvoir politique
et au renversement de l'Etat bourgeois.
Il est démontré
dans les faits par toute l'histoire de la révolution prolétarienne
que, dans sa lutte pour la dictature, cette classe n'obtiendra
la victoire que quand - dans des conditions objectives précises
- ses couches politiquement déterminantes se seront alignées
du côté du communisme et disposeront de forces suffisantes
pour briser la résistance de la réaction bourgeoise.
D'où la nécessité
inconditionnelle du respect du principe qui veut que, dans la
bataille constante et quotidienne contre les déviations
opportunistes et économistes présentes dans le
prolétariat, les communistes révolutionnaires arrivent
à conquérir la direction politique des masses et
de leurs mouvements de lutte.
L'Union des Communistes
Combattants - qui affirme son propre rôle combattant pour
le socialisme à travers la lutte armée et conserve
en toute occasion son autonomie politico-organisationnelle, quelle
que soit la direction que prennent les événements
et quelle que soient les formes du mouvement - se pose explicitement
comme but, dès le premier jour de sa constitution, non
pas la création d'une secte de propagande, non pas une
activité politico-militaire exclue de la dynamique et
du contexte réels de la lutte entre les classes, mais
bien la participation consciente à ce conflit, l'intervention
d'avant-garde sur la scène politique et la conduite de
la lutte prolétarienne selon une direction communiste.
Son objectif déclaré
est d'élever, au cours de la lutte, le prolétariat
à la conscience accomplie de ses propres intérêts,
en en conquérant la direction politique pour le mener
à la prise du pouvoir.
5. L'Union des Communistes
Combattants rejette catégoriquement toute conception
subjectiviste qui prétend possible la révolution
prolétarienne sans un travail adéquat de conquête
des masses laborieuses à la ligne politique du communisme.
C'est précisément
pour que ce travail soit efficace, c'est précisément
pour empêcher le balancement néfaste entre extrémisme
et économisme, c'est précisément pour combattre
la tendance erronée qui voudrait la conquête du
soutien de masse immédiate et sans obstacles, qu'il est
nécessaire d'établir un juste rapport entre l'avant-garde
et le mouvement prolétarien dans son ensemble.
L'agitation communiste
en direction des masses prolétariennes, la ligne de masse
de l'avant-garde, doit être conduite de manière
à ce que les travailleurs en lutte soient portés
à reconnaître par leur propre expérience
notre organisation comme le guide énergique et fidèle
de leur mouvement commun.
Pour y parvenir,
il est nécessaire, avant tout, que l'avant-garde intervienne
par son action combattante en syntonie et en apogée des
mouvements généraux du prolétariat, qu'elle
les soutienne et les guide en les dirigeant contre les gouvernements
et l'Etat bourgeois, qu'elle soit capable de généraliser
avec vigueur les mots d'ordre politico-organisationnels les plus
avancés, jaillis des luttes et de la situation générale.
D'autre part, dans
chacune des phases de la lutte politique et économique,
les communistes doivent répandre au sein du prolétariat
la connaissance de ce que ces mouvements ne constituent qu'une
partie, qu'une étape dans la lutte des classes plus générale,
qui est une lutte pour le pouvoir politique de l'Etat.
Jamais ils ne devront
renoncer à leur trait distinct et particulier, à
la proposition du renversement complet de l'ordre social existant;
jamais ils ne devront abdiquer leur rôle spécifique:
affirmer l'intérêt général du prolétariat
et faire progresser la situation politique.
C'est à travers
ce travail, absolument nécessaire, qu'un groupe communiste
peut devenir l'avant-garde réelle de millions de prolétaires;
en guidant les masses laborieuses dans la lutte constante contre
les exactions du capital, il sera possible - et c'est aussi un
devoir - de rendre compréhensible et actuel le lien qui
existe entre la vie quotidienne, entre le mouvement de toutes
les classes et de tous les partis politiques d'une part et le
mot d'ordre de la dictature du prolétariat de l'autre.
L'Union des Communistes
Combattants qui, en tant qu'organisation armée et clandestine
ne peut pas ne pas se fixer des limites précises et infranchissables
dans les moyens par lesquels se déploie sa propre activité
vers les masses, reconnaît en tout cas pleinement l'importance
fondamentale que revêt ce travail dans la perspective de
la révolution. Guider, élargir, approfondir les
actuelles luttes générales du prolétariat
et, en conformité avec le cours de leur développement
et de l'expérience pratique acquise par les masses elles-mêmes,
les transformer en luttes politiques finales, est et reste en
somme le critère à suivre dans ce travail.
Mais cela ne sera
enfin possible que quand l'Union des Communistes Combattants,
autonome et en mesure de combattre les institutions bourgeoises
et leurs politiques en toute circonstance de la lutte des classes,
saura éviter tant le sectarisme que le manquement aux
principes.
6. L'Union des Communistes
Combattants se base organisationnellement sur le centralisme
démocratique, dont les principes essentiels sont: l'éligibilité
des organes supérieurs à partir des inférieurs,
le caractère absolument impératif de toutes les
directives des organes supérieurs aux inférieurs,
l'existence d'un centre dirigeant fort dont l'autorité
et les décisions, dans les intervalles entre les congrès,
ne peuvent être mises en discussion par personne.
Il va de soi que,
dans les conditions de clandestinité dans lesquelles se
développe la lutte, le principe électif peut néanmoins
souffrir de limitations: les organismes dirigeants ont donc le
droit de coopter dans leurs propres effectifs des militants particuliers
si la nécessité pour l'organisation s'en fait sentir.
7. L'Union des Communistes
Combattants reconnaît comme sienne la cause de la fondation
du Parti Communiste Combattant du prolétariat italien.
En travaillant dans
ce sens, elle s'efforce aussi d'affirmer, de consolider et de
renforcer la tendance communiste révolutionnaire contre
toutes les déviations aventuristes et contre toutes les
tentations liquidatrices - qui s'expriment aujourd'hui dans le
refus de l'utilisation de la lutte armée - et appelle
résolu ment dans ses rangs organisés les marxistes
militants de notre pays.
Dans la période
actuelle, caractérisée par un état de désorientation
particulière du mouvement révolutionnaire, il est
nécessaire de mener un travail décisif d'orientation
politique, théorique et pratique, tendant à clarifier
tant la nature de la stratégie, des principes et des tactiques
du parti révolutionnaire, que celle de l'éventail
des forces intéressées à sa fondation.
L'Union des Communistes
Combattants, qui reconnaît comme ses interlocuteurs premiers
les forces et les groupes marxistes qui se placent déjà
sans hésitation sur le terrain de la lutte armée,
est en tout cas animée par la conviction que l'unité
des communistes dans le parti doit se baser sur la clarté
de vue et que cette clarté, à l'heure actuelle,
ne peut naître que d'une réelle et approfondie confrontation
interne sur les questions principales que l'expérience
pratique de fa révolution prolétarienne a mises
à l'ordre du jour dans notre pays.
L'Union des Communistes
Combattants souligne en outre l'importance fondamentale de la
bataille anti-révisionniste.
Il doit en effet
être clair pour chaque révolutionnaire qu'une préparation,
même seulement préliminaire, du prolétariat
au renversement de la bourgeoisie n'est pas possible sans une
lutte inévitable, systématique, large et ouverte,
contre les vieux partis officiels - et en particulier contre
le P.C.I. - qui détiennent toujours des positions fortes
dans le mouvement ouvrier, et qui, dans leur pacifisme parlementaire,
illusionnent les masses sur la nature réelle de la démocratie
bourgeoise.
Enfin, l'Union des
Communistes Combattants s'aligne fermement aux côtés
de la lutte communiste combattante menée dans les pays
capitalistes avancés et aux côtés des luttes
de libération nationale qui se développent dans
les pays dominés par l'impérialisme. Dans ses aspirations
à atteindre l'émancipation complète de la
classe ouvrière, et sachant que la révolution prolétarienne
est par sa nature même internationaliste, elle ne ménage
aucun effort pour contribuer à l'unité des communistes
et des travailleurs de tous les pays.
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