Brigades Rouges
Pour la Construction
du Parti Communiste Combattant
Replacer
l'activité générale des masses au centre
de l'initiative
[Rome, 17 janvier
1983, les militants des Brigades Rouges pour la contruction du
Parti Communiste Combattant.
Arreni Renato, Bella Enzo, Braghetti Laura, Gallinari Prospero,
Iannelli Maurizio, Novelli Luigi, Padula Sandro, Pancelli Remo,
Petrella Marina, Piccioni Francesco, Ricciardi Salvatore, Seghetti
Bruno.]
Ce n'est
pas un hasard si ce procès a été préparé
en toute hâte à la suite de la libération
de Dozier, des trahisons et des arrestations de masse, alors
que jusque là, il semblait ne jamais devoir se dérouler.
L'Etat, qui, avant
cela, n'avait pas la force politique d'affronter le procès
du moment le plus significatif de 12 années de lutte armée,
saisit l'occasion pour tenter de sanctionner de façon
éclatante la défaite des B.R. et avec elles, de
la lutte armée pour le communisme.
Cet objectif a envahi
tous les raisonnements mis dans la bouche des traîtres,
toutes les interventions de la partie civile: il est le coeur-même
de chaque acte du procès et des déclarations du
procureur Amato.
Un refrain obsessionnel
qui voulait devenir un lieu commun, une vérité
indiscutable acceptée par tous.
La nature de cet
objectif est cependant de plus vaste portée. Il est une
partie importante d'une attaque bien plus complexe que la bourgeoisie
a porté à la classe ouvrière et au prolétariat
métropolitain.
En ce sens, la ratification
de la défaite des B.R. devait représenter un moment
important pour réussir à effacer de la mémoire
historique-même du prolétariat, la conscience de
la révolution comme événement possible et
nécessaire, le seul qui soit capable d'apporter une solution
réelle aux besoins et aux intérêts prolétariens.
La publicité
la plus grande au refrain de la défaite est garantie par
l'amplification démesurée du moindre balbutiement
du traître de service.
La thèse
commune à tous les vautours qui se sont jetés sur
la "pâture" politique que représente ce
procès est celle selon laquelle "les B.R. sont un
groupe au service de quelqu'un de bien plus important".
Chacun tente d'apporter
de l'eau à son moulin.
Et actuellement,
c'est l'histoire, le patrimoine, les militants-mêmes de
la lutte armée qui constituent un butin sur lequel les
diverses forces de la bourgeoisie mettent la main pour en tirer
tout ce qui peut être utile à leurs propres jeux
de pouvoir.
C'est ainsi que
nous avons entendu une anthologie des thèses complotardes
selon lesquelles les B.R. seraient des marionnettes au service
des projets les plus divers.
A en croire les
socialistes et une partie de la D.C., nous ne serions que des
russes parlant bien l'italien car, comme le disait alors déjà
Craxi: "il n'est pas pensable que les B.R. s'entraînent
dans les basses-cours.
Pour le F.C.I.,
nous étions évidemment des agents de la C.I.A.,
puisque Moro avait été l'instrument suprême
de son insertion dans l'aire du consensus de la majorité
gouvernementale.
On a fait parier
di fférents trai très afin de soutenir, partiellement,
les diverses thèses complotardes en vogue. Mai s-même
eux n'ont pas été très utiles.
C'est ainsi que
chaque parti bourgeois a continué à fournir sa
propre vérité.
Ce pour quoi les
traîtres ont été le plus utilisés
a été, par contre, la construction d'une campagne
diffamatoire et provocatrice contre le peuple palestinien et
les forces révolutionnaires qui luttent en Europe et en
Méditerranée contre l'impérialisme américain.
Ce n'est pas un
hasard, et nous l'avions dénoncé dans cette salle
d'audience avant que cela ait lieu, si la campagne menée
en Italie et en Europe contre le peuple palestinien a précédé
l'invasion génocide du Liban par l'impérialisme,
grâce aux bouchers sionistes et phalangistes.
Dans les faits donc,
ce procès est un procès de guerre; une attaque,
non seulement contre les B.R., mais aussi contre toute hypothèse
politique révolutionnaire dans ce qui, pour les projets
de l'impérialisme américain, doit être un
terrain d'opérations pacifié à l'intérieur
et agressif vers l'extérieur.
C'est un procès
de guerre, parce que toutes les "entorses" faites à
la législation courante, avec le5
diverses lois spéciales, ont trouvé un champ d'application
dans ce procès, et ont par là ratifié un
bouleversement global de la sphère juridique dans le sens
d'une législation de "guerre civile".
C'est un procès
de guerre parce que, dans cette salle d'audience, la torture
et les disparitions de prisonniers ont été officialisées,
reconnues et revendiquées par l'Etat comme méthode
"légale" d'enquête.
En effet, alors
qu'un de nos camarades inculpé dans ce procès était
séquestré et torturé plusieurs jours durant
dans les locaux de la DIGOS, la Cour et le Procureur, tout en
sachant cela, continuaient le procès, couvrant de la loi
du silence ce qui était en train de se passer.
Après cela,
l'ouverture par la Cour d'une soit disante enquête sur
cet épisode n'en était qu'une couverture supplémentaire:
à tel point que les photographies qui témoignaient
des lésions subies par le camarade ont déjà
disparu du dossier.
C'est un procès
de guerre, parce qu'est devenu évident dans cette salle
le rapport qu'établit l'Etat avec la société
civile et les prolétaires en particulier.
Ce système
n'offre plus aucune perspective d'expansion de la richesse sociale
ni d'évolution des valeurs morales et culturelles.
L'évolution
du politique vers la barbarie sanctionne l'isolement progressif
de la bourgeoisie et de son Etat, son retranchement sur la défense
de son pouvoir et de ses privilèges.
Elle ne peut plus
rien garantir au prolétariat.
Le seul rapport
que la bourgeoisie parvient à établir est représenté
par les misérables figures qui servent à jeter
de la boue sur l'histoire de la révolution prolétarienne:
la trahison!
L'Etat bourgeois
fait "l'acquisition" de quelques traîtres afin
qu'ils "parlent" à la classe, qu'ils la dissuadent
de la possibilité de la révolution prolétarienne.
L'Etat bourgeois encense la figure de l'espion, en fait la figure
utile idéale, un "modèle de vie".
La misère
humaine que met en évidence cette politique ne peut que
renforcer la conscience prolétarienne de la nécessité
d'abattre cet Etat.
MAIS QUELLE EST
LA VERITE SUR L'AFFAIRE MORO?
Nous pensons que
la seule vérité soit la vérité historique,
qui est légitimée aux yeux des masses par l'avancement
du processus historique réel.
Tout le reste n'est
que bavardage, versions de parti, suivisme d'agitateurs. La vérité
d'Amato et de Savasta peut-elle être considérée
comme une nouveauté?
Que Moro ait été
séquestré par hasard?
Soyons sérieux!
Ce n'est là
qu'une version pour les Imbéciles, tout juste bonne à
cacher le seul fait certain: la "Campagne de Printemps"
a été l'exploitation d'un projet politique révolutionnaire
mis en oeuvre par des avant-gardes communistes combattantes,
qui visait à désarticuler le projet politique développé
par la bourgeoisie sous le nom de "solidarité".
Ce projet bourgeois
se donnait pour objectif la pacification réactionnaire
de l'affrontement social, par l'utilisation de l'appareil politique
révisionniste comme contrôleur, constructeur du
consensus par la force et espion à l'égard de l'antagonisme
de classe.
Comme cette farce de procès semble ridicule, face à
ces années de lutte de classe et de lutte armée!
Une farce construite
autour de via Gradoli, au cours de fébriles réunions
de parlementaires -autour des tables bancales de quelque devin
en quête de réussite et, d'une manière générale,
autour des fantasmes créés par le "syndrome
du complot".
Aujourd'hui, la
vérité historique est sous les yeux de tous!
Le projet de "solidarité nationale" est définitivement
mort et enterré avec son créateur; emporté,
non tant simplement par l'action militaire, que par les dynamiques
de classe qui ont motivé cette action et qui, à
partir d'elle, ont permis la maturation d'un développement
plus avancé.
La mise en cage
de la classe, de ses tensions et de sa force n'a pas été
possible: le projet a échoué!
Et avec cet échec
s'est développé toujours d'avantage dans la conscience
de la classe qu'aucun compromis n'est possible entre exploiteurs
et exploités, que le seul rapport entre prolétariat
et bourgeoisie est l'affrontement de classe!
Nous revendiquons
cependant le fait que les B.R. ai ent parti ci pé et contri
bue de façon décisive à la destruction de
ce projet politique antiprolétarien.
Il est donc indéniable
que la Campagne de Printemps constitue un moment important du
processus révolutionnaire en Italie et en Europe.
L'objectif de ce
procès est maintenant de nier cela, ce qui s'est avéré
impraticable.
Nous voulons être
clairs sur un autre fait, relatif au mandat assigné à
l'un de nos avocats de confiance dans ce procès.
Chacune de nos pratiques a pour effet de produire préoccupation
et confusion chez la bourgeoisie.
Cela s'est vérifié
quand quelque chose s'est mis à ne plus touner rond, après
huit mois de déroulement des audiences.
Ce quelque chose,
c'est la nouveauté du fait qu'un avocat, même de
manière limitée, soit en condition d'intervenir
sur des aspects déterminés présentés
par ce procès.
Cette préoccupation
et cette confusion se sont manifestés par la présence
de gros bonnets de la contre-révolution notoires et importants
et par la rumeur officieuse que ce que faisait notre avocat de
confiance dans la salle d'audience constituait un délit.
Voilà qui
est significatif du peu de solidité des nerfs de la bourgeoisie
face à ce qui va dans une direction opposée à
la sienne.
A partir de là,
deux questions se sont posées: si cela constituait une
nouvelle "stratégie" des B.R. dans les procès,
ou bien si c'était un retour en arrière vers la
pratique du "procès guérilla".
Disons tout de suite
que les B.R. n'ont jamais eu de stratégie de procès,
mais qu'elles appliquent dans les situations concrètes
et spécifiques, et donc aussi dans les procès,
leur ligne politique.
Une ligne politique
qui n'a jamais été et ne peut être la somme
de stratégies particulières.
En effet, dans la
phase où l'avant-garde devait affirmer la lutte armée
comme rupture politique, et la guérilla comme moment de
cette rupture, nous dévelop-pions dans les tribunaux une
pratique tendant à désarticuler l'appareil juridique
de l'Etat.
Une pratique que
nous avons appelée "procès guérilla",
qui répondait aux objectifs fixés par la ligne
politique dans la phase de la "propagande armée".
Le changement du
cadre politique général, et les tâches différentes
découlant de la lutte entre prolétariat et bourgeoisie,
imposent une redéfinition de la ligne politique et de
l'activité de l'avant-garde dans toutes les situations
concrètes, et donc aussi dans les procès.
Face à cette
situation, et en présence de nouvelles tâches, le
"procès guérilla" ne parvient à
avoir une incidence efficace, ni sur le plan de la disfonctionnalisa-tion
du procès, ni sur celui de la propagande et de l'agitation:
ainsi se réduit-il, justement parce que les conditions
ont changé, à un simple témoignage du passé.
Au contraire, il
s'agit dans les procès, tout en étant conscients
de leur rôle secondaire, non de manifester un antagonisme
idéaliste et abstrait, incompréhensible à
la classe, mais d'être un point de référence
concret, politiquement clair et reconnaissable par le prolétariat;
une force révolutionnaire sachant utiliser sa capacité
antagoniste non médiatisable avec les intérêts
de l'Etat, pour être une indication de lutte et de programme.
Les procès
peuvent donc être, même dans les conditions nouvelles,
un moment significatif de l'affrontement politique avec la bourgeoisie.
Pour cela, il est
nécessaire d'assumer la pratique de la politique révolutionnaire,
en profitant de toutes les occasions pour ramener l'attention
de la classe sur les problèmes concrets de la lutte de
classe et de son développement, l'avant-garde se sert
donc aussi des procès pour intervenir efficacement et
désarticuler la manière dont la bourgeoisie voudrait
actuellement les mener, en cherchant à donner d'elle-même
une image de puissance et d'efficacité-.
Et pour, réciproquement,
donner une image de défaite de l'avant-garde révolutionnaire
et de la possibilité révolutionnaire-même.
Tout cel a peut
être mené dans les procès par une présence
politique active et articulée sur plusieurs niveaux, capable
d'entrer dans le vif des contradictions que produit la nature
politique-même de ces procès.
Nous clarifierons
par la suite, afin qu'il n'y ait pas d'équivoques, qu'il
ne s'agit pas d'accepter les lois de la bourgeoisie ni de se
perdre dans les mécanismes juridiques et de procédures;
mais de déterminer, à chaque fois, l'opportunité
d'une intervention en fonction des diverses contradictions qui
se présentent.
Le processus révolutionnaire,
dans chaque pays et à chaque époque, ne suit jamais
un parcours linéaire, géométriquement croi
ssant, mais il est continuellement marqué par des sauts
politiques, qui se traduisent par des ruptures avec les formes
précédentes de l'affrontement.
Des moments où
la classe et son avant-garde, porteurs d'un patrimoine consolidé
de luttes et d'initiatives, doivent affronter une phase nouvelle
de de bataille politique, d'expérimentation.
Telle est aussi
notre expérience.
La lutte armée
naquit en Italie au début 70, comme hypothèse révolutionnaire
pour le communisme.
Elle naquit donc
comme rupture subjective de quelques avant-gardes communistes
d'avec 20 ans de révisionnisme, comme construction d'un
point de référence stratégique révolutionnaire
enraciné dans la classe.
La légitimation
de ce choix stratégique provenait de la maturité
de l'affrontement de classe qui, après les deux années
68-69, avait vu croître, d'une part, le besoin stratégique
de la classe d'apporter une réponse au problème
du pouvoir et, de l'autre, la nécessité de répondre
à la violente contre-attaque bourgeoise mise en oeuvre
pour réprimer le mouvement de classe (licenciements d'avant-gardes
ouvrières, les massacres d ' Etat et les "chasses
aux subversifs" qui s'en suivirent).
Ce choix de rupture
se manifestait comme initiative combattante pour propager et
enraciner dans le prolétariat la conscience de la nécessité
et de la possibilité de la lutte armée pour le
communisme.
Il s'agissait donc
d'enraciner une idée-force parmi les avant-gardes de classe;
d'une bataille politique parmi les communistes pour définir
les contours essentiels d'un projet politique révolutionnaire
absent depuis 20 ans.
Dans ce cadre, les
B.R. ont repris les catégories fondamentales du marxisme-léninisme
et mis au centre de leur initiative, justement, le fait d'agir
en parti, tout en n'étant évidemment pas un parti;
ainsi que la centralité de la classe ouvrière,
comme expression du plus haut niveau d'antagonisme contre le
capital.
Cela n'avait rien
à voir avec une nostalgie livresque, mais était
une réalité quotidienne et visible.
C'est en effet à
partir du potentiel de lutte et de la conscience politique de
la classe ouvrière, accumulés au cours de ces années
dans les grandes usines du Nord, de la Pirelli à la Fiat,
que s'exprime et se concrétise le saut à la lutte
armée, le passage nécessaire pour porter cette
force à problème du pouvoir.
Centralité
ouvrière donc, comme synthèse de deux éléments
de fond de notre analyse: la méthode marxiste-léniniste,
qui considère comme centrale la production capitaliste
de plus-value, et donc comme centrale la classe ouvrière
au sein du prolétariat métropolitain; et l'accumulation
matérielle de force et de capacité politique de
proposition, exprimée par les luttes au cours de ces années,
à leur point le plus élevé.
Cette capacité
de rupture et d'affirmation d'une idée-force a marqué
dès lors ces 12 dernières années de lutte.
Cette capacité,
que nous avons appelée "propagande armée",
est un patrimoine prolétarien que personne ne peut nier
ni liquider.
L'accumulation de
force réalisée à l'intérieur de l'usine
par la rupture avec le révisionnisme imposait un nouveau
saut politique pour porter cette force accumulée à
un stade supérieur.
Un saut permettant
de dépasser les limites des thématiques d'usine
et les diverses déviations de l'opéraisme et du
syndicalisme armé qui existaient aussi dans le mouvement
révolutionnaire au cours de ces années.
Un saut politique
qui transforme ce potentiel en projet global de pouvoir contre
l'Etat.
La mise en évidence
du projet néo-gaulliste et la séquestration de
Sossi matérialisèrent pour la première fois
le mot d'ordre d'"attaque au coeur de l'Etat", par
lequel la lutte armée dépassa l'idée-force
pour devenir hypothèse politique stratégique, point
de référence révolutionnaire pour l'ensemble
du prolétariat, en plus que pour la classe ouvrière.
S'il faut relever
l'aspect positif de cette période de propagande armée:
avoir posé au centre de l'initiative, l'axe stratégique
d'attaque "au cur de l'Etat"; en revanche, on
négligea alors le problème de la tactique et d'une
stratégie révolutionnaire qui puisse, dans ce contexte,
orienter concrètement l'affrontement de classe.
Ou encore, on se
limitait à une riposte au coup par coup contre les projets
de l'ennemi, sans cependant expliciter un quelconque projet prolétarien.
Pendant ces années,
cette limite était peu perceptible, du fait de la nature-même
des tâches que la guérilla se fixait. Elle est devenue
explosive après 1978.
Dans les années
précédant la Campagne de Printemps, on assista
à un développement incessant de l'antagonisme prolétarien.
Dans toutes les
grandes villes italiennes, ce développement s'effectua
hors des formes d'organisation prolétariennes traditionnelles
et institutionnelles.
Ce phénomène,
que nous avons appelé "autonomie ouvrière",
allait bien au-delà du mouvement politique autonome.
Au cours de ces
années, la propagande armée entra en un large rapport
dialectique avec les avant-gardes prolétariennes de tous
les secteurs de classe, en en influençant le débat,
la formation politique, les pratiques politiques de lutte.
Les luttes ouvrières
qui sortaient fréquemment des limites de l'usine, et le
mouvement de 77, -avec la multiplicité et 1a radicalité
de ses formes, donnaient corps et vitalité à un
mouvement antagoniste et à un mouvement révolutionnaire
de vastes dimensions.
Dans le même
temps la bourgeoisie, aux prises avec la crise économique
et la forte présence de 1'antagonisme prolétarien,
mettait au point un projet politique articulé permettant
d'affronter la nécessité d'une restructuration
globale de la production, en cherchant à contrôler
l'affrontement de classe par toutes les médiations possibles.
C'est à cela
que servait l'insertion des révisionnistes, à qui
était confiée la tâche de construire le consensus
prolétarien autour des choix du capital, en échange
d'un "parfum" de participation au gouvernement.
En d'autres termes,
en plus que dans la conscience subjective des B.R., c'est la
réalité-même de l'affrontement qui mit sur
le tapis l'exigence prolétarienne de "faire sauter"
le projet néo-corporatiste baptisé "solidarité
nationale" et de construire la force politique révolutionnaire
de toute la classe, capable de rassembler autour d'une stratégie,
tout le potentiel révolutionnaire existant-.
Avec la Campagne
de Printemps, les B.R. opèrent la synthèse politique
et la rupture subjective nécessaires permettant de donner
une solution à ces deux exigences.
La D.C. est l'âme
noire du système d'exploitation et de pouvoir en Italie,
l'ennemi reconnu et attaqué lors de 30 années de
lutte prolétariennes.
Moro était
le stratège le plus important du projet de "solidarité
nationale".
Comment la bourgeoisie
a-t-elle réagi pendant la Campagne de Printemps?
Elle était
coincée entre deux possibilités, qui toutes deux
étaient des défaites.
La Campagne de Printemps
avait déjà détruit "le projet de "solidarité
nationale".
Pour cette rai son,
toute possibilité de "sauver ou non Moro" n'était
plus fonction que des différentes batailles en cours entre
les partis pour récupérer, chacun à son
profit, le "cadavre" de la "solidarité
nationale".
Avec la Campagne
de Printemps, la capacité de désarticulation atteinte
est telle qu'elle exalte et amplifie le rôle politique
de la lutte armée: au point que de nombreuses avant-gardes,
au sein desquelles sont représentées diverses couches
du prolétariat métropolitain, font leur la pratique
combattante, comme formé de lutte permettant de donner
plus de force à leur "capacité contractuelle".
L'ample développement
de la pratique combattante et des luttes autour des B.R. crée
un climat de profonde attente politique.
A la lumière
de la Campagne de Printemps, les thèses qui défendent
la lutte armée pour des secteurs de classe antagonistes
particuliers, ou comme coordination de la guérilla diffuse,
apparaissent clairement inadéquates.
Mais, plus que la
bataille politique interne au mouvement révolutionnaire,
le fait qui compte est que la critique de masse au révisionnisme
et à la ligne liquidatrice du "compromis historique",
posait le problème de la construction du Parti Communiste
Combattant et de la définition d'une stratégie
qui, mettant au centre l'intérêt général
de la classe, engendre une tactique révolutionnaire adaptée
au nouveau contexte.
La Campagne de Printemps
posait donc le problème de dépasser la configuration
limitative d'O.C.C., pour pouvoir commencer à occuper,
grâce à une stratégie et une tactique révolutionnaires
adéquates, l'espace politique que la conscience de classe
elle-même, à des niveaux de maturité divers,
avait contribué à ouvrir.
L'espace pour une
force politique révolutionnaire et combattante en mesure
de diriger l'ensemble de la classe et non seulement les avant-gardes
déjà militantes.
Pour paraphraser
Lénine, nous disons qu'une force politique démontre
son sérieux en mettant en lumière sans réticences
les erreurs'qu'elle a commises, sans craindre l'instrumentalisation
que l'ennemi pourrait faire de cette autocritique.
Notre devoir révolutionnaire
à l'égard du mouvement de classe est de faire ce
bilan, afin que se construise une dialectique donnant vie aux
contenus les plus avancés de cette expérience politique.
Il est de notre
devoir de défendre ce patrimoine contre tous ceux qui
veulent le liquider, quand bien même en se dissimulant
derrière une phraséologie pseudo-transgressive,
extrémiste, anarchiste.
La conclusion de
la Campagne de Printemps nous a mis devant un très vaste
antagonisme de classe, différencié par ses niveaux
de conscience, ses pratiques de lutte et ses formes organisées,
qui se tournait vers nous comme moment de référence
et comme possible direction révolutionnaire.
Un mouvement qui
nous demandait: "Que faire?"
Nous avons répondu
à cette question en lançant le mot d'ordre: "conquérir
les masses sur le terrain de la lutte armée".
Ou plutôt,
non avons proposé à toute la classe les mêmes
critères et formules organisationnels qui avaient caractérisé
notre bataille politique parmi les avant-gardes communistes.
Nous avons simplement
proposé l'extension quantitative de la lutte armée,
selon une conception essentiellement guérillériste
du développement du processus révolutionnaire dans
notre pays.
La lutte armée
dans les métropoles revêt certainement la forme
de la guérilla, mais ne doit pas en assumer la conception.
Assumer cette conception
dans notre pays a été une erreur.
SUR QUOI REPOSAIT
CETTE ERREUR?
La désarticulation
complète du projet politique de "solidarité
nationale" avait remis en question les équilibres
entre les bourgeois et entre les classes.
Au-delà des
déclarations belliqueuses des notables de la D.C., il
apparaissait clairement que personne n'était en mesure
de postuler au rôle de médiateur entre les coteries
internes.
Mais surtout, personne
n'était capable de formuler une proposition politique
de longue haleine.
Au cours des années
suivantes, en effet, la "solidarité nationale"
a toujours plus été un "esprit", évocateur
d'un projet politique mort et enterré.
C'était un
fait concret et indiscutable. Tout comme l'était la fin
de l'illusion berlinguérienne.
Une donnée
de fait que nous interprétions cependant comme l'épuisement
de l'usage de la médiation politique interclassiste par
la bourgeoisie.
Nous en arrivions
à dire: "dans les conditions nouvelles créées
par la Campagne de Printemps, la bourgeoisie est contrainte de
transférer ouvertement sur le terrain militaire le contrôle
qu'elle réussissait jusque là à exercer
à travers les appareils politico-syndicalo-idéologiques".
Cette façon
de raisonner revenait à nier que l'Etat, même gravement
défait sur un projet politique précis, n'en continuait
pas moins à remplir la fonction de régulateur bourgeois
de l'affrontement soci al, grâce à un savant dosage
d'interventions tant politiques que militaires.
Au point que la
bourgeoisie, bien que ne réussissant pas à définir
un projet politique global, réussissait malgré
tout à prendre des initiatives, quand bien même
contradictoires et à court terme, sur les noeuds des politiques
économique et institutionnelle; et à rétablir
l'unité des forces politiques autour des soi-disant lois
"antiterroristes" ou sur l'ensemble des mesures d'attaque
tant contre la lutte armée que contre les formes consolidées
de l'antagonisme prolétarien (telles que la mobilisation
de rue).
C'est ainsi que
nous avons perdu toute capacité de découvrir et
d'attaquer le projet politique constituant le véritable
"coeur de l'Etat" et nous nous sommes engagés
dans la voie de 1'attaque aux structures de l'Etat, au réseau
de ses articulations et de ses appareils.
Cette conception
a produit deux erreurs symétriques et complémentaires:
sur le terrain de la pratique combattante où elle a intensifié
et fragmenté l'initiative, la conduisant à reproposer
l'intervention contre la D.C., les corps militaires et les chefs
d'ateliers; sur le terrain de la direction du mouvement antagoniste,
où elle a limité aux niveaux uniquement des mouvements
qui pratiquaient déjà des formes de lutte armée,
la possibilité concrète d'une dialectique politique
qui s'offrait à nous.
C'est ainsi que
nous ne placions pas au centre de notre activité politique
tous ces niveaux de conscience et d'organisation prolétariennes
qui, tout en n'assumant pas encore de pratique armée,
se situaient toutefois comme mouvement hors et contre les représentations
parlementaires actuelles, hors et contre la politique bourgeoise.
Le rapport entre
ceux qui, comme les B.R., agissaient en parti révolutionnaire
et la classe, se dégradait et se limitait au rapport organisation-mouvement
révolutionnaire; un rapport ne parvenant pas à
concevoir le rôle décisif des masses dans l'affrontement
politique général.
Notre analyse erronée
de la crise capitaliste contribuait organiquement à cela.
La vision de la
crise comme crise irréversible, permanente, servait de
toi le de fond à la fin de la fonction de la politique
dans le rapport d'affrontement entre les classes.
La dégradation
imminente des conditions de vie aurait contraint la classe à
empoigner spontanément les armes pour défendre
ses besoins immédiats.
Cela mène
en fin de compte à une vision de la lutte armée
comme le tout de la politique révolutionnaire dans la
métropole.
A la fin de cette
pente idéaliste, on aboutit à cette conception
déformée de la réalité actuelle comme
"guerre sociale totale", si bien illustrée par
la pratique du "Parti-Guérilla".
C'est à ce
point que l'idéalisme subjectiviste trouve à s'affirmer
au sein des B.R. également.
Un fois perdue la
possibilité de cerner le projet politique dominant de
la bourgeoisie, la ligne politique "conquérir les
masses sur le terrain de la lutte armée" se concrétise
comme pratique combattante pour les besoins prolétariens
particuliers, comme propagande pour vaincre sur ces besoins.
Un tel dispositif
théorique a produit la conception dite du "système
du pouvoir rouge".
La caractéristique
constante de toute cette construction théorique était
la pratique armée, ce qui nous a amené à
osciller continuellement entre le fait d'assumer comme réfèrent
unique les aires de mouvement déjà combattantes,
et le fait de considérer les mouvements de masse qui s'opposaient
et s'opposent aux processus de restructuration de la bourgeoisie,
comme "sur le point de s'armer".
En d'autre termes,
en parlant à tort et à travers de masses armées,
nous nous limitions à des structures combattantes plus
ou moins restreintes, ou bien nous voyions ces dernières
comme l'anticipation du parcours qu'auraient emprunté
les masses.
TEL N'EST PAS
LE PARCOURS DE LA REVOLUTION DANS LES METROPOLES.
Concevoir la lutte
armée comme une "forme de lutte", comme une
méthode pour vaincre sur des besoins particuliers, est
la base théorique qui a mené d'abord au morcellement
des initiatives politiques, puis aux scissions organisationnelles.
Voyons pourquoi.
Le prolétariat
n'est pas une totalité homogène, une somme de figures
indistinctes et équivalentes, mais un ensemble de figures
différenciées par leur position propre dans le
procès de production et reproduction des rapports sociaux
capitalistes.
Ce sont des différences
qui pèsent dans la compréhension des rapports réels
existants, la disposition de chaque couche de classe particulière.
Chaque couche du
prolétariat a donc un ensemble d'exigences matérielles,
culturelles et politiques (que l'on appelle généralement
besoins) qui, d'une part, l'identifient et la socialisent de
manière précise et, de l'autre, la différencient
de toute autre couche.
Le fait de mettre
au centre de l'initiative les "besoins", plutôt
que l'attaque au projet politique dominant, conduit à
diviser les initiatives elles-même, en les calquant sur
les différentes particularités.
C'est ce qui s'est
vérifié.
A partir de 1980,
chacune des colonnes de l'organisation situées dans les
pôles métropolitains a abordé le problême
de l'enracinement dans les situations en assumant certaines contradictions
qui s'exprimaient localement; contradictions différant
d'une ville à une autre.
Un plus grand enracinement
et la désagrégation de la ligne politique allèrent
de pair.
Privée d'une
ligne politique qui saisisse la contradiction principale (celle
entre mouvement de classe et pratique de la bourgeoisie), et
l'aspect principal de cette contradiction : le projet politique
dominant dans une conjoncture donnée; privée donc
d'une identité de ligne, de stratégie générale,
mesurée sur une situation concrète, l'Organisation
Brigades Rouges a fini par revêtir autant d'identités
qu'il y avait de pôles principaux d1intervention.
Les scissions de
1981 sont le couronnement organisationnel d'un processus de fragmentation
politique en oeuvre depuis longtemps
Pour renverser ce processus de désagrégation, il
était donc nécessaire d'établir un rôle
politique de direction qui se fonde principalement sur la détermination
du projet politique dominant de la bourgeoisie.
Celui-ci se saisissant
dans l'aggravation de la crise de l'impérialisme, contraignant
celui-ci à une attitude toujours plus agressive dans les
différentes aires de la chaîne impérialiste.
On déterminait
donc à partir de la fonction de l'O.T.A,N, en Europe et
en Italie, la fonction de ses liens politico-militaires, en particulier
dans notre pays, qui devenaient par conséquent celle d'augmenter
les dépenses militaires aux dépens des dépenses
sociales et, d'une manière générale, celle
d'attaquer les conditions d'existence du prolétariat.
Il a certainement
été correct de jouer, avec l'opération Dozier,
un rôle d'avant-garde qui a permis de restituer une identité
politique aux "B.R. pour la construction du P.C.C.",
et aussi parce que cette opération a eu lieu en liaison
dialectique étroite avec les initiatives combattantes
développées par les autres forces révolutionnaires
dans toute l'Europe.
Mais, en attaquant
l'OTAN, en privilégiant, conformément à
l'ancienne orientation, le seul aspect de la désarticulation
du projet ennemi, sans nous rapporter concrètement et
politiquement à l'activité générale
des masses, nous avons épuisé notre initiative
dans un affrontement frontal (et dans ce cas perdant) avec l'appareil
impérialiste.
Et sans assumer
non plus la direction des mouvements de lutte qui, dans les usines
et dans la rue, commençaient à revêtir une
physionomie précise, objectivement anti-impérialiste.
L'opération naquit et mourut dans la mer de problèmes
mal posés qui 1'accompagnait.
La défaite
subie avec l'opération Dozier et la vague d'arrestations
qui s'ensuivit grâce aux traîtres, la disparition
simultanée d'autres hypothèses de guérilla,
nous ont obligé en tant qu'O.C.C., à remettre en
question l'ancienne configuration politique générale,
des noeuds théoriques à la ligne politique.
En bref, la définition
du rôle que doit avoir la lutte armée dans l'organisation
et dans la direction du processus révolutionnaire en Italie.
Au cours de la dernière
année, les "B.R. pour la
construction du P.C.C." ont commencé à prendre
conscience de l'épuisement de la validité et de
l'inadéquation générale d'une confi guration
théorico-politique qui, dans la pratique sociale, a laissé
du champ aux principales variantes de l'idéalisme subjectiviste.
Elles ont donc commencé
à rechercher le "Que faire?" pour construire
une nouvel le configuration, en critiquant dans les faits le
caractère linéariste et progressif de l'ancienne
et en se réappropriant le concept de processus révolutionnaire
ininterrompu et par étapes.
Un processus qui
connaît des victoires et des défaites, des reculs
et des avancées; un processus qui ne peut se mesurer uniquement
au développement de la forme-guérilla.
D'une manière
générale, nous n'avons pas placé au centre
de l'autocritique les "écrits de l'Organisation",
mais nous avons plutôt relu notre pratique sociale, notre
rapport avec les masses, notre élaboration théori
que, à partir de la réappropriation révolutionnaire
du marxisme-léninisme.
L'initiative combattante
est, aujourd'hui plus que jamais, la condition de l'existence
et du déploiement de la politique révolutionnaire,
justement parce que l'initiative armée, si elle se réfère
exclusivement à la forme-guérilla, à ses
projet et contenus révolutionnaires, n'a pas de capacité
offensive concrète.
A la longue, elle
devient endémique et peut donc être facilement anéantie
par l'Etat.
Ce n'est pas un
hasard si toutes les formes de guérilla qui ont glissé
sur la pente de l'idéalisme subjectiviste, quand ce n'est
pas tout bonnement du terrorisme pur et simple, ont été
complètement anéanties, et si leur activité
a été durement critiquée par le mouvement
révolutionnaire et considérée comme étrangère
par le mouvement antagoniste de masse.
Pour pouvoir construire
une configuration théorique et politique et une nouvelle
ligne, les "B.R. pour la construction du P.C.C." ont
proposé la "retraite stratégique" pour
replacer au centre de l'initiative l'activité générale
des masses.
La proposition de
"retraite stratégique" était cependant
adressée aux O.C.C. et non à la classe, justement
parce qu'on en avait constaté l'arriération, et
donc l'absence de direction réel le de ces organisations,
à l'intérieur desquelles, comme le dit Lénine,
"il y a des gens qui sont prêts à présenter
les insuffisances comme des vertus, et même à tenter
de justifier théoriquement leur propre soumission ser-vile
à la spontanéité".
Une retraite, donc,
d'une position qui n'était pas réellement avancée
(comme on a pu bêtement le penser), qui était une
position concrètement inadéquate aux nouvelles
tâches de la phase et donc, en dernière instance,
à la traîne des masses.
Se retirer dans
les masses n'a cependant jamais signifié "se dissoudre
dans le mouvement pour repartir a zéro", ni abandonner
la stratégie de la lutte armée pour le communisme.
Cela signifie au contraire reconquérir la confiance et
la solidarité de la classe.
Cela signifie lutter
contre les projets de dissociation et de reddition, reconstruire
une direction politico-militaire au sein de la classe, en se
rapportant aux différents niveaux de l'antagonisme, sans
pour autant perdre l'autonomie relative de notre Organisation.
Cela signifie éviter
des erreurs encore pi us graves que celles commi ses précédemment
en abandonnant une configuration qui, ne plaçant pas au
centre l'activité générale des était
évidemment arriérée par rapport à
la croissante de direction révolutionnaire objectivement
par le mouvement antagoniste.
En ce sens, l'Organisation
a entamé un processus de critique-autocritique-transformation
au sein du mouvement révolutionnaire et du mouvement antagoniste
du prolétariat métropolitain.
Elle a analysé
la nature des erreurs pour chercher à les dépasser
et pour se mesurer, à travers la définition d'une
politique révolutionnaire, à la réalité
concrète dans laquelle vit, et dans laquelle est possible
et nécessaire, le développement de la révolution
prolétarienne.
Dans la dialectique
continuité-rupture par rapport à la pratique sociale,
l'Organisation a donné, ces dernières années,
la priorité à la rupture, pour l'abandon d'une
configuration théorico-politique traversée de profonds
vices d'idéalisme subjectiviste, et qui n'était
pas basée sur l'analyse concrète de la réalité
concrète.
La rupture avec
les erreurs du passé implique aussi de rétablir
la continuité avec l'histoire des B.R., avec leur pratique
sociale de combat, qui a marqué ces dix années
de lutte de classe en Italie, par la réapro-priation en
particulier de cette pratique ô combien significative et
efficace politiquement que fut la Campagne de Printemps, qui
a donné force et originalité aux possibilités
de développement du processus révolutionnaire dans
la métropole impérialiste.
Cela ne veut pas
dire continuer sur la ligne de la propagande armée, pratique
dont cette campagne a marqué l'épuisement objectif.
Cela signifie réévaluer
et exalter la force politico-militaire que représente
le fait de porter l'attaque "au coeur de l'Etat dans cette
conjoncture, de désarticuler un cadre politico-institutionnel
.
Ce patrimoine ne
peut être anéanti par la reddition d'une poignée
de traîtres, et encore moins par la ligne ' liquidatrice
portée par un régiment de "gurus" convertis
au rôle de "nouveaux philosophes".
On ne peut pas annuler
un parcours historiquement déterminé de la lutte
de classe gravé dans la mémoire du prolétariat.
Telle est la signification
de notre choix de "retraite stratégique", pour
reproposer aujourd'hui un dispositif actif et combattant au sein
des tâches nouvelles et complexes de cette phase du processus
révolutionnaire.
Les éléments
acquis au cours de ce débat suffisent à permettre
la reprise d'une initiative politique et combattante mettant
au centre l'activité générale des masses.
Avant de poser des
points de référence pour un projet politico-révolutionnaire,
il faut entrer au coeur de 1'analyse de cette phase, en analysant
les vieilles confusions et approximations.
La crise actuelle
est une crise générale du mode de production capitaliste.
C'est une crise
de surproduction absolue de capital qui dure depuis plus d'une
décennie.
La crise générale
caractérise donc la phase historique actuelle, dans laquelle
l'exigence capitaliste d'une reprise de l'accumulation, et en
conséquence le saut de la composition organique du capital
qui permette de valoriser au maximum la révolution technologico-industriel
le contemporaine (déjà en oeuvre, du reste), ne
peuvent être donnés que par la destruction des forces
productives en surplus et des moyens de production dépassés,
tant en termes de valeur qu'en termes physiques.
Les exigences du
capital, mises à nu par la crise, induisent dans le système
impéri ali ste une série de réponses économiques,
politiques et militaires: en un mot, de projets politiques globaux
visant à dépasser la crise même.
La mise en pratique
de ces réponses globales provoque des oppositions et des
affrontements qui témoignent de l'aiguisement de la contradiction
principale entre bourgeoisie impérialiste et prolétariat
international, et de toutes les contradictions interimpérialistes
et, parmi elles, celle surtout entre l'aire à domination
américaine et le social-impérialisme.
Un fois encore,
la tentative bourgeoise de dépassement de la crise générale
du capital prend la forme de la guerre; et donc aujourd'hui,
de la perspective de la guerre interimpérialiste.
Si telle est la
tendance, l'issue obligée, la perspective dans laquelle
se meuvent l'ensemble des dynamiques de restructuration capitalistes
dans cette crise, cette affirmation demande cependant à
être précisée, en indiquant à quel
stade de mûrissement de la perspective de guerre on se
trouve.
En effet, la guerre
n'est pas une explosion de violence improvisée et imprévisible,
mais la conclusion obligée d'un processus complexe au
cours duquel les caractéristiques fondamentales de chaque
formation économico-sociale se modifient globalement-.
En d'autres termes,
chaque guerre mûrit dans cet ensemble de modifications,
même si le motif- de déclenchement ou le lieu d'explosion
sont fortuits, non prémédités par les parties
en cause.
Il est fondamental
de définir en termes conjoncturels l'état concret
de mûrissement de la tendance à la guerre pour esqui
sser une stratégie révolutionnaire et une tactique
se basant sur l'analyse concrète d'une situation concrète.
Quand nous parions
de "tendance à la guerre", nous entendons la
guerre entre l'impérialisme à dominante américaine
et l'aire à dominante soviétique-.
Nous estimons donc
que toute concepti on pariant d'une guerre entre "système
impérialiste mondi al" et "prolétariat
mondial" est absurde et déviante.
Non parce qu'un
impérialisme serait préférable à
l'autre, mais parce que l'essence de l'impérialisme est
d'être "l'époque de la guerre entre les grandes
puissances pour l'intensification et l'accroissement de l'eploitation
des peuples et des nations" (Lénine)-.
En considérant les éléments qui caractérisent
la conjoncture internationale actuelle, nous constatons que c'est
la récession productive qui constitue le principal phénomène
économique.
Qui dit récession
dit annulation, voire inversion, du taux de croissance des activités
productives.
Et donc, diminution
relative et absolue de la masse des marchandises produites, des
usines en activité, des ouvriers employés, du capital
opérant comme tel.
Une récession
aggravée par la restructuration technologique contemporaine
et par les politiques de réduction de l'inflation.
La gestion contrôlée
de la récession est actuellement le "credo"
économique de l'immense majorité des pays capitalistes
avancés.
Comme toutes les
politiques "anticycliques", elle peut aussi, dans l'immédiat,
jouer un rôle de frein; mais à long ,terme, elle
amplifie et multiplie les caractères fondamentaux de la
tendance dominante: la guerre impérialiste.
La majeure partie
des procès de restructuration en cours dans tout l'Occident,
constitue un ensemble contradictoire d'initiatives dont la réalisation
fait, de toute façon, effectuer des sauts en avant concrets
dans la perspective de la guerre.
Nous le définissons
comme "procès de restructuration en cours pour la
guerre impérialiste".
C'est donc un procès
qui naît de la nécessité, pour chaque capital
particulier, de se tailler sa propre part de marché et
de profits dans le cadre d'une concurrence plus impitoyable et,
pour cela, d'abaisser ses coûts à un ni veau moyen
permettant de continuer à exister comme capital.
Mais dans le même
temps, ce procès n'est pas purement spontané: il
se ressent d'une concertation internationale sur les éléments
fondamentaux des flux du commerce et des marchés financiers-.
Les Etats sont donc
les centres névralgiques où les diverses fractions
de la bourgeoisie (autochtone et multinationale), et les représentations
plus ou moins institutionnalisées du prolétariat
médiatisent leurs intérêts contradictoires
en définissant les conditions générales,
le "milieu économique" le plus favorable à
l'exploitation de la classe ouvrière et l'extension de
la concurrence.
La "restructuration
pour la guerre impérialiste" n'est donc pas exclusivement
économique, mais globale: elle bouleverse tout l'équilibre
des formations économico-sociales de l'aire impérialiste.
En Italie les nuds
sur lesquels se définit le sens général
de ces procès sont représentés par une restructuration
de l'Etat:
- sur le plan économique:
l'adoption d'une politique
déflationniste détruisant les mécanismes
de défense
automatique des conditions d'existence du prolétariat
(comme l'échelle mobile); une politique économique
qui inverse la priorité des dépenses, en réduisant
de manière drastique toutes les dépenses d'assistance,
de la santé aux retraites, des allocations à la
"cassa inteqrazione", dans le cadre d'une réduction
des dépenses publiques et d'une augmentation, dans le
même temps, des dépenses militaires et des investissements
pour la restructuration.
- sur le plan militaire
: le rôle impérialiste actif joué en Méditerranée,
au Moyen-Orient et dans la Corne de l'Afrique.
Ce qui implique,
en plus de l'augmentation des dépenses militaires,
la redéfinition d'une stratégie internationale
de
l'Italie.
- sur le plan institutionnel:
des modifications conformes à la nécessité
de rendre de telles transformations générales opérationnelles.
Ce qui signifie
la fin de la politique de médiation interclassiste entre
accumulation et distribution sociale; ce qui se traduit immédiatement
par un attaque générale contre la classe pour la
battre, tant sur le terrain de ses conditions de vie que sur
le terrain politique.
Cet aiguisement
de l'affrontement a des conséquences sur le cadre politique
institutionnel et bouleverse la structure même des institutions
étatiques , la sphère juridique, le rôle
des appareils préventive-répressifs, etc..
En conséquence,
le scénario politique connaît lui aussi une polarisation
autour des stratégies possibles.
D'un côté,
nous voyons apparaître toujours plus clairement un amas
de coteries qui se rassemblent autour d'une ligne politique globale
en harmonie avec les exigences générales de l'impérialisme.
Le rapport entre
cette ensemble et la politique reaganienne n'est pas, comme nous
l'avons simplifié par le passé, un rapport de dépendance
mécanique.
Il consiste plutôt
à faire siens les intérêts impérialistes
globaux, à tenter d'imposer dans la formation économico-sociale
italienne les modifications déjà conformes à
ces intérêts, à mettre sur pied un projet
politique articulé.
Il ne s'agit cependant
pas d'un groupe de "fonctionnaires de l'empereur",
mais d'un personnel politique qui se propose comme régent
et allié fidèle.
C'est cet ensemble
que nous appelons "parti de la guerre".
Non qu'il soit identifiable
à un parti ou banalisé en une série de structures
et d'institutions.
Mais parce qu'il
se polarise autour de quelques éléments généraux
du projet politique grâce auquel il est possible d'harmoniser
la politique italienne avec la perspective dominante, accélérée
par la politique américaine actuelle.
Nous identifions
dans les divers Merloni, De Mita, Craxi, Lagorio, Benvenuto,
les chefs de file du "parti de la guerre": certes pas
en tant que secrétaires d'un "super-parti",
mais comme les dirigeants politiques principaux qui, autour du
projet impérialiste luttent (entre eux aussi) pour imposer
l'hégémonie d'une ligne particulière.
La conquête
du leadership du "parti de la guerre" est une bataille
où tous les coups sont permis, et qui trouve un terrain
fondamental dans le rapport privilégié avec l'administration
Reagan, et avec la Maison Blanche, une destination de pèlerinage
quotidien.
A ce jeu, De Mita
et son équipe se taillent la part du lion; tout comme
le P.S.I., qui en a même trop fait en attisant les polémiques
sur les "pistes de l'Est".
Sur le front intérieur,
la D.C., alors qu'elle cherche un rapport organique avec le grand
patronat et trouve en Merloni un répondant idéal,
est à son tour contrainte de se restructurer comme parti
et comme système de pouvoir; à pas comptés
car elle doit rompre avec dix ans de recherche de la gouvernabilité
par le consensus.
A ce tournant, elle impose au P.S.I. de se situer sur le fond,
en l'attaquant et en lui rognant le terrain sur lequel Craxi
et sa bande avaient fondé leurs prétentions au
rôle de régents: le rapport privilégié
avec la grande bourgeoisie financière et industrielle.
Les contenus essentiels
du programme autour duquel se rassemble ce "parti de la
guerre" sont sous les yeux de tous.
En effet, le gouvernement
Fanfani lui-même, après une première fanfaronnade
programmatique, n'a pas du tout fait marche arrière en
opérant des médiations, mais il a réalisé
au contraire, par de savants dosages, un pas en avant consistant
dans le démantèlement de l'Etat providence.
Si, d'une part,
ces dosages sont rendus nécessaires par la forte opposition
de classe (avec qui l'affrontement de classe est toutefois anticipé
et recherché); de l'autre, ils jouent le rôle de
médiation avec la nécessité de sélectionner
soigneusement les aires et les intérêts à
frapper au sein même des blocs sociaux qui soutiennent
les partis de gouvernement.
L'augmentation des
dépenses militaires éclaire parfaitement la nature
et la direction dans laquelle s'engagent les procès de
restructuration en cours.
On cherche à
construire une société "austère",
où les coûts de reproduction sociale du prolétariat
soient comprimés au maximum, et dont l'unique perspective
soit la participation active à la guerre interimpérialiste.
L'armée italienne
elle-même est conçue, dans cette perspective, comme
une armée d'"expéditions" parfois sous
l'étiquette de la "paix", et non plus comme
les lignes arrières de l'O.T.A.N. avec pour tâche
la "défense des frontières".
Dans la logique
du "parti de la guerre", la politique de la Confindustria
et la politique du gouvernement tendent à coïncider
dans leurs finalités et à se coordonner réciproquement
dans leur gestion des compétences.
L'irrésistible
affirmation du "parti de la guerre" a contraint la
gauche institutionnelle à régler ses comptes avec
la défaite de la ligne du "compromis historique",
ligne qui a provoqué des dégâts incalculables
dans le tissu prolétarien, en se faisant complice d'une
furieuse attaque contre l'antagonisme prolétarien et la
politique révolutionnaire qui, dans cette conjoncture,
orientait la classe contre la D.C. et le projet néocorporatiste.
Cette nouvelle disposition
du cadre politique déterminera et sera déterminée
par l'affrontement de classe. Elle s'aiguisera sous la poussée
des procès de restruc-turatiion.
La nouvelle stratégie du P.C.i, est l'alternative démocratique.
Cette hypothèse
se base, dans son imprécision, sur la possibilité
technique que s'affirme, dans le cadre des alliances de l'O.T.A.N,
une ligne européenne, autonomiste et "de gauche",
capable de pousser à ce que prévale une politique
de détente entre 1'Est et 1'Ouest, pour rompre avec la
bipolarisâtion.
Sur le plan inté-rieur,
les éléments de programme, de politique économique,
etc. contenus dans cette hypothèse, prétendent
"faire face en créant, en même temps, des conditions
nouvel les pour le développement des forces productives.
En substance, alors
que l'on repropose les "réformes" (peut-être
une nouvelle fois de "structure"), on part à
la recherche d'une nouvelle disposition des forces pour les soutenir.
Pour ce faire, le
P.C.I. pousse, d'un côte, à la recherche d'un rapport
unitaire avec le P.S.I.; et de l'autre, il met en oeuvre des
initiatives visant à récupérer les tensions
du prolétariat et des mouvements antagonistes qui lui
érodent la base sociale.
Le P.C.I. se trouve
porté d'un côté, à reprendre un rapport
avec le P.S.I., et de l'autre, à tenter d'hégémoniser,
en soutien à son hypothèse,les mouvements et les
contenus qu'ils expriment.
Et ceci, tant sur
le terrain de l'opposition à la politique économique
du gouvernement, que sur le terrain des contenus antiimpérialistes
(paix, désarmement, etc.).
C'est ainsi que
dans l'hypothèse même d'une alternative, un ensemble
de contradictions se meut dès à présent,
qui commencera bien vite à mûrir à l'intérieur
du P.C.I., et entre le P.C.I. et les autres forces de la gauche
institutionnelle, mais surtout entre le P.C.I. et la classe.
Du point de vue
de la classe, la nouveauté qu'une telle situation politique
introduira dans 1'affrontement pour les prochaines années,
doit être comprise et suivie. En premier lieu parce que
la défaite (historique, celle-là) du compromis
avec la D.C.
imposera au P.C.I. et à une partie du syndicat une politique
d'affrontement sur les noeuds principaux.
L'effritement simultané
de la chape de plomb représentée par la solidarité
nationale, créera des conditions favorables au développement
de l'autonomie ouvrière, en ouvrant des espaces objectifs
pour une politique révolutionnaire sachant définir
son programme autour de ces noeuds et déterminer la force
prolétarienne avec laquelle se dialectiser sur les terrains
de l'affrontement actuel.
Dans le cadre général
de l'attaque politique et matérielle portée par
le "parti de la guerre" contre le prolétariat,
l'affrontement de classe va donc au-delà des différents
sectoriels de couches prolétariennes particulières,
pour se situer au niveau où se redéfinit le rapport
entre l'Etat et la classe.
C'est là
une donnée objective que la classe a saisi ces jours-ci,
en déplaçant l'affrontement du terrain spécifique
de l'usine à celui de l'opposition générale
à la bourgeoisie, pour construire un rapport de force
qui pèse réellement sur l'ennemi principal en ce
moment: la politique économique du gouvernement.
Face à l'attaque
politique contre tout le prolétariat, la classe, et principalement
la classe ouvrière, répond sur un terrain politique
de pouvoir, fait apparaître dans la prati que la nécessité
de s'opposer en tant que classe, et non en tant que secteurs
particuliers et dispersés.
Contre les aspects
immédiats de la restructuration politico-militaire, et
donc contre les conséquences concrètes découlant
du rôle confié à l'Italie dans le dispositif
de 1'O.T.A.N., un vaste mouvement de masse contre l'installation
des euromissiles et le doublement des dépenses militaires
s'est formé aussi en Italie.
Par sa valeur objecti
vement anti impérialiste, ce terrain apparaît comme
un obstacle important dressé par les masses devant la
poli tique impérialiste dans la zone, et donc en opposition
à l'Etat.
De ce fait, il est
en même temps un terrain fondamental de développement
d'une politique de classe révolutionnaire et antiimpérialiste,
parce qu'il ne peut y avoir de stratégie qui ne tienne
compte de l'appartenance à l'O.T.A.N., et donc qui ne
mûrisse en son sein et dans la classe, la conscience que
tout processus de libération du prolétariat métropolitain
de l'exploitation ne peut intervenir que par une dure et longue
lutte contre la guerre et la barbarie impérialistes, pour
faire sortir l'Italie de la chaîne impérialiste.
Ce terrain est aussi
celui où se reconstruit un authentique internationalisme
prolétarien qui, par les caractéristiques de masse
qu'il peut et doit recouvrir, ne peut être contenu et circonscrit
dans les seules formes combattantes.
Le procès
de restructuration en cours traverse aussi, évidemment,
la sphère répressive-préventive, bouleversant
le droit bourgeois lui-même, introduisant la torture et
organisant la police et les carabiniers en bandes spéciales.
Cette redéfinition
des appareils répressifs et préventifs est aujourd'hui
dirigée contre le mouvement révolutionnaire. Mais
elle sera orientée, dans l'affrontement de classe et en
des termes différenciés, contre toute la classe.
Cette redéfinition
dirige aujourd'hui ses initiatives vers la prison en particulier
et oeuvre à la liquidation de l'hypothèse révolutionnaire
de la lutte armée pour le communisme.
Le plan sur lequel
se déroule l'affrontement est donc un plan politique général.
Par le contenu des
politiques contre lesquelles lutte la classe, c'est un plan qui
objectivement est un plan de pouvoir.
La conscience avec
laquelle la classe descend sur ce terrain est cependant déterminée
par la position politique qui y est encore hégémonique,
et donc par le P.C.I. qui tente d'orienter la lutte prolétarienne
vers le terrain démocratico-réformiste, voué
à la faillite étant donné le cadre des relations
intérieures et internationales.
Pour la classe,
vaincre ou échouer dans cette conjoncture se mesure par
sa capacité de généralisation de la résistance
à l'attaque d'une part, par sa capacité, d'autre
part à entraver et à s'opposer au projet de restructuration
actuel afin qu'il ne passe pas.
Dès aujourd'hui
donc, la spontanéité prolétarienne exprime
son activité générale en luttant contre
les mesures spécifiques de la restructurati on pour la
guerre: contre la politique économique de l'Exécutif,
contre le doublement des dépenses militai res, l'installation;
des euromissiles et la perspective de la guerre".
On peut prévoir
l'aiguisement, dans un proche avenir, de l'affrontement de classe
sur ces terrains étant donné que les mesures contre
lesquelles on lutte aujourd'hui ne sont que des aspects d'une
restructuration qui est encore toute à déployer
comme attaque à venir contre l'emploi, le coût du
travail et les dépenses sociales; des mesures qui auront
pour contrepartie la multiplication des bases de l'O.T.A.N. et
des bases de missiles, ainsi que la croissance de la militarisation
et du contrôle social.
L'autre aspect auquel
se mesurent les victoires et les défaites de la classe
est la capacité de l'avant-garde communiste combattante
à intervenir dans cette résistance pour faire effectuer
un saut au mouvement de classe contre la politique impérialiste.
Agir dans cette
résistance signifie en premier lieu cerner le projet politique
dominant de la bourgeoisie impérialiste et la manière
dont il se matérialise dans la conjoncture.
L'initiative combattante
doit être dirigée contre ce projet, pour recomposer
tout l'antagonisme prolétarien actuel 1ement fractionné
en divers mouvements aux contenus spécifiques et différenciés.
On peut et on doit
réunifier et orienter le mouvement prolétarien
antagoniste, afin qu'il s'oppose consciemment et unitairement
à ce projet même contre lequel il lutte actuellement
de manière partielle et sur des aspects spécifiques.
La politique révolutionnaire
est alors précisément cette capacité à
exercer une direction politique en plaçant au centre l'activité
générale des masses, et en agissant sur les contradictions
à partir de la pratique combattante.
Le travail parmi
les masses ne doit donc plus partir de l'indication: "conquérir
les masses sur le terrain de la lutte armée".
Il se propose au
contraire d'orienter toutes les pratiques de lutte possibles
et déjà expérimentées 'par la classe,
en généralisant et reproposant les plus mûres
d'entre elles dans leurs formes de masse, contre la contradiction
principale dans la conjoncture.
La politique révolutionnaire
est donc un ensemble complexe de pratiques différentes,
comprenant le combat, la critique, 1'élaboration théorique,
l'agitation, le travail d'organisation des niasses aux niveaux
et dans les formes historiquement possibles, etc.
Mais elle est un
ensemble de pratiques révolutionnaires parce que se situant
toutes et unitairement dans une stratégie de conquête
du pouvoir politique et dans la tactique conjoncturel le qui
en découle.
Le caractère
global des procès de restructuration fait en sorte que,
sous la poussée de la sphère économique,
le "politique" tende, avec toujours plus de force,
à assumer le caractère dominant: ainsi, alors que
le rapport entre classe et Etat se transforme, ce dernier se
profile avec netteté sur le devenir de l'affrontement,
opposant avec clarté les intérêts impérialistes
aux intérêts prolétariens.
Pour cela nous réaffirmons
que, dans cette phase, la question de l'Etat se pose avec force
et clarté, et donc aussi la question de la construction
d'une stratégie révolutionnaire pour la conquête
du pouvoir politique.
C'est justement
cette prédominance du caractère politique de l'affrontement
qui nous fait réaffirmer avec d'autant plus de force la
validité et la nécessité pour la lutte prolétarienne
révolutionnaire de construire le Parti Communiste Combattant.
Avec ces points
synthétiques, points d'analyse de la phase et de la conjoncture,
nous ne prétendons pas épuiser la compréhension
des tâches révolutionnaires, et donc les assumer
nous seuls, dans le cadre d'un projet défini et articulé
à lancer aux masses.
Nous voulons plus
simplement, avec une tangibilité révolutionnaire,
établir un rapport avec les masses, avec leurs avant-gardes
de lutte et avec le mouvement révolutionnaire: un rapport
nouveau au sein duquel construire une proposition politique révolutionnaire
adaptée à la phase, pour interpréter l'antagonisme
prolétarien et l'orienter vers l'unique solution positive
et historiquement possible: la conquête du pouvoir politique.
Nous voulons donc
être extrêmement clairs sur ce point: notre Organisation
ne constitue pas le "noyau fondateur du P.C.C., même
si elle agit, et veut agir activement pour en promouvoir la constitution.
Multiples sont les
forces et les aires révolutionnaires qui reconnaissent
la nécessité d'un parti authentique du prolétariat
métropolitain, et avec lesquelles la confrontation politique
est non seulement possible, mais nécessaire.
Les formes et les structures du Parti découlent des tâches
stratégiques et tactiques d'un processus révolutionnaire
historiquement déterminé dans le maillon-Italie.
Il s'agit donc d'un
Parti dont la pratique sociale et combattante générale
est basée sur la politique révolutionnaire nécessaire
pour donner vie au général dans chaque "particulier"
de l'activité de la classe: c'est-à-dire pour faire
vivre dans le prolétariat métropolitain un programme
général qui, faisant siens les intérêts
politiques généraux avancés par les masses,
dirige et organise, dans chaque conjoncture, la lutte et le combat
prolétariens contre les aspects principaux de la "restructuration
pour la guerre impérialiste".
Un programme qui,
dans chaque conjoncture, construise et atteigne une étape
du processus révolutionnaire.
En tant que militants
des "B.R. pour la construction du Parti Communiste Combattant",
nous proposons à une vaste aire de forces révolutionnaires
et d'avant-gardes de la classe, une confrontation politique visant
à redéfinir une politique révolutionnaire
capable concrètement de généraliser et de
réunifier les luttes prolétariennes; de développer
et de renforcer les mouvements de masse; et d'orienter 1'activité
générale des masses contre les piliers fondamentaux
de la "restructuration pour la guerre impérialiste"
et contre 1e "parti de la guerre".
Il s'agit, en pratique,
de faire assumer par les masses un programme révolutionnaire
et antiimpérialiste cohérent.
Et donc de réussir
à synthétiser ce qui émerge et vit, même
de manière dispersée, dans les mille expressions
de lutte et dans les mots d'ordre spontanés des cortèges
prolétariens.
Il s'agit de contribuer
à construire une politique révolutionnaire capable
d'intervenir avec un programme général dans les
mille rigoles des spécificités en lesquelles s'exprime
la conflictualité prolétarienne: pour que rien
ne soit dispersé des potentialités de la classe
dans ce moment où la bourgeoisie impérialiste cherche
à en fragmenter la résistance; pour que même
la plus petite miette de résistance prolétarienne
contribue à exercer sa force maximum contre les pivots
centraux de la politique de l'ennemi principal.
TRAVAILLER A L'UNITE DES COMMUNISTES POUR LA CONSTRUCTION DU
PARTI COMMUNISTE COMBATTANT!
LUTTER ET COMBATTRE POUR REPOUSSER L'ATTAQUE CONTRE LA POLITIQUE
REVOLUTIONNAIRE!
TRAVAILLER A UNIR, ORGANISER, ORIENTER LA LUTTE DE LA CLASSE
ET LA PRATIQUE COMBATTANTE CONTRE LA POLITIQUE ECONOMIQUE DU
GOUVERNEMENT, CONTRE LES POUSSEES AU REARMEMENT ET LES DEPENSES
MILITAIRES, DANS LA PERSPECTIVE DE LA CONQUETE DU POUVOIR POLITIQUE
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