Huey P. Newton
: éloge de George Jackson (28 août 1971)
[condamné
à vie en 1961 pour un vol de 70 dollars dans une station
dessence, Jackson se conscientisa en prison et devint l'un
des leaders des Black Panthers; il sera assassiné en prison.
traduction inédite faite par un camarade en 2004.]
Quand je suis allé en prison
en 1967, j'ai rencontré George. Pas physiquement : je
l'ai rencontré par ses idées, ses pensées
et par ce que j'entendais dire de lui.
Il était alors à la
prison de Soledad, moi j'étais à la colonie pénale
de Californie.
George était une figure légendaire
dans tout le système pénitentiaire, où il
a passé la majeure partie de sa vie. Vous savez qu'une
figure légendaire, la plupart des gens la connaissent
par l'idée, ou par le concept, essentiellement par l'esprit.
Ainsi j'ai rencontré George
par l'esprit.
J'affirme que cette figure légendaire
est également un héros. Il a donné un exemple,
un modèle, pour les prisonniers, pour les prisonniers
politiques, pour tout le monde.
Il a montré l'amour, la force,
la ferveur révolutionnaire qui est le propre de tout soldat
du peuple.
Nous savons que les choses spirituelles
ne peuvent se manifester que dans des actes physiques, en passant
par des mécanismes physiques.
J'ai vu des prisonniers qui, ayant
vu cette figure légendaire, ont agi eux aussi de manière
à faire exister les idées dans la vie ; ainsi donc
l'esprit est devenu une vie.
Et je voudrais dire qu'aujourd'hui
le corps de George est tombé, mais son esprit continue,
parce que ses idées vivent.
Et nous verrons que ces idées
restent vivantes, parce qu'elles seront manifestées dans
nos corps et dans ces jeunes corps de panthères, qui sont
nos enfants.
Ainsi c'est une vérité
que la révolution se fera dans le passage de cette génération
à la prochaine.
En quoi George Jackson a-t-il été
un modèle?
D'abord, parce qu'il était
un homme fort, déterminé, plein d'amour et de force,
fidèle à la cause du peuple, sans crainte.
Il a vécu une vie que nous
devons célébrer.
Cela, c'était une vie!
Quelle que soit la façon
dont il a été opprimé, quelle que soit la
façon dont il a été traité puis tué,
il a toujours gardé son amitié pour le peuple.
Et c'est pourquoi il n'a senti aucune
douleur en donnant sa vie pour la cause du peuple.
L'Etat met en place ces contradictions,
ces violences qui se produisent dans le monde, qui se produisent
dans les prisons.
Le cercle dirigeant des Etats-Unis
a terrorisé le monde.
L'Etat a l'audace à dire
qu'il a le droit de tuer. Ils disent qu'ils ont le droit de donner
la mort légalement.
Mais je dis que par le droit naturel
aucune peine de la mort ne peut être légale - c'est
seulement un meurtre de sang-froid.
Ils ont l'audace de dire que le
peuple devrait se séparer de l'un des siens sans combattre,
mais aucun de nous ne peut accepter cela.
George Jackson avait tous les droits,
tous les droits de faire son possible pour préserver sa
vie et la vie de ses camarades, la vie du peuple.
George Jackson, même après
sa mort, voyez le bien, continue à vivre très réellement.
Parce qu'au fond, la plus grande
chose que nous ayons, c'est l'idée dans notre esprit,
car elle peut être transmise.
Pas dans le sens superstitieux,
mais dans le sens où lorsque nous disons quelque chose
ou lorsque nous vivons quelque chose, eh bien ceci peut être
transmis à une autre personne, et ainsi la vie continue.
Et cette personne vit bien d'une
certaine façon, parce que te modèle qu'il a montré
aux autres, le modèle qu'il a incarné lui-même,
cela continuera à vivre...
Et même en transmettant son
dernier rapport - le dernier qu'il m'ait adressé - à
San Quentin, ce jour, ce jour terrible, il a laissé un
modèle pour les prisonniers politiques; il a été
exemplaire pour toute la société des prisonniers
de l'Amérique raciste, réactionnaire.
C'est certain, il a établi
un modèle à suivre pour les armées de libération
dans le monde.
Il nous a montré comment
agir.
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