Mumia Abu-Jamal
La
Répression permanente
(2000)
Selon l'Etat américain, il n'y a pas de prisonniers que
lon puisse qualifier de politiques dans ses prisons.
D'ailleurs, beaucoup
d'autres pays ont cette position.
En fait, bien des
individus ont été pris pour cible, poursuivis et
jetés dans les goulags américains en raison de
leurs opinions, de leurs engagements et/ou de leurs actions politiques.
La récente
libération de plusieurs indépendantistes Portoricains,
à l'issue d'une longue détention dans les prisons
fédérales constitue une preuve de la reconnaissance
tacite de l'existen de prisonniers de guerre.
Ou seraient-ils
subitement devenus des prisonniers politiques après une
décennie passée dans les prisons américaines
?
Des dizaines de
soldats de la Black Liberation Army sont encore aujourd'hui dans
les goulags américains, certains depuis trente années.
Sont-ils moins prisonniers
politiques que leurs camarades Portoricains seulement parce que
le pouvoir politique n'a pas eu le courage de les libérer
?
Geronimo Ji-Jaga
n'est pas devenu tout à coup un prisonnier politique parce
qu'un juge du comté d'Orange en Californie a décidé
que ses convictions violaient la constitution de cet état.
Que dire de ses
26 années d'emprisonnement politique ?
Quand Ji-Jaga a
tenté dobtenir sa liberté de parole des années
auparavant, malgré un dossier exemplaire, on la lui refusa
pour une seule raison: celle dêtre "encore un
révolutionnaire".
Et pourtant, les
Etats-Unis prétendent ne détenir aucun prisonnier
politique.
Il y a aussi les
prisonniers politiques de MOVE que l'on peut également
appeler, dans le sens exact du terme, prisonniers spirituels.
Ils ont été
condamnés à cent ans de réclusion dans les
goulags de Pennsylvanie, malgré leur innocence, pour avoir
refusé de renier leur adhésion aux enseignements
de John Africa, le révolutionnaire légendaire,
fondateur de l'organisation MOVE.
Neuf hommes et femmes de MOVE faussement accusés d'avoir
tiré collectivement sur un flic de Philadelphie le 8 août
1978 ont recu la peine maximale tandis que plusieurs autres membres
de MOVE, terrifiés par la violence de l'Etat ont désavoué
leur allégeance à MOVE.
Ce qui leur a valu
leur liberté.
Pourtant les membres
de MOVE sont, toujours en prison, 22 années après,
parce qu'ils ont trop de principes pour renier John Africa !
Et non à
cause de crime. Ne sont-ils pas des prisonniers politiques, spirituels
de l'Etat ? Aux Etats-Unis, la loyauté est un crime.
Lorsque le membre
de MOVE Ramona Africa osa survivre à l'holocauste urbain
du 13 mai 1985, c'est elle et non les meurtriers d'enfants ou
les poseurs de bombes de la ville, de l'Etat ou du gouvemement
fédéral qui est allée en prison.
Durant sept longues
années infernales, Ramona a été enfermée
dans les cellules de l'Etat alors que les meurtriers de Osage
avenue obtenaient promotions, avancements et éloges. Etait-elle
prisonnière de l'ordre politique ?
Il y a beaucoup
d'hommes et de femmes qui continuent de croupir dans les prisons
américaines et dont les noms nous sont inconnus : Sundiata
Acoli, les frères et soeurs Africa, Bashir Hameed, Mondo
We Langa, Sekou Odinga, Russell Maroon Shoats, Joan Karl Loaman,
Ray Luc Levasseur, Tom Manning, Yi Kikumara et bien d'autres
encore.
Pourquoi sont-ils
inconnus ? Car il n'y a pas de prisonniers politiques aux Etats-Unis,
n'est-ce pas ?
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