Parti Prolétarien du Bengale de l'Est
La théorie de la Guerre Populaire de Mao
1987
En prenant en considération les structures socio-économiques, le
niveau de développement du mode de production et les
caractéristiques fondamentales, aujourd'hui les pays peuvent être
divisés en général en deux groupes : d'une part une poignée de pays
capitalistes et impérialistes, d'autre part la vaste majorité de
pays opprimés par l'impérialisme.
De toutes les puissances capitalistes-impérialistes, les deux
superpuissances impérialistes, les USA et l'URSS, sont les ennemis
principaux des peuples du monde. En même temps les pays
nondéveloppés et moins développés sont opprimés par l'impérialisme
et sont liés à son système néo - (ou semi) colonial.
Bien que ces
pays soient formellement indépendants et que des gouvernements
indigènes soient au pouvoir, ils n'ont pas de véritable
indépendance.
A vrai dire les gouvernements indigènes sont des laquais et des
pantins des pays impérialistes (ou d'un bloc impérialiste).
Malgré
des différences dans le mode de production, le développement des
forces productives, le stade ou niveau de développement etc., ces
pays néo (ou semi) coloniaux ont quelques caractéristiques
fondamentales en commun :
- A l'exception de quelques uns, ces pays ont plus ou moins
maintenu le féodalisme dans l'agriculture. Mais dans la plupart des
cas le féodalisme n'existe pas dans ces anciennes formes
classiques.
Plutôt, par un certain développement du capitalisme
issu du fonctionnement de l'impérialisme, et en général d'une
pénétration croissante de l'impérialisme, le féodalisme a dépéri et
il est en dépérissement.
- Par conséquent, l'agriculture a été réduite au semi-féodalisme.
Les féodaux n'exercent pas le pouvoir d'Etat tout seuls. Ils sont
les agents de l'impérialisme et ils sont un des piliers principaux
du pillage impérialiste continuel.
- Le capitalisme qui s'est développé (et qui se développe) dans ces
pays n'est pas un capitalisme national indépendant ; mais plutôt,
il est un capitalisme perverti dépendant de l'impérialisme et il a
un caractère comprador et bureaucratique. Ce capitalisme comprador-
bureaucratique est un des supports principaux de l'exploitation
impérialiste.
- Les gouvernements des ces pays sont les représentants du
capitalisme comprador-bureaucratique et du féodalisme et ils sont
des marionnettes guidées par les impérialistes et servent ses
intérêts.
- La pénétration impérialiste et la domination sur ces pays entrave
le développement du capital national et de la bourgeoisie nationale.
- Dans ces pays, les obstacles principaux à l'émancipation des
masses populaires et au progrès social sont l'impérialisme étranger
avec le capitalisme comprador-bureaucratique et le féodalisme en
alliance profane avec l'impérialisme et dépendant de celui-ci.
Ces caractéristiques déterminent que la nature de ces pays est
généralement néo (semi) coloniale et semi-féodale.
Le stade de la
révolution dans ces pays est démocratique-bourgeoise, c'est-à-dire,
démocratique nationale et son but est comme disait Mao tsétoung,
"d'accomplir, d'une part, une révolution nationale qui secouera le
joug étranger de l'impérialisme et, d'autre part, une révolution
démocratique qui secouera le joug intérieur des propriétaires
fonciers féodaux".
Ces deux révolutions s' inter-pénètrent et sont intimement liées et
dépendantes l'une de l'autre - il n'est pas possible de réussir
l'une sans réussir l'autre.
La voie de la révolution dans ces pays
est la voie de la Révolution de démocratie nouvelle et de la guerre
populaire, tracée et développée par le président Mao tsétoung dont
la justesse de la ligne a été mise à l'épreuve dans le feu de la
grande Révolution chinoise.
Grâce à sa participation personnelle dans la Révolution chinoise et
grâce à son application créative de la vérité universelle du
marxisme-léninisme aux conditions concrètes de la Révolution
chinoise, le président Mao a développé la voie de la guerre
populaire, de la Révolution de démocratie nouvelle et la théorie,
stratégie et tactiques révolutionnaires qui en découlent.
Ces contributions si importantes à la révolution prolétarienne
mondiale et au marxisme-léninisme ne sont pas seulement applicables
à la Révolution chinoise mais plutôt comme dit correctement la
Déclaration du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste : "la
théorie élaborée par Mao tsétoung pendant les longues années de la
guerre révolutionnaire en
Chine continue à être la référence fondamentale pour l'élaboration
de la stratégie et de la tactique révolutionnaires dans les pays
coloniaux et semi-(ou néo-) coloniaux." (Déclaration du Mouvement
Révolutionnaire Internationaliste, p. 33).
Depuis la victoire de la Révolution chinoise et depuis la Seconde
guerre mondiale, beaucoup des changements importants se sont
produits dans le système impérialiste et dans la situation mondiale
dans sa totalité.
On entend par là :
- Le néo-colonialisme a remplacé l'ancien système colonial. La
presque totalité des anciennes colonies des Etats soi-disant
"indépendants nationaux" ont fait leur apparition.
- Sous le système néocolonial, l'impérialisme a accéléré le
développement capitaliste dans presque tous les pays non-
développés, faisant en sorte que ces pays sortent lentement de leur
retard extrême, même dans l'agriculture, bien que ceci se passe
d'une manière déformée. Un appareil d'Etat militaro-bureaucratique
puissant est maintenant bien ancré.
- Pendant et immédiatement après la Seconde guerre mondiale des
révolutions socialistes et de démocratie nouvelle dirigées par le
prolétariat ont été victorieuses dans un certain nombre de pays,
donnant naissance à un camp socialiste. Mais, dû au retour du
révisionnisme et du capitalisme en Union soviétique d'abord et puis
en Albanie et en Chine, il n'existe aucun pays socialiste dans le
monde aujourd'hui.
A cause des trahisons des révisionnistes et de l'impact inévitable
de tous ces facteurs, les mouvements de libération nationale anti-
impérialiste partout dans le monde, aussi bien que les mouvements
révolutionnaires du prolétariat (c'est-à-dire le mouvement
communiste mondial) ont fait fausse route et ont subi des graves
revers, et des authentiques mouvements de libération nationale sont
privés de toute aide progressiste internationale.
Depuis 1960, la révisionniste Union soviétique est devenue un pays
social-impérialiste et elle est montée sur la scène de la politique
mondiale comme une nouvelle superpuissance impérialiste.
Le
résultat est que les pays impérialistes sont regroupés en deux
blocs rivaux guidés par les deux superpuissances.
L'impérialisme US et le social-impérialisme soviétique sont engagés dans une lutte
féroce, une lutte à mort pour la redivision du globe, afin
d'intensifier leur oppression et l'exploitation et d'élargir
constamment leur sphères d'influence. Cette rivalité est devenue de
plus en plus aiguë.
A cause de cela, les social-impérialistes soviétiques ont commencé
à utiliser les mouvements de libération nationale anti-
impérialistes en beaucoup de pays dans leur propre intérêt.
De
même, les impérialistes US utilisent les luttes de libération
anti-soviétiques pour leur propres buts.
Par conséquent, des doutes
et des confusions ont surgi : à savoir si les luttes de libération
contre un bloc impérialiste peuvent gagner sans l'aide de l'autre.
Dans le contexte des ces changements et en raison des attaques
contre Mao tsétoung, les déformations et les négations de ses
contributions depuis la chute de l'Union soviétique et spécialement
de la Chine dans le révisionnisme, s'est soulevée la question
concernant la pertinence et l'applicabilité de la voie de la guerre
populaire à la révolution dans les pays néo, semi-coloniaux.
En
particulier, les révisionnistes pro-Moscou, pro-Deng et pro-Hoxha
ont propagé la confusion en prônant différentes lignes
révisionnistes et réactionnaires au nom d'une soi-disante "voie
alternative" et ils ont causé des dégâts irréparables aux
mouvements révolutionnaires.
Il est tout à fait naturel que ces agents déguisés de
l'impérialisme et du révisionnisme conduisent des attaques
furieuses et ils essaient de déformer, de discréditer et
fondamentalement de se débarrasser du plus haut développement du
marxismeléninisme qui est la pensée Maotsétoung.
Ils seront
capables de poursuivre cette entreprise tant que les authentiques
révolutionnaires marxistes ne mettront pas bien en évidence des
exemples victorieux de guerres populaires.
De cette manière, la guerre populaire au Pérou qui progresse sous
la direction du Parti Communiste du Pérou a déjà soulevé de
nouveaux espoirs et de nouvelles aspirations pour les opprimés à
travers le monde.
Dans cet article, on tâchera de réfuter les attaques sur les
principes de la guerre populaire et de mettre à nu les illusions de
la soi-disante "voie alternative".
Nous démontrerons que malgré les
changements dans le monde depuis le Seconde guerre mondiale, la
voie de la guerre populaire, forgée et tracée par Mao Tsé-toung,
continue à avoir une importance décisive dans les pays opprimés
pour rendre la Révolution de démocratie nouvelle victorieuse.
Ce
n'est pas seulement que les principes et les enseignements de Mao
sur la guerre populaire soient utiles ; mais tout simplement, sans
eux, il n'est pas possible dans ces pays d'obtenir la victoire.
La voie de la guerre populaire dans les pays opprimés est la voie
de la prise du pouvoir d'Etat par le peuple révolutionnaire sous la
direction du prolétariat - c'est pour cette raison qu'il s'agit
d'une question de stratégie globale et de ligne politique pour la
Révolution de démocratie nouvelle.
1. La Guerre Populaire : une question simplement tactique, ou bien
de stratégie et de ligne politique globale ?
Alors qu'il y a un grand nombre de forces qui sont engagées dans la
lutte armée dans différents pays et qui se réclament du marxisme, y
compris ceux qui font référence aux enseignements de Mao, mais en
réalité, ils ne prennent en compte que ses contributions dans le
domaine des affaires militaires, en particulier la guerre de
guérilla.
Quelques unes des ces forces sont des éléments
procubains, quelques unes sont pro-Moscou, quelques autres sont pro-
Hoxha et d'autres encore sont des éléments révolutionnaires petits-
bourgeois. Certaines autres forces se disent maoïstes.
Bien que presque toutes ces forces s'opposent à la pensée Mao
tsétoung, il parlent de ses contributions dans le domaine militaire
- la raison étant que les contributions de Mao dans le domaine de
la guerre et spécialement de la guerre de guérilla sont sans
parallèle dans l'histoire.
Or, comme ils sont euxmêmes engagés dans la lutte armée, et obligés
d'étudier et d'appliquer la stratégie militaire, ils ne peuvent que
reconnaître les contributions de Mao dans ce domaine-là.
Néanmoins,
les défenseurs de ces différents points de vue, soit ils ne
comprennent pas, soient ils rejettent ou soient ils déforment
l'essence stratégique et politique de la théorie de la guerre
populaire dans leurs intérêts et positions de classe opportuniste.
Beaucoup interprètent mal la théorie de la guerre populaire de Mao
comme simples tactiques de guerre de guérilla.
La question principale du débat est la suivante : quelle est la
voie de la prise du pouvoir par le peuple sous la direction du
prolétariat dans les pays opprimés et pourquoi ?
Jusqu'à l'avènement des luttes révolutionnaires du peuple chinois
sous la direction de Mao, la
science du marxisme n'avait dans son coffre-fort qu'une seule
conception de la prise du pouvoir : la voie de la Révolution
socialiste d'Octobre en Russie.
La prise du pouvoir d'une autre
façon que la Voie d'Octobre - une telle idée faisait défaut dans
les rangs des marxistes.
C'est Mao tsétoung qui pour la première
fois a fait une étude comparative des conditions socio-économiques
pré-révolutionnaires à la fois en Russie et en Chine et a démontré
que la voie russe, ou la Voie d'Octobre, de la prise du pouvoir
n'est pas applicable dans des pays où le féodalisme est prédominant
tel que la Chine,laquelle est opprimée par l'impérialisme.
Mao expliqua : "Dans les pays capitalistes, si l'on ne considère
pas les périodes de fascisme et de guerre, les conditions sont les
suivantes : à l'intérieur du pays, le féodalisme n'existe plus, le
régime est celui de la démocratie bourgeoise ; dans leur rapports
extérieurs, ces pays ne subissent pas d'oppression nationale, ils
oppriment au contraire, d'autres nations. Eu égard à ces
particularités, éduquer les ouvriers et accumuler des forces au
moyen d'une lutte légale de longue
durée, et se préparer ainsi à renverser finalement la capitalisme...
I1 ne veut pas d'autre guerre que la guerre civile à laquelle il se
prépare. Mais tant que la bourgeoisie n'est pas vraiment réduite à
l'impuissance, tant que le prolétariat dans sa grande majorité
n'est pas résolu a entreprendre l'insurrection armée et la guerre
civile, tant que les masses paysannes n'en sont pas venues à aider
volontairement le prolétariat, cette insurrection et cette guerre
ne doivent pas être déclenchées. Et lorsqu'elles le sont, il faut
commencer par occuper les villes et s'attaquer ensuite aux
campagnes, et non le contraire. C'est ce que ont fait les partis
communistes des pays capitalistes, c'est ce que confirme
l'expérience de la Révolution d'Octobre en Russie.
Il en va autrement pour la Chine. La particularité de la Chine,
c'est qu'elle n'est pas un Etat démocratique indépendant, mais un
pays semi-colonial et semi-féodal, où le régime n'est pas celui de
la démocratie mais de l'oppression féodale, un pays qui, dans ses
relations extérieures, ne jouit pas de l'indépendance nationale,
mais subit le joug de l'impérialisme. C'est pourquoi il n'y pas en
Chine de parlement qui puisse être utilisé, ni de loi qui
reconnaisse aux ouvriers le droit d'organiser des grèves. Ici, la
tâche essentielle du parti communiste n'est pas de passer par une
longue lutte légale pour aboutir à l'insurrection et à la guerre,
ni d'occuper d'abord les villes et ensuite les campagnes, mais de
procéder en sens inverse."
Mao démontra que dans un pays comme la Chine, qui était à
prédominance agricole, qui était opprimée par l'impérialisme et qui
se caractérisait par le féodalisme, les paysans constituaient la
principale composante des forces révolutionnaires, pour cette
raison la campagne était le centre de gravité du travail du parti,
et on devait s'emparer du pouvoir d'abord à la campagne et ensuite
dans les villes.
La prise du pouvoir à la campagne procède avec des
phases dans le long processus de la guerre populaire prolongée en
s'appuyant principalement sur les masses
paysannes pour établir des zones libérées ou des bases d'appui et
les développer et les propager, et ensuite prendre le pouvoir dans
les villes.
Pour toutes ces raisons, la principale forme de lutte dans la
révolution chinoise était précisément la lutte armée dès le début
et non pas des mouvements de masse et des luttes légales pendant
une longue période qui conduisent à des insurrections dans la
campagne, comme en Russie.
La forme principale d'organisation était
l'organisation armée - l'armée révolutionnaire ; cette armée
révolutionnaire devait être dirigée par le prolétariat et être
constituée principalement par des combattants paysans.
De cette
façon Mao identifia les traits caractéristiques de la voie pour la
prise du pouvoir dans la Révolution chinoise, lesquels étaient
différents de ceux de la Révolution russe.
Il est assez évident que la question de la lutte armée ou la
question de la guerre populaire n'est pas un problème de tactiques,
au contraire il s'agit d'une question fondamentale de ligne
générale étroitement liée à une série d'autres importantes
questions politiques : l'importance du problème paysan, le centre
de gravité du travail du parti, les moyens et les formes pour la
prise de pouvoir, etc.
Si, dans la révolution en Chine (ou en
termes plus généraux, dans les pays opprimés par l'impérialisme et
caractérisés par le féodalisme) le parti avait décidé que la lutte
armée pourrait être ou non la tâche centrale, que la prise du
pouvoir pourrait être possible à partir de la campagne ou de la
ville, alors le parti aurait réduit la lutte armée à une question
de simple tactique.
Mais en réalité la question ne fut pas traitée ainsi en Chine. Wang
Ming, Li Li-san et d'autres représentants de la ligne "gauchiste"
et droitière dans le parti, essayèrent à plusieurs reprises de
mettre à l'épreuve cette voie.
Eux soutenaient une ligne pour
l'insurrection centrée sur la ville, et reléguaient le travail
parmi les paysans et la lutte armée à des positions secondaires. La
révolution en Chine à cause de ces lignes, a subi des pertes.
Ces
lignes militaires erronées étaient
liées aussi à de différentes déviations politiques de "gauche" ou
de droite.
Le fait que la lutte armée et l'organisation armée sont les formes
principales de lutte et d'organisation, signifie-t-il que
l'organisation de masse et les mouvements de masse soient rejetés ?
Non. Dire que la lutte armée est la forme principale de lutte et
dire que la lutte armée est la seule forme de lutte n'est pas la
même chose.
Mao avait relevé l'importance de l'un et l'autre type de lutte dans
la révolution en Chine : "Toutefois mettre l'acccent sur la lutte
armée ne signifie pas renoncer aux autres formes de lutte ; au
contraire, si celles-ci ne lui sont pas coordonnées, elle ne peut
être victorieuse. Mettre l'accent sur le travail dans les bases
rurales ne signifie pas abandonner le travail dans les villes et
dans les vastes régions rurales qui sont encore sous la domination
de l'ennemi ; au contraire, sans le travail dans ces villes et dans
ces régions, les bases rurales seraient isolées et la révolution
courrait à un échec. D'ailleurs, le but final de la révolution est
de conquérir les villes, bases principales de l'ennemi, et il ne
saurait être atteint sans qu'on y fasse un travail suffisant".
Par rapport à la lutte armée et aux mouvements de masse, Mao dit
"En Chine, la forme principale de la lutte, c'est la guerre, et la
forme principale de l'organisation, l' armée. Toutes les autres
formes, par exemple l'organisation et la lutte des masses
populaires, sont extrêmement importantes, absolument indispensables
et ne sauraient en aucun cas être négligées, mais elles sont toutes
subordonnées aux intérêts de la guerre".
2. Caractéristiques fondamentales de la Guerre Populaire
Bien que nous ayons discuté en termes généraux de la ligne de la
guerre populaire, il faut une discussion particulière de ses
caractéristiques fondamentales.
Celles-ci sont :
1- La direction du prolétariat ;
2- La tâche principale : la guerre de guérilla, le problème de
commencer la lutte armée dès le début;
3- La ligne de masse et le principe de compter sur ses propres
forces ;
4- "Encercler les villes par la campagne" et d'autres thèmes
militaires dépendants, c'est-à-dire, les bases d'appui, la guerre
prolongée, la stratégie et les tactiques de la guerre de guérilla,
etc.
3. La Direction du Prolétariat
Celui-ci est le plus important de tous les principes de la guerre
populaire ; c'est la clé de la victoire. Seule la direction du
prolétariat peut conduire la révolution de démocratie nouvelle
jusqu'au bout - jusqu'à la révolution pour le socialisme et le
communisme.
A travers la synthèse des expériences de l'histoire du monde
contemporain, la Déclaration du MRI a dit correctement :
"l'expérience historique démontre qu'un "front anti-impérialiste"
(ou autre "front révolutionnaire" de ce genre) qui n'est pas dirigé
par un parti marxiste-léniniste ne mène nulle part, même lorsque ce
front (ou certaines forces qui en font partie) adoptent une
certaine couverture "marxiste" ou plutôt, pseudomarxiste.
Bien que des telles formations révolutionnaires aient parfois
dirigé des combats héroïques et même frappé de grands coups contre
les impérialistes, elles se sont montrées incapables, sur le plan
idéologique et en matière d'organisation de résister aux influences
impérialistes et bourgeoises.
Même là où ces éléments ont pu
prendre le pouvoir ils n'ont pas été capables d'assurer une
transformation révolutionnaire intégrale de la société, et ils
finissent tous, tôt ou tard, par se faire renverser par les
impérialistes ou par se transformer eux mêmes en un nouveau pouvoir
réactionnaire, travaillant la main dans la main avec les
impérialistes".
C'est exactement ce qui s'est produit dans les pays tels que Cuba,
Angola, Ethiopie, Zimbabwe, Nicaragua, etc. Cuba s'est converti en
allié et complice du social-impérialisme soviétique. Le reste de
ces pays s'est converti en néo-colonie de tel ou tel autre
impérialisme.
Tous ces événements montrent que sans la direction du prolétariat
même la révolution démocratique nationale ne peut être portée à bon
terme, sans même parler de l'avancement à l'étape de la révolution
socialiste.
Conduire la lutte armée sous la direction d'un front composé de
petits bourgeois de gauche ou de bourgeois révolutionnaires en
rejetant la nécessité de la direction du prolétariat, en refusant
la nécessité de former un parti prolétarien, en rejetant la voie de
la guerre populaire et en réduisant la question de la lutte armée
d'une ligne générale à de simples tactiques, en rejetant la ligne
de masse révolutionnaire, c'est-à-dire, la ligne et le principe de
s'appuyer sur les masses populaires pour mener la guerre armée et
la ligne de faire participer les masses dans celle-ci, en
conduisant la lutte armée isolée des masses et simplement pour se
cacher dans des trous géographiques favorables et de cette manière
conduire la lutte armée avec des méthodes plus ou moins terroristes
- ce sont toutes des caractéristiques de la soi-disante "voie
alternative" qui s'oppose à la pensée Mao tsétoung et à la voie de
la guerre populaire.
Cuba est le principal partisan de cette "voie alternative".
Cependant, bien qu'il soit douloureux de le dire, le fait est que
cette ligne "révisionniste armée de gauche" a exercé, et exerce
encore, une énorme influence dans les pays de l'Amérique Latine.
Dans les dernières années, une autre "voie alternative", comme le
modèle sandiniste, a surgi. Ces deux voies ont beaucoup de
caractéristiques en commun.
Parmi les similitudes importantes entre
les deux, il y a celle qui associe toutes les étapes de la
révolution en une seule et qui promeut le mot d'ordre de révolution
"socialiste".
De cette manière, ils ignorent les tâches actuelles
de la révolution de démocratie nouvelle : ils isolent la classe
ouvrière de ses alliés, spécialement la paysannerie, en
restreignant sérieusement de cette façon la capacité de la classe
ouvrière à éliminer totalement l'impérialisme
et le féodalisme.
A cause da sa pratique, il est le révisionnisme armé de "gauche".
Ces révolutionnaires petitbourgeois de gauche qui suivent cette
ligne sont un des biais par lesquels le social-impérialisme
soviétique fait dévier, contrôle et utilise les mouvements de
libération des pays opprimés pour servir ses buts pervertis.
Après la dégénérescence de l'URSS vers le capitalisme, les
révisionnistes renégats soviétiques établirent la théorie que le
résultat de l'émergence d'un fort Etat "socialiste" soviétique et
un puissant "camp socialiste" ont fait faiblir l'impérialisme et le
néo-colonialisme et que l'équilibre des forces entre l'impérialisme
et le socialisme s'est modifié définitivement.
Ils ont soutenu
alors, que ce changement dans l'équilibre des forces rendait
possible la transition pacifique au socialisme, et, en même temps,
ils s'opposaient aux luttes armées de libération nationale des
différents pays.
Après être devenu plus forts en tant que social-impérialistes et
que leurs appétits ont grandi, ils ont fait mine de sympathiser
avec les mouvements de libération nationale contre l'impérialisme
US, avec l'intention de les infiltrer et de s'en servir.
Ils ont
vociféré que grâce à la force croissante du camp "socialiste", la
direction du prolétariat dans les mouvements de libération
nationale n'était plus nécessaire et que les mouvements de
libération nationale pouvaient obtenir la victoire en se fiant
seulement à l'aide financière, militaire et autre des pays
"socialistes", et qu'il était possible d'aller directement au
socialisme (du type révisionniste soviétique).
Évidemment, cette théorie a reçu un accueil très favorable parmi la
bourgeoisie de gauche et les révolutionnaires petit-bourgeois qui
ont commencé à s'incliner de plus en plus vers l'aide matérielle
soviétique.
La défaite du socialisme en Chine, le rejet ouvert de
la révolution et les attaques envers celle-ci de la part de la
clique renégate de Deng, l'absence d'une forte direction dans les
mouvements de libération nationale, l'absence d'une forte guerre
populaire menée avec une ligne correcte - tous ces faits ont
fortifié cette ligne.
Aujourd'hui, le révisionnisme armé de "gauche" mentionné ci-dessus
est arrivé à se confondre davantage avec le révisionnisme de
droite, car sa racine idéologique est la même : le rejet de la
direction politique prolétarienne et la ligne de compter sur ses
propres forces, au lieu de cela la totale dépendance de l'aide
étrangère (c'est-à-dire, social-impérialiste), sous le drapeau de
continuer directement vers le "socialisme".
En un mot, leur ligne
rejette la théorie de Mao sur la guerre populaire.
Dans une autre variante de cette même "voie alternative", certains
officiers de l'armée qui se proclament de gauche (les officiers
moins gradés, en général) isolés des masses mais parfois en
exploitant les sentiments des gens, prennent le pouvoir d'État par
un coup d'État militaire.
Après quoi, ils forment un parti
"communiste" ou "socialiste" y compris "des travailleurs" et
proclament leur action comme une révolution. Ensuite, ils
proclament l'établissement du socialisme, par des décrets
officiels.
L'Éthiopie et l'Afghanistan sont des exemples de cette variante,
comme l'est en grande partie la Libye.
En général, dans ces cas les
chefs de bande du coup s'opposent au bloc E.U. et courent vers le
bercail soviétique, en convertissant ainsi leur pays en une néo-
colonie du social-impérialisme.
Dans quelques occasions, les
soviétiques dirigent euxmêmes le coup, comme en Afghanistan.
Cette
voie rejette aussi bien la direction prolétarienne et l'appui sur
les masses populaires, elle dépend des bonnes intentions d'un
groupe d'individus et de l'aide étrangère, ce qui signifie le total
rejet de la guerre populaire. Une telle voie amène forcément à la
domination de la part de tel ou tel autre impérialiste.
Mao a ainsi resumé la question de la direction du prolétariat dans
la révolution de démocratie nouvelle :
"La dictature démocratique populaire a besoin de la direction de la
classe ouvrière, parce que la classe ouvrière est la classe la plus
clairvoyante, la plus désintéressée, celle dont l'esprit
révolutionnaire est le plus conséquent.
Toute l'histoire de la
révolution prouve que la révolution échoue sans la direction de la
classe ouvrière et qu'elle triomphe avec la direction de la classe
ouvrière.
A l'époque de l'impérialisme, aucune autre classe, dans
quelque pays que ce soit, ne peut mener une véritable révolution à
la victoire. La preuve en est que les révolutions dirigées à
plusieurs reprises par la petite bourgeoisie et la bourgeoisie
nationale de Chine ont toutes échoué".
Aujourd'hui, les impérialistes et les autres forces hégémoniques et
expansionniste sont en train d'infiltrer de plus en plus les
différentes luttes de libération nationale, en les détournant et en
les subordonnant avec l'aide financière, militaire ou soi-disant
autres aides.
De plus, les super-puissances impérialistes, dans
leur rivalité accrue pour la redivision de la planète et
l'expansion de leurs sphères d'influence, sont en train d'essayer
continuellement d'utiliser les luttes de libération dirigées contre
leurs rivaux pour leurs propres bénéfices et placer ainsi ses
respectifs laquais à la tête de ces mouvements.
Il est impératif que les authentiques marxistes-léninistes, vu la
situation mondiale, diffusent largement le concept de
l'indispensabilité de la direction prolétarienne dans la révolution
de démocratie nouvelle.
4. Direction du Prolétariat : Qu'est Que Cela Signifie ?
Beaucoup parmi les forces qui s'auto-définissent socialistes ou
marxistes - et comme nous avons constaté qui ne sont que
pseudosocialistes et pseudo-marxistes - refusent ou ne donnent pas
l'importance qu'il faut à l'exigence de former un parti politique
du prolétariat indépendant. La direction de son parti est en
réalité l'aspect le plus significatif de la direction du
prolétariat.
C'est la seule façon par laquelle le prolétariat peut
exercer sa direction dans les mouvements révolutionnaires (ou dans
le pouvoir d'Etat et l'administration).
II est impossible d'établir la direction de la classe prolétarienne
dans le mouvement révolutionnaire en minant, en niant et en
s'opposant à l'établissement du parti du prolétariat indépendant ou
à l'exercice de sa direction dans le mouvement.
Mao avait posé en termes clairs l'accent sur ce point : "Pour faire
la révolution, il faut qu'il y ait un parti révolutionnaire. Sans
un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie
révolutionnaire marxisteléniniste et le style marxiste-léniniste,
il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes
masses populaires à la victoire dans leur lutte contre
l'impérialisme et ses valets".
Le parti du prolétariat doit être, toujours selon les termes de
Mao, "un parti discipliné, armé de la théorie marxiste-léniniste,
pratiquant :'autocritique et lié aux masses populaires". La base
théorique générale qui guide l'idéologie du prolétariat est le
marxisme-léninisme pensée Mao tsétoung.
4. Comment la victoire de la Révolution de Démocratie Nouvelle
prépare-t-elle le terrain pour la Révolution Socialiste ?
Staline et Mao avaient noté à maintes reprises que la révolution de
démocratie nouvelle sous la direction de la classe ouvrière ne
faisait pas partie de l'ancienne révolution démocratique mondiale
(dont l'objectif était d'établir le capitalisme et la dictature
bourgeoise), mais qu'elle était partie intégrante de la révolution
socialiste prolétarienne mondiale, dont l'objectif final est le
socialisme et le communisme.
Mao a fourni un éclaircissement à ce sujet : "La révolution
démocratique est la préparation nécessaire de la révolution
socialiste, et la révolution socialiste est l'aboutissement logique
de la révolution démocratique".
Comme Mao avait dit : "La révolution de nouvelle démocratie fait
partie de la révolution socialiste mondiale, elle combat résolument
l'impérialisme, c'est-à-dire le capitalisme international.
Politiquement, elle vise à instaurer la dictature conjointe de
plusieurs classes révolutionnaires sur les impérialistes, les
traîtres et les réactionnaires; elle lutte contre la transformation
de la société chinoise en une société de dictature bourgeoise.
Economiquement, elle a pour but de nationaliser les gros capitaux
et les grandes entreprises des impérialistes, des traîtres et des
réactionnaires, ainsi que de distribuer aux paysans les terres des
propriétaires fonciers, tout en maintenant l'entreprise capitaliste
privée en général et en laissant subsister l'économie des paysans
riches.
Ainsi, cette révolution démocratique de type nouveau, bien qu'elle
fraie la voie au capitalisme, crée les conditions préalables du
socialisme. L'étape actuelle de la révolution en Chine est une
étape de transition qui va de la liquidation de la société
coloniale, semi-coloniale et semiféodale à l'édification d'une
société socialiste".
De plus, il faut mentionner d'autres facteurs :
Premièrement, ce processus révolutionnaire rend possible la
construction du parti du prolétariat, en le renforçant à travers
les tourbillons révolutionnaires dans ces pays en tant que parti
puissant, basé sur les masses et d'échelle nationale.
Le parti peut
gagner la confiance du peuple pour ensuite commencer et guider la
révolution socialiste. Mao insista au maximum là-dessus.
Deuxièmement, pendant toute la période de la révolution
démocratique-nationale, qui est naturellement et en général longue,
le parti a l'occasion de faire le travail de propagande et de créer
l'opinion publique parmi les masses en faveur du marxisme-léninisme, du socialisme et du communisme.
De cette manière le
parti peut préparer idéologiquement les gens à accomplir la
révolution socialiste. Mao donna aussi beaucoup d'importance à cela.
Troisièmement, le parachèvement de la révolution de démocratie
nouvelle dirigée par le prolétariat crée une base matérielle pour
le socialisme (c'est à cela que Mao se réfère dans la citation
précédente comme "prémisses pour le socialisme").
Avec l'élimination complète de l'impérialisme et du capitalisme
bureaucratique-comprador et la nationalisation de toutes les
richesses et du capital, on fait un grand pas vers la
transformation socialiste d'une partie importante du capital et de
l'industrie du pays, car dans ces pays les impérialistes et les
capitalistes bureaucrates possèdent la plupart de cela.
En même temps, pendant le long processus de la guerre populaire
prolongée, les grandes masses de paysans s'organisent en
innombrables types d'organisations inférieures et supérieures, y
compris les coopératives et de plus dans une organisation avancée
et hautement disciplinée comme l'armée révolutionnaire, et ils
acquièrent beaucoup d'expérience.
Les masses des paysans autrefois arriérés acquièrent rapidement la
conscience de son caractère sous l'impulsion de la guerre,
spécialement la pratique créatrice et agile de la guerre de
guérilla. Tout cela fait partie de la base matérielle pour avancer
vers la révolution socialiste.
5. La tâche centrale : la guerre de guérilla
Pour être "Que Faire-istes" dans ces pays signifie engager la lutte
armée dès le début et saisir la guerre de guérilla comme lâche
centrale.
Pour construire et développer l'organisation et la lutte dans les
pays opprimés, la tâche centrale est la lutte armée, dont la forme
spécifique est la guerre de guérilla.
De même, la tâche centrale
pour construire l'organisation et la lutte est la guerre de
guérilla. Cette question est directement liée à l'importance
fondamentale pour le travail parmi les paysans à la campagne.
"Que Faire?" - comment et quand commencer ? Dans son livre qui a
fait époque, le camarade Lénine a posé la solution à ce problème
dans les conditions concrètes à l'époque de la Révolution russe. Il
montra que dans les stades initiaux de la construction du parti en
Russie, la tâche centrale pour construire l'organisation et la
lutte était celle de développer un organe politique pour toute la
Russie.
De plus, il a argué que la politique révolutionnaire, c'est-à-dire
la politique de la prise du pouvoir, et non pas le réformisme et
l'économisme, doit être porté à la classe ouvrière dès le début, et
que la meilleure méthode pour cela était un organe politique
centralisé pour toute la Russie.
Pour Lénine, la politique révolutionnaire était une science, et
cela n'était pas possible de la porter à la classe ouvrière de
façon spontanée et automatique à travers ses mouvements avec des
finalités économistes et réformistes ; au contraire, il fallait
l'amener de l'extérieur, d'un parti des révolutionnaires
professionnels qui éduquent les travailleurs avec un organe
politique central.
Cet organe a fonctionné aussi comme le centre du
travail préparatoire pour la future insurrection et guerre
révolutionnaire.
Lénine avait établi cette ligne de l'organe
central du Parti comme la tâche centrale à travers la lutte
théorique et la pratique révolutionnaire ; la Révolution d'Octobre a
démontré que c'était correct, et reste toujours la référence pour
la révolution dans les pays capitalistes.
Mais dans les nations opprimées un organe de parti n'est pas la
tâche centrale ; la tâche centrale c'est la guerre populaire. En
fait, la conclusion que la guerre de guérilla est la tâche vient de
la ligne de "Que Faire?" lui-même.
Si on veut suivre l'idéologie de
"Que Faire ?" dans les nations opprimées, il faudra porter la
politique révolutionnaire à la campagne et aux paysans.
Il faudrait
unir, organiser et éduquer les paysans à la politique
révolutionnaire, c'est-à-dire, la politique de la prise du pouvoir.
Les organiser d'une autre façon, par exemple sur la base des
revendications économiques, et à-côté de cela les éduquer
politiquement - ce n'est pas le style léniniste. Organiser les
paysans dans les syndicats n'est pas la tâche des communistes
révolutionnaires.
Eduquer et organiser les paysans sur la base
d'une politique révolutionnaire dès le début - cela et seulement
cela, c'est, selon Lénine, la politique "social-démocrate", c'est-à-
dire, la politique marxiste-léniniste.
Le problème dans ce cas est comment les paysans peuvent être
éduqués et organisés dès le début dans la politique
révolutionnaire.
Le faire, par exemple, avec un organe politique
central ou par d'autres moyens, tels que les mouvements
économiques, etc., qui se fondent sur l'éducation pendant une
longue période dans une voie plus ou moins pacifique, n'est pas
possible dans ces pays.
Cela est dû au fait que dans les nations
opprimées les paysans vivent toujours sous la domination
autocratique et en général sous le despotisme féodal.
Ils n'ont
même pas le minimum des droits démocratiques. C'est ainsi que l'on
ne peut pas entreprendre de la même façon une longue éducation dans
la politique révolutionnaire.
Avant que cela n'arrive, les paysans seront sûrement écrasés par
les attaques armées des despotes féodaux. En plusieurs cas, même de
simples mouvements économiques de paysans sont traités rudement -
beaucoup plus des mouvements fondés sur la politique
révolutionnaire. D'autre part, les paysans se consacrent à la
petite production, ils ne sont pas concentrés dans un grand nombre
de lieux de travail.
L'isolement entre les paysans est aigu, et à cela s'ajoute qu'ils
sont relativement arriérés sur le plan culturel.
De manière que, en
comparaison avec l'unité, l'organisation et la lutte des ouvriers,
celle des paysans est condamnée a assumer un caractère beaucoup
plus local. De plus, la conscience des paysans se développe de
façon très inégale car ils sont isolés et dispersés.
Pour toutes ces raisons la conscience et la lutte des paysans d'un
endroit donné peuvent se développer à un niveau plus élevé sur une
base locale, et en même temps dans d'autres endroits elles peuvent
ne pas se développer du tout.
Ainsi, dans certains endroits le
niveau de conscience des paysans peut être très bon, dans d'autres
endroits les conditions peuvent être mûres pour commencer la lutte
armée.
Dans de telles situations, ne pas commencer avec la lutte armée
dans les zones propices équivaut à renoncer à la révolution elle-
même. Si le parti assumait comme tâche centrale l'éducation du
peuple à travers un organe politique, il se produirait
inévitablement de ces cas d'abandon des conditions propices pour
commencer la lutte armée. Tôt ou tard celui-ci se réduirait à un
parti prolétarien opportuniste.
Mao a démontré que seulement la guerre de guérilla peut éveiller,
unir et organiser les paysans écrasés sous le rouage du despotisme
féodal, et les rendre conscients de la politique de la prise du
pouvoir.
Seule la guerre de guérilla peut leur donner la confiance
dans leur propres capacités et permettre leur participation dans la
lutte armée pour le pouvoir et seulement à travers la guerre de
guérilla, la classe ouvrière, grâce à la direction du parti et à sa
participation dans la guerre de guérilla, peut unir et construire
l'alliance révolutionnaire avec son principal allié, la grande
majorité de la paysannerie.
Autrement dit, seule la guerre de guérilla peut éduquer et
organiser les paysans à la politique révolutionnaire. Celle-ci est
réellement l'application de "Que Faire?" à ces pays.
Si à la place de cela on assume comme tâche centrale le travail en
dehors d'un organe politique, le travail devra être inévitablement
centré dans la ville et principalement parmi les intellectuels
urbains de classe moyenne et en quelque mesure parmi les ouvriers,
cela conduirait à son isolement des masses populaires.
D'autre
part, en absence de tout lien avec la guerre de guérilla dans les
zones rurales, le travail parmi les ouvriers guidés par cette ligne
est condamné à tomber finalement dans l'abîme du réformisme et de
l'économisme.
Beaucoup de gens parlent d'une autre forme d'unir le peuple dans
ces pays, ils parlent "d'appliquer la ligne de masse". Leurs
méthodes consistent dans le fait de diriger des mouvements
économiques parmi les paysans, de construire des organisations de
masse parmi eux avec ce but, et de les rendre le maillon-clé.
De la
politique de "Que Faire ?" on déduit que cette tâche centrale est
dépourvue de politique révolutionnaire; c'est un concept réformiste
et révisionniste de la ligne de masse. Tous les révisionnistes
légalistes qui ont rejeté la lutte armée sont engagés dans cette
recherche infructueuse.
Pour résumer, une fois abandonnée la guerre de guérilla, le parti
sera isolé des masses des paysans, ou même s'il maintient des
relations avec ces derniers, celles-ci seront fondées sur le
réformisme et l'économisme qui n'ont pas de lien avec la politique
révolutionnaire et la prise révolutionnaire du pouvoir.
II y en a qui posent la question de cette façon : Oui, la guerre de
guérilla est sans doute la tâche centrale - mais l'activité
guérillera doit-t-elle réellement commencer dès le début ? La lutte
armée engagée dès le début ne sera-t-elle pas isolée du peuple ?
Au
contraire, ne serait-t-il pas mieux de développer d'abord quelques
forces organisationnelles à travers des différents types de
mouvements économiques et autres mouvements de masse fondé sur des
bénéfices économiques et revendications, et de cette façon faire
quelque préparatifs à l'avance et seulement ensuite déclencher la
lutte armée ?
Les défenseurs de ce point de vue sont réellement au service d'une
ligne réformiste et économiste, seulement de façon indirecte. Ils
s'éloignent véritablement de la position léniniste de "Que Faire ?".
Dire que la lutte armée doit être engagée dès le début n'écarte pas
la nécessité de certains préparatifs. Le vrai point à débattre ici
n'est pas celui à propos des préparatifs, mais sur la ligne qui
dirige : la politique réformiste ou la politique révolutionnaire.
Celleci est précisément la finalité de "Que Faire ?"
Selon les
circonstances particulières d'un pays, il faut un minimum de
préparatifs comme la construction d'une base organisationnelle
initiale, la création d'une opinion publique, etc., mais tout cela
sur la base de la politique révolutionnaire.
De tels préparatifs ne peuvent aucunement être fondés sur le
réformisme et l'économisme, ni à travers des mouvements de masses
fondés sur telles politiques ; même l'opinion publique
révolutionnaire ne peut être créée de cette façon non plus.
Beaucoup parmi les forces qui avancent de tels points de vue et qui
attaquent la ligne de la guerre de guérilla engagée dès le début en
la qualifiant d' "aventuriste" ou "terroriste", sont des ex-
révolutionnaires qui ont dégénéré dans l'opportunisme comme
résultat des désastres des années 1970 et qui ont adopté une ligne
pro-chinoise ou une ligne intermédiaire sino-soviétique.
Ils
semblent être partisans de la lutte armée, mais ils soutiennent que
"on ne peut pas commencer dans cette voie". D'autres centrent aussi
leurs attaques sur la question du commencement de la lutte armée et
de la guerre de guérilla.
Peu importe la diversité de leur attaques dans la forme : tous
soutiennent que le peuple, à travers les mouvements économiques et
spontanés, élargira automatiquement la politique de la lutte armée
et de la prise du pouvoir et une aube radieuse se lèvera en armes
dans des soulèvements spontanées. Bref, ils disent de se préparer
pour la révolution mais sans une politique révolutionnaire.
Mais dans ces pays ils ne suffit pas que les marxistes-léninistes
acceptent seulement en théorie la nécessité de la guerre populaire.
Ils doivent donner la plus grande importance dans la résolution du
problème de comment engager la guerre populaire, ce qui est la
tâche centrale. La politique révolutionnaire est le point vital.
Quel que soit la forme que prennent les préparatifs, la ligne que
la lutte armée doit être engagée dès le début et que la tâche
centrale est la guerre de guérilla doit être assumée strictement et
fermement. Cela l'exige aussi bien la voie de Mao sur la guerre
populaire, que le léninisme.
6. Quelques Aspects sur "Engager la Lutte Armée dès le Début"
1 - Un des principaux obstacles pour entreprendre la lutte armée et
la guerre de guérilla dès le début est la tendance à surestimer la
force de l'ennemi.
Dans la pratique cette tendance ne place pas à
sa juste valeur le véritable état de chose dans ces pays. Dans ces
derniers prévaut une situation de crise permanente, due à
l'impérialisme et au neocolonialisme, il en résulte en général une
situation révolutionnaire permanente (bien que avec des flux et des
reflux). Pour cela une fois allumée une petite étincelle de lutte
(même dans un lieu lointain) elle peut propager le feu partout.
Le
principe de Mao selon lequel "Une seule étincelle peut mettre le
feu à toute la plaine " est en général applicable dans ces pays.
Celle-ci est aussi une raison pour laquelle la lutte
révolutionnaire dans ces pays souvent prend la forme de la lutte
armée dès le début.
2 - Commencer la lutte armée dès le début ne veut pas dire
commencer la guerre de guérilla le même jour de la fondation du
parti. Il est indispensable de faire un travail de préparation
préalable.
Une partie de ce travail est constituée par la
compréhension des aspects théoriques fondamentaux du marxisme-
léninisme pensée Mao tsétoung ; les formulations théoriques et
politiques des principaux aspects de l'analyse politique et socio-
économique de base , la propagande sur les questions théoriques,
politiques et idéologiques ; l'entraînement d'un minimum de cadres
nécessaires au développement initial d'organisation et de lutte ;
la formation de quelques révolutionnaires professionnels et la
pratique initiale à la vie professionnelle ; une base
organisationnelle minimale parmi les intellectuels
révolutionnaires, les ouvriers et les paysans ; la formation de
petites unités guérilleras ; l'élaboration d'une analyse de classe
marxiste-léniniste et une synthèse des mouvements et des luttes
révolutionnaires du peuple.
Cela doit être accompli plus ou moins
simultanément, ou au moins d'une manière ordonnée. Évidemment il
existera, ou peut être, une période de préparation ou une période
de développement "pacifique" dans la vie de presque tout parti
révolutionnaire.
Parfois nous rencontrons un problème spécifique à ce moment. Les
choses commencent à prendre beaucoup de temps parfois, avec le
prétexte d'une préparation subjective "nécessaire", des lignes à
propos de la nécessité d'une intense préparation pour déclencher la
guerre de guérilla du jour au lendemain surgissent, peut-être à
travers tout le pays, et cela va de soi, tout cela retarde
inévitablement le début de la guerre révolutionnaire.
L'adhésion à des telles lignes conduit sur la voie du réformisme,
et les marxistes doivent s'opposer résolument à cette tendance
déviationniste de droite dans le parti.
La racine de cette tendance
est dans la surestimation de la force de l'ennemi et dans la non
compréhension de l'essence de la formulation de Mao "une seule
étincelle peut mettre le feu à toute la plaine"".
De même ils
conçoivent l'application à ces pays de "Que Faire ?". Parfois ses
adhérents donnent libre cours à des rêves subjectifs pour commencer
une lutte large en passant outre la voie tortueuse de la guerre
populaire prolongée.
3 - Bien que dans les pays opprimés existe en général une situation
révolutionnaire, celle-ci présente des flux et des reflux. Ainsi,
quoiqu' en général la tâche centrale est de commencer la lutte
armée dès le début, pour plusieurs raisons (telles que un reflux
dans la situation révolutionnaire, des revers du mouvement
révolutionnaire, la centralisation des cadres pour certaines
occupations différentes de la lutte armée), à un moment donné la
lutte armée peut ne pas être temporairement la tâche centrale.
Mais même ainsi,les objectifs politiques et organisationnels
doivent s'engager vers la préparation croissante pour commencer et
conduire la lutte armée et pour faire avancer la révolution, même
lorsqu'ils anticipent le développement des conditions générales
plus favorables.
4 - La question de l'isolement vis-à-vis des masses. Dans son étape
initiale la guerre de guérilla est vouée à rester, jusqu'à un
certain point, isolée des masses populaires, ou au moins cela
pourrait paraître ainsi. Dans la plupart des cas la guerre de
guérilla peut partir de zéro, de sorte que ne se présentent pas -
et dans beaucoup des cas ne peuvent pas se présenter - toutes les
particularités caractéristiques d'une guerre populaire : elle n'est
pas encore menée en tant que guerre des masses populaires elles-
mêmes.
Dans cette étape, les ennemis et les révisionnistes de tout bord
lancent leurs calomnies du type "isolée des masses", "terroristes",
"extrémistes d' ultra-gauche", etc.
Il faut lutter et démasquer, y
compris à travers un dur travail de propagande politico-idéologique
parmi le peuple.
La réalité est que le début de la guerre de guérilla sous une ligne
correcte est le début de la guerre populaire elle-même, et c'est
précisément grâce à ce début de la guerre populaire à petite
échelle qu'elle peut s'élargir à tout le pays. Le stade initial est
commencé presque inévitablement dans des petites régions ou poches
qui jouent le rôle d'une étincelle pour que les masses populaires
elles-mêmes se soulèvent dans tout le pays.
7. La ligne de masses et compter sur ses propres forces
"La guerre révolutionnaire, c'est la guerre des masses populaires;
on ne peut la faire qu'en mobilisant les masses, qu'en s'appuyant
sur elles". Cette seule phrase de Mao montre profondément le
caractère fondamental de la guerre populaire et sa relation avec la
ligne de masse.
On ne peut appliquer ce principe de la ligne de
masse sans appliquer au même temps un autre principe accentué par
Mao, compter sur ses propres forces et la lutte ardue ; à son tour,
la fermeté en comptant sur ses propres forces doit conduire à
l'application de la ligne de masse.
Mao a expliqué ainsi le fait de compter sur ses propres forces :
"Sur quelle base notre politique doit-t-elle reposer ? Sur notre
propre force : c'est ce qui s'appelle compter sur ses propres
forces. Certes, nous ne sommes pas seuls, tous les pays et tous les
peuples du monde en lutte contre l'impérialisme sont nos amis.
Cependant, nous insistons sur la
nécessité de compter sur nos propres forces. En nous appuyant sur
les forces que nous avons nous-mêmes organisées, nous pouvons
vaincre tous les réactionnaires chinois et étrangers".
Mao a aussi expliqué la relation entre compter sur ses propres
forces et l'aide étrangère : "Nous soutenons qu'il faut compter sur
nos propres forces. Nous espérons recevoir une aide extérieure,
mais nous ne devons pas en dépendre ; nous comptons sur nos propres
efforts, sur la force créatrice de toute armée et de toute notre
population".
Sans mettre à exécution la ligne de masse, sans s'appuyer sur les
masses populaires, toutes les luttes sont destinées à dépendre des
autres.
La force dirigeante de la révolution - la classe ouvrière
et son parti - et l'armée révolutionnaire ne peuvent pas tout seuls
renverser le puissant ennemi ; doivent dépendre d'une des deux
forces, l'aide étrangère ou les masses populaires.
En plus, lorsque
Mao avait parlé d'avoir confiance dans l'aide étrangère il y avait
le socialisme en Union soviétique, ce qui n'est pas le cas
aujourd'hui.
Les authentiques luttes de libération ne peuvent pas disposer
d'aide étrangère, surtout à un niveau d'un Etat, comme le démontre
la guerre populaire qui se déroule au Pérou sous la direction de
son parti communiste. C'est ainsi qu'il est plus important que
jamais de s'appuyer pleinement sur les masses populaires.
Lorsque l'on tourne le dos à l'appui des masses populaires on est
condamné à dépendre du recours aux étrangers.
Et n'importe quel
prétexte que celui-ci adopte - "socialisme", "démocratie",
"humanitarisme mondial", etc. - on est voué à devenir l'instrument
des impérialistes soviétiques, E.U. ou tout autre impérialiste
étranger et la lutte révolutionnaire s'égarera et échouera.
Il n'y
a pas vraiment besoin de donner des exemples pour démontrer que des
tels phénomènes ne manquent pas dans le monde actuel.
Il faut aussi
souligner que seule la direction prolétarienne peut mobiliser les
masses et s'appuyer sur elles.
8. Encercler les villes par les campagnes et les questions
militaires relatives à ce principe
Les principaux questions militaires qu'on a traité ici sont les
suivantes : le rôle des bases d'appui ; la caractère prolongé de la
guerre ; la stratégie et les tactiques de la guerre de guérilla.
Nous avons discuté auparavant de comment la stratégie fondamentale
d'encercler les villes de la campagne est enracinée dans le
caractère du système social et dans l'étape de la révolution dans
les pays opprimés.
Les traits saillants théoriques fondamentaux
formulés par Mao tsétoung et qui guident cette stratégie sont
toujours valables, depuis cette époque-là il n'y a eu aucun
développement fondamental des théories et des principes de la
guerre populaire.
On prendra juste en considération ici, ces
importants aspects militaires et on discutera où ils sont
applicables, dans la nouvelle situation mondiale, qui présente
d'importants changements dans les caractéristiques des pays
opprimés.
La stratégie d'encercler les villes par la campagne exige que des
bases d'appui rurales pour la prise du pouvoir, soient établies. Il
n'est pas possible de faire cela simultanément dans tout le pays,
mais on doit commencer dans les zones petites ou limitées.
De plus, les bases d'appui sont nécessaires à cause du caractère
prolongé de la guerre. Dans l'étape initiale, l'ennemi est beaucoup
plus puissant que les forces révolutionnaires.
Les révolutionnaires
commencent avec des forces faibles et à fur et à mesure ils gagnent
de la puissance, de sorte que, peu à peu ils changent le rapport
des forces et ils dirigent l'assaut final contre l'ennemi.
Mais la
guerre est prolongée et prend nécessairement la forme d'une guerre
de guérilla pendant une longue période de temps.
Pour cela les
bases d'appui sont essentielles pour protéger les forces
révolutionnaires, pour élargir la révolution et consolider les
positions. Celle-ci est la base de la
stratégie et des tactiques de la guerre de guérilla.
Mao donne cette explication: "L'existence de tels ennemis pose la
question des bases révolutionnaires. Les centres urbains de la
Chine resteront longtemps occupés par le puissant impérialisme et
ses alliés, les réactionnaires chinois ; donc les forces de la
révolution doivent faire de la campagne arriérée une base solide
qui soit à l'avant-garde du progrès, un vaste bastion militaire,
politique, économique et culturel de la révolution, à partir duquel
il leur sera possible de combattre leur ennemi mortel, qui utilise
les villes pour attaquer les régions rurales, et de faire triompher
pas à pas, dans une lutte de longue durée, la révolution dans tout
le pays.
II est alors clair que la lutte révolutionnaire de longue durée qui
se déroule dans les bases révolutionnaires est essentiellement une
guerre de partisans menée par la paysannerie sous la direction du
Parti communiste de Chine.
C'est pourquoi il est erroné de sous-
estimer la nécessité d'utiliser les régions rurales comme bases
révolutionnaires, de négliger le travail assidu parmi les paysans
et de négliger la guerre de guérilla."
La guerre de guérilla et l'établissement des bases d'appui sont des
actions offensives dans la phase défensive générale de la guerre
populaire prolongée. Par rapport à tout le pays, les bases d'appui
créent les conditions pour l'auto-protection des forces
révolutionnaires, mais par rapport à une partie du pays en
particulier sont des activités offensives.
La guerre de guérilla
élargit la guerre révolutionnaire et propage les bases d'appui, en
avançant ainsi le processus de la prise du pouvoir à la campagne.
En plus de ces aspects militaires, les bases d'appui ont aussi des
caractéristiques politiques et idéologiques qui sont très
importantes.
L'établissement des bases d'appui signifie le
développement du pouvoir politique révolutionnaire de la grande
majorité de la paysannerie, spécialement les paysans sans terre et
les paysans pauvres, sous la direction du prolétariat (lequel est
une forme de dictature sous la direction prolétarienne ;
aujourd'hui au Pérou par exemple, cela prend le nom des Comités
Populaires).
Parmi les transformations révolutionnaires et beaucoup d'autres
encore qui sont assumées par le nouveau pouvoir politique
révolutionnaire on remarque : l'exécution du programme de la
révolution de démocratie nouvelle, l'élimination totale ou
partielle du féodalisme et la distribution des terres de l'ennemi
aux paysans selon le principe "la terre à qui la travaille",
l'établissement des tribunaux populaires chargés de la justice
révolutionnaire.
Comme conséquence, les masses travailleuses et le peuple patriote
lèvent la tête, ils sont amenés à avoir confiance dans leur vigueur
révolutionnaire, le peuple repose ses espoirs et sa confiance dans
le parti et dans l'armée que celui-ci dirige, ainsi voit-t-il
concrètement le but de la révolution et témoigne-t-il pour luimême
la forme du futur système social libéré.
Bref, les bases d'appui
montrent au peuple les exemples de la révolution.
Tout cela
encourage les paysans à s'unir sous le drapeau de la guerre
révolutionnaire avec un enthousiasme croissant, leur permet de
participer à l'engagement révolutionnaire et de se sacrifier avec
un esprit immense.
Du point de vue de tout le pays, les bases
d'appui agissent en tant qu' "étincelles".
A travers l'établissement et la consolidation des bases d'appui, le
prolétariat guide aussi le peuple à la prise et l'exercice du
pouvoir, bien que à petite échelle, et sous cette forme le peuple
peut conduire des expériences avec le nouveau pouvoir et dont le
processus se prépare pour l'administration de l'État futur. Tel est
le rôle politique et idéologique des bases d'appui.
9. Les changements dans la période d'après Deuxième Guerre Mondiale
et la voie de la Guerre Populaire
D'un côté, depuis la Deuxième Guerre Mondiale se sont produits de
tels développements que les nations opprimées ne sont pas aussi
arriérées que la Chine pré-révolutionnaire. La pénétration large et
croissante de l'impérialisme a généré beaucoup de changements, dont
certains fondamentaux et qualitatifs.
Le capitalisme s'est
développé de telle façon, y compris dans l'agriculture, que le
féodalisme a subi une grande érosion ; les ouvriers ont augmenté en
nombre et ont acquis plus d'expérience ; ainsi que les ouvriers
industriels, le nombre de travailleurs non-industriels est augmenté
considérablement, de même pour les paysans sans terre ;
l'urbanisation s'est accrue ; se sont établis des appareils d'État
bureaucratique-militaires centralisés.
Ces changements se
poursuivent, et dans quelques cas s'accroissent.
D'un autre côté, malgré tous ces changements, le caractère
fondamental de la structure socio-économique de l'État reste
toujours à la base, ou principalement, le même.
Les soi-disants
États "nationaux indépendants" ne sont pas réellement indépendants
car ils sont sous la plus sévère domination et exploitation
impérialiste. Les classes dominantes sont dépendantes de
l'impérialisme ; l'exploitation et le despotisme féodal (et semi-
féodal) existent encore très largement dans les zones rurales ; les
villages et les villes sont toujours les forteresses de l'ennemi ;
la plupart de la population appartient toujours à la paysannerie,
dans de vastes zones rurales, ou l'appauvrissement augmente de
façon permanente ; les masses n'ont pas des véritables droits
démocratiques, le peuple est fréquemment écrasé par l'engrenage
fasciste militaire ou la domination de la dictature civile dont son
essence est fasciste.
Bref, la situation dans ces pays, avec
quelques exceptions, est encore dans son essence, semblable à la
Chine pré-révolutionnaire.
Ainsi, malgré les changements qui se sont produits, la stratégie de
base d'encercler les villes par la campagne est toujours valable
(avec quelques exceptions). Le développement rapide de la guerre
populaire au Pérou sous la direction de son parti communiste
confirme cette vérité.
Mais, à cause du fait qu'il y eu des importants changements, on
ressent plus que jamais la nécessité d'appliquer de façon créatrice
la stratégie et les tactiques de la guerre populaire - quelque
chose pour laquelle Mao avait toujours attaché de l'importance.
En entreprenant cette tâche, on voit fréquemment deux tendances
erronées.
Une tendance ignore et ne veut pas reconnaître les changements et
les différences pour appliquer ainsi mécaniquement l'expérience
chinoise, à la place d'appliquer d'une façon créatrice la pensée
Mao-tsétoung.
L'autre tendance pose un accent démesuré et exagère
les changements et les différences à cause de l'incapacité de
comprendre les similitudes fondamentales, et donc souffre
d'indécision pour la voie de la révolution.
En réalité cette deuxième tendance suit ainsi mécaniquement
l'expérience chinoise mais d'une façon négative, et ne voit pas que
la pensée Mao-tsétoung et la guerre populaire doivent être
appliquées de façon créatrices.
Les révisionnistes soulignent aussi
beaucoup d'insistance les différences, pour nier le caractère des
nations opprimées et rejeter catégoriquement la guerre populaire.
La lutte contre ces deux tendances, et le problème de l'application
de la ligne de la guerre populaire plus en généralement, est
centrée sur deux questions : en premier, engager la lutte armée dès
le début (c'est-à-dire quelle est la tâche centrale et comment ont
doit l'accomplir ?) ; deuxièmement, la question d'établir les bases
d'appui.
A cause des changements que nous avons fait remarquer, il n'est pas
possible dans beaucoup de pays d'essayer de suivre exactement le
modèle chinois et d'essayer d'élargir la guerre de guérilla dans
tout le pays en commençant et dépendant d'une base d'appui établie
dans un endroit lointain du pays.
A la place de cela, avec le début
de la guerre de guérilla et avec l' objectif d'établir des bases
d'appui, le travail politique et d'organisation dans tout le pays,
les mouvements des masses et les soulèvements de masses dans les
zones urbaines, le travail parmi les ouvriers et dans les villes,
l'activité centrée dans un organe de parti, etc. - tout cela a
acquis de l'importance, et il est indispensable de le coordonner
correctement avec la guerre de guérilla.
Il ne sera pas possible autrement de conduire la guerre
révolutionnaire correctement. De plus, l'importance de tout ce
travail s'accroît nécessairement.
Ce travail dans les zones urbaines peut être utile face à la
pression de l'ennemi dans la période initiale du développement de
la guerre de guérilla et des bases d'appui (n'importe laquelle) où
les forces révolutionnaires sont toujours faibles.
Par contre, le
développement de la guerre de guérilla, et particulièrement des
bases d'appui, peut exercer une grande influence révolutionnaire
dans l'accélération du soulèvement des masses, de la rébellion dans
les zones urbaines, et donner à ceux-ci un caractère plus
révolutionnaire.
De plus, le travail dans les zones urbaines,
surtout parmi les ouvriers et les mouvements de masse, peut servir
à fournir cadres et combattants.
La tendance qui ignore tout cela et qui applique aveuglément la
méthode chinoise de partir depuis les bases d'appui locales a été
une raison importante des désastres qu'ont essuyé beaucoup de ceux
qui appartiennent à la nouvelle génération des marxistes-léninistes
qui a fait surface dans les années soixante.
Malheureusement, cette
tendance est encore très largement répandue. Ses répercussions
spécifiques sont :
- une incapacité de comprendre le processus du développement
capitaliste et le déperrissement des relations féodales (dans une
voie non révolutionnaire) dans les pays opprimés et le rejet
aveugle de ce processus ;
- comme conséquence de cela, la méconnaissance ou la négation de
l'importance du travail dans les villes et parmi les ouvriers, les
organisations et les soulèvements des masses et la possibilité
d'accomplir l'activité légale ;
- la méconnaissance ou la négation de l'importance de faire un
travail à l'échelle nationale pour l'établissement des bases
d'appui.
Cette tendance, largement répandue en Asie du Sud, a conduit les
mouvements révolutionnaires à essuyer des durs revers. Comme
résultat, un grand nombre de personnes ont déserté les rangs des
marxistes-léninistes et ont rejeté la pensée Mao-tsétoung et la
guerre populaire.
De plus, les révisionnistes et autre ennemis ont
cherché à capitaliser ces revers pour attaquer une fois de plus la
ligne de Mao et de la guerre populaire.
Bien que l'importance de comprendre ces changements et les mises à
point qui sont nécessaires pour le travail révolutionnaire soient
clairs, on doit affirmer que le travail parmi les paysans dans les
zones rurales reste toujours le principal et que la tâche de
développer la guerre de guérilla reste toujours en général la tâche
centrale.
Le travail dans les zones urbaines, ou dans les mouvements de
masse, etc., ne peut pas faire avancer la politique révolutionnaire
au delà d'une certaine limite dans la lutte pour le pouvoir sans
développement de la lutte armée à la campagne.
Seule la guerre de
guérilla permanente peut créer les conditions pour établir la
direction prolétarienne des organisations de masse fondées dans la
ville et les élever et les mettre au service de la guerre
révolutionnaire.
Dans quelques pays opprimés en Asie, Afrique et Amérique Latine, il
y a eu un grand développement capitaliste et l'augmentation en
nombre des ouvriers, quoique ces pays ne soient pas "à prédominance
capitaliste".
Dans de tels pays l'importance politique et militaire
des villes s'est accrue et s'accroît. C'est une réalité objective.
Parfois dans ces pays les mouvements de masse peuvent impulser un
bond aux soulèvements de masse ou aux rébellions de masse, y
compris en l'absence de lutte armée dans les zones rurales.
Des occasions peuvent ainsi surgir pour commencer la lutte armée à
travers des premiers soulèvements de masse qui se produisent dans
les villes, et cela peut se révéler très nécessaire. Pour cette
raison, bien que dans tels pays la voie pour la révolution est
l'encerclement des villes par la campagne, le parti du prolétariat
doit tenir en compte dans sa stratégie globale la possibilité
d'utiliser ces situations et il doit être préparé pour l'affronter.
Ainsi, dans ces circonstances, la ligne pour développer la guerre
de guérilla et prendre le pouvoir d' abord dans les zones rurales
n'est pas applicable de la même façon statique, mais change en
fonction du changement des circonstances.
Mais si le concept qu'on a à propos de la stratégie est flou, ou si
on ignore les aspects principaux de la stratégie globale, on ne
pourra pas recueillir les fruits des telles éventualités, car il
existe toutes les possibilités pour que la situation prenne
plusieurs tournures.
Par exemple, malgré les soulèvements de masses dans les villes il
se peut que ne soit pas possible de procéder à la prise totale du
pouvoir ; ou même si cela est possible la victoire pourrait ne pas
durer longtemps ; ou peut-être qu'il sera possible de prendre le
pouvoir et même de le maintenir, mais il sera nécessaire de
conduire une guerre civile à long terme dans les zones rurales.
Il faut mentionner ici l'expérience valable de la révolution russe.
Bien que la Russie se fût développée vers l'impérialisme, ses zones
rurales étaient encore féodales, et il y a eu une guerre civile à
la campagne.
Peuvent se produire des situations où la guerre civile
est menée selon le principe de la guerre populaire, en s'appuyant
principalement sur les paysans.
Sur le fait de commencer la lutte armée et la guerre de guérilla,
peuvent aussi survenir des différences dues aux changements
mentionnés auparavant, en ce qui concerne l'établissement des
bbases d'appui.
Ceux qui s'opposent à la guerre populaire aiment
dire que dans plusieurs pays opprimés n'existent pas les aspects
mentionnés par Mao "Pourquoi le
pouvoir rouge peut-il en Chine ?" comme conditions pour le maintien
des bases d'appui.
Ils soutiennent en particulier, qu'il n'existe pas de seigneurs de
la guerre féodaux répartis localement comme il y en avait en Chine,
sinon qu'aujourd'hui il s'agit d'appareils étatiques bureaucratico-
militaires centralisés.
Ces problèmes sont beaucoup plus grands,
disent-ils, dans les pays relativement petits qui n'ont ni
collines, ni montagnes. Ils concluent que, en aucune façon il est
possible d'établir des bases d'appui.
La base matérielle de ces arguments, cela va sans dire, doit être
profondément examinée par les marxistes-léninistes, pour comprendre
avec exactitude les problèmes et les limites imposés par les
conditions objectives.
Mais le point le plus important ici est que
sous prétexte de "conditions objectives" ces gens présentent les
théories de Mao des bases d'appui rouges d'une façon mécaniste et
dans la plupart de cas de façon partielle et detournée.
Le processus qu'avait entamé Mao en 1928, en faisant la synthèse
des bases d'appui, lorsque il écrivit "Pourquoi le pouvoir rouge
peut-il exister en Chine?" ne s'est pas achevé là, et ces
conditions-là n'étaient pas non plus quelque chose d'immuable.
Mao avait démontré par la suite bien que, en l'absence de
conditions qu'il avait décrites en 1928 différents types ou formes
de bases d'appui pouvaient se développer.
Il avait cité, par
exemple, le type de bases d'appui suivantes : celles des montagnes,
celles de la plaine et des zones fluviales, lacustres et des
estuaires et il démontra ses avantages et ses désavantages
comparatifs.
Il a cité aussi les conditions variables suivantes,
qui affectent l'établissement des bases d'appui et qui exigent des
politiques différentes et flexibles : "des bases d'appui
temporaires " ou "des bases de caractère saisonnier" dans un
terrain défavorable, transférer des bases d'appui d'un endroit à
l'autre "sous le couvert de la végétation l'été et à la faveur des
cours gelés l'hiver", etc.
Ainsi, au cours de sa synthèse à propos
des bases d'appui pendant un longue période, il a montré qu'un
parti révolutionnaire "partout où vivent des Chinois et où l'ennemi
a pénétré, doit s'efforcer... de développer la guerre des partisans
et de créer des bases d'appui, permanentes ou temporaires".
Quant au surgissement des appareils d'État centralisés et à
l'absence de seigneurs de la guerre féodaux, beaucoup exagèrent la
puissance de ces appareils d'État.
Ils ignorent ces contradictions
internes, le fait, par exemple, que des factions des classes
dominantes assoiffées de pouvoir, sont parfois en dispute et aussi
en affrontements sanglants dans ces pays, ce qui pousse l'appareil
d'État dans une situation d'instabilité.
Voilà un reflet inévitable de la rivalité aiguë entre les
différents impérialistes, en particulier les deux superpuissances,
pour la domination de ces pays. C'est une crise insoluble sous le
système néo-colonial.
Dans le même temps ce système donne naissance encore et toujours à
la domination dictatoriale fasciste dans presque tous ces pays.
Même les farceurs sociaux-démocrates ne peuvent pas cacher
longtemps son véritable caractère fasciste. Cela, et l'exploitation
la plus brutale, aiguise intensément les contradictions entre les
différents secteurs du peuple et les classes dominantes.
Il résulte de cela que dans beaucoup de pays, y compris où il
n'existe pas de direction prolétarienne, un bon nombre de groupes
rebelles armés plus ou moins liés au peuple ont surgi et s'y sont
maintenus pendant longtemps.
Dans quelques pays ces groupes ont des
bastions dans les zones rurales et livrent de puissantes attaques
armées contre l'Etat.
Telles situations se produisent même dans de petits pays. Quelles
que soient les diversités du processus, leur forme ou leur durée,
il est possible que la lutte armée et les bases d'appui surgissent
et se développent.
Comme dit la Déclaration du Mouvement Révolutionnaire
Internationaliste : "Dans ces pays le prolétariat et les masses
sont très sévèrement
exploités, les abus dus à la domination impérialiste sont
incessants, et les classes dirigeantes exercent généralement leur
dictature de manière directe et brutale ; même lorsque ces classes
emploient une forme de régime démocratique bourgeois ou
parlementaire, cette dictature est à
peine voilée. Cette situation provoque fréquemment des luttes
révolutionnaires de la part du prolétariat, des paysans, et d'autre
secteurs des masses et ces luttes prennent souvent la forme de
luttes armées.
Pour toutes ces raisons (y compris aussi le fait que le
développement déformé et complètement déséquilibré de ces pays crée
de grandes difficultés pour les classes réactionnaires qui ont du
mal à maintenir la stabilité de leurs régimes et à consolider leur
pouvoir dans tous les coins et recoins du pays), il arrive souvent
que la révolution prenne la forme d'une guerre révolutionnaire
prolongée, à travers laquelle les forces révolutionnaires
réussissent à établir une forme quelconque de base d'appui à la
campagne, et à mettre en oeuvre la stratégie fondamentale qui
consiste à encercler les villes à partir des campagnes".
10. La Guerre Populaire dans les pays "à prédominance capitaliste"
L'Appel émis en 1980 par 13 partis et organisations avait constaté
qu'il y a " une tendance indéniable à ce que l'impérialisme
introduise des éléments importants de rapports capitalistes dans
les pays qu'il domine.
Dans certains pays dépendants, ce développement capitaliste en est
arrivé à un tel point qu'il n'est pas correct de caractériser ces
pays comme semi-féodaux ; il vaudrait mieux les caractériser en
tant que pays à prédominance capitaliste, bien que l'on puisse
encore y trouver d'importants éléments ou vestiges des rapports de
production semi-féodaux, et que ceux-ci soient reflétés dans la
superstructure.
Dans de tels pays il faut faire une analyse concrète de ces
conditions et en tirer les conclusions appropriées en ce qui
concerne la voie à suivre, les tâches, le caractère et l'alignement
des forces de classes. Dans tous les cas, l'impérialisme étranger
continue à être une cible de la révolution."
En plus de la Corée du Sud, Taiwan, etc. de quelques pays de
l'Amérique Latine et de quelques pays riches en pétrole, il y a eu
un considérable développement capitaliste.
Mais le développement capitaliste qui s'est produit dans ces pays
n'est pas un capitalisme national indépendant. II est apparu grâce
au renversement du féodalisme et de l'impérialisme étranger. Au
contraire, il est un capitalisme introduit par l'impérialisme, dans
le processus de son expansion après la Deuxième Guerre Mondiale et
sous son système néocolonial.
C'est le capitalisme bureaucratique-comprador, modelé par
l'impérialisme étranger, dépendant et étroitement lié à celui-ci.
De là son caractère déséquilibré, et, bien que le caractère de la
société soit à prédominance capitaliste, la domination neo-
coloniale continue.
Les appareils d'État de ces pays sont des chiens de garde du
capital bureaucratique-comprador et de l'impérialisme.
L'impérialisme, sans aucun doute, est une des cibles de la
révolution dans ces pays.
Etant donné que le vieux système féodal / semi-féodal n' a pas été
renversé par des moyens révolutionnaires, mais transformé d'une
manière non révolutionnaire par l'impérialisme lui-même.
Il est
logique qu'une grande partie ou la plus grande partie des
propriétaires féodaux se soient transformés, à travers un processus
graduel et par des compromis, en propriétaires sous le système de
l'agriculture capitaliste, encore dépendante de l'impérialisme.
En même temps, les nouveaux bureaucrates compradores sont obligés
de participer aussi à l'économie agricole. De plus, à cause de
cette transformation non révolutionnaire, d'importants éléments ou
vestiges des relations de production féodales se maintiennent
forcément et se reflètent continuellement dans la superstructure.
Le fait que ces pays sont des neo-colonies dominées par les
impérialistes se reflète dans le manque de démocratie dans le
système politique d'Etat, dans l'absence des droits légaux du
peuple, dans la continuation des dictatures sauvages
bureaucratiques - militaires et l'écrasement des mouvements
populaires.
Tout cela montre que dans ces pays les tâches de la révolution de
démocratie nouvelle n'ont pas été accomplies. Une caractéristique
importante de la révolution de démocratie nouvelle, comme Mao
l'avait démontré en Chine, est que la bourgeoisie se divise, que la
moyenne et la petite bourgeoisie (c'est-à-dire la bourgeoisie
nationale), peuvent jouer un rôle favorable pour la révolution et
c'est pourquoi le prolétariat doit s'efforcer de s'unir avec elle.
Cette importante formulation de Mao est tout à fait applicable à
ces pays.
D'un côté, l'étendue du développement capitaliste a donné
inévitablement naissance en grande mesure à la bourgeoisie
nationale. D'autre part, le capital bureaucratique-comprador dans
ces pays, en étroite collaboration avec l'impérialisme s'est
converti en capitalisme monopoliste, et l'appareil de l'État
réactionnaire les protège.
Il en résulte que la moyenne et petite
bourgeoisie trouvent des obstacles et des empêchements. Diviser la
bourgeoisie et essayer d'unir la bourgeoisie nationale au cours de
la lutte révolutionnaire et anti-impérialiste est encore une tâche
importante.
II est clair que l'étape de la révolution dans ces pays reste
toujours celle de la démocratie nouvelle ; les trotskystes, les
sociaux-démocrates et les différents types de révisionnistes
arguent que la démocratie nouvelle dans ces pays n'est pas
nécessaire, étant donné que l'économie est capitaliste l'étape de
la révolution est directement pour le socialisme.
Cela est non seulement erroné, mais réactionnaire, car ne voir que
le capitalisme, c'est cacher l'exploitation impérialiste et placer
les pays impérialistes et les pays sous l'impérialisme sur le même
plan.
Mais la question qui se pose est la suivante : quelle est la voie
pour la révolution dans ces pays, jusqu'à quel point sont encore
applicables les lignes de la guerre populaire et de l'encerclement
des villes par les campagnes ?
On peut dire sans doute que les méthodes et les lignes applicables
aux pays à prédominance agricole ne sont pas applicables de la même
manière dans ces pays.
Nous avons déjà mentionné que dans les pays
qui ne sont pas à prédominance capitaliste avec un important
développement capitaliste le travail dans les villes et parmi les
ouvriers a gagné de l'importance, et pourrait être possible de
commencer la lutte armée par des soulèvements de masse là, plutôt
que de commencer à engager la lutte armée à la campagne.
C'est le cas à plus forte raison pour les pays à prédominance
capitaliste. Et du fait que ce sont des pays à prédominance
capitaliste, la paysannerie, bien qu'elle soit une force
importante, n'est plus la principale force révolutionnaire ici, et
la campagne n'est pas nécessairement le centre du travail.
Pour cela probablement c'est que la question de la lutte armée et
de l'organisation armée ne sont pas le principal pendant toute la
période de la révolution dans ces pays. Mais même ainsi, il est
très possible qu'on ne puisse pas prendre tout le pouvoir en une
seule fois par le soulèvement armé, de sorte qu' après une prise de
pouvoir partielle il soit nécessaire de déclencher une guerre
révolutionnaire plus ou moins prolongée.
Une prise totale du pouvoir pourrait se réduire aussi à une
victoire temporaire, de façon qu'il sera nécessaire de se retirer
et d'aller dans les zones rurales où l'ennemi est faible pour
conduire la guerre populaire prolongée.
Pour résumer donc, bien que la voie exacte pour la révolution dans
ces pays ne soit pas claire, les tâches qui restent très
importantes pour le parti sont une étude sérieuse de la théorie de
Mao sur la révolution de démocratie nouvelle, la guerre populaire
prolongée et la guerre de guérilla par le parti du prolétariat,
l'enseignement de ces théories parmi cadres ouvriers et paysans et
l'application créatrice de la voie de la guerre populaire pour se
préparer et prendre le pouvoir.
Dans ces pays, puisque les ouvriers et les villes sont maintenant
le principal, la tâche d'éduquer les travailleurs à travers les
organes de parti et à travers les mouvements de masse et les
organisations révolutionnaires a plus d'importance que jamais.
Finalement seul le développement d'authentiques partis
révolutionnaires du prolétariat, fondés sur le marxisme-léninisme,
pourra donner des réponses correctes à la voie exacte de la
révolution dans ces pays.
Conclusion
Au cours de la guerre révolutionnaire en Chine, Mao Tsé-toung a
développé de façon qualitative la théorie marxiste de la guerre.
Il
a appris des guerres importantes dans le monde et en Chine,
spécialement des guerres progressistes et révolutionnaires; il a
assimilé les enseignements de Marx, Engels, Lénine et Staline sur
la guerre en général et les guerres révolutionnaires en particulier
et finalement, il a appris en appliquant le concept matérialiste
dialectique au cours de la guerre même- comme Mao a montré, la
guerre s'apprend à travers la guerre.
Mao a forgé ainsi la voie de la guerre populaire en illustrant
brillamment comment les peuples des nations faibles et opprimées
peuvent se soulever vaillamment pour renverser l'impérialisme et
ses complices, apparemment omnipotents.
Si on analyse la voie de la guerre populaire du point de vue
exclusivement militaire, il est impossible de comprendre sa
signification réellement profonde, et il ne serait pas possible de
l'appliquer de façon créatrice au milieu des changements que
l'impérialisme a introduits dans les nations opprimées.
C'est
seulement si on conçoit la stratégie de la guerre populaire avec
une vision matérialiste dialectique complète pour résoudre le
problème de la guerre
révolutionnaire, que devient possible d'entreprendre celle-ci et
d'autres tâches cruciales.
D'un côté, la situation mondiale actuelle se caractérise par
différentes formes de lutte du peuple qui sont reprises, y compris
la lutte armée, contre l'impérialisme et ses agents. Les mouvements
de libération nationale anti-impérialistes sont en train de
ressurgir puissamment, et ont fait surface les symptômes de
l'impulsion croissante des soulèvements de masse, après une longue
pause depuis les années soixante.
D'un autre côté, les deux blocs impérialistes en rivalité dirigés
par les E.U. et les impérialistes soviétiques e sont en train de
machiner des complots, de se préparer pour déchaîner une guerre
mondiale et sont en train d'augmenter énormément leur préparatifs
de guerre.
Dans une telle situation, dans les pays opprimés, il est
indispensable de développer des mouvements de libération nationale
et des luttes révolutionnaires sous une direction correcte. Cela
signifie, en général, de prendre la voie de la guerre populaire et
de commencer la guerre de guérilla. Ces obligations incombent aux
authentiques marxistes-léninistes.
Ainsi, il est urgent de tenir bien haut, d'expliquer et de propager
la voie de la guerre populaire et surtout la pensée Mao-tsétoung,
puisque le marxisme-léninisme pensée Mao-tsétoung est seule à même
de donner l'orientation nécessaire pour les luttes qui approchent.
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