union des révolutionnaire communistes
(marxistes-léninistes-maoïstes)
Le révisionnisme, danger principal pour la victoire de la
Révolution Démocratique chilienne
Août 2007
Le révisionnisme, qui est exprimé aujourd'hui par différents
groupes et dirigeants politiques, trouve en la clique des Teillier-
Carmona ses plus grands avocats.
Le révisionnisme est un danger
qui existe à l'intérieur même du mouvement ouvrier et populaire. Il
s'agit de faux marxistes, qui tronquent les principes fondamentaux
établis par Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao.
Ils sont une
avancée de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier, et
constituent pour cette raison une véritable menace pour le
développement de la lutte révolutionnaire de notre peuple.
Ces individus, qui représentent une fraction de la bourgeoisie
bureaucratique chilienne, aspirent à utiliser l'Etat bourgeois-
propriétaire terrien comme levier pour se promouvoir en tant que
classe.
Pour parvenir à imposer leurs objectifs, les révisionnistes
utilisent l'organisation, la mobilisation et la lutte des masses :
en encourageant, en limitant ou en déviant selon les cas de figure
la juste protestation populaire.
Aujourd'hui, ils sont occupés à
négocier et à manoeuvrer politiquement pour se trouver une niche
électorale. Ces objectifs n'ont rien à voir avec les intérêts de la
classe et du peuple.
Le système électoral constitue un des
principaux mécanismes de domination et de légitimation de l'ordre
actuel, les élections représentent, en ce sens, un objectif contre
lequel doit se diriger la lutte des masses révolutionnaires; et ne
pas le faire impliquerait que nous hypothèquerions le futur de la
révolution de nouvelle démocratie dans notre pays.
1. Le rôle néfaste du révisionnisme au Chili
Le XXè Congrès du Parti Communiste de l'Union Soviétique (PCUS) en
1956 a signifié une étape importante dans l'avancée vers
l'usurpation définitive du pouvoir de l'Etat soviétique par la
bourgeoisie, menée à ce moment-là par la clique krouchtchevienne.
Celle-ci était composée d'une série d'éléments déclassés, dont la
base sociale, formée par une couche différenciée du prolétariat,
permit à ce secteur droitier-opportuniste de mener un Coup pour
arracher le pouvoir politique des mains du prolétariat et du peuple
soviétique et imposer une série de réformes politiques et
économiques destinées à restaurer le capitalisme en URSS.
Vers la fin des années 1950 - début des années 1960, les
révisionnistes khrouchtchéviens (ou révisionnistes contemporains
comme le disaient les révolutionnaires), triomphants, établirent un
régime fasciste pour se défendre des masses et les opprimer.
Au Chili, une partie importante de la direction du vieux Parti
Communiste du Chili (le même qu'aujourd'hui) se fit l'écho de ce
Congrès. Ceci fut facilité par l'action invétérée d'une ligne
opportuniste de droite qui prédominait dans le vieux Parti. A cela,
il faut ajouter deux éléments.
Premièrement, Luis Emilio Recabarren, ouvrier typographe, fondateur
du Parti Ouvrier Socialiste [l'ancêtre du PC du Chili] en 1912, ne
s'est jamais débarrassé d'une série de boulets idéologiques hérités
de sa militance passée dans feu le Parti Démocratique.
Malgré son
activité d'organisateur de la classe ouvrière chilienne, sa pensée
restait et est restée jusqu'à sa mort pétrie d' influences
étrangères à l'idéologie scientifique de la classe; idéologie qu'il
ne put connaître en profondeur et qu'il ne put, pour cette raison
même, pas appliquer dans la pratique.
Ses conceptions se
rapprochaient davantage du socialisme utopique que du socialisme
scientifique, et il ne put les corriger, bien qu'il rendit visite à
la république des soviets.
Sa foi dans la voie électorale, ses
postions sur l'épuisement de la nécessité de la violence comme
moyen de transformation révolutionnaire de la société, ont embué
ses efforts pour propager dans la classe ouvrière et laborieuse les
vertus du socialisme et la nécessité de la conquête du pouvoir par
cette classe.
Deuxièmement, les choses ne changèrent pas avec la mort de
Recabarren.
Au point qu'en 1929, un représentant du Komintern
signala aux communistes chiliens leur « complète incompréhension
des principes bolchéviks d'organisation » et les avertit qu'en
empruntant ce chemin, ils s'en allaient droit vers la liquidation
du parti en tant qu'organisation prolétarienne communiste.
Le nouvel essor des luttes de masses déployée au début des années
1930 démontra la disposition combative des masses populaires et des
militants communistes de base.
Certaines manifestations
radicalisées de la lutte des masses prirent la forme de tentatives
de résistance armée contre l'abus et l'exploitation, comme le
Soulèvement de l'Escouade [grande mutinerie de marins et soldats]
en septembre 1931, la Pâque tragique à Copiapó et Vallenar en
décembre 1931 [prise de caserne, suivie de répression] et le
soulèvement paysan à Alto Biobío, Ranquil et Lonquimay en avril
1934. Cependant, ceci ne se traduisit pas en une politique
révolutionnaire tendant à préparer et déclencher la lutte armée
pour la conquête du pouvoir pour et par la classe et le peuple.
A partir du VIIè Congrès de la IIIè Internationale en 1935 et
l'impulsion de la politique de fronts populaires pour lutter contre
l'avancée écrasante du fascisme à l'échelle mondiale, aurait pu
être adoptée et appliquée au Chili une ligne résolue d'unité de
toutes les forces antifascistes, à condition d'assurer la direction
prolétarienne du front sur la base d'une ferme alliance ouvrière-
paysanne.
La direction du PC opta néanmoins pour une interprétation
opportuniste, étrangère aux principes marxistes-léninistes (qui
consistent à faire des préparatifs sérieux pour la révolution),
amenant le parti à placer son action et le prolétariatà la remorque
de la bourgeoisie.
Cette situation aboutit à un crétinisme
parlemenaire débilitant et au refus de déchaîner et diriger le
soulèvement armé des masses paysannes et mapuche [peuple autochtone
« amérindien »du Chili] avec le prolétariat révolutionnaire à sa
tête.
Au contraire, réfrénant la lutte de la paysannerie pauvre, il
vendit le droit au syndicalisme paysan en vue de convaincre le
parti radical de participer au Front Populaire et de faire ensuite
pression pour l'intégration dans le front du parti socialiste
(social-fasciste).
En avril 1936 fut signé l'acte de constitution du Front Populaire
avec les oppresseurs historiques des masses rurales - le parti
radical - scellant ainsi un pacte de conciliation et d'abandon la
lutte des classes.
Les radicaux étaient un parti composé par des
secteurs de la bourgeoisie, de la petite-bourgeoisie urbaine et des
propriétaires terriens de la Vallée centrale.
Ce pas tactique consista en fait à abandonner stratégiquement la
tâche d'impulser l'alliance ouvrière-paysanne, base du front et du
future Etat de dictature démocratique populaire - forme spécifique
de la dictature prolétarienne dans les pays comme le nôtre. Suivre
en pratique cette stratégie réformiste eut un coût très élevé pour
les masses.
Cette interprétation erronée et opportuniste de la politique des
fronts populaires remit à plus tard les tâches agraires de la
révolution démocratique-populaire. Au même moment, en Chine, une
interpétation et une application correcte de la politique de front
établie par la IIIè Internationale permit non seulement une
victoire écrasante sur l'impérialisme japonais en 1945, mais donna
aussi les bases du triomphe à venir du Parti Communiste de Chine en
1949 à la tête des masses populaires dans la guerre révolutionnaire
menée contre le Kuomintang (le parti nationaliste chinois financé
par l'impérialisme yankee), contre les grands propriétaires
terriens et la bourgeoisie monopoliste, principaux ennemis du
peuple chinois.
A partir de 1938, le Parti Communiste du Chili soutient les
gouvernements radicaux (pro-yankees) et collabore avec eux,
jusqu'en 1947. Cette année-là, le président radical Gabriel
González Videla, obéïssant aux politiques anti-soviétiques de
l'impérialisme yankee, édicte une loi de « défense » de la
démocratie (bourgeoise évidemment) et interdit le Parti.
Face à
cela, loin d'entrer dans une phase de lutte plus décidée, la clique
révisionniste du PC poursuit une politique d'endiguement de la
lutte des classes en vue de recouvrer son statut légal, ce qui est
finalement obtenu à la fin des années 1950, en récompense de sa «
bonne conduite ».
Lorsque la direction révisionniste de Corvalan et Teitelboim assume
la politique du renégat Krouchtchev à partir de 1956, elle le fait
tambour battant. La voie pacifique au socialisme devient leur
maxime, et infatigables, ils reprennent « à la chilienne » la ligne
révisionniste krouchtchévienne, mais en s'appuyant sur une « riche
» expérience accumulée lors des décennies d'opportunisme de droite.
L' action « irréprochable » de ces révisionnistes faisait l'orgueil
de la grande bourgeoisie créole et faisait soupirer tous les
opportunistes d'Amérique latine et au-delà, le Chili étant
considéré politiquement comme la « Suisse » de cette partie du
monde, ils allaient pavoisant et se rengorgeant en choeur sur la
prétendue « tradition démocratique » irréprochable du Chili.
Cependant, une poignée de communistes sortirent de ce chemin en
coupant en partie avec cette orgie démocrato-libérale et social-
fasciste.
Les anti-révisionnistes chiliens se consacrèrent à la
diffusion des documents par lesquels le président Mao - à la tête
du Parti Communiste de Chine - bombardait les positions politiques
et idéologiques des révisionnistes russes et leurs comparses au
sein des faux partis communistes qui avaient arboré les positions
de la direction révisionniste du PCUS, comme Corvalan-Teitelboim.
2.La défense du marxisme-léninisme contre le révisionnisme
contemporain au Chili
Ce fut une poignée de révolutionnaires communistes, dirigés par
David Benquis (le camarade Velasquez) qui prirent en charge la
tâche de propager et de défendre la proposition chinoise du 14 juin
1963 autour de la ligne générale pour le mouvement communiste
international, dès que celle-ci fut connue d'eux.
Ils tentèrent de développer la lutte de lignes à l'intérieur du PC
du Chili, en fondant les Editions Spartacus pour publier une grande
partie des documents de la Grande Polémique (à cette époque, la
lettre chinoise « en 25 points » et ses neuf commentaires étaient
pratiquement une lecture interdite pour les militants du parti).
Dès qu'ils furent expulsés par la clique révisionniste, loin
d'abandonner la juste tâche de propagande qu'ils avaient commencée,
le camarade Velasquez et une plus forte poignée formèrent le Groupe
Spartacus.
Plus tard, se joignant à d'autres communistes et à d'autres
militants qui s'étaient incorporés au cours de plus de deux années
d'un travail révolutionnaire rétabli au sein des masses, ils
adoptèrent la décision de fonder en 1966 le Parti Communiste
Révolutionnaire (PCR).
Ce fut à eux que revint la tâche de défendre
et revendiquer le marxisme-léninisme (aujourd'hui nous disons
marxisme-léninisme-maoïsme) en plein milieu de l'essor du
révisionnisme contemporain et du crétinisme parlementaire des
acolytes chiliens.
Justement, pendant les années du gouvernement de l'Unité Populaire,
le PCR et Benquis eurent le courage d'attaquer fermement la voie
pacifique qu'on criait sur tous les toits, et en même temps de
signaler les conséquences funestes que celle-ci apporterait à la
classe et au peuple, tout en soulignant le caractère de classe du
gouvernement de l'Unité Populaire et son projet de capitalisme
bureaucratique monopoliste d'Etat qu'il tentait d'appliquer à notre
pays.
Projet, qui plus est, subordonné au régime établi par le
social-impérialisme soviétique en URSS.
Mais, ce travail intense et nécessaire théorico-pratique de
dénonciation et d'élucidation fut hélas interrompu au début des
années 1980 par la liquidation du PCR.
A côté d'autres raisons
qu'il est inutile de traiter ici, ce qui contribua à cette
inexcusable capitulation fut la mort prématurée en 1978 de celui
qui était l'âme de ce parti : le camarade Velasquez.
Le coup fasciste de septembre 1973 foudroya en quelques heures la
voie pacifique et la pratique électoraliste développées pendant des
décennies par l'opportunisme.
Les masses populaires durent
affronter dans leur chair les résultats dévastateurs du prêche pour
la voie pacifique au socialisme. Les illusions légalistes,
électoralistes et pacifistes furent rejetées; mais pas les espoirs.
Ceux-là palpitent dans chacune des luttes menées par le prolétariat
et le peuple jusqu'à aujourd'hui.
3. Le révisionnisme chilien depuis le coup fasciste de 1973
La situation générée par le coup militaire rendit impossible
l'utilisation de la voie parlementaire - au grand dam des
révisionnistes - mais aussi trancha drastiquement la dispute inter-
impérialiste pour la domination et le contrôle du pays.
La
tentative de stratégie de voie pacifique du social-impérialisme
soviétique pour pénétrer dans les pays qui appartenaient à l'aire
de domination ou d'influence directe de l'impérialisme yankee,
avait comme contrepartie nécessaire la voie violente pour soumettre
ceux qui osaient altérer l'ordre imposé par eux en Europe de l'Est,
comme cela arriva en Tchécoslovaquie en 1968.
Comme on peut le
constater, le révisionnisme lui aussi agissait les armes à la main
si les conditions l'exigeaient. La violence ne lui était pas
étrangère.
Pour cette raison, il ne faut pas s'étonner que les révisionnistes
chiliens, qui cherchaient depuis les années 1960 une alliance
politique avec le Parti Démocrate Chrétien (parti pro-yankee,
collaborationniste avec la Junte Militaire Fasciste jusqu'à 1977),
une fois épuisée toute possiblité réelle d'aboutir à l'unité avec
eux et une fois défaite l'illusion d'un rétablissement rapide des
institutions représentatives de caractère démocratico-bourgeois, se
mirent aux discussions et aux préparatifs pour utiliser la violence
politique aiguë.
Il reviendra à une étude plus approfondie de déterminer - sur la
base de la théorie militaire du prolétariat, la guerre populaire -
s'il y eut, au sens stratégique, lutte armée dans les années 1980.
L'utilisation des armes, l'installation d'engins explosifs,
l'organisation de détachements armés, et même la création de
milices, n'est pas forcément exactement la même chose que
développer la lutte armée révolutionnaire.
Ce fut Luis Corvalán lui-même qui, en 1977, lors d'une appréciation
des causes du coup et du manque de préparation pour défendre le
gouvernement de l'UP, formula le problème du « vide historique »
dans la politique du parti, en liaison avec « le manque d'une
politique militaire ».
Mais ce ne fut qu'en 1980 que Corvalán
appela à l'emploi de « toutes les formes de lutte ».
Il n'y a pas l'ombre d'un doute que cette décision avait l'accord
du gouvernement social-impérialiste soviétique.
Toute une légende a été tissée autour de la préparation et du
déclenchement de la violence politique aiguë menée par le
révisionnisme chilien.
Il y a une confusion de versions sur
l'identité des participants, sur le soutien international qu'ils
reçurent (par l'intermédiaire du social-impérialisme soviétique et
de ses dépendances), ou sur le caractère des erreurs qui furent
commises.
Mais l'important est d'enquêter en premier lieu sur les
racines idéologiques du révisionnisme chilien, et de voir en quoi
l'aura révolutionnaire que possède l'emploi de la violence
politique armée peut comporter de nouveaux dangers pour la lutte
révolutionnaire du prolétariat et du peuple chilien.
4. Quelques caractéristiques du révisionnisme (armé)
L'idéologie scientifique du prolétrariat ( la science de la
révolution prolétarienne) est la synthèse théorique de l'expérience
accumulée dans la lutte de classe contre la bourgeoisie, et
recueille aussi les apports fondamentaux de la lutte
révolutionnaire des masses et peuples opprimés du monde. La
conception prolétarienne, l'idéologie marxiste-léniniste-maoïste
est distincte de et opposée à l'idéologie de la bourgeoisie.
Ce
sont deux conceptions idéologiques qui s'excluent et ne se
concilient pas. L'idéologie bourgeoise est la conception du monde
des oppresseurs, et avec cette conception, le prolétariat ne
saurait avoir aucune espèce d'indulgence.
De ce point de vue, le révisionnisme est l'expression la plus
trompeuse et subtile de l'idéologie bourgeoise.
Ils ont l'air
marxistes, par leur phraséologie; ils en appellent formellement aux
masses et sont même dans certaines circonstances politiques prêts
non seulement à prendre les armes, mais aussi à déclencher la lutte
armée (bien que ça ne soit jamais pour conquérir le pouvoir pour la
classe et le peuple et instaurer la dictature intégrale du
prolétariat).
Les révisionnistes peuvent organiser les masses, diriger leurs
luttes, préparer leur résistance face à un ennemi commun.
Cependant, le révisionnisme fait toujours passer ses propres
intérêts avant ceux des masses.
Il a peur des masses, il redoute
leur politisation révolutionnaire, il craint qu'elles n'élèvent
leur niveau idéologique, parce qu'il sait que si c'est le cas, il
court le risque d'être démasqué en tant qu'opportuniste.
Le paradoxe est que le révisionnisme a besoin des masses, le parti
révisionniste lui-même est composé des masses, mais il en a besoin
pour chevaucher sur leur dos.
Il les utilise pour manoeuvrer et
arracher quelques lauriers politiques, comme un poste au sénat ou
dans l'administration de l'Etat bourgeois. Une fois atteint son
but, il doit tirer les rênes, freiner le mouvement de masses, ou
faute de mieux, le dévier s'il ne peut plus l'arrêter.
Peu importe que les révisionnistes s'appellent marxistes, marxistes-
léninistes ou même marxistes-léninistes-maoïstes, c'est dans leur
pratique politique (avec ou sans armes) que se dévoile leur
idéologie bourgeoise et leurs véritables intérêts de classe.
Ils transforment la philosophie marxiste en philosophie bourgeoise,
la dialectique révolutionnaire en évolutionnisme vulgaire.
Ils
changent l'économie marxiste en économie bourgeoise, le socialisme
scientifique en socialisme bourgeois, la dictature prolétarienne en
dictature bourgeoise, le parti prolétarien en parti ouvrier
bourgeois; la guerre populaire est échangée pour une ligne
militaire bourgeoise.
Ils altèrent le marxisme, en font une doctrine acceptable pour le
système de domination et passent leur vie à signaler que la
révolution et la dictature du prolétariat seront atteints dans un
futur qu'ils ne déterminent jamais; ils trompent leur monde en
disant qu'une fois que les contradictions de classe seront assez
aiguës, des régimes fascistes surgiront comme réponse, ce que les
masses ne tolèreront pas, et qu'ainsi l'insurrection se déchaînera
comme un éclair et le pouvoir sera conquis.
Cependant, « faisons attention à ne pas provoquer la bourgeoisie,
allons à la conquête des majorités parlementaires, gagnons à la
cause du peuple l'armée et les forces de l'ordre, et ainsi nous
aboutirons à un rapport de forces favorable au sein de l'Etat et
seront imposées à la bourgeoisie toutes les exigences politiques
que nous voudrons »; la démocratie vaincra le néolibéralisme.
Voilà
leur maximum possible, c'est la doctrine du moindre mal, c'est «
tactique, tactique ».
Ils ne définissent pas ni n'expliquent ce que
signifie pour eux la « démocratie », ça n'est pas plus en tous cas
que la conquête d'un ensemble de libertés politiques qui peuvent
être concédées tout en laissant tel quel fondamentalement l'ordre
de classe.
Comme nous l'avons dit plus haut, entre 1980 et 1986, le
révisionnisme applique la tactique de mener toutes les formes de
lutte.
Si nous considérons la politique menée par la clique Corvalán-
Teitelboim avant le Coup de 1973, jusqu'à celle qui fut adoptée en
relation avec les événements politiques ayant eu lieu après «
l'année décisive » de 1986 (le plébiscite de 1988 et les élections
de 1989), nous constaterons que la tactique de mener « toutes les
formes de lutte » (qui incluait l'emploi de la violence à travers
l'appareil armé du parti) n'est rien d'autre qu'un inter-règne à
l'intérieur d'une continuité politique et idéologique de caractère
révisionniste et électoralo-opportuniste.
5. L'emploi de la violence armée
L'utilisation de la lutte armée (dans sa signification la plus
étroite) ou « violence aiguë » - comme il est dit dans les
documents du révisionnisme - en tant que forme de lutte ne change
pas la nature historiquement révisionniste de sa politique, c'est-à-
dire : le révisionnisme armé.
« Tout est illusion, sauf le pouvoir » disait Lénine en 1905. Ce
qui est central dans une révolution, c'est le pouvoir, et celui-ci
se gagne par la violence et se défend par la dictature
révolutionnaire.
Marx expliquait qu'on ne devait pas jouer à
l'insurrection, que celle-ci était une affaire sérieuse, un art
véritable.
De son côté, le président Mao signalait en 1938 que « la
tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c'est la prise
du pouvoir par la lutte armée, c'est-à-dire résoudre le problème
par la guerre. Ce principe révolutionnaire marxiste-léniniste,
ajoute-t-il, a une valeur universelle ».
Pour le prolétariat et le peuple chilien ce sont là des questions
de principe, des questions fondamentales et inoubliables, ce sont
des lois historiques inéluctables.
Si le prolétariat et le peuple
abandonnent ces principes, ils se condamnent à garder leurs chaînes
et donc à perpétuer la domination impérialiste, celle de la grande
bourgeoisie et des propriétaires terriens : ses ennemis principaux.
Le révisionnisme n'a jamais voulu comprendre ce b-a ba de la ligne
militaire du marxisme-léninisme-maoïsme.
L'échec de l'attentat contre Pinochet en septembre 1986, auquel
s'ajoutèrent les directives du Département d'Etat yankee adressées
à la junte militaire fasciste pour qu'elles « s'acheminent vers la
démocratie » - qui comportait l'exigence pour le Parti Démocrate
Chrétien de renoncer publiquement et définitivement à la violence
politique, et donc la fin de toute alliance avec ceux qui
l'exerçaient - menèrent le révisionnisme chilien, confronté à
l'isolement politique qu'il commençait à subir vis-à-vis des autres
partis, à « réinterpréter » la politique de rébellion populaire et
à « adoucir » l'appel à employer « toutes les formes de lutte ».
Cette réinterprétation les conduisit à échanger les armes pour les
urnes, c'est-à-dire : se délester de la « violence aiguë »,
persévérer dans la recherche d'une alliance politique avec le bloc
DC-PS (base de la Concertation) avec l'objectif de faire partie
d'un futur gouvernement de transition, comme résultat d'élections
ouvertes. Le plan politique de l'impérialisme yankee pour le Chili
et l'Amérique latine gagnait sur toute la ligne.
Cependant, la scène politique nationale, marquée par les journées
de protestation populaire et l'essor important du mouvement
populaire, manifestaient objectivement le développement de la
situation révolutionnaire et justifiaient pleinement la rébellion
armée des masses.
A propos du 9 septembre 1986 [le 7 septembre 2007
avait eu lieu l'opération « XXè siècle », attentat manqué contre
Pinochet par le FPMR], le quotidien espagnol El País affirmait : «
Bien que les forces modérées de l'opposition, en particulier la
Démocratie Chrétienne, condament toute usage de moyens violents, on
ne peut pas fermer les yeux devant le fait que l'influence du Parti
Communiste du Chili, qui soutient le Front [FPMR], est en train de
croître sensiblement, surtout dans les secteurs les plus jeunes et
radicaux du pays, dans les universités et les populations qui
vivent autour de la capitale, où se concentrent les couches les
plus spoliées et désespérées. Ceci s'est traduit par les récents
succès communistes aux élections universitaires et syndicales. »
Ce que ne dit pas le quotidien espagnol, c'est que faisaient défaut
- et font toujours défaut - les conditions sublectives : parti
marxiste-léniniste-maoïste, armée populaire et front, les trois
intruments de base de la révolution démocratique.
Cet ensemble de
choses était le risque que l'impérialisme yankee essayait
d'empêcher par tous les moyens.
Ils n'acceptaient pas la
nicaraguaïsation du pays, et encore moins une autre guerre
populaire comme celle qui était dirigée par le Parti Communuste du
Pérou.
Le révisionnisme était-il disposé à impulser une véritable
révolution au Chili? Non, il ne l'était pas. Etait arrivée pour lui
l'heure de faire preuve de bonne conduite et de de vendre des bons
de stablité politique et sociale en échange des moelleux sièges
parlementaires.
6. Fin du soulèvement national
En bon agent pro-soviétique (sans négliger ses apports propres et
originaux à l'initiative), la clique révisionniste chilienne suivit
les pas de Gorbatchev et la perestroïka.
La « révolution dans la
révolution » et le changement d'orientation du révisionnisme
soviétique vis-à-vis de la lutte armée se répercutaient dans les
nouvelles politiques de la direction révisionniste soviétique pour
l'Amérique latine et les Caraïbes.
La violence armée - ou plutôt le révisionnisme armé - en tant que
moyens de pression en vue d'atteindre certains objectifs
politiques, n'avait plus cours lors des nouveaux temps de paix (la
paix des cimetières bien entendu) et de l'apparente détente inter-
impérialiste.
Presqu'en même temps, la restauration capitaliste en URSS,
processus déclenché en 1956 avec l'ascension de Krouchtchev, finit
par déboucher, dans les années 1989-1991 sur un capitalisme
déchaîné à l'occidentale, avec le rétablissement d'institutions
démocrato-libérales, qui ont d'abord affaibli, puis mis fin ensuite
à toute aide aux révisionnistes de diverses latitudes, et entre
autres aux latino-américains.
Manquant d'une « arrière-garde stratégique pour la révoluton »,
effrayés par leur statut d'orphelin politique et plus encore par le
torrent populaire qui commençait à déborder leur politique de
rébellion, les révisionnistes chiliens décidèrent de faire machine
arrière, de « s'adapter » aux nouvelles conditions politiques et de
collaborer activement à l'endiguement de la puissante avancée des
masses.
L'une des conditions pour son inclusion politique relative, c'est-à-
dire sa légalisation, fut sa prise de distance totale avec «
l'aventure armée »; pour ce faire, ils firent passer le soulèvement
national pour un encanaillement de circonstance (comme l'avait dit
sur le ton de la plaisanterie au début des années 1990 le
révisionniste endurci Luis Corvalán Lepe), puis, pour ne pas avoir
l'air de renier leur politique de rébellion populaire de masses,
ils dirent que celle-ci se poursuivait, mais dorénavant en accord
avec la nouvelle situation, en la diffusant sous la forme d'une
rébellion électorale, en tant que « soulèvement » des votes «
conscients ».
Voyons maintenant, à travers elurs documents, quel fut le
cheminement qu'ils suivirent entre 1987 et 1994.
En février 1987, les révisionnistes expliquaient dans un document
intitulé « Propositions pour une issue politique », qu' « une fois
posé le droit, et au fond le devoir de mettre fin à l'ordre
fasciste, il est possible de trouver un consensus pour l'emploi de
toutes les formes de lutte qui permettent d'obtenir la victoire ».
Le document ajoute encore : « Il est certain que nous considérons
que la connaissance de l'art militaire, la préparation de cadres
militaires et le développement d'une politique spéciale pour les
hommes qui vont entrer dans l'armée, comme des impératifs
inaltérables d'un parti révolutionnaire.
Mais il ne faudrait pas
employer et nous n'emploierons jamais des moyens armés lorsque la
volonté du peuple peut s'exprimer et se réaliser librement et
démocratiquement ».
Il n'y a pas l'ombre d'un doute : l'ambiguïté
est chez eux un art véritable. La phrase « toutes les formes de
lutte » perd sa force en étant accomodée à la nouvelle situation
politique.
Suite à cette nouvelle situation politique, en 1987 les
révisionnistes se séparent de leur bras armé le FPMR, le
transformant en Mouvement Patriotique Manuel Rodriguez (MPMR).
Au
sujet du FPMR-autonome, nous n'en dirons pas plus, car cette
expérience de révisionnisme armé exige une étude à part.
Démentant ce qu'ils avaient jadis affirmé - à savoir qu'ils ne
participeraient pas au plébiscite par ce que celui-ci ne serait
qu'une fraude - le Comité Central réuni en Plénum en juin 1988
appela à voter pour le « non » au référendum d'octobre 1988.
Evidemment, ils participèrent activement à la campagne pour le «
non », légitimant ainsi la Constitution de 1980.
En mai 1989, la déclaration du XVè Congrès expliquait : « La
rébellion populaire de masses, tel est le nom de notre ligne
politique dans cette période. C'est le point d'articulation de la
stratégie et de la tactique pour résoudre la contradiction
principale dictature/démocratie. Son objectif est d'avancer vers la
fin du fascisme, de conquérir et d'approfondir la démocratie ».
Un peu avant, en mars de cette même année, Volodia Teitelboim, à la
tête de la clique révionniste pro-soviétique expliquait la teneur
de la politique de rébellion populaire de masses : « A propos de la
rébellion populaire de masses, je dois dire que les dénominations
doivent essayer de répondre à l'essence d'une politique. Les
dénominations peuvent être plus ou moins appropriées. Mais lorsque
nous proposâmes la dénomination « rébellion populaire de masses »,
nous n'entendions évidemment pas proposer la révolution sociale,
car dans ce cas nous aurions employé d'autres mots. Pour nous, la
rébellion est un acte massif face à une situation injuste. Ce n'est
pas la prise du pouvoir. Ce n'est pas le changement du système,
bien qu'une série de rébellions puisse, dans un pays déterminé,
culminer en un processus révolutionnaire qui mène à la prise du
pouvoir et à une révolution. Mais ici il ne s'agit pas de cela. Il
ne peut pas s'agir de cela. ».
Un aveu vaut une preuve.
Il ajoute : « Il me semble que la rébellion populaire de masses
doit se comprendre dans cette période comme lemode nécessaire
d'action par les urnes, par le vote, qui lui aussi est une arme, et
très puissante. »
Tels furent les préparatifs politiques en vue du soutien aux
candidats de la Concertation pour les élections présidentielles de
la fin 1989, à propos desquelles ils avaient affirmé qu'ils
n'allaient pas y participer.
Dans d'autres documents de la fin février 1990, ils disaient que :
« c'est à notre corps défendant que le peuple a identifié la
Rébellion Populaire avec une certaine forme de lutte. »
Il était naturel que des couches populaires de plus en plus larges
commençassent à voir dans la violence armée non seulement la plus
haute forme de lutte contre l'oppression, mais aussi, dans son
possible développement en tant que lutte armée révolutionnaire, la
seule voie praticable pour la révolution démocratique, solution des
contradictions de la société chilienne.
Et pour cette raison : la forme principale de lutte, seule capable
de donner une résolution décisive aux tâches politiques qui
découlent de ces contradictions.
Evidemment, là où le peuple peut et veut, le révisionnisme ne peut
ni ne veut.
Le révisionnisme, qui face aux refus de la junte militaire
fasciste, avait déclenché l'usage de la « violence auguë » pour «
ouvrir des espaces politiques de participation », ne peut au final
qu'obtenir un mauvais siège dans le wagon de queue de la grande
bourgeoisie.
En outre, le Parti Démocrate Chrétien, qui avait mis son véto à
l'entrée de la clique révisionniste dans la Concertation, savait
bien que parmi « toutes les formes », il y avait les votes, dont il
bénéficierait. De leur côté, les révisionistes allaient justifier
ce passage tactique par la logique du « moindre mal », tout comme
il savaient qu'en échange de l'abandon de la « violence aiguë » ,
ils obtiendraient leur légalisation.
L'impérialisme yankee et la grande bourgeoise, représentées alors
par la Concertation, pouvaient donc en toute tranquillité continuer
l'accumulation sur la base du pillage des ressources naturelles, de
la surexploitation de la classe ouvrière et de l'oppression des
masses nationales.
Les principaux ennemis du peuple savaient que les nombreuses
organisations de masses - qui dépendaient de la direction
révisionniste - attelées à lui et le suivant jusqu'à la
pacification presque totale du mouvement populaire, génèreraient
les conditions de la gouvernabilité : la stabilité politique et
sociale que la Junte n'arrivait pas à garantir pour leurs affaires.
Nous devons insister un moment là-dessus. « L'Etat, dit Lénine, est
le produit et l'expression du caractère inconciliable des
contradictions de classe. L'Etat surgit au moment et dans la mesure
où les contradictions de classe ne peuvent plus objectivement se
concilier.
Et inversement, l'existence de l'Etat démontre que les
contradictions de classe sont inconciliables. »
Il ajoute aussi : «
D'après Marx, l'Etat est l'instrument de la domination de classe,
un instrument de répression d'une classe par une autre, c'est la
création d'un « ordre » qui légalise et renforce cette oppression,
en amortissant les chocs entre les classes».
Voilà d'où vient la thèse de Lénine sur la nécessité de détruire,
de démolir cet outil de domination.
Par conséquent, lorsque le
peuple de notre pays commença à comprendre que la violence
révolutionnaire ne devait pas seulement être utilisée pour échanger
un gouvernement militaire pour un autre, civil; lorsque le peuple
commença à discerner, comme produit de sa propre combativité, que
ce changement serait une simple conséquence de l'accomplissement de
sa tâche politique fondamentale, c'est-à-dire la destruction de
l'Etat bourgeois-propriétaire terrien; lorsque précisément étaient
là les conditions les plus propices pour faire une propagande
révolutionnaire comprise par le peuple, autour de la nécessité de
la dictature des classes révolutionnaires sur les classes
réactionnaires, de la dictature de la majorité sur la minorité, à
ce moment-là le révisionnisme, tout en jetant de la poudre aux yeux
des masses les plus combatives - qui augmentaient de jour en jour -
tendit la main aux ennemis du peuple et offrit, une fois de plus
dans l'histoire de notre pays, un « chèque en blanc » à la grande
bourgeoisie et à l'impérialisme.
Continuons le cheminement. Au Xè Plenum du Comité Central de 1990,
ils affirmèrent : « Le Congrès et la Conférence sont d'accord sur
les aspects généraux de notre ligne politique visant à établir au
Chili une société socialiste, démocratique et humanitaire, à
direction pluraliste, qui accepte le principe de l'alternance
gouvernementale et qui n'invoque pas la dictature du prolétariat
comme forme d'exercice de l'hégémonie de la classe ouvrière dans la
société. »
Or c'est justement celle-ci - la dictature du prolétariat - qui est
pour tout marxiste conséquent, comme l'a dit Lénine, un principe
non-négociable.
En 1994, ils parachèvent l'abandon de la politique de « rébellion
populaire de masses » et formulent leur politique de « révolution
démocratique », par laquelle ils prétendent impulser un changement
dans le rapport de forces, pour en finir avec le bipartisme qui les
empêche de participer au parlement.
La déclaration du XXè Congrès
de 1994 dit : « La nécessité d'arriver à l'objectif stratégique de
conquérir un régime véritablement démocratique, non soumis à une
tutelle militaire ni à des pouvoirs impériaux et patronaux, tel est
le sens de notre proposition de révolution démocratique. »
Est symptomatique de leur opportunisme éhonté cette évaluation de
leur politique de rébellion populaire : « Le temps nous adonné
raison. Si avait été suivi le chemin que nous avions proposé,
consistant en une issue politique de masses, pourvue d'une
opposition unie, menée par une coalition démocratique englobant
tous les secteurs oppositionnels de l'époque (partis politiques,
organismes pour les droits humains; le monde social, avec ses
syndicats, groupes professionnels, entités culturelles, de
jeunesse, tous regroupés dans une Assemblée de la Citoyenneté), et
menant des actions aussi puissantes et combatives que des
protestations de masses qui auraient jeté la tyrannie dans le plus
grand embarras, alors celle-ci se serait écroulée. La force de tout
un peuple dans la rue, aurait permis par sa mobilisation
d'atteindre une démocratie sans entraves, une authentique liberté,
sans hypothèque ni dépendance militaire, sans le « rôle directeur »
de l'armée. »
Cet unique paragraphe montre bien à quoi ils ressemblent. Ils
parlent d'une « issue politique de masses ».
Mais tout marxiste
sait que la solution des problèmes fondamentaux de la société
chilienne passe par une issue armée de masses pour la conquête du
pouvoir, par l'organisation armée des masses pour la défense du
pouvoir conquis, voilà une question de principe qui doit constituer
l'expression la plus haute d'une politique révolutionnaire
communiste.
Pour éviter toute confusion, nous insistons sur le fait
que le problème ne passe pas par un changement de gouvernement,
mais par la démolition totale du vieil Etat, par l'expulsion de
l'impérialisme et par la confiscation des biens de la grande
bourgeoisie et des propriétaires terriens.
Le comble dans cette déclaration, c'est qu'ils font référence au «
rôle directeur » de l'armée, sans plus. C'est pour cette raison que
leur politique à ce sujet consiste à dépinochettiser l'armée et la
police, parce qu'ils les considèrent comme un patrimoine du peuple
tout entier, et non d'un seul secteur de la société chilienne.
L'armée de l'Etat chilien constitue un pilier stratégique contre-
révolutionnaire, n'est-ce pas là une des grandes leçons de
l'histoire, confirmée par le Coup d'Etat et ce qui l'a précédé?
7. Le « virage » : le révisionnisme récupère la mémoire
En 1994, au moment où ils exposèrent leur voie d'une « issue
politique de masses », ils n'évoquent pas leurs acquis militaires
face à la junte militaire fasciste.
Mais au fur et à mesure
qu'avance la décennie et que nous entrons dans le XXIè siècle, ils
commencent à « récupérer » la mémoire. De son côté, le mouvement
ouvrier et populaire commence à connaître un nouvel essor dans ses
luttes.
Pour cette raison, le révisionnisme devait dépoussiérer son
expérience armée, pour d'une part « ré-enchanter » les masses et
une grande partie de leurs militants, et d'autre part pour «
rappeler » au gouvernement le souvenir de ce qui s'est produit
lorsqu'ils furent mis dans les cordes politiquement à partir du
Coup de 1973.
Malgré ce flirt avec leur mémoire et leurs acquis, la clique des
Tellier et Carmona n'oublient jamais d'affirmer, comme ce fut le
cas dans les années 1950 avec Corvalan, qu'ils ne représentent de
menace pour aucun intérêt respectable.
En effet, lors de la convocation au XXIIè congrès, ils expliquent
la tactique du virage dans l'application de la ligne de révolution
démocratique, consistant en ceci que « seule l'organisation, la
lutte et la mobilisation sociale imposeront les changements
démocratiques et rompront les obstacles imposés par la structure
institutionnelle actuelle. »
Ils ajoutent à cela la nécessité « d'un changement dans notre mode
d'action politique, qui fasse de la mobilisation sociale, en
rébellion contre les ordonnances politiques du système, la clef de
l'accumulation de forces... Tel doit être le centre de notre
pratique politique dans la période à venir... Un système à ce point
illégitime et anti-démocratique comme est le système actuel ne peut
être affronté que par une attitude de rébellion et de de
confrontation totale... Ceci ne signifie pas abandonner les
batailles électorales, mais y participer d'une manière absolument
différente de celle d'aujourd'hui. On ne vient aux élections
qu'après la plus intense lutte sociale et seulement en tant
qu'expression de celle-ci. Le principal aujourd'hui, ce n'est pas
la participation aux processus électoraux ou aux structures
institutionnelles. Ceci implique un changement dans notre façon de
faire de la politique. »
Plus loin, ils affirment dans la même convocation. « Nous
revendiquons en particulier que soit mis fin au monopole des
courants politiques militaristes et de droite dans l'armée, et que
soit assumé l'indispensable pluralisme qui est la condition de la
démocratie ».
Et plus loin, comme une mence indirecte au gouvernement, ils
ajoutent : « Les aspects militaires de la politique ne peuvent ni
ne doivent être ignorés et il est de notre devoir de sauvegarder en
tant que patrimoine du parti toutes les expériences et capacités
que nous avons acquises dans la période où nous dépassâmes le vide
historique de notre élaboration politique qui fut mis en évidence
par le Coup militaire du 11 septembre 1973. Cela n'est possible que
si ces aspects de la politique sont l'objet d'une préoccupation
constante de la part des structures du parti, et que nous prenons
l'offensive toutes les fois qu'on prétendra discréditer l'immense
apport développé dans la lutte contre la dictature par des
centaines de nos camarades. »
Les « batailles électorales » ne sont pas abandonnées, mais pour
les gagner il faut accumuler des forces, c'est-à-dire augmenter le
nombre des votants, et ceci s'effectue en mobilisant les masses
vers les urnes.
Il s'agit, comme disait Lénine, d' « un soulèvement
soumis ». Ils disent que les élections ne sont pas le principal,
mais alors qu'est-ce qui est le principal?
En ambiguïté, aucun
expert ne peut battre les révisionnistes.
« Le principal
aujourd'hui, ce n'est pas la participation aux processus
électoraux ou aux structures institutionnelles », formulèrent-ils
au moment du virage. Voilà ce qu'on appelle « des phrases qui ont
jolie allure », mais nous devrions préciser : une jolie allure
opportuniste.
Ce sont des phrases faites pour duper les naïfs, puisque n'importe
qui sait que leur lutte contre leur exclusion du système politique
et pour la fin du bipartisme, ils ne la mènent pas pour regarder le
parlement depuis la fenêtre d'en-face.
C'est plutôt qu'avec cette
phrase, ils prétendent calmer le mécontentement croissant de leurs
militants, non seulement vis-à-vis des faibles résultats
électoraux, c'est évident, mais aussi face à l'inutilité et au
caractère contre-révolutionnaire des élections, et ce qui est le
pire, face à la complicité qui est acquise en y participant et en
les légitimant.
D'autre part, comme nous l'avons dit, le problème de l'armée
chilienne, puisqu'ils la reconnaissent comme une institution
démocratique de tous les Chiliens, se pose à leurs yeux comme celui
d'en terminer avec le monopole de la droite et de ses courants en
son sein, pour atteindre « l'indispensable pluralisme ».
8. Le développement du « virage » autour du XXIIè Congrès: un peu
plus de crétinisme parlementaire, toujours le même, vieux et pourri.
En juin 2006, lors de sa « Convocation au XXIIIè Congrès »
considérant les changements politiques ayant eu lieu en Amérique
latine, ils lancent un ensemble de propositions plus radicales, du
point de vue de « l'utilisation des formes de lutte les plus
diverses » (nous le soulignons, « les plus diverses » ne sont plus
« toutes les formes de lutte »).
Cette convocation essaie de faire croire que les mobilisations
ouvrières et étudiantes étaient le fruit du « virage tactique », au
milieu desquelles se développaientles propositions formulées à
Bachelet [l'actuelle présidente sociale-démocrate] lors de la
campagne électorale pour le deuxième tour et qui a selon eux pour
toile de fond « l'ample convergence » pour mettre fin au système
électoral du bipartisme.
Il mérite d'être dit que les luttes populaires constituent pour
eux, en même temps qu'une monnaie d'échange pour négocier leurs
ambitions électorales obstinées, un mécanisme que peut les tirer
d'affaire face au discrédit croissant qu'ils subissent au sein des
masses populaires et face à leur propre crise interne, produite
précisément par le « pas tactique » fait lors du deuxième tour des
élections présidentielles, qui laissa dans le plus grand abattement
une partie signifiactive de leurs militants, qui travaillent
honnêtement et véritablement pour une révolution démocratique.
Mais la direction révisionniste, aveugle d'arrogance, ose affirmer
dans la convocation : « Notre défi consiste à nous approprier de ce
nouveau moment politique, ce qui nous permettra de déterminer le
caractère et le rythme des initiatives à entreprendre pour isoler
les secteurs qui représentent le capital financier transnational et
ses alliés, et réussir ainsi les avancées de type stratégique que
nous traçons pour la période actuelle ».
Ceci revient à avouer
ouvertement que s'il est nécessaire de freiner le mouvement
populaire, en fonction de leurs politiques, il le feront.
Le «
caractère » et le « rythme », ce sont eux qui le déterminent,
contre toute expressin de « maximalisme » dans le parti ou hors de
lui.
Il s'agit d'insinuer un repositionnement vis-à-vis de toutes les
formes de lutte radicalisées ou « aiguës ».
En ce sens, il a fallu
un art consommé pour garder les militants et sympathisants
illusionnés par le rétablissement de la politique de rébellion de
masses, tout en affichant un discours qui raye de la carte la
préparation au soulèvement, autrement dit la « confrontation totale
» comme il était dit en 2002. « Les communistes, instruits par la
tragique expérience vécue par le peuple chilien, savent qu'il faut
être toujours prêts à employer toutes les formes de lutte, mais il
doit être aussi très clair qu'il y a des moments adaptés à chacune
d'elles. Les provocations et les actions violentes sans
signification et sans raison politique, détachées du mouvement réel
des masses, freinent et empêchent la lutte des masses, qui est
aujourd'hui le principal. Ce qui ne discrédite en rien l'auto-
défense si on persiste à soumettre le peuple à l'agression ou aux
provocations, et aux attaques néo-nazies qui ont émergé ces
derniers temps. Ces formes de lutte et d'auto-défense doivent
générer de meilleurs conditions pour que les mouvements et les
protestations de rue s'expriment, de façon massive et multiple. »
Le discours révisionniste devient très sophistiqué, puisque les
acquis des années 1980 l'ont revêtu d'une aura révolutionnaire.
Mais celle-ci s'évanouit rapidement, dès qu'on la secoue apparaît
son véritable fond : le vieux et putride crétinisme parlementaire.
Avec ou sans les armes, ce qui n'a pas changé en l'espace de 50 ans
ne va pas changer tout soudain, ni avec le « virage tactique », ni
avec le rappel des « acquis ».
C'est ainsi que, d'après les mots de Lautaro Carmona lui-même -
haut dirigeant du révisionnisme - prononcés au début 2006, on peut
constater la vérité sur pièce : « Il faut un Etat, dit-il, qui
prenne en charge la tâche de générer des sources de travail digne,
qui procure des services à chacun, comme la santé et l'éducation,
et des lois électorales qui permettent à toutes les sensibilités
d'être représentées dans les institutions. Nous ne voulons pas
revenir au socialisme, nous avons des propositions pour le 21è
siècle. »
Comparons ces paroles à celles dites un demi-siècle auparavant, par
Luis Corvalán, lors de la 24è Session Plénière du Comité Central :
« Nous voulons et nous réclamons notre liberté. Et nous déclarons
solennellement que, libres d'agir dans la vie politique, nous ne
serons une menace pour aucun intérêt respectable. Nous sommes
partisans que tout se résolve démocratiquement, conformément à la
volonté de la majorité du pays dans le cadre du libre jeu de tous
les partis et courants. Nous n'aspirons pas aujourd'hui au
remplacement de la propriété privée des capitalistes chiliens par
la propriété collective. Et quand demain il sera nécessaire
d'avancer sur ce terrain, nous pensons que cela doit aussi se faire
avec l'accord de la majorité des Chiliens, par la voie pacifique et
en garantissant le bien-être et les droits des capitalistes, c'est-
à-dire en les indemnisant comme il se doit. »
9. Davantage sur la ligne militaire bourgeoise du révisionnisme
A propos du trentième anniversaire du Déclenchement de la Tâche
[vaincre le fascisme], dans cette convocation au congrès de 2006,
ils clarifient - à destination de ceux qui auraient pu avoir «
oublié » - les caractéristiques de la politique de rébellion de
masses, et qui, d'après eux, ont insufflé la vie à la Tâche.
« En avril de cette année, nous célébrerons les 30 ans du
Déclenchement de la Tâche, et en septembre les 20 ans de
l'opération de Carrizal [opération de reception par le Front
Patriotique Manuel Rodriguez d'une grande quantité d'armes
provenant par la mer de Cuba, ayant été découyverte et mise en
échec le 6 août 1986] et l'attaque armée contre le convoi du tyran.
Pour mener ces actions, nous avons réuni plus d'une centaine d'ex-
officiers formés à Cuba et dans d'autres pays qui faisaient cause
commune avec nous, des officiers révolutionnaires
internationalistes. Dix-neuf d'entre eux perdirent la vie au
combat. Dix sont repartis dans leurs pays. Il ont contribué à la
mise en pratique de notre politique de rébellion populaire contre
la dictature. Beaucoup ont subi la prison, beaucoup sont encore
poursuivis, d'autres vivent à l'étranger à cause des peines de
bannissement, un nombre important d'entre eux a perdu la vie dans
des assassinats prémédités ourdis par les forces répressives. Ceux
qui vivent au Chili se sont intégrés à la vie civile. »
Le document
continue ainsi :
« Le Parti Communiste reconnaît le rôle de chacun d'entre eux dans
un seul nom : celui de Raúl Pellegrinni, premier chef du Frente
Patriótico Manuel Rodríguez, qui était composé en grande partie de
militants du Parti Communiste. Le rodriguisme fut un acquis du
Parti Communiste, qui se prolonge aujourd'hui et demeure en chacun
de nous. »
Patients lecteurs, comparez ces « phrases » avec celles de Volodia
Teitelboim dans l'interview de mai 1990, que nous répétons : «
C'est à notre corps défendant que le peuple identifia la Rébellion
Populaire avec une certaine forme de lutte ».
Se réveillant du coma opportuniste et une fois terminée l'amnésie
tactique, le « patrimoine » du parti en matière militaire est
déterré, dans la même convocation :
« Ces commémorations ont contribué à reconnaître de manière plus
complète de rôle joué par le Parti dans l'incorporation des formes
d'auto-défense et de lutte armée au patrimoine historique du
mouvement populaire chilien, et en liaison à cela, elles ont mis en
valeur le nécessité de mettre en oeuvre avec décision la politique
militaire du Parti dans cette période, parce qu'en avançant vers la
réalisation des objectifs politiques que nous avons posés, la
confrontation politique s'aiguisera et s'élucidera quelle sera la
forme de développement de la lutte révolutionnaire. Nous devons
être préparés politiquement et idéologiquement pour mener des
formes de lutte distinctes si les circonstances le réclament. »
Soulignons que l'utilisation des armes dans la lutte politique, la
« violence aiguë » comme l'appelle à l'occasion la clique
révisionniste, peut être considérée comme une « lutte armée », mais
alors dans ce cas, l'emploi de ce concept reflèterait un usage
partiel et limité de la chose, un usage peu rigoureux au regard de
la doctrine militaire du prolétariat.
En ce sens, les protestations massives développées entre 1983 et
1986, qui en partie seulement obéïssaient à l'application de la «
Politique de Rébellion Populaire de Masses » (PRPM), auraient pu
déboucher sur un « soulèvement national » en 1986, c'est-à-dire une
insurrection, qui aurait placé le révisionnisme à la tête d'un
gouvernement provisoire (c'est ainsi qu'ils posaient le problème au
début des années 1980).
Sans méconnaître ces aspects, il faut voir que la lutte armée menée
par le révisionnisme était employée comme stratégie de « violence
aiguë » sous le mot d'ordre « toutes les formes de lutte », mais
cette stratégie n'a jamais compté sur une « coalition démocratique
» unie - comme ils le souhaitaient - et qui était fondamentale pour
leur modèle de soulèvement passant obligatoirement pour eux par des
alliances politiques. C'est-à-dire que leur stratégie n'eut jamais
le soutien du Parti Démocratique Chrétien, mais au contraire son
rejet le plus absolu.
Mais en 2006, se référant aux années 1980, la « PRPM » et son
couronnement dans le soulèvement national se transforme en une «
issue politique de masses ».
Ils parlent de la lutte armée en tant que « patrimoine historique »
pour ensuite affirmer « la nécessité de mettre en oeuvre avec
décision la politique militaire du Parti ». Quelle phrase encore!
Comme s'ils allaient reprendre les armes à nouveau!
Ce n'est rien d'autre qu'un miroir aux alouettes, ils agitent des
lucioles pour éblouir les simples. Ils disent qu'ils sont préparés
« pour entreprendre des formes de lutte distinctes », mais plus
toutes les formes de lutte. Il est donc possible qu'ils se
préparent au soulèvement national, au soulèvement électoral.
Entre 1905 et 1921, la Russie passa par trois révolutions et par la
Guerre Civile.
En octobre 1902, Lénine n'avait vécu aucun essai
révolutionnaire, encore moins une révolution triomphante; mais
regardons attentivement comment réfléchissait ce chef bolchévik et
comparons avec l'affirmation révisionniste hésitante de tout à
l'heure, au sujet de comment dans le futur « s'élucidera quelle
sera la forme de développement de la lutte révolutionnaire ».
Lénine dit : « Tant que nous ne disposons pas d'organisations
révolutionnaires solidement unies, capable de réunir les
détachements suffisants pour diriger tous les aspects d'une
manifestation, les échecs seront inévitables. Mais une fois que
cette organisation se sera structurée et fortifiée au cours même de
son travail, grâce à une série d'expériences, elle pourra alors
résoudre le problème de quand et comment s'armer, de quand et
comment il faut employer les armes. Cette organisation doit
travailler sérieusement, autant pour augmenter la « vitesse de la
manifestation » (facteur très important, que l'auteur de la lettre
souligne avec raison), pour augmenter le nombre de manifestants
actifs, pour entraîner les dirigeants de la manifestation, pour
attirer la « masse des spectateurs » à participer à « la tâche » et
pour « corrompre » les troupes. C'est justement parce qu'un
processus comme celui de se lancer dans la lutte armée de rue est «
dur », et parce que « tôt ou tard c'est inévitable », qu'il est
nécessaire de lui donner une solide organisation révolutionnaire,
qui se place tout de suite aux avant-postes du mouvement. »
Le problème est que, malgré l'existence de bases honnêtes, la
clique révisionniste Tellier-Carmona et le parti qu'ils dirigent ne
sont pas une « solide organisation révolutionnaire », mais le
contraire de cela. Le chemin vers l'enfer est pavé de bonnes
intentions.
Avant de poursuivre, nous devons faire une petite mais utile
digression théorique.
La ligne militaire prolératienne est
l'application de la théorie militaire du prolétariat, laquelle est
l'accumulation de l'expérience de la lutte armée contre
l'oppression et l'exploitation dans différents pays : il s'agit de
la Guerre Populaire dirigée par les partis prolétariens, et il faut
souligner que cette théorie exige l'établissement de bases d'appui,
c'est à dire le nouveau pouvoir, qui ne peut exister qu'au bout du
fusil.
La théorie marxiste sur l'Etat part du fait que l'armée, les
tribunaux, le parlement, sont de parties constitutives de celui-ci
et qu'en dernière analyse ce sont des institutions qui défendent
les intérêts des classes dominantes réactionnaires qu'elles
représentent, et qui doivent pour cette raison être détruites,
démolies.
Le révisionnisme, au contraire, répand l'illusion d'un
changement pacifique dans l'attitude de l'armée et de la police vis-
à-vis du peuple.
Le révsionnisme part du principe que l'Etat
exprime des rapports de force déterminés qui peuvent être changés
sans qu'il soit nécessaire de le détruire de fond en comble en tant
qu'appareil.
De là découle sa ligne militaire bourgeoise qui a été
exposée si magnifiquement au XXIIIè Congrès :
« Ainsi, nous devons donner une continuité et un caractère
systématique aux initiatives en direction de l'armée et de la
gendarmerie. Même s'il est certain que l'armée chilienne n'est pas
encore démocratisée et ne s'est pas séparée de la défense des
intérêts réactionnaires ni de sa doctrine de sécurité nationale, et
que de nombreux responsables de violations des droits humains
restent impunis, il n'est pas écrit que l'armée fera forcément
obstacle à tout projet populaire d'alternative au néolibéralisme.
L'expérience de divers processus révolutionnaires et progressistes
en Amérique latine et notre expérience propre montrent que les
institutions militaires ne sont pas imperméables aux idées de
changement social. Il arrive que la force du mouvement populaire
soit telle qu'elles jouent, en totalité ou en partie, un rôle
différent, favorable aux intérêts populaires. »
Ce qui est sûr, c'est qu'ils ne peuvent pas donner d'exemple
concret de cela pour notre pays ni pour les autres nations latino-
américaines. L'armée et les forces de l'ordre sont l'ultime recours
de l'Etat bourgeois-propriétaire terrien chilien, et 100 ans après
les événements de l'Ecole Santa María de Iquique [massacre ayant eu
lieu le 21 décembre 1907, où des milliers d'ouvriers du salpêtre en
grève furent tués alors qu'ils étaient réfugiés dans une école de
la ville de Iquique], il est irresponsable et criminel (étant donné
leur trajectoire répressive et génocidaire) de répandre des
illusions sur leur compte.
Cependant, le révisionnisme au Chili peut le faire, et il l'a fait.
Dire que ce n'est pas « écrit » revient à dire que l'exception
confirme la règle, et la règle est que l'expérience historique dans
chaque cas concret, montre que le caractère essentiellement anti-
populaire et contre-révolutionnaire de l'armée dans chaque pays et
au plan international, est irrécusable.
Nous sommes loin d'avoir épuisé la caractérisation de ce courant
opportuniste au sein du mouvement populaire par cet article.
En
tous cas, la nature ambivalente du révisionnisme, ses définitions
imprécises qui cherchent à contenter tout le monde n'ont rien à
voir avec la tactique marxiste, qui évolue toujours à l'intérieur
de principes bien définis, chose sur laquelle Lénine a toujours été
catégorique.
Etait admise la souplesse tactique, mais jamais au
sujet des principes, car cela équivaut à une capitulation.
Nous
terminons cette partie avec cette citation, qui est une véritable
synthèse, faite par Lénine en 1904 :
« Quand nous parlons de lutte contre l'opportunisme, il ne faut pas
oublier un trait caractéristique de tout l'opportunisme
contemporain sur tous les terrains : son caractère indéfini,
diffus, insaisissable. L'opporuniste, par nature, cherche toujours
à esquiver la position précise et définie des problèmes, il cherche
le résultat, il se glisse comme une couleuvre entre des points de
vue inconciliables, en s'efforçant de rester d'accord avec les uns
et les autres, pour transformer les désaccords en petits
amendements, en doutes, en bonnes volontés innocentes, etc, etc. »
10. Nos tâches
Pourquoi le révisionnisme est-il le danger principal?
La lutte
contre le révisionnisme ne se livre pas seulement à l'extérieur des
organisations communistes, mais aussi en leur sein.
Cette
nécessaire lutte de lignes est le moteur de tout véritable parti
communiste.
Le problème du changement de couleur et de la lutte
pour toujours préserver le rouge, est le reflet dans les partis
communistes de la lutte de classes existant dans la société, et
ceci indépendamment de quelles sont les classes dominantes à tel ou
tel moment.
En ce sens, la lutte à mort entre voie socialiste et voie
capitaliste a été une bataille nouvelle et un problème dur à
affronter pour le mouvement communiste. L'URSS et la Chine ont fait
partie pendant des décennies du camp socialiste. Dès le moment du
triomphe de la révolution prolétarienne ou de la révolution de
nouvelle démocratie, la lutte contre les tentatives de restauration
capitaliste fut très dure.
Le président Mao, à la tête du PC de Chine, sut non seulement
reprendre de façon critique l'expérience soviétique de construction
d'une nouvelle société, mais aussi, en l'appliquant à sa nation, il
la fit passer à une étape supérieure.
C'est pour cela que la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne
en Chine (1966-1976), expression de la théorie du président Mao sur
la continuation de la lutte des classes sous la dictature du
prolétariat, a signifié dans l'histoire de l'humanité la plus haute
étape dans la lutte des classes opprimées pour conquérir leur
émancipation définitive.
Elle a constitué, c'est certain, une des
formes qu'a prise la lutte contre le révisionnisme au sein de la
société socialiste et à l'intérieur des partis communistes qui la
dirigeaient.
Faire de la propagande sur ces problèmes importants est une tâche
constante de tous ceux qui se considèrent comme des communistes.
C'est une question de principe quand on aborde la lutte contre le
révisionnisme.
En 1963, la lettre ouverte du PCC au PCUS disait : « Si les
communistes prennent le chemin de l'opportunisme, ils se
transformeront en nationalistes bourgeois et en appendices de
l'impérialisme et de la bourgeoise réactionnaire ».
Le
révisionnisme chilien, incarné dans le pseudo-Parti Communiste du
Chili, dans le groupe Action Prolétarienne et d'autres
organisations, correspond tout à fait à la définition citée plus
haut.
Ils ont besoin des masses pour arracher quelques concessions au
gouvernement, tout en essayant de tenir allumée l'illusion en un
lendemain libre d'exploitation, par la voie parlementaire. Le
révisionnisme tente de faire croire au peuple que ses intérêts et
les siens sont uns et indistincts; alors qu'ils constituent un
pilier de plus pour le maintien en l'état de l'ordre actuel des
choses.
En tout ceci réside leur danger et la nécessité pour les
révolutionnaires de lutter contre lui.
Depuis sa genèse dans notre pays, le mouvement ouvrier et populaire
n'a pas réussi à se débarrasser de l'influence de la bourgeoisie et
de l'idéologie des classes dominantes.
A ce sujet, Engels
expliquait que pendant de longues périodes le mouvement ouvrier
accumule un « colossal tas d'ordures » , et qu'il est nécessaire de
la balayer. Toutes les révolutions ont montré la nécessité de
balayer ce colossal tas d'ordures, de briser cette croûte sous
laquelle les masses basses et profondes clament l'organisation de
la rébellion.
Un des aspects fondamentaux de la tactique marxiste
consiste précisément à aller au sein du bas et profond des masses.
Nous ne pouvons pas dans notre travail politique révolutionnaire
relâcher la vigilance face au révisionnisme et à son rôle à
l'intérieur du mouvement populaire.
Tout en nous dirigeant au sein
du bas et profond des masses, vers les masses sans parti et
inorganisées, nous devons travailler systématiquement sur tous les
terrains pour démasquer les révisionnistes dans le processus même
où nous nous lions aux masses et à leurs luttes.
A chaque fois qu'ils s'obstinent à chevaucher sur le dos des
masses, nous devons savoir profiter de l'impulsion qu'ils doivent
donner au mouvement populaire (chose qu'ils ne peuvent pas ne pas
faire, sous peine d'expulsion hors de ses rangs) pour mieux les
dénoncer lorsqu'une fois satisfaites leurs mesquines revendications
politiques, ils tentent de freiner et d'endiguer le débordement
populaire.
Nous devons agir avec souplesse au moment de nous lier
aux masses, malgré l'existence ou la présence du révisionnisme dans
les organisations du peuple. Nous devons leur arracher la direction
du mouvement.
La dénonciation occasionnelle du révisionnisme est insuffisante
pour les déloger de la direction et les expulser des rangs du
mouvement ouvrier et populaire.
Parce que c'est une tâche dont les
masses elles-mêmes doivent s'emparer, est nécessaire une action
patiente d'explication parmi elles.
On doit apprendre aux masses et apprendre d'elles à tout moment:
quans les luttes se préparent, quand elles se déroulent et quand
elles ont pris fin, dans les intervalles entre telle ou telle
période de lutte ouverte, etc.
Pour y parvenir, il faut s'unir aux masses, les organiser, les
mobiliser, les politiser et construire l'organisation communiste -
dans la perspective de fonder le Parti Communiste du Chili
(marxiste-léniniste-maoïste).
Nous répétons. Expliquer, éduquer,
apprendre et lutter résolument avec les masses sans perdre de vue
que tout ceci fait partie des préparatifs inéludables pour
déclencher la guerre populaire d'abord et la développer ensuite.
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