Pour les marxistes-léninistes, le thème de
la lutte armée est non seulement juste et important, il constitue aussi
une nécessité, tant à cause de l’obligation de rationaliser
une pratique qu’à cause de l’urgence de développer une
théorie-guide et un travail concret dans une approche marxiste-léniniste,
afin d’améliorer l’action des organisations déjà
engagées dans la lutte armée et éviter à ceux qui
ont choisi ce type de combat de commettre des erreurs irréparables.
En Amérique latine, la lutte armée de guérilla est une
constante qui remonte à la confrontation avec la colonisation espagnole.
Elle parcourt toute l’histoire, que ce soit dans le but de résoudre
des conflits internes entre classes ou groupes sociaux qui aspiraient à
l’hégémonie ou comme mécanisme de pénétration
du capitalisme dans certains terrains sociaux.
La lutte de guérilla a
également permis l’autodéfense des masses, l’accès
à des expressions du pouvoir populaire, l’obtention de réformes
au sein même du capitalisme, le combat contre les différentes formes
d’oppression politique et sociale et l’affrontement avec l’impérialisme
— tout spécialement nord-américain — et sa
politique de domination.
1950-1960:
Conditions et facteurs en Amérique latine
Jusque dans les années cinquante et le début des années
soixante, les Etats-Unis ont utilisé, comme stratégie pour asseoir
leur hégémonie dans la région, la tactique d’insertion
des bourgeoisies nationales à travers le modèle intégrationniste
de "l’Alliance pour le progrès".
En développant
cette Alliance, l’impérialisme a donné une impulsion accélérée
aux mouvements anti-insurrectionnels.
Cette impulsion s’est matérialisée
dans la conception de la "doctrine de sécurité nationale"
et a été développée ensuite dans les documents de
Santa Fe I et II, relatifs aux conflits de basse intensité, toujours
en vigueur dans certains pays.
En même temps, on a vu apparaître
la théorie du "desarrollismo", souvent soutenue par la dictature
militaire, ainsi que la "sale guerre" caractérisée par
les emprisonnements arbitraires, la torture, les disparitions et les assassinats
d’opposants politiques et sociaux, qui devient la tactique par excellence
pour combattre "l’ennemi intérieur".
Parallèlement, les mouvements nationalistes et populistes ont gagné
en force et en vigueur, tout comme les grandes mobilisations de masse, ceci
sous l’impulsion du triomphe de la Révolution cubaine de l959, du
processus révolutionnaire au Guatemala en l960, dont les antécédents
sont à trouver dans la révolution et le renversement de Jacobo
Arbenz en l954.
D’autres causes sont les suivantes: la reprise de la lutte
de guérilla au Venezuela et l’incident des missiles; les agressions
américaines contre Cuba en l962; l’invasion de la République
Dominicaine en l965; l’abandon par Che Guevara de la voie légaliste
pour poursuivre la lutte de guérilla en Bolivie; la nouvelle voie prise
par cette lutte en Colombie.
A travers des conceptions distinctes, des méthodes, des compositions
sociales, des plates-formes différentes, on en est arrivé à
utiliser consciemment la violence révolutionnaire pour prendre le pouvoir
et expulser l’impérialisme.
Mais, malheureusement pour la Révolution,
on n’est pas parvenu à élaborer une véritable alternative
marxiste-léniniste, sur le plan de la théorie et de la pratique
militaires, qui aurait pu servir de référence aux actions sur
le terrain.
Aucun des projets cités n’est parvenu à s’inscrire
dans les mouvements de masse urbains et ruraux.
Cette incohérence entre
la lutte des masses et le mouvement de guérilla constitue encore à
ce jour un obstacle sérieux pour le développement des processus
révolutionnaires. Le réformisme, le révisionnisme et l’opportunisme
ont entraîné des erreurs fatales, tant sur le plan politique que
militaire.
Les mouvements révolutionnaires et de guérilla ont subi des
coups durs dans tout le continent.
Ainsi, en Colombie, au Pérou, au Guatemala
les tentatives de lutte de guérilla subissent de graves revers.
1970-1980:
La crise capitaliste et ses conséquences
Marquée par la crise économique mondiale et la récession
due à la crise du pétrole et à la dette, cette décennie
a aussi connu des événements importants tels la défaite
de l’impérialisme au Vietnam, au Laos et au Cambodge; la chute du
shah d’Iran qui a bouleversé le Moyen-Orient; les luttes des peuples
d’Éthiopie et du Mozambique; en Amérique latine, le triomphe
électoral de l’Unité populaire de Salvador Allende au Chili,
avec l’illusion du socialisme par la voie pacifique; l’apparition
de la guérilla du Mato Grosso sous la direction du PC brésilien;
en Colombie surgit une force militaire urbaine de tendance nationaliste et sociale-démocrate
(le M - 19); la récupération et le renforcement des organisations
de guérilla en Colombie (Force Armées Révolutionnaires
de Colombie, EPL, ELN) et les premiers pas vers l’unité; les conclusions
du PCP qui visent à engager la lutte armée au Pérou (Sentier
lumineux) et la chute d’Anastasio Somoza au Nicaragua, qui a redonné
vigueur aux forces anti-impérialistes révolutionnaires.
L’impérialisme a répondu par le durcissement de la répression,
par des actions d’une brutalité inouïe comme le coup militaire
au Chili et la dictature de Pinochet, les dictatures en Argentine et en Uruguay,
qui se sont ajoutées à celles déjà existantes en
Bolivie et au Paraguay et dans quelques pays d’Amérique centrale.
1980-1990:
Reagan et les conflits de basse intensité
En l981, Ronald Reagan encourage les alternatives fascistes comme base d’une
nouvelle globalisation tendant à consolider l’hégémonie
des Etats-Unis sur le plan stratégique mondial, dans le but de surmonter
le traumatisme provoqué par le "syndrome du Vietnam" et la
chute de Somoza, leur gendarme en Amérique centrale.
Il encourage des
solutions par la force là où elles sont considérées
nécessaires.
Le projet de "Guerre des Etoiles" est développé
pour faire croire à la supériorité des Etats-Unis face
à l’URSS. Des modèles sont mis en place pour affronter des
conflits de basse, de moyenne et de haute intensité, en accord avec les
intérêts de "la sécurité nord-américaine"
et pour conserver le statu quo ou faire reculer les avancées progressistes.
Pour l’Amérique latine, plusieurs schémas ont été
appliqués.
Renverser des révolutions triomphantes comme à
Cuba et au Nicaragua; prévenir et neutraliser les processus révolutionnaires
au Salvador, au Guatemala, au Pérou et en Colombie; dissuader ou stopper
des tentatives progressistes, démocratiques et anti-impérialistes
dans le reste du continent: voilà quelques-uns des objectifs poursuivis
par les théoriciens du Pentagone.
C’est dans ce but que l’armée du Salvador a été
armée pour faire face à l’expansion du Farabundo Marti, qu’on
a créé, financé et soutenu la contra au Nicaragua, qu’on
a renforcé la contre-révolution préventive au Pérou
avec les "rondas" paysannes et en Colombie avec des armées
paramilitaires entraînées par des techniciens étrangers
en accord avec les narcotrafiquants.
Dans le même temps, on a soutenu
le groupe de Contadora avec quelques gouvernements pour mener à bien
le travail diplomatique de quelques conciliateurs amis et imposer les intérêts
impérialistes, on a contrôlé et manipulé l’information
en créant un nouveau code de langage: narcoguérilla, narcoterrorisme
et l’emploi abusif des termes "droits de l’homme" et "démocratie",
dans le but de dénigrer le discours révolutionnaire aux yeux des
masses et de justifier la lutte contre les "forces du mal".
Le Nicaragua a été vaincu suite à l’agression
et à la position hésitante des secteurs de la social-démocratie,
principale force au sein du FSLM, qui a fait toutes sortes de concessions dans
l’espoir de conserver le pouvoir.
Au Salvador, le FMLN a réalisé une expérience formidable
dans le travail politique de masses, l’unité des forces révolutionnaires
(cinq groupements ont formé le FMLN), l’unification de lignes opérationnelles
centralisées sur tout le front. Le FMLN est arrivé non seulement
à résister, mais aussi à progresser et à se consolider
dans des conditions géographiques défavorables, dans un petit
pays peu peuplé.
Simultanément, la direction du mouvement a entamé des discussions
sur le danger d’une invasion "yankee" en cas de victoire des
forces révolutionnaires ainsi que sur l’absence d’une arrière-garde
internationale qui pourrait servir de point d’appui.
Même Schafick
Handal, un des principaux dirigeants, a avancé l’idée qu’il
était impossible de construire le socialisme dans un pays comme le sien,
dépendant, caractérisé par un faible développement
des forces productives et sans appuis potentiels dans le monde — faisant
ainsi référence aux gouvernements susceptibles de soutenir le
socialisme .
Voilà qui illustre l’orientation de la pensée qui dirige
le processus au Salvador. Cela révèle aussi les raisons qui ont
fait obstacle au succès total de la dernière et principale offensive,
et les raisons pour lesquelles les principaux dirigeants du FMLN ont renoncé
aux postulats révolutionnaires ainsi qu’à la conquête
du pouvoir et même à l’idéologie marxiste, adhérant
publiquement aux courants sociaux-démocrates.
On remarque ainsi la nature
de la négociation qui a été menée.
En outre, il
ne faut pas minimiser l’influence du contexte international sur cette négociation:
c’était l’époque de la perestroïka, du prétendu
effondrement du socialisme réel, de la "fin des idéologies",
de la destruction du "camp socialiste" que certains considéraient
comme arrière-garde stratégique de la révolution, etc.
Dialogues et négociations comme composantes de la
stratégie globale
Au cours des dernières années, les dialogues et les négociations
entre les gouvernements bourgeois et les forces belligérantes sont devenus
une constante, surtout en Amérique latine, constituant une partie de
la stratégie générale qui veut présenter l’impérialisme
et les bourgeoisies comme respectueux des solutions pacifiques et de la démocratie,
même si les réalités du monde capitaliste démontrent
le contraire.
Pour aborder ce thème, il faut partir de deux prémisses qui
correspondent à des principes révolutionnaires généraux
ainsi que de l’analyse concrète de chaque réalité
qui sous-tend une tactique déterminée.
Il est important d’établir une distinction entre, d’une
part, le principe de la violence révolutionnaire en tant que point de
départ du processus historique et comme aspect clé dans la lutte
pour le pouvoir et, d’autre part, la définition politique de la
lutte armée à un moment déterminé, un dérivé
des besoins du processus révolutionnaire.
Dans un procès révolutionnaire, les choses évoluent
et on peut rencontrer des conditions où, en fonction des objectifs stratégiques,
le choix le plus révolutionnaire peut être de demander une trêve
ou de cesser la lutte armée.
Il se peut aussi que ce soit le refus de
dialoguer ou de négocier.
Face à ces situations, nous ne pouvons
pas avoir de préjugés, parce que nous ne nous trouvons pas face
à des définitions idéologiques de principe, mais face à
des décisions politiques qui doivent favoriser un processus.
Les dialogues, les trêves et les négociations entre forces opposées
font partie de l’histoire de la lutte des classes et des guerres de différents
types.
Un cas d’école est la guerre du Vietnam, pendant laquelle s’est
tenue une table de négociations qui a été utilisée
pour dénoncer les atrocités impérialistes.
En fin de compte,
cette table de négociation a ratifié la victoire remportée
sur le champ de bataille.
On a assisté à une combinaison des actions
militaires, politiques et diplomatiques.
Les dialogues doivent être un espace où s’exerce l’action
politique. Le problème ne se situe pas dans le dialogue, mais dans ses
perspectives. Quels en sont les objectifs?
Comment conjuguer le réalisme
politique et les objectifs révolutionnaires à court et à
long terme? Comment insérer cette forme d’action politique dans
la tactique globale et les objectifs stratégiques?
Qui se charge de la
représentation? Comment manifeste-t-on une méthodologie et un
langage différent de ceux de la bourgeoisie?
Comment étendre le
rayon d’action de notre propagande?
Les échecs et les redditions
qui ont suivi différents processus de négociation ne peuvent être
mis sur le compte du dialogue lui-même, mais plutôt de l’idéologie
et de la politique qui y ont présidé.
A cet égard, la Colombie a connu plusieurs expériences. Au
début des années 80, les luttes populaires ont repris vigueur,
les actions de guérilla se sont multipliées sous une nouvelle
forme, la multiplication des milices populaires.
Ce qui a obligé le président
Belisario Betancur à entamer des dialogues simultanés avec les
FARC, l’ELP et le M-l9.
Pour la première fois depuis plusieurs années,
on a cherché une solution au conflit interne à travers des mécanismes
différents de l’affrontement armé et on a précisé
le rôle politique de la guérilla.
Les FARC ont signé un accord de trêve bilatérale en
mars l984, avec la promesse de réformes économiques, politiques
et sociales. A cette époque, on a vu surgir l’Union Patriotique
en tant que mouvement politique de masse, à caractère démocratique,
pour travailler dans cet espace élargi.
Mais, dès le départ,
cette union a été victime d’un génocide politique
avec l’assassinat de quelque 2.500 de ses militants.
En août l984, le Parti communiste (ML), l’ELP et le M-l9 ont
signé avec le gouvernement un autre accord de trêve bilatérale
dans les actions militaires d’offensive, conditionné par des facteurs
politiques, tels que la liberté d’expression et de mobilisation
pour le mouvement populaire et la guérilla, l’amnistie pour les
prisonniers politiques; la levée de l’état de siège;
l’ouverture d’un vaste dialogue national qui devait aboutir à
une Assemblée nationale constituante, démocratique, populaire
et avec pouvoir de décision pour garantir une nouvelle constitution politique;
l’application de normes juridiques pour résoudre le problème
des emprisonnements arbitraires, des tortures, des disparitions, et le démantèlement
des groupes paramilitaires.
A partir de ces accords, on a vécu une période d’intense
agitation politique, de mobilisation des masses en vue de soutenir la guérilla,
de grands espoirs avec ce qu’on a appelé "la paix dans la justice
sociale"; on a organisé une importante grève civique nationale
qui a laissé entrevoir la possibilité de coordonner le mouvement
de masses et le mouvement insurrectionnel pour augmenter l’accumulation
des forces.
A la suite des nombreuses violations des accords par l’armée
gouvernementale, du harcèlement des zones de guérilla, de la disparition
de combattants, le M-l9 a rompu les accords en juin l985.
Plus tard, on a assisté
à la prise du palais de Justice dans le but de juger le président.
Cette action a débouché sur la destruction du bâtiment,
l’assassinat du commandant des guérilleros et de plusieurs magistrats
et civils, par l’armée officielle.
En novembre de la même année, le PC de Colombie (ML) et l’ELP,
ont déclaré qu’ils considéraient les accords comme
caducs, étant donné les attaques systématiques de leurs
bases et l’assassinat de leurs porte-parole Bernardo Franco et Oscar William
Calvo.
En l987, le gouvernement de Virgilio Barco déclare que les accords
avec les FARC sont suspendus.
En septembre, la Coordination de guérilla
Simon Bolivar, CGSB, est mise sur pied, ce qui constitue un pas important dans
la perspective de l’unité des guérillas et dans l’affrontement
militaire.
Simultanément, le gouvernement, les entrepreneurs, les propriétaires
terriens, en union avec les barons du narcotrafic, ont soutenu l’action
paramilitaire et la sale guerre contre les secteurs démocratiques et
l’opposition politique, dans le but avoué d’éliminer
les alliés "possibles" de l’insurrection.
En mars l989, le gouvernement arrive à neutraliser et à diviser
la Coordination de guérilla Simon Bolivar, profitant de la faiblesse
idéologique et militaire du M-l9 due à la liquidation systématique
de ses principaux cadres.
Il signe un accord, qui se matérialise un an
plus tard. Cet accord envisage la nécessité de réformes,
une circonscription spéciale pour les partis et les groupes démobilisés,
un fonds économique pour les guérilleros réinsérés
dans la vie civile — fonds qui a enrichi les chefs et a servi d’aumône
pour la base — pour autant qu’ils jettent les armes, qu’il
y ait démobilisation et qu’ils apportent leur soutien inconditionnel
au gouvernement officiel et à sa politique de répression. Le gouvernement
a profité au maximum de cette conjoncture pour accentuer la pression
idéologique et la propagande, en faisant des chefs du M-l9 des "apôtres
de la paix" et des exemples à suivre.
La même année, un secteur de l’Armée populaire
de libération - ELP, mené par Bernardo Gutierrez, dirigé
et stimulé par quelques renégats-liquidationnistes au sein du
Parti Communiste de Colombie (ML), ont signé avec le gouvernement un
accord de reddition et de démobilisation où l’on constate
la répétition du schéma appliqué au M-l9. On y voit
primer les intérêts personnels et le rôle de l’individu
sur la conquête des revendications pour les masses, ce qu’on ne trouve
même pas dans le camp réformiste.
Beaucoup plus grave que la démobilisation
du M-l9 fut le comportement indigne de ce secteur opportuniste de l’ELP,
qui agissait sous le couvert de l’action révolutionnaire sous la
direction d’un parti marxiste-léniniste, pour finir comme valets
inconditionnels du régime, à des postes diplomatiques de moindre
importance, dans les organisations paramilitaires des propriétaires terriens,
des entrepreneurs et des narcotrafiquants, dans les organismes civils de la
sûreté de l’Etat ou en accomplissant les tâches de la
sale guerre des forces militaires gouvernementales.
Les dirigeants de la fraction ont perdu leurs perspectives révolutionnaires,
pour autant qu’ils en aient jamais eues.
Ils avaient comme seule ambition
de s’intégrer dans les courants de la social-démocratie et
dans les partis de la bourgeoisie.
Ils ne pensaient qu’à l’action
institutionnelle et à leurs profits personnels.
Dans cette optique, la
lutte armée constituait un obstacle et ils devaient donc chercher à
l’éliminer.
Plus tard, on assista à l’ouverture d’un nouvel espace
de dialogue entre le gouvernement et la Coordination de Guérilla Simon
Bolivar, mais le gouvernement le rompt pour se livrer à la "guerre
intégrale" dont le but était de se débarrasser militairement
de la guérilla, à court terme.
Le bilan des négociations est néanmoins positif.
La CGSB
a démontré et maintenu son unité, elle a pu gagner un large
espace politique, tant national qu’international, elle a fait preuve de
maturité et ne s’est pas laissée intimider par les pressions
gouvernementales, nationales et internationales; elle a imposé les dialogues
en pleine confrontation et a soutenu la thèse des trêves bilatérales
et non des "gestes de bonne volonté".
Elle a également
obtenu l’abandon de l’exigence de concentration de la guérilla
dans des "aires de contention" comme l’exigeait le gouvernement
et elle a démontré l’extraordinaire importance que revêt
l’unité du mouvement de guérilla comme partie intégrante
de la stratégie pour faire triompher la révolution colombienne.
Considérations finales
On ne peut méconnaître les succès remportés par
les bourgeoisies et l’impérialisme.
Leur travail idéologique
et de propagande ont créé, par une offensive culturelle à
travers les médias, des "valeurs" au service de leurs intérêts
et ont ainsi affaibli et dévalorisé le message révolutionnaire.
Un des secteurs où le mouvement marxiste-léniniste présente
le plus de faiblesses est le travail idéologique et culturel, ce qui
contraste avec la grande importance que l’impérialisme accorde à
la manipulation des consciences, des opinions, des habitudes, des dispositions
des peuples. Quatre-vingts pour-cent des messages et des images qui circulent
dans le monde à travers les médias proviennent des Etats-Unis.
D’autre part, la diffusion de notre propagande, de notre travail culturel
et, surtout, éducationnel, est minime, marginal, de faible qualité
et coulée dans des schémas répétitifs et à
des occasions inadéquates.
Il est évident qu’une des grandes limites posées aux
processus de lutte armée sur le continent américain a été
et est encore l’absence ou la faiblesse de partis marxistes-léninistes
pour les diriger.
Un parti ayant une position de classe, une base scientifique
pour aborder l’étude objective de la réalité sociale
et qui prenne la direction de la lutte des classes, est un élément
indispensable.
Pour les marxistes-léninistes, il est indispensable de travailler
pour diriger la lutte armée populaire, sous les différentes formes
qu’elle pourrait prendre.
S’il est vrai que l’expérience
a démontré qu’une insurrection ou une guerre populaire peut
triompher sans la direction d’un parti marxiste-léniniste, seul
un parti de ce type peut garantir le contenu prolétaire et révolutionnaire
du processus et son cheminement vers le socialisme.