FRELIMO : Conclusions générales du 2ème congrès



Partout dans le monde où règne encore l'injustice sociale, où l'exploitation de l'homme par l'homme est encore une réalité, on assiste aujourd'hui à un mouvement de libération des peuples.

En effet, les peuples opprimés et exploités se sont déjà soulevés pour la conquête de leurs droits.

C'est ainsi qu'en Afrique aujourd'hui, des luttes de libération sont engagées, dans tous les territoires sous domination coloniale : au Mozambique, en Angola, en Guinée (Bissau), au Zimbabwe, en Afrique du Sud, etc...

C'est dans les colonies portugaises en particulier que se déroule actuellement une lutte armée acharnée, tandis que dans les pays africains indépendants se poursuit la lutte pour la consolidation de l'indépendance.

En Amérique Latine, après la victoire de la lutte anti-impérialiste de Cuba, le mouvement de libération nationale a pris de nouvelles formes et les régimes latino-américains réactionnaires, satellites des Etats-Unis, sont ébranlés dans leurs assises.

Le peuple arabe continue la lutte contre l'expansionnisme du gouvernement d'Israël qui est appuyé par l'impérialisme mondial.

Nos frères du Vietnam, par une lutte héroïque qui les place à l'avant-garde de la lutte anti-impérialiste mondiale, anéantissent des bataillons entiers de troupes américaines, qui ont envahi leur pays pour permettre à l'impérialisme américain de poursuivre l'exploitation des colonialistes français dans le passé.

En Europe capitaliste, le mouvement ouvrier grandit, minant les bases du système capitaliste, construisant les bases d'un nouveau système sans exploitation ni oppression.

« Cette grande humanité a dit assez, et s'est mise en marche ! ».

La lutte du peuple mozambicain se situe dans ce contexte. Notre peuple est un des plus exploités et des plus opprimés du monde.

Des Mozambicains sont livrés comme esclaves par le Portugal à l'Afrique du Sud, pour travailler dans les mines.

Ils sont condamnés à la faim, à la misère, par le capitalisme portugais qui ne les laisse pas cultiver ce dont ils ont besoin pour survivre ; au contraire, les paysans sont contraints à cultiver les produits qui correspondent aux intérêts des capitalistes portugais et leur rapportent le plus de profit.

Des Mozambicains sont emprisonnés, torturés, assassinés, seulement parce qu'ils ont osé protester contre l'injustice à laquelle ils sont soumis. Bref, les Mozambicains vivent écrasés sous l'oppression économique, politique, sociale et culturelle du colonialisme portugais.

Notre peuple ne pouvait pas subir passivement cette situation et pour cela il a déclenché la lutte.

Donc, le 25 septembre 1964, le FRELIMO a proclamé l'insurrection générale armée et dans un élan révolutionnaire qu'aucune force ne pouvait arrêter, le peuple Mozambicain, à l'instar des autres peuples opprimés et exploités de par le monde, s'est soulevé les armes à la main décidé à lutter.

Notre ennemi, le colonialisme portugais, possède de grandes forces. Au Mozambique, ses effectifs militaires totalisent 60.000 soldats, équipés des armes les plus modernes.

Ils possèdent des avions, des tanks, des vaisseaux de guerre.

Ils ont des généraux entraînés dans les écoles de guerre.

Ils sont soutenus par l'OTAN, organisation militaire qui groupe la presque totalité des pays impérialistes et qui dispose d'un puissant matériel de guerre.

Par ailleurs, ces puissances impérialistes, en particulier, les Etats-Unis, l'Allemagne Occidentale, la France et l'Angleterre, fournissent directement au Portugal une aide financière et matérielle.

En dépit de cela, les forces militaires portugaises subissent des défaites constantes dans notre pays. Les guérilleros mozambicains abattent des avions, détruisent des chars, anéantissent des troupes, forcent l'ennemi à se retirer de zones chaque jour plus étendues. Plus de 6.000 soldats portugais ont été tués ; 24 avions ont été abattus et au moins 450 voitures militaires portugaises ont été détruites.

Des dizaines de postes administratifs et des centres militaires ont été attaqués dont certains ont été libérés.

Les zones contestées grandissent dans la Province de Tete où la lutte armée a repris.

La Révolution Mozambicaine avance et le drapeau du FRELIMO flotte déjà sur une grande partie du Mozambique.

A la base de ce succès, on trouve la participation du peuple à la lutte. Notre peuple uni et en armes est une mer où les troupes colonialistes s'engloutissent.

En particulier dans les régions où il y a la lutte armée, chaque Mozambicain est un élément de la Révolution qui participe activement à la lutte armée et apporte sa contribution à la victoire -- soit en prenant les armes, soit en travaillant dans les tâches de la production, de l'éducation, etc...

La grande importance des succès obtenus se trouve bien marquée par un événement unique : pour la première fois dans son histoire, le peuple Mozambicain tout entier, du Rovuma au Maputo, s'est réuni, six jours durant, dans un Congrès tenu en territoire national.

En ce moment historique d'importance fondamentale pour notre pays, le Congrès salue le peuple Mozambicain pour la lutte héroïque qu'il mène contre le colonialisme portugais et l'impérialisme, pour son courage et sa détermination de lutter jusqu'à la victoire finale, pour les sacrifices qu'il est en train de faire.

Le Congrès rend hommage à tous nos camarades, militants de base ou membres du Comité Central, tels que Jaime Rivaz Siguake, Felipe Magaia, Mateus Sansao Muthemba qui sont morts à leur poste pour que la patrie Mozambicaine soit libre.

A présent, le développement et l'extension de la lutte armée à l'échelle du pays demeure la seule voie révolutionnaire qui permettra au peuple mozambicain de détruire à tout jamais le colonialisme portugais et l'impérialisme et de concrétiser ses aspirations à l'indépendance, au progrès social et culturel et à la liberté.

La lutte de libération nationale sera longue et dure.

Elle se développe sur tous les plans, aussi bien sur le plan strictement militaire que dans les domaines de l'éducation, culture, santé, etc...

La participation à la lutte armée est un devoir pour nous tous. Nous devons nous intégrer, soit dans les forces régulières de guérilla, soit dans les milices populaires, pour l'édification d'une immense armée populaire.

Dans les régions encore dominées par l'ennemi, nous devons poursuivre et intensifier la mobilisation et l'organisation clandestine du peuple afin de créer les conditions pour le déclenchement de la lutte armée.

Dans les régions libérées devront se constituer des arrières fortifiées, de grandes bases matérielles d'appui, capables d'assurer le développement victorieux de la lutte armée révolutionnaire de libération nationale.

Cela veut dire que notre lutte exige que nous créions nous-mêmes les conditions matérielles pour son développement, que nous intensifions le processus de satisfaction des besoins matériels des populations, spécialement en ce qui concerne l'alimentation et les vêtements, tout en donnant une attention particulière à la solution correcte des problèmes sociaux.

Il faut donc promouvoir le développement de l'agriculture, la création d'industries, la multiplication d'échanges commerciaux dans le cadre d'une économie de guerre et de subsistance.

Il faut ainsi intensifier le travail d'éducation et d'alphabétisation des masses populaires et développer nos services de santé en particulier par l'accroissement du nombre de postes médicaux.

Nous devons en même temps promouvoir le développement de la culture nationale et, partant des traditions historiques de chaque région, faire épanouir les valeurs positives enrichies dans la lutte commune de libération et de construction de la Nation Mozambicaine Libre et Indépendante.

La réalisation de toutes les tâches de la Révolution, aussi bien dans la lutte armée que dans la reconstruction nationale rend pressante la consolidation de l'administration dans les régions libérées.

Dans cette action un rôle fondamental revient aux organes du FRELIMO aux divers échelons.

Ce sont en particulier les Comités du FRELIMO au niveau de la province, du district et de la localité, qui auront pour tâche d'orienter la création et le développement des Comités Provinciaux de gestion.

En agissant ainsi nous consoliderons le pouvoir populaire et nous donnerons une impulsion radicale à la Révolution Mozambicaine.

Notre lutte de libération est une lutte intimement liée à la lutte que mènent d'autres peuples pour la liberté.

La Révolution Mozambicaine vise à construire un Mozambique indépendant et en même temps progressiste, développé et puissant, en enlevant au colonialisme la possibilité de revenir sous toute autre forme.

Pour qu'il en soit ainsi, le peuple mozambicain est conscient qu'il doit coopérer avec les nations progressistes engagées aussi dans la lutte contre l'exploitation et l'injustice sociale.

Ainsi le Congrès condamne avec véhémence l'alliance des forces colonialistes et racistes formée par les régimes du Portugal, de l'Afrique du Sud et de la Rhodésie.

Le Congrès condamne aussi toutes les forces impérialistes groupées au sein de l'OTAN, spécialement les Etats-Unis d'Amérique. l'Allemagne Occidentale, la France, l'Angleterre, l'Italie et la Belgique pour l'aide et l'appui militaire, financier, moral et diplomatique qu'ils accordent au Portugal.

Le Congrès réaffirme aussi la détermination du FRELIMO et de tout le peuple mozambicain d'oeuvrer chaque jour davantage pour l'unité et pour la consolidation du mouvement général des peuples contre le colonialisme et l'impérialisme, pour l'émancipation économique, politique, sociale et culturelle des peuples, ainsi que pour la Paix.

Conscient de l'importance de la lutte que mènent les peuples du monde entier pour l'émancipation et le progrès général de l'humanité, le Congrès salue ces mêmes peuples et les félicite des victoires qu'ils remportent chaque jour.

Nous saluons nos frères de l'Angola, Guinée Bissau, Afrique du Sud, Zimbabwe, engagés comme nous dans la lutte contre la domination étrangère.

Nous saluons nos frères de l'Afrique indépendante qui luttent pour consolider son indépendance et en particulier nos frères de Tanzanie, d'Algérie, de RAU et de Zambie pour le rôle qu'ils ont joué dans le déclenchement de notre lutte armée.

Nous saluons les peuples d'Asie et d'Amérique latine qui luttent contre l'impérialisme et pour la libération nationale.

Nous adressons un salut particulier à l'héroïque peuple vietnamien qui mène une lutte victorieuse et glorieuse contre l'impérialisme des Etats-Unis, la plus grande et la plus barbare puissance impérialiste du monde.

Nous saluons les victoires anti-impérialistes remportées par le peuple et le gouvernement révolutionnaires de Cuba.

Nous saluons la lutte du peuple arabe et en particulier du peuple de Palestine, contre l'expansionnisme du gouvernement d'Israël.

Nous saluons la lutte des Noirs américains contre la ségrégation raciale, pour leur émancipation économique, politique et sociale.

Nous saluons le peuple portugais qui mène une âpre lutte contre le fascisme, pour la démocratie et la liberté.

Nous saluons les forces ouvrières et progressistes dans les pays impérialistes et la lutte qu'ils mènent contre le capitalisme, l'exploitation de l'homme par l'homme et pour le socialisme.

Nous saluons les peuples et les gouvernements des pays socialistes, remparts de la lutte contre le capitalisme et appuis fondamentaux des peuples opprimés en lutte pour leur indépendance économique, politique, sociale et culturelle.

Notre lutte avance ; les victoires que nous remportons sont chaque jour plus grandioses. Le drapeau du FRELIMO flotte sur des régions chaque jour plus étendues de même que le pouvoir populaire va grandissant.

Unis, du Rovuma au Maputo, jouissant de l'appui des forces populaires du monde entier, le peuple mozambicain, sous la conduite du FRELITO, continuera à développer la guerre populaire de libération nationale, pour l'éradication définitive du colonialisme portugais, de l'impérialisme et de l'exploitation de l'homme par l'homme, pour la conquête de l'indépendance nationale et l'instauration d'un ordre social populaire au Mozambique.