Khalid Mehdi

Le nouveau fascisme assassine les militants

Contre les bases arrière de la contre révolution

16 mai 2007

Malgré la crise subjective que traverse toujours le mouvement étudiant au Maroc, il resta encore l'un des principaux bastions échappant de la domination du régime réactionnaire.

Toutes les tentatives d'asservir les étudiants et de les terroriser par la répression n'ont eu pour effet que la persévérance des masses estudiantines dans la lutte pour affronter ses plans réactionnaires.

C'est ainsi que la plupart des universités ont connu ces dernières années une grande vague aiguë des luttes héroïques, qui ont montré sans doute la force des masses et ce qu'elles réservent d'énergies créatrices pouvant déstabiliser les plans du régime, des plans visant la liquidation du mouvement étudiant, malgré le recul de plusieurs universités ces deux dernières années sous l'effet des crises et problèmes de la Voix Démocratique Basiste (VDB) [...]

Et pourtant, le mouvement étudiant a gardé sa force dans certaines villes et il a commencé à réunir ses forces dans d'autres.

Cette lutte constitue l'aspect éminent du mouvement étudiant tout au long de son histoire marquée par l'abnégation, surtout dans la période des années 1970 après l'entrée en vigueur de la prohibition pratique (dans sa nouvelle forme).

Avec la croissance de la cadence des luttes des masses au sein de l'université marocaine, la tactique du régime s'était appuyée sur trois formes.

La première consiste dans la répression directe et ouverte par ses instruments répressifs, les interpellations des militantEs, application de l'article de l'expulsion...

Même si cette tactique a pu donner des résultats efficients en faveur du régime sur certains sites, brisant le moral des militantEs et semant la peur et la perte de la confiance dans les masses ; dans d'autres sites, cette tactique n'a pas eu d'effet que la montée et la progression du mouvement et son enracinement, ainsi le site de Marrakech comme exemple a inscrit des luttes héroïques [dans les annales du mouvement] les deux dernières années qui ont coûté cher au régime tant qu'au niveau politique qu'au niveau matériel directe après son intervention répressive l'obligeant à renoncer à l'expulsion des militants et la libération du camarade Kaïssi.

On peut dire la même chose sur le site de Fès où les masses estudiantines ont pu contrer l'attaque répressive sur ses luttes.

Si la tactique de la répression et la terreur a pu obliger le retrait temporaire du mouvement sur certains sites universitaires, elle n'a pas pu garantir la perpétuation du retrait surtout que l'université marocaine est remplie des fils et filles des masses populaires qui forment la force matérielle des luttes estudiantines.

La présence des fils et filles des ouvrierEs et paysanNEs au sein de l'université forme l'une des bases matérielles de l'apparition et la poussée de la ligne combative militante contre toutes les formes de la répression et la capitulation.

C'est ce que nous enseigne l'expérience du mouvement étudiant au Maroc au long de son histoire glorieuse.

Et c'est la chose que le régime a bien saisi, il a tant d'expérience pour qu'il soit convaincu.

Pour cette raison, le régime n'a pas parié sur une seule tactique, i.e. [c'est-à-dire] la tactique de la répression et l'attaque matérielle directe par ses instruments répressifs, mais il a opté à plusieurs reprises pour une autre tactique, celle d'enrôler et pousser le mouvement vers le marais de la servilité, la capitulation, et répandre ses mensonges et ses fourvoiements par les forces réformistes et opportunistes.

Cette tactique a donné d'importants résultats à plusieurs occasions (par exemple le 16ème congrès). Mais la présence de militants authentiques liés à la cause du peuple marocain et la ligne combative dans le mouvement étudiant a fait que cette tactique (même si elle a réussi à certains moments) soit incapable de tenir même pour une courte durée.

Le régime se trouve ainsi dans une situation difficile, incessante et durable devant le mouvement étudiant en général, et plus particulièrement devant le VDB qui forme le coeur battant des luttes estudiantines.

La répression matérielle directe n'a pu déraciner le mouvement étudiant combatif, et l'enrôlement n'a pas pu assurer la domination du régime.

Alors, ce dernier, après une expérience riche en leçons, va recourir à une troisième tactique.

Celle de parier sur les forces obscurantistes et fascistes pour paralyser le mouvement étudiant et frapper son caractère combatif et progressiste.

Le régime établi n'a pas crée les forces obscurantistes, mais il leur a présenté un appui total, ouvert et secret, direct et indirect pour liquider les luttes estudiantines et étouffer sa voix progressiste combative.

Les forces obscurantistes sont le produit d'une réalité objective et subjective que la lutte de classes a connue dans notre pays, et telles toutes les forces fascistes dans le monde, elles se sont développées à cause de l'intensification de la lutte de classes, la croissance des luttes des masses et absence de toute perspective tant devant la petite bourgeoisie que devant la grande.

C'est là que tous les types de fascismes naissent empruntant un discours radical basé sur le sectarisme nationaliste, ethnique ou religieux.

Ce sont les conditions et aspects dans lesquelles le fascisme a émergé en Italie, au Japon, et en Espagne ; le nazisme en Allemagne  ; et l'obscurantisme dans les pays islamiques.

L'oppression ethnique et nationale engendre toujours et en continu ces tendances réactionnaires.

C'est ainsi, et après la transition de la phase du repli sur soi à la phase de l'émergence sur le terrain de la lutte des masses, les forces obscurantistes ont pris pour objectif l'université marocaine dans ses plans politiques.

Commença alors l'attaque tatare sur les masses estudiantines dans tous les sites universitaires sans exception au début des années 1990.

Ces attaques obscurantistes ont trouvé tout l'appui de la part du régime établi, parce que c'est le moyen de se débarrasser du mouvement étudiant et de sa force frappante, la VDB.

Les masses estudiantines ne sont pas restées les bras croisés, elles ont répliqué à ces attaques pour sauvegarder l'université marocaine, préservant l'identité progressiste et le caractère combatif du mouvement étudiant au Maroc.

Une large base des masses estudiantines et plusieurs fractions (VDB, la Brochure,...) ont participé à cette lutte.

Mais la recrudescence de la lutte et de l'attaque fasciste obscurantiste aboutissant à l'assassinat du camarade Maati Boumli à Oujda (1991) et Aït El Jid Benaïssa à Fès (1993) a poussé tous les partis à la capitulation appelant à accepter les forces obscurantistes et la nouvelle réalité excepté la VDB qui arboré le slogan « pas d'alternative à l'affrontement des forces obscurantistes », les considérant comme l'une des aspects de la prohibition pratique, et une base arrière de la contre révolution pour s'attaquer à toutes les luttes révolutionnaires que mènera le peuple marocain.

Cette douloureuse expérience a montré la fermeté des militants de la VDB et l'échec du projet de frapper le mouvement étudiant au Maroc et briser sa dimension progressiste et combative.

Mieux encore, la lutte de la VDB a fait des forces obscurantistes un être rejetée dans plusieurs sites universitaires.

Cette lutte a pris plusieurs formes, allant de la lutte théorique qui explique la nature de ces forces et le contenu de leur présence au sein de l'université marocaine, à la lutte politique pratique où la violence a été son principal instrument.

Ici, nous aimerions dire aux messieurs qui rejettent la violence dans l'université quelque soit sa nature, que sans la lutte violente que les masses estudiantines ont mené sous la direction du VDB, on ne pouvait même pas ouvrir un débat au sein du campus sans la permission des forces obscurantistes ; et sans cette violence, l'université marocaine serait transformé d'une forteresse de la lutte contre le régime et ses portes paroles à une étable pour la propagande des idées obscurantistes et les fourvoiements du régime.

La violence n'est pas une volonté subjective, mais elle est le produit de l'aggravation et du développement de la lutte.

Bien sûr on fait abstraction de plusieurs événements sanglants que le campus a connu où la violence était l'expression de l'incapacité de résoudre certaines contradictions avec justesse, et il y avait exagérations sur certaines choses et questions.

Il n'y a pas une expérience sans fautes, ce qui importe est d'assimiler ces fautes et lutter pour les dépasser.

Et pour ne pas s'écarter de notre principal sujet, on pourrait dire que la VDB a brisé totalement le pari du régime sur les forces obscurantistes, particulièrement lors des affrontements du site de Fès en 1997 avec les forces obscurantistes qui ont essayé de casser le boycottage des examens.

Ces affrontements étaient un véritable tournant dans la lutte contre ces forces fascistes, ils ont montré la nature de la nouvelle base estudiantine que les forces obscurantistes comprenaient.

Surtout que l'un des ailes de ces forces commençaient à dresser ses bases pour entrer dans la campagne des éléctions aux instances réactionnaires du régime.

Cependant, le développement de la lutte de classe au niveau international a fait que ces forces, qui trouvaient appui de la part de l'impérialisme américain et les régimes réactionnaires sont entrées dans un conflit avec l'impérialisme et plusieurs régimes réactionnaires.

Les événements du 11 septembre [...] et 16 mai ont poussé la lutte entre le régime établi au Maroc et ces forces au point que ce premier ne lui permettra plus de parier totalement sur ces forces pour frapper le mouvement étudiant.

Cela ne signifie pas que le régime n'appuie plus les fascistes pour donner des coups à la combativité du mouvement étudiant, en particulier sur les sites où se trouve une ligne combative.

C'étaient les différentes tactiques du régime pour frapper le mouvement étudiant dans le but de passer ses plans de classes et liquidateurs.

Mais, les traits de l'étape actuelle commence à montrer la transition de certaines nouvelles forces fascistes pour prendre la même place ignoble que tenaient alors les forces obscurantistes. Les derniers événements observés sur certains sites universitaires montrent bien ce sens.

Les forces obscurantistes, qui ont connu une nette retraite au sein de l'université marocaine, ont fait place aux forces chauvines qui s'appuient sur la race et exploite l'oppression et la marginalisation que subissent les amazighs de la part du régime établi.

L'émergence de ces forces (et nous voulons dire bien sûr les forces réactionnaires qui essaient de diviser le peuple marocain) n'est point le produit de ces événements, mais bien avant (nous reviendrons prochainement pour expliquer les causes de l'émergence de ces courants).

Plusieurs sites universitaires ont connu des affrontements sanglants et violents menés par ces forces fascistes contre les masses estudiantines et contre les étudiants sahraouis.

Ainsi, les sites d'Agadir et Casablanca ont été le témoin d'une attaque organisée de ces forces contre les étudiants sahraouis causant plusieurs blessés.

Il faut voir cette attaque barbare dans son contexte historique pour montrer quel rôle joué par ces forces fascistes : la recrudescence de la lutte politique entre le régime établi au Maroc d'une part, et le front polisario et les masses sahraouis d'une autre part après que le régime ait présenté le projet du pouvoir autonome.

A cette phase, certains plumes chauvines vont mener une attaque virulente contre tous ceux qui parlent d'autodétermination prétendant que le Sahara occidental est une région amazighe habitée historiquement par le peuple Tamzgha.

Cette lutte a commencé presque deux mois avant les affrontements d'Agadir et Casablanca.

Ces conditions où l'affrontement a éclaté sont suffisantes pour nous montrer quel vilain et lâche rôle ces forces jouent contre la question du Sahara Occidental au profit du régime réactionnaire qui opprime les amazighs.

Ces forces fascistes sont devenus effectivement un sale outil dans les mains du régime établi pour frapper toutes les voix libres exigeant la levée des injustices.

Nous devons expliquer aux masses, et plus particulièrement celles issues des amazighs que ces forces fascistes qui veulent nous faire croire qu'elles défendent l'Amazigh sont eux-mêmes un outil utilisé par le régime établi qui opprime la nationalité amazigh pour réprimer ses opposants et les revendications pour lever l'oppression et le colonialisme.

Ces forces fascistes ne se sont pas suffit de réprimer les combats des étudiants sahraouis, mais elles sont devenues un outil pour casser les luttes des masses estudiantines.

Les sites de Taza, Meknes, et Errachidia ont connu la même situation où ces forces ont accru leurs attaques contre les masses estudiantines, faisant ainsi le martyr du camarade Abderrahman El Hassnaoui sur le site d'Errachidia, et plusieurs blessés dans les rangs des masses estudiantines et les militants basistes.

Ces événements, qui constituent une honte sur le front de ces forces fascistes, montrent le sens général que ces forces prennent comme étant ennemi du peuple marocain et arrière base contre tout mouvement révolutionnaire.

Elles sont tout simplement l'une des arrières bases de la contre révolution.

Le sang du martyr El Hasnaoui a marqué cette éclatante vérité.

Comment doit on agir face à ces forces ? Plus précisément, quelles sont les orientations de la lutte future contre les forces fascistes ?

L'une des plus importante tâche des militants et militantes communistes et démocratiques est premièrement démasquer et dévoiler la vérité de ces forces et les isoler politiquement dans les masses.

Cela ne peut se réaliser à notre avis qu'en accroissant la lutte sur la question Amazigh.

L'absence de l'attention suffisante et nécessaire à cette question de la part des communistes a ouvert le champ à un développement rapide de ces forces réactionnaires, et lui a laissé une grande marge pour déformer la conscience des masses d'origine amazighe.

Il faut bien faire attention d'une réaction opportuniste, ce que nous affrontons n'est absolument pas les militants défenseurs de la question Amazigh, ce sont ces courants fascistes qui s'appuient sur l'injustice que le régime despote pratique sur le peuple marocain en général, et sur l'Amazigh en particulier.

L'assassinat du camarade El Hasnaoui sera certainement un tournant historique dans la relation avec ces forces.

Le nom du martyr sera présent dans toutes les luttes des masses estudiantines [...].

Pour cela il faut réaffirmer que les assassins du martyr sont le fascisme qui marchande sur la question Amazigh, qui divise le peuple marocain, déforme la conscience des masses et l'oriente de façon à servir les intérêts du régime établi et donc des orientations absolument en contradiction avec les revendications généraux de la nation amazigh.

Ces forces fascistes qui font la politique de l'autruche sont le plus grand ennemi de l'Amazigh et des amazighs.

Il suffit seulement de rappeler que les militants basistes sur le site d'Errachidia, et plus encore dans tous les sites universitaires, y compris le martyr El Hasnaoui sont d'origine amazighe.

Cette seule vérité éclatante affirme les mensonges et fourvoiements sur les affrontements entre amazigh et arabe que diffusent ces fascistes.

L'une des principales tâches immédiate à dimension stratégique est d'éclaircir encore mieux la question Amazighe et formuler les réponses justes au niveau idéologique et pratique.

L'accomplissement de ces tâches est le garant pour casser et briser ces forces fascistes, ennemi du peuple marocain et de l'amazigh.

Tous ceux qui se vantent de dénoncer la violence qu sein de l'université tout en ne comprenant pas (ou ça ne les intéresse pas) la vérité de ces forces comme étant une base arrière de la contre révolution, l'histoire de toutes les révolutions au niveau international affirme cette vérité.

Celui qui oeuvre pour la révolution, doit militer pour isoler ces forces fascistes par la voie de la lutte idéologique sur la question amazighe et la lutte politique dans les rangs des pauvres amazighs et contre les penchants chauvins avec fermeté, audace...

La solution de la question nationale Amazighe ne peut se faire qu'en démolissant la structure de ce régime sanguinaire.

Son oppression des amazighs fait partie de l'oppression générale que subit les pauvres de notre chère Maroc.

Les réformistes sont incapable de présenter quoi que ce soit à la question Amazighe, même chose pour les forces réactionnaires qui, aujourd'hui, sont un outil dans les mains du régime établi assassinant les militants qui font face aux politiques du régime même s'ils/elles sont d'origine amazigh.

Les authentiques communistes ne pleureront pas le martyr A. El Hasnaoui, mais ils/elles répéteront toujours: les martyrs sont tombés- vive la révolution.

Ces forces fascistes essaient de préparer l'opinion publique amazighe pour donner l'illusion que les amazighs subissent l'oppression par les arabes pour l'exploiter dans les prochaines élections réactionnaires.

Les conditions où ces événements sont éclatés et les attaques sur les masses estudiantines sont un essai de ces forces fascistes d'abuser les amazighs pour les urnes, pour que le monde voit comment ces forces fascistes exploitent l'Amazigh pour des fins réactionnaires, pour que le monde voit et surtout la partie des amazighs du peuple marocain comment ces forces fascistes abusent les étudiants pour provoquer... à des fins électorales basses.

Nous avons confiance dans le peuple marocain et dans les masses d'origine amazighe qu'ils comprendront la vérité de ces forces fascistes, et la bassesse de ses objectifs.

Les fils et filles de AbdelKarim Khattabi, que nous considérons comme un symbole de tout le peuple marocain, et qui n'a jamais eu de haine pour les arabes, mais au régime des colonisateurs et ses agents, arabes et amazighs, sont capable d'ouvrir la voie vers un Maroc libre, capables de réfuter et balayer le fascisme de toutes ses formes.

De ces filles et fils, des militants et militantes communistes ont surgi et elles/ils portent toujours le flambeau de la révolution et ils/elles luttent toujours sous la bannière des valeurs de la guerre populaire dirigée par Abdelkarim El Khattabi dans les années 1920.

Déshonneur et honte au fascisme
Mort aux arrières bases de la contre révolution
Vive l'unité du peuple marocain avec toutes ses nationalités
Vive la révolution marocaine
Les martyrs sont tombés- Vive la révolution