Amine / Militant basiste
Mort aux fascistes!
2007
Durant le moi de mai 2007, des événements de violences ont secoué
les universités marocaines.
Des partisans du « Mouvement Culturel Amazigh »
(MCA) ont agressé des militants de « Annahj Addimocrati Alqaidi »
ou « La voie démocratique basiste ».
Le bilan de ces agressions était l'assassinat criminel de deux camarades marxistes
léninistes basistes (ABDERRAHMAN HSNAOUI ET MOUHAMED TAHER SISIOUI)
militants de l'Union National des Etudiants du Maroc.
Pour une personne étrangère au paysage estudiantin marocain et ignorant l'histoire de L'UNEM,
ces événements sont soit des règlements de compte entre jeunes soit des dérives
irresponsables de certains étudiants.
La réalité est beaucoup plus compliquée pour être simplifiée de la sorte.
Un retour sur l'histoire du mouvement estudiantin marocain nous
semble donc indispensable pour pouvoir comprendre ce qui se passe à l'université marocaine.
Depuis 1956, année à laquelle « l'indépendance formelle » du Maroc
a été déclarée, nombreux sont les événements qui ont consacré et
apporté la preuve de la rupture et de la contradiction entre le régime
et les masses populaires.
Ainsi, le peuple marocain a dû comprendre au fil des années que le départ des militaires
français, pour lequel il s'est battu si longtemps,
n'était pas le remède tant attendu de tous les problèmes structurels dont
le pays souffrait.
Cette prise de conscience de la divergence d'intérêts entre
les masses populaires et le régime instauré après 1956
avait comme conséquence directe d'accentuer les luttes
de classes au sein de la société marocaine.
On a assisté donc à des affrontements violents entre les
classes populaires progressistes et l'appareil de
répression qui protège les classes réactionnaires.
L'université marocaine a constitué, elle aussi, un front
pour les masses populaires dans leur guerre contre la misère,
l'ignorance, l'exploitation et l'oppression.
Les événements de mars 1965, qui ont coûté la vie à plusieurs
centaines d'ouvriers et d'étudiants issus de milieux populaires,
ont montré que le peuple marocain et sa jeunesse scolaire étaient
prêts à faire d'énormes sacrifices dans leur guerre contre leur ennemi.
Depuis, le mouvement estudiantin marocain est devenu un centre de résistance
et d'opposition contre les politiques antinationales,
antidémocratiques et antipopulaires du régime.
L'Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), qui est le syndicat des étudiants marocains,
est demeuré une école de militantisme et d'engagement.
Lors de son 15ème congrès en 1972, l'UNEM a déclaré son soutien
aux luttes des masses populaires contre le pouvoir en place.
Il a considéré que la cause palestinienne était une cause nationale
et a déclaré son soutien à la lutte des peuples pour la libération nationale et la démocratie.
Ce congrès revendiquait un enseignement « populaire, démocratique,
scientifique, laïque et unifié ».
De ce fait, ce congrès a constitué un saut qualitatif dans l'histoire
du mouvement estudiantin marocain.
Durant ces cinq dernières décennies, les étudiants militants de l'UNEM
ont lutté contre toutes les réformes que le régime a tenté d'entreprendre
(introduction de la police au sein des universités, suppression de la philosophie
et introduction des « études islamiques »...).
Ces réformes envisageaient une université au service du régime social
et économique en place, une source de cadres et de techniciens au
service du capital et loin de tout engagement et activité politiques.
C'était res méformes dans le sens où elles visaient les intérêts du peuple
marocain dans le domaine de l'enseignement et de l'enseignement supérieur.
Les UNEMistes ont dû confronté les courants « islamistes »
obscurantistes qui ont débarqué dans l'université début des années quatre vingt dix.
Ces obscurantistes soutenus par le régime et son appareil de répression visaient
l'identité progressiste de l'organisation estudiantine.
La dernière version des réformes de l'enseignement était la plus dangereuse et la plus « radicale ».
Il s'agit d'une politique de l'enseignement dictée par la banque
mondiale par son fameux rapport de 1995 sur la situation économique et sociale au Maroc.
Cette politique a été baptisée « Charte Nationale de l'Education et de la Formation ».
Le but non déclaré, mais facilement deviné, est l'atteinte au principe de
la gratuité de l'enseignement et sa privatisation progressive.
Bien entendu, la conception et le lancement
d'une telle politique nécessitaient une énorme mobilisation politique
de la part du régime en place et de ces alliés.
Dès la première année de la rentrée en vigueur de cette « charte »
qui n'a rien d'une charte nationale, les militants de l'UNEM ont
dénoncé cette nouvelle méforme et ont déclaré qu'ils sont
déterminés à défendre et à protéger la gratuité de l'enseignement
pour le peuple marocain.
Cette position radicale s'est traduite en actions et en lutte acharnée
menée par le mouvement estudiantin marocain sous l'UNEM
contre l'application des termes de la nouvelle loi.
La répression du régime si violente et ciblant tous les
militants progressistes du peuple marocain, les arrestations, les enlèvements,
les assassinats et toutes les sortes de crimes que le pouvoir
en place a commis n'ont jamais pu dissuader les masses
estudiantines et leur avant-garde de la légitimité de leur cause.
Ainsi, en 2003 l'université de Meknes a été le théâtre de manifestations
estudiantines contre « la charte de l'éducation et de la formation »,
les examens ont été boycottés.
Les forces de répression n'ont pas pu s'empêcher d'intervenir pour arrêter,
blesser et torturer les militants de l'UNEM.
A la suite de ces événements, plusieurs militants ont été suspendus
ou interdits d'études et d'autres ont été emprisonnés.
En 2004, à l'université de Marrakeh, les étudiants ont boycotté
les examens et ont organisés des manifestations spectaculaires
contre l'application de la nouvelle loi et contre l'administration qui n'a pas voulu
répondre à leurs revendications légitimes.
Ces revendications concernaient les
conditions matérielles de vie et d'étude des étudiants,
les libertés politiques et syndicales et enfin l'organisation pédagogique de l'université.
En réponse, les forces de répression ont arrêté 11 étudiants
basistes de la Faculté de droit.
Les étudiants arrêtés ont
été torturé et condamné à des peines allant de trois mois à deux années de prison ferme.
Mais grâce au soutien des étudiants et de tous les militants du Maroc,
le régime a revu ses peines et a libérés les militants de l'UNEM.
Durant ces dernières années, les universités d'Agadir,
d'Errachidia, d'Oujda et de Fes ont toutes vécu des événements pareils :
protestations et luttes estudiantines et interventions violentes
de l'appareil de répression.
Cette reprise du mouvement estudiantin marocain a contrarié les politiques
antipopulaires du régime en place et l'ont empêché d'atteindre
les objectifs que la banque mondiale et les autres instances impérialistes lui ont dictés.
Après ce bref aperçu sur l'histoire du mouvement
estudiantin marocain, on pourra comprendre les dernières agressions qui
ont visés les militants basistes.
En effet, le régime a une expérience indéniable dans l'instrumentalisation
des courants obscurantistes « islamistes » contre les mouvements progressistes et militants.
Cette fois, et parce que l'alliance objective entre le régime
et l'obscurantisme de « l'islam politique » s'est
effondré avec l'émergence de courants religieux radicaux qui rejettent
le régime en place, ce dernier a trouvé d'autres alliés dans quelques chauvinistes
se réclamant du « Mouvement Culturel Amazigh ».
Ces chauvinistes, qui n'ont rien à voir avec l'identité et
l'histoire des militants amazighs progressistes, ont
été instrumentalisé pour porter atteinte au mouvement estudiantin marocain.
Ce n'est pas la première fois que la voie démocratique basiste
et de l'UNEM offrent des martyrs pour la cause du peuple marocain.
Les soulèvements de 1965, de 1981, de 1984 et de 1990 sont pleins d'enseignements à ce sujet.
Les martyrs de la voie démocratique basiste et de l'UNEM,
demeureront des héros dans la mémoire de tous les militants progressistes marocains.
Vive la voie démocratique basiste
Vive l'Union Marocain des étudiants du Maroc
Vive la révolution marocaine
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