Parti Communiste des Philippines
Globalisation capitaliste monopoliste
Lénine a donné une définition des plus exactes de l’impérialisme
moderne en le décrivant comme le stade monopoliste du capitalisme et en pointant
du doigt cinq de ses caractéristiques de base, à savoir:
- Concentration de la production et du capital parvenue à un degré de
développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est
décisif dans la vie économique;
- fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur
la base de ce ‘capital financier’, d’une oligarchie financière;
- l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation
de marchandises, prend une importance toute particulière;
- formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes
se partageant le monde, et
- fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances
capitalistes.1
On assiste à la globalisation du capitalisme et ce, depuis le XVIe siècle déjà.
Au cours de la phase industrielle du capitalisme, le colonialisme constituait,
avec l’exploitation du prolétariat et de la paysannerie en Europe, une
part importante de l’accumulation primitive du capital.
Dans leur critique du capitalisme, Marx et Engels ont vu les implications
et les conséquences du colonialisme et du libre-échange au cours de la période
du capitalisme de libre concurrence, à une époque où la production industrielle
progressait régulièrement et où la bourgeoisie exerçait plus de pouvoir politique
qu’elle n’en avait jamais eu.
En fait, les droites néo-libérales d’aujourd’hui
sont allées emprunter leurs slogans aux siècles qui ont précédé le nôtre.
Vers la fin du XIXe siècle, la concurrence et les crises sociales ont provoqué
une concentration du capital et du monopole pour en faire la force dominante
dans certains pays. Le capital industriel a fusionné avec le capital bancaire
afin d’accélérer la croissance du capitalisme.
L’exportation des excédents
de marchandises du capital devait donner un rôle décisif au capital financier.
Des unions monopolistes internationales (cartels, syndicats, etc.) ont fait
leur apparition.
Au début du XXe siècle, le capital monopoliste ou l’impérialisme
moderne s’était complètement partagé le monde.
En dehors des pays impérialistes,
les territoires étaient divisés en colonies, en semi-colonies et en pays dépendants.
Le capital monopoliste et la crise de surproduction ont conduit les puissances
impérialistes à s’unir les unes contre les autres afin de se repartager
le monde et de faire la guerre.
La première crise générale du capitalisme monopoliste
a débouché sur la Première Guerre mondiale et la formation du premier pays socialiste.
La seconde crise générale du capitalisme monopoliste a été plus sévère encore
et a débouché sur la Seconde Guerre mondiale et la naissance de plusieurs pays
socialistes, en même temps qu’il en a résulté une vague importante de mouvements
de libération nationale.
La troisième crise générale du capitalisme monopoliste n’a par contre
débouché sur aucune guerre mondiale entre les puissances impérialistes traditionnelles.
La guerre froide s’est déclenchée sous forme d’une lutte entre le
camp capitaliste et le camp socialiste, mais, en fin de compte, elle est devenue
une lutte entre l’alliance impérialiste dirigée par les Etats-Unis et le
capitalisme monopoliste et bureaucratique des Soviétiques.
L’autorité révisionniste
et la restauration du capitalisme dans les pays du bloc soviétique dès 1956
ont, en réalité, servi à saper la révolution prolétarienne mondiale: les deux
superpuissances se sont liguées contre les intérêts du prolétariat et des peuples
du monde; en même temps, elles se sont engagées dans une concurrence de type
néo-coloniale.
Jusqu’au milieu des années 1970, toutefois, la cause de la révolution
prolétarienne mondiale a progressé, particulièrement par le biais de la grande
Révolution culturelle prolétarienne, de la victoire de la révolution indochinoise
et du déclin, sensible sur le plan stratégique, de l’impérialisme américain,
et ce, en dépit de la trahison révisionniste des Soviétiques.
Mais, en fin de
compte, les puissances impérialistes traditionnelles ont pris le dessus en intégrant
les pays dirigés par les révisionnistes, y compris la Chine, et en battant le
capitalisme monopoliste et bureaucratique dirigé par les révisionnistes en Union
soviétique.
Aujourd’hui, la situation existante est comparable aux années qui
ont précédé directement la Première Guerre mondiale.
On se trouve confronté
à une économie capitaliste mondiale unifiée en ce sens qu’aucun pays socialiste
ne représente plus un défi sérieux au système capitaliste. Cette économie mondiale
est déjà partagée entre les puissances impérialistes traditionnelles.
Mais,
en même temps, la concurrence dans le capitalisme monopoliste et la crise de
surproduction pousse ces pays à redéfinir ce partage, en dépit de tous leurs
efforts pour s’unir contre le prolétariat et les peuples du monde.
Jusqu’ici, le capitalisme monopoliste ne s’est absolument pas
écarté, fondamentalement parlant, des cinq caractéristiques de l’impérialisme
telles que Lénine les a définies.
Nous sommes toujours dans une ère d’impérialisme
moderne et de révolution prolétarienne.
L’impérialisme a paré les coups
portés par le socialisme et les mouvements de libération nationale nés dans
le sillage de la Seconde Guerre mondiale.
Pour ce faire, il a fait appel à la
puissance militaire, au capitalisme financier et au néo-colonialisme, et tiré
parti de la trahison révisionniste et de la restauration du capitalisme en Union
soviétique dès 1956.
Même les théoriciens et les publicistes bourgeois de la globalisation ne
peuvent s’empêcher d’aller puiser, consciemment ou pas, dans la critique
de l’impérialisme élaborée par Lénine, et, plus particulièrement, dans
ses troisième et quatrième caractéristiques.
Mais ils les isolent de leur contexte
et ils en arrivent à des conclusions différentes.
Ils refusent la théorie du
développement inégal, la destruction des forces productrices dans le sillage
de l’accumulation de capital et de la surproduction.
Ils ne veulent pas
reconnaître que la crise et la guerre sont des résultantes de cette surproduction.
Ils nient également la lutte des impérialistes entre eux pour la redistribution
du monde.
Plus grave encore, ils n’acceptent pas la base objective ainsi
que la nécessité de révolutions néo-démocratiques et socialistes issues de la
lutte de classes et de la lutte anti-impérialiste sous la direction du prolétariat
dans les différents pays.
Ils entretiennent l’illusion d’une internationalisation irrésistible
et incontournable du capital sous la bannière néo-libérale de la libéralisation
des investissements et du commerce et celle de la privatisation.
Voilà où l’on
en arrive lorsqu’on occulte le fait que les pays impérialistes ont utilisé
en permanence le capitalisme monopoliste de l’Etat afin d’exploiter
le prolétariat et les peuples du monde et de s’opposer au défi des révolutions
néo-démocratiques et socialistes.
Depuis longtemps, le capitalisme a affaibli le monde en bombardant les
pays sous-développés de ses surplus de marchandises et de ses excédents de capitaux,
et en tirant un maximum de profits.
Il a été dirigé par ses propres lois, par
la lutte des classes entre la bourgeoisie et le prolétariat, par la lutte entre
les impérialistes et les nations et peuples opprimés et par les contradictions
mêmes de l’impérialisme.
Pour se libérer réellement des griffes du capitalisme
monopoliste, le prolétariat et les peuples du monde n’ont d’autre
choix que de mener la lutte de classes et la révolution armée afin d’établir
la dictature du prolétariat, ou la dictature démocratique populaire, selon les
cas.
Les contradictions entre les impérialistes ont encouragé les progrès scientifiques
et technologiques au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide.
L’application à la production sociale des nouvelles technologies nucléaires,
électroniques, etc., par les puissances impérialistes traditionnelles a été
un facteur majeur dans la victoire sur le capitalisme monopoliste et bureaucratique
des Soviétiques, qui se sont précipités tête baissée dans la course aux armements
et ont négligé de rénover la production civile et de concourir à la production
et à la commercialisation de nouveaux produits de consommation.
Aujourd’hui,
la haute technologie approfondit la crise du capitalisme monopoliste et les
contradictions fondamentales du système capitaliste mondial.
Parmi les impérialistes
les plus performants, le caractère de plus en plus social de la production de
haute technologie entre en contradiction plus sévère encore avec les méthodes
plus rapaces de l’appropriation privée que préconisent et appliquent le
capitalisme monopoliste global et le néo-libéralisme.
La recrudescence du jargon
libéral ne peut changer la nature de l’impérialisme et les conséquences
sévères qui en découlent pour le prolétariat et les peuples du monde.
1. Globalisation: le terme en lui-même, et le concept
Dans le sens donné par la grande bourgeoisie et ses disciples de la petite-bourgeoisie,
la “globalisation” est un processus universaliste, au-dessus des classes,
qui pousse à une irrésistible homogénéisation du monde à tous les niveaux, sous
les auspices du capitalisme monopoliste, c’est-à-dire par le biais des
organismes multilatéraux (ONU, FMI, Banque mondiale et Organisation mondiale
du Commerce) et des firmes et banques multinationales ou transnationales.
Ce concept cherche à infirmer la théorie léniniste du développement inégal,
de même que sa description de l’époque en cours comme étant une époque
d’impérialisme moderne et de révolution prolétarienne.
Il cherche à nier
la lutte des classes et la nécessité d’une dictature du prolétariat dans
les pays impérialistes tout comme l’oppression des nations et des peuples
par les Etats impérialistes et les monopoles étrangers, et enfin, la nécessité
d’une lutte révolutionnaire anti-impérialiste sous la direction du prolétariat.
Il cherche à occulter les contradictions fondamentales du système capitaliste
mondial telles qu’elles existent entre la bourgeoisie et le prolétariat,
entre les impérialistes et les nations et peuples opprimés, et entre les impérialistes
eux-mêmes.
Il cherche à négliger le caractère national et ultra national de
la bourgeoisie monopoliste et la nécessité d’instaurer la dictature du
prolétariat dans des pays spécifiques.
C’est un concept idéaliste et réactionnaire puisqu’il nie ou
élude la réalité des Etats impérialistes et des classes exploiteuses, qu’il
exagère l’unification des Etats et des monopoles capitalistes industriels,
qu’il sépare métaphysiquement les Etats impérialistes des monopoles et
qu’il proclame ensuite que ces derniers décident d’eux-mêmes (sans
passer du tout par leurs propres Etats) du “développement” ou de l’exploitation
dans le monde.
C’est Marshall McLuhan, en 1962, qui popularisa pour la première fois
le terme de “globalisation”, spécialement en utilisant l’expression
toute faite de “village global”.
Il décrivait les techniques électroniques
de communications mondiales instantanées en prétendant qu’elles allaient
changer le contenu de la culture moderne.
Naturellement, avec le développement
ultérieur des communications et des transports modernes, les impérialistes allaient
bénéficier d’un nouvel avantage, d’une nouvelle arme qui allait leur
permettre de s’emparer de l’initiative économique, politique et culturelle
et de déterminer les tendances de la pensée et des loisirs dans le monde, face
à leurs antagonistes révolutionnaires et à leur rival social-impérialiste.
Au cours des années 1960 et 1970, des académiciens à l’esprit petit-bourgeois
ont été encouragés, par le biais de subsides à la recherche, à tenter de démolir
ou d’infirmer la théorie marxiste-léniniste en échafaudant une théorie
pseudo-marxiste sur la nature du système capitaliste mondial.
Leurs idées sur
la “société post-industrielle” et le “développement” étaient
des courants secondaires par rapport au débat crucial qui se développait au
sein de la société bourgeoise entre les keynésiens et les monétaristes.
Immanuel Wallerstein (1974) a occupé le devant de la scène avec sa théorie
du “système mondial”, divisant de façon conceptuelle le monde en un
centre vital constitué par les pays capitalistes industriels et une périphérie
regroupant les pays sous-développés.
Mais il exagérait la cohérence du système
capitaliste mondial au point d’obscurcir la distinction entre les divers
modes nationaux de production. Les théoriciens du “capitalisme de dépendance”
sont entrés dans le jeu avec leurs propres variantes de l’unification du
monde et de la dichotomie entre métropole et périphérie.
Mais ils s’emberlificotaient
dans les réelles différences entre les pays semi-féodaux bien plus nombreux
et les quelques pays capitalistes dépendants, et, sur le plan conceptuel, ils
faisaient disparaître les premiers.
Les technocrates petits-bourgeois des agences des Nations Unies, les académiciens
du système universitaire des Nations Unies, les instituts bourgeois s’occupant
du développement, les agences impérialistes d’Etat, les réservoirs de la
pensée néo-conservatrice et l’Institut Max Planck de Munich orchestraient
la diffusion de la notion néo-kautskienne qui prétend que le capitalisme monopoliste
est bénin, même s’il est douloureux, critiquable.
De ce fait, on peut l’amender,
parce qu’il supprime prétendument les formations pré-capitalistes et il
ouvre la voie au développement capitaliste et aux économies de libre marché.
Au cours des années 1970, les firmes multinationales n’ont pas tardé
à adopter la “globalisation” comme mot d’ordre pour décrire leur
stratégie de marché.
Elles ont vu dans l’amalgame culture-marché une façon
efficace d’optimaliser les ventes mondiales de produits en diffusant de
la publicité à l’échelle planétaire, imitant en cela l’exemple de
Coca Cola qui présentait l’image d’une assemblée de gens de toutes
les nations en train de chanter à l’unisson.
Depuis les années 1980, les économistes bourgeois ont célébré comme étant
la caractéristique la plus importante de la globalisation, le démantèlement
des barrières nationales sur les marchés de capitaux.
Les transactions simultanées
dans les principales places que sont New York, Londres, Tokyo et Francfort sont
censées échapper au contrôle de n’importe quelle agence nationale, même
si, en réalité, les stocks et les obligations échangés restent principalement
aux mains des actionnaires, des firmes et des gouvernements du pays où se situe
le marché des capitaux.
Jusqu’ici, sans abandonner leur base nationale et tout en conservant
les outils utilisés dans leurs propres Etats, les monopoles ont “globalisé”
la plupart de leur capital financier, de leur commerce et de leurs communications
de haute technologie, plutôt que leur capital productif.
Par contre, on ne peut
pas dire que l’internationalisation illimitée du mode de production capitaliste
ait permis de supprimer les économies semi-féodales, bien plus nombreuses, les
économies capitalistes dépendantes, moins nombreuses, ainsi que les prétendues
économies d’industrialisation récente.
Le reaganisme et le thatchérisme, l’apparition du monétarisme, du
néo-libéralisme et la tendance à la privatisation et à la suppression des règlements,
l’effondrement des Etats dirigés par les révisionnistes et la prolifération
du néo-colonialisme signifiaient l’unification des capitalistes monopolistes
contre le prolétariat et les nations et peuples opprimés, sans pour autant éliminer
le caractère national ni la compétition monopoliste entre les impérialistes
eux-mêmes.
Certains instruments de la “globalisation” capitaliste tels que
les firmes et les banques monopolistes n’ont pas perdu leur caractère national
(si l’on examine les nationalités principales des investisseurs et les
avantages spéciaux qu’ils ont tirés de leurs Etats respectifs).
Des agences
multilatérales comme les Nations Unies, le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation
mondiale du Commerce, l’OCDE, le G-7, le Groupe des 24, etc., impliquent
la participation et les alliances d’Etats impérialistes, selon leurs forces
relatives, et ce, aux dépens d’une majorité d’autres Etats.
Tant l’illusion qu’un certain degré effectif d’unification
et d’homogénéisation des capitalistes monopolistes et du système capitaliste
mondial (au point qu’il n’y a pas encore eu de guerre entre impérialistes
en dehors de véritables petites guerres locales par procuration, comme celle
qui avait opposé une puissance impérialiste et une autre puissance sociale-impérialiste
au cours de la guerre froide) ont été la conséquence de l’alliance capitaliste
dirigée par les Etats-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale contre
plusieurs pays socialistes ainsi que contre la grande vague des mouvements de
libération nationale.
Afin de permettre l’expansion du capital, d’atténuer les contradictions
entre les impérialistes et de venir à bout du défi socialiste dans un marché
mondial qui s’est rétréci, les capitalistes monopolistes ont utilisé le
capitalisme monopoliste d’Etat pour rassembler les ressources et offrir
des débouchés au capital excédentaire en reconstruisant les économies capitalistes
détruites par la guerre, en favorisant la course aux armements, en produisant
de nouveaux biens de consommation, en prônant le néo-colonialisme et en s’introduisant
dans les régimes capitalistes bureaucratiques.
Dans le sillage de la restauration capitaliste en Chine et de l’effondrement
des anciens Etats et économies révisionnistes du bloc soviétique, les contradictions
fondamentales régnant au sein du système capitaliste mondial sont apparues au
grand jour et se sont intensifiées peu après le démantèlement de l’Union
soviétique.
Les puissances capitalistes victorieuses sont maintenant accablées
à la fois par le prix de la victoire dans la guerre froide et par la crise de
surproduction de plus en plus sévère, crise qui est encore accélérée par le
recours à des technologies de pointe destinées à accroître le profit privé et
par les ravages exercés par le capital financier et le néocolonialisme.
La rançon de la victoire dans la guerre froide inclut les dépenses colossales
des Etats-Unis dans la course aux armements, entraînant un déficit accentué
du budget, et les accommodements consentis aux exportations de leurs alliés
pendant tant de décennies.
Les alliés capitalistes se sont mués en rivaux. Le
néo-colonialisme a détruit à grande échelle les forces productives de la plupart
des pays.
Le caractère contre-productif du néo-colonialisme est la résultante
du financement impérialiste à partir des années 1970 de la surproduction de
matières premières et de certaines usines destinées à la consommation des pays
capitalistes et des classes les plus aisées des pays sous-développés.
Les efforts consentis par les Etats-Unis en vue d’infléchir le déclin
de sa stratégie industrielle depuis 1975, de relancer la capacité de ses propres
industries de transformation et de promouvoir ses propres exportations, d’émerger
de ses dettes et déficits colossaux et de faire partager le fardeau de ses dépenses
militaires, compromettent l’équilibre de ses relations avec ses alliés
capitalistes.
Même si les slogans en faveur des économies de marché et du libre-échange
ont des accents retentissants, les Etats-Unis, l’Union européenne et le
Japon se bousculent pour consolider leurs marchés respectifs à la fois nationaux
et régionaux et pour pénétrer les marchés que les autres se sont assurés pour
eux-mêmes.
Sous le régime global de la privatisation, de la suppression des réglementations
et du commerce libre, les pays de l’ancien bloc soviétique, la Chine et
l’Inde devraient constituer des annexes gigantesques au système capitaliste
mondial.
Ce sont des terrains propices à toutes sortes d’investissements.
Ils sont devenus les marchés les plus prisés du capitalisme.
Mais la principale
aspiration des firmes multinationales est de reprendre des entreprises profitables,
de déverser leurs excédents de production et leur capital spéculatif dans ces
pays, de saper et de fermer définitivement les industries nationales d’autres
pays sans les remplacer, et de donner la priorité, dans quelques pays à bas
salaires, à des industries de transformation centrées sur l’exportation
et où l’on exploite honteusement la main-d’oeuvre.
Cela va assurer
une surproduction de biens de consommation destinés aux pays capitalistes industrialisés.
Le point le plus important qu’il convient de souligner à propos de
l’emploi des hautes technologies dans le système capitaliste mondial, ce
n’est pas la concrétisation de la notion kautskienne qui prétend que l’”ultra-impérialisme”
engendre le développement industriel.
Mais c’est la concentration accélérée
et la centralisation du capital dans un petit nombre de pays capitalistes industrialisés,
la réduction de la masse salariale même dans ces pays et la destruction à l’échelle
mondiale des forces productrices du fait de l’aggravation rapide de la
crise de surproduction.
L’idée fondamentale qu’il convient de ne pas perdre de vue à
propos des technologies de pointe destinées à assurer des profits privés, c’est
qu’elles présentent un caractère social élevé sans précédent (autant d’unités
de production pour la société, avec si peu de coûts salariaux par unité), mais
les rapports capitalistes de production impliquent des méthodes d’appropriation
privée d’une rapacité incroyable.
Tirant avantage de sa position de leader dans la recherche et le développement
et dans la possession des droits de propriété sur les procédés de fabrication
utilisés dans les technologies de pointe, les Etats-Unis ont rénové leurs équipements,
produisant en surnombre des marchandises de haute technologie destinées à la
production et à la consommation et faussant l’équilibre de leurs relations
avec les autres pays capitalistes industrialisés. Les Etats-Unis sont connus
aujourd’hui pour leurs tactiques d’intimidation lorsqu’ils essaient
d’ouvrir toutes grandes les portes du marché japonais aux produits américains
et de réduire ou de reprendre aux Japonais d’anciennes conventions de marché
qu’ils leur avaient consenties dans la région Asie-Pacifique.
En fait, ceci ne représente que le bas de gamme de la haute technologie,
tel que les équipements de fabrication non reproducteurs (c’est-à-dire
uniquement les équipements d’assemblage) et les biens de consommation que
l’on n’apporte qu’à quelques pays sous-développés et à des “économies
d’industrialisation récente”.
Le haut de gamme de la technologie de
pointe, c’est-à-dire le savoir-faire et l’équipement capable de produire
ce matériel de haute technicité, sont détenus jalousement par les quelques pays
capitalistes industrialisés.
Le genre d’équipements et de processus, qu’on livre aux pays
sous-développés de l’Asie de l’Est et d’ailleurs, nécessite avant
tout l’emploi de main-d’oeuvre à bon marché pour le réassemblage d’éléments
qui constitueront des biens de consommation tels que gadgets électroniques,
vêtements, jouets, chaussures et autres destinés aux pays capitalistes industrialisés
ainsi qu’à une frange réduite (pas plus de 10%) de la population locale.
Cependant, dans la plupart des pays sous-développés où même le bas de gamme
de la haute technologie n’est pas disponible, la production obtenue grâce
à des équipements plus anciens devient moins compétitive sur le marché capitaliste
mondial.
On assiste aujourd’hui à d’innombrables fermetures de vieilles
usines sans que l’on procède le moins du monde à leur remplacement. La
surproduction de marchandises dans un petit nombre d’”économies d’industrialisation
récente” et de pays sous-développés écrase la production de marchandises
réalisée au moyen d’équipements plus anciens dans des pays encore plus
sous-développés.
Pour les marchés que l’on dit naissants, la finance internationale
est utilisée dans le but de stimuler la production et la vente des biens de
consommation des compagnies multinationales et de couvrir le fardeau de la dette
des services, le budget courant et les déficits commerciaux de certains pays.
Une forme pire encore de capitalisme financier est apparue suite à une série
de programmes structurels d’ajustement échafaudés par le FMI et la Banque
mondiale.
Le montant du capital de prêt disponible pour la construction d’infrastructures
et la stimulation de la production des matières premières a baissé.
Mais plus
de mille milliards de dollars en capitaux de spéculation circulent chaque jour
pour financer la consommation, les dettes et la privatisation des entreprises
et biens publics.
Quatre-vingt-dix pour-cent des investissements qui circulent
quotidiennement sont constitués par des investissements spéculatifs de portefeuille
et sont concentrés aux Etats-Unis, au Japon et au sein de l’Union européenne.
Dans un sens social et culturel, la “globalisation” n’est
rien d’autre qu’un nouveau terme fantaisiste désignant le vieux mot
bourgeois éculé de “cosmopolitisme”, si méprisant à l’égard de
l’internationalisme prolétarien et de la solidarité internationale anti-impérialiste
des peuples du monde.
Les gens appartenant à la petite-bourgeoisie d’aujourd’hui
sont de grands imitateurs de la grande bourgeoisie.
Les cohortes de bavards
oiseux ont fortement grossi les rangs des universités et des ONG, du fait de
leur accès à un statut officiel et de leur financement par des agences impérialistes.
A l’instar des pédants académiques d’esprit petit-bourgeois que l’on
a beaucoup vus à partir des années 1960 et suivantes, ces gens aiment à utiliser
à tout bout de champ le terme de “globalisation” dans une vaine tentative
de vouloir confondre les autres et de taxer de “ringards” les marxistes-léninistes
et les anti-impérialistes.
Afin de se faire passer pour des progressistes, ils critiquent jusqu’à
un certain point les agences multilatérales de l’impérialisme et les firmes
et banques multinationales, mais ils utilisent les concepts technocratiques
et le langage pseudo-libéral des impérialistes, des Nations Unies et des institutions
bourgeoises, et ils se déclarent simplement partisans de certaines réformes
au sein même du système capitaliste mondial.
Dans le charabia académique, ils se présentent comme des “post-modernes”,
ils veulent s’écarter des abstractions du “modernisme” en préconisant
le retour à davantage d’humanité sous forme d’une culture “de
masse” ou d’une culture “pop” et d’un “multiculturalisme”
ou, plus précisément, de ce que l’on peut appeler une assimilation par
la bourgeoisie de la culture populaire, et ce, en réponse aux critiques qui
prétendent que la “globalisation” n’est qu’une forme d’impérialisme
culturel.
Les partisans du camp petit-bourgeois, qui paradent sous l’enseigne
de la “globalisation”, s’expriment dans des termes de haute volée
(qu’ils prétendent “sans classe”, “au-dessus du concept
de classe”, “universalistes”) pour dire qu’ils ont le sentiment
du sort commun de l’humanité, qu’ils se sentent supranationalistes
lorsqu’il est question d’impliquer l’individu dans des valeurs
“globalisantes” (c’est-à-dire mondialistes) et qu’ils s’engagent
dans des mouvements sociaux sans classes et sans implications national(ist)es,
et ce, tout particulièrement sur des sujets tels que l’environnement, les
rapports hommes-femmes, l’ethnisme et tout le reste. Ce sont des thèmes
qu’ils s’approprient à mauvais escient pour étayer leurs visées anticommunistes
et pro-impérialistes.
Tant dans les pays capitalistes industrialisés que dans les pays sous-développés,
le capitalisme monopoliste s’est systématiquement servi, et de façon particulièrement
finaude, de la mentalité petite-bourgeoise afin de séparer les cols blancs des
cols bleus ainsi que la couche plus élevée des cols bleus des couches inférieures.
Ainsi, il a préparé le terrain à l’acceptation des idées non diluées de
la grande bourgeoisie.
La mentalité petite-bourgeoise a également été utilisée pour pénétrer des
partis de la classe ouvrière et pour semer la subversion au sein des sociétés
socialistes et préparer le chemin à la révision des principes fondamentaux du
socialisme scientifique, à la venue au pouvoir des cliques révisionnistes et
à la naissance d’un capitalisme monopoliste et bureaucratique.
L’idéologie et les sentiments petits-bourgeois se sont si bien développés
dans les institutions académiques bourgeoises et ont été tellement ressassés
par les mass media sophistiqués dans leur soutien du capitalisme monopoliste,
que le concept bourgeois de “globalisation” a fini par s’introduire
au sein de certains partis qui essaient d’adopter le camp de la classe
ouvrière.
La prétendue grand-route de l’information est encombrée d’un
bel échantillonnage de sottises et d’ordures. C’est en fait une grand-route
de la désinformation.
Il existe effectivement une surabondance d’éléments
de désinformation destinés à servir le capitalisme monopoliste.
Le concept de “globalisation” donne naissance à certaines notions
erronées. Comme les suivantes, entre autres:
1. L’ère de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne
dont parle Lénine appartient au passé; le colonialisme est un phénomène post-impérialiste.
2. Après tout, Kautsky a raison dans sa théorie de l’ultra-impérialisme,
lorsqu’il contredit la théorie de Lénine du développement capitaliste inégal
et lorsqu’il présente erronément l’impérialisme comme une force bienveillante
unifiée qui démantèle les formations précapitalistes pour faire apparaître un
développement capitaliste industriel et donner naissance à une classe ouvrière
à l’échelon mondial.
3. L’étude de la théorie marxiste-léniniste de l’Etat et de la
révolution, de la lutte des classes et de la dictature du prolétariat peut être
jetée au feu afin de donner priorité à des exigences plus élevées bien qu’essentiellement
économiques (par exemple, à travail égal, salaire égal, et ce partout dans le
monde) qui serviront de préparation principale à la révolution prolétarienne
mondiale, en lieu et place de ces problèmes brûlants (par exemple, la réalité
courante où l’on voit apparaître le chômage en masse, ainsi que la détérioration
des salaires et des conditions de vie) qui transforment aussitôt la lutte des
classes en combat politique.
4. La révolution néo-démocratique menée par le prolétariat des pays sous-développés
va immanquablement se muer en révolution bourgeoise-nationaliste si elle ne
peut patienter jusqu’à ce qu’il y ait une nouvelle vague de révolutions
socialistes dans les pays impérialistes.
5. La révolution prolétarienne mondiale ne peut être que la résultante
d’une lutte simplifiée entre la bourgeoisie monopoliste unifiée à l’échelle
planétaire et le prolétariat mondial; l’effondrement complet de cet impérialisme
unifié est imminent en dépit de l’état actuel des forces subjectives de
la révolution dans le monde.
2. Le capitalisme monopoliste: des faits
Le Commissariat des Nations Unies au Commerce et au Développement (CNUCED)
a été un propagandiste exceptionnel de la ligne selon laquelle les firmes transnationales
ont internationalisé le mode capitaliste de production, au point que ces entités
ont aboli leurs bases nationales et qu’elles ne s’appuient pratiquement
plus, voire plus du tout, sur ces mêmes bases nationales.
Voici les choses qu’il préconise: “Facilitée par des lignes de
conduite de plus en plus libérales, rendue possible par les progrès technologiques,
et poussée par la compétition, la globalisation modèle de plus en plus l’économie
mondiale, aujourd’hui.
Des investissements directs de l’étranger réalisés
par les firmes transnationales jouent actuellement un rôle majeur en reliant
entre elles nombre d’économies nationales, en construisant un système de
production international et intégré - le noyau productif de l’économie
mondiale en voie de globalisation.”
Dans le World Investment Report de 1995, d’où provient la citation
ci-dessus, la CNUCED infirme involontairement son propre panégyrique des transnationales
grâce aux données statistiques qu’il fournit.
Les transnationales sont
excessivement peu nombreuses en comparaison avec les firmes multinationales.
L’écrasante majorité des firmes monopolistes qui dirigent les affaires
internationales ont des bases à caractère national et elles sont contrôlées
par des actionnaires nationaux.
Elles agitent pratiquement leurs couleurs nationales
lorsqu’elles renforcent leur contrôle sur leurs propres marchés nationaux
et régionaux et qu’elles tentent de s’introduire sur les marchés des
autres.
Elles investissent et font du commerce sur un plan multinational, mais
la grande majorité de leurs avoirs et de leurs ventes se trouvent dans leurs
pays d’origine.
Suivant une liste établie en 1993 (sur la fortune mondiale),
18 seulement des 100 compagnies les plus importantes ont gardé à l’étranger
la majeure partie de leurs avoirs.
Les participations se limitent même de plus
en plus aux ressortissants nationaux, particulièrement parce que les pays sous-développés
qui reçoivent des subsides succombent aux pressions économiques et politiques
des Etats impérialistes. C’est également un mythe de dire que leur management
est en train de s’internationaliser. Parmi les membres des conseils d’administration
des 500 compagnies américaines les plus importantes, seulement 2,1% sont des
étrangers.
Toutes les firmes monopolistes tirent des avantages de la politique industrielle,
financière, commerciale et en matière de sécurité de leurs pays respectifs.
Nombre d’entre elles jouissent de contrats, d’encouragements à l’exportation,
d’assurances-investissements et de garanties financières que leur procurent
leurs gouvernements. Le capitalisme monopoliste d’Etat prodigue toutes
sortes d’aides aux firmes monopolistes.
La majeure partie de la recherche
et développement est réalisée dans le pays d’origine, et bien souvent avec
l’aide de l’Etat. Les Etats impérialistes et les firmes monopolistes
de ces différents Etats sont de plus en plus engagés dans l’espionnage
industriel et économique ainsi que dans le contre-espionnage des uns contre
les autres.
Les Etats-Unis augmentent leur propre capacité de production en vue de
l’exportation et, en même temps, ils assujettissent le Japon par le biais
d’accords bilatéraux sur les investissements, le commerce, les finances,
la technologie, les sources d’énergie et la sécurité.
En guise de marché
régional, ils disposent de l’ALENA (Accord de Libre-Echange nord-américain,
NAFTA en anglais).
Et en Asie de l’Est, cela place le Japon et d’autres
pays dans le cadre de l’hégémonie américaine via la Coopération Economique
Asie-Pacifique (APEC en anglais). Mais tout en se livrant à cette concurrence,
les Etats-Unis et le Japon s’unissent également aux dépens d’autres
pays, du prolétariat et des peuples du monde entier.
Selon le propre indice de transnationalité de la CNUCED, et qui se base
sur les parts en biens étrangers, en ventes étrangères et en main-d’oeuvre
étrangère, les 100 multinationales les plus fortes ont réduit leurs activités
à l’étranger à cause du déclin des conditions dans la plupart des pays
sous-développés.
Ces activités comprennent la production et la spéculation.
Selon une étude récente réalisée par Hirst et Thompson, entre 70 et 75% de la
valeur ajoutée des multinationales a été produite dans les pays d’origine.
Les chercheurs concluent en disant que les affaires commerciales internationales
sont surtout “bien installées nationalement” et qu’elles se poursuivent
sous des statuts de multinationales plutôt que de transnationales.
Loin de créer un mode capitaliste international de production ou un “système
intégré de production” à l’échelle mondiale, les multinationales renforcent
la domination économique sur le monde d’une petite minorité de pays impérialistes;
elles détruisent les industries nationales des autres pays sans les remplacer
par de nouvelles installations de production et déséquilibrent encore davantage
la répartition du développement sur la planète.
Elles surveillent et maintiennent
jalousement leur technologie de base et leurs processus clés au sein de leurs
propres pays.
Elles concentrent les tâches les plus rudimentaires de la haute
technologie dans une dizaine de pays de la planète à même de leur fournir une
main-d’oeuvre à bon marché dans des usines à haut degré d’exploitation,
que l’on peut facilement relocaliser une fois que les barèmes salariaux
font mine d’augmenter.
Davantage que les transnationales, les multinationales
sont les instruments principaux des pays impérialistes lorsqu’ils entrent
en compétition les uns avec les autres et qu’ils veulent se repartager
le monde.
Les investissements directs à l’étranger (IDE) ont augmenté cinq fois
plus rapidement que la valeur de la masse commerciale et dix fois plus rapidement
que la valeur de la production mondiale depuis 1983.
Cette montée du capital
financier, particulièrement sous la forme d’investissements spéculatifs
de portefeuille, est hâtée par les récessions fréquentes et la stagnation des
pays capitalistes industrialisés et par la dévastation économique du tiers-monde
et des pays de l’ancien bloc soviétique.
De 1991 à 1993, le total des valeurs mondiales en IDE a augmenté environ
deux fois plus vite que les exportations mondiales et trois fois plus vite que
le PIB mondial.
En 1995, les IDE des multinationales ont tourné aux alentours
de 230 milliards de dollars.
Mais ils ont généré un ensemble de valeurs d’IDE
pour la planète s’élevant à 2.600 milliards de dollars, un chiffre mondial
de ventes pour les filiales étrangères de 5.200 milliards de dollars, chiffre
que l’on peut porter à 7.000 milliards de dollars, en y incluant les sous-traitants,
les détenteurs de franchises et les firmes travaillant sous licence.
La masse
financière est historiquement la plus importante jamais vue dans toute l’histoire
mondiale du capitalisme.
Les valeurs et les mouvements d’investissements - rentrées aussi bien
que sorties - sont concentrés dans les trois centres mondiaux du capitalisme,
c’est-à-dire les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne, ainsi
que leurs partenaires commerciaux régionaux.
Soixante-dix pour-cent des sorties
en provenance des pays impérialistes (60-65% des transactions mondiales) proviennent
de cinq pays seulement: les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France
et le Royaume-Uni.
Dernièrement, les Etats-Unis ont repris la tête en ce qui
concerne les IDE, et ils prennent à leur compte un quart de l’ensemble
des valeurs mondiales et un cinquième des transactions mondiales.
Les sorties d’IDE en provenance des économies du tiers-monde ne représentent
que 10% des sorties mondiales d’IDE en 1994 et proviennent en fait d’un
nombre restreint de prétendues économies d’industrialisation récente, surtout
en Asie de l’Est, avec Hong-Kong prenant en charge 64% du total à elle
seule.
Les investissements vers l’extérieur impliquent de déménager des
activités faisant appel à beaucoup de main-d’oeuvre et de les installer
dans des pays à bas salaires situés dans la même région.
Seuls 6% des IDE sont
à mettre au compte des économies du tiers-monde, même si leur participation
aux exportations mondiales et au PIB mondial est respectivement de 23 et de
21%.
La masse des IDE en provenance des pays impérialistes et en direction des
pays du tiers-monde a augmenté, passant de 35 milliards de dollars en 1990 à
84 milliards en 1994, et à environ 90 milliards en 1995.
Soixante-quinze pour-cent
des entrées dans les pays du tiers-monde sont allées à dix pays seulement, en
1993, dont 37% du total uniquement pour la Chine.
La masse des IDE des pays impérialistes à l’étranger s’est elle
aussi fortement concentrée, avec 67% allant dans dix pays seulement. En 1994,
l’Asie a pris en compte 70% du total des transactions dans le tiers-monde.
Le chiffre pour l’Amérique latine est de 24%, et de ce chiffre, 71% sont
à mettre au compte des seuls Mexique et Venezuela. L’Afrique n’a pris
qu’un minable 4% du total des investissements vers le tiers-monde. Elle
continue donc à demeurer le continent le plus délaissé de tous, avec des investissements
se limitant principalement aux pays producteurs de pétrole.
Pour l’année 1994, l’Europe centrale et l’Europe de l’Est
ont reçu 6,3 milliards de dollars d’IDE de la part des pays impérialistes.
La quasi-totalité de cette somme a surtout servi à reprendre des entreprises
susceptibles de faire du profit et à faciliter l’écoulement des marchandises
excédentaires surproduites par les pays impérialistes.
Afin de montrer le déséquilibre sans cesse croissant du développement du
monde capitaliste, considérons les IDE sur le plan de leur répartition parmi
la population mondiale.
Les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne
ne comptent que 14% de la population mondiale mais ils prennent à leur compte
75% du total d’IDE dans le monde.
Si nous ajoutons la population des régions côtières de la Chine, vers lesquelles
sont dirigées la majeure partie des IDE en provenance des pays impérialistes,
nous pouvons dire alors que 28% de la population mondiale reçoit 91,5% des IDE.
Entre 57 et 72% de la population mondiale ne reçoivent que 8,5% du total mondial
des IDE. Quel est donc ce système de production intégrée dont la CNUCED nous
rebat sans cesse les oreilles?
Dans les régions côtières de la Chine, la promotion des industries de transformation
centrées sur l’exportation aussi bien que toutes les activités économiques
tournées vers la consommation et dépendant des importations réalisées par les
multinationales et la nouvelle bourgeoisie chinoise ont plus que compromis la
totalité du tissu industriel mis sur pied sous le socialisme et sous Mao.
Les
industries lourdes et les industries de base placées sous gestion capitaliste
bureaucratique sont en train de connaître la faillite, de se démanteler, de
s’ouvrir à la privatisation ou tout simplement de fermer leurs portes.
Il existe aujourd’hui environ 40.000 multinationales comptant 250.000
filiales à l’étranger.
Les cent multinationales les plus importantes (à
l’exclusion de celles qui traitent de banque et de finance) détiennent
des actifs d’environ 3.700 milliards de dollars, parmi lesquels 1.300 milliards
en dehors des pays d’appartenance de ces multinationales.
Elles prennent
à leur compte un tiers de l’ensemble cumulé d’IDE de leurs pays.
Les cinq cents firmes industrielles les plus importantes de la planète
emploient 0,05% de la population mondiale et contrôlent 25% de la production
économique mondiale.2 Un seul pour-cent de toutes les multinationales détient
la moitié des parts mondiales d’IDE.
Deux tiers du commerce mondial sont
contrôlés par les multinationales. La moitié de ce chiffre, soit 1.300 milliards
de dollars d’exportations, représente le commerce intra-groupe, c’est-à-dire
les échanges entre les multinationales et leurs filiales.
Sur cinq dollars que
rapportent des marchandises et des services vendus par les multinationales américaines
à l’étranger, quatre dollars sont en fait rapportés par des marchandises
et des services produits par leurs filiales à l’étranger ou qu’elles
ont vendus à ces mêmes filiales.
Ces marchandises sont fabriquées à l’étranger
par une main-d’oeuvre à bon marché.
Les cinq multinationales les plus importantes contrôlent presque 70% du
marché mondial des biens de consommation durables.
Ainsi, les cinq premières
firmes dans les domaines de l’automobile, de l’aviation, de l’aérospatiale,
des composants électriques, de l’industrie électronique et de la sidérurgie
contrôlent plus de 50% de la production de leur secteur.
Les cinq principales
multinationales dans les secteurs du pétrole, de l’informatique individuelle
(PC) et de l’industrie des médias contrôlent plus de 40% des ventes mondiales
de leur branche. Les filiales à l’étranger de 23 multinationales comptabilisent
80% des ventes mondiales totales en électronique. 70 à 80% des dépenses mondiales
en recherche et développement et 80 à 90% des paiements effectués en technologie
sont attribués aux multinationales.
La majeure partie de la circulation des IDE dans les pays impérialistes
n’implique pas de nouveaux investissements dans la production, mais consistent
uniquement en spéculation, en changement d’appartenance et en mise sur
pied d’alliances par le biais de fusions, d’acquisitions et de privatisations.
90% des IDE en direction des Etats-Unis en 1993 ont représenté des rachats de
compagnies existantes.
Dans le cas d’IDE en provenance des Etats-Unis et
à destination de l’étranger, la proportion du nombre de nouvelles installations
par rapport aux acquisitions était de 0,96 dans les autres pays impérialistes
et de 1,8 dans les pays du tiers-monde.
En 1993, les IDE à destination des pays du tiers-monde ne représentaient
que 7% des investissements domestiques de ces pays.
Les dix pays où ce type
d’IDE est concentré offrent un attrait certain aux multinationales pour
différentes raisons: taux élevés de profit, accès à des marchés importants,
infrastructures relativement bonnes, économie libérée de toute forme de réglementation
et fonctionnant avec une main-d’oeuvre à bon marché, garanties de sécurité,
répression des gens qui travaillent et aucune exigence sur le plan de la protection
de l’environnement.
Le rendement des IDE américains dans les pays du tiers-monde en 1993 était
officiellement de 16,8%, presque deux fois le niveau atteint dans les pays impérialistes
(8,7%). Il est en fait encore beaucoup plus élevé dans les pays du tiers-monde,
si nous tenons compte des prix d’échange (surfacturer les importations
et sous-facturer les exportations réalisées par les multinationales dans les
pays d’accueil).
Dans les conditions que connaît le tiers-monde, c’est-à-dire
la détérioration des tarifs commerciaux, le poids de la dette et la soumission
aux politiques, il est facile d’imposer une dépréciation au sens propre
de la main-d’oeuvre et d’éviter le paiement de taxes.
La fabrication de produits destinés à l’exportation a été transférée
par les multinationales dans certains pays du tiers-monde et de l’Europe
de l’Est parce que les coûts salariaux y sont peu élevés. Le salaire de
la main-d’oeuvre peut être aussi bas qu’un dollar par jour en Chine,
comparé aux 31 dollars de l’heure au Japon. Les coûts salariaux moyens
en Europe de l’Est sont de 1,50 dollar de l’heure, alors qu’ils
sont de 26 dollars en Allemagne. Ils sont de 5 dollars par jour au Mexique,
alors qu’ils sont de 16,17 dollars de l’heure aux Etats-Unis.
La CNUCED et les multinationales s’attendent à ce que les IDE vers
le tiers-monde et les pays de l’Europe de l’Est puissent générer un
développement industriel et une classe moyenne susceptible d’alimenter
un important marché de consommation, et ce, même sans l’installation d’industries
lourdes ou de base.
Mais ce qu’elles ne voient pas, c’est la surproduction
croissante au sein des industries de transformation orientées vers l’exportation,
dont les produits sont principalement destinés aux pays impérialistes.
La surproduction
dans les domaines du textile et de la confection s’est très clairement
aggravée en Chine et dans le reste de l’Asie de l’Est depuis 1994.
Pareillement, la surabondance dans le domaine de l’assemblage des produits
électroniques se fait sentir de façon de plus en plus évidente.
Les usines-bagnes de Chine et du reste de l’Asie de l’Est sont
appelées à connaître des ennuis vu que les Etats-Unis étendent le même type
d’opérations au Mexique dans le cadre des accords NAFTA, particulièrement
après la dévaluation du peso mexicain.
Cela a rendu la main-d’oeuvre au
Mexique bien moins chère qu’auparavant.
La crise de surproduction dans
les pays impérialistes débouche sur le chômage en masse et sur une réduction
du marché destiné à accueillir les exportations du Sud et de l’Est, où
de plus en plus de pays sont incités à produire en surplus des biens de consommation
pour les pays impérialistes.
Précédemment dévastés par la crise de surproduction des matières premières
depuis les années 1970, la majeure partie des pays du tiers-monde sont grevés
de dettes.
Ils traversent une dure période de dépression et se sont appauvris.
Aujourd’hui, les tigres parmi eux, dont l’industrie est orientée vers
l’exportation, sont touchés par la crise de surproduction dans les secteurs
de biens de consommation destinés aux pays impérialistes. Ceci coïncide avec
la crise de surproduction dans les domaines des technologies de pointe et autres
marchandises des pays impérialistes.
L’expansion rapide de la production et du commerce extérieur aujourd’hui,
suivie par la crise, est un phénomène semblable à ce que l’on a connu dans
la période qui a précédé la Seconde Guerre mondiale.
L’ensemble des IDE
se montait à 9% de la production mondiale en 1913, alors qu’il était de
8,5% en 1991.
Mais ce qui provoque un effet beaucoup plus perturbateur sur le
système capitaliste mondial aujourd’hui, c’est la circulation quotidienne
de 1.230 milliards de dollars sur le marché des devises du fait que les firmes
d’investissement et les multinationales sont de plus en plus attirées vers
la spéculation et des opérations tournant essentiellement autour du capital
financier.
La dette du tiers-monde, qui s’élève aujourd’hui à plus de 1.800
milliards de dollars, continue à grimper en dépit du recours à de rapides emprunts
publics locaux, de l’attrait exercé par les investissements spéculatifs
de portefeuille et de la privatisation des avoirs publics, ne serait-ce que
pour couvrir les déficits commerciaux et budgétaires.
Les pays de l’ancien
bloc soviétique en général souffrent de conditions similaires à celles que connaissent
les pays du tiers-monde.
Economiquement, ils traversent une dépression et ils
sont accablés par leur déficit de plus en plus profond du budget et par le fardeau
de leur dette.
Le marché mondial des pays impérialistes se rétrécit progressivement et
provoque une compétition de plus en plus intense entre ces mêmes pays impérialistes.
Ces derniers, malgré l’Organisation mondiale du Commerce, se préparent
à des guerres économiques en renforçant leurs marchés nationaux et régionaux
et en essayant d’envahir les marchés de leurs rivaux.
La lutte pour se
repartager le monde s’intensifie donc entre les impérialistes.
Le développement du système capitaliste mondial est en train de basculer
vers un déséquilibre de plus en plus flagrant.
Il ne conviendrait pas de ne
tenir compte que des conséquences positives des technologies de pointe dans
la production capitaliste axée sur le profit.
Il est absolument indispensable
d’en considérer également les aspects négatifs et destructeurs.
En fait,
la destruction des forces productives est le principal aspect qui affecte défavorablement
tous les pays impérialistes et les pays sous-développés. C’est l’effet
de la concentration de la production de technologies de pointe dans quelques
pays impérialistes, de l’accumulation rapide de capitaux dans ces mêmes
pays et de l’accélération de la crise de surproduction.
C’est une loi fondamentale du capitalisme monopoliste: l’expansion
du capital productif dans le monde n’est possible qu’en deçà de certaines
limites et débouche sur la destruction des forces productives.
Le système capitaliste
mondial patauge actuellement au beau milieu d’une grande crise qui a déjà
provoqué un nouveau désordre mondial.
3. Perspectives de la révolution prolétarienne mondiale
Le fondement scientifique de l’optimisme révolutionnaire des forces anti-impérialistes
et socialistes repose dans la contradiction accélérée entre les forces productives
et les rapports de production sous le capitalisme.
La production sociale a beaucoup augmenté avec les technologies de pointe
et une force de travail plus éduquée et mieux entraînée a fait son apparition
dans le monde.
Pourtant, les rapports de production sont beaucoup plus déterminés
par l’âpreté au gain que jamais auparavant et le capital financier bien
pire et bien plus destructeur de forces productives.
Ces faits ressortent davantage
de la propagation du dogme du néo-libéralisme par les capitalistes monopolistes.
L’irrationalité du capitalisme se fait sentir le plus vivement dans le
contraste entre, d’une part, le chômage et l’appauvrissement des gens
et d’autre part, la hausse incroyable de la productivité.
La technologie des ordinateurs est potentiellement un outil qui convient
pour la planification économique socialiste et qui permettrait de répondre aux
revendications générales et spécifiques des gens.
Cependant, les impérialistes
utilisent les technologies de l’information à leur propre usage.
L’absurdité
du capitalisme apparaît le plus clairement dans le règne de la désinformation
et de l’éducation déformée des impérialistes et des petits-bourgeois lorsqu’ils
utilisent des moyens techniques sophistiqués et puissants d’information
et d’éducation.
En temps voulu, la lutte de classes entre la bourgeoisie
et le prolétariat va s’intensifier dans les superstructures étant donné
que le prolétariat intensifie sa résistance dans toutes les formes d’activités
sociales.
3.1 Contradictions entre la bourgeoisie et le prolétariat
Les conditions objectives permettant l’intensification de la lutte des
classes entre la bourgeoisie et le prolétariat existent.
La crise de surproduction
dans les pays capitalistes industrialisés ne cesse d’empirer.
On assiste
à des récessions fréquentes et prolongées, les taux de production chutent, de
même que le profit de certaines économies.
Les profits se réalisent via des
coupes sombres dans les coûts salariaux, le chômage chronique, la détérioration
des contrats d’emploi au nom de la flexibilité et les suppressions dans
les dépenses sociales en faveur de la rapacité des firmes monopolistes.
Mais les forces subjectives de la révolution prolétarienne sont toujours
peu nombreuses et faibles dans les pays impérialistes.
Elles ont besoin de surmonter
la torpeur née des temps anciens relativement meilleurs.
La mentalité petite-bourgeoise
très répandue et servile vis-à-vis de la grande bourgeoisie, et les courants
politiques introduits parmi les travailleurs par le corporatisme du travail,
le réformisme, la démocratie sociale et le révisionnisme moderne sont également
des obstacles à la lutte.
Les révolutionnaires prolétariens devraient anticiper le fait que dès qu’ils
réussiront à développer un mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière,
la bourgeoisie monopoliste va user de la violence contre-révolutionnaire pour
l’éliminer.
L’étude de la théorie marxiste-léniniste de l’Etat
et de la révolution et la résurgence des actions politiques militantes sont
indispensables au développement des mouvements en faveur du socialisme face
au capitalisme monopoliste.
3.2 Contradictions entre l’impérialisme et les
nations et peuples opprimés
Par le recours au néo-colonialisme et aux guerres d’agression, les impérialistes
ont exercé une oppression et une exploitation des plus sévères dans les pays
d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et en Europe de l’Est,
dans les pays de l’ancien bloc soviétique, ainsi que partout ailleurs.
Ils ont provoqué la ruine de ces économies nationales.
Le nouveau désordre mondial
sévit actuellement dans les nations et les peuples opprimés.
C’est une
conséquence de l’exploitation intensifiée sous la bannière du néo-libéralisme,
de la privatisation et du libre commerce.
Les diktats économiques intolérables, les embargos, l’intervention
et l’agression des pays impérialistes et les conflits provoqués par les
cliques réactionnaires se servant des slogans du nationalisme, de l’ethnocentrisme
et de la religion, engendrent actuellement l’instabilité, la tension et
la violence sur une vaste échelle.
Il y a des mouvements révolutionnaires conduits
par les partis révolutionnaires du prolétariat, mais ils sont toujours peu nombreux
du fait de leur élimination par les impérialistes, du néo-colonialisme, et de
la trahison révisionniste.
Même alors la lutte entre la révolution armée et
la contre-révolution armée est concentrée sur les pays et les peuples opprimés.
Le prolétariat et les gens de la terre entière devraient chérir et soutenir
les mouvements révolutionnaires armés dirigés par le prolétariat parce qu’ils
sont les messagers de la résurgence de la révolution prolétarienne mondiale.
3.3 Contradictions parmi les impérialistes
Depuis l’avènement du capitalisme monopoliste bureaucratique en URSS en
1956, il y a eu une lutte interimpérialiste acharnée entre deux superpuissances.
Mais les révisionnistes et les sociaux-impérialistes en ont donné l’image
déformée d’une lutte entre le capitalisme et le socialisme, et ce, durant
la plupart du temps qu’a duré la guerre froide.
Dans le sillage de l’effondrement
de l’Union soviétique, les puissances capitalistes traditionnelles dirigées
par les Etats-Unis ont rebâti un marché capitaliste mondial sans le défi d’un
système de production socialiste, et elles continuent à être unies contre les
forces et les peuples révolutionnaires.
Mais de plus en plus, elles se font
concurrence et, par conséquent, manoeuvrent les unes contre les autres.
L’expansion du capital à partir des puissances impérialistes traditionnelles
et en direction de la Chine, de l’ancien bloc des pays soviétiques et autres
pays dotés d’une certaine infrastructure industrielle, a pour but la destruction
des industries nationales.
Il en résulte l’autodéfaite des pays impérialistes
parce qu’il y a, en fin de compte, une destruction du marché pour leur
capital excédentaire et leurs surplus de marchandises. Le marché global devient
plus limité et se mue en terrain pour une compétition de plus en plus intense
et sévère entre les puissances impérialistes.
Mais il va falloir un certain temps à cette crise de plus en plus grave
de surproduction pour aiguiser les contradictions interimpérialistes au point
de rompre l’alliance actuelle des pays impérialistes et de porter en avant
le danger imminent de guerre interimpérialiste.
Des guerres locales impliquant
l’intervention des impérialistes commencent à se multiplier.
Jusqu’à
présent, les Etats-Unis ont été à même d’utiliser l’autorité du Conseil
de Sécurité des Nations Unies ou le nom des Nations Unies pour étendre leurs
intérêts hégémoniques, comme dans la guerre d’agression contre l’Irak
en 1991, ou au moins de rester au sommet malgré les contradictions interimpérialistes,
comme en Bosnie.
Le danger d’une guerre mondiale peut surgir non seulement des contradictions
directes parmi les puissances impérialistes traditionnelles du fait de la compétition
et de la crise qui peuvent monter en épingle un mouvement nationaliste et fasciste
contre-révolutionnaire.
Mais, il peut apparaître également du fait de la situation
bien plus désespérée de la Russie impérialiste.
Celle-ci est amenée à étendre
la production et ses ventes d’armes.
Elle se trouve maintenant confrontée
à la montée du nationalisme et d’un fascisme dirigé par des militaires.
Les interventions étrangères à la fois des puissances impérialistes principales
et secondaires peuvent mener à des chocs parmi ces mêmes puissances.
Aujourd’hui, il n’y a ni guerre mondiale interimpérialiste imminente,
ni un effondrement total de l’impérialisme, ni non plus un développement
sans frein du capitalisme industriel dans le monde.
Mais il y a suffisamment
de discorde et d’instabilité pour stimuler l’apparition et le développement
de forces révolutionnaires.
La résolution, le caractère militant du marxisme-léninisme et un certain
sens de la lutte prolongée sont requis des révolutionnaires prolétariens.
La
résistance est engendrée par les conditions intolérables d’oppression et
d’exploitation.
Des luttes révolutionnaires de masse surgissent dans différentes
parties de la planète.
Les formations embryonnaires de la révolution prolétarienne
doivent être préparées partout dans le monde.
Dans un futur prévisible, le mouvement de masse anti-impérialiste et le
mouvement socialiste pourraient reprendre vigueur.
Des révolutions néo-démocratiques
et socialistes peuvent être menées à bien dans certains pays sous la direction
de partis révolutionnaires.
Il est probable que des révolutions se produisent
dans plusieurs pays en même temps à cause de la sévérité de la crise à l’échelle
mondiale.
Mais la révolution doit se développer sur la base des conditions concrètes
d’un pays et la dictature du prolétariat se construire dans chaque pays
séparément.
La gravité sans précédent des crises de surproduction provoquées par la
production capitaliste des technologies de pointe au profit des pays impérialistes
forme la base des révolutions socialistes.
Celles-ci seront précédées par le
renforcement du mouvement ouvrier (y compris les cols blancs et les sans-emploi)
et par des victoires décisives sur la bourgeoisie monopoliste, dont les armes
comprennent le nationalisme et le fascisme.
Comme l’impérialisme a un effet destructif sur les forces productives,
spécialement dans les pays sous-développés - c’est son aspect principal
-, le parti révolutionnaire du prolétariat au pouvoir sera confronté aux problèmes
découlant de la guerre, du faible niveau de développement économique et technologique,
de l’agression et du blocus provoqué par les impérialistes.
C’était
la même chose à l’époque pour Lénine, Staline et Mao.
Les enseignements fondamentaux de tous les grands penseurs et dirigeants
communistes gardent leur validité fondamentale.
Ils seront maintenus au cours
de la prochaine fournée de révolutions néo-démocratiques et socialistes.
Il
faut affronter sans cesse de nouvelles conditions.
Mais la domination persistante
de l’impérialisme reproduit des conditions qualitativement identiques.
Nous ne pouvons pas prétendre que nous sommes déjà dans une situation post-impérialiste.
Nous continuons à nous trouver dans l’ère de l’impérialisme moderne
et de la révolution prolétarienne, spécialement parce que le socialisme a été
vaincu en 1956 en Union soviétique et plus tard en Chine en 1976.
La complète
restauration du capitalisme dans ces pays a détruit toute la fondation industrielle
construite auparavant par le socialisme.
Ce texte datant d’octobre 1996 a été publié par le Bureau international
du National Democratic Front of the Philippines. Adresse: Boîte Postale 19195,
3501 DD Utrecht, Pays-Bas.
Notes
1. Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme,
dans Oeuvres, 1960 Tome XXII, p.287.
2.Ces chiffres nous semblent exagérés. En effet, selon le rapport de l'ONU de
1996, l'emploi des multinationales s'élève à 73 millions de personnes. Et à
12 millions pour les cent plus grandes (ONU, World Investment Report, 1996,
p.29). Mais nous sommes d'accord que cela ne représente qu'une faible proportion
de la population active de la planéte.
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