Notre article concerne le développement d’un large
front contre la guerre et contre l’impérialisme.
Il s’agit
d’un sujet qui revêt une importance et une urgence extrêmes
à une époque où le système capitalisme mondial continue
à s’enfoncer dans une crise de plus en plus grave.
L’impé-rialisme
américain – la puissance terroriste numéro un tout au long
du siècle écoulé – se démène en tous
sens pour consolider son hégémonie à l’échelle
planétaire et les peuples du monde se dressent afin de condamner et de
combattre la guerre et les agressions impérialistes.
Les tâches des communistes
Il est possible et nécessaire pour toutes les
forces du monde hostiles à la guerre et à l’impérialisme
de construire un large front anti-impéria-liste en coopérant,
coordonnant ou en y allant de leur soutien mutuel. Un front international uni
est nécessaire pour faire face à la puissance impérialiste
et terroriste numéro un et pour se mettre en garde vis-à-vis des
autres puissances impérialistes.
Le prolétariat révolutionnaire ainsi que les
communistes, par le biais de leurs partis, syndicats et États voués
au socialisme, doivent s’impliquer activement dans un tel front international
unifié et ils doivent faciliter à tout point de vue l’intervention
du vaste mouvement des masses.
Un certain nombre de mouvements internationaux de masse ont
pour but de construire un large front anti-impérialiste international.
Nous pouvons étudier l’expérience de ces formations de masse
afin d’appren-dre ce qui peut se faire, ce qui a été fait
et ce qui doit se faire pour élever le niveau du mouvement contre la
guerre et la globalisation et aller vers le renforcement du mouvement anti-impérialiste
et la construction du front anti-impérialiste international.
La formation anti-impérialiste de masse que nous connaissons
le mieux est l’International League of Peoples’ Struggle (ILPS),
qui a tenu sa première assemblée internationale en mai 2001, réunissant
plus de 300 organisations de masse de 38 pays d’Europe, d’Amérique
du Nord et centrale, d’Asie et d’Afrique.
Son objectif consiste
à fournir un point de ralliement en vue de la coopération, de
la coordination et du soutien mutuel aux luttes anti-impérialistes et
démocratiques des peuples du monde. Depuis son lancement, l’ILPS
a appliqué la ligne anti-impérialiste de façon résolue,
militante et réfléchie et ce, dans diverses actions anti-impérialistes
telles que rassemblements de masse ou divers symposiums, ou encore en œuvrant
en coordination avec diverses formations hostiles à la guerre et à
l’impérialisme de divers pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique
du Nord.
En juillet dernier, l’ILPS a été l’un
des principaux participants à Thessaloniki Resistance 2003 et, en septembre,
elle lançait la campagne contre les bases militaires américaines
à l’étranger de Chania, en Grèce.
Par ailleurs, elle
a également lancé et cosponsorisé Mumbai Resistance 2004
qui se déroulait en parallèle avec le Forum social mondial de
janvier dernier.
Elle a aussi rallié International ANSWER, avec laquelle
elle opère en coordination, ainsi que United for Justice and Peace en
lançant la Journée mondiale d’Action du 20 mars, une protestation
et une commémoration du premier anniversaire du début de l’invasion
de l’Irak par les États-Unis.
Mumbai Resistance 2004 fut une expérience réussie,
riche à la fois de leçons positives et négatives dans la
construction d’un large front uni contre l’impérialisme.
Elle a atteint son objectif qui consistait à étendre et consolider
les forces anti-impérialistes et à dénoncer le caractère
et les objectifs contre-révolutionnaires de la direction du Forum social
mondial. Un nombre considérable de participants au Forum social mondial
ont été attirés dans Mumbai Resistance 2004, qui a mis
sur pied un forum destiné à articuler une ligne anti-impérialiste
militante et a dégagé nombre d’opportunités de développement
de contacts, de coopération ultérieure, de constitution de réseaux
et de coordinations, ainsi que de discussions politiques.
L’ILPS s’est servie avec succès de la politique
du front uni et de la double tactique consistant à envoyer certaines
de ses organisations membres assister et participer aux ateliers du Forum social
mondial afin de pouvoir toucher le plus grand nombre possible de participants
vraiment hostiles à la mondialisation impérialiste et au moins
potentiellement anti-impérialistes.
La plupart de ces personnes ont été
attirées par le Forum social mondial parce que celui-ci proposait à
d’éminen-tes personnalités, orateurs et autres invités,
un « espace d’ouverture » à l’expression d’opinions
critiques à l’égard des mesures néolibérales
et qu’il leur donnait l’occasion d’y assister en raison des
fonds débloqués par les organisateurs et les grosses ONG collaborant
au forum.
Démasquer et dénoncer des projets et des formations
anti-impéria-listes faussement à gauche ou complètement
bidon comme le Forum social mondial constitue une tâche essentielle dans
la construction du front anti-impérialiste élargi.
Ces projets
et formations ont pour but de détourner et de réquisitionner en
direction du réformisme le militantisme croissant des gens hostiles à
la mondialisation impérialiste et à la guerre.
Le Forum social
mondial, par exemple, a été établi par les impérialistes,
en collaboration avec les social-démocrates et les trotskistes français
au sein d’Attac et du Monde diplomatique et peu de temps après
les actions militantes de masse de Seattle et l’annonce de la constitution
de l’ILPS, en 1999.
Ces formations contre-révolutionnaires collaborent
aussi très activement avec les impérialistes en attaquant et en
diabolisant les organisations et individus progressistes et militants. Un point
important à noter, c’est la collaboration, aux Philippines, des
partis et organisations trotskistes et social-démocrates internationaux
avec des groupes contre-révolutionnaires et des agents spéciaux
ennemis notoires, en diabolisant et en se livrant à toutes sortes d’attaques
contre les CPP-NDF-NPA et les organisations militantes et progressistes.
La lutte contre les tendances erronées
L’ILPS doit combattre et rejeter la position ultra-gauchiste
de certains éléments dans Mumbai Resistance 2004 qui voulaient
lancer un appel en faveur d’un boycott complet du Forum social mondial
et obscurcir le rôle de l’ILPS en tant qu’initiateur de Mumbai
Resistance 2004.
Agir de la sorte aurait compromis toute possibilité
de dénoncer le Forum social mondial et ses objectifs contre-révolutionnaires
de l’intérieur, de toucher les bons éléments parmi
les participants et de les rallier à Mumbai Resistance 2004 et à
une position vraiment anti-impérialiste.
L’ILPS a également dû combattre et rejeter
le point de vue prétendant que tenir Mumbai Resistance 2004 dans le même
temps et dans la même ville que le Forum social mondial était une
perte de temps, d’efforts et de ressources qui auraient été
mieux utilisés à participer aux ateliers du Forum social mondial
afin de maximaliser l’articulation de la position militante au sein du
Forum social mondial et de dénoncer de l’intérieur le caractère
contre-révolutionnaire du Forum social mondial et plus particulièrement
de sa direction.
Agir de la sorte aurait gâché l’occasion
– en même temps que faillir à la tâche – de conduire
les plusieurs milliers de personnes de plus de 300 organisations indiennes et
étrangères qui s’étaient rendues à Bombay
à articuler une position anti-impérialiste militante et à
encore progresser dans la cause anti-impérialiste.
Mumbai Resistance 2004 fut également une excellente
occasion pour sortir et amplifier l’appel à rallier la journée
mondiale d’action du 20 mars lancée pour protester contre l’invasion
et l’occupation de l’Irak par les Américains et soutenir
les Irakiens ainsi que la résistance palestinienne.
Les actions de protestations
furent organisées en coordination avec International ANSWER (Act Now
to Stop War and End Racism, agir maintenant pour arrêter la guerre et
mettre fin au racisme) et United for Peace and Justice (UFPJ), deux coalitions
dont le siège est aux États-Unis et qui, depuis décembre
2002, ont organisé avec succès et à plusieurs reprises,
à l’échelle américaine ou internationale, des actions
de protestation et des campagnes contre la guerre en Irak.
Cette coordination
a évolué vers un plan politique différent du fait que les
appels et événements mis sur pied étaient en gros dirigés
contre la guerre et contre la mondialisation, mais pas nécessairement
anti-impérialistes.
Toutefois, l’ILPS est en rapport avec ces formations
et coopère en coordination avec elles afin de drainer les appels anti-impérialistes
vers les millions de personnes qui y participent et les nombres plus grands
encore qui sont touchés ou influencés par ces actions.
Une fois de plus, l’ILPS a dû s’opposer
à des éléments, au sein même de Mumbai Resistance
2004, qui cherchaient à minimiser l’importance de s’associer
et de participer à la journée mondiale d’action du 20 mars.
La discussion portait sur le fait qu’il s’agissait d’une initiative
venant de réformistes et de pseudo-révolutionnaires et que les
slogans des organisations progressistes et militantes seraient submergés
par les slogans des réformistes petits-bourgeois et même des réactionnaires.
En lieu et place, ils insistaient pour que les organisations vraiment progressistes
et militantes organisent leurs actions au cours d’une journée différente
afin que leurs slogans ne se mêlent pas à d’autres.
Construire le front anti-impérialiste international
La tâche des communistes est de s’assurer
que le front anti-impérialiste international ne tombe pas dans les erreurs
opportunistes de « gauche » ou de « droite » qui barreraient
son expansion et ses progrès, réduiraient sa force et aboutiraient
à sa désintégration.
Ils doivent diriger les forces progressistes
et politiquement avancées, s’assurer le contrôle des for-ces
intermédiaires et tirer parti des scissions entre les réactionnaires
afin d’isoler et de vaincre l’impérialisme américain,
l’ennemi actuel en tant que le pire des impérialistes.
Comme dans les tactiques de front uni à l’échelle
nationale, le front anti-impérialiste international devrait unir le plus
large éventail possible de forces afin d’isoler le principal ennemi,
l’impérialisme américain.
Il est bon qu’un large éventail
de forces politiques et de masses organisées et spontanées se
réunissent pour se dresser et se rassembler contre la guerre impérialiste,
même si elles défendent des points de vue, appels et mots d’ordre
différents.
Il est du devoir des communistes d’encourager et de
soutenir dans le monde entier les mouvements de masse gagnant en importance
contre la guerre et l’impérialisme, tout en évitant consciemment
de faire du tort au large front uni et au caractère de masse du mouvement.
Les communistes devraient tout d’abord construire le
front uni contre l’impérialisme et toute forme de réaction
dans leurs pays respectifs.
Ils devraient construire un front uni le plus large
possible sur la base de la ligne révolutionnaire de classe et sous la
direction du prolétariat par le biais de son parti d’avant-garde,
en appliquant le marxisme-léninisme dans une analyse concrète
des conditions concrètes rencontrées dans leur pays.
Le front
anti-impérialiste uni de chaque pays se mue immédiatement en partie
intégrante, en bloc de construction de base du front international uni.
En outre, les composantes du front anti-impérialiste
national uni peuvent s’engager dans un travail international de solidarité,
soit à titre individuel, en groupes, soit collectivement, avec leurs
homologues dans d’autres pays.
L’existence d’organisations
de masse variées traitant diverses questions et problématiques
de classe et sectorielles fournit de larges possibilités d’action
dans la réalisation des tâches se rapportant à la solidarité
internationale.
Les communistes doivent encourager et soutenir le travail de
solidarité internationale des organisations de masse progressistes ainsi
que les relations, formations et alliances avec leurs homologues à l’étranger.
Ces organisations et formations de masse peuvent être encouragées
à soutenir la mise en place de leurs homologues quand ceux-ci n’existent
pas encore et, partant, à soutenir l’expansion du front uni dans
d’autres pays.
En construisant et en dirigeant le front anti-impérialiste
international, la tâche essentielle des communistes consiste à
accroître le niveau du vaste mouvement de masse, passant des simples protestations
contre la guerre, la mondialisation et un tas d’autres sujets, à
la dénonciation et à la lutte contre l’impérialisme
en tant que source de la guerre et du pillage.
Cette tâche requiert une
éducation et une diffusion de l’information massives, étendues
et soutenues et ce par divers moyens, y compris le net, le réseau www
et les radios communautaires.
L’accroissement du niveau de large mouvement contre
la guerre et l’impérialisme et la construction d’un large
front anti-impérialiste international uni ne peut se faire que via la
formation et le développement de partis plus essentiellement marxistes-léninistes
partout dans le monde et par l’encouragement d’une coopération
pratique et d’une bonne entente entre les partis communistes.
Les partis communistes doivent persévérer dans
leurs efforts pour clarifier leur position marxiste-léniniste et anti-impérialiste
et développer cette position via l’étude et la pratique
révolutionnaires.
Ils peuvent nouer des relations bilatérales
qui, logiquement, s’ensuivront de la conduite des discussions idéologiques
et politiques et de la coopération pratique, ou encore nouer des relations
multilatérales au cours de conférences, séminaires d’étude
et d’échange d’expériences et de points de vue.
Les communistes peuvent contribuer le plus efficacement à
la construction du front international uni et au progrès de la révolution
prolétarienne en faisant progresser, dans leurs pays respectifs, la lutte
révolutionnaire contre l’impérialisme et toute forme de
réaction.
Par conséquent, tout parti communiste peut soutenir
la lutte révolutionnaire des travailleurs dans d’autres pays, en
conformité avec le principe de l’internationalisme prolétarien
qui nous guide dans notre travail en vue de l’unité des travailleurs
de tous les pays et de l’accomplissement de la mission historique de la
classe ouvrière.
A l’instar de l’avant-garde de la classe ouvrière
dans son propre pays, le parti communiste devrait diriger le peuple dans sa
lutte révolutionnaire visant à prendre le pouvoir politique pour
réaliser la libération nationale et la démocratie et construire
le socialisme.
La lutte révolutionnaire dans chaque pays fait partie
de la révolution prolétarienne mondiale pour le socialisme et
contre l’impérialisme et toute forme de réaction.
La victoire
de la lutte dans quelque pays que ce soit nous ouvre de plus grandes possibilités
encore de voir les peuples victorieux soutenir directement ceux qui combattent
encore pour renverser l’impérialisme et toute forme de réaction
dans leur pays, et elle encourage les peuples opprimés des autres pays
à persévérer et à progresser dans leur lutte.