Parti Communiste des Philippines

Philippines : La stratégie de la guerre populaire prolongée

Répondre aux exigences de l'étape actuelle

Editorial de «Rebolusyon», organe théorique et politique du comité central du Parti Communisme des Philippines, No.2 1991.

Le document «Les tâches du mouvement paysan révolutionnaire pour progresser dans les années 90» (voir suite, n.d.l.r.) tente de présenter les faits essentiels de l'histoire et de la situation du mouvement paysan révolutionnaire ; il décrit les liens entre ce mouvement et les autres agents de la révolution et il expose, en toute franchise, les problèmes majeurs qu'il rencontre avant de détailler les tâches qui lui incombent.

Le mouvement paysan est d'une importance cruciale pour la nouvelle révolution démocratique et pour la victoire de la révolution armée. Dans ce document, nous verrons qu'il y a grand intérêt à rectifier les erreurs et les fautes et à poursuivre la construction de ce qui a été accompli, de manière à mener à bien l'étape actuelle de défense stratégique de la guerre populaire.

Les organes révolutionnaires du pouvoir démocratique ne contrôlent que 25 % de la population et du territoire des Philippines, le plus souvent en terrain accidenté, favorable aux activités de guérilla.

Parallèlement, on constate que, même dans ces endroits, le développement des forces révolutionnaires est très inégal, en termes de construction du Parti, de l'armée populaire et des organisations de masse, ainsi qu'en termes de mise en oeuvre de campagnes adéquates au profit du peuple dans les différents champs de l'activité sociale.

Il est clair que nous ne pouvons pas précipiter le passage de certains ou de tous les aspects de la lutte révolutionnaire à un stade supérieur de développement stratégique. Nous devons tenir compte de la nécessité de répondre aux exigences du stade stratégique actuel et étendre le travail révolutionnaire aux zones où vivent 75 % de la population.

Les problèmes du stade actuel doivent être résolus avant qu'on puisse passer à l'étape suivante.

Ce n'est pas en se précipitant à une étape supérieure que les problèmes seront effacés: au contraire, cela poserait à coup sûr des problèmes plus importants encore, que le Parti et le mouvement révolutionnaire ne sont pas préparés à résoudre.

Certains courants de pensée bien intentionnés mais fougueux, unilatéraux et étriqués circulent actuellement. Ils sont erronés.

Il est donc absolument nécessaire pour le Parti Communiste des Philippines, en tant que dirigeant de la révolution philippine, d'affirmer et d'assumer ses responsabilités et son devoir de définir et de souligner les principes de base et la ligne générale; de rassembler et de déployer ses cadres et ses ressources de manière à rencontrer les multiples exigences de la révolution; de combler les vides et d'aller de l'avant; et de faire progresser l'arrière-garde à un niveau compatible avec le stade et les circonstances actuels de la lutte.

Elargir et approfondir la base populaire

La base populaire doit être développée à plus large échelle et d'une manière plus approfondie, de manière à être capable de soutenir des unités de guérilla ou des niveaux de commandement supérieurs.

L'élargissement des unités de guérilla de la New People's Army (NPA) nécessite, au préalable, l'édification d'une base populaire capable de les soutenir.

Sans le soutien populaire, fruit du travail du parti au sein des masses - cela inclut l'éducation des masses, leur organisation, des campagnes pour la réforme agraire, la protection, l'entraînement militaire, le travail sanitaire et culturel, etc - l'armée du peuple ne peut se maintenir ni se renforcer dans la dialectique de la guerre.

Il ne faut négliger aucun domaine de travail en faveur d'un autre, car le résultat ne peut qu'être nuisible aux deux.

Une base populaire large et profonde, voilà ce qui différencie l'armée populaire des «spécial opérations teams» de l'ennemi, superficielles et toutes coulées sur le même moule. Négliger le travail parmi les masses, c'est aller à sa propre perte, avant même que l'ennemi ne définisse son périmètre et n'entreprenne de le fermer avec ses manoeuvres d'étranglement graduel (blockhouse warfare).

Le travail parmi les masses, dans les fronts de guérilla existants et plus loin encore, doit créer une large zone de manoeuvre (dispersion, concentration, déplacement) pour l'armée populaire et placer l'ennemi devant un dilemme sans issue entre la concentration et la dispersion de ses forces.

Il existe un rapport très étroit entre certaines erreurs graves - comme celles commises lors de la campagne anti-dénonciateurs - et la négligence apportée au développement et à la consolidation du travail parmi les masses, d'une part, et, d'autre part, la construction (idéologique, politique et organisationnelle) hasardeuse ou insuffisante du Parti, la mauvaise affectation de cadres et des ressources limitées et les déséquilibres du travail révolutionnaire.

Il faut continuer à appliquer le programme minimum de la révolution agraire (prévoyant dans certains cas des confiscations, des mesures de préemption et des mesures punitives à rencontre de propriétaires terriens despotiques ou de voleurs de terre dans les zones frontalières) comme ligne générale de la lutte antiféodale.

Ce programme implique des réductions de loyer, le contrôle des taux d'intérêt, des salaires agricoles justes, des prix équitables pour les produits et une augmentation de la productivité dans l'agriculture et les activités annexes.

Il y a encore tout intérêt à organiser les masses paysannes et à les mobiliser dans des campagnes et des négociations en vue de la réalisation du programme minimal.

Adopter le programme maximum (confiscation et redistribution libre des terres) comme ligne générale, alors qu'il est encore nécessaire de poursuivre le programme minimum, revient à laisser certains problèmes non résolus et à s'exposer à des problèmes plus grands encore, que le Parti et le mouvement révolutionnaire ne peuvent pas résoudre maintenant.

S'engager prématurément dans le programme maximal conduira l'ensemble de la classe des propriétaires terriens à unir toutes ses forces contre le mouvement révolutionnaire et à détruire notre politique de front uni - qui consiste à tirer profit des divisions entre la bourgeoisie éclairée et les propriétaires terriers despotiques.

Le programme maximum de réforme agraire implique aussi un lourd travail administratif de distribution des terres, de mise en place d'un système de crédit et d'autres exigences auxquelles nous ne pourrions prêter attention au milieu de l'escalade militaire de l'ennemi.

Tout ceci menacerait d'immobiliser et d'épuiser l'organisation déjà limitée des forces révolutionnaires dans des zones limitées du pays.

Alors que le Parti tente de surmonter les attaques ennemies, de rectifier les erreurs et les manquements, de se consolider et de renforcer les autres forces révolutionnaires, alors qu'il essaie d'atteindre un juste équilibre entre le travail parmi les masses et le travail militaire dans d'autres zones, certains suggèrent que des soulèvements paysans saisissent les terres et autres biens des propriétaires terriens ainsi que les crèches publiques et les fermes d'élevage, pillent les greniers à blé et les magasins des propriétaires terriens et des marchands et occupent ou détruisent les bâtiments municipaux et gouvernementaux .

A aucun moment, on ne peut tolérer la mise à sac inutile et putschiste de bâtiments publics. Nous considérons ces bâtiments comme la propriété du peuple et comme les équipements futurs du gouvernement révolutionnaire.

En poussant les masses paysannes à avancer spontanément bien au-delà du stade actuel de développement et du niveau actuel des forces du parti, de la paysannerie organisée et des autres forces révolutionnaires, on fait naître de faux espoirs et la frustration ne va pas tarder à suivre.

Si les masses paysannes se mettent ainsi en mouvement, ne fût-ce que pour un instant, l'ennemi de classe est en mesure de mettre fin facilement à l'anarchie, de contre-attaquer, de détruire les associations paysannes visibles mais toujours réduites, de liquider les cadres révolutionnaires et les militants spontanés identifiés au cours des soulèvements.

La théorie de la spontanéité des masses ou l'idée de soulèvements qui ne tiennent pas compte de l'état de l'organisation révolutionnaire ne résiste pas à l'analyse de l'état actuel des forces du Parti, de la NPA, des organisations de masse et des organes du pouvoir politique ; et au besoin de les consolider dans le cadre de l'état général de développement.

L'aspiration à passer à un niveau de développement supérieur en recourant à la spontanéité des masses ne doit ni masquer ni passer outre la nécessité d'un travail assidu parmi les masses.

Il est agréable pour les masses paysannes d'accomplir une avancée significative.

Mais elles doivent agir de manière à en retirer un avantage définitif et à le maintenir; à pouvoir surmonter les obstacles à long terme et la revanche prévisible de leurs ennemis de classe.

En respectant le rythme de son expansion et de sa consolidation dans le cadre de ce stade nécessaire de développement, le Parti sera capable de diriger et de se renforcer lui-même ainsi que l'armée populaire, les associations paysannes et les autres forces révolutionnaires.

La théorie et la pratique de la guerre populaire prolongée a fait du mouvement révolutionnaire philippin un exemple de réussite dans le monde entier.

Ce mouvement s'est renforcé et a progressé, sans connaître les conditions d'une guerre impérialiste globale, sans disposer d'une grande quantité d'assistance matérielle en provenance de l'étranger.

Le mouvement paysan en particulier a joué un rôle clé dans la lutte révolutionnaire indépendante du peuple philippin, dirigé par la classe ouvrière.

Des courants de pensée erronés

Il existe aujourd'hui des courants de pensée erronés qui tentent de profiter des réalisations de la guerre populaire prolongée tout en les minimisant ou même en les minant, sous prétexte d'accélérer la victoire totale en sautant des étapes de développement.

Il est utile de se pencher sur l'échec des soulèvements de Tayug, de Colorum, de Sakdalista et autres mouvements similaires ainsi que sur la conduite aventurière de José Lava.

Celui-ci s'appuyait sur l'aggravation de la crise sociale et sur l'énergie spontanée des masses mais négligeait la nécessité d'un travail assidu parmi les masses et de la construction des forces révolutionnaires, face à un ennemi cherchant à les détruire.

Plus récemment dans l'histoire des Philippines, on épinglera l'échec du soulèvement armé conduit par le Moro National Liberation Front (MNLF) à Jolo City et dans les environs, dans les années 70.

Ce soulèvement a exposé inutilement les forces du MNLF et leurs partisans aux attaques et aux destructions massives de l'ennemi, alors que ce dernier aurait davantage souffert d'une guerre de guérilla à grande échelle sur une longue période de temps.

Notre parti a fait lui-même l'expérience de ne pas tenir compte des conditions du moment et de se lancer dans des actions qui ne bénéficiaient pas du support des masses ou qui ne pouvaient pas être menées à bien avec le support populaire disponible.

Nous avons fait l'expérience d'adopter le programme maximum de réforme agraire sans tenir compte de la contre-attaque conjointe de la classe des propriétaires terriens (petits, moyens et grands, éclairés et despotiques) et de nous engager dans de grandes opérations militaires qui ne pouvaient pas être soutenues par la base populaire existante.

De telles opérations mobilisent à des postes d'encadrement de nombreux cadres avancés, sont financées par le sommet et, en conséquence, réduisent le champ du travail parmi les masses, finissent par s'isoler et devenir des cibles découvertes de l'offensive stratégique ennemie ou de la guerre de décision rapide (toutes deux impliquant des opérations à grande échelle et de petites unités).

En ce qui concerne tout particulièrement le mouvement paysan et la réforme agraire, on ne tire pas les leçons des expériences chinoise et vietnamienne.

Leur programme de réforme agraire minimum à long terme pendant la lutte anti-japonaise s'est révélé plus tenable et plus fructueux que le programme de réforme agraire maximum des soulèvements paysans dans les années 20 et 30, avant que les agresseurs japonais envahissent et occupent la Chine et le Vietnam. Le programme de réforme agraire maximum ne peut donc être mené complètement à bien, à l'échelle nationale, qu'après la prise du pouvoir politique.

La débâcle du mouvement révolutionnaire indonésien dans les années 60 est à mettre sur le compte d'une ligne putschiste et insurrectionnelle.

On se préparait à s'emparer du centre de pouvoir et des principales lignes de communication ainsi qu'à utiliser une partie des forces armées réactionnaires pour prendre le pouvoir.

Mais il n'y avait aucune préparation idéologique, politique et organisationnelle en vue d'une guerre populaire de longue durée. Au moment crucial, le parti communiste et le mouvement révolutionnaire ont été écrasés dans une vague de massacres anticommunistes.

Le mouvement Naxalbari, en Inde, à la fin des années 60, s'est avéré être un désastre.

Un petit parti, disposant d'un nombre réduit d'escadrons armés, a commis l'erreur de verser dans l'ultra-gauchisme en appelant les masses, spontanées et inorganisées, à s'engager follement dans la confiscation de terres, le pillage de greniers à blé, l'attaque de postes de police et la liquidation de propriétaires fonciers.

L'insurrection populaire violente s'est répandue comme un feu de paille et a dépassé les capacités de ce petit parti.

Puis, les soulèvements ont été réprimés en peu de temps.

A l'intérieur et à l'extérieur du Parti, quelques éléments ont applaudi et surestimé l'exemple «insurrectionnel» de la révolution sandiniste nicaraguayenne et ont dénigré la riche expérience et les acquis de la révolution philippine ou, à l'étranger, les exemples plus significatifs et plus pertinents de révolution nationale démocratique d'un type nouveau, dirigée par la classe ouvrière, dans des pays comme la Chine et le Vietnam.

L'idée «insurrectionnelle» s'est étendue, des milieux petit-bourgeois des villes, à la classe ouvrière et au mouvement paysan.

D'abord, ses partisans ont présenté la révolution strictement urbaine du Frente Sandinista de Liberacion Nacional (FSLN) comme étant le modèle à suivre.

Puis, ils ont ajusté leur tir en feignant d'accepter le fait que le Frente Farabundo Marti de Liberation Nacional (FMLN) ne pouvait pas reproduire au Salvador l'exemple de la victoire rapide du FSLN et qu'il se référait aux zones rurales et à une lutte armée de longue durée.

Les Sandinistes eux-mêmes considèrent leur prise de pouvoir comme exceptionnelle. La dynastie Somoza, depuis longtemps au pouvoir dans ce pays d'à peine 3,5 millions d'habitants, à l'économie et la société agraire, avait mis les autres familles et factions réactionnaires hors d'état de prendre le pouvoir et de bloquer les Sandinistes.

L'administration américaine de Carter ne disposant d'aucune véritable alternative au régime de Somoza, marquée du syndrome vietnamien et peu intéressée par les productions de ce pays - un goutte d'eau dans l'ensemble de la production de coton, de café, de viande de boeuf et de sucre - n'est pas intervenue assez vite ni assez massivement pour empêcher la prise du pouvoir politique par les Sandinistes.

Quant aux masses paysannes, les Sandinistes ont négligé de les organiser solidement et à grande échelle et de mettre en oeuvre la réforme agraire avant et après leur arrivée au pouvoir.

Les mobilisations de masse par le FSLN et la propagande générale n'ont pas été précédées ni suivies d'un travail d'organisation assidu et à grande échelle des masses paysannes. La politique était de plus en plus soumise aux intérêts de la petite noblesse et de la bourgeoisie, aux dépens des travailleurs et des paysans.

Vers la fin de leur règne, les Sandinistes ont été affaiblis par le blocus impérialiste et par les Contras ainsi que par le désintérêt des masses, dû aux graves difficultés économiques et à la conscription de la jeunesse.

A la fin, leur défaite politique est venue de la petite noblesse qui a remporté les alcaldias lors des élections de 1990.

Précédemment, le courant dominant au sein de la direction du FSLN (les Terceristas ou insurrectionnistes) était petit-bourgeois, radical dans sa mentalité, anti-impérialiste, mais entretenait des illusions social-démocratiques.

Prônant l'économie mixte, il n'a pas été en mesure de mener à bien une réforme agraire fondamentale et la coopérativisation, ni de s'engager dans un programme d'industrialisation.

Prônant le pluralisme, il n'a pas fait usage de la dictature démocratique du prolétariat pour réduire et restreindre les droits politiques et économiques des classes exploiteuses et promouvoir l'alliance entre ouvriers et paysans comme base de la démocratie.

Nous devons être critiques à l'égard de ceux qui utilisent la révolution sandiniste comme l'exemple suprême pour notre révolution, pour la simple raison que la révolution sandiniste a été menée dans des conditions complètement différentes de celles que nous connaissons aux Philippines.

Il serait vain, pour les révolutionnaires philippins, d'imaginer que les Etats-Unis pourraient bientôt relâcher leur vigilance aux Philippines et que les classes dirigeantes pourraient manquer de blocs politiques pour diriger le pays, malgré l’aggravation de la crise sociale et la tendance à la désintégration du système.

Au Salvador, le FMLN a lancé, sur une période de dix ans, deux «offensives générales» (en 1981 et en 1989) sans résultat.

Il a pu poursuivre la lutte en entreprenant des opérations de guérilla et en travaillant parmi les masses rurales contre les réactionnaires soutenus par les Etats-Unis.

Le FMLN est passé de la terminologie de 1'«offensive finale», en 1981, à celle de l'«insurrection généralisée et étendue» (des termes contradictoires), puis à des négociations de paix sur base du principe : «pas de vainqueurs dans la guerre», en raison surtout de la situation internationale actuelle.

Dans l'histoire, le plus grand exemple d'insurrection urbaine armée menée par la classe ouvrière et son parti n'est pas celui des Sandinistes mais celui des Bolcheviques lors de la Révolution d'Octobre 1917.

Mais la prise du pouvoir politique par le prolétariat et le peuple n'a été totale qu'après une grande lutte armée dans les zones rurales contre les réactionnaires, dans la guerre civile et la guerre contre les pouvoirs interventionnistes.

Plus encore, c'est l'alliance des ouvriers et des paysans qui a été à la base de la révolution et de la construction socialiste.

Plus près de chez nous, en Asie, le soulèvement armé le plus réussi a été dirigé par le Worker's Party du Vietnam, en août 1945 : très vite, les agresseurs japonais et leurs marionnettes ont été mis en déroute.

Mais ce serait faire violence à l'histoire - comme de considérer l'offensive finale de 1979 au Nicaragua comme un fait isolé - de ne pas reconnaître que les révolutionnaires vietnamiens avaient développé un mouvement de résistance principalement basé dans les campagnes ; et qu'ils ont dû affronter violemment les colonisateurs français - de retour sur le terrain - principalement dans les campagnes, avant de pouvoir s'emparer des villes dans le Nord-Vietnam.

Les conditions semi-coloniales et semi-féodales aux Philippines (y compris le statut majoritaire de la paysannerie en terrain tropical) imposent de respecter la ligne générale de la révolution nationale démocratique et autorisent la classe laborieuse et son parti révolutionnaire à régler la question centrale de cette révolution à travers une guerre populaire de longue durée.

Pendant ces 22 dernières années, il a été prouvé qu'il est possible de construire un pouvoir politique communiste dans les campagnes et de développer le mouvement populaire révolutionnaire à la fois en zone rurale et urbaine, même quand l'Etat réactionnaire est toujours en place dans les villes.

Persévérer dans la voie de la guerre populaire de longue durée

Pour pouvoir espérer la meilleure issue, les forces révolutionnaires philippines doivent persévérer dans la voie de la guerre populaire de longue durée et continuer à se renforcer progressivement, particulièrement dans la situation actuelle où les Etats-Unis peuvent toujours concentrer leur attention sur les Philippines et où les forces anti-impérialistes et socialistes sont en déroute, et même en état de désintégration dans certains pays.

Il est du devoir des communistes philippins, à l'égard du prolétariat et du peuple du monde entier, de persévérer dans la voie de la révolution armée et de progresser résolument, tandis que la crise mondiale du capitalisme (qui est essentiellement une crise de surproduction) s'accélère sans cesse et s'aggrave comme jamais auparavant en raison de la haute technologie, du problème des Etats-clients criblés de dettes et économiquement faibles, tant au Sud qu'à l'Est, et de la compétition entre les puissances capitalistes elles-mêmes.

Les forces révolutionnaires philippines doivent réaliser les tâches que leur impose le stade actuel avant de passer au stade suivant.

En aucun cas, elles ne doivent vouloir aller trop vite en paroles ou en actions, car la précipitation risque de mettre à l'épreuve et d'épuiser les espoirs et les moyens.

La ténacité des forces révolutionnaires dans la révolution nationale démocratique, à travers la lutte armée, est basée sur la reconnaissance, par le peuple philippin, de la nécessité de combattre l'oppression implacable et intolérable de l'impérialisme américain et japonais et des classes exploiteuses locales, les grands compradores et les propriétaires terriens.

Les tâches du mouvement paysan révolutionnaire pour progresser dans les années 90

Préparé en août 1990 par le Comité Exécutif du Comité Central du Parti Communiste des Philippines pour la Conférence Nationale Paysanne.

La situation nationale

Dans les années 90, la crise économique et politique du système semi-colonial et semi-féodal deviendra plus dévastatrice. La crise menace de provoquer des convulsions qui pourraient saper la force du mouvement révolutionnaire.

En 1972, la clique Etats-Unis-Marcos a tenté de renforcer le pouvoir réactionnaire en imposant un ordre dictatorial fasciste.

Contrairement à leur attente, ceci a amorcé la rapide désintégration du pouvoir. La dictature fasciste, au pouvoir depuis 14 ans, a continué de s'affaiblir, elle a conduit le système à la faillite et, en fin de compte, elle a provoqué le fractionnement profond des réactionnaires au pouvoir.

Le mouvement révolutionnaire, que la clique Etats-Unis-Marcos a tenté de réduire à néant, a au contraire multiplié ses forces.

Le régime Aquino a aussi tenté de mettre un frein à la crise politique et économique exacerbée par 14 ans de loi martiale.

Mais, parce qu'il cherche à résoudre la crise dans le cadre du système semi-colonial et semi-féodal, il ne peut mettre un frein à la détérioration.

Le régime Aquino reste soumis à l'impérialisme américain et il est l'instrument absolu de la grande bourgeoisie compradore et des propriétaires terriens.

La politique économique ne sort pas du cadre établi par la Banque mondiale et le Fond Monétaire International et reste entre les mains de l'ancienne clique de technocrates ayant la bénédiction de ces deux institutions - si changements il y a, ils ne concernent que certaines personnalités ou familles.

Cette clique a essentiellement appliqué des politiques qui ont aggravé le caractère de l'économie : une économie basée sur l'exportation de matières premières et sur l'importation de produits finis.

Elle a entravé une véritable réforme agraire et l'industrialisation du pays, se conformant aux souhaits de la finance internationale et du capital monopoliste.

Elle a nourri les grands compradores et les grands propriétaires terriens et a imposé aux travailleurs, aux paysans et à la petite bourgeoisie urbaine les pires privations et les pires souffrances.

L'économie, après une embellie partielle et de courte durée due à l’injection de nouveaux prêts et aides étrangères et à de grandes dépenses du gouvernement, s'est rapidement enfoncée dans une crise plus grande encore.

Elle a été ruinée par les déficits croissants des échanges et de la balance des paiements, un lourd endettement à l'égard de l'étranger, l'inflation galopante, les perturbations dans la production et les services sociaux, la défaillance dans l'approvisionnement alimentaire et en autres produits de première nécessité, le sous-emploi grave et un déficit budgétaire démesuré.

De plus, les taxes ont été augmentées dans des proportions insupportables. Tout ce qui précède indique que l'économie est en train de se désintégrer et de devenir contre-productive.

Une indication importante de la désintégration du système en place, ce sont les rivalités persistantes et violentes entre factions réactionnaires.

Les factions dirigeantes se battent et manoeuvrent l'une contre l'autre au parlement et dans les cadres légaux, mais aussi dans d'autres cadres armés et illégaux.

Le pilier armé de l'Etat semi-colonial, les Forces Armées des Philippines (AFP), sont profondément divisées.

La menace d'un coup d'Etat continue à peser sur le régime Aquino.

La menace ne vient pas seulement de factions ouvertement anti- Aquino mais aussi de la faction de Ramos.

Le régime Aquino, dans son désir de liquider le mouvement révolutionnaire, en accord avec les diktats de l'impérialisme américain, a adopté une politique de guerre totale qui impose le maintien d'éléments fascistes parmi les militaires.

A l'heure actuelle, la militarisation du pays est de loin plus large et plus profonde que sous le régime Marcos.

Des divisions et brigades de l'AFP mènent en permanence de vastes opérations militaires dans différentes régions de l'archipel. Comme avant, ces campagnes se caractérisent par des évacuations massives forcées, l'embargo alimentaire, la concentration de population dans des hameaux stratégiques, des massacres, des exécutions sommaires, des incendies, la torture, des arrestations illégales, des pillages.

Dans les zones urbaines, des raids militaires de grande envergure, des points de contrôle, des exécutions sommaires de militants, l'assassinat de dirigeants progressistes, la dispersion de grèves ou de manifestations, les arrestations illégales et autres formes de répression sont commises à rencontre d'organisations progressistes.

Le régime Aquino s'est vidé de toutes prétentions libérales, a adopté des méthodes fascistes et a intensifié la répression fasciste. La décision de la Cour Suprême de confirmer la légalité des arrestations sans mandat de personnes suspectées d'activités subversives et l'appel à l'instauration de la loi martiale émanant d'officiers militaires de haut niveau laissent prévoir une intensification du fascisme.

En dépit de tout cela, la situation insupportable pousse un nombre croissant de gens à protester et à résister.

La révolution armée continue à gagner la sympathie et le soutien plus large et plus profond du peuple.

Devant faire face aux offensives contre-révolutionnaires, les forces révolutionnaires forgent leur tempérament et apprennent à surmonter les difficultés. En dépit des pertes subies, le mouvement révolutionnaire a conservé toutes ses forces et est rapidement venu à bout des difficultés; il continue à se renforcer et à maintenir son avance.

Même de hauts responsables des AFP admettent qu'ils ne peuvent pas «écraser» le mouvement révolutionnaire dans les délais qu'ils se sont fixés.

L'impérialisme américain a manoeuvré pour maintenir ses bases militaires et arrêter la désintégration du système réactionnaire qu'il contrôle.

Il a mis en oeuvre un scénario de grande envergure pour obtenir un traité lui permettant de maintenir ses bases militaires au-delà de 1992.

Simultanément, il encourage, finance et soutient la «guerre totale» du régime Aquino contre le mouvement révolutionnaire et le peuple.

Etant, en fin de compte, le pouvoir qui décide de la politique des réactionnaires aux Philippines, les Etats-Unis manipulent les factions politiques et militaires réactionnaires au pouvoir.

Ils préparent l'installation du successeur d'Aquino et ils l'ont accusée de l'aggravation de la crise et de ne pas avoir pu faire face à la colère du peuple.

Les conditions objectives sont excellentes pour faire avancer la révolution à un niveau stratégique supérieur. Le mouvement révolutionnaire est tout à fait en mesure de surmonter des difficultés temporaires en rectifiant ses erreurs et ses manquements, en faisant progresser résolument le mouvement anti-impérialiste, antiféodal et antifasciste, en élargissant le front uni national et en se renforçant largement à travers le pays.

La situation actuelle est une excellente occasion de faire progresser le mouvement paysan révolutionnaire. Les développements sur le plan politique, militaire et économique, dans tout le pays, ont exacerbé les problèmes à la campagne.

La campagne est donc un terrain de lutte essentiel pour la solution de la plupart des questions importantes ayant un caractère national.

Etant donné la situation et les tâches du mouvement paysan révolutionnaire, nous devons comprendre et nous attaquer non seulement à des situations, des problèmes et des luttes particulières dans les localités, mais aussi les aborder toutes ensemble, avec la situation globale, les problèmes et les luttes dans le pays tout entier - et dans le contexte de cette situation d'ensemble.

La situation des masses paysannes

Le régime des grands propriétaires terriens compradores a montré ses pires aspects.

Les masses de paysans et autres travailleurs agricoles, qui représentent la grande majorité de la population, sont parmi les plus touchées.

Dans les deux dernières décennies après 1960 - après l'épuisement des terrains publics susceptibles d'être mis en culture par des paysans sans terre ou semi-propriétaires - le problème foncier s'est rapidement aggravé, l'exploitation féodale et semi-féodale s'est intensifiée et la vie est devenue de plus en plus pénible pour les paysans.

En dépit de l'augmentation de la production de palay et d'autres produits agricoles, due à un usage plus répandu de l'irrigation, d'engrais, de pesticides et de semences améliorées, et en dépit de l'augmentation du nombre de paysans engagés dans des secteurs autres que l'agriculture pour augmenter leurs revenus, plus de deux tiers des familles rurales sont devenues pauvres, alors que cette proportion était légèrement inférieure à 50% à la fin des années 60.

Maintenant, le Département de la Réforme Agraire le reconnaît lui-même, le pourcentage des paysans-métayers sans terre ou semi-propriétaires s'est accru. La prétendue réforme agraire de Marcos, qui limitait la distribution de terres à un petit pourcentage de paysans sans terre, n'a atteint que trois pourcent de ses objectifs.

Parmi les «bénéficiaires», beaucoup ont été saignés à blanc par la rapide hausse des prix des matières premières agricoles (input) et par les prix très bas des productions agricoles (output).

Donc, la distribution de terre, déjà limitée, a très vite été suivie d'une re-concentration des terres entre les mains des propriétaires terriens, des commerçants-usuriers et des paysans riches.

Pendant ce temps, des centaines de milliers de paysans-propriétaires ont été dépossédés par le biais de confiscation, d'expropriation pour des projets d'infrastructure et par évacuation forcée des zones de campagnes et d'opérations militaires des AFP.

De vastes zones de terres agricoles ont été saisies ou rachetées par des proches de Marcos, des compagnies agro-industrielles étrangères ou locales et des officiers militaires de haut rang.

Le programme de réforme agraire prétendument global d'Aquino a été une autre déception aussi grave, à bien des égards, que celui de Marcos.

L'allocation de trois hectares pour chaque descendant, en plus des cinq hectares alloués au paysan lui-même, a fait passer la superficie échappant à la réforme agraire à au moins trois quarts de la totalité des terres agricoles privées.

Les terres situées dans les haciendas et les plantations ont elles aussi échappé à la redistribution en vertu d'une interprétation très libérale de la mise en oeuvre de la réforme agraire, incluant la «participation aux bénéfices» et la vente d'actions aux travailleurs agricoles.

De plus, la réforme agraire peut être contournée par la conversion de terres à des usages commerciaux ou industriels, comme c'est le cas des terres agricoles couvertes par l'accord de National Development Corporation Marubeni.

Le prix des terres - peu nombreuses - soumises à la redistribution est bien au-dessus des moyens des paysans, mis à part une minorité de riches.

Et les paysans sont en réalité privés de tout pouvoir de décision dans le nouveau système d'établissement des prix agricoles.

La mise en oeuvre de la réforme agraire pour de vastes zones de terres privées a été délibérément remise à plus tard, de manière à accorder aux propriétaires terriens quelques années supplémentaires pour contourner la loi.

La seule chose dont le régime peut être fier, c'est le tour de passe-passe qui a transformé les certificats de transfert terrien (Certificate of Land Transfer = CLT) distribués en vertu du décret présidentiel 27 de Marcos en «brevets d'émancipation».

L'option de vente volontaire, destinée à accélérer la distribution de terres, a le plus souvent tourné à l'avantage des propriétaires fonciers, des bureaucrates et des officiers militaires, qui s'en sont servis pour se débarrasser de terres improductives à des prix exorbitants et piller ainsi les fonds destinés à la réforme agraire.

La venue au pouvoir du régime d'Aquino a bénéficié, à maints des égards, aux propriétaires fonciers, et spécialement à ceux de l'industrie de la canne à sucre à laquelle appartient Aquino.

Beaucoup de propriétaires fonciers ont récupéré ce qu'ils avaient perdu, spécialement pendant les dernières années du règne de Marcos, et ont même accru leur pouvoir économique et politique.

Ils ont fait usage du programme de privatisation pour récupérer des terres saisies en raison du non-paiement de leurs dettes au gouvernement. Ces terres ont été évaluées en dessous de leur prix et les propriétaires fonciers ont bénéficié d'emprunts et d'autres arrangements pour faciliter le payement.

De nombreuses autres formes de soutien et de stimulants se sont multipliées, notamment les aides à la production, les incitants à l'exportation de produits agricoles commerciaux. De plus, les campagnes militaires de l'AFP ont été étendues et intensifiées pour affaiblir le mouvement paysan et lui reprendre ce qu'il avait gagné lors de la révolution agraire.

L'exploitation féodale et semi-féodale se manifeste sous la forme de loyers exorbitants pour les terres, de bas salaires, d'usure et de manipulation des prix par les commerçants-usuriers, qui gonflent les prix des équipements agricoles et des biens de consommation et paient trop bon marché les produits agricoles.

Le rôle de ces commerçants-usuriers dans le processus d'exploitation féodal et semi-féodal s'est accru.

Leurs opérations constituent un réseau dont le but est de tirer profit de la paysannerie et des autres producteurs dans les zones rurales, à travers le contrôle qu'ils exercent sur l'octroi de prêts, les équipements agricoles, les inputs et les biens de consommation ainsi que sur l'achat et la distribution de la production paysanne.

Le programme Masagana 99, du régime Marcos - un programme supervisé d'octroi de crédits, sur le schéma de la «révolution verte» du FMI-BM - a encouragé l'usage généralisé et la demande d'engrais et de pesticides chimiques, de nouvelles semences, de machines et d'équipements agricoles, déversés ici par les multinationales de l'agrobusiness.

L'environnement technologique entourant l'introduction de nouvelles semences a encore accru l'endettement des paysans, la demande d'engrais et de pesticides et l'emprise plus étroite des commerçants-usuriers, mais elle a aussi accru l'importance des paysans comme source de profits pour les compradores et les multinationales.

Les ultimes bénéficiaires de l'accroissement de la production de riz, de maïs et autres produits agricoles n'ont pas été les paysans mais les sociétés multinationales américaines, les compradores et leurs adjoints qui ont tiré un profit énorme de la vente et de la fabrication de produits chimiques à usage agricole, de semences, de machines et d'équipements agricoles ainsi que de la construction de toute une infrastructure destinée à faciliter leur enrichissement.

Leurs profits ont dépassé l'augmentation de la production agricole, acculant la grande majorité de la paysannerie aux pires conditions de vie.

Au début des années 80, l'impact de la crise financière intense s'est fait sentir à son comble et le programme de crédit réactionnaire du gouvernement s'est avéré être un échec.

Conséquence de tout cela: le brusque déclin de la production de produits alimentaires et la crise sans précédent à la campagne.

Dans les zones rurales, le sous-emploi est devenu plus aigu que jamais auparavant.

Les zones frontières, où autrefois les paysans démunis trouvaient recours, ont été épuisées.

Et l'industrie, retardataire et faible même en temps de prospérité relative, ne peut offrir de l'emploi qu'à une petite partie des centaines de milliers de gens qui sont venus gonfler la main d'oeuvre, au fil des années. Les possibilités d'emploi à l'étranger se sont raréfiées à la suite de la fin du boom économique dans les riches pays pétroliers du Moyen-Orient ainsi qu'en raison des troubles dans cette région.

Plus de 40% de la population active du pays est sans emploi ou est sous-employée, dont la majorité en zone rurale.

Parmi ces gens, des paysans pauvres ou de la classe moyenne inférieure, des ouvriers agricoles, des ouvriers du transport, des aides dans des ateliers de réparation, des colporteurs, des artisans et autres, qui ne trouvent que des emplois à temps partiel ou occasionnels ou, pire encore, sont contraints de vivre aux dépens de leurs amis ou parents.

Comme dans les zones urbaines, la concurrence pour l'emploi est vive à la campagne, ce qui permet aux propriétaires fonciers, anciens et nouveaux, aux commerçants-usuriers et même aux paysans riches de réduire les salaires et de profiter davantage des paysans pauvres et moyens et des ouvriers agricoles.

L'intensification de l'exploitation féodaleet semi-féodale est donc alimentée par le désespoir de larges couches de la population à la campagne.

Dans les plantations et les haciendas produisant des produits commerciaux et destinés à l'exportation, les rares ouvriers agricoles réguliers et le grand nombre d'irréguliers subissent des pratiques et des conditions de travail inhumaines pour gagner leur vie et subsister.

Ils travaillent de longues heures pénibles pour des salaires de misère. Ils ne sont ni nourris ni habillés ni logés correctement.

Et ils n'ont aucune protection face à tous les risques naturels ou professionnels.

La crise qui a frappé Negros à la suite de la chute des prix du sucre sur le marché international a mis en lumière l'asservissement effectif des ouvriers agricoles ainsi que l'avidité des propriétaires fonciers.

Les ouvriers agricoles ont été soumis à la famine.

Et lorsque l'aide internationale est arrivée, les propriétaires terriers et les compradores se la sont en grande partie appropriée.

L'arriération persistante et le caractère semi-féodal de l'agriculture et de l'économie nationale ont aussi entraîné l'exploitation sans limite et l'épuisement des ressources naturelles ainsi que des dégâts écologiques de grande envergure.

Les classes dominantes parasitaires, étrangères et nationales, ont pillé sans retenue les ressources naturelles et humaines du pays, sans aucune considération pour les conséquences actuelles et futures. La destruction écologique est la conséquence directe de leur dépendance par rapport aux monopoles, de la manipulation, des privilèges, de la corruption et des moyens extra-économiques qui leur procurent un profit féodal plus important, des intérêts usuriers sur les prêts et du profit commercial, dépassant celui du prix du travail.

Le désespoir pousse les paysans et les ouvriers agricoles à augmenter leurs maigres revenus agricoles ou leurs salaires de misère en entreprenant des activités qui portent atteinte à l'environnement.

Non seulement ils subissent les critiques des médias bourgeois qui leur reprochent de porter atteinte à l'environnement, mais ils sont une seconde fois victimes des effets dévastateurs de ces dégradations écologiques.

Les catastrophes naturelles (comme les inondations) causées par la destruction du milieu accroissent la fréquence et l’ampleur de la destruction, elles compromettent la production, et font en plus planer de graves dangers sur la vie des gens.

Avec le renversement de la dictature fasciste de Marcos et l'accession au pouvoir de la clique d'Aquino, la répression fasciste et les attaques perpétrées sur les masses paysannes se sont accrues et intensifiées - contrairement aux attentes de bien des gens.

Les offensives des AFP ne se sont pas limitées à des offensives militaires de réactionnaires en général.

Il y a eu, en plus, des contre-offensives spécifiques, émanant des propriétaires terriens, contre les masses paysannes dans le but de récupérer les avantages acquis par celles-ci lors de la révolution agraire.

Les militaires fascistes, les propriétaires terriens, le gouvernement civil et les agences du gouvernement américain se sont tous alliés dans le schéma de «guerre totale» contre le peuple dans le but d'affaiblir et de démanteler le mouvement paysan révolutionnaire et l'armée du peuple.

Ils ont rassemblé leurs efforts pour mener des offensives militaires, former et armer les «Civilian Armed Forces Geographical Units» (CAFGU), lancer des opérations de renseignements et de guerre psychologique, ouvertes et secrètes, armées et non armées, directes et indirectes.

Pour priver les forces armées révolutionnaires de leur base populaire, le gouvernement a procédé à des tirs d'artillerie de grande envergure, des bombardements et des pilonnages pour acculer à l'évacuation les habitants des régions montagneuses.

Il s'est rendu coupable de massacres et d'exécutions sommaires de militants paysans, de pillages de récoltes et de maisons, de tortures, d'arrestations et de perquisitions illégales, de concentration forcée de population dans les centres des villes et dans de grands barrios, de saisies et de confiscations de propriétés de paysans, du démantèlement d'organisations paysannes, de la dispersion de rassemblements, d'intimidations et de harcèlement et autres formes de répression.

Cependant, les privations, l'exploitation intense et la répression n'ont fait qu'accroître les aspirations des masses paysannes au changement social.

Du temps de Marcos, les masses paysannes se sont largement organisées et se sont développées pour résister à la dictature fasciste.

Elles continuent à lutter et à progresser sous le régime réactionnaire et fantoche d'Aquino.

Les expériences accumulées par le mouvement paysan révolutionnaire, au cours des deux dernières décennies de luttes continues et générales, et l'accroissement simultané du niveau de conscience politique des paysans sont sans précédent dans notre histoire.

Le mouvement paysan révolutionnaire

Le renouveau et la progression du mouvement paysan révolutionnaire est un point fort dans le renforcement et la progression généralisés de la révolution démocratique populaire, sous la direction du Parti Communiste des Philippines.

Le mouvement paysan s'est étendu et s'est renforcé avec le progrès de la révolution agraire, la lutte armée, le mouvement des masses urbaines et le front uni national. Des centaines de dirigeants et de militants paysans, des officiers et des combattants de la NPA et des cadres du Parti ont sacrifié leurs vies pour amener le mouvement révolutionnaire à son niveau de force et à sa stature actuels.

Les bases de la progression du mouvement paysan révolutionnaire au niveau national ont été jetées en 1969, avant l'imposition de la loi martiale, et jusque vers le milieu des années 70.

Des unités armées de propagande (APU) ont été constituées dans la province de Luzon Central et du Nord, pour mener de la recherche sociale et mettre sur pied des organisations de masse ainsi que des embryons d'organes du pouvoir politique. Les APU, déployées dans les différentes régions, étaient constituées à la fois de cadres paysans formés et de cadres et militants issus du mouvement populaire urbain. Avec l'imposition de la loi martiale, les forces chargées de faire du travail de masse et de démarrer la guérilla à la campagne ont été rejointes par une nouvelle vague de cadres et de militants venus des villes.

Pour que la révolution s'enracine profondément parmi les masses paysannes, la revendication d'une révolution agraire a été propagée dans le contexte de la révolution démocratique populaire.

En 1971, le Comité Central a rédigé le «Guide Révolutionnaire pour la Réforme agraire» pour impulser la mise en oeuvre de la révolution agraire.

En dépit de leur manque d'expérience, les forces révolutionnaires ont réussi à réaliser clandestinement la réduction du loyer de la terre, à mettre sur pied des coopératives de producteurs et de consommateurs, à combattre les pratiques d'exploitation des fournisseurs de main d'oeuvre (monteras), et ont encouragé la coopération (bayanihan) dans le travail agricole, tout en liquidant des criminels et autres mauvais éléments et en recherchant des solutions aux problèmes dans les barrios.

Les terres de nombreux propriétaires terriens despotiques ont été confisquées et distribuées aux masses ou confiées à la gestion d'organisations populaires.

Les problèmes persistants auxquels les APU ont été confrontés sont: le manque d'expérience, la recherche d'un équilibre correct entre le travail de consolidation et d'expansion, le danger de s'exposer à l'ennemi résultant d'un défaut d'organisation, la tendance à se fier excessivement aux armes plutôt qu'aux organisations de masse et aux actions de masse dans les luttes antiféodales, les tendances gauchistes et droitières dans les discussions avec des paysans riches et d'autres alliés ou alliés potentiels.

Exception faite de la mise sur pied du Pagkakaisang mga Magbubukid ng Pilipinas (PMP), qui a été liquidé dans le sang, et de quelques occasions à Tarlac et Isabela au cours des dernières années, on n'a pas recouru à des formes ouvertes de propagande ou autres activités destinées à impulser le mouvement populaire et résister à la répression imposée par les AFP et aux évacuations forcées.

On a subi des revers dus au lancement ou à l'intensification prématurée d'opérations militaires ne tenant pas compte des représailles ennemies.

La confiscation de terres a été réalisée trop rapidement à Tarlac en 1972 et à Sorsogon en 1974 et s'est soldée par la liquidation du mouvement paysan par les propriétaires, qui ont recouru à des moyens militaires.

Vers le milieu des années 70, le Comité Central a rassemblé les expériences de la première étape de la formation de fronts de guérilla et de la base populaire à la campagne.

Les leçons et les clarifications sont expliquées dans «Our Urgent Tasks».

Ce document engageait à considérer la lutte antiféodale comme la clé pour faire progresser le mouvement populaire rural.

Il incitait à mettre en oeuvre le programme minimum de révolution agraire et à impulser plus consciencieusement différents types de campagnes populaires.

En ce qui concerne le travail d'organisation, ce document attirait l'attention sur la mise en place d'organisations populaires, la formation et le développement de dirigeants et de militants populaires, les méthodes de travail clandestin et le développement coordonné dans certaines zones.

En même temps, des tâches ont été clarifiées en vue de la propagation des activités de guérilla dans le stade précoce de la défensive stratégique.

Le mouvement paysan révolutionnaire a progressé plus résolument parce que les tâches ont ainsi été clarifiées en tenant compte de la capacité actuelle du mouvement et de son niveau de développement.

Vers la fin des années 70, on a assisté à une expansion prononcée et à une consolidation de la base populaire et des fronts de guérilla dans des zones stratégiques de l'archipel.

Les groupes et comités organisés de diverses organisations populaires se sont multipliés. Des campagnes pour la réduction clandestine du loyer de la terre et pour d'autres objectifs du programme minimum de la révolution agraire ont été lancées et largement répandues.

Les unités de guérilla de l'armée du peuple ont acquis un plus grand espace de manoeuvre et les offensives tactiques se sont progressivement accélérées dans les différentes régions.

Un autre progrès important est sans conteste le resserrement des liens et la coopération entre le mouvement paysan et le mouvement urbain.

Les organisations basées en zone urbaine ont envoyé des équipes de cadres et de militants pour entamer du travail parmi les masses et préparer ainsi la mise en place de zones de guérilla dans certaines parties de la campagne.

Dans certaines zones, des forces urbaines ont commencé à organiser ouvertement des organisations paysannes.

Les forces rurales ont fait preuve de plus d'audace et de créativité dans le lancement de mobilisations ouvertes de paysans contre les abus fascistes, dans les saisies de terres ainsi que dans d'autres questions persistantes concernant les paysans dans les villages.

Les luttes antifascistes ouvertes des masses paysannes se sont rapidement étendues à de nombreuses parties du pays.

Dans beaucoup de régions, les luttes ouvertes des paysans ont servi de base pour redonner vigueur au mouvement progressiste ouvert et aux luttes dans les principales villes. Des organisations paysannes ouvertes et des alliances ont été formées dans différentes régions.

L'orientation du mouvement paysan révolutionnaire s'est encore confirmée sur base des clarifications ultérieures - faites par les différentes composantes de l'organisation du Parti, comme à Central Luzon, Mindanao et Negros - sur la nature du système semi-féodal prévalant dans le pays ainsi que sur base d'études de documents rédigés par José Maria Sison à ce sujet.

La première moitié des années 80 a été une période de progression rapide pour le mouvement paysan révolutionnaire et d'extension rapide de la guérilla.

On a aussi assisté à cette époque au renforcement de la protestation et des mouvements de masse dans les villes.

Les campagnes en faveur de la réduction clandestine du loyer de la terre [La réduction clandestine du loyer de la terre consiste en la récolte d'une partie des produits agricoles au profit des locataires, à l'insu du propriétaire terrien.] et pour une augmentation des salaires ont été menées dans beaucoup de barrios.

Dans certaines zones, des campagnes en faveur d'une réduction déclarée du loyer de la terre ont été lancées.

[La réduction déclarée du loyer de la terre consiste en une négociation et un accord entre le propriétaire terrien et l'association paysanne.]

Les alliances et organisations légales de paysans se sont multipliées et se ont été les fers de lance d'alliances antiféodales et de nombreuses alliances multisectorielles à différents niveaux.

Les luttes paysannes coordonnées ont parfois atteint le niveau de luttes politiques ouvertes étendues et des grèves populaires (welgang bayan) ont touché certaines régions et provinces.

Elles ont joué un grand rôle dans le renversement de la dictature fasciste de Marcos et des Etats-Unis.

De grosses organisations populaires ont été constituées dans les barrios ; il y avait des organisations paysannes clandestines au niveau municipal, des organes du pouvoir politique et des comités du National Démocratie Front ainsi que des branches et des sections du Parti.

Mouvement populaire et guérilla allaient effectivement de pair dans les régions montagneuses de l'intérieur, dans les plaines, dans les zones attenant à des centres de population et le long des principaux axes de transport.

Il était plus facile de tenir compte des spécificités des localités ainsi que les particularités des productions locales.

La consolidation des barrios et de certaines organisations de masse a entraîné une bonne assise et la stabilité.

En même temps, l'extension ou le développement dans les plaines, la pratique effective d'activités ouvertes dans les villes et les centres urbains ainsi que les organisations et alliances paysannes ouvertes ont assuré une zone d'influence et un champ de manoeuvre suffisant.

Cette expansion rapide au cours de la première moitié des années 80 a représenté un progrès considérable. Cependant, en de nombreux endroits, on n'a pas accordé suffisamment d'attention au travail annexe, nécessaire à la consolidation.

La consolidation n'a pas été accompagnée d'une extension rapide des organisations de masse dans les barrios.

Le travail d'éducation et de propagande parmi les masses n'a été ni soutenu ni systématique.

Dans beaucoup de régions, par exemple, les campagnes antiféodales ont été non seulement sporadiques mais encore incomplète, négligeant la consolidation organisationnelle et l'amélioration de la production.

En beaucoup d'endroits, on a assisté à un net déclin de la qualité de la direction, des cadres et des militants mis au travail dans les localités, déclin résultant de graves insuffisances dans la formation et le développement de ces cadres et militants.

En conséquence, le développement de la direction et des structures de coordination au niveau des villes, des districts et des provinces a été extrêmement lent.

Pendant cette période, le caractère antifasciste des campagnes coordonnées et extensives en milieu paysan a prédominé.

C'était déjà, en soi, un grand progrès, mais la révolution agraire aurait pu être menée plus loin et renforcée par des campagnes antiféodales coordonnées, spécialement celles concernant des questions concrètes et particulières mais touchant beaucoup de gens.

Quelques expériences en ce sens ont eu lieu, comme la campagne contre le monopole dans l'industrie de la noix de coco à Luzon Sud, la campagne concernant les engrais et les pesticides à Luzon Central et la campagne contre Cellophil et Chico Dam à Luzon Nord.

Seules quelques-unes d'entre elles ont été poursuivies au point de nous assurer le support actif et la participation d'un grand nombre de gens et d'obtenir des avantages significatifs.

La plupart n'ont pas été poursuivies, pour différentes raisons.

Souvent, parce que l'on y a pas consacré une attention suffisante, parce qu'on n'a pas trouvé les formes correctes d'organisation et de lutte, parce qu'on a déployé des efforts inadéquats pour mobiliser les masses, ou parce qu'on a commis des erreurs au niveau de la propagande.

Il est évident qu'on n'a pas entrepris de campagne de grande envergure contre les commerçants-usuriers, même si partout les masses se plaignaient beaucoup d'eux.

Sous le régime fantoche d'Aquino, le mouvement paysan a été de ceux qui ont pris les devants en appelant à la poursuite de la révolution populaire démocratique et en dénonçant les prétentions de ce régime ainsi que son incapacité à résoudre les problèmes sociaux fondamentaux.

Dans les zones de guérilla, on a poursuivi la propagation du programme minimum de la révolution agraire, ainsi que la confiscation sélective et la distribution de terres.

Dans l'arène publique, le mouvement paysan s'est associé à la lutte parlementaire pour faire respecter la réforme agraire, tout en poursuivant l'occupation de terres non cultivées ou appartenant au gouvernement dans différentes régions du pays. Les campagnes antiféodales, légales et illégales, ont été étendues et intensifiées en raison de la détérioration continue des conditions de vie dans la campagne.

Une question majeure est celle de l’expansion continue et du renforcement du mouvement paysan face aux campagnes militaires massives et prolongées du régime Aquino, soutenu par les Etats-Unis.

Les AFP ont pu continuer à intensifier leurs campagnes et leurs opérations «contre-insurrectionnelles» grâce à des dépenses militaires effrénées, à l'assistance militaire accrue des Etats-Unis et à un renforcement des troupes des AFP.

La priorité immédiate des opérations des AFP est d'affaiblir et liquider le mouvement populaire et la base populaire de la révolution.

En période d'attaques intenses de l'ennemi, il est naturel que certaines zones du mouvement populaire et des fronts de guérilla soient temporairement abandonnés.

Ce sont généralement des zones non consolidées ou situées en terrain facilement accessible et contrôlable par l'ennemi.

Cependant, de vastes zones de guérilla ont été abandonnées et beaucoup d'entre elles n'ont pas été récupérées, à la suite d'erreurs et de manquements de la part du Parti et du mouvement, ainsi que de l'extraordinaire intensité des assauts de l'ennemi.

Dans des zones abandonnées depuis longtemps, spécialement si celles-ci ne sont pas bien consolidées, les propriétaires terriens ont récupéré les avantages que le mouvement paysan avait gagnés.

Quand la perte de grandes portions de nos fronts de guérilla n'est pas compensée par une expansion dans d'autres zones, de sérieux problèmes surviennent dans les communications et l'approvisionnement ainsi que dans la mobilité des unités de guérilla et des autres forces.

Beaucoup de nos fautes et de nos faiblesses internes ont été soulignées dès le milieu des années 80 mais elles n'ont pas été traitées avec assez de fermeté et on n'a pas accordé assez d'attention et d'efforts à leur rectification.

Elles se sont encore compliquées en raison des assauts de l'ennemi.

Dans certains endroits, on a commis des erreurs politiques et militaires qui ont provoqué des reculs et la confusion dans les rangs des cadres et des militants, la perte d'enthousiasme ou, pire encore, des atrocités parmi les masses.

Les plus graves de ces erreurs ont été les excès commis lors des campagnes anti-infiltration et des actions militaires, qui ont causé de grands dommages parmi les masses ou ont porté gravement préjudice à la réputation de l'armée du peuple.

Il y a aussi eu des cas de reculs dus à l'intensification prématurée de luttes antiféodales à des niveaux dépassant la capacité du mouvement populaire et du mouvement dans son ensemble dans certaines zones.

En général, le mouvement paysan est resté étendu et fort en dépit des reculs et des épreuves.

Le mouvement révolutionnaire englobe un quart du nombre total des barrios du pays.

Dans les deux dernières décennies, des milliers de cadres et de militants ont été formés et intégrés dans le mouvement paysan.

Ce qui est nécessaire, c'est de renforcer la direction et l'orientation qui lui est donnée, de produire et d'entraîner de nombreux autres militants pour l'aider à faire face à ses multiples tâches.

Le mouvement paysan a accumulé de riches expériences dans différentes formes et fronts de la lutte, dans différents types de régions, et dans différentes sortes de campagnes, de l'échelon local à l'échelon national.

Si les manquements, les faiblesses ou les erreurs sont rectifiées à fond, le mouvement révolutionnaire peut rapidement dépasser son développement et sa force antérieurs, particulièrement dans la situation actuelle où la crise socio-économique et politique du système au pouvoir est très intense.

Tâches pour progresser dans les années 90

Accroître le niveau du mouvement paysan révolutionnaire et de sa lutte ! Donner une forme claire au mouvement paysan révolutionnaire aux niveaux provincial, régional et interrégional.

Et le relier fermement à la lutte nationale.

Telle est la tâche générale pour faire progresser le mouvement paysan révolutionnaire dans les années 90.

En cette époque de désintégration rapide du système dominant réactionnaire, nous devons progresser résolument et intensifier la lutte antiféodale, en liaison avec les luttes antifasciste et anti-impérialiste.

Nous devons combattre et déjouer la politique de «guerre totale» du régime Aquino-USA, renforcer globalement le mouvement paysan révolutionnaire et faire avancer la guerre populaire au niveau supérieur et, progressivement, vers la victoire finale.

En nous appuyant sur la force accumulée au cours des deux dernières décennies et sur la position acquise par le mouvement paysan dans les localités et dans toute la campagne, nous devons ensuite étendre et approfondir le mouvement populaire rural, mettre en oeuvre de manière extensive et systématique le programme minimum de la révolution agraire et, simultanément, intensifier les campagnes visant les principaux piliers du système féodal et semi-féodal dans les provinces et les régions, et étendre et renforcer le pouvoir démocratique du peuple.

Il faut continuer à approfondir la base populaire à la campagne à travers la mise en oeuvre du programme minimum de la révolution agraire, la formation et la consolidation des organisations populaires de base et des organes du pouvoir politique dans les barrios et les communes.

Parallèlement, il faut parvenir à une amélioration de la production et des moyens de subsistance des masses, au renforcement de leurs efforts en vue d'améliorer leur moyens d'existence et de résoudre leurs problèmes quotidiens ; il faut développer leur capacité à se défendre eux-mêmes et accroître leur conscience politique et leur niveau culturel.

Nous devons établir et renforcer le pouvoir démocratique et le contrôle du peuple sur des zones rurales sans cesse plus vastes - des régions montagneuses aux plaines - et préparer avec détermination les conditions de la réalisation de la réforme agraire.

En même temps, le mouvement paysan révolutionnaire doit développer au maximum son champ de pouvoir et d'influence en augmentant le niveau des campagnes et des luttes antiféodales coordonnées et en avançant des campagnes politiques extensives de caractère antifasciste et anti-impérialiste.

Nous devons donner vigueur aux campagnes et aux luttes antiféodales aux niveaux provincial, régional et interrégional et viser les principaux piliers de l'exploitation et du pouvoir féodal et semi-féodal.

Un tel niveau de lutte requiert une combinaison adéquate de forces et de luttes - légales et illégales, armées et non-armées - des masses paysannes.

Il faut de la ténacité au combat, le plus possible de forces mobilisables et de sources de soutien - par des moyens directs et indirects - et l'espace suffisant pour mener des manoeuvres légales.

Nous devons sans cesse défendre le maximum des zones touchées directement par le travail populaire et par les organisations populaires ainsi que garantir le plus large espace de manoeuvre aux unités de l'armée du peuple.

Nous devons accorder une attention particulière à notre expansion dans les plaines et le long des principales voies de communication, spécialement parce qu'elles sont la cible des opérations d'«étranglement graduel» de l'ennemi.

Le mouvement révolutionnaire populaire doit effectivement englober des provinces entières et de grands morceaux de régions.

Le développement d'une base populaire large et bien enracinée à la campagne est décisif pour impulser et faire progresser la guerre populaire dans la voie du mûrissement de la défense stratégique.

C'est la condition la plus importante pour faire avancer la guérilla de manière extensive et intensive, pour développer les composantes d'une guerre militaire mobile et préparer les conditions politiques, culturelles, logistiques du niveau stratégique supérieur et de la victoire totale. En développant le mouvement populaire à la campagne - c'est le mouvement populaire principal dans la révolution démocratique du peuple - nous constituons la force la plus importante susceptible de faire avancer sur tous les fronts la lutte anti-impérialiste, antiféodale et antifasciste et pour soutenir les soulèvements populaires au moment où le système dominant sera secoué par des convulsions.

Le mouvement paysan révolutionnaire sera confronté à des tâches et des luttes majeures dans les années 90.

Il dispose d'une base suffisante pour remporter de plus grandes victoires et apporter une contribution plus importante à la révolution démocratique du peuple. Ce ne sera pas facile.

Ceci nécessite une lutte dure et résolue et une attention suffisante au développement de diverses conditions. Ceci nécessite aussi la rectification des faiblesses et des erreurs et la résolution des problèmes qui ont longtemps été un frein à la progression rapide du mouvement paysan révolutionnaire.

Tâches particulières pour faire progresser le mouvement paysan révolutionnaire

1. Nous étendre en direction des concentrations de population et des principaux centres d'exploitation féodale ou semi-féodale.

>Le nombre actuel de barrios et de terrain couverts par le mouvement paysan permet la flexibilité et procure suffisamment de champ de manoeuvre aux unités de l'armée populaire.

Cependant, au cours des dernières années, on a assisté à une réduction considérable du nombre de ces barrios dans les plaines et les zones de faible altitude. Aujourd'hui, près de 80 % du nombre total de barrios sous contrôle ou influence révolutionnaire sont situés en zones montagneuses.

Face aux coups et aux assauts de l'ennemi au cours des dernières années, le mouvement populaire dans les barrios en zones montagneuses s'est bien maintenu alors qu'un grand nombre de barrios ont dû être abandonnés dans les plaines et le long des principaux axes de transport.

En outre, la plupart des zones nouvellement conquises ou récupérées l'ont été en régions montagneuses.

Bien que ceci soit naturel, certaines faiblesses internes ont joué un rôle. Des reculs résultant de fautes dans la formation et le développement de cadres et de militants déployés dans le travail de masse se sont plus souvent produits ou ont eu des conséquences plus profondes dans les plaines.

Là, ainsi que dans les zones de fronts de guérilla, on commet aussi parfois des erreurs (négliger de s'étendre, par exemple) parce que les cadres dirigeants et le gros des forces se préoccupent davantage d'installer la machinerie du pouvoir, de mettre en oeuvre la réforme agraire et de consolider les bases de la guérilla à des niveaux dépassant ce qui est généralement nécessaire pour le développement des fronts de guérilla.

Dans de nombreuses régions, il y a quelques problèmes dans la manière de concevoir les tâches et les méthodes du mouvement révolutionnaire dans les plaines.

Nous devons accorder une attention particulière à l'expansion et à la reconquête dans les plaines et les basses terres. Bien qu'il y ait là de l'espace suffisant pour les manoeuvres des unités de l'armée populaire, l'abandon ou le rétrécissement excessif de nos zones d'influence dans les plaines et les basses terres a aussi entraîné, dans certaines régions, une diminution significative de la base populaire, un affaiblissement des liaisons avec les centres de population, une réduction de l'espace de manoeuvre politique et des difficultés dans le flux de communications et l'approvisionnement entre les fronts de guérilla et la campagne et les zones urbaines.

Le contrôle effectif des plaines, des côtes et des zones situées le long des grand-routes - à l'exception des zones montagneuses et forestières - accroîtrait la capacité de manoeuvres politiques du mouvement de masse et, de la sorte, entraverait l'objectif d'«étranglement graduel» du gouvernement Aquino-USA - qui est de chasser les forces révolutionnaires des concentrations de population pour les repousser dans des zones relativement peu peuplées et les acculer ainsi à une bataille en situation purement militaire.

Un tel contrôle servirait aussi à préparer la poursuite de la lutte antiféodale, antifasciste et anti-impérialiste.

Le mouvement paysan révolutionnaire doit atteindre et se lier au plus grand nombre dans les zones rurales. Et il doit renforcer sa position dans les zones qui sont les piliers de l'ordre féodal et semi-féodal. Les plaines sont essentielles pour des menées intensives et extensives de guérilla. Elles sont aussi nécessaires pour préparer les conditions d'avancement de la guerre régulière mobile.

La nécessité de s'étendre en direction des zones fort peuplées du pays ne diminue en rien la valeur des zones intérieures ou forestières, qui constituent les arrières du mouvement paysan révolutionnaire.

Nous devons travailler continuellement au renforcement du pouvoir politique démocratique, du mouvement de masse et de la lutte armée dans les zones intérieures et forestières. Cependant, nous devons nous étendre vers les plaines de manière à acquérir la flexibilité et la capacité de manoeuvre maximales que nous procure le travail dans des terrains différents.

De la sorte, nous renforcerons les forces révolutionnaires dans leur globalité.

S'étendre en direction des plaines ne sera pas facile étant donné l'état d'alerte des forces régulières et paramilitaires des AFP ainsi que la présence en nombre et en force de l'ennemi de classe en ces lieux.

Mais l'exploitation féodale et semi-féodale y est intense et la population est pauvre.

L'aspiration du peuple à résoudre ses problèmes ne peut pas être réprimée par les militaires, par le gouvernement réactionnaire, les propriétaires terriens, les commerçants-usuriers ni les grandes sociétés agro-alimentaires.

S'étendre en direction des plaines ou y reconquérir des zones nécessite la combinaison de différentes méthodes d'organisation - légales, semi-légales et illégales.

Cela implique que nous fassions preuve de flexibilité dans nos méthodes : on peut faire usage d'équipes d'expansion armées et d'unités de propagande armées ainsi que d'organisations légales basées dans les villes ; il y a aussi des cas où les cadres du Parti peuvent être utilisés dans des agences du gouvernement réactionnaire ou dans des bureaux de certaines institutions influentes.

La sphère de manoeuvres légales est assez ample pour nous permettre d'atteindre, d'organiser et de tenir les masses en éveil tout en assurant la sécurité de nos forces et de notre travail.

Il est utile que des alliés du mouvement paysan puisse lui procurer une couverture ou un soutien.

Lors de notre extension, il faut faire converger deux objectifs : développer des fronts de guérilla adjacents et des fronts de guérilla éloignés mais faisant partie de zones prioritaires sélectionnées au préalable.

En ce qui concerne l'expansion dans les plaines, il peut y avoir des zones rouges, rases ou blanches, présentant des niveaux de consolidation différents, des niveaux et des formes de contrôle et d'initiative populaires différents, ayant leur propre combinaison d'organisations et d'activités déclarées ou clandestines, armées et non armées.

En développant de manière coordonnée le mouvement de masse, la guerre de guérilla et les éléments de guerre régulière mobile, il est possible d'avoir, en différentes places et en différentes occasions, des équilibres différents de travail et de luttes armées et non armées, légales et illégales.

En terrain montagneux ou forestier servant de base et d'arrière à des groupes relativement important ou à de grandes unités de guérilla de l'armée du peuple, le travail militaire et les offensives militaires peuvent se faire à relativement grande échelle.

Il est aussi possible, sur cette base, d'y installer des organes du pouvoir politique et de systématiser et développer la production et les moyens d'existence des masses sous l'autorité révolutionnaire.

Dans l'ensemble, la situation militaire et le travail militaire devrait prédominer tout en développant, simultanément, diverses campagnes de masse, en maintenant des relations avec des actions de masse légales et ouvertes, et en se ménageant des occasions de les rejoindre et de les utiliser.

Dans les plaines et les basses terres fort peuplées, nous continuerons à développer de manière extensive et intensive la guérilla et le mouvement de masse, bien que, de temps en temps, les unités principales de l'armée du peuple puissent aussi mener des actions en ces lieux.

Une situation généralisée de guérilla intense devra prévaloir mais, pendant une période relativement longue, il y aura des recouvrements, des chevauchements de plusieurs forces; différentes zones d'opération et d'influence se recouperont, il y aura des modifications de frontières et certaines zones de contrôle seront élargies.

Nous devrons adapter à une telle situation les formes, les méthodes et les procédés destinés à maintenir le pouvoir politique démocratique et le mouvement de masse révolutionnaire, tout en renforçant continuellement la base populaire et en consolidant la zone la plus large possible.

Les actions et les luttes armées dans ces zones devront être développées sur base des tâches d'expansion et d'approfondissement de la base populaire et au service de celles-ci.

2. Promouvoir de larges luttes agraires dans des zones plus étendues

Des millions de paysans ont déjà tiré profit des luttes antiféodales et c'est la raison principale du soutien populaire résolu dont bénéficie le mouvement révolutionnaire, en dépit du terrorisme fasciste des AFP et autres réactionnaires.

Mais de grands efforts sont encore nécessaires pour mieux soutenir et accroître le niveau général des luttes paysannes.

Alors que les luttes en faveur du programme minimum de la révolution agraire sont extensives et sont toujours en cours, on remarque que, dans de nombreux barrios, celles-ci ne sont pas soutenues et qu'on n'entreprend pas l'amélioration de la production, la consolidation politique et organisationnelle ni l'amélioration du travail culturel.

La raison principale de cette lacune, ce ne sont pas les opérations de l'ennemi, bien qu'il soit naturel que des problèmes surgissent dans des zones où l'ennemi concentre ses forces.

Une grande partie du problème résulte d'un manque d'attention et de planning, d'un manque d'effort d'organisation des masses, et de fautes dans la formation des cadres et des militants spécialisés dans ce genre de travail.

En général, les campagnes antiféodales qui sont entreprises actuellement le sont au niveau du barrio.

Habituellement, on entreprend des campagnes simultanées impliquant des barrios voisins, bien que les objectifs et les méthodes de lutte soient fixés au niveau du barrio.

Il existe une coordination à un échelon supérieur au barrio, mais celle-ci se limite essentiellement à établir le niveau général des réformes à combattre et à fixer le moment du lancement de la lutte.

Dans quelques zones seulement, ont eu lieu des campagnes et des luttes antiféodales coordonnées et lancées directement à un niveau supérieur à celui du barrio.

Et dans des zones plus rares encore, de telles campagnes et luttes ont été soutenues.

Les campagnes antiféodales coordonnées à un niveau supérieur au barrio sont nécessaires pour lancer et faire progresser des luttes importantes, visant des problèmes ressentis et dénoncés par les masses en de nombreux endroits, spécialement dans les plaines.

Le plus important de tous ces problèmes est l'exploitation des gens par les commerçants-usuriers.

Un autre est l'exploitation des masses - et les problèmes qui lui sont liés - dans les plantations, les haciendas et les circuits commerciaux.

Il faut encore ajouter à cela les politiques et les programmes du gouvernement réactionnaire auxquels il faut résister et qu'il faut combattre ; le besoin des masses d'être secourues face à la crise intense dans la campagne, la désorganisation de la production, les catastrophes et les ravages causés par les AFP.

Ces luttes sont aussi nécessaires pour soutenir des campagnes à l'échelon du barrio, comme la réduction du loyer de la terre, le relèvement des salaires des ouvriers agricoles et l'amélioration de la production.

La réduction du loyer de la terre et l'augmentation des salaires des ouvriers agricoles sont des revendications liées à lutte pour une augmentation des prix des produits agricoles, pour un abaissement des prix des inputs agricoles, pour un crédit suffisant à des taux d'intérêts raisonnables, pour un subside gouvernemental et pour un redressement rapide de la production en période de bouleversements importants.

Le besoin existe depuis longtemps de donner au mouvement paysan une forme et une présence plus affirmée dans les localités, entre les luttes à l'échelon du barrio et les appels et actions de protestation au niveau national.

Les recherches sociales et les analyses de classe des territoires, régions et provinces ont été achevées et sont utilisées comme base pour la formulation de programmes concrets pour les luttes paysannes dans les localités.

Nous avons mis en place un mouvement de masse large et puissant.

Maintenant, il est possible et nécessaire de renforcer les campagnes paysannes locales, de les faire soutenir davantage, de leur conférer une orientation plus définie, un impact politique plus grand, de les orienter davantage sur les principaux piliers de l'ordre féodal et semi-féodal.

Dans l'ensemble, le mouvement paysan s'en tient au niveau de l'application du programme minimum de la révolution agraire.

Dans certains endroits et dans certains cas privilégiés seulement, il est possible et judicieux de mettre en oeuvre le programme maximum de confiscation et de distribution de terres, en fonction de la force globale atteinte par le mouvement révolutionnaire dans la région.

En général, il est possible de développer de nombreux types et formes de luttes paysannes de portées diverses de manière à créer les conditions d'une amélioration de la production et d'une expansion vigoureuse et générale du mouvement de masse et des luttes révolutionnaires à la campagne.

Tout en développant et en intensifiant les luttes antiféodales, nous devons nous méfier d'une avancée hasardeuse et prématurée, d'une intensification des affrontements et d'un accroissement prématuré des niveaux de demandes.

Nous devons suivre fermement la ligne de classe du front uni antiféodal et la situer dans le contexte du front uni national.

3. Mettre en place des organisations paysannes révolutionnaires dynamiques au niveau des villes, des districts et des provinces.

Une organisation paysanne révolutionnaire, dynamique et militante concentre la force des masses paysannes.

Elle est aussi un véhicule leur permettant de lancer leurs différentes campagnes et luttes d'une manière soutenue.

Le Pambansang Kalipunan ng Magbubukid (PKM-National Union of Peasants) est l'organisation démocratique nationale des masses paysannes.

Il regroupe aussi des organisations démocratiques nationales de pêcheurs et de travailleurs agricoles.

Actuellement, des bureaux du PKM existent au niveau des barrios et un grand nombre au niveau des villes.

Le «Guide for Solid Organizing» nous a permis de mettre en place des organisations paysannes ayant une large base de membres et un noyau de militants et de cadres fiables.

Nous continuons à reconnaître la justesse et l'opportunité fondamentales de ce guide.

Ce que nous devons résoudre, ce sont les fautes et les problèmes provenant de la mise en oeuvre de ce guide par des cadres dont le niveau de formation au travail de masse est inadéquat.

Pour ne citer que quelques-uns de ces problèmes : déviations par rapport à la politique des classes dans la mise en place d'organisations, dépendance excessive à l'égard du cadre responsable de la guidance, incapacité à développer l'initiative de l'organisation de masse et retard dans la formation d'organisations de masse à part entière.

Dans de nombreux endroits, il existe une tendance notoire à maintenir longtemps en place de petits groupes ou cellules clandestins, sans identité organisationnelle claire.

Habituellement, les paysans sont seulement conscients de leur appartenance à un groupe organisateur (OG) ou à un comité organisateur (OC) et non pas de leur appartenance au PKM.

La structure et le programme pi us large du PKM ne les atteint pas. Les masses paysannes ne ressentent pas le mouvement et le dynamisme de l'organisation dans son ensemble.

Souvent, une raison primordiale de ce style d'organisation est la sécurité face aux attaques fascistes perpétrées par les AFP sur les masses révolutionnaires.

Néanmoins, il est important de favoriser l'organisation des paysans et de développer, parmi les masses paysannes, la conscience que leur force provient de leur unité au sein d'une organisation.

La vie organisationnelle peut être renforcée sans compromettre la sécurité face aux assauts impitoyables de l'ennemi. Une manière est d'avoir recours à une couverture ouverte et légale pour des activités clandestines ou illégales.

Une autre est de combiner les activités de groupes et les rencontres secrètes avec des conférences fréquentées par tous les membres de l'organisation ou par certains de ses représentants.

Les statuts et le programme du PKM ainsi que son organe de presse doivent être propagés et le peuple doit être encouragé à écouter Radio Sierra Madré partout où elle existe.

Les comités de barrio et les conseils urbains doivent aussi formuler et mettre en oeuvre des programmes politiques, organisationnels et éducatifs concrets.

Les mobilisations de masse auxquelles nous sommes habitués, comme celle pour l'installation de la New People Army, pour le travail de renseignements, pour les contributions dans l'entretien des cadres et combattants à temps plein et pour des sessions d'éducation périodiques, devraient être transférées à ces comités et conseils et incorporées dans leurs programmes.

En assurant aux masses paysannes une solide emprise sur ces activités, on jettera les bases d'une relation et d'une coopération dynamique parmi les membres et les dirigeants de l'organisation paysanne et on garantira le soutien de ces activités.

En période d'assauts intenses de l'ennemi, on peut procéder aux ajustements qui s'imposent dans la structure et les méthodes de l'organisation pour garantir que des relations seront maintenues avec les membres et les activités tout en assurant la sécurité.

On peut donner plus d'importance au rôle et aux activités de petits groupes qui fournissent une couverture légale, comme par exemple une association de production ou une organisation ayant les faveurs du gouvernement réactionnaire.

D'autres organisations de masse - organisations de femmes, de jeunesse, associations culturelles et autres - doivent être développées en accord avec le PKM.

Il faut encourager leur sens de l'initiative et leur créativité dans le développement de leurs organisations et de leurs activités.

La valeur du mouvement et des organisations paysannes légales ne fait plus l'objet d'un débat.

La pratique a démontré que le mouvement et les luttes paysannes légales sont essentielles et s'intègrent à l'ensemble du mouvement paysan révolutionnaire.

Le rôle des organisations paysannes légales continuera à gagner en importance lors du processus d'expansion et de consolidation du mouvement paysan révolutionnaire et lors de la mise en oeuvre de campagnes et de luttes de masses.

Saisissons résolument les occasions légales d'organiser les paysans et de développer leurs luttes!

Un centre national, légal, du mouvement paysan a été établi dans la seconde moitié des années 70 et des organisations paysannes légales auraient pu être mises en place de manière plus extensive.

Mais certains ont alors formulé la crainte de voir le mouvement paysan consacrer excessivement sa force clandestine nouvellement mise en place à des activités légales, et devenir ainsi une cible découverte pour l’ennemi.

Après avoir réalisé que des organisations légales pouvaient être mises en place, on a fait l'expérience de la liquidation ou du «gel» d'organisations de masse légales précédemment fortes, dans les endroits proches des fronts de guérilla.

En général, on peut encourager les organisations légales de masse, à la campagne, à jouer un rôle plus important, d'une manière plus créative.

Mais nous devons aussi nous méfier de la tendance opposée, tout aussi erronée.

Certaines expériences ont eu lieu, comme par exemple: délaisser des organisations clandestines en faveur du travail au sein d'une organisation légale existante, ou encore mettre dans le même panier toute notre base rurale, soi-disant pour montrer au public toute notre force.

Les organisations légales de masse doivent apprendre à régler leurs activités d'une manière adaptée à leur caractère, particulièrement au milieu de luttes armées intenses du mouvement paysan.

La coordination plus serrée entre forces et luttes légales et illégales entraîne certaines difficultés pour les organisations et les luttes légales mais leur procure aussi certains avantages.

En général, la manière correcte de procéder est de ne pas faire connaître aux organisations légales l'entièreté de notre base populaire, tout en encourageant son entière participation aux luttes légales de masse et en accordant aux organisations légales des occasions suffisantes de se renforcer et en les encourageant à engager des luttes.

4. Mobiliser plus largement et de manière plus soutenue les masses paysannes pour la lutte armée.

Le mouvement paysan révolutionnaire et la lutte armée ont été intimement liés depuis le tout début. Leur croissance et leur développement ont été de pair. Nous faisons avancer le mouvement paysan de manière à éveiller et mobiliser les masses rurales pour la guerre révolutionnaire.

D'autre part, la lutte armée sert à garantir la réalisation de la réforme agraire comme composante principale de la révolution démocratique et à consolider la force révolutionnaire et le pouvoir politique des masses paysannes.

Au stade final de la défensive stratégique, le moteur du développement futur de toute la lutte à la campagne sera la combinaison de menées de guérilla extensives et de luttes massives et profondes des masses.

Les composantes de l'armée régulière mobile, qui sont en train de se développer, assumeront un rôle important, à mesure que nous étendons et renforçons les conditions d'une avance maximale au stade ultérieur.

Au moment où le système dominant sera touché par des convulsions, il peut y avoir convergence des facteurs conduisant à des soulèvements populaires.

La tâche du mouvement paysan révolutionnaire est de soutenir la lutte armée et de lui garantir un soutien politique large et puissant. Les masses paysannes doivent être tenues en éveil et mobilisées pour soutenir et participer à la lutte armée.

Il relève de la responsabilité du mouvement paysan de former des cadres et des combattants pour la lutte populaire, d'être attentif aux besoins matériels et logistiques de la lutte armée, de participer au travail de renseignement, de rejoindre les milices populaires, de soutenir les actions armées de la NPA et de prendre soin des familles des combattants de la NPA.

Les cadres de l'armée populaire doivent aider les organisations de masse à entreprendre une formation militaire et à mettre en place des unités d'auto-défense.

Si le militantisme et l'esprit combatif des masses sont maintenus, ils peuvent contribuer activement à déjouer les campagnes et les opérations militaires des AFP.

Les campagnes et les actions de masse contre la militarisation et les primes fascistes des AFP servent non seulement à défendre les intérêts des masses mais aussi à contrecarrer ou écourter les campagnes et les opérations militaires de l'ennemi.

Les membres des organisations révolutionnaires de masse doivent aussi être sollicités pour prêter main forte au travail de propagande et autre travail politique parmi les soldats des AFP et les éléments des CAFGU.

5. Poursuivre la mobilisation des masses paysannes dans les luttes antifascistes et anti-impérialistes.

>Pour développer largement le mouvement paysan et garantir la justesse de son orientation politique, il faut lisser les liens les plus étroits possible entre la lutte anti-féodale et les luttes antifasciste et anti-impérialiste.

Les masses paysannes doivent être mobilisées largement pour faire avancer les luttes antifascistes et anti-impérialistes.

Ce sont les masses paysannes qui sont le plus durement touchées par la militarisation et le terrorisme fasciste de la politique de «guerre totale» contre-révolutionnaire du régime Aquino-USA, une politique inspirée par les Etats-Unis.

C'est pour cette raison qu'elles ont, potentiellement, le plus grand intérêt à élargir et à intensifier les luttes et les mouvements de protestation antifascistes et qu'elles sont les plus actives dans cette voie.

Des campagnes de masse doivent être menées contre les abus fascistes, la militarisation et la guerre totale ainsi que contre la tendance croissante à la restauration totale de l'ordre fasciste et militaire.

La lutte anti-impérialiste s'est intensifiée à l'approche de l'expiration de l'accord sur les bases militaires, en raison de la crise socio-économique aggravée par le service de la dette et autres exigences du FMI et de la Banque Mondiale, à cause du soutien continu des Etats-Unis à la politique contre-révolutionnaire de guerre totale et à l'intervention américaine accrue (dans le but de contrôler et de tirer profit des divisions profondes entre réactionnaires locaux).

La lutte anti-impérialiste a gagné en importance dans les luttes politiques et économiques des masses paysannes.

Nous devons déployer tous nos efforts pour diffuser autour de nous la propagande anti-impérialiste; nous devons la relier aux campagnes multisectorielles contre les bases militaires, contre les exigences du FMI-BM et l'ingérence américaine.

Nous devons démontrer la relation et la responsabilité des impérialistes américains dans l'exploitation féodale et semi-féodale et le terrorisme fasciste.

Le champ des luttes paysannes s'est élargi avec la progression des luttes antifascistes et anti-impérialistes. Les masses paysannes se sont jointes aux alliances et aux campagnes multisectorielles anti-impérialistes, antiféodales et antifascistes.

Le mouvement paysan tire aussi avantage des occasions que lui fournissent les luttes parlementaires, pour créer l'espace politique qu'il lui faut pour se défendre et se renforcer, lui-même et ses luttes.

6. Etablir et consolider les organes politiques du pouvoir, à large échelle et développer le front uni.

Le mouvement paysan met en oeuvre la politique de front uni antiféodal à la campagne, mais aussi celle de front uni national. Cette politique consiste à réaliser l'unité la plus large des classes et des forces révolutionnaires, et à tirer parti des divisions parmi les classes et les forces réactionnaires pour isoler et viser les plus grands jusqu'au-boutistes dans le camp ennemi et les détruire l'un après l'autre.

Dans la lutte antiféodale, le mouvement paysan unit les paysans et ouvriers agricoles pauvres et de la classe moyenne inférieure et repose principalement sur eux.

Il tente de gagner à lui les paysans de la classe moyenne et moyenne supérieure et de neutraliser les paysans riches, dans le but de combattre et de renverser le pouvoir de la classe des propriétaires terriens.

Le mouvement paysan fait la différence entre les propriétaires terriens éclairés (ceux qui admettent la réforme agraire et suivent les lois du gouvernement populaire) et ceux qui ne le sont pas, de manière à isoler et à porter le coup le plus rude à ceux qui sont forts, despotiques et qui ont le pouvoir.

Le mouvement paysan révolutionnaire s'unit délibérément aux classes et aux forces non paysannes démocratiques et progressistes.

Au coeur et à la tête du mouvement, se trouvent les cadres révolutionnaires prolétariens.

En reliant la lutte antiféodale aux luttes antifascistes et anti-impérialistes, le mouvement et la lutte paysanne s'unit aux mouvement et aux luttes de la classe ouvrière, de la petite-bourgeoisie urbaine et de la bourgeoisie nationale.

La coopération entre les paysans et les classes et forces qui lui sont alliées s'est renforcée.

La lutte antiféodale progresse donc en accord avec les principes du front uni national et contribue à l'élargissement de celui-ci.

Pendant que nous renforçons les organisations révolutionnaires de masse et les organisations du parti et de l'année populaire, nous construisons également les organes du pouvoir politique, les comités du Front National Démocratique et les groupes clandestins de riches paysans, d'alliés non paysans et de propriétaires terriens éclairés.

Ainsi, nous garantissons et nous encourageons la plus large participation et l'initiative des forces démocratiques en faisant avancer la lutte, nous confirmons le pouvoir révolutionnaire, organisons la production et améliorons les moyens d'existence dans les zones de pouvoir et de contrôle révolutionnaire.

Nous devons continuer à étendre et à développer les organes du pouvoir politique démocratique dans les bases de la guérilla.

Nous devons améliorer les directives concernant la mise en place d'organes du pouvoir politique en clarifiant davantage les conditions préalables et les étapes dans le développement de leurs structures et de leurs méthodes, leurs pouvoirs et leurs tâches, et leurs relations avec d'autres organisations.

D'autre part, nous devons nous méfier de la tendance à fixer des objectifs dépassant nos capacités, la situation générale et le niveau de développement, ainsi que de projets et de désirs trop précoces de créer et mettre en place des structures supérieures distinctes.

En développant les campagnes et les projets en vue d'une amélioration de la production, en faveur de la santé, de la littérature, de la culture, nous devons éviter les projets trop ambitieux ou ceux qui sont au-delà de notre capacité actuelle.

Les comités et cellules de la NDF peuvent jouer un rôle important en reliant le mouvement aux classes moyennes, dans les barrios et les villes, et en assurant le plus large soutien des classes moyennes à la lutte armée et aux luttes des masses à la base.

En se faisant le porte-parole des paysans pauvres et des ouvriers agricoles, les associations paysannes recrutent de nouveaux membres parmi les paysans moyens.

Elever le niveau des campagnes antiféodales peut contribuer à situer correctement les luttes avec les paysans moyens et riches - à propos de l'augmentation des salaires et de l'abaissement des taux d'intérêts des prêts dans les barrios - et à éviter une intensification excessive de ces luttes.

En combattant l'exploitation par les commerçants-usuriers et en changeant les relations existantes, il faut aussi combattre les tendances gauchistes qui ont pour conséquence de tarir le crédit, de fermer les canaux commerciaux et d'affaires, de causer des dommages à la production et d'intensifier à l'excès les luttes avec les hommes d'affaires, petits et moyens.

Traiter correctement avec des professionnels, des hommes d'affaires petits et moyens, des employés du secteur public et privé, dans les villes et les agglomérations voisines de fronts de guérilla, les organiser activement et les mobiliser sont des activités essentielles au développement des luttes antiféodales au niveau du barrio, du district, de la province et de la région.

Les illusions réformistes et le culte d'Aquino parmi les classes moyennes dans les centres urbains appartiennent au passé. La mise en lumière du véritable caractère réactionnaire d'Aquino et l'aggravation rapide de la crise créent d'excellentes conditions pour un renforcement de notre travail politique parmi les classes moyennes et pour le développement de différents niveaux et champs de coopération avec elles.

Outre l'organisation de luttes démocratiques et progressistes propres aux classes moyennes, des alliances et des campagnes multisectorielles sont nécessaires si l'on veut les atteindre et les attirer à nous.

Il faut renforcer le travail de propagande dans leur direction.

Nous devons clarifier continuellement à leur intention le programme et la politique du mouvement révolutionnaire et répondre à toutes les questions qu'elles nous posent à ce sujet.

Les efforts du mouvement révolutionnaire en vue d'organiser les classes moyennes et d'engager le dialogue avec elles sont d'autant plus importants que la guerre s'intensifie et que les réactionnaires et les réformistes conspirent pour semer le désordre parmi les forces moyennes, pour les détourner du mouvement révolutionnaire et, pire encore, pour les amener à le combattre.

Les occasions de tirer parti des divisions parmi les réactionnaires, au niveau national et au niveau local, sont légion.

Depuis la lutte contre la dictature fasciste de Marcos, les divisions et les ruptures se sont multipliées parmi les réactionnaires, surtout dans les localités, ainsi que leurs méthodes et leurs champs d'action.

Les occasions ne manquent pas de tirer profit de ces divisions, pour neutraliser certains d'entre eux, pour concentrer le tir sur d'autres et pour obtenir, immédiatement ou indirectement, un avantage en faveur des objectifs défensifs ou offensifs du mouvement révolutionnaire.

Le mouvement paysan doit être ouvert, à l'affût et prompt à s'emparer de telles occasions, sans négliger de prendre garde dans ses actions à l'égard des réactionnaires.

7. Accroître la conscience politique des masses paysannes et renforcer le travail de propagande et d'éducation parmi elles.

Le travail d'éducation politique et de propagande parmi les masses paysannes est une condition préalable importante pour développer la force des masses paysannes et les préparer à des luttes majeures.

Le travail d'éducation parmi les masses paysannes n'a pas été poursuivi.

Les études n'ont pas dépassé le stade de cours limités.

Dans ces cours, les discussions ne sont pas suffisamment élaborées et ne se basent pas sur l'expérience concrète des masses paysannes.

La tendance existe de réduire ces cours aux préoccupations des paysans et d'éviter la discussion de la situation nationale et du programme de démocratie nationale.

Ce qui manque moins, par contre, ce sont les études des principes du socialisme - déjà développées au stade national-démocratique de la lutte, au niveau de la perspective socialiste des masses paysannes et de la révolution nationale démocratique.

Pendant ce temps, les masses sont imprégnées d'analyses erronées de la situation, d'idées erronées sur la lutte révolutionnaire.

Celles-ci se sont répandues depuis que la clique d'Aquino a accédé au pouvoir, en raison de certaines erreurs et manquements de notre part ainsi que de la propagande agressive des réactionnaires et des réformistes.

Nous devons faire en sorte que le programme national démocratique et la révolution agraire soient bien compris et soutenus par les masses paysannes.

L'éducation politique peut devenir plus efficace, mieux orientée vers les masses et plus rapide si l'on utilise au maximum les possibilités légales ainsi que des formes et des méthodes d'étude variées.

Nous devons utiliser davantage les lectures, les programmes radio, les séminaires mobiles, les dias, les vidéos, les débats et autres.

Nous devons tirer profit de l’abondance de matériaux qui peuvent être utilisés pour l'étude et des institutions et organisations qui peuvent répondre à ce besoin.

La clandestinité ne doit pas être un obstacle à la propagande légale et à l'éducation parmi les leaders et les membres du PKM.

Elle ne doit pas non plus les empêcher de se tenir informés des affaires courantes ni des questions qui concernent le mouvement paysan et le pays tout entier.

Il faut remédier à la situation dans laquelle seules les forces qui travaillent dans la légalité sont touchées par l'information sur les événements et les questions qui concernent les paysans et le pays.

L'appareil de propagande et de travail culturel à la campagne doit être mis en place et renforcé.

Il est un prolongement du travail éducationnel et un instrument puissant pour élever la conscience politique et soutenir le militantisme des masses paysannes.

Il faut mettre en place un appareil permettant une propagande à grande échelle, soutenue et facilement compréhensible parmi les masses.

Il faut aussi mettre en place un appareil permettant la diffusion d'émission de radio et de publications illégales tout en utilisant tous les accès possibles aux médias légaux.

Un appareil de propagande puissant est essentiel pour diriger les masses dans leur ensemble et d'une main ferme.

8. Développer un appareil puissant et profondément enraciné pour faire progresser le mouvement paysan révolutionnaire.

Actuellement, plusieurs milliers de cadres et de militants d'avant-garde du parti et quelques dizaines de milliers de militants paysans constituent la colonne vertébrale du mouvement paysan révolutionnaire.

Pour faire progresser résolument le mouvement paysan à un niveau supérieur et pour fournir des dizaines de milliers d'hommes supplémentaires à l'armée populaire et aux autres axes du travail révolutionnaire, nous devons produire, entraîner et développer des dizaines de milliers de cadres et des centaines de milliers de militants paysans supplémentaires, et mobiliser un grand nombre de militants et de cadres des zones urbaines pour qu'ils se déploient dans la campagne.

L'encadrement actuel du mouvement paysan constitue une base suffisamment forte pour étendre et renforcer le mouvement de masse. Les cadres du mouvement paysan sont généralement de bon niveau et ils ont été trempés dans la lutte.

Néanmoins, il est nécessaire d'élever leur niveau théorique, leur conscience politique et leurs capacités de diriger.

De plus, il est nécessaire de produire et d'entraîner des cadres supplémentaires en provenances des localités. Les cadres provenant des localités sont importants pour renforcer nos liens avec les masses et pour accroître notre flexibilité lorsque nous sommes confrontés aux assauts intenses de l'ennemi.

L'affectation d'un grand nombre de militants et de cadres de l’intelligentsia, associés à des cadres locaux issus de la paysannerie, est également importante.

L'éducation, l'entraînement et l'encouragement au travail théorique accusent un grand retard.

Il faut déployer des efforts énergiques pour résoudre ce problème.

Les comités dirigeants du Parti au plus haut niveau doivent s'attaquer résolument et directement à ce problème.

De sérieux problèmes se posent également dans l'accompagnement temporaire et le contrôle occasionnel des cadres.

Certains montent en grade et se voient confier des responsabilités plus importantes mais on n'assure pas à leurs remplaçants la formation nécessaire.

Il en résulte un tiédissement de la qualité des cadres affectés au travail de masse ainsi que de la direction du mouvement paysan.

Dans de nombreux endroits, des erreurs et des manquements du passé se sont reproduits, certains entraînant notamment des violations des principes fondamentaux du travail parmi les masses, telles que l'autoritarisme, le relâchement de l'autorité et le suivisme.

Une réduction relativement sensible du nombre de nos cadres s'est produite dans le courant des dernières années, en raison des pertes subies et du manque d'enthousiasme en ces temps de difficultés.

Les erreurs commises dans l'entraînement, l'accompagnement et le développement idéologique des cadres sont largement dues à cet état de choses.

Prenez par exemple les préjudices et la confusion causés par les excès lors des campagnes contre l'infiltration.

Nous devons tirer profit des leçons de ces expériences.

Tout en améliorant le travail de formation et d'éducation, nous devons renforcer le leadership du Comité du Parti sur les forces affectées au travail de masse.

Nous devons aussi étendre le système qui consiste à associer des cadres anciens et nouveaux de manière à améliorer la qualité du travail de masse et augmenter les connaissances et l'aptitude des cadres.

Les cadres dirigeants et les plus anciens doivent consacrer assez de temps à accompagner et guider les cadres et les comités aux niveaux inférieurs.

Ils doivent aussi diriger les campagnes en vue d'améliorer le style de commandement et de propager la ligne des masses.

Nous devons aussi étendre et développer le travail d'éducation en direction des militants. En renforçant l'initiative des organisations de masse, nous espérons bien produire et développer des militants en grand nombre.

En améliorant la quantité et la qualité des cadres et des militants, nous entreprenons des tâches qui font partie ou qui sont directement liées à la construction du Parti.

Nous devons renforcer le Parti sur le plan idéologique, politique et organisationnel.

Pour le mouvement paysan, il faut accorder une attention particulière au renforcement des groupes du Parti au sein des organisations de masse, des branches dans les barrios, et des comités du Parti dans les sections, les districts, les provinces et les régions.
Nous devons assurer un équilibre correct dans l'affectation de nos cadres au travail de masse et au travail militaire.

Dans certaines régions, des déséquilibres se sont produits, au cours des dernières années, en faveur du travail militaire.

Ceci explique le lent développement du travail parmi les masses dans le mouvement paysan révolutionnaire et, en conséquence, la difficulté à soutenir et à développer nos forces armées dans ces régions.

Nous devons réunir une variété de structures opérant clandestinement, légalement, semi-légalement pour être capable de réaliser notre tâche : faire progresser de manière généralisée le mouvement paysan révolutionnaire et nous adapter à des situations et des besoins différents pour faire avancer le travail.