ADRESSE AUX COMBATTANTS DE LA NOUVELLE
ARMÉE POPULAIRE :
INTENSIFIONS LA LUTTE DE GUÉRILLA AU MAXIMUM DE NOS CAPACITÉS !
Armando Liwanag, président du Comité central
29 mars 1997
À l'occasion du 28è anniversaire de la création de la Nouvelle
armée populaire (NPA), nous saluons les dirigeants et combattants
rouges qui continuent le combat révolutionnaire contre l'ennemi et
pour la victoire du mouvement de rectification.
C'est par le fruit
d'un long travail, fait de luttes et de sacrifices, que la NPA s'est
mise au service des masses et a tissé avec elles des liens de plus
en plus étroits.
La Nouvelle armée populaire constitue la plus importante force
politico-militaire sous la direction absolue du Parti communiste des
Philippines et sa principale organisation, agissant tout autant
dans des domaines comme la culture, que dans la production.
Elle traduit l'appel du Parti à élever la révolution armée vers un
nouveau stade supérieur, en intensifiant la lutte de guérilla sur
une plus large échelle.
Cela est possible, aujourd'hui comme jamais
auparavant, grâce à l'approfondissement et au développement du
travail
de masse réalisé par la NPA.
Le mouvement de rectification lancé en 1992, a maintenant cinq ans.
La lutte entre les deux lignes, qui a opposé la ligne prolétarienne
aux forces opportunistes et contre-révolutionnaires, a permis
d'éliminer les renégats et les incorrigibles, renforçant du même
coup le camp de la révolution.
À l'échelle du pays, les bases d'appui se sont étendues et
consolidées.
Cette situation contraste avec celle, désastreuse, qui a prévalu au
cours de la période 1988-1991, alors que les erreurs opportunistes
de gauche sont devenues manifestes et que les opportunistes de
droite ont cherché à tirer profit de cette situation pour liquider
le parti, son armée et la révolution.
Cette avancée générale s'est accomplie malgré les tentatives d'une
poignée de renégats contre-révolutionnaires, visant à enrayer le
mouvement de rectification, entre 1992 et 1994.
Même si la
progression
de la révolution n'est pas nécessairement égale à travers le pays,
cela s'explique par des facteurs subjectifs et certaines conditions
objectives qui peuvent varier d'une région à l'autre et d'un front
de guérilla à l'autre.
Quelqu'en soit le niveau, l'intensification de la lutte de guérilla
doit tenir compte des capacités des forces locales et des situations
particulières qui prévalent d'une région à l'autre.
Mener la guerre populaire est une nécessité absolue pour accom-
plir la révolution de démocratie nouvelle. La lutte armée constitue
la forme principale de la lutte révolutionnaire. Elle permet
d'accomplir la tâche centrale de la révolution, qui est la prise du
pouvoir politique.
Cela est possible grâce à la ligne stratégique de l'encerclement des
villes par les campagnes, et à l'accumulation maximum des forces par
des offensives tactiques, pouvant mener à la prise du pouvoir à
l'échelle du pays.
Cette stratégie permet au Parti et à l'armée
populaire de construire le pouvoir politique rouge dans les
campagnes, même quand les forces contre-révolutionnaires de l'État
ne sont pas complètement vaincues et sont retranchées dans les
villes.
Dès sa création le 29 mars 1969, la Nouvelle armée populaire était
en mesure d'opérer un travail de masse et de lancer des offensives
tactiques dans un rayon limité au second district de Tarlac.
Aujourd'hui, alors que les forces générales du mouvement
révolutionnaire sont beaucoup plus importantes qu'en 1969 ou qu'en
1992, toutes les
raisons justifient une intensification de la lutte de guérilla.
Comme auparavant, c'est seulement avec des victoires dans les
offensives
tactiques, réalisées à l'étape de la défensive stratégique, qu'on
peut
avancer avec succès vers la révolution.
Après la guerre froide et les succès impérialistes, aidés par la
trahison révisionniste et le néocolonialisme, la guerre populaire
aux Philippines jette un éclairage nouveau sur l'époque actuelle.
Elle
s'inscrit dans la période de transition vers la relance des luttes
anti-impérialistes et de la lutte pour le socialisme.
Oui, nous sommes toujours dans l'époque de l'impérialisme et de la
révolution prolétarienne. Le nouveau « désordre mondial » perpétré
par l'impérialisme, jette du même coup les bases de la révolution
sociale, à une échelle sans précédent.
1. Les tâches révolutionnaires de la Nouvelle Armée Populaire
La destruction du système semi-féodal et semi-colonial aux
Philippines constitue la tâche centrale de la révolution de
démocratie nouvelle.
La nouvelle armée populaire est l'instrument
principal du peuple philippin et du Parti communiste des
Philippines pour arriver à prendre le pouvoir politique.
La ligne
stratégique de la guerre populaire prolongée, permet aux forces
révolutionnaires au sein du peuple, de construire le pouvoir
politique dans les campagnes, tout en maintenant et développant
leur influence à l'échelle du pays.
Cette opération peut se réaliser avant même la prise réelle du
pouvoir à l'échelle du pays, et même si les forces réactionnaires
réussissent à se maintenir dans les villes.
Depuis 1969, deux
pouvoirs politiques s'affrontent aux Philippines. Dans les régions
rurales, le pouvoir politique rouge domine, alors que le pouvoir
blanc continue de s'imposer ailleurs.
2. Mettons en avant la direction absolue du Parti communiste des
Philippines
Pour accomplir sa mission historique, c'est-à-dire la construction
du socialisme, le prolétariat a besoin d'être dirigé par son
détachement le plus avancé, le parti communiste.
Sans un tel parti,
le peuple opprimé et le prolétariat ne pourront lutter de façon
unitaire vers l'objectif de la révolution socialiste.
À l'étape
actuelle, le
parti met de l'avant la ligne générale de la révolution de
démocratie nouvelle, et l'objectif de la révolution socialiste.
Il définit la stratégie et les tactiques de la guerre populaire. Il
s'assure que c'est la politique révolutionnaire qui dirige la lutte
de la NPA ; il veille à ce que la politique commande au fusil, et
non le contraire.
La politique révolutionnaire est à la tête et au
coeur de l'armée populaire.
En ayant remporté la victoire dans sa campagne de rectification,
contre les révisionnistes contre-révolutionnaires, les opportunistes
et liquidateurs, le Parti est plus que jamais en mesure d'agir
comme l'avant-garde du prolétariat, pour mener le peuple et son
armée à la révolution.
Le Comité central constitue la direction centralisée du Parti, tant
sur les plan idéologique, politique qu'organisationnel. En même
temps, le CC ne peut être au fait des opérations spécifiques dans
tous leurs détails.
C'est pourquoi, il développe une politique
d'opérations décentralisées, qui sont elles-mêmes dirigées par des
organes centraux à un niveau intermédiaire du Parti.
Ces organes
intermédiaires sont en mesure de prendre des décisions militaires à
l'intérieur de leur juridiction, selon les conditions concrètes et
les capacités des forces révolutionnaires en place.
3. Renforcer l'entraînement politico-militaire
Nous connaissons déjà le principe qui dit que l'on apprend à se
battre en allant au front. Un principe tout aussi juste consiste à
dire que la formation politique permet de forger nos armes et nos
esprits pour la révolution.
Même si l'éducation politique et
l'entraînement militaire sont deux choses distinctes, l'armée
révolutionnaire ne doit jamais séparer ces deux éléments.
Au
contraire, elle doit tendre à les intégrer l'un dans l'autre.
L'armée que nous forgeons doit non seulement mener un combat
militaire, mais elle doit aussi faire la révolution et servir le
peuple.
4. Déployer correctement les unités de la Nouvelle Armée Populaire !
Sur chaque front de la guerre de guérilla, se déploient des
escouades armées gravitant plus immédiatement autour de l'unité
centrale de commandement. Constituant le centre de gravité du front
de guérilla, ces escouades sont plus ou moins concentrées, selon les
circonstances, à l'intérieur d'un même rayon géographique
relativement limité.
Elles effectuent un travail de masse et peuvent être subdivisées
en équipes de propagande armées à l'intérieur de leur territoire.
Le centre de gravité du front de guérilla veille à la sécurité de
l'unité de commandement, et consolide le travail de masse à l'in-
térieur de son rayon d'intervention.
Il supervise les cadres et les répartit sur tout le front de
guérilla, afin qu'ils dirigent l'entraînement politico-militaire
des combattants ; il peut prendre en charge la production locale,
mettre en place un prélèvement d'impôts, organiser des grèves
armées et lancer les offensives tactiques, en coordination avec les
escouades de guérilla qui sont directement impliquées dans les
sphères d'opérations.
Selon les circonstances, d'autres escouades du front de guérilla
peuvent être subdivisées elles aussi en équipe de propagande armées
et déployer un travail de masse dans un rayon plus large.
Il n'y a pas que les combattants armés qui font du travail de masse
dans les zones de guérilla. La tactique la plus juste consiste à
inclure l'utilisation d'équipes de cadres et de militants avancés
oeuvrant dans les organisations de masse semi-légales aussi bien que
légales, qui coordonnent leurs actions avec celles de l'armée
populaire.
Ce type de travail permet d'élargir le champ d'opération
de la NPA, et
contribue à créer, étendre et consolider les fronts de guérillas.
5. S'appuyer sur les masses !
Le combat contre les forces féodales doit être mené à terme pour
achever les tâches de la révolution démocratique.
La lutte
révolutionnaire armée doit donc être intégrée à la lutte pour la
réforme agraire et la construction des bases d'appui.
Le pouvoir
des propriétaires despotiques doit être renversé et les
expropriations sauvages stoppées.
Les organisations de masse oeuvrant en zones rurales et celles cam-
pées dans les zones urbaines doivent développer une coordination
efficace. Grâce à la direction du parti, elles pourront se renforcer
mutuellement.
À l'étape actuelle, les unités de l'armée populaire peuvent se
déployer ouvertement dans les zones rurales, mais ce n'est pas le
cas dans les villes.
À partir des campagnes, après une certaine
période de temps, il sera possible pour le mouvement
révolutionnaire armé de progresser, par vagues successives, vers
les centres urbains contrôlés par l'ennemi.
Dans les villes, des
groupes de partisans armés peuvent déjà effectuer des opérations
clandestines.
6. Lancer les offensives tactiques pour accumuler des forces !
Dans chaque front ouvert par la guérilla, la possibilité de lancer
des offensives tactiques doit être évaluée. Ces offensives doivent
provoquer une montée de la résistance des masses et ainsi augmenter
la force militaire révolutionnaire.
Elles peuvent également servir à
défendre le pouvoir démocratique qui se construit, en affaiblissant
et détruisant les forces de l'ennemi.
Le travail au sein des masses permet d'évaluer les forces et
faiblesses de l'ennemi. À partir de cette évaluation, on peut
découvrir et créer les occasions de lancer une offensive tactique.
Ces opérations peuvent prendre la forme d'embuscades, de raids,
d'attaques
surprises contre des unités ennemies, de sparrow warfare,
d'expéditions punitives ciblées sur certains éléments ennemis.
Afin de s'assurer d'une issue victorieuse lors de ces opérations, il
faut posséder les informations les plus précises possibles, pour
profiter de l'élément de surprise et de la supériorité de nos
forces face aux faiblesses de l'ennemi.
Plutôt que d'affronter une
victoire incertaine, en attaquant l'ennemi là où il est supérieur
ou très fort, il est préférable d'opter pour la patience, et
d'attendre le moment opportun où l'ennemi expose son point le plus
faible. Dès qu'une offensive est menée, il faut être en mesure
d'opérer un retrait en toute sécurité afin de rendre inefficace
toute tentative de représailles par l'ennemi.
Le processus actuel des négociations de paix entre le Front démo-
cratique national des Philippines et le gouvernement n'affecte en
rien la poursuite de la lutte armée révolutionnaire.
L'ensemble des forces révolutionnaires sont déterminées à lutter
jusqu'au bout pour maintenir la guerre populaire prolongée dans la
ligne générale de la révolution nationale démocratique, seule
garante d'une paix durable.
La prétendue « suspension » des
opérations militaires du gouvernement, annoncée à grands renforts
de publicité, s'est avérée une manoeuvre mensongère, hypocrite et
démentie par l'intensification des attaques brutales contre la
guérilla. Le Front démocratique national a d'ailleurs révélé et
condamné ces brutalités dans le cours des négociations.
La propagande impérialiste s'avère de moins en moins efficace aux
yeux du peuple, à mesure que s'accentue la crise du système domi-
nant.
Elle est démentie chaque jour par la progression de la lutte
armée révolutionnaire et le renforcement des organisations légales
qui luttent pour la démocratie.
En intensifiant ses offensives
tactiques, le mouvement révolutionnaire démontre que la lutte armée
entre les forces révolutionnaires et contre-révolutionnaires, est
toujours l'élément central de la vie politique aux Philippines.
Elle constitue pour le peuple et les forces révolutionnaires, la
voie à suivre contre l'exploitation et l'oppression qui
s'accentuent ; elle permet de gagner des forces et assurera la
défaite de l'ennemi.
En poursuivant la guerre populaire dans la ligne générale de la
révolution de démocratie nouvelle, le Parti communiste des
Philippines, la Nouvelle armée populaire et le Front démocratique
national accomplissent leurs tâches internationalistes.
Au milieu du
nouveau désordre mondial généré par la crise du capitalisme
monopoliste, la guerre populaire aux Philippines est une source
d'inspiration et contribue à la relance du mouvement anti-
impérialiste et du socialisme à l'échelle de la planète.
Vive la Nouvelle armée populaire !
Vive le Parti communiste des Philippines !
Vive le peuple philippin !
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