Black Panthers Party

 



7-Le BPP en lutte et son extermination

a)servir le peuple!


Au départ, le BPP s'occuper surtout des problèmes immédiats de la Community. On fait installer un feu rouge à un carrefour dangereux, pour que les enfants de l'école puisse traverser sans danger, on fait en sorte que les mères des enfants battus par les maîtres portent plainte.

Primat de la pratique - servir le peuple. Les fondements de l'analyse maoïste, la ligne de masse. Le BPP organise des déjeuners gratuits pour les enfants, on demande aux entrepreneurs de l'argent pour les financer.

En janvier 69 ce sont 20 enfants d'Oakland qui reçoivent ce déjeuner, en décembre 30000 enfants à travers tous les USA. Le gouvernement, lorsqu'il constat que les panthères apportaient plus de nourritures que les aides sociales, réagira en augmentant ses contributions institutionnelles.

Des vêtements furent donnés aux enfants et teen-agers par le BPP, des voyages gratuits furent organisés pour que les familles des prisonniers puissent aller voir leurs membres enfermés. En été 69 c'est un programme médical, avec médicaments, étudiants en médecine, pour apporter les soins les plus élémentaires, comme la prévention (vaccins..) et le traitement des " maladies des pauvres " comme la tuberculose et l'anémie des cellules du cervelet.

On organisa des Liberation Schools, tout fut fait pour apporter l'idée, la volonté de résister. On organisa des séances de débat, en trois niveaux: explication du programme en dix points aux masses, débat sur les théoriciens (comme Mao) pour les cadres et enfin ceux concernant la direction.

Le BPP travailla à faire rentrer les gens sur la liste électorale, pour pouvoir être dans les jurys des procès. Des brigades armées furent organisées pour surveiller la police patrouillant dans les ghettos, afin d'empêcher les attaques. Dans certaines villes certaines actions furent effectuées contre les dealers.
Au-delà de la Community, le BPP se dirigea vers les travailleurs, et des groupes travaillèrent dans les syndicats. Revendication: 30 heures par semaine sans diminution de salaire.

Cela change des révisionnistes d'aujourd'hui, qui ne proposent 35 heures que pour aménager le capitalisme et empêcher les chômeurs de se révolter.
Il s'agit pour le BPP de pousser les travailleurs à prendre le contrôle de l'appareil productif, à maîtriser la donnée " travail ".

Les positions du BPP furent diffusées dans The Black Panther, hebdomadaire de 24 pages. En 1969 il sortait à 125.000 exemplaires, et était le journal révolutionnaire le plus lu aux USA. On y trouvait des informations, des théories, des nouvelles internationales, particulièrement d'Afrique, ainsi que des services.

Le BPP fit également des prises de positions " symboliques ": en 69 Eldridge Cleaver demande au gouvernement du nord Viêt-nam de libérer les prisonniers US si les USA libéraient les prisonniers politiques aux USA même... Ou encore en août 70 le proposition de Newton au Front de Libération National d'envoyer une troupe de volontaires au Viêt-nam... Le FNL salua ce " geste amical ". Il y eut également de bons contacts avec des révolutionnaires japonais , le mouvement de libération du Québec et Cuba , et une grande solidarité avec les pays décolonisés et les mouvements de libération.

b)l'affrontement avec les USA

Le 28 octobre 1967, après une fusillade avec la police tôt le matin, Newton se fait arrêter. Il est grièvement blessé au ventre. Un policier est tué, un autre blessé, la quatrième personne présente - une panthère - est indemne. Newton est accusé de meurtre, et risque la chambre à gaz s'il est déclaré coupable. La " free Huey " campaign devint un point central de l'activité du parti. C'est Charles R.Garry, un avocat blanc qui est choisi - Bobby Seale l'appelle " le Lénine des salles d'audience ".

Le BPP fait en premier une alliance avec le Peace and Freedom Party, qui avait été formé en 67 en alternative aux deux grands partis (démocrate et républicain). Il s'opposait entre autres à la guerre du Viêt-nam. Il put concourir d'abord en Californie puis dans la plupart des Etats. Dans le cadre de l'alliance Newton fut choisi comme candidat au congrès, Seale à la chambre des représentants, Kathleen Cleaver dans un quartier de San Francisco et Eldridge Cleaver comme candidat à la présidence. Ce dernier reçut 195.135 voix, Newton 25000. Le but n'était bien sûr pas la victoire, mais la démonstration que l'élite noire n'avait plus aucun lien avec la communauté.

Au départ le BPP était sceptique quant à une telle alliance. Le CPUSA (le PC des USA, devenu révisionniste) avait vu ses candidats pourchassés par le FBI. Et puis il y avait le risque d'être encore utilisé et instrumentalisé par des blancHEs. Mais il y avait la possibilité d'informer quant à la situation de Newton. Le Peace and Freedom Party accepta étonnamment vite la revendication " libérez Huey! " et aussi le programme en dix points, qui n'est pas assimilé, mais considéré comme le programme du BPP auquel le Peace and Freedom Party veut contribuer. The Movement, un journal clandestin révolutionnaire de San Francisco, salua ce soutien à Newton.

Le BPP fut aussi soutenu matériellement par le Peace and Freedom Party.
D'autres alliances furent faites: pour un travail anti-raciste des blancs et un contrôle de la police dans les Communities.
Il y eut également deux membres du BPP qui se sont présentés comme candidats indépendants au parlement en été dans l'Etat du Washington (Seattle).

Le 17 février 1968, pour le 26ème anniversaire de Newton, le BPP fit un rassemblement de solidarité dans l'auditorium de Oakland, sous le mot d'ordre: Come see about Huey. A côté des leaders du BPP et du Peace and Freedom Party, Stokely Carmichael tint le discours. Regardons sa biographie.
Il est né le 29 juin 1941 à Port-of-Spain à Trinidad. Sa famille part en 1943 à New York, il vient à Harlem en 1952. Il a une vie très pauvre, mais put aller dans de bonnes écoles du Bronx. Après avoir refusé des bourses de hautes écoles blanches, il étudie la philosophie et la politologie à l'université Howard à Washington, où il y a surtout des noirs.

Il la quitte en 1964 avec un Bachelor-Grad. Il est engagé depuis 1960 dans le mouvement des droits civiques et prend part aux Freedom Rides. Il a été en tout arrêté 35 fois. En 11965 il adhère au SNCC, dont il est le représentant jusqu'en 1967. Il voyage cette année là à Londres, où il prend part au Congrès The Dialectics of Liberation, avec Herbert Marcuse, Ronald D. Laing, John Gerassi, Paul M. Sweezy, David Cooper et d'autres, qui se tint du 15 au 30 juillet.

Il participa aussi à la conférence OLAS (Organizacion Latinoamericana de Solidaridad), qui eut lieu du 31 juillet eu 10 août à La Havane (Cuba). En novembre il alla à Stockholm pour le tribunal Russell des droits de l'homme . Il alla également à Prague, Hanoï, Alger, le Caire, et Paris.

En 68 il se marie avec la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba.
Oakland est sa première apparition depuis ces voyages. Il critiqua l'alliance du BPP avec le Peace and Freedom Party, composé à majorité de blancs. Il appela au lieu de cela à un Black United Front, devant unir tous les noirs, de droite comme de gauche.

A cette occasion fut aussi annoncée la fusion du SNCC avec le BPP. Carmichael, membre depuis 67 du BPP dont il est maréchal, devint premier ministre d'honneur. Rap Brown , membre depuis 63 du SNCC, responsable en 1966 pour l'Alabama et représentant après Carmichael, devient ministre de la Justice. James Formann, également un haut responsable du SNCC, devient ministre des affaires étrangères. Un autre grand succès fut le rassemblement de 10.000$. Un jour après un même meeting eut lieu à Los Angeles.

A ce moment, la répression contre le BPP se durcit. Les photos des leaders sont dans tous les commissariats de la Bay Area, leurs voitures sont suivies. Le bureau du parti est constamment surveillé, les perquisitions s'intensifient.
Le 16 janvier 1968, à 3h30 du matin, des commandos tactiques spéciaux, une troupe spéciale de la police de San Francisco, forcent la porte de l'appartement d'Eldridge et Kathleen Cleaver. Ils les menacent - ainsi qu'Emory Douglas qui est présent (ministre de la culture). Ils cherchent des documents pour procéder à une arrestation - mais c'est l'échec.

Le 25 février 1968, à deux heures du matin, c'est chez Bobby Seale qu'on perquisitionne, il est - lui et sa femme - jeté du lit, et arrêté pour tentative de meurtre. La même nuit 6 autres panthères sont arrêtées pour les mêmes motifs, dont David Hilliard, chef d'état-major, et Alpentrice " Bunty " Carter, ministre de la défense. Mais les accusations sont par la suite enlevées; de plus la perquisition chez Seale était illégale et il y a eu de fausses déclarations de la police au juge.

Dans la semaine il y eut 16 panthères d'arrêtées pour des motifs bidon.
Lorsqu'en mars il y eut à nouveau une perquisition chez Cleaver, Newton donna des directives claires: ceux qui rentrent comme des gangsters seront traités comme des gangsters; les panthères ne se défendant pas seront exclues. L'escalade est de fait accepté par le BPP, qui ne compte pas se laisser faire. Les panthères doivent avoir les connaissances et le matériel technique pour défendre leurs logements.
Le 3 avril 68 une unité de la police rentre les armes à la main dans une église d'Oakland où des panthères se réunissent. Lorsqu'ils virent qu'il n'y avait pas les leaders qu'ils cherchaient, ils repartirent.

c)les services secrets contre le BPP

Le BPP rentra suffisamment en conflit avec le FBI - sans doute à partir de septembre 68, pour que le Federal Bureau of Investigation (qui s'occupe de fait de ce que les R.G. et la DGSE s'occupent en France) programme l'élimination de ce parti.

Nom de code: COINTELPRO. Pour Counterintelligence-programme. Le but du jeu, selon les termes du FBI: " le but de ce programme est de neutraliser les groupes noirs extrémistes, d'empêcher la violence par ces groupes et empêcher des coalitions de groupes noirs extrémistes ".

Le FBI se débrouille donc pour que soient attaqué les individus et organisations qui lui déplaisent. Dans les années 40-50 le CPUSA (le PC des USA) fut une grande cible. En 1960 il y a 2.370 COINTELPRO's qui sont menées. Contre le SDS qui rassemble les étudiants révolutionnaires, les différents groupes noirs, contre les organisations pour l'indépendance du Puerto-Rico, et même contre Martin Luther King. Le BPP est alors considéré par J.Edgar Hoover, chef du FBI, comme le plus grand danger pour la sécurité intérieure des USA. Le seul accroc pour le COINTELPRO fut la perquisition de ses bureaux, à Media en Pennsylvanie, le 8 mars 1971 par un groupe nommé Citizen's Commission to Investigate the FBI. Le COINTELPRO dut changer de nom...

Le FBI mène - c'est cela le COINTELPRO - différentes campagnes, systématiques et à plusieurs niveaux. Et cela avec l'aide de groupes réactionnaires, bien entendu.

Surveillance
Elle est absolue pour les groupes ou individus cibles. Contrôle du courrier, surveillance électronique, filatures, observations, etc. Il s'agit de mettre sous pression les gens, de leur faire croire qu'il y a " an FBI agent behind every mailbox ". Au-delà de l'information il s'agit d'une démonstration de force du système.

Courrier: fausses lettres
Par des fausses lettres il s'agit de " foutre la merde " entre différents groupes ou individus. On pousse à la violence, à la concurrence, on fait monter la sauce. Un principe connu, malheureusement négligé par la gauche.

Opérations de manipulation
Des faux tracts, de fausses affiches se chargent de faire passer une fausse image - évidemment négatifs - des groupes. De fausses informations sont données aux médias, il s'agit de préparer l'opinion à la contre-révolution, à la violence contre les révolutionnaires.

A
ttaque de la contre-information
Taxes contre les journaux de gauche, mauvaise distribution, on va jusqu'à renverser des produits chimiques sur les revues, on empêche les apparitions dans les médias...

Arrestations permanentes
Il ne s'agit pas tant d'arrêter les gens que de leur faire perdre leur temps, leur argent, d'empêcher un travail politique conséquent, de fixer sur la répression...

Indics et provocateurs
Il s'agit de mener des actions illégales qu'on attribuera à tel ou tel groupe, de développer de fausses informations, d'organiser des provocations nombreuses et diverses...

Pseudo-groupes
Il s'agit ici de faire vivre des groupes qui n'existent pas réellement, mais l'argent permet d'entretenir un courant chargé d'amener les gens à des voies de garages, d'amener à des divisions fictives, de fausses oppositions...

Rumeurs...
Il s'agit d'inventer des preuves, empreintes, etc. On isole les gens un par un pour les " retourner ", c'est-à-dire les transformer en indics. " Tu es sympa, aides nous et tu n'auras pas de problèmes, sinon... ".

Police politique
On donne aux entreprises les positions politiques des employés et ouvriers, ainsi qu'aux institutions de crédits...
On fait peur aux témoins d'actions du FBI contre les révolutionnaires, etc.

Meurtres
On liquide directement les membres des groupes.