Histoire du Parti Communiste de
Chine
3.La
construction du socialisme en Chine
a)La révolution démocratique (1949-1953)
La République Populaire de
Chine obtient immédiatement le soutien actif de l'Union
Soviétique. De fait dès la mi-décembre 1949
Mao Zedong se rend en URSS. En 1950 sont signés des traités,
le plus important étant un traité d'amitié,
d'alliance et d'entraide, valable 30 ans et tacitement reconductible
toutes les 5 années. L'actualité de la révolution
chinoise est connue en URSS, des textes de Mao Zedong publiés.
Il va également de soi que la révolution chinoise
n'est pas une révolution comme celle ayant eu lieu en
Russie. Elle n'est pas socialiste, mais révolutionnaire
démocratique. La révolution démocratique
chinoise est un pas vers le socialisme dans le cadre de la révolution
ininterrompue.
Mao Zedong dit à ce sujet que :
" Le mouvement révolutionnaire chinois dirigé
par le Parti Communiste de Chine est dans son ensemble un mouvement
révolutionnaire complet comprenant les deux étapes
de la révolution : la révolution démocratique
et la révolution socialiste.
La nature de ces deux processus révolutionnaires est différente,
et c'est seulement après l'achèvement du premier
que nous pouvons travailler à la réalisation du
second. La révolution démocratique est la préparation
nécessaire à la révolution socialiste, et
la révolution socialiste est l'aboutissement nécessaire
de la révolution démocratique. Le but ultime de
tous les communistes est de lutter pour la réalisation
d'une société socialiste, puis communiste "
(Mao Zedong, La révolution chinoise et le Parti Communiste
de Chine, p.57-58, éditions de Pékin, 1953).
L'abolition de la féodalité avait déjà
commencé à être entreprise dans les bases
rouges ; elle est menée dans la totalité de la
Chine entre 1950-1952, à partir du décret du 30
juin 1950 concernant la réforme agraire, nommé
" Loi sur les transformations agraires ".
Les terres des grands propriétaires fonciers sont confisquées
sans indemnités, ainsi que leur matériel et les
bêtes de traits. Les terres des temples et des monastères
sont réquisitionnées. Les terres sont distribuées
de manière égale pour chacunE, sans distinction
d'âge, de sexe ou de nationalité. Toutes les dettes
dues aux grands propriétaires fonciers sont abolies.
Au début de 1953, les transformations agraires ont été
réalisées dans l'ensemble de la Chine (à
l'exception de quelques régions peuplées de minorités
nationales), et c'est le commencement de l'organisation des coopératives.
La lutte contre le patriarcat a également lieu de manière
radicale. La nouvelle loi sur le mariage, adopté dès
1950, abolit tout le système du pouvoir masculin sur les
femmes. Sont interditEs la bigamie, la polygamie, les mariages
forcés, l'adoption de fillettes à épouser
l'un des fils de la famille adoptante. Le divorce est aisé
et même plus facile qu'en URSS. En 1951 a lieu une première
vaste campagne de masse en faveur de ces nouvelles lois, une
seconde en 1953. Il s'agit d'une véritable révolutionnarisation
idéologique concernant la vie des masses, leur conception
de la vie quotidienne.
Avec ces transformations, la révolution démocratique
liquide les restes de féodalité et libère
les forces productives. C'est pourquoi le pouvoir démocratique
populaire peut parallèlement s'engager dans la voie de
la construction du socialisme. La grande industrie et les banques
sont nationalisées, ainsi que toutes les entreprises industrielles
et commerciales, les moyens de transports et autres biens de
l'impérialisme et de la bourgeoisie bureaucratique.
Le nouvel Etat chinois dut par contre affronter une situation
très difficile. La Corée avait été
divisé en deux zones, et le Nord communiste avait tenté
en 1950 de réunifier le pays en chassant les impérialistes
américains du Sud, ce qui échoua. Les impérialistes
arrivèrent en certains endroits jusqu'à la frontière
chinoise, et des " volontaires chinois " combattirent
alors avec les armées du nord et repoussèrent l'ennemi
jusqu'à revenir au statu quo d'avant la guerre.
b)le premier
plan quinquennal et le début de critique de la politique
soviétique (1953-1957)
Au secteur socialiste de l'économie,
qui décide de l'orientation générale de
l'économie (en fixant les prix, les plans
), s'ajoute
un secteur semi-socialiste, formé par les coopératives,
qui laissent subsister la propriété privée
du sol mais poussent à l'entraide et au travail collectif
des paysans.
Le manuel d'économie politique
soviétique dit à ce sujet que :
" Dans les conditions concrètes de la Chine, l'emploi
large et progressif des formes d'exploitation coopérative
transitoires les plus simples permet d'amener avec plus de succès
la masse des paysans individuels à la production collective
" (Manuel d'économie politique, URSS 1955).
Le Parti Communiste de Chine nous précise cela :
" Afin de développer les forces productives de l'agriculture,
le Parti a assigné à son activité dans les
campagnes l'objectif central suivant : usant des formes d'action
et de méthodes compréhensibles aux paysans et acceptables
pour eux, faire l'éducation des masses paysannes et les
amener graduellement à se grouper et à s'organiser
;
réaliser progressivement une réorganisation socialiste
de l'agriculture, afin de transformer cette dernière,
fondée sur la petite exploitation marchande, individuelle
et arriérée, en une économie coopérative
avancée et hautement productive ;
remédier progressivement à la disproportion entre
l'industrie et l'agriculture et donner au paysan la possibilité
de s'affranchir progressivement de la misère, de parvenir
à une vie aisée et heureuse " (Comité
central du PCC, Le développement des coopératives
de production agricole, La Chine populaire n°8, 1954, in
: Manuel d'économie politique, URSS 1955).
Le secteur de la petite production marchande est encore prépondérant
; il comprend la masse des paysans moyens désormais la
plus nombreuse depuis l'abolition des grandes propriétés,
ainsi que la production artisanale urbaine. Ce secteur engendre
le capitalisme, mais est encadré par l'Etat socialiste.
Le secteur capitaliste privé est composé des petites
entreprises capitalistes et commerciales, et joue un rôle
important dans l'économie. En 1953, 200.000 entreprises
capitalistes emploient 2.750.000 ouvriers, représentant
38% de la production industrielle. Après le plan quinquennal
ce chiffre tombera à 12%.
Le développement de l'économie passe par le capitalisme
d'Etat, divisé en trois niveaux ou étapes : achats
périodiques par les organismes d'Etat de la production
à des entreprises capitalistes ; transformation de matières
premières ou de biens semi-finis par des entreprises privées
sur commandes de l'Etat ; entreprises privées contrôlées
par l'Etat. Comme l'a précisé Lénine, ce
capitalisme d'Etat est " la continuation de la lutte des
classes sous une autre forme et nullement le remplacement de
la lutte des classes par la paix entre les classes " (Lénine,
l'impôt en nature).
Mao Zedong nous explique que :
" La ligne générale et la tâche centrale
du Parti dans cette période de transition, c'est de réaliser
progressivement, pendant un temps assez long, l'industrialisation
socialiste du pays, de réaliser progressivement la transformation
socialiste de l'agriculture, de l'industrie artisanale, du commerce
et de l'industrie privée. Cette ligne générale
est le phare qui éclaire tout notre travail. Effectuer
en dehors d'elle un travail, quel qu'il soit, c'est commettre
l'erreur de la déviation de droite ou de la déviation
de gauche " (Mao Zedong, La Pravda, 22 juin 1954, in : Manuel
d'économie politique, URSS 1955).
Il s'agit de renforcer l'alliance des ouvriers et des paysans
en réalisant l'industrialisation socialiste et en réalisant
la transformation socialiste de l'agriculture. La contradiction
de classe principale est la lutte entre les éléments
socialistes et capitalistes urbains et paysans, la classe ouvrière
et les masses paysannes avec la bourgeoisie des villes et les
paysans riches.
Le plan quinquennal uvre en ce sens, permettant l'union
des forces pour la création de l'industrie lourde, quasi-inexistante,
l'impérialisme ayant gardé la Chine dans une situation
de retard technique. Il développe les infrastructures,
l'agriculture, et prépare la socialisation des entreprises
privées et commerciales.
Mais la construction du socialisme en Chine est marquée
par un événement : en 1953 c'est la mort de Joseph
Staline. Mao Zedong, dans un article, nous dit ainsi :
" Le plus grand génie de l'époque actuelle,
le grand guide du mouvement communiste international, le camarade
de lutte de l'immortel Lénine, le camarade Joseph Vissarionovitch
Staline, a dit adieu au monde pour toujours.
Le contribution du camarade Staline à notre époque,
tant sur le plan théorique que le plan de la pratique,
est inestimable. Staline était le représentant
de toute l'ère nouvelle à laquelle nous appartenons
" (Mao Zedong, Zui Weida de Youyi, Pékin 1953).
A la mort de Staline, c'est le camarade Mao Zedong qui devient
de facto le leader du mouvement communiste international. Un
télégramme de vux pour son anniversaire envoyé
par le comité central du PC d'Union Soviétique
le qualifie de " grand théoricien du marxisme et
du léninisme " ; ses uvres sont traduites et
publiées en russe, son portrait est largement publié
dans les journaux soviétiques.
Mais les tendances révisionnistes prennent de plus en
plus pied dans le PCUS, et les révolutionnaires (Beria,
Molotov, Kaganovitch) sont mis de côté ou liquidé,
au profit d'une clique guidée par Khrouchtchev.
Ce dernier attaque Staline et la construction du socialisme,
remettant en cause la socialisation des campagnes et ouvrant
une politique social-impérialiste : social en parole,
impérialiste dans les faits.
L'aide à la Chine populaire est stoppée ; les tendances
révisionnistes en Chine soutenue. A la conférence
nationale du Parti Communiste de Chine (21-31 mars 1955), Kao
Kang est en conséquence exclu du Parti pour " multiples
déviations et crimes " ; à la Conférence
de Bucarest en 1960 Khrouchtchev défendra sa mémoire
en tant que partisan de " l'amitié " soviéto-chinoise.
Le 17 avril 1955 c'est la conférence de Bandoeng, rassemblant
les " non-alignés ", c'est-à-dire une
importante partie des pays du " 1/3 monde ". Chou En-Lai,
y est le représentant de la Chine populaire. Mais la conférence
avait d'énormes limites, en raison de la présence
de régimes anti-communistes nombreux (Pakistan, Vietnam
du sud
).
Le PCC entendait jouer sur les contradictions
internes des pays du " 1/3 monde " et ne pas attaquer
de front.
Ce souci de ne pas heurter de front est le même que pour
les rapports avec l'URSS, puisqu'il s'agit de gagner les révolutionnaires
déboussoléEs par l'arrivée au pouvoir des
révisionnistes.
Mao a longuement développé la position révolutionnaire
sur Staline, expliquant les grands apports de Staline et ses
erreurs concernant la compréhension de la dialectique.
C'est la position de la plupart des Partis Communistes d'Asie,
à l'opposé de ceux d'occident où les cliques
révisionnistes suivent Khrouchtchev (Browder aux USA,
Thorez en France, Togliatti en Italie).
Tactiquement, pour ne pas heurter
de front le mouvement communiste international suivant la position
du PC d'Union Soviétique, Mao soutient la critique de
Staline mais la considère comme erronée.
C'est cette position qui est développée par le
PCC, qui publie le 5 avril 1956 dans le Quotidien du peuple un
texte intitulé " De l'expérience historique
du prolétariat". Il s'agit d'une approbation de l'autocritique
du PCUS au sujet de Staline, tout en valorisant le parcours historique
de l'URSS et le rôle de Staline.
A l'ouverture du 8ème congrès du PCC, Mao Zedong
dira ainsi que :
" Bien des thèses politiquement justes ont été
énoncées au récent XXème congrès
du PC soviétique et des erreurs dans le parti ont été
condamnées ".
Tout en réaffirmant la nécessité de défendre
Staline, Mao Zedong et le PCC louvoient, cherchant à démasquer
les révisionnistes.
L'intervention militaire en Hongrie et la politique de l'URSS
vis-à-vis de la Pologne vont alors mettre définitivement
sens dessus-dessous le mouvement communiste international. C'est
l'occasion pour le PCC de gagner un immense prestige en critiquant
le PCUS sur les questions de principe, critique que le PCUS va
être obligé d'accepter devant la pression du mouvement
communiste international, tout en gardant une rancune tenace
devant cet état de fait.
Comme le raconte le Quotidien du peuple :
" Les événements les plus saillants qui se
sont produits durant cette période concernent les relations
soviéto-polonaises et la rébellion contre-révolutionnaire
en Hongrie.
Ils sont différents de par leur nature, mais dans les
deux cas, la direction du PCUS a commis de graves erreurs. Elle
a commis l'erreur du chauvinisme de grande puissance, en mobilisant
des troupes pour soumettre par la force les camarades polonais.
Au moment critique où les forces contre-révolutionnaires
de Hongrie occupaient Budapest, la direction du PCUS avait tenté
à un moment donné d'adopter une politique de capitulation
et d'abandonner la Hongrie socialiste à la contre-révolution.
Ces erreurs commises par la direction du PCUS ont donné
lieu à des activités effrénées parmi
tous les ennemis du communisme, créant de graves difficultés
à bon nombre de partis frères et portant un sérieux
préjudice au mouvement communiste international.
Face à une telle situation, les communistes chinois, avec
d'autres partis frères qui s'en tiennent fermement au
marxisme-léninisme, ont soutenu avec force, qu'il fallait
repousser l'offensive de l'impérialisme et de la réaction
en vue de sauvegarder le camp socialiste et le mouvement communiste
international.
A ce moment-là, nous préconisions énergiquement
l'adoption de toute mesure s'avérant nécessaire
pour écraser la rébellion contre-révolutionnaire
et nous étions fermement contre l'abandon de la Hongrie
socialiste. Nous soutenions avec force qu'il fallait adopter
des principes corrects pour régler les problèmes
existant entre partis frères, renforcer l'unité
du camp socialiste, rejeter résolument les méthodes
erronées du chauvinisme de grande puissance. En même
temps, nous avons fait de grands efforts pour sauvegarder le
prestige du PCUS.
La direction du PCUS fit sienne notre proposition. Et dans la
" Déclaration sur le développement et le renforcement
continuel des bases de l'amitié et de la coopération
entre l'Union soviétique et les autres pays socialistes
", publiée le 30 octobre 1956 par le gouvernement
soviétique, elle fit un examen de certaines erreurs qu'elle
avait commises dans le règlement des rapports entre pays
frères. Le 1er novembre, le gouvernement chinois fit une
déclaration, soutenant celle du gouvernement soviétique
" (Quotidien du peuple, 1963).
Par la suite, le PCUS s'abstint pour quelques temps d'intervenir
au niveau du Mouvement Communiste International, et laissa faire
la Yougoslavie titiste, qui approuvait la seconde phase de l'intervention
soviétique en Hongrie, tout en accusant la " fraction
stalinienne " d'être la cause de l'insurrection hongroise.
L'éditorial du Quotidien du peuple du 29 décembre
1956 ne prend pas de gants comme avec l'URSS et se permet d'accuser
ouvertement la Yougoslavie " d'exagérer les erreurs
de Staline ", de " déplacer le problème
", de parler " à la manière des bourgeois
", et affirme :
" On peut dire simplement, si l'on veut parler de stalinisme,
que le stalinisme, c'est tout d'abord le communisme, le marxisme-léninisme
" (Quotidien du peuple, 29 décembre 1956).
En janvier 1957, Chou En-Lai se rendit en Asie, puis à
Moscou, Varsovie et Budapest. Une déclaration fut signée
avec Khrouchtchev, affirmant que :
" En accordant son aide au peuple hongrois, l'Union soviétique
a rempli le devoir que lui dictait l'internationalisme (
).
Les pays socialistes sont unis par l'idée et la cause
du communisme. Leurs relations sont fondées sur la doctrine
marxiste-léniniste, sur les principes de l'internationalisme
prolétarien. De telles relatons sont des relations internationales
d'un type nouveau. Elles sont subordonnées à un
intérêt supérieur, celui de la victoire à
remporter dans la lute générale contre l'impérialisme,
dans la lutte pour le socialisme des différents pays,
pour le triomphe final du communisme ".
En novembre 1957 eut lieu à Moscou une conférence
secrète des partis communistes des 12 pays socialistes,
puis une conférence réunissant les 68 partis communistes
du monde. Le PCUS tentait de regagner son prestige, et le PCC
profitait de cela pour pousser le PCUS à accepter une
orientation allant dans un sens anti-révisionniste.
Le lancement des deux premiers Spoutnik
fut qualifié par Mao de " nouveau tournant de l'histoire
" et devant les représentants des 68 Partis Communistes
il affirma que :
" J'estime que la situation internationale est arrivée
à un nouveau tournant. Il y a maintenant deux vents dans
le monde : le vent d'Est et le vent d'Ouest. Selon un dicton
chinois, " ou bien le vent d'Est l'emporte sur le vent d'Ouest,
ou c'est le vent d'Ouest qui l'emporte sur le vent d'Est ".
A mon avis, la caractéristique de la situation actuelle
est que le vent d'Est l'emporte sur le vent d'Ouest, ce qui signifie
que les forces socialistes ont acquis une supériorité
écrasante sur les forces des impérialistes "
(Mao Zedong, citation de la conférence in : éditorial
du Drapeau rouge et du Quotidien du peuple, 18 novembre 1963).
Mao Zedong réussit à faire en sorte que la conférence
approuve la possibilité, en plus de la " voie pacifique
au socialisme " prônée par le révisionnisme
dans la lignée du XXème congrès, "
la voie du passage non pacifique ", puisque :
" le léninisme enseigne et l'expérience historique
confirme que les classes dominantes n'abandonnent pas de bon
gré le pouvoir ".
Mais l'équilibre ne pourra être que précaire
entre la Chine populaire révolutionnaire et l'URSS révisionniste.
c)Les
cent fleurs et
le mouvement de rectification (1957)
A la mi-janvier 1956, le PCC tient
une conférence ; le fait est que le PCC a des problèmes
dans sa liaison organique avec les masses, la critique est parfois
évitée voire carrément refusée par
des cadres du parti.
Le Quotidien de Pékin reprend le thème le 21 mars
de la même année, et c'est finalement Mao Zedong
qui développe la thématique des " cents fleurs
" dans un discours tenu le 2 mai 1956 : " Que cent
fleurs s'épanouissent et que cent opinions s'affrontent
". Le 19 juin 1957 paraît finalement dans le Quotidien
du Peuple le texte " De la juste solution des contradictions
au sein du peuple ".
Mao Zedong explique dans cet important texte qu'il faut bien
faire attention aux différentes sortes de contradictions
sociales. Il dit ainsi :
" Les contradictions entre nous et nos ennemis sont des
contradictions antagonistes.
Au sein du peuple, les contradictions entre travailleurs ne sont
pas antagonistes et les contradictions entre classe exploitée
et classe exploiteuse présentent, outre leur aspect antagoniste,
un aspect non antagoniste.
Les contradictions au sein du peuple ne datent pas d'aujourd'hui,
mais leur contenu est différent dans chaque période
de la révolution et dans la période de l'édification
socialiste " (Mao Zedong, De la juste solution des contradictions
au sein du peuple).
Mao Zedong avance alors une thèse précise quant
à la bourgeoisie nationale. Pour lui l'ennemi est en cette
phase l'impérialisme, le féodalisme et le capitalisme
bureaucratique. Il est possible d'intégrer la bourgeoisie
nationale dans cette phase de construction du socialisme, à
la condition qu'une politique intelligente soit menée.
Si celle-ci est menée de manière erronée,
ou si la bourgeoisie nationale refuse cette politique, alors
la contradiction avec elle deviendra antagonique.
Il souligne également la nécessité de ne
pas résoudre les problèmes de manière administrative.
Il dit à ce sujet :
" Nous sommes pour une liberté qui s'accompagne d'une
direction et pour une démocratie à direction centralisée,
mais cela ne signifie nullement qu'on puisse recourir à
la contrainte pour résoudre les questions idéologiques
et les questions portant sur la distinction entre le vrai et
le faux qui surgissent au sein du peuple.
Tenter de résoudre ces questions au moyen d'ordres administratifs
est non seulement inefficace, mais nuisible. Nous ne pouvons
supprimer la religion avec des ordres administratifs, ni obliger
ni les gens à ne pas croire. On ne peut obliger les gens
à renoncer à l'idéalisme ni à croire
au marxisme.
Toute question d'ordre idéologique, toute controverse
au sein du peuple ne peut être résolue que par des
méthodes démocratiques, par la discussion, la critique,
la persuasion, l'éducation ; on ne peut la résoudre
par des méthodes coercitives et répressives "
(Ibidem).
Il va de soi que la gestion des affaires d'Etat présuppose
un aspect administratif, mais cela va de pair avec l'éducation.
Mao résume ce concept en les termes " Unité
- lutte - unité ". Il s'agit d'avancer tout en maintenant
l'unité.
Le mouvement des cent fleurs vise à ce que les masses
s'expriment ; il faut rejeter les " fleurs vénéneuses
" et faire en sorte que le peuple s'exprime véritablement.
Mais les contre-révolutionnaires profitent des cent fleurs
afin de lancer une offensive, à laquelle répond
un mouvement de rectification.
Ce dernier concerne 100.000 contre-révolutionnaires
et mauvais éléments (les premiers étant
65.000), dont 5.000 membres du parti.
Cette lutte contre les déviations droitières dure
jusqu'en avril 1958 après avoir été lancée
par le Quotidien du Peuple du 8 juin 1957. Par la suite, en été,
le Parti lance le thème de la défense des trois
drapeaux rouges :
· Le premier drapeau consiste en " la ligne générale
de la construction socialiste ;
· Le second drapeau consiste en " le grand bond en
avant " ;
· Le troisième drapeau consiste en les " communes
populaires.
Histoire du Parti Communiste
de Chine : le sommaire
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