Histoire du Parti Communiste français
Les
communistes dans la Résistance (1939-1945)
" Si Hitler malgré tout déclenche la guerre,
alors qu'il sache bien qu'il trouvera devant lui le peuple de
France uni, les communistes au premier rang, pour défendre
la sécurité du pays " (Thorez au parlement).
Au début de l'été 1939, le PC dispose de
700.000 militantEs, dont 220.000 sont encadréEs.
Les milliers d'arrestation menées en 1939 ne touchent
pas l'essentiel de l'appareil du parti ; un rapport policier
de juin 1940 dit ainsi que " les communistes donnent l'impression
d'être prêts à marcher si l'ordre leur en
est donné ".
Le roman à feuilleton d'Aragon,
" Les [femmes] communistes " racontent la vie du Parti
à ce moment là.
Mais les nazis tentent de manipuler l'influence du PC. Ils publient
un quotidien de style ouvrier, " La France au travail ",
qui reprend de l'humanité le format, la typographie, la
présentation
et tente de se faire passer pour lié
au PC.
Le PC tombe dans le panneau de la discussion, et des pourparlers
se font avec les nazis pour que l'Humanité puisse reparaître
et le PC être légalisé. Ces demandes seront
violemment attaquées par l'IC.
Le PC mène alors une grande campagne de propagande, sur
des mots d'ordre révolutionnaires, mais marqués
par la ligne du Front Populaire. Tracts, affiches, agitation
" Ni Londres, ni Berlin ! A bas la guerre impérialiste
! A la porte les forbans de Vichy, valets de l'étranger.
La France aux Français, Thorez
au pouvoir ", tels sont les mots d'ordre du PC, qui subit
une critique de l'IC, qui demande de ne pas attaquer De Gaulle
ni l'Angleterre.
A partir de juin 1941 (invasion de l'URSS par l'Allemagne), le
PC développe la pratique de la clandestinité de
la direction.
On peut lire le 15 août 1941 dans l'Humanité : "Francs-tireurs
de 1941, debout pour chasser l'ennemi du sol sacré de
la Patrie. C'est le moment car nos frères de l'Armée
Rouge retiennent en URSS l'essentiel des forces hitlériennes
".
Des secrétariats régionaux sont formés ;
de juin à décembre 1941 sont menés 107 sabotages,
41 attaques à l'explosif, 8 déraillements. Une
action très connue est celle de Pierre Georges, dit le
Colonel Fabien : le 22 août 1941 il abat un jeune aspirant
de marine. C'est le premier attentat individuel d'une longue
série, entraînant à chaque fois des rafles.
Deux ouvrages importants paraissent : " Révolution
et contre-révolution au Xxème siècle "
de Georges Politzer, et " Non, le nazisme n'est pas le socialisme
" de Gabriel Péri.
Le PC fonde alors le Front National, compris comme un mouvement
large dirigé par le parti et rassemblant des personnalités,
des intellectuels, communistes et non communistes (ainsi François
Mauriac).
Et, durant l'été 1941, sont formés les FTPF
(Francs - Tireurs Partisans Français), destinés
à la lute armée (que De Gaulle refuse). Les FTPF
sont dirigés par un Comité Militaire National (CMN)
et des Comités Militaires départementaux. Les brochures
paraissent avec de fausses couvertures, ainsi le manuel de sabotage
le plus connu est le " Manuel du légionnaire : ce
qu'il faut savoir de la défense passive ", sous la
bannière de la LVF (Ligue des Volontaires Français
contre le bolchevisme ! !).
Les FTPF se divisent en groupes de huit hommes dont un chef de
groupe. Leur ligne est donnée dans le journal France d'abord
:
" Que chaque cri se fasse balle. La lutte armée doit
devenir le devoir de toute la Résistance. Chaque ennemi
sera ainsi visé. Car combien sont-ils donc, et combien
sommes-nous, si nous sommes un peuple allié de ses alliés?
La victoire ne sera obtenue que par la destruction de l'armée
hitlérienne dont la puissance initiale a été
forgée, avant la guerre, à l'abri des divers 'attentismes'
de la non-intervention et de Munich.
De ces données découle une stratégie commune
à tous les peuples unis dans la volonté d'en finir
le plus tôt possible avec l'hitlérisme.
Cependant, si les Russes restent seuls à détruire
la puissante armée nazie, les Français devront
supporter un autre hiver de guerre, au cours duquel Hitler pourra
réaliser au moins ce qui fut le premier article de son
programme insensé de domination du monde : détruire
la France, berceau de la liberté.
Donc, aucun Français de France n'a intérêt
à laisser durer une guerre atroce, alors qu'il est possible
de l'abréger.
Hitler a en France 250.000 hommes pour faire face au second front.
Les forces d'occupation sont si réduites que Hitler les
double de policiers, gendarmes, légionnaires et autres
mercenaires que Pétain et Laval transforment en soldats
boches pour aider à occuper, piller, à saigner
la France. Mais les Français en état de se battre
sont dix fois plus nombreux que l'ennemi.
Un boche isolé est un prisonnier. L'ennemi n'occupe militairement
le terrain que là où ses unités peuvent
agir en tant qu'unités. Et tous les transports, voies
de communication, transports publics, ne sont assurés
que par des mains de Français. En dehors d'une force d'occupation
réduite, il ne reste qu'une occupation politique exercée
par des traîtres. Dans ce rapport des forces, la terreur
nazie n'est opérante que pour ceux qui l'acceptent ou
bien l'encouragent en exagérant sa puissance pour mieux
masquer leur lâcheté.
Attendre, faire la guerre avec la peau des Russes, partir en
Allemagne pour travailler pour l'ennemi, laisser guillotiner
les Français pour crime de patriotisme, c'est reculer
l'heure du second front en désertant le front de France
!
Le front de France ? Il est partout où il y a un boche,
une de ses armes ou un wagon, un camion, de l'essence ou du blé
destiné aux boches, un terrain d'aviation, un dépôt
d'armes, un chien de Laval.
Nos armes ? Elles sont partout où un peu de courage donne
le loisir d'en prendre. Chaque ennemi désarmé doit
servir à armer un chef de groupe, autour duquel s'armeront
d'autres patriotes d'armes improvisées. Pour la forme
de guerre qui nous incombe, contre les forces d'occupation, le
nombre doit suppléer à la qualité du matériel.
Et nous sommes dix contre un
Comme vous le recommande le Front National, dans vos usines,
vos quartiers, groupez-vous en Comités populaires de la
France combattante pour coordonner toutes les formes d'action
politique et économique contre l'ennemi ; arrêtez
toute production pour les boches et empêchez tout départ
pour l'Allemagne. En même temps, organisez et menez l'action
armée.
" La Libération nationale, a dit le général
de Gaulle, ne peut se séparer de l'insurrection nationale
".
L'insurrection nationale ne saurait être le produit d'un
miracle, une génération spontanée à
l'heure H. Il n'existe pas d'autres moyens d'organiser une armée
de patriotes pour la Libération que le combat quotidien,
qui forge la discipline et les chefs, procure les armes et permet
d'organiser en agissant, d'agir en organisant.
Laisser croire le contraire serait préparer à notre
peuple des désillusions que nous voulons épargner.
Chacun à son poste, chacun à son arme. Que sans
attendre, tout ce qui appartient à l'armée d'occupation
soit cerné de haine, attaqué, frappé, exterminé.
Et que, sur le Front National de la Libération, retentisse
le cri de guerre contre tous ceux qui veulent détruire
notre patrie : TOUS DEBOUT ET CHACUN SON BOCHE ".
Mais en pratique, la direction du PCF se soumettra progressivement
à De Gaulle au niveau de la stratégie politico-militaire,
et ne profite pas du formidable élan populaire et du prestige
du PCF dû à la résistance de ses militantEs.
Les partisans de la prise du pouvoir sont écartés
; le PCF se fait violemment critiqué par l'IC.
Histoire du Parti Communiste
français : le sommaire |
|