Que
les communistes des pays impérialistes unissent leurs
forces pour assurer la renaissance du mouvement communiste !
Résolution
adoptée à la quatrième réunion élargie
de la Commission préparatoire (CP) du congrès de
fondation du (nouveau) Parti communiste italien
(extrait
de La Voce n° 12, novembre 2002
- La Voce, organe de la Commission de préparation du congrès
de fondation du ('nouveau)Parti Communiste italien)
Prolétaires
de tous les pays, unissez-vous ! Il y a un peu plus de 150 ans
que Marx et Engels, les fondateurs du mouvement communiste en
tant que mouvement conscient et organisé, lançaient
avec le Manifeste du parti communiste cet appel, et malgré
tous les changements qui se sont produits jusqu'à aujourd'hui,
celui-ci demeure pleinement valide et indique la condition de
la victoire de la classe ouvrière et des masses populaires
sur la bourgeoisie impérialiste.
Il y a exactement
100 ans, Lénine, le dirigeant de la première révolution
prolétarienne victorieuse, indiquait dans son ouvrage
Que faire ? les caractéristiques générales
des partis communistes dont la classe ouvrière avait besoin
pour amorcer l'époque socialiste.
Sur la base de ces
précédents, la Commission préparatoire (CP)
du congrès de fondation du (nouveau) Parti communiste
italien se tourne vers les partis communistes, les organisations
communistes, les communistes non organisés et les organisations
qui luttent pour instaurer le socialisme (c'est-à-dire
vers toutes les forces subjectives de la révolution socialiste
- FSRS) dans les pays impérialistes pour qu'ils mobilisent
et unissent leurs forces afin de faire en sorte que la classe
ouvrière et les masses populaires de chacun de ces pays
disposent au plus vite d'un parti communiste qui tienne pleinement
compte de l'expérience de la première vague de
la révolution prolétarienne et qui soit à
la hauteur de la tâche qui se pose aux communistes, qui
découle de la seconde crise générale du
capitalisme et conséquemment, de la situation révolutionnaire
en développement.
Dans ce but, nous
souhaitons exposer ici et expliquer sommairement nos conceptions
et nos intentions par rapport à cette tâche internationaliste.
La tâche pour laquelle la CP s'est constituée et
qu'elle entend mener à terme est la convocation du congrès
de fondation du (nouveau) Parti communiste italien.
Notre propre travail
pour réaliser cet objectif montre toujours plus clairement
à chaque étape que la renaissance du mouvement
communiste dans notre pays est rattachée par mille liens
à la renaissance du mouvement communiste dans le reste
du monde, en particulier dans les autres pays impérialistes,
et spécialement à sa renaissance dans les pays
impérialistes européens auxquels notre pays est
étroitement lié.
Nous croyons que
c'est une conception nationaliste erronée que de penser
que la renaissance du mouvement communiste puisse progresser
de façon illimitée dans un seul pays si elle ne
se développe pas, au moins dans une certaine mesure, dans
d'autres pays.
Nous ne nous tournons
pas vers les communistes des autres pays par présomption
ou avec un manque de respect et de considération pour
leur expérience et le travail qu'ils développent.
Au contraire, nous entendons soumettre aux communistes des autres
pays nos conceptions et nos intentions pour établir avec
eux des liens basés sur la critique et l'autocritique,
qui aideront chacun à réaliser mieux et plus rapidement
ses propres objectifs.
L'avancement de
chacun de nous est conditionné par l'avancement des autres.
Cela configure et délimite un champ de travail commun,
qui confirme le caractère international de la transformation
à laquelle nous travaillons : la victoire de la révolution
prolétarienne, l'instauration du socialisme et la marche
vers le communisme.
La crise du capitalisme
et la résistance
des masses populaires
* Jour après
jour, les contradictions s'accentuent entre la bourgeoisie impérialiste
et les masses populaires des pays opprimés et aussi des
pays impérialistes. Au même moment, les contradictions
entre les groupes impérialistes et leurs États
s'aggravent elles aussi.
La contradiction
entre le caractère collectif atteint par les forces productives
matérielles et spirituelles des êtres humains d'une
part et de l'autre, la survie des rapports de production capitalistes
devient toujours plus antagonique et se manifeste dans des domaines
de plus en plus nombreux (la dévastation de l'environnement
et la remise en question de l'intégrité même
de l'espèce humaine en sont des exemples) et de manière
chaque fois plus forte.
La survie des rapports
de production capitalistes fauche toujours plus de victimes parmi
les masses populaires au sein même des pays impérialistes,
en plus de précipiter les masses populaires des pays opprimés
et des ex-pays socialistes dans un gouffre sans fond.
Au début
des années 70 du siècle dernier s'est terminée
la période de reprise de l'accumulation du capital et
de développement de l'activité économique
qui avait suivi la Seconde Guerre mondiale et a débuté
la seconde crise générale du capitalisme.
La crise provoquée
au sein du mouvement communiste par la domination du révisionnisme
moderne a abouti jusqu'à l'effondrement du camp socialiste,
la liquidation d'une grande partie des partis créés
dans le cadre de la Première Internationale communiste
et la disparition d'une grande partie des institutions (États,
partis, organisations de masse) créées lors de
la première vague de la révolution prolétarienne
mondiale.
Le déclin
du vieux mouvement communiste a permis au capitalisme de s'étendre
ouvertement de nouveau en toute liberté, à tous
les niveaux et dans tous les coins du monde, suivant sa nature
profonde.
Le caractère
réactionnaire, anti-populaire et destructif du capitalisme
dans sa phase impérialiste est réapparu au premier
plan. Le résultat est qu'à partir du début
des années 90, la crise générale du capitalisme
a progressé plus rapidement sur une vaste échelle
et au niveau mondial, donnant la confirmation que le capitalisme
est historiquement dépassé.
Cela pousse la bourgeoisie
impérialiste à intensifier la guerre d'extermination
qu'elle mène de fait contre les masses populaires des
pays impérialistes et des pays opprimés, afin de
créer des conditions d'exploitation adéquates à
la valorisation de la masse de capital accumulée.
Au même moment,
les groupes et les États impérialistes sont poussés,
étant donné les nécessités de la
valorisation du capital, à une nouvelle guerre inter-impérialiste.
Les groupes impérialistes européens, en particulier,
ne peuvent faire valoir leurs intérêts économiques
et politiques contre le cambriolage et l'arrogance des groupes
impérialistes U.S. qu'en se constituant comme puissance
politique et militaire opposée aux États-Unis.
Pour les groupes
impérialistes, régler les comptes entre eux devient
pour chacun d'eux une question de vie ou de mort toujours plus
pressante : dans le cadre du capitalisme, il n'y a pas d'autre
façon de s'imposer.
C'est seulement
en se dirigeant sur cette voie que l'Union européenne
peut survivre et se développer. C'est la voie que la bourgeoisie
impérialiste suit, inéluctablement et spontanément
; et pour la suivre, elle doit bon gré mal gré
pousser les masses populaires et même la classe ouvrière
à marcher avec elle.
Le développement
de la révolution socialiste dans les pays impérialistes
consiste à transformer la guerre d'extermination que les
masses populaires subissent aujourd'hui, en une guerre où
elles combattront de façon organisée, en prenant
l'initiative dans leurs propres mains avec une stratégie
et des tactiques adéquates à arracher la victoire.
Seul le développement
de la révolution socialiste dans les pays impérialistes
peut empêcher une nouvelle guerre inter-impérialiste
en la prévenant ou en la transformant en guerre révolutionnaire.
La renaissance du mouvement communiste est donc une nécessité.
* La résistance
que les masses populaires opposent depuis des années à
la progression de la crise générale du capitalisme
ne se développe pas seulement dans les pays opprimés
et dans les ex-pays socialistes, mais aussi dans les pays impérialistes.
Mais jusqu'à maintenant, surtout dans les pays impérialistes,
elle n'agit que marginalement comme école du communisme
parce qu'elle n'est pas orientée et dirigée par
la classe ouvrière par l'intermédiaire des partis
communistes.
Au contraire, elle
s'est développée de façon spontanée
et en ordre dispersé.
D'une part, chaque
prolétaire et élément des masses populaires
" lutte un à un contre la bourgeoisie ".
Leur résistance
aboutit et se disperse dans la révolte individuelle, dans
l'abrutissement individuel, dans des tentatives de s'en sauver
individuellement et de se trouver une voie, jusqu'à l'adoption
de comportements généralement antisociaux d'individus
et de petits groupes, tels des agressions ou des actes de vandalisme
sans distinction de classe, la criminalité généralement
anarchique et individualiste qui imite le comportement des capitalistes,
ou des activités subversives d'individus et de petits
groupes détachés entre eux.
D'autre part, les
travailleuses et travailleurs " d'une même catégorie
dans un lieu donné luttent seulement contre le bourgeois
qui les exploite directement " : leur résistance
reste confinée aux luttes syndicales et revendicatives,
infestées d'illusions réformistes et de déviations
spontanéistes et aventuristes ; dans beaucoup de cas,
la résistance se développe sous la direction d'organisations
asservies à la bourgeoisie impérialiste, de syndicats
du régime et des restes d'organisations de masse du vieux
mouvement socialiste et communiste maintenant employés
par la bourgeoisie ou manipulés par elle.
Dans d'autres cas,
les travailleuses et travailleurs, plutôt que de lutter
contre les rapports bourgeois de production et la classe qui
impose leur conservation, luttent contre d'autres travailleurs.
De fait, il arrive
que la bourgeoisie impérialiste transforme la contradiction
qui l'oppose aux masses populaires en mille et une contradictions
entre des sections des masses populaires : alors, la résistance
des masses populaires à la progression de la crise du
capitalisme se développe sous la direction de forces ouvertement
réactionnaires, fascistes et racistes.
Toutes ces manifestations
de résistance ne sont pas choses nouvelles : les fondateurs
du mouvement communiste nous les ont déjà décrites
dans le Manifeste du parti communiste dès 1848 (chapitre
I), parce qu'elles sont typiques des périodes où
le mouvement communiste, en tant que mouvement conscient et organisé,
reste faible.
Seulement aujourd'hui,
elles se présentent à un niveau plus élevé
et sous des vêtements nouveaux, et plusieurs d'entre nous
nous ne les reconnaissent pas.
Mobilisation révolutionnaire
et mobilisation réactionnaire se confondent et dans la
confusion, c'est la bourgeoisie impérialiste qui prévaut,
elle qui possède le pouvoir, l'expérience, l'organisation,
des institutions, des méthodes et des procédures
de contre-révolution préventive éprouvées.
* Il est juste et
nécessaire que nous, communistes, en particulier dans
les pays impérialistes, nous nous demandions pourquoi
la renaissance du mouvement communiste qui se veut libre de la
tumeur du révisionnisme moderne progresse si lentement,
et pourquoi le mouvement communiste a encore une influence si
limitée sur la classe ouvrière et sur les masses
populaires, bien que la résistance des masses à
la progression de la crise générale du capitalisme
se développe sur une large échelle.
Dans beaucoup de
pays impérialistes, il n'existe pas encore de partis communistes.
Même dans
ceux où existent depuis des années des partis qui
se déclarent marxistes-léninistes, voire même
marxistes-léninistes-maoïstes, les progrès
accomplis dans l'accumulation de forces révolutionnaires
sont petits ou presque nuls.
Au point où
quelques camarades, surtout de partis de pays opprimés,
mais aussi de partis de pays impérialistes, en arrivent
à soutenir qu'il est aujourd'hui impossible dans les pays
impérialistes d'accumuler des forces révolutionnaires,
que la révolution prolétarienne doit d'abord se
développer à large échelle dans les pays
opprimés, que les communistes des pays impérialistes
ne peuvent faire autre chose que de résister comme petits
groupes en attendant une situation plus favorable que le développement
de la révolution dans les pays opprimés et l'aggravation
des contradictions des groupes et des États impérialistes
entre eux et avec les masses populaires, créeront tôt
ou tard. Mais il s'agit là de conceptions erronées.
D'une part on attribue
la responsabilité des événements au mouvement
spontané des masses populaires et on surestime le rôle
du mouvement spontané (en définitive, c'est une
erreur de spontanéisme) ; d'autre part on en vient à
justifier le retard du mouvement communiste des pays impérialistes,
dont on ne reconnaît pas les véritables causes,
ce qui amène une forme de résignation.
L'expérience
nous enseigne que le socialisme ne peut se consolider au niveau
mondial que si la révolution socialiste est victorieuse
dans les plus importants pays impérialistes, bien que
dans le contexte d'une situation révolutionnaire au niveau
mondial, la révolution socialiste puisse commencer dans
n'importe quel pays.
Elle nous enseigne
aussi que sans un fort mouvement communiste dans les pays impérialistes,
et donc sans de forts partis communistes, le mouvement communiste
ne se développera pas au niveau mondial, au-delà
de certaines limites.
La Révolution
culturelle prolétarienne lancée en 1966 par le
Parti communiste chinois sous la direction de Mao Zedong n'a
pas réussi à renverser la décadence du mouvement
communiste.
Les victoires considérables
de la révolution prolétarienne conquises dans les
années 70 dans certains pays opprimés (Vietnam,
Laos, Cambodge, Yémen du Sud, Nicaragua, Angola, Mozambique,
Éthiopie) n'y sont pas arrivées elles non plus.
Dans les pays opprimés où la résistance
des masses populaires à l'impérialisme est plus
vaste et forte, celle-ci reste souvent guidée par des
forces réactionnaires ; il y a un contraste singulier
entre l'héroïsme avec lequel les masses populaires
combattent et le caractère réactionnaire des forces
politiques qui les dirigent ; ce phénomène s'est
déjà manifesté dans le passé dans
les pays où l'influence du mouvement communiste mondial
en tant que mouvement conscient et organisé était
plus faible.
La faiblesse du
mouvement communiste dans les pays impérialistes freine
et limite y compris même le développement du mouvement
communiste dans les pays opprimés par l'impérialisme.
Elle est dûe
à des causes internes au mouvement communiste des pays
impérialistes et elle ne sera pas automatiquement guérie
par l'accentuation des contradictions, ni par un éventuel
développement majeur du mouvement communiste dans les
pays opprimés.
Celui-ci a certainement
apporté une contribution importante à la renaissance
du mouvement communiste dans les pays impérialistes -
il suffit de constater le rôle joué par le Parti
communiste du Pérou dans un passé récent
-, mais il ne peut en constituer le facteur décisif. Il
revient à nous, communistes, d'éliminer les causes
qui nous empêchent d'être à la tête
de la résistance que les masses populaires opposent au
développement de la crise du capitalisme dans les pays
impérialistes.
D'où viennent
les difficultés que nous, communistes des pays impérialistes,
rencontrons dans l'accumulation de forces révolutionnaires
?
Erreurs de dialectique
* Certains répondent
que ces difficultés proviennent de la force économique,
politique et culturelle de la bourgeoisie impérialiste
et de la férocité et du manque de scrupule des
systèmes de contre-révolution préventive
qu'elle a élaborés et perfectionnés, d'abord
pendant, et ensuite après la première vague de
la révolution prolétarienne (1900-1950). Mais il
est évident que ces facteurs existent et continueront
à exister tant que ne prévaudront pas les forces
révolutionnaires.
On ne peut donc
les considérer comme étant le principal obstacle
au développement des forces révolutionnaires ;
ils sont en fait une cible, que les forces révolutionnaires
doivent abattre. Quand et où les communistes ont-ils jamais
réussi à accumuler des forces révolutionnaires
simplement parce que la classe dominante aurait facilement accepté
de leur céder le terrain ? Quelle serait la tâche
des communistes si la classe dominante n'opposait pas la plus
acharnée, la plus cynique et féroce résistance
à l'avancée du socialisme ?
Le fondateur du
mouvement communiste nous a au contraire enseigné que
la révolution fait se lever une contre-révolution
puissante ; ainsi, c'est seulement en la combattant que le parti
de la révolution peut atteindre la maturité d'un
vrai parti révolutionnaire (K. Marx, Les luttes de classes
en France [1848-1850]).
Quelques décennies
plus tard, Staline nous a indiqué que l'expérience
confirmait cet enseignement de Marx : à savoir que la
lutte de classe devient plus aiguë au fur et à mesure
que la révolution prolétarienne s'étend.
La force, le cynisme
et la férocité de la contre-révolution sont
seulement un signal que la bourgeoisie impérialiste rencontre
de plus en plus de difficulté à faire survivre
son pouvoir ; elles constituent donc un signe et une confirmation
de l'immense potentiel de développement et de succès
du mouvement communiste.
* D'autres répondent
que les difficultés que le mouvement communiste rencontre
actuellement dans les pays impérialistes proviennent de
l'ampleur de l'opportunisme. L'opportunisme est une forme de
résignation et d'assujettissement à la domination
de la bourgeoisie, une sorte d'accord avec la bourgeoisie dans
le but qu'elle satisfasse les besoins immédiats d'individus
ou de tels ou tels petits groupes ou de quelques catégories.
L'opportunisme,
c'est des accommodements avec la bourgeoisie qui l'aident à
préserver son pouvoir ; c'est nourrir des illusions sur
la bourgeoisie ; c'est hésiter dans la lutte contre elle.
Mais nous ne pourrons éliminer l'opportunisme que dans
le cours du développement de la révolution : son
élimination à un niveau général ne
peut être considérée comme étant une
condition préalable au déclenchement de la révolution.
En effet, l'opportunisme est alimenté principalement par
deux sources.
La première,
c'est l'influence que la bourgeoisie impérialiste exerce
dans les rangs des révolutionnaires (influence idéologique,
chantage et corruption) : il s'agit d'une influence que nous
pouvons contenir mais que nous ne pourrons éliminer complètement
tant qu'on n'aura pas éliminé la bourgeoisie elle-même.
L'autre source,
c'est l'influence que la bourgeoisie, comme vieille classe dominante,
possède structurellement sur les masses populaires non
encore mobilisées ou qui ne sont que faiblement mobilisées
dans la lutte révolutionnaire : cette influence, nous
l'éliminerons au fur et à mesure que le mouvement
communiste réussira à impliquer les masses populaires.
Il est donc évident
que le caractère largement répandu de l'opportunisme
ne constitue pas la source de nos difficultés : c'est
par contre une manifestation de nos difficultés, un de
ses aspects.
* L'obstacle principal
à la renaissance du mouvement communiste dans les pays
impérialistes est d'ordre interne ; ainsi donc, son élimination
repose entièrement entre nos mains, communistes des pays
impérialistes.
Cet obstacle, c'est
le dogmatisme de ceux qui se déclarent communistes et
qui cherchent sincèrement à agir comme tels ; c'est
la conception peu dialectique qui les guide et la méthode
peu dialectique avec laquelle ils cherchent à connaître
le monde et à le transformer. Le dogmatisme entrave la
construction des partis communistes, mais aussi leur renforcement
lorsqu'ils existent déjà.
Nous, communistes,
n'adhérons pas suffisamment aux lois du mouvement pratique
qui transforme l'état actuel des choses, c'est-à-dire
aux lois du communisme comme le définissaient déjà
Marx et Engels dans L'idéologie allemande (1846). Pour
cette raison, nous n'arrivons pas à le diriger.
Certains nient même
qu'il existe un tel mouvement pratique qui transforme l'état
actuel des choses, et ils le réduisent à ce qu'ils
déterminent, i.e. au mouvement conscient et organisé.
Le point de vue selon lequel c'est le mouvement conscient et
organisé qui crée le mouvement pratique est un
point de vue idéaliste.
Développé
avec cohérence, il porte à conclure qu'il n'y a
pas un mouvement pratique que nous devons connaître pour
être communistes ; et cela réconforte l'indifférence
envers l'enquête et l'élaboration de l'expérience
qui effectivement affecte tant de communistes.
Il existe en réalité
un mouvement pratique qui transforme l'état actuel des
choses : notre tâche comme communistes est d'en comprendre
les lois, pour le diriger. Peut-être est-ce du codisme
que d'adhérer aux lois du mouvement pratique qui transforme
le monde ?
Non ! Le codisme,
c'est de se placer derrière les masses populaires encore
influencées par la bourgeoisie, c'est-à-dire de
subir indirectement l'influence de la bourgeoisie. Le mouvement
pratique transforme la société actuelle, il la
pousse vers le communisme.
Nous, communistes,
devons comprendre les lois de cette transformation ; nous devons
être conscients de la nécessité inhérente
des choses et devenir des promoteurs actifs et conscients de
leur transformation.
La transformation
de la société capitaliste en société
communiste, de par sa nature, c'est le passage d'un mouvement
que les hommes subissent par nécessité et qu'ils
accomplissent sans en être conscients à un mouvement
conscient et planifié.
Déjà
dans le Manifeste du parti communiste, Marx et Engels nous ont
enseigné que le rôle des communistes par rapport
au reste de la masse des travailleurs et travailleuses consiste
à connaître les conditions, la marche et les résultats
généraux du mouvement prolétarien et à
être la partie la plus résolue du prolétariat,
celle qui le pousse toujours plus vers l'avant (chapitre II).
La transformation
de la société capitaliste en société
communiste est un mouvement objectif et nécessaire qui
ne peut s'accomplir qu'en devenant un mouvement subjectif et
conscient.
Sans conscience
et direction il se disperse en mille directions, il stagne et
quelques fois et pour un certain temps, il peut même se
transformer en son contraire.
Sans théorie
révolutionnaire, le mouvement révolutionnaire ne
peut pas se développer au-delà d'un niveau élémentaire
et spontané, et il reste exposé sous mille et une
formes aux manuvres expérimentées de la classe
dominante qui l'influence, l'infiltre, le dévie, le détourne
de son parcours, l'enveloppe dans des contradictions inextricables,
l'exténue, le fragmente, le disperse et oppose une partie
du mouvement pratique à une autre.
La bourgeoisie impérialiste,
en particulier, transforme systématiquement, même
spontanément sinon que consciemment, les contradictions
qui l'opposent aux masses populaires, en contradictions au sein
des masses populaires ; de cette manière, elle arrive
à prolonger son existence, elle rend misérable
le sort des masses populaires et elle les abrutit moralement
et intellectuellement.
Ainsi, la mobilisation
des masses populaires contre la progression de la crise générale
du capitalisme ne devient pas une mobilisation révolutionnaire,
mais elle devient une mobilisation réactionnaire, dirigée
par les groupes de la bourgeoisie impérialiste.
L'obstacle principal
à la renaissance du mouvement communiste consiste dans
le fait que les communistes qui s'adonnent sincèrement
à la cause de la révolution ont une conception
du monde et une méthode de travail qui ne tiennent pas
suffisamment compte ni des transformations que la société
bourgeoise a connues, ni de l'expérience de la première
vague de la révolution prolétarienne.
Quant aux programmes
de la plupart des partis et des groupes communistes des pays
impérialistes, lorsqu'ils analysent le mouvement économique,
politique et culturel de la société actuelle, c'est
comme si la première vague de la révolution prolétarienne,
qui a bouleversé le monde entier d'un bout à l'autre,
était passée sans laisser de trace, seulement parce
que se sont écroulés les États, les partis
et les organisations de masse qu'elle avait créés.
Le communisme est
vraiment mort et rayé de l'histoire, il n'a jamais existé,
même dans ces programmes ! C'est encore l'influence idéologique
de la bourgeoisie, des illusions et conjurations de la bourgeoisie.
Mais la réalité est bien différente.
Rompre avec le dogmatisme
qui rend nos efforts stériles ; élaborer une théorie
révolutionnaire qui reflète la réalité
de la transformation vers le communisme que nous devons diriger
; et donner, sur cette base, des solutions révolutionnaires
aux tâches de la révolution prolétarienne
: tout ça se retrouve dans la thèse voulant que
les nouveaux partis communistes doivent être fondés
sur le marxisme-léninisme-maoïsme. Dans les sept
points qui suivent, nous illustrerons plus en détail cette
thèse.
1. Les formations
économico-sociales impérialistes
La conception du
mouvement économique et politique des sociétés
impérialistes qu'ont aujourd'hui une grande partie des
communistes sincères est une combinaison
1) de formules marxistes-léninistes
répétées sans cesse, sans l'enrichissement
et la spécificité que les développements
de la réalité exigent, et qui donc se réduisent
à des formules creuses ;
et 2) d'analyses
patentées par les révisionnistes soviétiques
qui, asservis à la bourgeoisie impérialiste dans
le champ de la politique, de la gestion de la société
et de la culture, ont laissé survivre à la longue
un secteur momifié de l'idéologie qui répétait
et adaptait de façon opportuniste le marxisme-léninisme,
tant qu'il leur servait de couverture : les plus âgés
se souviennent bien de Suslov et de ses discours creux.
Pour se convaincre
que cette affirmation est vraie, il suffit d'étudier les
programmes actuels des partis communistes des pays impérialistes
ou d'étudier la conception du monde sous-entendue par
leurs analyses politiques.
Les sociétés
impérialistes présentent des caractéristiques
importantes qui se sont formées à la suite 1) de
la progression du caractère collectif des forces productives,
2) de la formation, de la part même de la bourgeoisie impérialiste,
d'une série de formes antithétiques de l'unité
sociale (FAUS), 3) de la première vague de la révolution
prolétarienne (dans laquelle ont été combinées
des révolutions socialistes et des révolutions
de nouvelle démocratie) avec la constitution des premiers
pays socialistes et la formation partout d'un fort mouvement
communiste, entendu comme étant un mouvement conscient
et organisé.
Dans la société
bourgeoise se sont formées une série de FAUS :
ordonnances, procédures et institutions avec lesquelles
la bourgeoisie cherche à faire face au caractère
collectif assumé des forces productives, en demeurant
cependant dans le domaine des rapports de production et des rapports
sociaux bourgeois qui le nient.
Parmi les FAUS appartiennent
la monnaie fiduciaire qui depuis plus de 50 ans sert le mouvement
économique au niveau mondial, et dans laquelle on matérialise
une grande partie du " pouvoir social " de chaque individu
; les politiques économiques publiques ; la négociation
collective du salaire et des conditions de travail au niveau
d'une catégorie d'employés-es, d'un pays, voire
du monde ; les systèmes de sécurité sociale
et les services publics ; les politiques démographiques
et de formation de la force de travail ; les réseaux de
communication unifiés au niveau mondial ; l'industrie
publique du logement ; les politiques environnementales et de
création d'infrastructures ; les autres institutions englobées
dans ce qu'on appelle " l'État social " ; bref,
pour employer une expression bourgeoise, tout ce qui sert à
maintenir ou promouvoir la cohésion sociale et éviter
la paralysie et le chaos auquel " le libre marché
et la recherche immodérée du profit ", c'est-à-dire
le mode de production capitaliste, mèneraient rapidement.
En somme, il s'agit
de toutes les ordonnances, les procédures et les institutions
avec lesquelles la bourgeoisie cherche à gouverner le
mouvement économique de la société et l'ensemble
de la vie sociale, tout en maintenant des rapports de production
capitalistes. Certes, la bourgeoisie n'arrive pas avec les FAUS
à gouverner le mouvement économique et à
l'organiser selon un plan et vers des objectifs prédéfinis.
Les rapports entre
les groupes capitalistes et les rapports entre la bourgeoisie
et la classe ouvrière et le reste des masses populaires
demeurent fondamentalement antagoniques et excluent que le mouvement
économique de la société soit gouvernable.
Puisque la bourgeoisie
impérialiste ne gouverne pas le mouvement économique,
la bourgeoisie impérialiste ne peut pas même dominer
le mouvement politique et culturel de la société
- " les choses lui échappent des mains ". Mais
les formes dans lesquelles se développe le mouvement économique,
politique et culturel ne peuvent pas être comprises sans
tenir compte de ces transformations.
L'essence du mode
de production capitaliste mise en lumière par Marx s'est
maintenue tout au long de l'époque capitaliste, mais elle
n'a jamais existé à l'état pur.
Elle n'a existé
qu'à travers des formations économico-sociales
concrètes qui se sont transformées profondément
dans le cours de l'époque capitaliste, justement parce
que la société capitaliste doit aboutir à
la société communiste. Celle-ci ne surgit pas d'un
coup et à l'improviste, mais se forme par la décomposition
de la société capitaliste et elle reste contrainte
dans son enveloppe, tant qu'elle ne le casse pas.
La substance du
capitalisme s'exprime dans des formes divergentes selon le degré
de capitalisation des sociétés, selon le niveau
auquel sont arrivés l'absorption formelle et l'absorption
réelle des activités humaines par le capitalisme,
selon la survie dans chaque pays concret de formes et d'institutions
de sa société pré-capitaliste avec lesquelles
le mode de production capitaliste s'est combiné en les
transformant, selon les formes et les institutions dans lesquelles
s'est exprimé le mouvement communiste dans chaque pays
concret, selon les FAUS que la classe dirigeante a concrètement
créées.
De plus, les formations
économico-sociales de l'époque impérialiste,
et en particulier celles de l'époque impérialiste
postérieure à la première vague de la révolution
prolétarienne, ont des caractéristiques spécifiques
distinctes des caractéristiques des sociétés
pré-impérialistes dont on doit tenir compte pour
diriger leur transformation.
Le capitalisme a
pris possession d'activités qui au XIXe siècle
n'étaient pas encore des activités économiques.
Le capitalisme a
transformé en activités commerciales des activités
qui se déroulaient depuis toujours pour chaque individu
ou groupe familial comme étant des activités "
naturelles ", spontanées et diffuses : la préparation
de la nourriture, la confection et l'entretien des vêtements,
le soin du corps et de l'esprit, les rapports sexuels, la procréation,
l'éducation et la garde des enfants, l'instruction, le
soin des malades, l'assistance aux aînés, la sépulture
des morts, les activités récréatives, etc.
Le capitalisme s'est
emparé de ces activités et d'autres encore, et
il les a repensées et restructurées en fonction
de sa propre nature.
Le capitalisme a
divisé les vieilles activités en plusieurs activités
distinctes productrices de marchandises, en érigeant chacune
d'elles en nouveaux secteurs productifs.
Il a profondément
divisé la connaissance, le projet, la prévision,
l'organisation et la direction de l'exécution ; il a fait
de chacune de ces activités une activité commerciale
en soi (un secteur distinct de l'activité économique)
et les a profondément transformées et enrichies.
Le développement
de l'urbanisation, des relations sociales et de la civilisation
a entraîné des nouvelles activités productrices
de marchandises. Le même fonctionnement du capitalisme
avec ses activités financières, commerciales, d'assurance
et publicitaires a engendré des activités productrices
de marchandises et des secteurs productifs.
Ces trois transformations
ont fait apparaître une classe ouvrière énorme
en nombre, mais avec des caractéristiques qui ne sont
pas celles auxquelles sont accoutumés les dogmatiques,
dont l'analyse de classe est demeurée accrochée
aux souvenirs du temps passé.
Marx nous a clairement
enseigné depuis les premières pages du Capital
qu'une marchandise peut être un bien cédé
ou un service prêté, que la nature de sa valeur
d'usage est secondaire, bien que dans son exposé, Marx
se soit surtout référé à des exemples
de marchandises-biens, conformément aux caractéristiques
de la société de son temps, il y a 150 ans.
Mais les dogmatiques
restent arrêtés aux exemples historiques maintenant
dépassés et ferment les yeux face au fait toutefois
évident qu'aujourd'hui, la majorité des marchandises
produites par les capitalistes, dont la production est le véhicule
et le support du procès de valorisation du capital (surtout
dans les sociétés impérialistes), est constituée
de services ; et il en sera toujours plus ainsi. De cette façon,
ils ignorent une grande partie de la classe ouvrière réelle
de nos pays.
Et c'est exactement
ce qu'ont enseigné les révisionnistes soviétiques
qui encore à la fin des années 80 comptabilisaient
comme production seulement la " production de biens matériels
".
C'est seulement
en étudiant et en comprenant suffisamment les mécanismes
des formations économico-sociales impérialistes
telles qu'elles sont aujourd'hui, que nous réussirons
à dégager la voie vers la révolution socialiste.
Il s'est produit
une combinaison entre le mouvement économique et le mouvement
politique de la société - qui est, d'une part,
comme disait Lénine, l'antichambre du socialisme, et qui
d'autre part imprime tant au mouvement économique qu'au
mouvement politique, et en général au mouvement
de la société dans chaque camp, des caractéristiques
dont doivent tenir compte les communistes sous peine de faillir
dans leur intention d'accumuler des forces révolutionnaires,
de mobiliser la classe ouvrière pour qu'elle prenne la
direction de la société en éliminant la
direction de la bourgeoisie impérialiste et de porter
la société à marcher le plus consciemment
et le plus directement possible vers le communisme.
Si nous considérons
les écrits programmatiques de la plupart des partis et
des groupes communistes des pays impérialistes, nous voyons
que les communistes oscillent entre
1) des caricatures
du marxisme qui prétendent faire descendre chaque initiative
politique et culturelle directement de l'intérêt
économique immédiat de ses promoteurs directs
et 2) l'abandon
de fait du marxisme qui se manifeste dans une description stéréotypée
et donc irréelle du mouvement économique et dans
une description du mouvement politique et culturel dans lequel
perdure l'influence des catégories à la mode de
la culture bourgeoise.
2. Les crises
générales du capitalisme
Les crises qui ont
bouleversé et continuent à bouleverser la société
à l'époque de l'impérialisme sont de nature
différente des crises décrites par Marx en ce qui
concerne l'Europe de la première moitié du XIXe
siècle.
À l'époque
impérialiste, les crises cycliques décrites par
Marx, qui ont caractérisé la phase pré-impérialiste,
sont désormais atténuées et abrégées
par des mesures anticycliques qui font partie des FAUS ; elles
sont réduites à des cycles d'expansion-récession
relativement brefs et à des oscillations contenues par
rapport aux perturbations effectives des sociétés
actuelles.
Les vieilles crises
cycliques dont les caractéristiques ont été
décrites par Marx n'ont survécu que dans les manuels
d'économie politique produits par les révisionnistes
soviétiques jusqu'à la fin des années 80
et que leurs disciples dogmatiques continuent à produire.
Les révisionnistes soviétiques ont continué
à baser la description du mouvement économique
des sociétés impérialistes sur les crises
cycliques.
Les partis communistes
encore soumis idéologiquement aux révisionnistes
soviétiques oscillent entre deux thèses.
Premièrement,
la thèse voulant que la société bourgeoise
ait réussi à se guérir des crises : bien
peu osent aujourd'hui défendre ouvertement cette thèse
de droite, mais dans un passé récent, elle alimentait
bien des conceptions subjectivistes au sein du mouvement révolutionnaire
; aujourd'hui encore, elle demeure le fondement logique, même
lorsque non déclaré, des conceptions qui excluent
qu'il soit possible d'accumuler des forces révolutionnaires
dans les pays impérialistes et qu'il faille reposer nos
espoirs uniquement dans le développement du mouvement
révolutionnaire dans les pays opprimés et généralement,
dans " l'aggravation des contradictions " produit par
la " crise historique du capitalisme " - qui est devenue
une sorte d'attente messianique, un " deus ex machina "
pour la solution des contradictions logiques à laquelle
les dogmatiques s'accrochent.
Deuxièmement,
il y a la thèse de gauche qui exagère les effets
économiques et politiques des cycles expansion-récession
qui se succèdent, un après l'autre, à brève
échéance.
Tout comme leurs
maîtres (les révisionnistes soviétiques),
les dogmatiques se gardent la conscience en paix en parlant d'une
" crise historique du capitalisme " qui progresserait,
omniprésente, immuable, égale, tout au long de
l'époque impérialiste, exempte de contre-tendances
et qui embrasserait tout.
Elle contiendrait
en elle-même toutes les manifestations des sociétés
capitalistes. Les partisans de cette thèse ne distinguent
pas et encore moins n'expliquent l'origine, le processus et la
fin des périodes réelles de crise qui ont traversé
la société au début de l'époque impérialiste,
les périodes de reprise et de développement qui
les ont interrompues ainsi que leur succession.
Ils ne se préoccupent
jamais d'expliquer comment il se fait que cette crise permanente,
qui aurait débuté il y a plus de 100 ans, ne soit
pas encore arrivée à l'accomplissement de son uvre
: comment se fait-il que sommes-nous encore à l'époque
impérialiste ?
En réalité,
à l'époque de l'impérialisme, la société
est bouleversée par des crises générales
de longue durée, qui débutent sous la forme de
crises économiques causées par la surproduction
absolue de capital, comme Marx l'a expliqué théoriquement
dans le chapitre 15 du troisième livre du Capital.
Surproduction de
capital veut dire que le capital accumulé ne peut être
totalement employé à extraire de la plus-value
en élargissant le procès de production capitaliste
proprement dit jusqu'à absorber tout le prolétariat
disponible, parce que si la bourgeoisie agissait ainsi elle produirait
une masse de plus-value décroissante.
Dans les conditions
créées par la première vague de la révolution
prolétarienne et par les FAUS déjà développées,
si par exemple à partir des années 70, les capitalistes
avaient continué à élargir le procès
de production proprement capitaliste dans la mesure permise par
le capital accumulé, ils auraient extrait une plus-value
égale ou moindre à ce que les capitalistes extraient
en employant dans le procès productif une partie seulement
du capital accumulé et du prolétariat disponible.
On trouve ici la
cause, soit de l'élan renouvelé avec lequel les
groupes impérialistes se sont jetés comme des loups
faméliques pour s'emparer de manière plus profonde
du monde entier, soit de la fièvre d'innovations productives,
technologiques, financières et de création de nouveaux
secteurs d'activité et de nouveaux champs d'investissement,
soit des grandes bulles financières et du ratissage et
de la destruction de capitaux et d'économies qui y sont
liés, soit des migrations à grande échelle
et de bien d'autres phénomènes des 30 dernières
années et des convulsions politiques et culturelles en
cours depuis quelques décennies et de celles qui surviendront.
C'est ce qui pousse
les groupes et les États impérialistes à
la guerre entre eux et à la guerre d'extermination que
la bourgeoisie impérialiste mène de fait contre
les masses populaires.
Il est très
important de comprendre la combinaison de ces deux types de guerres
parce que c'est seulement en transformant la deuxième
en révolution socialiste que les communistes pourront
non seulement prévenir la guerre inter-impérialiste
mais aussi canaliser la résistance des masses populaires
vers le socialisme.
Les crises générales
de l'époque impérialiste débutent sous la
forme de crises économiques mais se transforment en crises
politiques et culturelles, et elles ne trouvent leur solution
qu'aux niveaux politique et culturel : soit avec des révolutions
socialistes, soit avec une nouvelle organisation imposée
par les groupes impérialistes les plus forts, qui imposent
leur prééminence par la guerre inter-impérialiste.
Une première
crise du genre a eu lieu dans le dernier tiers du XIXe siècle,
qui s'est résolue avec le partage du monde entre les puissances
impérialistes et l'entrée dans l'époque
impérialiste. La première crise générale
véritable se déroula dans la première moitié
du XXe siècle et s'est conclue avec la formation du camp
socialiste et l'imposition de l'hégémonie des groupes
impérialistes U.S. sur ce qui restait du monde capitaliste.
Après 30
ans environ de reprise de l'accumulation capitaliste, la seconde
crise générale du capitalisme a débuté
durant les années 70, et elle est toujours en cours.
C'est dans ce contexte
général que s'insèrent et deviennent compréhensibles
les grands succès atteints par le mouvement communiste
dans la première partie du XXe siècle et sa défaite
subséquente, dont nous luttons actuellement pour en sortir.
F. Engels a continué
jusqu'à la fin de sa vie (1895) à étudier
l'évolution de la société capitaliste dans
les pays impérialistes, et il s'est rendu compte de la
formation pratique des FAUS (évoquée théoriquement
par Marx dans les Grundrisse) avec lesquelles la bourgeoisie
faisait face, dans une certaine mesure, aux effets les plus déstabilisants
causés par l'anarchie de la production capitaliste, lorsque
celle-ci a soumis sur une large échelle les activités
économiques.
Il a à maintes
reprises indiqué que dans une certaine mesure, la bourgeoisie
avait trouvé des remèdes à l'anarchie de
son mode de production. Engels se rendit également compte
de l'apparition d'un nouveau type de crise et il en a parlé
explicitement dans la préface de 1886 à l'édition
anglaise du premier livre du Capital. Lénine, avec ses
travaux sur l'impérialisme, a par la suite apporté
de grandes contributions à la compréhension de
la " superstructure " plus avancée que le capitalisme
a construit.
Pour diriger le
mouvement de transformation des sociétés impérialistes,
il est indispensable que les communistes s'approprient ces contributions,
les développent et comblent les limites que le développement
du mouvement communiste pendant la première vague de la
révolution prolétarienne a mis en lumière,
jusqu'à comprendre le mouvement de la société
actuelle de manière suffisante pour le diriger.
3. Le bilan du
mouvement communiste
Le monde a avancé
et continue à avancer vers le communisme, précisément
dans le sens où il élabore, cherche, découvre
et met à l'épreuve des rapports et un ordre social
conséquent avec le caractère collectif assumé
par les forces productives matérielles et spirituelles,
avec la domination conquise par les hommes sur la nature et sur
leur vie même.
Le mouvement pratique
de transformation de l'état actuel des choses ne s'arrête
pas parce que nous ne le comprenons pas. Mais il y a deux voies
pour aller vers le communisme.
La première
- celle qui est consciente, la plus directe et la moins orageuse
- passe à travers l'instauration au moins dans la majorité
des pays impérialistes, du pouvoir de la classe ouvrière
qui l'arrache à la bourgeoisie impérialiste par
une révolution et se guide elle-même ainsi que les
autres classes et les masses populaires vers l'acquisition d'une
conscience massive de leurs potentialités et de leurs
tâches et vers l'adaptation des rapports entre les individus,
les groupes sociaux, les nations et les pays au caractère
collectif de l'activité économique et des autres
activités sociales, en apprenant à se gouverner
soi-même et ses activités.
La deuxième,
plus tortueuse et tourmentée, s'ouvre à travers
des crises générales, des périodes de reprise,
des guerres inter-impérialistes, des vagues successives
de la révolution prolétarienne, la construction
de partis communistes, d'organisations de masse et d'États
socialistes suivie par leur corruption et leur démolition,
le développement de FAUS toujours plus avancées
et leur destruction.
Et celà,
jusqu'à ce qu'au niveau mondial les conditions subjectives
soient plus avancées et qu'apparaîtront finalement
des pays socialistes qui marcheront avec continuité vers
le communisme en ouvrant le chemin aux autres.
Pendant la première
vague de la révolution prolétarienne (1900-1950),
le mouvement communiste a remporté plus de succès
que tout autre mouvement dans l'histoire et ce, en moins de 100
ans de sa naissance : mise sur pied d'un vaste camp socialiste
qui unissait alors un tiers de l'humanité, ainsi que d'influents
partis communistes pratiquement dans chaque pays, et effondrement
du système colonial.
Les masses populaires
ont conquis des conditions de vie et de travail jamais imaginées
précédemment, la bourgeoisie impérialiste
a dû élaborer des FAUS qui ont poussé vers
l'avant la transformation de la société sur une
large échelle. Mais dans la seconde moitié du dernier
siècle, le mouvement communiste, en tant que mouvement
conscient et organisé, s'est en grande partie écroulé
et beaucoup de ses conquêtes ont été dans
une certaine mesure perdues. Pourquoi ce grand revers s'est-il
produit ?
Les armées
victorieuses sont celles qui apprennent de leurs défaites.
La défaite est la mère de la victoire pour qui,
plutôt que se laisser démoraliser, intègre
ses enseignements. Mais qu'est-ce qui a été la
cause de notre défaite ?
Certains communistes
survolent cette question. Pour eux, la défaite est un
cas fortuit, fruit de causes mystérieuses ou impondérables,
et ils adoptent la ligne voulant qu'en essayant encore, tôt
ou tard on y arrivera.
D'autres attribuent
la défaite à la trahison de quelques dirigeants,
ou à l'arrogance de la bourgeoisie. Mais ces réponses
sont inconsistantes, pour peu que nous les examinions de façon
critique. Si elles étaient justes, nous serions en fait
condamnés à la répétition des mêmes
défaites. En effet, comment pourrons-nous nous assurer
qu'il n'y aura plus de dirigeants traîtres ? Qui donc pourrait
se procurer une bourgeoisie débonnaire et conciliante
?
Le révisionnisme
moderne a pris la direction du vieux mouvement communiste et
il l'a conduit à la ruine, même si pour y arriver,
les révisionnistes modernes ont dû éroder,
ronger et soudoyer pendant des décennies le vieux mouvement
communiste, tellement il était fort.
Le révisionnisme
moderne est le produit de l'influence de la bourgeoisie impérialiste
au sein du mouvement communiste, et nous ne pouvons pas empêcher
complètement cette influence, tant qu'existe la bourgeoisie
: celle-ci nous influence (le révisionnisme), et nous
influençons la bourgeoisie (les FAUS).
Mais le révisionnisme
a réussi à avoir le dessus au sein du mouvement
communiste, jusqu'à en prendre la direction, consolider
sa direction et éroder et soudoyer comme un cancer le
mouvement communiste jusqu'à l'abattre seulement parce
que la gauche était convaincue que les conquêtes
du mouvement communiste étaient irréversibles,
parce qu'elle n'a pas donné de réponses révolutionnaires
aux problèmes nouveaux posés par les succès
atteint par le mouvement communiste ; autrement dit, parce que
la gauche a fait des erreurs de dogmatisme, de manque de dialectique
: elle n'a pas vu le nouveau, elle n'a pas compris de manière
correcte les lois des formations économico-sociales socialistes
qu'elle avait créées, ni celles des formations
économico-sociales impérialistes dans lesquelles
elle devait diriger la révolution.
Ce sont les limites
du vieux mouvement communiste qui ont permis le succès
du révisionnisme moderne.
Celui-ci s'est imposé
parce que, en manque de réponses révolutionnaires,
il donnait aux difficultés du nouveau monde de vieilles
réponses bourgeoises qui pas après pas, de régression
en régression, en quelques décennies ont porté
le vieux mouvement communiste à la liquidation.
C'est seulement
en déterminant et en dépassant les limites du vieux
mouvement communiste que nous soutiendrons la renaissance du
mouvement communiste sur des bases qui le porteront à
de nouveaux succès, plus durables.
Les limites du vieux
mouvement communiste concernaient soit la révolution socialiste
dans les pays impérialistes qu'il n'a pas su mener à
bon port, soit le développement des nouveaux pays socialistes
qu'il avait instaurés mais n'a pas su faire durer et prospérer.
C'est dans ces deux domaines que le nouveau mouvement communiste
doit donner des réponses en les élaborant à
partir de l'expérience de la première vague de
la révolution prolétarienne et en comprenant les
lois des formations économico-sociales actuelles.
4. La lutte entre
les deux lignes au sein du parti
La première
limite du vieux mouvement communiste concerne justement les partis
eux-mêmes, qui sont les sujets et les promoteurs indispensables
de la révolution et de la transformation.
Le parti communiste
est le parti de la classe ouvrière révolutionnaire
mais il est aussi influencé par la bourgeoisie impérialiste,
soit directement soit indirectement à travers les autres
classes sociales.
La marche de la
guerre entre la classe ouvrière et la bourgeoisie impérialiste
dépend des partis communistes. L'expérience a non
seulement montré que la classe ouvrière, pour réussir
à vaincre la bourgeoisie impérialiste, doit avoir
un parti communiste adéquat, elle a aussi montré
que la bourgeoisie impérialiste ne réussit à
vaincre la classe ouvrière que si elle arrive à
soudoyer le parti communiste.
Étant donné
la centralité du rôle des partis communistes (que
seuls les mouvementistes nient), la lutte entre l'influence des
deux classes pour déterminer la ligne du parti est inévitable
dans chaque parti communiste.
Nous ne pouvons
éviter que la bourgeoisie exerce son influence dans nos
rangs, mais nous pouvons empêcher que cette influence devienne
prédominante et détermine notre ligne.
En deuxième
lieu, le monde change et nos connaissances doivent s'adapter
: la lutte entre les nouvelles idées, les expériences
nouvelles et les expériences et les vieilles idées
est inévitable pour le développement de chaque
parti.
En troisième lieu, la réalité ne se reflète
pas immédiatement dans nos consciences, la substance des
choses ne se révèle pas directement et immédiatement
: la lutte entre le vrai et faux est un procès indispensable
dans chaque parti pour faire prévaloir la ligne juste.
En conclusion, l'expérience de la première vague
de la révolution prolétarienne enseigne que la
lutte entre les deux lignes dans le parti communiste est permanente
et qu'elle est source de progrès du parti. Sans lutte,
il n'y a pas de vie. Centralisme-démocratique et lutte
entre les deux lignes ne sont pas incompatibles.
L'expérience
des deux partis communistes qui ont dirigé les plus grandes
révolutions du siècle dernier - le Parti communiste
(bolchevik) de Russie et le Parti communiste chinois - a donné
des exemples à grande échelle et dans des conditions
très diverses d'application soit du centralisme-démocratique,
soit de la lutte entre les deux lignes.
Ils n'en avaient
pas encore une conscience claire, mais pour procéder jusqu'à
la victoire et mener à bon port les grandes révolutions
qu'ils ont dirigées, ces partis ont dû appliquer
le principe d'organisation du centralisme-démocratique
et mener des luttes entre les deux lignes répétées.
L'Histoire du Parti
communiste (bolchevik) de l'URSS (1938) illustre quelques-unes
des luttes entre les deux lignes conduites par le premier parti.
La Résolution sur quelques questions de l'histoire de
notre Parti (1945) illustre quelques-unes des luttes entre les
deux lignes conduites par le second parti.
Nier que dans le
parti communiste il y ait une lutte entre les deux lignes ne
fait pas disparaître cette lutte, qui est un fait objectif
: cela veut seulement dire que la gauche la mènera à
l'aveuglette et rendra sa défaite plus probable.
Le dogmatisme est
ce qui a fait en sorte que la gauche des vieux partis communistes
a laissé le champ libre aux révisionnistes modernes,
de sorte que ceux-ci ont pu s'en emparer et les détruire.
5. Le bilan des
pays socialistes
Les premiers pays
socialistes ont accumulé un précieux patrimoine
d'expériences, soit pendant la période de leur
affirmation, soit pendant la période de leur décadence
sous la direction des révisionnistes modernes jusqu'à
l'effondrement à la fin des années 80.
Les enseignements
que nous en pouvons tirer sont énormes et restent en grande
partie encore inexplorés par les nouveaux partis communistes.
Cette expérience
a mis en lumière que les rapports de production présentent
trois aspects distincts :
1) la propriété
des moyens et des conditions de la production;
2) les divisions
parmi les producteurs (entre travail manuel et travail intellectuel,
entre dirigeants et dirigés, entre hommes et femmes, entre
ville et campagne, entre zones et secteurs avancés et
zones et secteurs arriérés, etc.) ;
3) les rapports
de distribution du produit.
C'est seulement
en considérant tous ces trois aspects qu'il est possible
de comprendre avec justesse où se trouvait la bourgeoisie
dans les pays socialistes. Elle était constituée
des dirigeants du parti, de l'État et des autres institutions
sociales qui promouvaient des solutions bourgeoises aux problèmes
de développement de la nouvelle société
socialiste.
Si on ne considère
pas tous les aspects des rapports de production, il est impossible
de comprendre clairement en quoi consiste la transition du capitalisme
au communisme, l'élimination graduelle et par bonds des
restants des rapports capitalistes et le développement
graduel et par bonds des rapports communistes, qui sont la tâche
historique de la phase socialiste.
Si on ne considère
pas tous les aspects des rapports de production, il est impossible
de comprendre clairement la lutte entre 1) les rapports capitalistes
qui continuent inévitablement à exister après
la conquête du pouvoir et l'instauration de la dictature
du prolétariat et 2) les germes de communisme auxquels
la révolution socialiste a donné vigueur et qui
se développent graduellement et par bonds en cherchant
leurs formes adéquates.
Si on ne considère
pas tous les aspects des rapports de production, il est impossible
de faire une analyse de classe des sociétés socialistes.
Il devient donc
impossible de diriger la lutte des classes opprimées dans
le domaine des nouvelles conditions politiques et culturelles
spécifiques de la société socialiste. La
Révolution culturelle prolétarienne fut une manifestation
pratique de la force que la lutte de classe pouvait dégager
en faveur du communisme dans la société socialiste.
Les programmes des
nouveaux partis communistes identifient la bourgeoisie dans les
pays socialistes dans certains cas à la partie des vieilles
classes exploiteuses qui survivaient encore; d'autres la voient
chez les intellectuels, le lumpen ou la bureaucratie, ou encore
chez les employés-es du secteur coopératif.
Aucune de ces analyses
ne résiste à la critique ni ne rend compréhensible
l'ensemble de l'histoire des pays socialistes ; aucune ne donne
aux communistes des pays socialistes des armes pour prévenir
la restauration ni ne fournit aux communistes des ex-pays socialistes
une orientation juste pour se mettre à la tête de
la lutte de classe qui se déroule dans leurs pays.
Une des conséquences
de ces points de vue, c'est l'interprétation faite couramment
par certains partis communistes de la nature des sociétés
des pays socialistes dirigés par les révisionnistes.
On les décrit
comme ayant été des sociétés à
" capitalisme monopoliste d'État " bien que
" de type nouveau " ou ayant pris la forme d'un "
capitalisme bureaucratique ".
Plus particulièrement,
l'affirmation voulant que la société soviétique
dirigée par les révisionnistes modernes (c'est-à-dire
pour la période allant de 1956 à 1991) ait été
une société social-impérialiste est largement
répandue. Sur ce terrain aussi, le Parti communiste du
Pérou occupe une position importante, mais cette fois
dans un sens négatif.
S'il est clair que
la phase socialiste est une phase de transition dans laquelle
graduellement et par bonds, on liquide les rapports sociaux capitalistes
et on développe les germes du communisme, il est clair
aussi qu'une fois que la direction du parti et de l'État
fut prise par les révisionnistes modernes (qui sont les
représentants et porte-parole de la bourgeoisie typique
et spécifique de la société socialiste),
la nature de l'Union soviétique ne pouvait pas changer
du coup.
En réalité,
il y eut une inversion de la direction vers laquelle la société
allait. Dans chaque domaine, pas à pas, furent graduellement
étouffés les rapports communistes déjà
construits, renforcés les rapports capitalistes qui subsistaient
et réintroduites les relations capitalistes là
où existaient des conditions pour le faire.
Accuser les révisionnistes
soviétiques d'avoir été des sociaux-impérialistes
dans le sens où leurs relations avec les partis communistes
menées sous le drapeau du socialisme suivaient une ligne
faite d'ingérence, de chantage et d'arrogance est une
chose.
Soutenir que l'Union
soviétique était devenue d'un coup un pays impérialiste
en est une autre. Les communistes qui soutiennent que l'Union
soviétique était un pays social-impérialiste
n'ont jamais expliqué de quoi à leur avis le bond
de 1989-1991 était constitué, quelles ont été
ses causes et qu'est-ce qui est en cours actuellement dans les
pays qui constituaient l'Union soviétique. Pourquoi n'essaient-ils
pas de l'expliquer ?
Les communistes
des ex-pays socialistes ne peuvent comprendre la lutte de classe
qui se mène dans leurs pays et ce que sont leurs tâches
que s'ils partent d'une conception matérialiste et dialectique
de ce qu'ont été les pays socialistes avant l'arrivée
des révisionnistes à leur direction et dans les
décennies qui ont suivi.
6. La révolution
socialiste dans les pays impérialistes
La révolution
prolétarienne mondiale est la combinaison des révolutions
socialistes dans les pays où le capitalisme est le mode
de production prédominant et des révolutions de
nouvelle démocratie dans les pays où les restants
du féodalisme (les rapports de dépendance personnelle
et la question agricole) et l'asservissement aux pays impérialistes
sont prédominants.
La distinction des
deux types de révolution est, surtout aujourd'hui, en
vue de la prochaine vague de la révolution prolétarienne,
une condition indispensable pour leur juste combinaison.
Les mouvements révolutionnaires
des pays opprimés ne peuvent être compris dans leur
développement réel et dans les lois qui les déterminent
que si on tient compte qu'une révolution démocratique
y est en cours qui ne pourra s'accomplir et triompher que si
elle est dirigée par la classe ouvrière et par
son parti communiste, donc comme révolution de nouvelle
démocratie.
Cela rend encore
plus clair combien il est illusoire d'attendre que le développement
du mouvement révolutionnaire dans les pays opprimés
puisse être la cause principale de la renaissance du mouvement
communiste dans les pays impérialistes.
Quant aux révolutions
socialistes dans les pays impérialistes, Engels avait
déjà mis en lumière (dans l'introduction
de 1895 aux Luttes de classes en France de Marx) qu'il est impossible
d'instaurer le socialisme par la conquête du pouvoir de
la part des communistes dans le cours d'une insurrection populaire
à laquelle le parti communiste aurait participé
comme un parti parmi les divers partis populaires.
Le cours des révolutions
de 1918 et 1919 en Europe centrale et orientale a pleinement
confirmé cette thèse qu'Engels avait tirée
du bilan de l'expérience de la Commune de 1871. La révolution
socialiste peut vaincre seulement en passant par un processus
d'accumulation des forces révolutionnaires qui de par
sa nature et par la force des choses doit s'accomplir pendant
que domine encore la bourgeoisie impérialiste.
Les tentatives faites
par les partis de la Première Internationale communiste
pour développer la révolution socialiste dans les
pays impérialistes ont montré et confirmé
qu'il n'est pas possible que cette accumulation se produise ni
seulement, ni principalement par l'insertion du mouvement communiste
conscient et organisé (le parti communiste et ses organisations
de masse) dans la lutte que dans chaque société
bourgeoise les partis et autres organisations mènent entre
elles pour s'accaparer de la direction politique (bien qu'en
principe, cette insertion soit nécessaire).
Le bilan de l'expérience
de la première vague de la révolution prolétarienne
et l'analyse des régimes de contre-révolution préventive
(dans laquelle la sûreté du régime passe
avant le respect des droits démocratiques, politiques
et civils) instaurés par la bourgeoisie impérialiste
portent à conclure que, dans les grandes lignes, l'accumulation
des forces révolutionnaires dans les pays impérialistes
représente la phase de " défensive stratégique
" de la guerre populaire révolutionnaire de longue
durée dont parlait Mao Zedong.
La guerre populaire
révolutionnaire de longue durée est la forme que
prend la révolution prolétarienne, y compris dans
les pays impérialistes.
La théorie
de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée
que Mao a élaborée dans ses lignes générales
reflète aussi le développement du processus révolutionnaire
des pays impérialistes.
La révolution
socialiste dans les pays impérialistes consistera fort
probablement dans chaque pays dans la transformation de la guerre
d'extermination que la bourgeoisie impérialiste, poussée
par la seconde crise générale du capitalisme, mène
déjà de fait contre les masses populaires des pays
impérialistes, en une guerre que les masses populaires
mèneront de manière toujours plus systématique
et avec plus d'organisation, en prenant dans leurs propres mains
l'initiative et guidées par la classe ouvrière
sous la direction de son parti communiste.
Elle représentera
un choc entre la mobilisation révolutionnaire des masses
promue par le parti communiste et la mobilisation réactionnaire
des masses que la bourgeoisie doit promouvoir pour faire face
à la crise politique et culturelle et à la guerre
inter-impérialiste. Dans le cours de ce choc se réalisera
la transformation de la mobilisation réactionnaire des
masses en mobilisation révolutionnaire des masses.
La direction de
cette uvre ne peut être assumée et développée
que par des partis communistes qui assurent leur existence et
la continuité de leur travail, quelles que soient les
tentatives de la bourgeoisie impérialiste de les briser,
c'est-à-dire des partis communistes clandestins, comme
l'a été le parti de Lénine et comme l'ont
déjà été les partis communistes des
pays impérialistes, mais seulement dans les périodes
où la bourgeoisie impérialiste interdisait aux
communistes de développer une activité politique
ouverte.
7. La méthode
de la ligne de masse
Les partis communistes
même s'ils sont clandestins, peuvent promouvoir et diriger
une vaste mobilisation des masses s'ils adoptent comme méthode
principale de direction la ligne de masse telle qu'illustrée
par Mao Zedong.
Celle-ci consiste
à déterminer dans chaque groupe social, dans chaque
circonstance et à chaque niveau la gauche, la droite et
le centre, puis à mobiliser et organiser la gauche pour
qu'elle unisse à elle le centre et isole la droite.
La gauche, dans
chaque groupe social et dans chaque circonstance, consiste dans
cette partie dont les aspirations et les objectifs, si réalisés,
favorisent la cause de la révolution prolétarienne
et qui, en se développant de phase en phase, portent ces
forces à confluer, dans le mode approprié à
leur nature, dans le fleuve de la révolution prolétarienne.
Vue d'un autre point
de vue, cette méthode consiste à ramasser les idées
et les sentiments qui existent parmi les masses en forme dispersée
et confuse, les élaborer et en tirer des lignes, méthodes
et mesures, les porter aux masses de sorte qu'elles les reconnaissent
comme étant les leurs et les mettent en pratique.
Rassembler les nouvelles
idées et les sentiments apparus parmi les masses sur la
base de la nouvelle pratique développée par elles,
les élaborer pour en tirer de nouvelles lignes, méthodes
et mesures et les rapporter parmi les masses, et ainsi de suite.
Les partis communistes
qui ont guidé avec succès les révolutions
du siècle dernier ont pratiqué la ligne de masse
comme méthode principale de travail et de direction, même
s'ils n'en avaient pas une conscience claire.
Sous leur direction,
les masses populaires ont vaincu la bourgeoisie impérialiste,
repoussé toutes les tentatives de revanche et de restauration
et les agressions de la bourgeoisie impérialiste et construit
des pays socialistes invincibles et capables de réaliser
des grands progrès, dont l'influence rayonnait partout
et inspirait force, confiance et élan aux masses populaires
de chaque pays : la bourgeoisie impérialiste recourait
à tous les moyens pour se défaire de leur influence
sur les masses populaires.
C'est seulement
après que les révisionnistes modernes aient prévalu
avec leurs solutions bourgeoises des problèmes de la société
socialiste, et quand les partis communistes ont prétendu
diriger les sociétés socialistes non pas comme
les vrais communistes les avaient dirigées (parti communiste,
organisations de masse, ligne de masse), mais plutôt comme
les bourgeois dirigent les travailleurs qui dépendent
d'eux (les relations industrielles), les masses populaires (les
politiques macro-économiques et la politique générale)
et soi-même (démocratie bourgeoise et guerres inter-impérialistes),
que les pays socialistes sont devenus instables, qu'ils ont dû
se protéger avec des barrières et des polices de
l'influence de la bourgeoisie et que les rapports de force ont
été invertis.
La ligne de masse
est la relation adéquate et nécessaire du mouvement
communiste compris comme mouvement conscient et organisé
avec le mouvement communiste compris comme mouvement pratique
qui transforme l'état actuel des choses, dont le premier
est une partie et un aspect.
Conclusion
Selon nous, ce sont
là les sept principales questions de caractère
universel que les nouveaux partis communistes doivent affronter
pour définir un programme que leur permette de dépasser
l'actuelle phase de stagnation et accumuler des forces révolutionnaires.
Nous sommes convaincus
que les communistes qui chercheront à trouver des réponses
à ces sept problèmes, s'ils ne capitulent pas avant
d'avoir trouvé des réponses satisfaisantes, aboutiront
à la même conclusion : le maoïsme est la troisième
étape, supérieure, de la pensée communiste,
après le marxisme et le léninisme, dans le même
sens, illustré par Staline dans les Principes du léninisme
(1924), où le léninisme fut la deuxième
étape, supérieure, après le marxisme. Les
nouveaux partis doivent être fondés sur le marxisme-léninisme-maoïsme.
La renaissance du
mouvement communiste est une nécessité historique
et se produira inévitablement. Nous en sommes seulement
ses porte-parole et promoteurs.
Nous accomplirons
beaucoup mieux et plus rapidement nos tâches si nous nous
détachons des habitudes dogmatiques et nous unissons nos
forces pour définir les caractéristiques générales,
universelles de la conception et des méthodes adéquates
aux tâches que nous avons devant nous ; si nous nous inspirons
des expériences de travail que les communistes effectuent
dans différents pays pour définir le programme
et la méthode générale ; si nous faisons
de ce travail le domaine où éprouver la justesse
(la vérité) de tous les deux par leur application
concrète et la découverte de la vérité
particulière dans laquelle se reflètent les caractéristiques
spécifiques de chaque pays qui ont aujourd'hui encore
un rôle indispensable dans la mobilisation et l'action
des masses populaires.
C'est à cette
fin que l'ensemble des partis communistes, les organisations
communistes, les communistes non encore organisés et les
FSRS, mais en particulier ceux des pays impérialistes
doivent unir leurs forces en créant un certain type de
relation basé sur trois facteurs :
1) la connaissance
réciproque et l'échange des expériences
;
2) le débat
franc, basé sur la critique et l'autocritique, relatif
à l'analyse de la situation, au bilan du mouvement communiste,
au programme, aux méthodes et aux lignes politiques générales
;
3) la solidarité
face à la contre-révolution préventive (politique
de sûreté nationale) qui caractérise l'activité
politique de la bourgeoisie impérialiste. Ces trois facteurs
sont tous les trois indispensables et doivent être développés
tous en même temps et se renforcer réciproquement.
L'unité organisationnelle
ne peut se renforcer qu'au fur et à mesure qu'on renforce
l'unité idéologique et politique. L'unité
idéologique et politique peut se renforcer seulement par
la lutte idéologique et elle est toujours relative.
Sans débat
franc et ouvert sur les divergences idéologiques et politiques,
sans affronter franchement les questions controversées,
même l'échange d'expériences reste en grande
partie une formalité, vidé d'une grande partie
de ses effets positifs.
Ce qui nous unit
et qu'aucune divergence détruit est la lutte commune contre
la bourgeoisie impérialiste et pour le communisme et la
solidarité qui nous ligue dans cette lutte. Nous ne devons
pas craindre la lutte idéologique ni l'exploitation que
la bourgeoisie impérialiste cherchera certainement à
faire de nos divergences.
La lutte idéologique
est la voie à travers laquelle nous tracerons une orientation
et une ligne plus justes qui nous permettront de devenir la partie
organisée et l'avant-garde de la classe ouvrière
et d'arriver à être les dirigeants des masses populaires
de nos pays respectifs dans la lutte contre la bourgeoisie impérialiste,
la partie consciente et organisée dont le mouvement pratique
qui transforme l'état actuel des choses a absolument besoin
pour accomplir son parcours.
C'est sur cette
base que la Commission préparatoire du congrès
de fondation du (nouveau ) Parti communiste italien cherchera
à établir et à développer des rapports
internationaux, en valorisant autant que possible les conférences,
les séminaires et les regroupements internationaux de
partis et organisations communistes déjà existants
ainsi que toutes les autres initiatives que d'autres organisations
communistes promeuvent.
C'est sur cette
base que nous nous adressons à tous les partis communistes,
à toutes les organisations communistes, à tous
les communistes non encore organisés et à toutes
les FSRS, mais en particulier à ceux des pays impérialistes
européens pour qu'ils soient disposés à
considérer nos positions et nos expériences et
à les critiquer à la lumière des leurs et
à intensifier et améliorer les relations d'unité
et la lutte entre nous tous.
Ceux qui seront
plus audacieux dans l'autocritique et qui seront plus disposés
à apprendre de l'expérience des autres obtiendront
de meilleurs résultats, plus rapidement, et seront en
mesure d'enseigner aux autres.
Nous devons tous
nous transformer et devenir la partie plus consciente et plus
décidée de la grande armée des classes et
des peuples opprimés qui marchent vers la victoire de
la révolution prolétarienne au niveau mondial.
Pour préparer
cet appel, la Commission préparatoire du congrès
de fondation du (nouveau) Parti communiste italien a pris en
considération les documents programmatiques des partis
et organisations suivantes :
1. Parti communiste
révolutionnaire des États-Unis (RCP, USA), www.rwor.org
2. Parti communiste
révolutionnaire (comités d'organisation), Canada,
pcrco_rcpoc@hotmail.com
3. Parti marxiste-léniniste
d'Allemagne (MLPD), www.mlpd.de
4. Parti du travail
de Belgique (PTB), www.ptb.be
5. Parti communiste
d'Espagne (reconstitué) (PCE[r]), www.antorcha.org
6. Organisation
communiste marxiste-léniniste Voie prolétarienne
(France), vp.partisan@caramail.com
7. Comités
d'appui à la résistance - pour le communisme (CARC
- Italie), www.carc.it
8. Organisation
communiste Rossoperaio (RO - Italie), ro.red@libero.it
9. Conférence
internationale des partis et organisations marxistes-léninistes,
int.co@t-online.de
10. Mouvement révolutionnaire
internationaliste (MRI), awtw_uk@yahoo.co.uk
Le fait que ces
partis et organisations aient été considérés
n'implique pas que d'autres organisations ne participent pas
au débat, ni n'indique une affinité particulière
avec elles. Il s'agit simplement d'organisations dont il nous
a été possible d'étudier les écrits
programmatiques et avec lesquelles nous jugeons utiles de développer
un débat franc et ouvert.
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