Lettre à Front Social

 

 

[Ce message fait suite à la parution d'un article paru dans Front Social. Un second article suit à ce message].

En cette phase, la reconstruction d'authentiques partis communistes est l'objectif fondamental et discriminant des communistes en Italie, comme d'ailleurs en France, en Allemagne et dans d'autres pays impérialistes européens : et il le sera tant que l'objectif ne sera pas atteint.

La renaissance du mouvement communiste doit certainement être un processus international. Le révisionnisme moderne a frappé tout le mouvement communiste international, ça a été un mouvement universel.

Le révisionnisme moderne a pris la direction du mouvement communiste et il l'a gardée, jusqu'à causer la destruction de la plupart des grands résultats que le mouvement communiste avait obtenu.

Ce qui a rendu possible ce succès du révisionnisme moderne, ce sont les limites de l'ancien mouvement communiste (si l'on entend par là l'ensemble des partis communistes, avec leurs propres conceptions, leurs structures et leur système de relations, c'est-à-dire le mouvement organisé et conscient).

Il s'agit donc de limites universelles, propres à tout le mouvement communiste international.

La renaissance du mouvement communiste comporte le dépassement de ces limites-là : par conséquent elle est aussi un processus international, universel. Cela n'existe pas, une voie purement nationale de renaissance.

La renaissance du mouvement communiste dans un pays comporte le dépassement des limites qui appartenaient à l'ancien mouvement communiste dans son ensemble.

Par conséquent les communistes de chaque pays, en ouvrant le chemin de la renaissance du mouvement communiste de leur pays, ouvrent en même temps le chemin de la renaissance du mouvement communiste dans le monde entier.

Il est donc très utile et très important de faire connaître aux communistes d'un pays le travail pour la reconstruction qui se développe dans d'autres pays, surtout parmi les pays qui ont une composition de classe similaire, et qui en plus sont liés par des liens économiques, politiques et culturels assez serrés (UE, OTAN, etc.).

Les communistes de chaque pays ont beaucoup à apprendre des expériences des communistes d'autres pays et, à notre avis, il faut qu'ils fassent connapitre leurs propres expériences aux communistes des autres pays et, malgré les difficultés actuelles, chercher à connaître leurs critiques et leurs conseils.

1 - sur le processus de construction

La préparation du congrès de fondation du (nouveau) PCI a commencé en 1999 avec la constitution de la Commissione Preparatoria [Commission de Préparation], mais il représente seulement un saut de qualité d'un travail qui dure depuis des années.

Elle procède sur deux voies : d'un côté la discussion du Progetto di Manifesto Programma [Projet de Manifeste Programme] publié par le secrétariat national des CARC [Comité d'Appui à la Résistance - pour le Communisme] en Octobre 1998, de l'autre la construction des comités clandestins du parti.

Ces derniers envoieront leurs délégués au congrès de fondation qui approuvera le Manifeste Programme du parti, et son statut, et élira son Comité Central qui a son tour restructurera d'en haut vers le bas les comités de parti.

La discussion du Progetto di Manifesto Programma est un aspect très important de notre processus de construction : elle va créer parmi les membres des Forces Subjectives de la Révolution Socialiste [FSRS] et parmi les travailleurs avancés qui y participent une " opinion publique de parti ", et aussi l'habitude à la discussion responsable, franche, scientifique et publique sur laquelle l'unité d'organisation est fondée.

En substance, seront membres du parti ces camarades qui :

1) Participeront à la préparation du Manifesto Programma du parti ;

2) Feront partie des comités clandestins du parti ;

3) Soutiendront la préparation du congrès de fondation.
Le caractère clandestin du parti est un discriminant, nous l'appelons le " septième discriminant " (La Voce n°1 page 17 et suivantes).

C'est une condition essentielle pour garder l'autonomie idéologique, politique et d'organisation du parti, même si le parti a l'intention d'utiliser pour l'accumulation des forces révolutionnaires toutes les possibilités offertes par le travail ouvert parmi les masses, développé par ses organisations et les Forces Subjectives de la Révolution Socialiste.

Le caractère clandestin du parti, c'est l'enseignement dérivé de l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne (1905-1956) et de l'analyse du mouvement politique des sociétés impérialistes.

C'est ce discriminant qui nous unit au Partido Comunista de Espanã (reconstituido), un parti né clandestin sous le régime franquiste dans le milieu du mouvement marxiste-léniniste des années 1960-1970, et qui a gardé ce même caractère aussi après que la Réforme des années 1976-1982 ait rendu l'Espagne en substance semblable aux autres pays impérialistes d'Europe.

La construction du parti en cours en Italie, c'est le débouché d'années de travail de la part des FSRS et entre les FSRS, c'est-à-dire tout ce qui restait d'organisé de la période précédente.

Les CARC n'ont pas été les seuls protagonistes de ce travail, mais ils ont joué un rôle promoteur.

Depuis 1992 les CARC travaillent pour la reconstruction. Le patrimoine théorique à la base de la construction actuelle remonte un peu plus en arrière : la publication de la revue Rapporti Sociali [Rapports Sociaux] a commencé en 1985, avec le n°0 (Don Chisciotte) [Don Quichotte].

En 1992 commence un travail qui combine l'élaboration de notre théorie (bilan du mouvement communiste - marxisme-léninisme-maoïsme ; analyse de la société impérialiste moderne - Formes Antithétiques de l'Unité Sociale ; analyse de la phase actuelle - seconde crise générale du capitalisme par surraccumulation absolue de capital) avec le travail de propagande et d'organisation développé selon la ligne de masse et avec le but de créer les quatre conditions nécessaires pour la reconstruction du parti :

1) Former des camarades capables de reconstruire le parti de manière à ce que celui-ci soit à la hauteur des tâches que l'avancement de la seconde crise générale du capitalisme et la conséquente situation révolutionnaire en développement lui demandent, et qui tienne pleinement compte de l'expérience de la première vague de la révolution prolétarienne ;

2) Tracer le programme du parti, sa méthode de travail, l'analyse de la phase et de la ligné générale du parti ;

3) Lier au travail de reconstruction du parti les ouvriers avancés, les femmes et les jeunes des masses populaires ;

4) Créer un fond pour financer l'activité du futur parti.

Pour la reconstruction du parti, la définition de la ligne générale du futur parti a été très importante : " Se lier fortement et sans réserve à la résistance que les masses populaires opposent et opposeront à l'avancement de la crise générale du système capitaliste, comprendre et appliquer les lois selon lesquelles cette résistance se développe, la soutenir, la promouvoir, l'organiser et faire prévaloir à son intérieur la direction de la classe ouvrière jusqu'à la transformer en lutte pour le socialisme, en adoptant comme méthode principale de travail et de direction la ligne de masse ".

Concrétement, cette ligne a guidé, sauf erreurs, toute l'activité des CARC, dans les limites consentis par la nature même des CARC (organisations légales, avec des liens d'organisation relativement faibles entre ses membres).

Evidemment il s'agit d'un travail de construction assez complexe, orienté vers un objectif précis (la reconstruction du parti communiste), qui s'est déroulé sur une longue période, qui a produit de différentes formes d'activité et qui s'est fondé sur l'expérience du mouvement communiste international et sur l'expérience de la lutte de classe de notre pays, sur le bilan historique et sur l'expérience directe.

Les camarades plus intéressés à connaître davantage et dans le détail ce travail, et qui ont les conditions et la patience de le faire, doivent se reporter à la revue Rapporti Sociali (plusieurs numéros ont été traduits en français - Rapports Sociaux ), à la publication mensuelle Resistenza, aux publications des Editions Rapporti Sociali et aux CARC .

2 - L'héritage historique

Nous assumons l'expérience des 150 ans d'histoire du mouvement communiste international et du mouvement communiste de notre pays : nous assimilons son patrimoine théorique (le marxisme-léninisme-maoïsme) et essayons de tirer d'autres enseignements de son expérience pratique.

Dépasser les limites de la compréhension de la situation, cela signifie que les communistes doivent en finir avec le bigotisme et avec les oeillères qui ont empêché d'utiliser les grands succès atteints, et de continuer la marche triomphale du communisme commencée pendant la première crise générale du capitalisme.

Nous ne sommes pas d'accord pour limier l'histoire du mouvement communiste à la lutte armée des années 1970, coutume assez répandue aussi dans notre pays, parce que la lutte armée des années 1970 n'a pas engendré une synthèse supérieure dépassant le mouvement qui l'avait précédée.

Le mouvement communiste, après avoir obtenu des grands et inespérés résultats dans ses premiers cent ans de vie, s'est heurté dans les années 1950 avec ses limites de compréhension de la réalité que ses succès avaient créées.

A cause de ceci (et avec la faveur de la période 1945-1975 de reprise économique du capitalisme suivie, à la fin de sa première crise générale) le révisionnisme moderne a pu avoir le dessus et causer la ruine, d'où nous ne sommes pas encore sortis.

L'âpre lutte de classe qui s'est déroulée en Italie dans les années 1970, et personnifiée principalement par les Brigades Rouges, fait partie du processus de recherche des limites de l'ancien mouvement communiste et des moyens pour les dépasser.

Les résultats des activités des Brigades Rouges et les motivations et la leçon de leur défaite sont exposés dans une publication éditée en Italie à la fin des années 1980 (Pippo Assan, Cristoforo Colombo, ossia di come convinti di navigare verso le Indie approdammo in America, Edizione della vite, Firenze 1988).

Nous ne pouvons pas exprimer ici dans le détail ce bilan. Nous nous limitons à affirmer que le maoïsme est la réponse en termes généraux à la plupart des problèmes pour lesquels nous n'avons pas trouvé une solution dans les années 1970.

Quant aux Nuove [nouvelles] BR-PCC [Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant], qui ont fait leur apparition avec le communqiué diffusé après l'attentat à Rome le 20 mai 1999 , il ne faut pas les confondre avec les Brigades Rouges des années 1970.

On ne peut pas juger une organisation politique simplement par le nom qu'elle se donne. Confondre les Brigades Rouges des années 1970 avec les Nuove BR-PCC signifie ne pas comprendre la diversité des situations et en général du contexte.

Cette diversité rend secondaire le fait que les deux organisations recourent toutes les deux à des initiatives militaires, même si ceux qui, à gauche ou à droite, ont le mythe de l'activité militaire et la considèrent d'une façon unilatérale, tombent facilement dans cette erreur.

Les Brigades Rouges surgirent à un moment de grand développement du mouvement revendicatif des ouvriers, où la lutte des ouvriers contre les capitalistes était très poussée, où la confiance des ouvriers dans leur capacité de diriger la société était grande et très répandue, et dans le monde entier il y avait la Révolution Culturelle Proéltarienne, la guerre du Vietnam, de nombreuses guerres anti-impérialistes de libération nationale.

La conception du monde et l'activité théorique des Brigades Rouges étaient inspirées davantage de l'Ecole de Francfort et particulièrement de Marcuse (qui montrait l'intellectuel critique comme force motrice de l'histoire) plutôt qu'à la conception communiste de la société et du monde (le matérialisme dialectique et le matérialisme historique).

Cependant, malgré ceci, par la force même du mouvement pratique par lequel elles étaient portées, les Brigades Rouges furent l'expression des ouvriers qui essayaient de renforcer leur direction politique sur les masses populaires à travers la reconstruction du parti communiste.

Les Brigades Rouges ont été vaincues parce qu'elles dévièrent dans le bourbier du militarisme (élimination des forces ennemies comme activité principale de la phase, rassemblement des forces révolutionnaires dans les unités combattantes, etc.). Ceci s'est passé quand le mouvement des ouvriers déclinait et donc le rôle de la conception du monde devint plus importante pour guider l'activité pratique des Brigades Rouges.

En ce moment, la confiance des ouvriers dans leur capacité de direction de la société est à un très bas niveau, et ils mènent avec difficulté même les luttes revendicatives. Dans de telles circonstances, la conception du monde qui guide l'activité d'une organisation détient une importance déterminante au moment de décider de son avenir.

L'opuscule Martin Lutero publie entièrement le communiqué diffusé par les Nuove BR-PCC après l'attentat à Rome du 20 mai 1999, paraphrasé parce que l'original est écrit dans un jargon assez difficile à comprendre même pour un italien (cela aussi montre comme les Nuove BR-PCC n'ont pas un grand intérêt à se faire comprendre soit par les FSRS soit par les ouvriers avancés).

Certainement Martin Lutero se présente comme un document plutôt aride, un pavé.

Ce n'est pas tout le monde qui a la passion et la patience de le lire, de confronter entre elles les thèses affirmées dans les différentes parties, de méditer autour de la signification de chaque point, de chaque paragraphe.

Cependant sans ce travail méticuleux il est impossible de prendre une attitude consciente vers la conception que les auteurs de l'attentat professent, de la confronter avec leur activité et par conséquent d'en tirer une conclusion.

Si vous prenez un individu sincèrement indigné envers le cours que la bourgeoisie impérialiste a donné à la société et en même temps que convaincu que ce régime tôt ou tard aura une fin simplement parce que rien n'est éternel.

Admettons que cet individu-là ait perdu ou n'ait jamais eu confiance dans la possibilité que la classe ouvrière et les masses populaires se mobilisent en une politique révolutionnaire capable de mettre fin au régime de la bourgeoisie impérialiste.

Bien, un tel individu, s'il ne tombe pas dans une dépression ou dans un état de désespoir, est sûrement tenté de hâter la fin de ce régime par des attentats et, s'il est assez énergique et entreprenant, va exécuter des attentats.

Mais, considérons un autre aspect des choses. 150 ans durant, depuis son existence, le mouvement communiste a obtenu un développement et un succès qu'aucun autre mouvement le long de l'histoire e l'humanité n'a jamais obtenu.

Malgré sa crise actuelle et temporaire, son prestige reste énorme chez quiconque n'est pas résigné en face de la société actuelle, chez quiconque la combat, chez quiconque rêve quelque part de l'émancipation des classes et des peuples écrasés par la société actuelle.

Il est évident, par conséquent, que l'individu en question essaie de couvrir et justifier son activité par des motivations pêchées dans le mouvement communiste, même si par sa conception son activité en demeure loin.

Il est aussi évident que chaque individu encore à la recherche d'un chemin vers le socialisme reste fasciné en quelque mesure par l'activité de ces individus susnommés.

Ces considérations-là nous obligent à examiner les conceptions de groupes comme les Nuove BR-PCC, à les considérer séparement de leur activité, à considérer le sens de leur apparition.

Pour construire un vrai parti communiste on ne peut pas " jouer à la guerre ".

La guerre, c'est quelque chose de sérieux. La classe ouvrière a montré sa capacité à préparer et diriger la guerre des masses populaires contre la bourgeoisie et d'arriver à gagner : l'histoire de la première vague de la révolution prolétarienne dans la première moitié du XXème siècle nous le confirme.

Cependant les conditions concrètes de sa vie l'amènent aussi à ne pas être disposé à " jouer à la guerre ".

Notre parti doit parcourir encore un bon bout de chemin avant d'avoir une conception systématique et vérifiée des formes concrètes où dans notre pays, et en général dans les pays impérialistes, la guerre populaire révolutionnaire de longue durée va se développer.

Le bilan de l'expérience passée et du mouvement des sociétés actuelles nous conduit à la conclusion qu'aussi dans les sociétés impérialistes la révolution socialiste doit être précédé par une période plutôt longue d'accumulation des forces révolutionnaires, qui est la première phase de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée.

Notre parti cherche et cherchera dans le mouvement pratique de la société les formes de la lutte de classe qui contiennent la possibilité d'être développé systématiquement, il les assume, il les élabore et ils les vérifie.

Ce qui nous sépare, nous les communistes, des Nuove BR-PCC, ce n'est pas l'utilité et la nécessité de la lutte armée en cette phase. C'est la conception du monde à la base de l'activité respective qui nous sépare.

Entre nous les communistes et les Nuove BR-PCC il y a des conceptions opposées sur le rôle des communistes, sur le rôle de la classe ouvrière et sur le rôle des masses populaires dans la transformation de la société, et par conséquent nous avons aussi des conceptions différentes sur l'activité qu'il faut développer dans la plupart des domaines du travail, de la part des communistes.

A notre avis, l'objectif général de chaque activité est la mobilisation et l'organisation de la classe ouvrière et des masses populaires, donc, avant tout aujourd'hui, il faut reconstruire le parti communiste.

Par contre, les Nuove BR-PCC naissent dans le bourbier militariste où sont naufragées les Brigades Rouges.

Elles sont composées par des individus rebelles convaincus que la classe ouvrière ne peut pas mener une politique révolutionnaire, et qu'elle peut seulement mener des luttes revendicatives, et celles-ci seulement sous la direction des syndicalistes de régime.

Elles frappent des représentants de la classe dominante

1.dans l'illusion de rendre plus aiguës les contradictions de la société actuelle (" la faire sauter ") et

2.dans l'illusion d'empêcher ainsi que classe dominante s'acharne davantage sur les ouvriers et sur le restant des masses populaires : elles utilisent des instruments militaires avec une conception réformiste.

En substance elles reprennent d'une façon unilatérale certains mots d'ordre des Brigades Rouges comme par exemple " il faut en frapper un pour en éduquer cent ". E

lles ont comme but de mettre fin à la collaboration entre syndicats de régime et Etat bourgeois (" la concertazione ") ; notre but par contre c'est l'accumulation des forces révolutionnaires (dans le concret et avant tout : la reconstruction du parti communiste).

Leurs conceptions sont un mélange de vélléités romantiques et d'illusions réformistes, de manque de confiance en les potentialités révolutionnaires de la classe ouvrière, de dénigrement des luttes revendicatives des ouvriers, de suggestions du mouvement communiste et de culture bourgeoise courante.

C'est tout ? Non, bien sûr, et dans Martin Lutero cela est expliqué clairement, du moins nous l'espérons.

Malgré l'inconsistance de leurs conceptions, ans notre pays, les Nuove BR-PCC sont quand même l'expression plus saine politiquement importante d'un certain milieu social que la société engendre : une masse d'individus qui proviennent de toutes les classes des masses populaires, qui ne sont pas résignés de front de l'état présent des choses, mais ne trouvent pas un mouvement de lutte déjà fait contre ceci, une orientation et une organisation révolutionnaires où s'impliquer.

Ils sont un produit de la désagrégation sociale engendrée actuellement par la bourgeoisie à sa défense.

Les " Centri Sociali " [Centres Sociaux ] rassemblent un nombre important de ces individus ; les groupes combattants sont composés de la partie la plus entreprenante et la plus généreuse de ces individus.

Par conséquent les groupes combattants ne peuvent pas être à la tête de la reconstruction du parti communiste, mais par contre un parti communiste sérieux, digne de ce nom, doit tenir compte de ceux-ci et de la masse d'où ils proviennent.


3-Sur le mouvement communiste international

Quant à la situation du mouvement communiste international, entendu maintenant comme " mouvement de trasnformation de l'état présent des choses ", il faut aussi ici rompre avec le bigotisme et enlever les œillères.

Les communistes ont perdu beaucoup de temps en discutant des grands abstractions comme des vieux théologiens ou philosophes scolastiques et ils se sont éloignés du marxisme qui est en même temps une conception de la réalité et une méthode pour la comprendre et la trasnformer.

Ils ont passé des années à se demander si l'URSS était un pays socialiste ou un pays capitaliste, dans une confrontation d'une quantité plus ou moins grande de faits avec leurs définitions du capitalisme et du socialisme.

Tandis qu'il était plutôt nécessaire d'étudier

1.jusqu'à quel point la transition du capitalisme au communisme était avancée en URSS et

2.le processus concret de rétrocession au capitalisme commencé dans les années 1950.

Nous avons rompu avec cette attitude bigote à partir de 1990, avec l'autocritique publiée dans l'article La restaurazione del modo di produzione capitalista in Unione Sovietica dans Rapporti Sociali n°8 - Novembre 1990.

Ce travail nous a aidé à comprendre l'expérience des pays socialistes nés pendant la première crise générale du capitalisme et de déterminer les périodes qu'ils ont traversé : construction du socialisme (c'est-à-dire passage graduel à partir des rapports sociaux capitalistes et pré-capitalistes vers des rapports sociaux communistes), tentative de retour graduel et pacifique au capitalisme, tentative de retour au capitalisme à n'importe quel prix.

Il a suffi de s'enlever les œillères d'une scolastique pseudo-marxiste pour permettre que la riche et multiforme expérience des pays socialistes deviennent compréhensible et parlante, pour comprendre la stricte connexion de " 'effondrement " des régimes révisionnistes dans les années 1989-1991 avec la seconde crise générale du capitalisme, et pour comprendre aussi, dans les lignes générales, la lutte en cours maintenant dans les pays déjà socialistes, la raison du marasme et de la dévastation générales et les possibles résultats.

Nous ne pouvons pas ici expliquer dans le détail notre analyse et pour cela nous vous suggérons l'article Sull'esperienza storica dei paesi socialisti, dans Rapporti Sociali n°11 - Novembre 1991.

Pour montrer l'inconsistance de beaucoup de définitions qui encore circulent, il suffit de demander à ceux qui affirment que l'URSS dans les années 1970 était un pays capitaliste (et encore davantage à ceux qui affirment qu'elle l'était déjà dans les années 1930) : que s'est-il passé à leur avis dans la période 1989-1991, et qu'est-ce qui est en train de se passer en ce moment dans les pays ex-soviétiques, étant donné qu'ils étaient déjà depuis des années des pays capitalistes ?

Dans le monde entier, au-delà de la conscience que les individus, les partis et les classes en ont eue et au-delà de leur travail conscient et au-delà des mouvements politiques et culturels, le caractère collectif des forces productives et de l'activité économique s'est constamment renforcé, et la position centrale objective (structurelle) de la classe ouvrière a énormément augmenté.

Il suffit de se demander combien de la politique bourgeoise tourne aujourd'hui autour du marché du travail, autour de la flexibilité de l'emploi de la force de travail, du niveau du salaire, de la formation de la force de travail, de la disponibilité de la force de travail, autour du chômage et de l'immigration, des amortisseurs sociaux, de l'état social, des retraites, de l'actionnariat populaire, de la collaboration des ouvriers dans l'entreprise, de la limitation du droit de grève et du rôle des syndicats, pour se rendre compte de la position centrale de la classe ouvrière dans la structure de la société actuelle et donc pour se demander les raisons de son éclipse aussi réelle comme protagoniste de la lutte politique.

La croissance du caractère collectif de l'activité économique et la permanence des rapports de production capitalistes impliquent nécessairement l'avancement au niveau international d'une série de plus en plus nombreuse et pénétrante de médiations toujours plus raffinées entre les eux termes : les Formes Antithétiques de l'Unité Sociale, qui permettent la survie des rapports de production capitalistes, mais qui sont aussi autant de mines destinées à les faire sauter.

C'est avec cette réalité, qui n'admet pas des retours en arrière, que nous les communistes devons nous mesurer, en améliorant nos instruments de compréhension et en développant les instruments des luttes menées par les masses.
Les révisionnistes modernes ont rendu un double service à la bourgeoisie.

Non seulement ils ont apprivoisé des parties importantes de notre conception du monde pour justifier une politique de conciliation entre les classes, les systèmes politiques et les partis, mais ils ont aussi poussé beaucoup de révolutionnaires à s'enfermer, par réaction, dans une défense dogmatique de leur conception du monde, une défense dogmatique qui exclue la compréhension de la réalité du communisme qui avance et une action consciente efficace pour lui ouvrir le chemin.

Tout cela à un tel degré qu'aujourd'hui nous vivons les tourments d'une société de plus en plus proche au communisme, mais en même temps de plus en plus violemment séparée des rapports de production, de la politique et de la culture qui lui conviennent et pour elle nécessaires, comme un homme qui a grandi mais qui est obligé de rester coincé dans les habits de petit enfant et dans des relations enfantines.

C'est à cause du dogmatisme des communistes qu'aujourd'hui la bourgeoisie impérialiste conservatrice et réactionnaire peut se permettre de se présenter comme le champion de la mondialisation et de la flexibilité, contre les communistes grandis à l'enseigne de l'internationalisme et du mot d'ordre "de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins ", qui se présentent comme champions des anciennes divisions, des anciennes bornes de nation et de métier, comme défenseurs du passé parce qu'ils soutiennent les masses populaires qui se défendent comme elles peuvent de la dévastation, du pillage et de la rapine de la bourgeoisie impérialiste.

La renaissance du mouvement communiste (entendu maintenant à nouveau comme mouvement organisé et conscient) et par conséquent la reconstruction du parti communiste dans chaque pays passe inévitablement à travers la lutte contre le révisionnisme comme contre le dogmatisme.
C'est dans cette lutte que nous aussi sommes alignés, et c'est dans le milieu de cette renaissance du mouvement communiste international, auquel les communistes du monde entier donnent leurs contributions, que nous avançons dans la reconstruction du parti communiste et allons préparer le congrès de fondation du (nuovo)Partito comunista italiano.