Résolutions du 8ème Congrès mondial de l'Internationale Communiste
(1935)

 

RÉSOLUTION SUR LE RAPPORT D’ACTIVITÉ DU COMITÉ EXÉCUTIF DE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE

Adoptée le 1er août 1935 sur le rapport du camarade Pieck.

     1. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. approuve la ligne politique et l’activité pratique du C.E. de l’I.C.

     2. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. approuve les propositions faites par le C.E. de l’I.C. en mars 1933, en octobre 1934 et en avril 1935, aux différentes sections nationales et à la direction de la IIe Internationale, en vue de former l’unité d’action dans la lutte contre le fascisme, l’offensive du capital et la guerre. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. exprime ses regrets que toutes ces propositions, au grand détriment de la classe ouvrière, aient été repoussées par le Comité exécutif de la IIe Internationale et par la majorité de ses sections.

Il constate l’importance historique de fait que des ouvriers social-démocrates, ainsi qu’un grand nombre d’organisations social-démocrates, luttent en collaboration avec les communistes contre le fascisme et pour les intérêts des masses travailleuses, et demande au C.E. de l’I.C. et à toutes les partis adhérent à l’I.C. de continuer à travailler à l’établissement du front unique, tant dans le cadre national que dans le cadre international.

     3. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. constate l’influence révolutionnaire croissante de l’activité ainsi que des mots d’ordre des partis communistes, sur les larges masses ouvrières, entre autres sur les adhérents du parti social-démocrate. En conséquence, le congrès demande à toutes les sections de l’I.C. de surmonter le plus rapidement possible les survivances des traditions sectaires, qui les empêchaient de trouver accès auprès des ouvriers social-démocrates, de changer les méthodes d’agitation et de propagande qui avaient jusqu’ici trop souvent un caractère abstrait et peu compréhensible pour les masses, et de leur donner un contenu nettement concret, conforme aux besoins et aux intérêts quotidiens des masses.

     4. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. constate que le travail d’un certain nombre de sections de l’I.C. manifeste des faiblesses sérieuses : application tardive de la tactique du front unique, incapacité de mobiliser les masses pour la défense de leurs revendications partielles tant politiques qu’économiques, incompréhension de la nécessité de la lutte pour le défense des restes de la démocratie bourgeoise, incompréhension de la nécessité de la création d’un front populaire anti-impérialiste dans les colonies et les pays semi-coloniaux, sous-estimation du travail dans les syndicats réformistes et fascistes et dans les organisations de masse des travailleurs créées par les partis bourgeois, sous-estimation de l’importance du travail parmi les paysans et parmi les masses de la petite bourgeoisie citadine, ainsi qu’une aide politique tardive ces sections de la part du Comité exécutif. Étant donné le rôle croissant ainsi que la responsabilité des partis communistes, qui sont appelés à se placer à la tête du mouvement des masses de plus en plus pénétrées par l’esprit révolutionnaire, étant donnée la nécessité de la concentration de la direction opérative dans les sections mêmes, le VIIe Congrès mondial de l’I.C. demande au Comité exécutif de l’I.C.

     a) De transporter le principal poids de son activité vers l’élaboration des directives politiques et tactiques générales du mouvement ouvrier international, de partir, en vue de la solution de toutes les questions, des conditions et particularités concrètes de chaque pays, et, d’une façon générale, d’éviter d’intervenir directement dans les affaires d’organisation intérieure des partis communistes.

     b) D’aider systématiquement à la création et à la formation de cadres, ainsi que de chefs vraiment bolchéviks, dans les partis communistes, afin que ces derniers soient en mesure, sur la base des décisions des Congrès de l’I.C. et des sessions plénières du C.E. de l’I.C., de trouver rapidement et d’une façon indépendante, en cas de changements brusques des événements, la juste solution des tâches politiques et tactiques du mouvement communiste ;

     c) D’accorder une aide efficace aux partis communistes dans leur lutte idéologique avec leurs adversaires politiques ;

     d) D’aider les partis communistes à mettre à profit, tant leurs propres expériences que celles du mouvement communiste international, en évitant toutefois de transporter mécaniquement les expériences d’un pays à un autre et de remplacer l’analyse marxiste concrète par des clichés mécaniques et des formules générales ;

     e) De veiller à établir une liaison étroite des instances dirigeantes de l’I.C. avec ses différentes sections au moyen d’une participation encore plus active des représentants qualifiés des principales sections de l’I.C. au travail quotidien du C.E. de l’I.C.

     5. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. attire l’attention sur la sous-estimation de l’importance du travail de masse parmi les jeunes dont se sont rendus coupables, tant les fédérations des jeunesses communistes que les partis communistes, et sur l’insuffisance de ce travail dans toute une série de pays ; demande au C.E. de l’I.C. et au C.E. de l’I.C.J. de prendre des mesures efficaces en vue de surmonter l’isolement sectaire de toute une série d’organisations de Jeunesses communistes, de faire un devoir aux membres des Jeunesses communistes d’adhérer à tous les partis bourgeois démocratiques, réformistes et fascistes, ainsi qu’aux organisations de masse de la jeunesse travailleuse (organisations syndicales, culturelles et sportives) et de lutter systématiquement dans ces organisations pour soumettre à leur influence les larges masses des jeunes, de mobiliser la jeunesse en vue de la lutte contre la militarisation et les camps de travail, pour l’amélioration de sa situation matérielle, pour les droits de la jeune génération travailleuse, en s’efforçant, dans ce but, d’établir un large front unique de toutes les organisations de masses non fascistes de la jeunesse.

     6. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. constate qu’au cours des dernières années, sous l’influence de la victoire du socialisme en Union soviétique, de la crise dans les pays capitalistes, des cruautés commises par le fascisme allemand et du danger d’une nouvelle guerre, on a assisté dans le monde entier au passage des larges masses ouvrières et des masses travailleuses, du réformisme à la lutte révolutionnaire, de la scission et de la dispersion au front unique. Étant donné que l’aspiration des travailleurs à l’unité d’action ne fera que croître, malgré la résistance de certains leaders de la social-démocratie, le VIIe Congrès mondial de l’I.C. propose à toutes les sections de l’I.C., de concentrer leur attention dans le procès de la lutte pour le front unique du prolétariat et le front populaire de tous les travailleurs contre l’offensive du capital et du fascisme et le danger d’une nouvelle guerre, sur la nécessité du renforcement de leurs rangs et de la conquête de la majorité de la classe ouvrière.

     7. Le VIIe Congrès mondial de l’I.C. indique qu’il dépend uniquement de la force des partis communistes et de leur influence sur les larges masses du prolétariat, de l’énergie et de l’abnégation du communisme, que la crise politique qui mûrit se transforme en une révolution prolétarienne victorieuse.

Aujourd’hui, où la crise politique mûrit dans toute une série de pays capitalistes, la principale tâche des communistes consiste à ne pas se satisfaire des succès obtenus, mais à aller de l’avant vers de nouveaux succès, à élargir les liaisons avec la classe ouvrière, à gagner la confiance de millions de travailleurs, à transformer les sections de l’I.C. en partis de masse, à soumettre la majorité de la classe ouvrière à l’influence des partis communistes et à créer ainsi les conditions nécessaires à la révolution prolétarienne.

 

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L’OFFENSIVE DU FASCISME ET LES TÂCHES DE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE DANS LA LUTTE POUR L’UNITÉ DE LA CLASSE OUVRIÈRE CONTRE LE FASCISME

Résolution sur le rapport du camarade Dimitrov, adoptée le 20 août 1935.

 

I. Le fascisme et la classe ouvrière.

     1. Le VIIe Congrès de l’Internationale Communiste constate que les changements fondamentaux suivants survenus dans la situation mondiale, déterminent la disposition des forces de classes sur l’arène internationale et les tâches du mouvement ouvrier mondial.

     a) La victoire définitive et sans retour du socialisme dans le pays des Soviets, victoire d’une portée mondiale, qui a prodigieusement élevé la puissance et le rôle de l’U.R.S.S. en tant que rempart des exploités et opprimés du monde entier, et qui pousse les travailleurs à la lutte contre l’exploitation capitaliste, la réaction bourgeoise et le fascisme, pour la paix, pour la liberté et l’indépendance des peuples ;

     b) La crise économique la plus importante dans l’histoire du capitalisme, crise dont la bourgeoisie a tenté de sortir en ruinant les masses populaires, en vouant à la famine et au dépérissement des dizaines de millions de chômeurs, en abaissant dans des proportions inouïes le niveau de vie des travailleurs. Malgré la croissance de la production industrielle dans nombre de pays et une augmentation des profits des magnats de la finance, la bourgeoisie mondiale n’a réussi en somme ni à sortir de la crise et de la dépression ni à contenir l’aggravation incessante des contradictions du capitalisme. Dans certains pays (France, Belgique, etc.) la crise continue ; dans d’autres, elle a passé à l’état de dépression et dans les pays où la production a dépassé le niveau d’avant la crise (Japon, Angleterre), de nouvelles perturbations économiques sont en maturation ;

     c) L’offensive du fascisme, l’accession des fascistes au pouvoir en Allemagne, la menace toujours plus grande d’une guerre impérialiste mondiale et d’une agression contre l’U.R.S.S., par lesquelles le monde capitaliste cherche à sortir de l’impasse de ses contradictions ;

     d) Une crise politique, qui s’est manifesté par la lutte armée des ouvriers d’Autriche et d’Espagne contre les fascistes, laquelle n’a pas encore abouti à la victoire du prolétariat sur le fascisme, mais a empêché la bourgeoisie de stabiliser sa dictature fasciste ; un puissant mouvement antifasciste en France, qui a commencé par la manifestation de février 1934 et la grève générale du prolétariat ;

     e) La poussée révolutionnaire des masses travailleuses dans le monde capitaliste entier, qui se poursuit sous l’influence de la victoire du socialisme en U.R.S.S. et da la crise économique mondiale, ainsi que sur la base des leçons de la défaite momentanée du prolétariat au centre de l’Europe, en Allemagne, ainsi qu’en Autriche et en Espagne, dans les pays où la majorité des ouvriers organisés soutenaient la social-démocratie.

Un grand élan vers l’unité d’action grandit dans la classe ouvrière internationale.

On voit s’étendre le mouvement révolutionnaire dans les pays coloniaux et la révolution soviétique en Chine. Le rapport des forces de classes à l’échelle mondiale se modifie de plus en plus dans le sens de la croissance des forces de la révolution.

     En présence de cette situation, la bourgeoisie dominante cherche de plus en plus son salut dans le fascisme, dans l’instauration d’une dictature ouverte, terroriste, des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins et les plus impérialistes du capital financier, en vue d’appliquer des mesures exceptionnelles de spoliation des travailleurs, de préparer une guerre de rapine, impérialiste, l’agression contre l’U.R.S.S., d’asservir et de dépecer la Chine et de conjurer par tous les moyens la révolution.

Le capital financier cherche à maîtriser l’indignation des masses petites-bourgeoises contre le capitalisme à l’aide de son agence fasciste, qui adapte démagogiquement ses mots d’ordre à l’état d’esprit de ces couches. C’est en se créant ainsi une base de masse et en dirigeant ces couches, comme une force réactionnaire, contre la classe ouvrière, que le fascisme conduit à un asservissement encore plus accentué de tous les travailleurs par le capital financier.

Dans un certain nombre de pays, le fascisme est déjà au pouvoir.

Mais la croissance du fascisme et sa victoire attestent non seulement la faiblesse de la classe ouvrière, désorganisée à la suite de la politique scissionniste de la social-démocratie, basée sur la collaboration de classe avec la bourgeoisie, mais aussi la faiblesse de la bourgeoisie elle-même, qui tremble devant la réalisation de l’unité de lutte de la classe ouvrière, qui tremble devant la révolution et n’est plus à même de maintenir sa dictature par les vieilles méthodes de la démocratie bourgeoise.

     2. La variété la plus réactionnaire du fascisme est la fascisme de type allemand, qui se donne impudemment le nom de national-socialisme, mais qui n’a absolument tien de commun ni avec le socialisme ni avec la défense des véritables intérêts nationaux du peuple allemand, et qui ne remplit d’autre fonction que celle de valet de la grande bourgeoisie et représente non seulement le nationalisme bourgeois, mais un chauvinisme bestial.

     À la face du monde entier l’Allemagne fasciste montre nettement ce qui attend les masses populaires au cas d’une victoire du fascisme. Le pouvoir fasciste déchaîné extermine dans les prisons et les camps de concentration l’élite de la classe ouvrière, ses chefs et ses organisateurs.

Il a détruit les syndicats, les coopératives et toutes les autres organisations légales des ouvriers, de même que toutes les autres organisations politiques et culturelles non fascistes.

Il a enlevé aux ouvriers les droits élémentaires de défense de leurs intérêts.

Il a transformé un pays cultivé en un foyer d’obscurantisme, de barbarie et de guerre.

Le fascisme allemand est le principal instigateur d’une nouvelle guerre impérialiste.

Il est le détachement de choc de la contre-révolution mondiale.

     3. En soulignant l’accroissement de la menace fasciste dans tous les pays capitalistes, le VIIe Congrès de l’Internationale Communiste met en garde contre toute sous-estimation du danger fasciste.

Le congrès repousse également les conceptions fatalistes sur l’inéluctabilité de la victoire du fascisme ; ces conceptions, foncièrement erronées, ne peuvent qu’engendrer la passivité et affaiblir la lutte de masse contre le fascisme. La classe ouvrière peut empêcher la victoire du fascisme si elle parvient à réaliser l’unité de sa lutte et si, développant à temps des actions de combat, elle ne permet pas au fascisme de s’affermir, si elle sait, sous une direction révolutionnaire juste, grouper autour d’elle les larges couches des travailleurs des villes et des campagnes.

     4. La victoire du fascisme n’est pas durable. Malgré les atroces difficultés que la dictature fasciste crée pour le mouvement ouvrier, on voit, sous le pouvoir fasciste, se poursuivre l’ébranlement des bases de la domination de la bourgeoisie. Les conflits intérieurs dans le camp de la bourgeoisie atteignent une acuité particulière. Les illusions légalistes des masses s’écroulent.

La haine révolutionnaire des ouvriers s’accumule. La bassesse et le mensonge de la démagogie sociale du fascisme se découvrent de plus en plus.

Non seulement le fascisme n’a pas apporté aux masses l’amélioration, qu’il leur avait promise, de leur condition matérielle, mais il a augmenté encore davantage les bénéfices des capitalistes en abaissant le niveau de vie des masses travailleuses, il a intensifié leur exploitation par une poignée de magnats de la finance, il a réalisé une nouvelle spoliation de ces masses au profit du capital. La déception des couches petites-bourgeoises des villes et da la paysannerie travailleuse, trompées par le fascisme, grandit.

La base de masse du fascisme se décompose et se rétrécit. Toutefois, le congrès met en garde contre les illusions dangereuses d’un écroulement automatique de la dictature fasciste et rappelle que seule la lutte révolutionnaire unie de la classe ouvrière, à la tête de tous les travailleurs, conduira au renversement de la dictature fasciste.

     5. En liaison avec la victoire du fascisme en Allemagne et le danger fasciste croissant dans d’autres pays, s’est accentué et continue de s’accentuer la lutte de classe du prolétariat qui, de plus en plus, passe à une résistance décidée contre la bourgeoisie fasciste. Dans tous les pays capitalistes se développe le mouvement du front unique contre l’offensive du capital et du fascisme. Le déchaînement de la terreur nationale-fasciste en Allemagne a donné également une forte impulsion au front unique international du prolétariat (procès de Leipzig, campagne pour la libération de Dimitrov et de ses camarades, défense de Thælmann, etc.).

     Bien que le mouvement du front unique ne se trouve, pour le moment, qu’au début de son développement, les ouvriers communistes et social-démocrates de France, luttant la main dans la main, ont réussi à repousser les premières attaques du fascisme, et ont exercé par là une action mobilisatrice sur le mouvement du front unique à l’échelle internationale.

La lutte armée commune des ouvriers social-démocrates et communistes en Autriche et en Espagne a montré aux travailleurs des autres pays non seulement un exemple héroïque, mais aussi l’entière possibilité d’une lutte efficace contre le fascisme, s’il n’y avait pas eu sabotage des chefs de droite, ni oscillations des chefs de « gauche » de la social-démocratie (et aussi, en Espagne, la trahison ouverte de la plupart des chefs anarcho-syndicalistes), dont l’influence sur les masses privait le prolétariat d’une direction révolutionnaire décidée et l’empêchait d’établir clairement les objectifs de la lutte.

     6. La faillite du parti principal de la IIe Internationale, de la social-démocratie allemande, qui, par toute sa politique, facilita la victoire du fascisme, ainsi que l’éclat de la social-démocratie réformiste de « gauche » d’Autriche qui, même à l’approche de l’inévitable conflit armé avec le fascisme, détournait les grandes masses de la lutte, ont puissamment contribué à la désillusion des ouvriers social-démocrates à l’égard de la politique de la social-démocratie.

     La IIe Internationale traversa une crise profonde. À l’intérieur des partis social-démocrates et de la IIe Internationale tout entière, il se produit une différenciation en deux camps principaux : à côté du camp existant des éléments réactionnaires qui s’efforcent de continuer la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie, on voit se former le camp des éléments qui deviennent révolutionnaires, qui se prononcent pour l’établissement du front unique prolétarien et passent de plus en plus aux positions de la lutte de classe révolutionnaire.

     Le VIIe Congrès de l’Internationale Communiste salue l’aspiration des ouvriers social-démocrates vers le front unique avec les communistes, comme preuve du développement de leur conscience de classe et le commencement de la liquidation de la scission de la classe ouvrière, dans l’intérêt du succès de la lutte contre le fascisme, contre la bourgeoisie.

 

II. Le front unique de la classe ouvrière contre le fascisme.

     Devant la grave menace que représente le fascisme pour la classe ouvrière et pour toutes ses conquêtes, pour tous les travailleurs et leurs droits élémentaires, pour la paix et pour la liberté des peuples, le VIIe Congrès de l’Internationale Communiste déclare que la réalisation du front unique de la classe ouvrière est, à l’étape historique actuelle, la tâche principale immédiate du mouvement ouvrier international. La lutte efficace contre l’offensive du capital, contre les mesures réactionnaires de la bourgeoisie, contre le fascisme, ce pire ennemi de tous les travailleurs qu’il prive de tous les droits et libertés, quelles que soient leurs opinions politiques, exige impérieusement que l’unité d’action de toutes les couches de la classe ouvrière, quelle que soit l’organisation à laquelle elles appartiennent, soit réalisée avant même que la majorité de la classe ouvrière s’unisse sur la plate-forme commune de la lutte pour le renversement du capitalisme et la victoire de la révolution prolétarienne.

Mais c’est précisément pour cela que cette tâche fait un devoir aux Partis Communistes de tenir compte du changement de la situation et d’appliquer la tactique du front unique d’une nouvelle manière, s’efforçant d’obtenir un accord pour des actions communes avec les organisations de travailleurs des différentes tendances politiques à l’échelle de l’usine, à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale.

     Partant de là, le VIIe Congrès de l’Internationale Communiste invite les Partis Communistes à s’inspirer, dans l’application de la tactique du front unique, des directives ci-après :

     1. La défense des intérêts économiques et politiques immédiats de la classe ouvrière, la défense de celle-ci contre le fascisme doit être le point de départ et former le principal contenu du front unique des ouvriers dans tous les pays capitalistes.

Pour mettre en mouvement les grandes masses, il est nécessaire de mettre en avant des mots d’ordre et des formes de lutte qui découlent des besoins vitaux des masses, du niveau de leur capacité de combat à chaque étape donnée du développement.

Sans se borner aux seuls appels à la lutte pour la dictature du prolétariat, les communistes doivent indiquer aux masses ce qu’elles ont à faire aujourd’hui pour se défendre contre le pillage capitaliste et la barbarie fasciste.

Ils doivent, par l’action commune des organisations ouvrières, tendre à mobiliser les masses autour d’un programme de revendications visant à reporter effectivement les conséquences de la crise sur le dos des classes dominantes, des revendications telles que la lutte pour leur réalisation désorganise le fascisme, rende difficile la préparation de la guerre impérialiste, affaiblisse la bourgeoisie et renforce les positions du prolétariat.

     Préparant la classe ouvrière à une succession rapide de formes et méthodes de lutte pour le cas où la situation viendrait à changer, il est nécessaire, dans la mesure où le mouvement se développe, d’organiser le passage de la défensive à l’offensive contre le capital et de s’orienter vers l’organisation de la grève politique de masse, en faisant tout pour assurer la participation à cette organisation des principaux syndicats du pays.

     2. Sans renoncer un instant à leur travail indépendant de propagande communiste, d’organisation et de mobilisation des masses, les communistes doivent, pour faciliter aux ouvriers le chemin de l’unité d’action, s’efforcer de réaliser des actions communes avec les partis social-démocrates, les syndicats réformistes et autres organisations des travailleurs contre les ennemis de classe du prolétariat sur la base d’accords de brève ou de longue durée.

Ici, il faut prêter la plus grande attention au développement d’actions de masse réalisées à l’échelle locale par les organisations de base au moyen d’accords locaux.

     En remplissant loyalement les conditions de l’accord, il est nécessaire de dévoiler à temps tout fait de sabotage des actions communes de la part des personnes et organisations participant au front unique et, en cas de rupture de l’accord, en appeler immédiatement aux masses en continuant inlassablement la lutte pour le rétablissement de l’unité d’action compromise.

     3. Les formes de réalisation du front unique prolétarien, qui dépendent de l’état et du caractère des organisations ouvrières et de la situation concrète, doivent être variées.

Ces formes peuvent être, par exemple, des actions communes concertées des ouvriers, à telle ou telle occasion concrète, pour des revendications particulières ou sur la base d’une plate-forme commune ; actions concertées dans telle ou telle entreprise, dans telle ou telle branche de production ; actions concertées à l’échelle locale, régionale, nationale ou internationale ; actions concertées pour l’organisation de la lutte économique des ouvriers, la défense des intérêts des chômeurs, la réalisation d’actions politiques de masse, l’organisation d’une autodéfense commune contre les agressions fascistes ; actions concertées pour l’aide aux détenus et leurs familles, pour la lutte contre la réaction sociale ; actions communes pour la défense des intérêts de la jeunesse et des femmes, dans le domaine coopératif, culturel, sportif ; actions communes pour soutenir les revendications des paysans travailleurs, etc. ; création d’alliances ouvrières ou ouvrières et paysannes (Espagne) ; création de coalitions durables sous la forme d’un parti ouvrier ou d’un « parti ouvrier et paysanne » (États-Unis, etc.).

     Afin de développer le mouvement de front unique, en tant qu’œuvre des masses elles-mêmes, les communistes doivent tendre à créer des organismes de front unique de classe hors-parti par voie d’élection (ou, dans les pays de dictature fasciste, choisis parmi les participants les plus autorisés du mouvement) dans les entreprises, parmi les chômeurs, dans les quartiers ouvriers, parmi les petites gens des villes et dans les campagnes.

Seuls de tels organismes, qui ne doivent évidemment pas se substituer aux organisations participant au front unique, pourront englober dans le mouvement du front unique également l’immense masse inorganisée des travailleurs, pourront contribuer au développement de l’initiative des masses dans la lutte contre l’offensive du capital et contre le fascisme et, sur cette base, à la création d’un large actif ouvrier du front unique.

     4. Partout où les chefs de la social-démocratie, cherchant à détourner les ouvriers de la lutte pour la défense de leurs intérêts quotidiens et à faire échouer l’établissement du front unique, mettent en avant des projets « socialistes » grandiloquents (plan de Man et autres), il faut dévoiler le caractère démagogique de pareils projets, en expliquant aux travailleurs l’impossibilité de réaliser le socialisme aussi longtemps que le pouvoir reste entre les mains de la bourgeoisie.

Toutefois, il convient d’utiliser, en même temps, telle ou telle mesure proposée dans ces projets et que l’on peut relier aux revendications vitales des travailleurs, comme point de départ pour développer la lutte de masse sur un front unique, en commun avec les ouvriers social-démocrates.

     Dans les pays où le pouvoir est exercé par des gouvernements social-démocrates (ou des gouvernements de coalition avec participation des socialistes), il ne faut pas se borner à dénoncer par la propagande seule la politique d’un tel gouvernement ; il est nécessaire de mobiliser les larges masses autour de la lutte pour la réalisation de leurs revendications pratiques et vitales de classe, revendications dont les social-démocrates proclamaient la réalisation dans leurs plate-formes, notamment lorsqu’ils n’étaient pas encore au pouvoir ou ne faisaient pas encore partie du gouvernement.

     5. Les actions communes avec les partis et organisations social-démocrates, non seulement n’excluent pas mais, au contraire, rendent encore plus nécessaires une critique sérieuse et motivée du réformisme, du social-démocratisme, en tant qu’idéologie et pratique de la collaboration de classe avec la bourgeoisie, ainsi qu’une explication patiente, aux ouvriers social-démocrates, des principes et du programme du communisme.

     Dévoilant devant les masses le sens des arguments démagogiques des chefs social-démocrates de droite contre le front unique, intensifiant la lutte contre la partie réactionnaire de la social-démocratie, les communistes doivent établir la collaboration la plus étroite avec ceux des ouvriers, militants et organisations social-démocrates de gauche qui luttent contre la politique réformiste et s’affirment pour le front unique avec le Parti Communiste.

Plus nous accentuerons notre lutte contre le camp réactionnaire de la social-démocratie formant bloc avec la bourgeoisie, plus effective sera notre aide aux éléments social-démocrates qui deviennent révolutionnaires.

De même, la lutte la plus résolue des communistes pour le front unique avec les partis social-démocrates accélérera, à l’intérieur du camp de gauche, le processus de l’autodétermination de ses divers éléments.

     La question de l’attitude vis-à-vis de la réalisation pratique du front unique sera le principal indice des positions effectives prises par les différents groupements de la social-démocratie.

Dans le cours de la lutte pour la réalisation pratique du front unique, ceux des chefs social-démocrates qui se présentent, en paroles, comme étant de la gauche seront contraints de montrer pratiquement qui d’entre eux est effectivement prêt à lutter contre la bourgeoisie et les social-démocrates de droite et qui est, avec la bourgeoisie, contre la cause de la classe ouvrière.

     6. Les campagnes électorales doivent être utilisées pour poursuivre le développement et l’affermissement du front unique de lutte du prolétariat.

En se présentant aux élections d’une façon indépendante, en développant devant les masses le programme du Parti Communiste, les communistes doivent tendre à l’établissement du front unique avec les partis social-démocrates et les syndicats (ainsi qu’avec les organisations des paysans travailleurs, des artisans, etc.) en appliquant tous les efforts pour empêcher l’élection des candidats réactionnaires et fascistes.

Face au danger fasciste, les communistes peuvent, en tenant compte du développement et des succès du mouvement de front unique ainsi que du système électoral en vigueur, mener la campagne électorale avec une plate-forme commune et des listes communes de front antifasciste, en se réservant la liberté de leur propagande politique et la liberté de critique.

     7. Visant à unifier, sous la direction du prolétariat, la lutte de la paysannerie travailleuse, de la petite bourgeoisie des villes et des masses travailleuses des nationalités opprimées, les communistes doivent s’efforcer de créer un large front populaire antifasciste sur la base du front unique prolétarien, en défendant toutes les revendications spéciales de ces couches de travailleurs qui vont dans le sens des intérêts fondamentaux du prolétariat.

Il importe particulièrement de mobiliser les paysans travailleurs contre la politique fasciste de spoliation des masses paysannes essentielles, contre leur exploitation par la politique des prix du capital monopoliste et des gouvernements bourgeois, contre le fardeau exorbitant des impôts, les fermages, l’endettement, contre les ventes-saisies des biens des paysans, pour le secours de l’État à la paysannerie ruinée.

Travaillant partout parmi la petite bourgeoisie urbaine et les intellectuels, ainsi que parmi les employés, il est nécessaire de dresser ces couches contre l’augmentation des impôts et la vie chère, contre leur spoliation par le capital monopoliste, par les trusts, contre l’esclavage de l’usure, contre les licenciements et la réduction des traitements des travailleurs de l’État et des municipalités.

En défendant les intérêts et les droits des intellectuels avancés, il faut soutenir par tous les moyens leur mouvement contre la réaction culturelle et faciliter leur passage aux côtés de la classe ouvrière dans la lutte contre le fascisme.

     8. Dans les conditions d’une crise politique, lorsque les classes gouvernantes ne peuvent plus avoir raison du puissant essor du mouvement de masse, les communistes doivent mettre en avant des mots d’ordre révolutionnaires fondamentaux (par exemple le contrôle de la production, des banques, licenciement de la police, son remplacement par une milice ouvrière armée, etc.), tendant à ébranler encore davantage le pouvoir économique et politique de la bourgeoisie et à augmenter les forces de la classe ouvrière, à isoler les partis conciliateurs — des mots d’ordre rapprochant de près les masses ouvrières de la prise révolutionnaire du pouvoir.

Si au moment d’une telle poussée du mouvement de masse il apparaît possible et nécessaire, dans l’intérêt du prolétariat, de créer un gouvernement de front unique prolétarien ou de front populaire antifasciste, qui ne sera pas encore un gouvernement de dictature du prolétariat, mais qui s’engagera à prendre des mesures énergiques contre le fascisme et la réaction, le Parti Communiste soit tendre à la création d’un tel gouvernement. La condition essentielle pour qu’un tel gouvernement de front unique soit créé est la situation suivante :

     a) lorsque l’appareil d’État de la bourgeoisie est fortement paralysé, au point que la bourgeoisie n’est pas en état d’empêcher la création d’un tel gouvernement ;

     b) lorsque les grandes masses de travailleurs se dressent contre le fascisme et la réaction, mais ne sont pas encore prêtes à se soulever pour la lutte pour le pouvoir soviétique ;

     c) lorsqu’une partie considérable des organisations de la social-démocratie et des autres partis qui participent au front unique réclame déjà des mesures impitoyables contre les fascistes et les autres réactionnaires, et est prête à lutter en commun avec les communistes pour l’application de ces mesures.

     Pour autant que le gouvernement de front unique prendra effectivement des mesures décisives contre les magnats contre-révolutionnaires de la finance et leurs agents fascistes et ne gênera en aucune manière l’activité du Parti Communiste et la lutte de la classe ouvrière, la Parti Communiste soutiendra par tous les moyens ce gouvernement, la participation des communistes au gouvernement de front unique devant être décidée dans chaque cas particulier en tenant compte de la situation concrète.

 

III. L’unité du mouvement syndical.

     Soulignant l’importance particulière de l’établissement du front unique dans le domaine de la lutte économique des ouvriers et de la création de l’unité syndicale en tant qu’étape la plus importante de l’affermissement du front unique du prolétariat, le congrès fait un devoir aux communistes de prendre toutes les mesures pratiques pour réaliser l’unité syndicale à l’échelle de chaque industrie et à l’échelle nationale.

     Les communistes sont partisans résolus du rétablissement de l’unité syndicale dans chaque pays, ainsi qu’à l’échelle internationale ; des syndicats de classe uniques, qui constituent un des remparts les plus importants de la classe ouvrière contre l’offensive du capital et du fascisme ; d’un syndicat unique dans chaque industrie ; d’une confédération syndicale unique dans chaque pays ; d’une fédération internationale unique pour chaque industrie ; d’une Internationale syndicale unique sur la base da la lutte de classes.

     Dans les pays où existent des syndicats rouges peu importants, il est nécessaire d’obtenir leur entrée dans les grands syndicats réformistes, en réclamant la liberté de défendre leurs opinions et la réintégration des exclus ; et, dans les pays où existent parallèlement de grands syndicats rouges et réformistes, leur fusion sur une base d’égalité, sur la plate-forme de la lutte contre l’offensive du capital, avec la garantie de la démocratie syndicale.

     Dans les syndicats réformistes et les syndicats unifiés, les communistes doivent travailler activement, renforcer ces syndicats, y recruter les ouvriers inorganisés, faire tous les efforts pour que ces organisations défendent véritablement les intérêts des ouvriers et deviennent en fait de véritables organisations de classe.

Les communistes doivent, pour cela, s’assurer le soutien de tous les adhérents, des militants et des organisations dans leur ensemble.

     Les communistes ont le devoir de défendre les syndicats contre toutes les tentatives de la bourgeoisie et du fascisme, de restreindre leurs droits ou de les détruire.

     Si les dirigeants réformistes appliquent une politique d’exclusion, des syndicats, des ouvriers révolutionnaires ou d’organisations entières, ou bien une politique de répression d’un autre genre, les communistes doivent mobiliser toute la masse des syndiqués contre l’activité scissionniste de la direction en organisant en même temps la liaison des exclus avec la masse des syndiqués et la lutte commune pour la réintégration, pour le rétablissement de l’unité syndicale compromise.

     Les syndicats rouges et l’Internationale syndicale rouge doivent recevoir le plus grand appui de la part des Partis Communistes dans leurs efforts pour aboutir à la lutte commune des syndicats de toutes les tendances et réaliser l’unité syndicale à l’échelle nationale et internationale sur la base de la lutte de classes et de la démocratie syndicale.

 

IV. Les tâches des communistes dans les différents secteurs du mouvement antifasciste.

     1. Le congrès attire l’attention la plus sérieuse sur la nécessité d’une lutte idéologique systématique contre le fascisme.

Considérant que le chauvinisme est la principale et la plus dangereuse forme de l’idéologie fasciste, il est nécessaire de montrer aux masses que la bourgeoisie fasciste, sous prétexte de défendre les intérêts de la nation tout entière, réalise sa politique intéressée de classe, politique d’oppression et d’exploitation de son propre peuple, comme aussi de spoliation et d’asservissement d’autres peuples.

Il importe de montrer que la classe ouvrière, qui lutte contre tout esclavage et toute oppression nationale, est le seul, le véritable champion de la liberté nationale et de l’indépendance du peuple. Les communistes doivent combattre énergiquement la falsification fasciste de l’histoire du peuple en faisant tout pour éclairer les masses travailleuses d’une façon historiquement juste et dans un esprit véritablement léniniste-staliniste, sur le passé de leur propre peuple, afin de relier se lutte actuelle avec les traditions révolutionnaires du passé.

Le congrès met en garde contre toute attitude dédaigneuse à l’égard de la question de l’indépendance nationale et des sentiments nationaux des grandes masses populaires, attitude qui facilite le développement des campagnes chauvines du fascisme (Sarre, régions allemandes de la Tchécoslovaquie, etc…) ; il insiste sur la nécessité d’une application juste et concrète de la politique nationale léniniste-staliniste.

     Adversaires de principe intransigeantes du nationalisme bourgeois dans toutes ses variétés, les communistes ne sont nullement partisans du nihilisme national, d’une attitude de dédain à l’égard du sort de son propre peuple.

     2. Les communistes doivent entrer dans toutes les organisations fascistes de masse ayant le monopole de la légalité dans les pays respectifs, utilisant à cet effet la moindre possibilité légale ou semi-légale de travail dans ces organisations, afin d’opposer les intérêts des masses qui en font partie à la politique du fascisme et de décomposer sa base de masse. En commençant par les mouvements les plus élémentaires de protestation autour des besoins vitaux des travailleurs, les communistes doivent, par une tactique souple, s’efforcer d’entraîner dans le mouvement des masses de plus en plus nombreuses et surtout les ouvriers qui, par inconscience, suivent encore les fascistes. Au fur et à mesure que le mouvement s’étend en largeur et en profondeur, il faut changer les mots d’ordre de lutte en préparant le renversement de la dictature fasciste avec l’aide des masses mêmes qui se trouvent dans les organisations fascistes.

     3. En défendant énergiquement et avec conséquence les intérêts et les revendications des chômeurs, en les organisant e les conduisant à la lutte pour l’obtention du travail, pour des allocations suffisantes, pour les assurances, etc…, les communistes doivent entraîner les chômeurs dans le mouvement de front unique, éliminant de toutes les façons l’influence du fascisme dans leur milieu.

Ce faisant, il faut tenir rigoureusement compte des particularités des différentes catégories de chômeurs (qualifiés et non qualifiés, organisés et inorganisés, hommes et femmes, jeunesse, etc…).

     4. Le congrès insiste devant tous les Partis Communistes des pays capitalistes sur le rôle extrêmement important de la jeunesse dans la lutte contre le fascisme. C’est principalement dans les rangs de la jeunesse que le fascisme recrute ses détachements de choc.

Combattant la sous-estimation de l’importance du travail de masse parmi la jeunesse travailleuse, prenant des mesures effectives pour en finir avec le caractère fermé des organisations des jeunesses communistes, les Partis Communistes doivent contribuer de toutes les façons à grouper les forces de toutes les organisations non fascistes de masse des jeunes, et notamment, des organisations de jeunes des syndicats et des coopératives, etc., sur la base du plus large front unique, allant jusqu’à la création de toutes sortes d’organisations communes pour la lutte contre le fascisme, contre la spoliation inouïe de la jeunesse des tous ses droits et sa militarisation pour les intérêts économiques et culturels de la jeune génération.

Il faut poser le problème de la création d’une association antifasciste des jeunesses communistes et socialistes, sur une plate-forme de lutte de classes. Les Partis Communistes doivent aider par tous les moyens au développement et au renforcement des organisations des jeunesses communistes.

     5. La nécessité vitale d’entraîner dans le Front populaire unique des millions de femmes travailleuses, et en premier lieu les ouvrières et les paysannes travailleuses, quelles que soient leurs opinions de parti ou leurs convictions religieuses, exige des communistes une activité renforcée en vue de développer un mouvement de masse parmi les femmes travailleuses autour de la lutte pour leurs revendications et intérêts vitaux, notamment dans la lutte contre la vie chère, l’inégalité de la femme et son asservissement par le fascisme, contre les licenciements massifs, pour l’augmentation des salaires selon le principe : « À travail égal, salaire égal », contre le danger de guerre.

Il faut, dans chaque pays, ainsi qu’à l’échelle internationale, appliquer avec souplesse les formes d’organisation les plus diverses afin d’établir un contact et d’assurer le travail en commun des organisations féminines révolutionnaires, social-démocrates et progressistes, avec garantie de la liberté d’opinion et de critique, sans reculer devant la création, là où il le faudra, d’organisations féminines distinctes.

     6. Les communistes doivent lutter pour entraîner dans les rangs du front unique du prolétariat et du front populaire antifasciste les organisations coopératives.

     Il faut que les communistes prêtent une aide des plus actives dans la lutte des coopératives pour les intérêts vitaux de leurs membres, notamment dans la lutte contre la vie chère, pour les crédits, contre l’introduction de droits de douane spoliateurs et de nouveaux impôts, contre la limitation de l’activité des coopératives et leur destruction par les fascistes, etc.

     7. Les communistes doivent prendre l’initiative de la création d’une autodéfense antifasciste de masse contre l’agression des bandes fascistes, autodéfense composée des éléments fermes et éprouvés du mouvement de front unique.

 

V. Le front populaire anti-impérialiste dans les pays coloniaux.

     Dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, la principale tâche des communistes est de travailler à la création d’un front populaire anti-impérialiste.

Dans ce but, il faut entraîner les plus larges masses dans le mouvement de libération nationale contre l’exploitation impérialiste croissante, contre l’asservissement atroce, pour l’expulsion des impérialistes, pour l’indépendance du pays ; participer activement aux mouvements anti-impérialistes de masse dirigés par les nationaux-réformistes ; travailler à réaliser des sections communes sur la base d’une plate-forme anti-impérialiste concrète, avec les organisations nationales révolutionnaires et nationales réformistes.

     En Chine, il est nécessaire de coordonner l’extension du mouvement soviétique et le renforcement de la puissance de combat de l’Armée Rouge avec le développement du mouvement populaire anti-impérialiste dans tout le pays.

Ce mouvement doit être conduit sous le mot d’ordre de lutte nationale révolutionnaire du peuple armé contre les asservisseurs impérialistes, avant tout contre l’impérialisme japonais, et leurs valets chinois. Les soviets doivent devenir le centre d’union de tout le peuple chinois dans sa lutte libératrice.

     Le prolétariat des pays impérialistes, dans l’intérêt de sa lutte de libération, doit soutenir par tous les moyens la lutte libératrice des peuples coloniaux contre les envahisseurs impérialistes.

 

VI. Le renforcement des Partis Communistes et la lutte pour l’unité de la classe ouvrière.

     Le congrès souligne avec une insistance particulière que seuls un renforcement continu à tous égards des Partis Communistes eux-mêmes, le développement de leur initiative, et leur politique conforme aux principes marxistes-léninistes et leur tactique juste et souple, qui tient compte de la situation concrète et de la disposition des forces de classes, peuvent assurer la mobilisation des plus larges masses travailleuses pour la lutte unie contre le fascisme, contre la capitalisme.

     La réalisation effective du front unique exige des communistes qu’ils surmontent dans leurs propres rangs le sectarisme présomptueux qui, au moment actuel, dans nombre de cas, n’est plus une « maladie infantile » du mouvement communiste, mais un vice enraciné.

En surestimant le degré de maturité révolutionnaire des masses, en créant l’illusion qu’on avait réussi déjà à barrer la route au fascisme alors que le mouvement fasciste continuait à croître, ce sectarisme cultivait en fait la passivité devant le fascisme.

En substituant, dans la pratique, aux méthodes de la direction des masses les méthodes de direction d’un groupe étroit du parti ; en remplaçant la politique de masse par une propagande abstraite et un doctrinarisme gauchiste ; en renonçant au travail dans les syndicats réformistes et les organisations fascistes de masse ; en standardisant la tactique et les mots d’ordre pour tous les pays sans tenir compte des particularités de la situation concrète dans chaque pays donné, ce sectarisme ralentissait dans une notable mesure le développement des Partis Communistes, rendait plus difficile l’application d’une véritable politique de masse, empêchait d’utiliser les difficultés éprouvées par l’ennemi de classe pour fortifier le mouvement révolutionnaire, empêchait de gagner aux Partis Communistes les grandes masses prolétariennes.

     Tout en luttant de la façon la plus énergique pour extirper tous les restes du sectarisme qui, à l’heure actuelle, constitue un obstacle extrêmement sérieux à l’application d’une véritable politique bolcheviste de masse des Partis Communistes, les communistes doivent redoubler de vigilance à l’égard du danger que représente l’opportunisme de droite et mener une lutte résolue contre toutes ses manifestations concrètes, considérant qu’avec l’application large de la tactique du front unique le danger de droite ira croissant.

La lutte pour l’établissement du front unique, de l’unité d’action de la classe ouvrière exige que l’on convainque par les faits les ouvriers social-démocrates de la justesse de la politique communiste et de la fausseté de la politique réformiste.

Elle fait un devoir à chaque Parti Communiste de mener une lutte intransigeante contre toute tendance à estomper la différence de principe entre le communisme et le réformisme, à affaiblir la critique du social-démocratisme, en tant qu’idéologie et pratique de la collaboration de classe avec la bourgeoisie, contre l’illusion que le socialisme peut être réalisé par la voie pacifique légale, contre toute orientation vers l’automatisme et la spontanéité, tant pour la liquidation du fascisme que pour la réalisation du front unique, contre l’affaiblissement du rôle du parti et contre les moindres hésitations au moment de l’action décisive.

     Estimant que les intérêts de la lutte de classe du prolétariat et le succès de la révolution prolétarienne rendent nécessaire l’existence, dans chaque pays, d’un parti politique unique de masse de la classe ouvrière, le congrès assigne aux Partis Communistes la tâche suivante : forts de l’élan croissant des ouvriers vers l’unification des partis social-démocrates ou d’organisations particulières avec les Partis Communistes, ceux-ci doivent prendre en leurs mains l’initiative de cette œuvre d’unification.

À cet effet, il est absolument nécessaire d’expliquer aux ouvriers qu’une telle unification n’est possible que si les conditions suivantes se trouvent remplies : la condition de l’indépendance complète vis-à-vis de la bourgeoisie et la rupture complète du bloc de la social-démocratie avec la bourgeoisie ; la condition de la réalisation préalable de l’unité d’action ; la condition de la reconnaissance de la nécessité du renversement révolutionnaire de la domination de la bourgeoisie et de l’instauration de la dictature du prolétariat sous forme de soviets ; la condition du renoncement au soutien de sa propre bourgeoisie dans une guerre impérialiste ; la condition de l’édification du parti sur la base du centralisme démocratique, assurant l’unité de volonté et d’action, et éprouvé par l’expérience des bolchéviks russes.

     En même temps, il faut combattre résolument les tentatives des démagogues social-démocrates de « gauche », visant à profiter de la déception parmi les ouvriers social-démocrates pour créer des partis socialistes nouveaux et une nouvelle « Internationale », tentatives dirigées contre le mouvement communiste et approfondissant ainsi la division de la classe ouvrière.

     Estimant que l’unité d’action est une nécessité impérieuse et le moyen le plus sûr de réaliser également l’unité politique du prolétariat, le VIIe Congrès de l’Internationale Communiste déclare au nom de toutes les sections que celles-ci sont prêtes à engager immédiatement des pourparlers avec les partis respectifs de la IIe Internationale, en vue de réaliser l’unité d’action de la classe ouvrière contre l’offensive du capital, le fascisme et la menace de guerre impérialiste, ainsi que l’Internationale Communiste se déclare prête à entrer en pourparlers, dans ce but, avec la IIe Internationale.

 

VII. Pour le pouvoir des soviets.

     Dans la lutte pour la défense des libertés démocratiques bourgeoises et des conquêtes des travailleurs contre le fascisme, le prolétariat révolutionnaire prépare ses forces, affermit les liaisons de combat avec ses alliés et oriente la lutte vers la conquête de la démocratie véritable des travailleurs, du pouvoir soviétique.

     L’affermissement continu du pays des Soviets, le rassemblement autour de lui du prolétariat mondial et le puissant essor de l’autorité internationale du Parti Communiste de l’Union Soviétique, le revirement amorcé des ouvriers social-démocrates et des ouvriers organisés dans les syndicats réformistes vers la lutte de classe révolutionnaire, le développement de la résistance de masse au fascisme et la croissance du mouvement révolutionnaire dans les colonies, le déclin de la IIe Internationale et l’ascension de l’Internationale Communiste, autant de facteurs qui accélèrent et continueront d’accélérer le développement de la révolution socialiste mondiale.

     Le monde capitaliste entre dans une période de conflits violents à la suite de l’aggravation des contradictions intérieures et extérieures du capitalisme.

     S’orientant vers cette perspective de développement révolutionnaire, le VIIe Congrès de l’Internationale Communiste appelle les Partis Communistes à la plus grande activité et hardiesse politiques, à une lutte inlassable pour l’établissement de l’unité d’action de la classe ouvrière. L’établissement du front unique de la classe ouvrière est le chaînon décisif de la préparation des travailleurs aux grands combats imminents du deuxième cycle de révolutions prolétariennes. Seul le rassemblement du prolétariat en une armée politique unique de masse assurera sa victoire dans la lutte contre le fascisme et le pouvoir du capital, pour la dictature du prolétariat et le pouvoir des Soviets.

     « La victoire de la révolution ne vient jamais d’elle-même. Il faut la préparer et la conquérir. Or, la préparer et la conquérir, seul un parti prolétarien révolutionnaire fort peut le faire. » (Staline.)

 

* * *

 

LES TÂCHES DE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE EN LIAISON AVEC LA PRÉPARATION D’UNE NOUVELLE GUERRE MONDIALE PAR LES IMPÉRIALISTES

Résolution sur le rapport du camarade Ercoli, adoptée le 20 août 1935

 

I. Préparation de la guerre pour un nouveau partage du monde.

     La crise économique mondiale et la rupture de la stabilisation capitaliste ont engendré une extrême instabilité de toutes les relations internationales. L’aggravation de la lutte sur le marché mondial, rétréci à l’extrême à la suite de la crise économique, a conduit à une guerre économique acharnée. En fait, le nouveau partage du monde a déjà commencé.

     L’impérialisme japonais, qui mène la guerre en Extrême Orient, a déjà inauguré le nouveau partage du monde. L’occupation militaire de la Mandchourie et de la Chine du Nord signifie l’annulation de fait des accords de Washington qui réglaient la répartition des sphères d’influence entre les puissances impérialistes en Chine et leurs relations dans l’océan Pacifique.

L’expédition de rapine du Japon conduit d’ores et déjà à un affaiblissement de l’influence des impérialismes anglais et américain en Chine, elle menace les positions de la Grande-Bretagne et des États-Unis dans l’océan Pacifique et est une préparation de la guerre contre-révolutionnaire contre l’Union Soviétique.

     Du traité de Versailles, seules restent debout les frontières d’État et la répartition des mandats coloniaux. La liquidation du traité de Versailles a été consommée à la suite de la cessation des paiements au titre des réparations, du rétablissement du service militaire général par le gouvernement d’Hitler, ainsi que de la conclusion de l’accord naval de l’Angleterre avec l’Allemagne.

     Les fascistes allemands, qui sont les principaux instigateurs de la guerre et aspirent à établir l’hégémonie de l’impérialisme allemand en Europe, posent la question de la modification des frontières européennes par la voie de la guerre et aux dépens de leurs voisins.

Les plans aventuriers des fascistes allemands vont très loin : ils visent à la revanche militaire contre la France, au partage de la Tchécoslovaquie, à l’annexion de l’Autriche, à l’anéantissement de l’indépendance des pays baltes dont ils entendent faire une place d’armes pour l’attaque contre l’Union Soviétique, au détachement de l’U.R.S.S. de l’Ukraine soviétique.

Ils réclament pour eux des colonies, cherchant à exciter les esprits en faveur de la guerre mondiale pour un nouveau partage du monde. Tous ces projets des fauteurs de guerre sans scrupules contribuent à aggraver les contradictions entre les États capitalistes et créent le trouble dans toute l'Europe.

     L'impérialisme allemand a trouvé en Europe un allié dans le fascisme polonais, qui cherche également à étendre son territoire aux dépens de la Tchécoslovaquie, des pays baltes et de l'Union Soviétique.

     Les milieux dirigeants de la bourgeoisie anglaise appuient les armements allemands pour affaiblir l'hégémonie de la France sur le continent européen, pour tourner la pointe des armements allemands de l'Occident vers l'Orient et pour diriger l'agressivité de l'Allemagne contre l'Union Soviétique.

Par cette politique, l'Angleterre cherche à créer à l'échelle mondiale, un contrepoids aux États-Unis et à renforcer du même coup les tendances antisoviétiques, non seulement de l'Allemagne, mais aussi du Japon et de la Pologne.

     Cette politique de l'impérialisme anglais est un des facteurs qui accélèrent l'explosion de la guerre impérialiste mondiale.

     L'impérialisme italien passe directement à la conquête de l'Abyssinie, en suscitant par là même une nouvelle tension entre les grandes puissances impérialistes.

     Le principal antagonisme dans le camp des impérialistes est l'antagonisme anglo-américain qui exerce son influence sur toutes les contradictions de la politique mondiale.

Cet antagonisme a conduit dans l'Amérique du Sud, où les intérêts opposés de l'Angleterre et des États-Unis se heurtent avec le plus de violence, à la guerre entre les vassaux sud-américains des deux puissances (Bolivie-Paraguay, Colombie-Pérou) et menace de provoquer de nouveaux conflits militaires dans l'Amérique méridionale et centrale (Colombie-Vénézuela).

     Au moment où ce sont surtout les États fascistes — l'Allemagne, la Pologne, la Hongrie, l'Italie — qui aspirent ouvertement à un nouveau partage du monde et au changement des frontières en Europe, la tendance existe chez d'autres États à conserver la situation actuelle (statu quo). Cette tendance est représentée actuellement, à l'échelle mondiale, par les États-Unis et, en Europe, avant tout par la France.

Et la tendance de ces deus États impérialistes principaux à conserver le statu quo est appuyée par un certain nombre de petits États (la Petite Entente et l'Entente balkanique, quelques États baltes), dont l'indépendance est menacée par une nouvelle guerre impérialiste.

     La victoire du national-socialisme allemand, qui est la forme la plus réactionnaire, la plus agressive du fascisme, et ses provocations à la guerre, ont poussé les partis de guerre, représentant les éléments les plus réactionnaires et les plus chauvins de la bourgeoisie, à accentuer dans tous les pays la lutte pour le pouvoir et à intensifier la fascisation de l'appareil d'État.

     Les armements effrénés de l'Allemagne fasciste et, en particulier, le rétablissement du service militaire et l'énorme renforcement des armements navals et aériens de l'Allemagne ont provoqué dans tout le monde capitaliste une nouvelle course aux armements. Malgré la crise économique mondiale, l'industrie de guerre s'épanouit dans une mesure plus grande que jamais.

Dans les pays qui sont allés le plus loin dans la préparation de la guerre (Allemagne, Japon, Italie, Pologne), l'économie nationale est déjà mise sur le pied de guerre.

À côté de l'armée régulière, on prépare des détachements fascistes spéciaux pour assurer l'arrière et pour faire le service de gendarmerie sur le front ; dans tous les pays capitalistes, la préparation prémilitaire est étendue même aux adolescents. L'éducation et la propagande dans l'esprit de la démagogie chauvine et raciste se font aux frais de l'État et sont encouragées de toutes les façons.

     Bien qu'à l'heure actuelle l'aggravation des contradictions impérialistes rende plus difficile la formation d'un bloc antisoviétique, les gouvernements fascistes et les partis de guerre dans les pays capitalistes n'en cherchent pas moins à résoudre ces contradictions aux dépens de la patrie de tous les travailleurs, aux dépens de l'Union Soviétique.

Le danger de l'explosion d'une nouvelle guerre impérialiste menace l'humanité de jour en jour.

 

II. Le rôle de l'Union Soviétique dans la lutte pour la paix.

     L'essor rapide de l'industrie socialiste et de l'agriculture, la liquidation des koulaks — dernière classe capitaliste —, la victoire définitive du socialisme sur le capitalisme et le renforcement de la capacité de défense du pays, qui en résulte, ont fait que les relations réciproques de l'Union Soviétique avec les pays capitalistes sont entrées dans une nouvelle phase.

     La contradiction fondamentale entre le monde socialiste et le monde capitaliste est devenue encore plus aiguë.

Mais, grâce à sa puissance croissante, l'Union Soviétique a été en mesure de prévenir l'agression déjà préparée des puissances impérialistes et de leurs vassaux, et de déployer une politique conséquente de paix contre tous les instigateurs de guerre.

Par là même, l'Union Soviétique est devenue le centre d'attraction non seulement des ouvriers doués de conscience de classe, mais aussi de tout le peuple travailleur aspirant à la paix dans les pays capitalistes et coloniaux.

En outre, la politique de paix de l'U.R.S.S. a non seulement déjoué les plans des impérialistes visant à l'isolement de l'Union Soviétique, mais a en même temps jeté les fondements de sa collaboration en vue de conserver la paix avec les petits États, pour lesquels la guerre, qui menace leur indépendance, constitue un danger particulier, de même qu'avec ceux des États qui, au moment donné, sont intéressés au maintien de la paix.

     La politique de paix de l'U.R.S.S., opposant l'internationalisme prolétarien aux querelles nationalistes et de races, n'as pas seulement pour but de défendre le pays des Soviets, d'assurer la sécurité de l'édification socialiste ; elle défend la vie des ouvriers de tous les pays, la vie de tous les opprimés et exploités ; elle signifie la défense de l'indépendance nationale des petites nations ; elle sert les intérêts vitaux de l'humanité ; elle défend la culture contre la barbarie de la guerre.

     Au moment où une nouvelle guerre entre les États impérialistes devient de plus en plus proche, la puissance de l'Armée Rouge ouvrière et paysanne de l'U.R.S.S. acquiert une importance de plus en plus grande dans la lutte pour la paix. Devant les armements poussés avec frénésie par les pays impérialistes, surtout par l'Allemagne, le Japon et la Pologne, le renforcement de l'Armée Rouge et son soutien actif sont d'un intérêt vital pour tous ceux qui aspirent à conserver la paix.

 

III. Les tâches de l'Internationale Communiste dans la lutte pour la paix, contre la guerre impérialiste.

     Le VIe Congrès mondial de l'Internationale Communiste, fort de la doctrine de Marx-Engels-Lénine-Staline sur la guerre, a élaboré concrètement les tâches des Partis Communistes et du prolétariat révolutionnaire dans la lutte contre la guerre impérialiste.

Guidés par ces principes, les Partis Communistes du Japon et de la Chine, directement touchés par la guerre, ont mené et mènent d'une façon bolcheviste le lutte contre la guerre impérialiste, pour la défense du peuple chinois. Le VII
e Congrès mondial de l'Internationale Communiste, en confirmant les résolutions du VIe Congrès sur la lutte contre la guerre impérialiste, pose devant les Partis Communistes, les ouvriers révolutionnaires, les paysans travailleurs et les peuples opprimés du monde entier les tâches principales suivantes :

     1. La lutte pour la paix et pour la défense de l'U.R.S.S. — Face aux provocations à la guerre des fascistes allemands et des militaristes japonais et aux armements poussés à l'extrême par les partis de guerre dans les pays capitalistes, face au danger imminent d'explosion d'une guerre contre-révolutionnaire contre l'Union Soviétique, le mot d'ordre central des Partis Communistes doit être : la lutte pour la paix.

     2. Le front populaire unique dans la lutte pour la paix, contre les instigateurs de la guerre. — La lutte pour la paix ouvre devant les Partis Communistes les plus grandes possibilités de créer le front unique le plus large.

Dans les rangs de ce front unique doivent être entraînés tous ceux qui sont intéressés à la conservation de la paix.

La concentration des forces à chaque moment donné contre les principaux instigateurs de la guerre (à l'heure actuelle, contre l'Allemagne fasciste et contre la Pologne et le Japon qui sont liés avec elle) est la tâche tactique la plus importante des Partis Communistes.

     Pour le Parti Communiste allemand, il est particulièrement important de démasquer la démagogie nationaliste du fascisme hitlérien, qui se dissimule sous des phrases sur l'unification du peuple allemand, mais qui, en fait, mène le peuple allemand à l'isolement et à une nouvelle catastrophe militaire. La condition nécessaire et la prémisse de l'unification du peuple allemand, c'est le renversement du fascisme hitlérien. L'établissement du front unique avec les organisations social-démocrates et réformistes (partis, syndicats, organisations coopératives, sportives et culturelles) et avec la masse de leurs adhérents, ainsi qu'avec les organisations de masse d'affranchissement national, démocratiques-religieuses, pacifistes et leurs partisans, a une importance décisive dans la lutte contre la guerre et les fauteurs de fascistes de guerre dans tous les pays.

     La formation du front unique avec les organisations social-démocrates et réformistes en vue de la lutte pour la paix exige une lutte idéologique résolue contre les éléments réactionnaires dans les rangs de la social-démocratie, éléments qui, en présence du danger immédiat de guerre, tendent à une collaboration encore plus étroite avec la bourgeoisie pour défendre la patrie bourgeoise, et par leurs excitations contre l'U.R.S.S., soutiennent directement la préparation d'une guerre antisoviétique.

Elle exige une collaboration étroite avec ceux des éléments se trouvant au sein des partis social-démocrates, des syndicats réformistes et autres organisations ouvrières de masse, qui se rapprochent des positions de la lutte révolutionnaire contre la guerre impérialiste.

     L'entraînement des organisations pacifistes et de leurs partisans dans les rangs du front unique de lutte pour la paix, acquiert une grande importance pour la mobilisation contre la guerre des masses petites bourgeoises, des intellectuels avancés, des femmes et des jeunes.

Tout en soumettant toujours à une critique explicative les conceptions erronées des pacifistes de bonne foi, en luttant énergiquement contre ceux parmi les pacifistes qui, par leur politique, masquent la préparation de la guerre impérialiste par les fascistes allemands (la direction du Labour Party en Angleterre, etc.), les communistes doivent s'assurer la collaboration de toutes les organisations pacifistes prêtes à faire avec eux au moins une partie du chemin de la lutte effective contre les guerres impérialistes.

     Les communistes doivent appuyer par leur collaboration active le mouvement Amsterdam-Pleyel contre la guerre et le fascisme, et aider à l'étendre.

     3. La coordination de la lutte contre la guerre impérialiste et de la lutte contre le fascisme. — La lutte contre la guerre des masses qui aspirent à conserver la paix, doit être coordonnée de la façon la plus étroite avec la lutte contre le fascisme et le mouvement fasciste.

Il est nécessaire non seulement de mener une propagande générale pour la paix, mais en premier lieu contre les principaux instigateurs de la guerre, contre les partis fascistes et autres partis de guerre impérialistes et contre les mesures concrètes de préparation de la guerre impérialiste.

     4. La lutte contre le militarisme et les armements. — Les Partis Communistes dans tous les pays capitalistes doivent lutter contre les dépenses de guerre (budgets militaires), pour le rappel des forces militaires des pays coloniaux et sous mandat, contre les mesures de militarisation appliquées par les gouvernements capitalistes, et surtout contre la militarisation des jeunes, des femmes et des chômeurs ; contre les lois d'exception limitant les libertés démocratiques bourgeoises dans le but de préparer la guerre ; contre la limitation des droits des ouvriers travaillant dans les usines de guerre ; contre les subsides à l'industrie de guerre et contre le trafic et le transport des armes. On ne peut mener la lutte contre les mesures de préparation à la guerre qu'en liant cette lutte de la façon la plus étroite à la défense des intérêts économiques et des droits politiques des ouvriers, des employés, des paysans travailleurs et de la petite bourgeoisie urbaine.

     5. La lutte contre le chauvinisme. — Dans la lutte contre le chauvinisme, la tâche des communistes est d'éduquer les ouvriers et tout le peuple travailleur dans l'esprit de l'internationalisme prolétarien.

Ceci n'est réalisable que dans la lutte contre les exploiteurs et les oppresseurs pour les intérêts vitaux de la classe du prolétariat, de même que dans la lutte contre le chauvinisme bestial des partis nationaux-socialistes et de tous autres partis fascistes.

En même temps, les communistes doivent montrer que la classe ouvrière mène une lutte conséquente pour la défense de la liberté nationale et de l'indépendance du peuple entier, contre toute oppression et exploitation, car seule la politique communiste défend jusqu'au bout la liberté nationale et l'indépendance du peuple.

     6. La lutte pour l'affranchissement national et le soutien aux guerres d'affranchissement national. — Dans le cas où un État faible serait attaqué par une ou plusieurs grandes puissances impérialistes qui voudraient détruire son indépendance et son unité nationales, ou bien en faire le partage comme cela eut lieu dans l'histoire lors du partage de la Pologne, par exemple, la guerre de la bourgeoisie nationale d'un tel pays, pour repousser cette attaque, peut revêtir le caractère d'une guerre de libération, dans laquelle la classe ouvrière et les communistes de ce pays ne peuvent pas ne pas intervenir.

La tâche des communistes d'un tel pays consiste en ce que, tout en menant une lutte irréductible pour assurer les positions économiques et politiques des ouvriers, des paysans travailleurs et des minorités nationales, ils se mettent en même temps aux premiers rangs des combattants pour l'indépendance nationale et mènent jusqu'au bout la guerre d'émancipation, en ne permettant pas à « leur propre » bourgeoisie de rechercher des compromis avec les puissances agressives aux dépens des intérêts de leur pays.

     Les communistes ont le devoir de soutenir activement la lutte pour la libération nationale des peuples opprimés des colonies et semi-colonies, et surtout la lutte de l'Armée Rouge des Soviets chinois contre les impérialistes japonais et autres et contre le Kuomintang. La Parti Communiste de Chine doit faire tous les efforts pour élargir le front de la lutte pour l'affranchissement nationale et y entraîner toutes les forces nationales prêtes à opposer une résistance à l'expédition de brigandage de l'impérialisme japonais et des autres impérialistes.

 

IV. De la lutte pour la paix à la lutte pour la révolution.

     Le VIIe Congrès mondial de l'Internationale Communiste repousse de la façon la plus énergique l'affirmation calomnieuse d'après laquelle les communistes désireraient la guerre dans l'espoir qu'elle amène à la révolution.

Le seul fait que les Partis Communistes de tous les pays prennent une part dirigeante à la lutte pour la conservation de la paix et pour le triomphe de la politique de paix de l'Union Soviétique, démontre que les communistes tendent de toutes leurs forces à entraver la préparation et le déclenchement d'une nouvelle guerre.

     Les communistes, tout en menant également une lutte énergique contre les illusions selon lesquelles il serait possible de supprimer les guerres tant que le régime capitaliste existe encore, déploient et déploieront tous les efforts pour conjurer la guerre.

Mais, dans le cas où une nouvelle guerre impérialiste mondiale éclaterait en dépit de tous les efforts faits par la classe ouvrière pour la conjurer, les communistes s'efforceront d'entraîner les adversaires de la guerre, organisées dans la lutte pour la paix, à la lutte pour la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile contre les instigateurs fascistes de guerre, contre la bourgeoisie, pour le renversement du capitalisme.

     En même temps le Congrès met les communistes et les ouvriers révolutionnaires en garde contre les méthodes anarcho-syndicalistes de lutte contre la guerre sous forme de refus de se rendre à l'appel de la classe, sous la forme dite de boycottage de la mobilisation, de sabotage dans les usines de guerre, etc…

     Le Congrès estime que de pareils méthodes de lutte ne peuvent que nuire au prolétariat. Les bolchéviks russes qui, pendant la guerre mondiale, luttaient énergiquement contre la guerre et qui se prononçaient pour la défaite du gouvernement russe, repoussaient cependant de telles méthodes.

Ces méthodes ne font que faciliter la répression de la bourgeoisie contre les communistes et les ouvriers révolutionnaires, et empêchent la conquête par les communistes des masses travailleuses, et surtout la masse des soldats pour la lutte de masse contre la guerre impérialiste et pour sa transformation en guerre civile contre la bourgeoisie.

     Le VIIe Congrès de l'Internationale Communiste, en fixant les tâches des Partis Communistes et de toute la classe ouvrière en cas de guerre, s'en rapporte à la thèse proposée par Lénine et par Rosa Luxembourg et adoptée par le Congrès de Stuttgart de la IIe Internationale d'avant-guerre :

     « Si la guerre est néanmoins déclarée, il est du devoir des travailleurs de lutter pour la faire finir promptement et, en tendant tous leurs efforts, de mettre à profit la crise économique et politique provoquée par la guerre pour soulever le peuple et précipiter la ruine de la domination de classe capitaliste. »

     Dans l'étape historique actuelle, alors que sur un sixième de globe l'Union Soviétique défend le socialisme et la paix pour l'humanité tout entière, les intérêts les plus vitaux des ouvriers et des travailleurs de tous les pays exigent que la politique de la classe ouvrière, la lutte pour la paix, la lutte contre la guerre impérialiste avant et après le déclenchement de la guerre soient menées sous l'angle de la défense de l'Union Soviétique.

     Si le déclenchement d'une guerre contre-révolutionnaire contraint l'Union Soviétique à faire marcher l'Armée Rouge ouvrière et paysanne pour la défense du socialisme, les communistes appelleront tous les travailleurs à contribuer par tous les moyens et à n'importe quel prix à la victoire de l'Armée Rouge sur les armées des impérialistes.

 

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LA VICTOIRE DU SOCIALISME EN U.R.S.S. ET SA PORTÉE HISTORIQUE MONDIALE

Résolution sur le rapport du camarade Manouilski, adoptée le 20 août 1935

 

     Après avoir entendu le rapport du camarade Manouilski sur le bilan de l'édification socialiste en U.R.S.S., le VIIe Congrès mondial de l'Internationale Communiste constate avec une profonde satisfaction que, sous la direction du P.C. de l'U.R.S.S., la reconstruction socialiste de l'économie nationale, la collectivisation agricole, l'évincement des éléments capitalistes et la liquidation des koulaks en tant que classe ont eu pour résultat la victoire définitive et sans retour du socialisme en U.R.S.S. et la consolidation sous tous les rapports de l'État de la dictature du prolétariat.

     1. Le succès de l'industrialisation socialiste. — De pays agraire arriéré au point de vue économique et technique, l'U.R.S.S. est devenue un grand pays industriel avancé de la métallurgie, des constructions mécaniques, de la construction d'avions, d'automobiles et de tracteurs.

Elle devient aussi le pays de l'électricité et de la chimie. L'U.R.S.S. est en mesure de fabriquer dans ses usines n'importe quelle machine, n'importe quel instrument de production.

Dans des régions jadis inhabitées, de grandes villes industrielles ont poussé.

On agrandit les anciennes régions industrielles, et l'on en crée de nouvelles.

On travaille avec succès à l'industrialisation des régions autrefois arriérées et des anciennes colonies tsaristes, qui se transforment en républiques et territoires nationaux florissants à industrie avancée. Des cadres hautement qualifiés de techniciens, d'organisateurs et de dirigeants de branches et procédés de production multiples et variés ont été créés. Les progrès réalisés ouvrent de nouvelles et vastes possibilités au développement continu de l'industrialisation de toute l'économie soviétique.

     2. La plus grande révolution a été réalisée avec succès à la campagne : la collectivisation de l'économie agricole. — Avec le triomphe du système des kolkhoz, a été résolu pratiquement un problème des plus difficiles : faire passer l'énorme majorité de la paysannerie dans la voie du développement socialiste. Une grande agriculture mécanisée a été créée selon les principes socialistes.

On voit s'étendre le réseau des stations de tracteurs et machines agricoles, et se consolider les sovkhoz.

Les avantages que présente au point de vue matériel et sous le rapport de la production le système des kolkhoz, sont devenus désormais la force motrice de la consolidation croissante de ces derniers et de l'extension de la collectivisation volontaire. Le problème des céréales est résolu.

L'élevage est entré dans une période d'essor continu. L'existence d'énormes étendues de terres fertiles encore en friche et le début du revirement vers la culture intensive, allant de pair avec une application toujours plus large de l'agronomie et de la technique agricole, assurent, grâce aux kolkhoz et aux sovkhoz, la possibilité d'un prodigieux essor de l'agriculture socialiste de l'U.R.S.S.

     3. La situation matérielle des travailleurs de l'U.R.S.S. a été radicalement améliorée et leur niveau culturel porté à un degré très élevé. — Le chômage a disparu.

Le nombre des ouvriers et des employés grandit et leur qualification professionnelle augmente.

Le fonds et taux de leurs salaires et des assurances sociales (sanatoriums, maisons de repos, assistance médicale gratuite, pensions aux invalides, aux vieillards, etc.) s'accroissent.

La journée de travail a été réduite à 7 et 6 heures. Les conditions de travail s'améliorent progressivement.

On surmonte victorieusement les difficultés de ravitaillement (suppression des cartes de pain, augmentation de l'approvisionnement des travailleurs en viande et en graisse au fur et à mesure du développement de l'élevage).

L'aspect des grandes villes et des centres industriels a changé : les conditions de vie et d'habitation des travailleurs s'améliorent sans cesse ; à la place des taudis typiques pour les quartiers ouvriers sous le régime du capital, on a construit et l'on continue de construire dans les grandes villes et centres industriels des maisons ouvrières spacieuses, claires et saines.

Grâce à la collectivisation de l'économie agricole et à la liquidation des koulaks en tant que classe, la misère a disparu dans les campagnes et la possibilité a été assurée aux paysans de vivre dans l'aisance et de travailler dans des conditions affermissant leurs forces au lieu de les épuiser.

     Le souci des hommes, des travailleurs, des cadres et, en premier lieu, des enfants, est au centre de l'activité du Parti, de l'État et de toutes les organisations syndicales et sociales. Le niveau culturel des travailleurs s'élève rapidement : l'instruction primaire obligatoire et générale a été instituée dans toutes les républiques de l'Union, dans leur langue maternelle, nationale. Des millions d'enfants d'ouvriers, de paysans et d'employés fréquentent les écoles secondaires et supérieures.

On a crée un réseau serré d'établissements préscolaires, ainsi qu'un réseau d'écoles du soir spéciales, cercles et cours pour adultes. Des dizaines de milliers de clubs, de théâtres et de cinémas ont été créés dans les quartiers ouvriers, dans les usines, dans les villages.

On assiste au développement et à l'épanouissement de la culture, nationale pour la forme et socialiste par le contenu, des peuples de l'U.R.S.S., jadis opprimés, abattus et voués à la dégénérescence, aujourd'hui libres et jouissant de la plénitude de leurs droits. La femme, à l'égal que l'homme, participe activement à la construction socialiste.

Celle-ci englobe la génération de jeunes, formés dans les conditions soviétiques, de jeunes qui ignorent l'exploitation capitaliste, les privations et l'absence de droits, et ne reconnaissent que les intérêts, les tâches et les buts du socialisme. La science et tous les arts sont désormais à la portée des grandes masses. Académiciens, savants, explorateurs, artistes, écrivains, peintres et maîtres de toutes les formes de l'art se sont tournés vers les travailleurs.

Toutes ces réalisations matérielles et culturelles, si immenses qu'elles soient en comparaison d'un passé récent et de la situation des travailleurs des pays capitalistes, ne marquent que le début d'un avenir magnifique et proche, plein d'épanouissement et de prospérité, vers lequel s'achemine le pays du socialisme dans tous les domaines.

     4. L'État de la dictature du prolétariat a été fortement consolidé au point de vue politique. — Au pays des Soviets, nous avons le régime politique le plus solide, le plus inébranlable, un État de large démocratie, qui n'est pas séparé de la masse du peuple et ne lui est pas opposé, mais est organiquement lié aux masses, défend leurs intérêts, traduit et réalise leur volonté.

Les changements profonds et radicaux, intervenus dans la structure sociale de l'U.R.S.S. du fait de la reconstruction socialiste de l'économie soviétique, de la liquidation des classes d'exploiteurs et de la victoire du système des kolkhoz, ont eu pour résultat d'élargir et de consolider encore plus la base sociale du pouvoir des Soviets.

En conformité avec ces changements, et en s'appuyant sur la confiance accrue des grandes masses en la dictature du prolétariat, le pouvoir soviétique a appliqué de nouvelles mesures, d'une grande portée historique, en vue de rendre son régime encore plus démocratique : substitution du vote égal au vote qui ne l'était pas tout à fait ; du vote direct et secret au vote public à plusieurs degrés ; extension des droits électoraux à de nouvelles couches de la population adulte ; rétablissement du droit de vote à ceux des anciens koulaks qui ont prouvé en fait, par un travail honnête, qu'ils ont cessé de combattre le régime soviétique.

Le développement de la dictature du prolétariat progresse de façon continue dans la voie d'un renforcement et d'une extension sans cesse accrus de la liaison directe de l'État soviétique avec les masses du peuple, avec la majorité écrasante de la population, dans la voie d'une large participation croissante, directe et active des masses populaires à la direction de l'État de l'édification socialiste.

Le développement de la démocratie prolétarienne, réalisé grâce à la liquidation des classes exploiteuses, la consécration de la propriété socialiste en tant que base de la société soviétique, la réalisation de l'unité des intérêts de l'énorme majorité de la population de toutes les républiques de l'Union Soviétique, fortifient sous tous les rapports l'État de la dictature du prolétariat.

     Fidèle à ses principes de fraternité, de liberté et d'indépendance de tous les peuples et de toutes les nations, l'U.R.S.S. lutte constamment pour le maintien de la paix entre les peuples, dénonce les pays agressifs des brigands impérialistes et prend toutes les mesures nécessaires pour assurer la défense de la patrie socialiste des travailleurs du monde entier contre l'agression qui la menace de la part des forbans impérialistes.

Le VII
e Congrès de l'Internationale Communiste constate avec satisfaction qu'à la place de la vieille Russie tsariste qui se faisait battre par tout le monde, et qu'à la place du faible pays soviétique qui, au début de son développement, se trouvait devant la possibilité d'un partage entre les impérialistes, un puissant État socialiste se dresse maintenant.

     L'U.R.S.S. devient le pays de l'homme nouveau, d'une nouvelle vie sociale et individuelle. C'est dans le grand creuset du travail socialiste planifié, sur la base de l'émulation socialiste, du travail de choc et de l'initiative créatrice des masses, que s'opère la grande refonte des hommes. Les habitudes et mœurs antisociales, rapaces, liées à l'esprit de propriété privée et héritées du capitalisme, disparaissent progressivement.

L'atmosphère créée par le travail socialiste passionnant contribue à rééduquer les criminels et les délinquants.

Les principes d'inviolabilité de la propriété collective s'implantent de plus en plus dans toutes les branches de l'économie nationale des villes et des campagnes.

L'opinion publique des masses travailleuses et l'autocritique sont devenues une force puissante d'influence morale, d'éducation et de rééducation des hommes. Grâce à la nouvelle attitude qui se fortifie de plus en plus, envers le travail et la société, une nouvelle vie est créée ; on voit se transformer la conscience et la mentalité des hommes et se former de nouvelles générations saines, aptes au travail et développés à tous égards.

Du plus profond du peuple sortent en masse organisateurs, dirigeants, inventeurs, explorateurs hardis de régions arctiques restées inconnues jusqu'à ce jour, héros vainqueurs de la stratosphère, des airs et des entrailles de la terre. Des millions de travailleurs prennent d'assaut les citadelles inexpugnables de la technique, de la science et de l'art.

L'U.R.S.S. devient le pays de l'homme nouveau, qui, plein d'élan et de la joie de vivre, concentre son effort sur le but à atteindre, surmonte toutes les difficultés et crée de grandes choses…

     5. La victoire du socialisme en U.R.S.S. a été remportée au cours d'une lutte énergique du P.C. de l'U.R.S.S. contre l'opportunisme de droite et de « gauche », au cours d'une lutte opiniâtre et de longue haleine pour surmonter les difficultés énormes, dues au faible niveau technique et économique hérité du passé, provoquées par la nécessité d'assurer dans le plus bref délai, par ses propres forces et moyens, dans les conditions de l'encerclement impérialiste hostile, la reconstruction de la base technique de l'économie nationale et une refonte radicale des rapports sociaux et économiques.

Cette refonte et, surtout, cette transformation de la base technique de l'économie agricole, rattachée à l'union des petites exploitations paysannes dans de grandes fermes collectives et à la liquidation des koulaks en tant que classe, ont été réalisées sous le signe d'une offensive résolue du prolétariat contre les éléments capitalistes.

Perdant toute base économique, les restes des classes d'exploiteurs soutenues par les impérialistes, opposaient une résistance acharnée, recouraient à la résistance passive et au sabotage, incendiaient les récoltes, empêchaient les semailles, égorgeaient le bétail, etc.

Le prolétariat a réussi à briser la résistance de ses ennemis, à créer une puissante industrie socialiste, à consolider le système des kolkhoz, à vaincre les difficultés liées à la nécessité d'un essor rapide de l'économie nationale. La possibilité de construire le socialisme dans un seul pays, pris séparément, possibilité prévue par le génie de Lénine et de Staline, est devenue une réalité tangible et palpable pour les millions de travailleurs du monde entier. La question historique : « Qui l'emportera ? » sur l'arène intérieure, la question de la victoire du socialisme sur le capitalisme en U.R.S.S. a été résolue définitivement et sans retour, en faveur du socialisme, ce qui n'exclu pas le fait que les débris décimés de l'ennemi de classe, qui ont perdu tout espoir d'empêcher le développement du socialisme, continueront à nuire aux ouvriers et aux kolkhoziens de l'U.R.S.S.

     Le développement ultérieur du socialisme victorieux se heurtera à l'intérieur de l'U.R.S.S. à des difficultés d'un autre ordre, à des difficultés conditionnées par la nécessité de vaincre les survivances du capitalisme dans la conscience des hommes. Avec le triomphe du socialisme en U.R.S.S., la révolution prolétarienne mondiale a conquis des positions imprenables dans la lutte de plus en plus aiguë pour la solution du problème « Qui l'emportera ? » sur l'arène internationale.

     6. La victoire du socialisme en U.R.S.S. est une victoire d'une portée mondiale. — Remportée avec le soutien du prolétariat international par les ouvriers et les kolkhoziens de l'U.R.S.S., sous la direction du meilleur compagnon d'armes du grand Lénine, le sage chef des travailleurs du monde entier, le camarade Staline, la victoire du socialisme en U.R.S.S. provoque un profond revirement dans la conscience des travailleurs de tous les pays : elle convainc les grandes masses d'ouvriers social-démocrates et d'ouvriers d'autres tendances, de la nécessité d'une lutte commune pour le socialisme et intervient comme un facteur décisif dans la réalisation de l'unité prolétarienne de combat.

Elle détruit des conceptions et notions inculquées durant des siècles sur l'éternité et l'immuabilité de l'ordre capitaliste, révèle la faillite des théories et projets bourgeois de « rénovation » de la société capitaliste, développe les sentiments révolutionnaires des masses travailleuses, leur donne l'assurance en leurs propres forces, leur démontre la nécessité et la possibilité de renverser le capitalisme et de bâtir le socialisme.

Sous les yeux des millions de travailleurs des pays capitalistes et coloniaux, de tous les exploités et opprimés, une vive clarté illumine le chemin de la libération, le chemin du socialisme, frayé par l'exemple vivant de l'U.R.S.S.

     Le régime soviétique, socialiste, assure :

     Aux ouvriers : la délivrance des horreurs qu'apportent le chômage et l'exploitation capitaliste ; la possibilité de travailler pour soi et non pour les parasites exploiteurs, de gérer l'État et l'économie nationale, d'améliorer sans cesse leur situation matérielle, de mener une vie cultivée.

     Aux paysans : la terre et la libération du joug des propriétaires fonciers, des usuriers et des banquiers, l'abolition des impôts démesurés, la fin des crises, de la ruine, de la décadence et de la misère, une aisance de plus en plus accrue, un niveau culturel toujours plus élevé, un allégement énorme de leur travail.

     Aux éléments petits-bourgeois des villes : la fin du cauchemar des faillites, de l'oppression par le grand capital, de la ruine et de la dégénérescence ; la possibilité de travailler honnêtement dans le système de l'économie socialiste ; la possibilité d'une amélioration radicale de leur vie matérielle et spirituelle.

     Aux intellectuels : les conditions nécessaires et le plus vaste champ d'action pour le perfectionnement de leurs connaissances, de leurs aptitudes et de leurs talents ; de fortes impulsions et de larges horizons d'activité créatrice, une amélioration radicale de leur vie matérielle et culturelle.

     Aux peuples des colonies et des pays vassaux : la libération nationale du joug impérialiste, la possibilité d'élever à une cadence rapide leur économie nationale au niveau des pays les plus avancés, l'essor et l'épanouissement de la culture nationale, une participation active, libre, sur un pied d'égalité complète, à la vie internationale.

     7. Avec la victoire du socialisme, l'U.R.S.S. est devenue une grande force politique d'État, une grande force économique et culturelle, influençant la politique mondiale ; un centre d'attraction et de rassemblement de tous les peuples, pays et même États, intéressés au maintien de la paix internationale, le rempart des travailleurs de tous les pays contre la menace de guerre ; un puissant instrument de rassemblement des travailleurs du monde entier contre la réaction mondiale. — La victoire du socialisme, transformant l'U.R.S.S. en une force qui met en mouvement les grandes masses de la population, les classes, les nations, les peuples et les États, marque un nouvel et grand changement dans les rapports des forces de classes, à l'échelle mondiale, en faveur du socialisme, au détriment du capitalisme. Elle marque le début d'une nouvelle étape dans le développement de la révolution prolétarienne mondiale.

     De ce bilan historique, réalisé depuis le VIe Congrès de l'Internationale Communiste, bilan que le mouvement prolétarien mondial enregistre au seuil du second cycle de guerres et de révolutions et qui détermine les tâches essentielles de la révolution prolétarienne mondiale, découle pour la classe ouvrière, pour les travailleurs du monde entier et pour toutes les sections de l'Internationale Communiste ce devoir primordial :

     Aider de toutes leurs forces et par tous les moyens à la consolidation de l'U.R.S.S., lutter contre les ennemis de l'Union Soviétique. En temps de paix comme dans les conditions d'une guerre dirigée contre l'U.R.S.S., les intérêts de la consolidation de l'Union Soviétique, de l'accroissement de sa puissance, de la victoire qui doit lui être assurée dans tous les domaines et sur tous les secteurs de la lutte, coïncident pleinement et indissolublement avec les intérêts des travailleurs du monde entier dans leur lutte contre les exploiteurs.

Ils coïncident avec les intérêts des peuples coloniaux et opprimés, en lutte contre l'impérialisme. Ils conditionnent et favorisent le triomphe de la révolution prolétarienne mondiale, la victoire du socialisme dans le monde entier.

C'est pourquoi la défense de l'U.R.S.S., l'aide à lui prêter pour contribuer à sa victoire sur tous ses ennemis, doivent dicter ses actes à chaque organisation révolutionnaire du prolétariat, à chaque véritable révolutionnaire, à chaque socialiste, à chaque communiste, à chaque ouvrier sans parti, à chaque paysan travailleur, à chaque intellectuel et démocrate honnête, à tous ceux qui veulent la suppression de l'exploitation, du fascisme et du joug impérialiste, l'abolition des guerres impérialistes, qui veulent la fraternité et la paix entre les peuples, le triomphe du socialisme dans le monde entier.