Résolutions adoptées par le présidium élargi du Comité Exécutif de l'Internationale
Communiste
(18-28 février 1930)
NOTE PRÉLIMINAIRE
Le Présidium élargi du Comité
exécutif de lInternationale communiste a siégé du 18 au 28 février 1930.
Il a tenu au total 16 séances.
Lordre du jour comportait les
questions suivantes :
1. La crise économique mondiale, le
chômage de masse et la lutte gréviste (Rapporteur : MANOUILSKI) ;
2. Les tâches des sections de
lI.C. dans le domaine de la politique municipale (Rapporteur : HECKERT) ;
3. Rapports : a) Parti
communiste anglais (POLLITT) ; b) Parti communiste italien (ERCOLI) ;
c) Parti communiste allemand (THAELMANN) ; d) P.C. de lU.R.S.S.
(MOLOTOV) ;
4. Préparation du Ve
congrès de lInternationale syndicale rouge (Rapporteur : LOZOVSKY).
Cette brochure comprend toutes les
résolutions adoptées par le Présidium élargi du C.E. de lI.C.
__________
LA CRISE ÉCONOMIQUE MONDIALE QUI VIENT :
LE CHÔMAGE DE MASSE ET LA LUTTE GRÉVISTE
(Résolution sur le rapport de Manouilski)
La Xe session
plénière du C.E. de lI.C., en caractérisant la situation. économique et
politique mondiale, soulignait que le trait distinctif de la troisième période du
développement du capitalisme daprès guerre est la forte accentuation des
contradictions fondamentales intérieures et extérieures de limpérialisme.
Cette
accentuation sexprime actuellement par leffondrement de plus en plus rapide de
la stabilisation capitaliste, par lextension de lessor révolutionnaire du
mouvement ouvrier mondial, par la maturation de la révolution antiimpérialiste dans les
pays coloniaux : « La faillite du fameux mot dordre de
« prospérité », lancé par la bourgeoisie américaine dit la
résolution de la Xe session plénière est de plus en
plus avérée ».
La crise économique qui a éclaté
trois mois plus tard aux États-Unis, dans les conditions dune dépression
sévissant depuis longtemps dans nombre de pays capitalistes et coloniaux, accélère au
plus haut point laggravation des contradictions fondamentales du capitalisme
mondial, détruisant la légende bourgeoise de la « prospérité permanente »
des États-Unis (Hoover) et portant un coup décisif aux théories social-démocrates du
« capitalisme organisé ».
En démasquant le mensonge des
conceptions réformistes de l« exceptionnalisme américain » (Lovestone,
Pepper) et aussi la pauvreté de la théorie selon laquelle « les problèmes du
marché, des prix, de la concurrence, des crises deviennent de plus en plus des problèmes
de léconomie mondiale et font place, à lintérieur des pays, aux problèmes
de lorganisation » (Boukharine), la crise américaine confirme
lappréciation de la troisième période, telle quelle a été donnée par le
VIe Congrès et la Xe session plénière du
C.E. de lI.C.
I. La crise de croissance du chômage et laggravation
des contradictions capitalistes.
1. La crise de surproduction aux
États-Unis saggrave encore du fait quelle se développe au moment où
sexacerbent les contradictions entre laccroissement des forces productrices et
le rétrécissement des marchés, au moment où se manifeste avec une acuité spéciale la
tendance, commune à tous les pays capitalistes, à la prolongation de la période de
dépréssion, qui prend un caractère chronique.
Une série de branches importantes de
léconomie mondiale (charbon, textile, constructions navales, etc...) ne sortent pas
de la crise depuis plusieurs années, tandis quune série dautres (caoutchouc,
pétrole, métaux non ferreux, argent, etc.) y pénètrent.
Les pays capitalistes et les
colonies sont déjà en proie à une crise agraire très aigué, qui se manifeste dans
certains pays par la surproduction des matières premières et des denrées agricoles
(États-Unis, Canada, Australie, Argentine) et dans dautres, principalement dans les
pays coloniaux (Inde, Chine), par une grande surproduction des denrées agricoles.
La crise américaine éclate à un
moment où une partie considérable de léconomie capitaliste mondiale est déjà
dans un état de dépression économique chronique.
Dans une série de pays de
lEurope occidentale et centrale (Pologne, Pays baltes, Autriche, Balkans), les
longues dépressions et crises économiques, nées de la paupérisation formidable des
masses et aggravées par le démembrement daprès-guerre, les survivances féodales,
lassujettissement de ces pays à limpérialisme mondial, développent de plus
en plus, dans ces pays, les prémisses dune crise politique générale. Dans les
colonies, la crise est liée au développement de formes particulièrement
violentes dexploitation du capital financier, appuyé sur le féodalisme indigène,
à la large extension de la monoculture qui met léconomie coloniale dans la
dépendance complète des fluctuations de la conjoncture économique dans les pays
impérialistes (Inde, Egypte, etc...), à la chute particulièrement rapide des prix des
matières premières coloniales, chute dépassant de loin celle des prix de tous les
autres produits industriels et agricoles. La crise prend une acuité particulière dans
les pays de type colonial du fait que lasservissement des masses laborieuses par les
impérialistes, les propriétaires fonciers et la bourgeoisie indigène y est liée à la
paupérisation inouïe des ouvriers et des paysans.
2. Issue de la crise générale du
système capitaliste, la crise des États-Unis se transforme de plus en plus en une crise
économique mondiale, et ce, pour les raisons suivantes : a) les
États-Unis jouent un rôle dirigeant dans lensemble de léconomie mondiale
capitaliste (près de 50 % de toute la production mondiale et de toutes les réserves
dor y sont concentrées) ; b) linterpénétration des pays
capitalistes due à lorganisation des trusts et des syndicats internationaux, aux
exportations de capitaux et aux systèmes des dettes internationales, entraîne tous les
autres pays dans la crise économique ; c) le resserrement du marché
intérieur des États-Unis oblige le capital américain à renforcer son offensive sur le
marché mondial, ce qui aboutit à resserrer les marchés pour les autres pays
capitalistes ; d) cette lutte du capital américain pour les débouchés
influera sur la baisse des prix du marché mondial, et ruinera les concurrents plus
faibles ; e) le recul de la production aux États-Unis entraîne une
crise dans les pays exportateurs de matières premières et de produits demi-bruts aux
États-Unis (Japon : soie ; Indochine : caoutchoue ; Brésil :
café).
Tout cela fait que la crise qui sévit aux États-Unis commence à se répercuter
dans tous les pays capitalistes de lEurope occidentale.
Elle se manifeste par la
baisse des prix ; la chute du cours des actions ; la réduction des émissions,
la crise du change qui débute dans une série de pays coloniaux, laugmentation des
faillites, la diminution presque générale, bien quinégale, de la production et,
enfin, la baisse des salaires et laccroissement général du chômage.
Mais le développement inégal du
système capitaliste détermine la diversité des formes, du degré et du caractère des
phénomènes de crise dans les différents pays.
Dans certains pays, la crise américaine
se répercute en les entraînant directement dans lorbite de la crise (Canada,
Australie) ; dans dautres, elle aggrave la dépression déjà existante et
cause son extension sur un territoire de plus en plus vaste (Europe orientale, colonies,
Inde et Chine, Amérique du Sud, Japon) ; dans dautres encore, elle fait mûrir
une crise économique générale (Allemagne) ; ailleurs elle aggrave la dépression
chronique dans différentes branches importantes de lindustrie (Angleterre) ;
dans dautres pays, elle engendre lapparition des premiers symptômes de
crise : diminution de la production, licenciements douvriers, chute des actions
(France).
Par là même, la crise économique
accentue la crise générale du système capitaliste en aggravant ses contradictions
intérieures et extérieures, en ébranlant la stabilisation capitaliste précaire et en
accélérant lessor révolutionnaire tant dans les pays capitalistes que dans les
colonies
3. La crise entraîne une effroyable
misère pour la classe ouvrière. Ce qui latteint le plus, cest le chômage en
masse, résultant de la réduction brusque de la production dans différents pays
capitalistes et aussi de lexploitation accrue par lintense rationalisation
capitaliste.
Aux États Unis où, au cours de ces
dernieres années, dans la periode daccroissement de la production, le nombre des
ouvriers occupés dans lindustrie diminuait constamment par suite de
lintensification exceptionrelle du travail, le nombre des chômeurs a augmenté à
une allure vertigineuse et atteint six millions. Dailleurs dans lÉtat de New
York le chômage a atteint son plus haut point depuis 1914. Malgré un tel accroissement
du chômage la bourgeoisie américaine, la plus riche du monde, na pas encore
institué lassurance dÉtat contre le chômage.
En Allemagne, où la crise
économique ne fait que commencer, plus de 3 millions et demi douvriers sont déjà
jetés à la rue.
LAngleterre, qui nen est
pas encore à la phase de crise, voit le nombre des chômeurs passer de 1,5 million à 2
millions.
Au Japon, le nombre des chômeurs
sélève à 1 million environ.
En Italie fasciste, on compte
800.000 chômeurs, cependant que les salaires baissent effroyablement et que
sallonge la journée de travail.
En Pologne, où un tiers des
ouvriers est condamné an chômage, il y a 300.000 chômeurs ; en Autriche 400.000 et
en Tchéco-slovaquie 400.000 également.
En Amérique latine, où le
prolétariat industriel est relativement peu nombreux, il y a 1,5 million de chômeurs.
Dans lensemble, 17 millions
douvriers, soit, en comptant leurs familles, environ 60 millions de personnes sont
en proie à la misère noire.
En outre, des millions douvriers ne sont occupés
quune partie de la semaine et se trouvent sous la menace permanente dêtre
jetés à la rue et de venir grossir larmée déjà énorme des chômeurs,.
La
condition de cette masse de chômeurs est dautant plus intolérable que, dans les
pays capitalistes, ils sont généralement privés de tout secours de la part de
lÉtat, ou bien ne touchent que des secours insignifiants.
Le chômage chronique prend des
proportions dautant plus terribles que dans larmée de réserve du travail
affluent les paysans des couches les plus pauvres, ruinés par la crise agraire. Ils
exercent une pression sur le marché du travail, étant utilisés par les capitalistes
pour opérer une réduction encore plus considérable des salaires.
La condition du
prolétariat agricole asservi aux propriétaires fonciers, aux planteurs et aux fermiers
est particulièrement atroce.
Dans les colonies, où la rationalisation capitaliste
signifie lusure rapide de la force de travail, le chômage dans lindustrie et
le chômage dans lagriculture que lon ne peut évaluer exactement, condamnent
des millions de travailleurs à mourir de faim.
En même temps, au lieu de réduire la
journée de travail, la bourgeoisie mène une politique consistant à la prolonger et
amène à un degré inouï lexploitation des ouvriers occupés.
Exerçant une pression sur les
ouvriers, augmentant lintensité du travail et le rendant encore plus exténuant,
diminuant les salaires déjà bas, les associations monopolistes de capitalistes et les
États entre leurs mains déclenchent une offensive de plus en plus impitoyable contre la
classe ouvrière, en aggravant à lextrême la condition des larges masses.
4. La crise mondiale aura des suites
dautant plus néfastes pour le capitalisme quelle se produit en même temps
quun puissant essor économique de lUnion soviétique qui, à cet egard, est
en opposition absolue avec le monde capitaliste.
Le développement de léconomie
socialiste, à un rythme inouï dans lhistoire, sur la base dune amélioration
constante du niveau matériel et culturel de la classe ouvrière et dune diminution
constante du chômage, lactivité du prolétariat sur la base de lautocritique
et de la lutte contre le bureaucratisme, linitiative créatrice du prolétariat
(émulation socialiste, brigades, ateliers et usines de choc) et enfin, la confiance
croissante des paysans dans le pouvoir soviétique et la politique du P.C. de lU.S.,
ont assuré un essor puissant à lindustrie, une allure accélérée à la
reconstruction socialiste de lagriculture et un revirement des innombrables masses
paysannes vers le socialisme, ce qui sexprime par le passage en masse de la petite
production paysanne individuelle à la grande production collective. La politique de
liquidation des koulaks en tant que classe, la répression impitoyable de toutes les
manuvres contre-révolutionnaires visant la dictature du prolétariat,
lapplication toujours plus large de la journée de sept heures et ladoption de
la semaine de travail de quatre jours, lexécution accélérée du plan quinquennal
en quatre années telles sont les formidables conquêtes de la révolution
prolétarienne internationale.
Cet ensemble de faits, en modifiant la corrélation des
forces en faveur du socialisme international, fait de plus en plus de lU.R.S.S., un
puissant facteur daggravation de la crise du capitalisme, de radicalisation du
prolétariat et, en général, des masses exploitées du monde entier.
LInternationale communiste, constatant le puissant effort et lenthousiasme
croissant de la classe ouvrière de lU.R.S.S. qui surmonte les difficultés et la
résistance des classes hostiles au prolétariat, fait un devoir à toutes ses sections
dengager une vaste campagne déclaircissement au sein des masses
travailleuses, afin de mettre en lumière les succès grandioses de lédification
socialiste en U.R.S.S. et de grouper les travailleurs sous létendard de la lutte
révolutionnaire pour la dictature du prolétariat.
5. En aggravant à lextrême
la lutte pour un nouveau partage du globe entre les groupements monopolistes des
capitalistes et aussi entre les États quils dominent, en poussant à
lextrême la politique protectionniste, le développement de la crise économique
conduit le monde capitaliste vers une période de nouvelles guerres impérialistes. La
lutte pour lhégémonie mondiale entre les États-Unis et lAngleterre, la
course forcenée aux armements entre ces deux pays, la pression formidable des États-Unis
sur les possessions coloniales et les Dominions de lAngleterre, dune part et,
dautre part, la lutte désespérée de lAngleterre pour maintenir ses
positions, surtout en Amérique du Sud, toute cette lutte qui se livre sous le couvert de
regroupements politiques et militaires et de conférences du pseudo-désarmement, telle la
conférence de Londres qui, sous le masque de désarmement, procède au réarmement des
flottes selon la technique la plus moderne, est suivie dune aggravation des
contradictions en Europe même, aggravations accentuée par la rivalité croissante sur le
marché mondial entre le capital américain et ses concurrents européens.
Dans ces conditions, le plan Young
en tant que programme de lutte, réalisé sous lhégémonie du capital financier
américain par la bourgeoisie des pays victorieux, en accord avec loligarchie
financière allemande, est : a) un plan dasservissement du prolétariat
allemand, dabaissement de son niveau de vie et de renforcement de son
exploitation ; b) un plan de renforcement de la puissance du capital
financier des pays victorieux (milliards extorqués à lAllemagne), donc un plan de
nouvelle offensive des capitalistes contre la classe ouvrière de ces pays victorieux et
dabaissement de leur niveau de vie ; c) un plan de blocus
financier (Banque des réparations) et de préparation dune offensive militaire
contre lU.R.S.S. et, enfin d) le plan Young signifie
laccentuation de la lutte au sein même du camp impérialiste, autour des questions
ayant trait au partage du butin des impérialistes.
Le Présidium du C.E. de lI.C.
invite en conséquence toutes les sections de lInternationale communiste, en
particulier les P.C. anglais, français et italien, à appuyer activement la lutte de la
classe ouvrière de tous les pays, en particulier du prolétariat allemand, contre le plan
Young, contre la domination de la bourgeoisie impérialiste, pour le triomphe de la
dictature révolutionnaire de la classe ouvrière.
Cherchant à faire retomber les
terribles conséquences de la crise sur les pays économiquement et politiquement
asservis, les puissances impérialistes dirigeantes accentuent leur pression sur les
États vassaux et renforcent loppression et le joug financier sur les colonies, en
étendant de plus en plus le système de violences, doccupations militaires,
dexpropriation du sol de la paysannerie ruinée.
Au fur et à mesure que se
développe dans le camp impérialiste la lutte acharnée pour un nouveau partage du monde,
au fur et à mesure que saccentue le mouvement révolutionnaire dans les pays
capitalistes et les colonies et que se développe victorieusement
lédification du socialisme en U.R.S.S., saccroît la menace de nouvelles
guerres impérialistes en général, et le danger dune agression militaire contre
lU.R.S.S. en particulier.
La collectivisation de lagriculture et la politique
de liquidation des koulaks en tant que classe dans lUnion soviétique, supprimant,
au cas dune intervention militaire, le dernier allié de la bourgeoisie
impérialiste à lintérieur du pays, ne manquent pas de provoquer une recrudescence
dactivité sur le front impérialiste antisoviétique et des tentatives
détendre ce front, de susciter de nouvelles provocations antisoviétiques de la
part des puissances impérialistes, entièrement et activement soutenues et inspirées par
la social-démocratie de tous les pays (intervention des États-Unis et de la France dans
le conflit du chemin de fer de lEst-chinois, rupture du Mexique avec
lU.R.S.S., campagne menée contre lUnion soviétique en Angleterre, en
Allemagne, en France, pour la défense du clergé contre-révolutionnaire de
lU.R.S.S. et intervention du pape à la tête de la réaction cléricale contre
lU.R.S.S.).
La défense de lUnion
soviétique contre la menace dune agression impérialiste est plus que jamais le
devoir le plus important de toutes les sections de lI.C.
II. Le bilan de lexercice du pouvoir pour les partis de
la IIe Internationale.
6. Dans cette situation de crise en
développement, la social-démocratie apparaît de plus en plus nettement comme
lagent actif de la politique de la bourgeoisie contre-révolutionnaire, aggravant
encore la situation économique des masses ouvrières, transformant ouvertement
lappareil dÉtat en un instrument de la dictature fasciste et préparant de
nouvelles guerres impérialistes.
En Allemagne, lexpérience
dune année et demie dexercice du pouvoir par le social-fascisme a montré
que, placé à la tête dun gouvernement de coalition, le social-fascisme ne fait
que remplir la volonté des capitalistes allemands en les aidant à mener une politique
systématique doppression à légard de la classe ouvrière et de préparation
de nouvelles guerres.
Au lieu de réaliser ses
promesses : consolidation de la paix, allègement des charges imposées aux masses
travailleuses dAllemagne par le traité de Versailles et par le plan Dawes, la
politique du social-fascisme a abouti au plan Young, qui signifie un nouvel asservissement
de la classe ouvrière et des masses laborieuses dAllemagne au capitalisme des
États victorieux, un accroissement des armements de terre et de mer, lintégration
de lAllemagne dans le front antisoviétique (acquittement des faux-monnayeurs
gardes-blancs, traité conclu avec la Pologne et dirigé contre lU.R.S.S., etc...).
Au lieu de réaliser la promesse de
consolidation de la démocratie, cette politique du social-fascisme a amené des
répressions croissantes contre la classe ouvrière : interdiction du Front rouge qui
existait sous les gouvernements bourgeois, lois scélérates pour la « protection de
la République », dirigées contre le parti communiste et les organisations
révolutionnaires du prolétariat, poursuites contre la presse communiste, non seulement
interdiction des manifestations ouvrières, mais encore massacre des manifestants ouvriers
par la police social-fasciste.
Au lieu de la « démocratie
économique » promise et de lélargissement de la législation sociale, la
politique de la social-démocratie a apporté aux ouvriers allemands le renforcement de la
dictature ouverte du capital financier, laccentuation de la rationalisation
capitaliste, des centaines de milliers douvriers jetés à la rue, une loi aggravée
sur lassurance-chômage et la menace pour les ouvriers dêtre directement
privés de lassistance sociale, laccroissement des taxes communales pesant de
tout leur poids sur la classe ouvrière, la diminution du salaire réel, les mesures
prises par lappareil syndical social-démocrate fasciste pour briser les grèves et
contre lopposition syndicale révolutionnaire, les nombreuses exclusions
douvriers révolutionnaires des syndicats.
7. En Angleterre, ces mêmes
tendances caractérisent la politique du gouvernement travailliste. Lors des élections,
il a promis le désarmement général, lamélioration des relations avec
lU.R.S.S., des réformes démocratiques dans les colonies (principalement dans
lInde), lamélioration de la condition de la classe ouvrière et la diminution
du chômage. En réalité, non seulement il continue la politique des conservateurs, mais
il va encore plus loin dans la voie de laggravation de la condition de la classe
ouvrière et de loppression des colonies (rationalisation capitaliste, diminution
des salaires des ouvriers du textile, répression sanglante des mouvements
révolutionnaires dans les colonies).
Au lieu du désarmement promis, nous
voyons laccroissement des armements de terre et de mer, marqués par des phrases
pacifistes.
Au lieu daméliorer les
rapports avec lU.R.S.S., le gouvernement travailliste continue, avec des méthodes
plus sournoises, la politique antisoviétique des conservateurs (position de Henderson
dans la question des dettes tsaristes et de la « propagande », intervention
dans le conflit du chemin de fer de lEst-chinois en faveur des envahisseurs de
Nankin, dernière intervention de Henderson en faveur du clergé contre-révolutionnaire
de lU.R.S.S., etc...).
Au lieu des réformes démocratiques
dans les colonies, nous avons un renforcement du régime de terreur dans lInde, la
répression sanglante du mouvement des nègres en Afrique du Sud, lorganisation des
progromes arabes en Palestine, le traité dasservissement imposé à lEgypte.
Au lieu daméliorer la
condition des ouvriers, on réduit leurs salaires (textile, cheminots), la promesse de
rétablir la journée de sept heures pour les mineurs est honteusement violée, on
prépare une nouvelle loi destinée à aggraver encore la situation des chômeurs.
8. Telle est la pratique des deux
principaux partis de la IIe Internationale, au pouvoir dans les plus
importants pays capitalistes dEurope.
Là où la social-démocratie
nest pas au pouvoir, elle soutient dhabitude, dune façon active et
directe, les mesures que les gouvernements bourgeois les plus réactionnaires prennent
contre la classe ouvrière et les partis communistes.
Elle intervient ouvertement à la
tête de la campagne acharnée contre lUnion soviétique, côte à côte avec les
gardes-blancs russes (France), elle aide activement les partis bourgeois à introduire la
Constitution fasciste (Autriche) ; elle mobilise toutes ses forces au service de la
terreur fasciste contre les communistes et les ouvriers révolutionnaires (Pologne).
Plus la crise du système
capitaliste saggrave et plus rapide est la transformation des éléments dirigeants
de la social-démocratie en police auxiliaire de loligarchie financière, plus le
rôle de la social-démocratie devient actif et direct dans la défense du régime
capitaliste, dans la répression du mouvement révolutionnaire des masses ouvrières et
des peuples coloniaux, dans la préparation de la guerre contre lUnion soviétique.
Les social-fascistes de
« gauche » continuent à remplir ce rôle de bourreaux, en accord complet avec
lensemble de la social-démocratie, mais seulement par des méthodes plus voilées,
ce qui fait deux les ennemis les plus dangereux de la classe ouvrière.
III. La lutte gréviste, le mouvement des chômeurs, les
manifestations et les tâches des partis communistes.
9. En accélérant la concentration
du capital et la ruine de la petite et moyenne bourgeoisie, en augmentant dans des
proportions formidables la paupérisation des masses essentielles de la paysannerie, tout
particulièrement dans les colonies, en renforçant enfin, dans une mesure inouïe, grâce
à la rationalisation capitaliste, toutes les formes dexploitation de la classe
ouvrière, la crise approfondit, avec une force extraordinaire, les antagonismes sociaux
du monde capitaliste.
À lun des pôles sociaux,
laggravation de la lutte de classes qui résulte de cet état de choses, conduit à
la croissance du fascisme, au renforcement de plus en plus considérable, sous
linfluence de la crise, des méthodes de terreur dans la répression contre les
masses (fusillades de grévistes, destruction des organisations révolutionnaires de la
classe ouvrière, arrestation de ses militants davant-garde, expulsion des
communistes et en général des ouvriers révolutionnaires des entreprises, etc.). À
lautre pôle, cette aggravation de la lutte de classes entraîne
laccroissement de lessor révolutionnaire, lextension du front de la
lutte prolétarienne et lentrée dans ce front révolutionnaire des réserves
paysannes des colonies et des différents pays capitalistes.
10. Le VIe
congrès mondial a signalé la radicalisation de la classe ouvrière, comme faisant suite
à une certaine dépression du mouvement ouvrier dans la période précédente.
La Xe
Session plénière du C.E. de lI.C. a souligné le nouvel essor révolutionnaire du
mouvement ouvrier dans les pays capitalistes, essor qui sest exprimé par
lélargissement des grèves économiques de masses, passant en plusieurs endroits à
la contre-offensive contre loffensive du capital (Ruhr, Lodz, textile de France,
grèves dans le sud des États-Unis, Bombay) et aussi par de nombreuses manifestations
(les manifestations en France, le Premier Mai à Berlin et en Pologne).
Cependant, ces
actions du prolétariat portaient encore un caractère isolé et ne touchaient que
quelques centres prolétariens. Depuis la Xe Session plénière du
C.E. de lI.C., le phénomène le plus important dans le mouvement ouvrier a été la
croissance continue du mouvement révolutionnaire dans les conditions dune crise
mondiale en maturation et dun chômage de masses.
Le mouvement gréviste qui se
développe actuellement dans le monde entier, sur la base de la lutte pour les
revendications économiques du prolétariat, se distingue par le fait quil se
développe de plus en plus malgré et contre les syndicats réformistes qui jouent le
rôle de briseurs de grève, que les masses inorganisées y participent de plus en plus,
que de plus en plus souvent les masses créent dans le processus de la lutte des organes
de direction des grèves.
Dans les pays capitalistes les plus
importants, on observe la croissance continue du mouvement gréviste.
En France, le nombre
des grévistes en 1929 a doublé celui de 1928 et, au début de 1930, on observe un nouvel
accroissement du mouvement de grèves ; en Angleterre, le nombre des grèves en 1929
est beaucoup plus important quen 1928.
En Allemagne, bien que le nombre de grèves
ait quelque peu diminué, les grèves acquièrent un caractère toujours plus acharné. En
même temps dans plusieurs pays, les grèves saccompagnent de plus en plus souvent
de manifestations de masses, aboutissant fréquemment à des bagarres sanglantes entre les
ouvriers et lappareil de répression de lÉtat bourgeois (États-Unis,
Australie).
Éclatant, dans la majorité
écrasante des cas comme mouvements économiques tantôt pour laugmentation de
salaires, tantôt contre leur diminution, ces grèves acquièrent dans nombre de cas un
caractère politique, en se transformant en grèves de solidarité (16 % de toutes
les grèves en France), en grèves pour la défense des ouvriers licenciés et poursuivis
(Allemagne), en grèves pour la défense des organisations révolutionnaires
prolétariennes (Roumanie).
Même dans les pays où règne la terreur fasciste la plus
effrénée, les grèves brisent le cadre de la dictature fasciste (Italie).
11. Dans les pays entrés dans la
phase de la crise et marquant, dans certains cas, une certaine décroissance du mouvement
de grèves économiques, la poussée révolutionnaire qui continue à croître
sexprime de plus en plus non seulement dans laccentuation des grèves
économiques, mais aussi par dautres formes de la combativité des masses
prolétariennes.
Parallèlement au mouvement
gréviste, sétend également le mouvement des chômeurs.
Celui-ci sexprime
par des marches de la faim, par des manifestations politiques de la classe ouvriere,
exigeant du gouvernement et du Parlement, du travail et du pain pour les affamés,
lassurance sociale et des secours aux chômeurs aux frais de lÉtat et des
capitalistes. Les forces coalisées de la bourgeoisie et des social-fascistes écrasent
dans le sang ces manifestations.
Sétendant à des masses toujours plus
considérables de prolétaires en chômage ou occupés, et conduisant, dans certains
endroits, à la création de comités et de soviets de chômeurs, ce mouvement rompant la
légalité bourgeoise, réalise le droit des masses ouvrières à la rue et mobilise les
larges masses de la classe ouvriere autour des mots dordre du parti communiste
(dernières manifestations en Allemagne, Pologne, États-Unis, Roumanie). Le mot
dordre de la grève politique de masses se pose à lordre du jour
12. Le développement et
lapprofondissement de la crise naggravent pas seulement la situation
économique de la classe ouvrière, la crise frappe aussi cruellement les masses de la
paysannerie et, avant tout, ses couches les plus pauvres. Sur ce terrain, se produit une
recrudescence du mouvement paysan révolutionnaire (Italie, Pologne, Grèce, Roumanie). Ce
mouvement acquiert le maximum denvergure dans certains pays coloniaux, où il se
confond avec le mouvement ouvrier et le mouvement national-révolutionnaire.
Leffondrement de lunification contre-révolutionnaire de la Chine et
laggravation de la lutte entre les impérialistes pour les sphères dinfluence
dans ce pays sont suivis dune nouvelle vague de mouvements révolutionnaires des
paysans (armées de partisans et de paysans).
Dans lInde, par suite de la crise
économique aigué et du renforcement du régime de terreur, on observe, parallèlement
aux grandes grèves (Calcutta, cheminots) et aux manifestations politiques, léveil
révolutionnaire des masses paysannes (Pendjab).
Actuellement, une lutte révolutionnaire
se déchaîne en Indochine contre limpérialisme français.
Tout cela montre que malgré le
développement inégal de lessor révolutionnaire, qui sexprime par la
variété des formes de la lutte de classe et les divers degrés de son aggravation,
lessor révolutionnaire se poursuit et conduit les masses ouvrières aux tâches les
plus importantes de la lutte révolutionnaire pour le renversement du capitalisme et
létablissement de la dictature du prolétariat.
13. Depuis la Xe
Session plénière du C.E. de lI.C. sest déroulé dans les partis communistes
un processus de regroupement et de consolidation idéologique, sur la base de la ligne du
VIe congrès, de la lutte décisive contre les déviations de cette
ligne et, avant tout, contre les déviations des droitiers et des conciliateurs, sur la
base de lépuration des partis communistes des éléments corrompus à moitié
social-démocrates. Lappréciation donnée par la Xe Session
plénière sur les droitiers et les conciliateurs sest pleinement confirmée. Elle
déclarait incompatible la propagande en faveur des points de vue de lopportunisme
de droite avec le fait dappartenir à lInternationale communiste et notait le
passage de fait des conciliateurs dans le camp des droitiers.
Les renégats de droite
dAllemagne, de Tchécoslovaquie et des États-Unis, exclus de lI.C. dès avant
la Xe Session plénière, ont, sur toutes les questions
fondamentales de la politique et de la tactique de la classe ouvrière, glissé vers les
positions social-démocrates. Le même chemin a été parcouru par lopposition
opportuniste de droite du P.C. suédois (Kilbom) qui sest constituée officiellement
après la Xe Session plénière et a été exclue de
lInternationale communiste. Une évolution analogue a été également éffectuée
par les éléments opportunistes du mouvement syndical unitaire et du Parti communiste de
France (Bloc des renégats sous la fausse enseigne de la Ligue dite de la défense
syndicale, agitation publicitaire autour du Parti dit ouvrier-paysan).
Tout comme les social-démocrates,
les renégats de droite partagent le point de vue du renforcement continu de la
stabilisation capitaliste, nient lessor révolutionnaire et laccroissernent
des dangers de guerre, opposent des argument empruntés aux social-démocrates à la
tactique indépendante des partis communistes dans le mouvement syndical, tentent
dimposer aux communistes travaillant dans les syndicats réformistes la discipline
à légard de lappareil syndical social-fasciste, préconisant le front unique
des communistes avec les organisations social-fascistes, prennent une part de plus en plus
active à la campagne des social-fascistes contre les partis communistes et
lU.R.S.S., et fournissent des matériaux pour cette campagne.
Les débris des groupes trotskistes,
Trotski en tête, ont pratiquement abouti à la même position.
On peut constater une
identité complète entre les conceptions trotskistes et celles des renégats de droite
sur toutes les questions fondamentales politiques et tactiques, identité de conceptions
allant dun travail concerté jusquà la conclusion de pactes et à la
constitution de blocs (Hambourg et Chine).
Les uns et les autres, comme agents directs de
la social-démocratie, font tout leur possible pour désagréger les partis communistes.
La lutte résolue des partis
communistes contre la social-démocratie, indissolublement liée au problème de la
conquête des masses par le communisme, exige la dénonciation des renégats droitiers et
trostkistes, agents de la social-démocratie se couvrant du drapeau communiste,
lépuration continue des partis communistes de tous les éléments qui tentent
dy jouer le même rôle et aussi la liquidation, au sein des partis communistes, de
toutes les déviations opportunistes, tant de droite, principal danger, que de
« gauche ».
14. Les tâches fondamemtales des
partis communistes, dans les conditions de la crise qui sétend, dans les conditions
de la lutte de classes renforcée et de laccroissement de lessor
révolutionnaire sont : conquérir les masses essentielles du prolétariat, mobiliser
autour du prolétariat et sous son hégémonie les grandes masses travailleuses (la
paysannerie, la petite-bourgeoisie urbaine qui se ruine, les nationalités
opprimées) ; assurer la direction des partis communistes dans toutes les sections de
masses et orienter ces actions (grèves, manifestations, mouvement des chômeurs), portant
souvent un caractère spontané, dans la voie de la lutte politique organisée, surtout
sous la forme des grèves politiques de masses conduisant la classe ouvrière à la lutte
révolutionnaire pour le pouvoir.
Laccomplissement de ces
tâches fondamentales dans létape actuelle, conformément aux décisions adoptées
par la Xe Session plénière, exige :
a) Le renforcement des
organisations du parti, en particulier le renforcement des cellules dentreprises et
des fractions communistes dans les syndicats, le large englobement des masses ouvrières
révolutionnaires par les organisations du parti.
Cest pourquoi la campagne de
recrutement de nouveaux adhérents acquiert une importance considérable. Au cours de ces
derniers mois, cette campagne a été menée avec succès bien que dans une mesure encore
insuffisante, par les partis communistes dAllemagne et des États-Unis.
b) Tout en renforçant
sous tous les rapports le travail dagitation et de propagande, il est nécessaire de
réorganiser les formes et les méthodes de travail des partis communistes et de les
adapter aux tâches de direction des actions de masses du prolétariat (grèves,
mouvement des chômeurs, manifestations), des ouvriers agricoles et des couches les plus
pauvres de la paysannerie (au sein du pays aussi bien que dans les colonies), et en
réalisant dans la pratique la préparation de ces actions de masses.
En Angleterre, les
problèmes de la réorganisation des méthodes et des formes du travail se posent
dune façon particulièrement aiguë. Le Daily Workers, quotidien
créé par le parti communiste, devra à cet égard jouer un rôle énorme.
c)
En liaison avec la tâche
fondamentale de la conquête des masses, parmi lesquelles, dans les conditions de la crise
qui vient, le processus de radicalisation doit accélérer le travail dans les
syndicats réformistes, afin darracher les masses à linfluence des
traîtres réformistes, sur la base de la tactique du front unique à a base, acquiert une
importance particulière. Entre autres choses, cela exige laccentuation du travail
des partis communistes dans les syndicats révolutionnaires (France,
Tchécoslovaquie et États-Unis), le recrutement intense des ouvriers dans ces syndicats,
cela exige que le rôle dirigeant soit assuré au parti communiste dans les organes de
lutte prolétarienne de masses créés à la base (comités de fabriques et dusines,
comités de grève, comités de chômeurs, etc.) et le renforcement, sur cette base, de
lopposition syndicale révolutionnaire dans les syndicats réformistes et
ultérieurement son organisation officielle.
Liée à ces tâches, se pose, en Allemagne,
celle de renforcer, dans la plus grande mesure, les rangs du mouvement syndical
révolutionnaire et de son centre dorganisation.
d) La lutte gréviste
qui se développe, combinée dans plusieurs pays aux autres formes de lutte politique de
la classe ouvrière (manifestations de masses, grèves de solidarité, etc.) exige des
partis communistes la popularisation aussi vaste que possible du mot dordre de la grève
politique de masses et, dans le travail des partis communistes même, la combinaison
effective des méthodes de travail légal et de travail illégal.
En particulier, le parti
communiste de Pologne a le devoir de préparer la classe ouvrière à son rôle dirigeant
dans la crise politique générale imminente.
e) Dans les colonies
et les pays opprimés, doit se trouver, au centre du travail des partis communistes, la
tâche de créer et de renforcer des organisations prolétariennes de masses et dy
assurer lindépendance de classe, condition fondamentale pour la conquête par le
prolétariat du rôle dirigeant dans le mouvement national-révolutionnaire croissant des
masses laborieuses urbaines et rurales.
En Chine, se pose la tâche du renforcement des
partis communistes et des syndicats révolutionnaires, de la conquête des masses dans les
syndicats du Kuomintang et de la direction des masses paysannes révolutionnaires par la
classe ouvrière. Aux Indes, se pose avant tout la tâche de créer un parti communiste,
véritable dirigeant du prolétariat. La même tâche se pose aux communistes
dIndonésie et dIndochine.
__________
LES TÂCHES DES SECTIONS DE
L'INTERNATIONALE COMMUNISTE DAS LA POLITIQUE MUNICIPALE
1. Laction municipale est un
terrain où les partis doivent renforcer leurs liens avec les plus larges masses des
travailleurs. Dans les conditions des contradictions croissantes du capitalisme, de la
crise économique mondiale qui murit, de la croissance formidable du chômage, de la
fascisation rapide de lappareil de lÉtat bourgeois, de loffensive du
capital contre les grandes masses de la classe ouvrière et des couches non
prolétariennes, y compris dans le domaine de la politique municipale, dans
les conditions de lactivité croissante des masses, une politique municipale
communiste juste doit et peut être un moyen de mobiliser les masses des travailleurs, de
soustraire les larges couches à linfluence des partis bourgeois, du fascisme et du
social-fascisme.
Alors que les sections communistes
dans toutes les autres sphères de leur activité (en particulier dans le domaine
syndical) ont déjà commencé à modifier leur tactique pour ladapter à la
nouvelle étape de lutte de classes, le travail municipal, dans presque toutes les
sections de lI.C., est resté un domaine où le tournant, loin dêtre
réalisé, nest même pas commencé en règle générale.
Bien plus,
laction municipale des sections de lI.C. porte encore lempreinte de
lopportunisme en pratique (vote du budget municipal, du budget de police, bloc avec
les partis bourgeois ; en Tchécoslovaquie, en France, etc., adaptation sans principe
à la légalité bourgeoise, pratique opportuniste allant jusquà la
corruption : affaire Gaebel et Degner à Berlin).
Dans toutes les sections de
lI.C., elle est le refuge des éléments opportunistes. Une des tâches les plus
importantes de la politique générale des sections de lI.C. est deffectuer un
revirement décisif dans leur activité municipale.
2. Ce revirement décisif dans
lactivité municipale implique la rupture avec les traditions social-démocrates
dans la questipn du rôle des municipalités dans lÉtat bourgeois.
« La tâche du
prolétariat est de briser la machine de lÉtat bourgeois, de la détruire
et, avec elle, les institutions parlementaires, quelles soient républicaines ou
constitutionnelles-monarchiques.
« Il en est de même pour les
institutions municipales de la bourgeoisie quil est inexact, du point de vue
théorique, dopposer aux organes de lÉtat.
En réalité, elles sont de même
des appareils du mécanisme de lÉtat bourgeois, que le prolétariat
révolutionnaire doit anéantir et remplacer par les conseils (soviets) locaux des
députés ouvriers. » (Extrait de la résolution du IIe
congrès de lI.C. : « Les partis communistes et le
parlementarisme. »)
Il est donc faux dexiger du
pouvoir bourgeois « lautonomie administrative et financière complète des
communes » (France). Des revendications telles que « lextension des
droits municipaux conformément aux intérêts des ouvriers et des paysans » et de
léligibilité des fonctionnaires municipaux (Finlande) ne peuvent
quentretenir les illusions démocratiques des masses.
Les municipalités, en tant
que telles, ne peuvent être « un instrument de la lutte de classe du
prolétariat » (Danemark).
3. Les communistes répudient les
tentatives des opportunistes détablir une ligne de démarcation de principe entre
les entreprises capitalistes privées et de lÉtat et les entreprises municipales.
Ces dernières emploient les mêmes méthodes dexploitation capitaliste que les
entreprises privées.
À mesure que se fascisent lÉtat capitaliste et
lappareil municipal, les entreprises communales deviennent de plus en plus le
rempart du fascisme et du social-fascisme.
Les communistes ne peuvent donc exiger
« le contrôle ouvrier des entreprises municipales », ils ne peuvent lancer et
soutenir le mot dordre de la municipalisation des entreprises dintérêt
public (ce qui ne contredit pas que les communistes votent contre labandon des
entreprises communales au capital privé, mais en signalant en même temps que la
vraie lutte contre les aspirations monopolistes de la bourgeoisie ne peut être
quune lutte révolutionnaire).
4. Le revirement dans laction
municipale exige une lutte implacable contre lopportunisme dans la pratique
municipale du parti et en premier lieu la cessation énergique de toute collaboration avec
le parti social-démocrate à nimporte quel moment.
Les communistes ne peuvent
conclure dalliance électorale ni avec la social-démocratie ni avec nimporte
quel autre parti bourgeois. Ils ne peuvent voter pour les maires, bourgmestres, adjoints,
conseillers municipaux social-démocrates.
Il nexiste de majorité ouvrière dans
une municipalité que là où les communistes ont la majorité soit à eux seuls, soit par
des délégués élus sur les listes ouvrières ou des listes de paysans pauvres, se
déclarant prêts à travailler sur la plateforme du communisme et sous la direction du
parti communiste.
5. La ligne générale des partis
communistes dans le travail municipal est de mobiliser les travailleurs et avant tout les
ouvriers et les ouvrières pour la lutte révolutionnaire contre le régime capitaliste
dominant.
« Au cas où les communistes
obtiennent la majorité dans les institutions municipales, ils doivent : a)
créer une opposition révolutionnaire au pouvoir central bourgeois ; b) faire
tout pour rendre service à la population pauvre (mesures économiques, organisation ou
tentative dorganiser une milice ouvrière armée, etc.) ; c) en toute
circonstance signaler les obstacles que le pouvoir dÉtat bourgeois dresse contre
tout grand changement effectif ; d) sur ce terrain mener une propagande
révolutionnaire énergique sans craindre les conflits avec les pouvoirs
dÉtat ; e) dans certaines circonstances (dans une situation
révolutionnaire aiguë) remplacer les organes locaux municipaux par des soviets locaux de
députés ouvriers.
De cette façon tout le travail des communistes dans les institutions
municipales doit être une partie de leur travail de désagrégation de lÉtat
capitaliste. » (Résolution du IIe congrès sur le
parlementarisme.)
Les communistes doivent utiliser les
organes électifs municipaux tout aussi bien que ceux de lÉtat comme une tribune
pour mobiliser les masses pour la lutte révolutionnaire.
Le Présidium du C.E. de lI.C.
constate que les partis communistes ont très faiblement utilisé la tribune municipale
pour organiser la lutte des masses contre loffensive du capital et contre la
réaction fasciste.
Dans lécrasante majorité des cas, les fractions communistes
des municipalités manifestent une passivité intolérable pendant les campagnes
politiques du parti, les mouvements de masses en général.
À loccasion de toute campagne
du parti : contre le danger de guerre, contre la terreur fasciste et social-fasciste,
contre les renvois en masse, pour les grèves politiques ou économiques, etc., il faut se
servir de la tribune municipale pour expliquer aux masses les mots dordre du
parti ; les mobiliser pour soutenir les campagnes du parti.
Les conseillers
municipaux doivent être en même temps les principaux agitateurs du parti, les
initiateurs pour la convocation de réunions de masses où, en qualité des représentants
des ouvriers, des travailleurs, ils doivent signaler le lien entre la lutte de classes
dans le pays et la lutte sur les questions municipales dans la localité intéressée. En
particulier pendant lillégalité les sièges municipaux doivent être utilisés
pour la continuation du travail du parti.
Au cours des élections municipales,
les communistes doivent intervenir devant les masses avec tout leur programme de
revendications partielles et ne doivent pas lancer de telles revendications partielles
capables dentretenir les illusions démocratiques des masses.
Chaque parti communiste doit
élaborer son programme daction municipale et mobiliser les masses travailleuses
pour ce programme.
Les revendications partielles suivantes doivent être en tête du
programme municipal :
a) Direction de la
lutte des travailleurs contre le fascisme de toutes nuances, organisation de
lautodéfense pour la lutte contre les détachements fascistes et social-fascistes,
etc.
b) Une campagne
systématique contre la guerre impérialiste et contre toutes les mesures militaires
antisoviétiques, contre le logement des troupes chez lhabitant, contre le rôle
auxiliaire des municipalités dans le recrutement des troupes, la liaison avec les
travailleurs de larmée et de la marine dans la localité et en dehors de celle-ci
(par le moyen du parrainage) et le soutien de leurs luttes contre le régime de discipline
féroce.
c) Le soutien des ouvriers
dans leurs luttes politiques et économiques en donnant des subventions à la caisse de
secours des grévistes, le paiement dallocations aux grévistes et aux lockoutés,
création de cuisines populaires gratuites pour les grévistes et leurs familles,
organisation de terrain de jeux, de jardins denfants et de crèches pour les enfants
douvriers.
d) Le large soutien
des chômeurs en les exemptant du paiement des services communaux. Subventions speciales
pour secourir les chômeurs, en recueillant largent nécessaire en augmentant les
impôts de la bourgeoisie, exemption des chômeurs du loyer quils paient aux gros
propriétaires, organisation de travaux publics pour les chômeurs par la construction
dinstitutions dutilité publique (hôpitaux, maisons dhabitations pour
les ouvriers, etc.) en payant les ouvriers au salaire admis dans cette profession.
e) Il est particulièrement
important de faire tous les efforts dans la municipalité pour faire en sorte que les
impôts communaux soient perçus selon le principe de classe, cest-à-dire
augmentation des impôts sur les couches possédantes en particulier sur les plus riches
et réduction de la part à payer par la classe ouvrière et les autres travailleurs,
exonération complète pour les ouvriers les plus mal payés, les invalides, etc. ;
en cette occurrence, les représentants des ouvriers révolutionnaires ne doivent pas
être retenus par la crainte de transgresser les limites de la légalité bourgeoise.
f) Lapplication
de la journée de 7 heures et dun mois de vacances annuelles pour tous les ouvriers
et employés travaillant dans les entreprises municipales. Congé de 4 mois pour les
femmes enceintes et paiement par la caisse municipale des versements dassurances
sociales.
g) Assistance aux
organisations de masse des travailleurs, aux organisations culturelles, éducatives,
sportives, libres-penseurs, etc. ; assistance aux organisations prolétariennes
telles que le Secours rouge, le Secours ouvrier internationaI, par ladhésion
collective des municipalités à ces organisations.
h) Dans les pays où
il y a des minorités nationales, il faut mener une lutte énergique contre toute
oppression de celles-ci, pour lusage de la langue parlée par les minorités
nationales dans toutes les institutions municipales, pour la création décoles où
lenseignement se ferait dans la langue des minorités nationales, mais sans
linfluence des curés et des réactionnaires, pour la création dinstitutions
culturelles donnant aux minorités nationales la possibilité de satisfaire leurs besoins
culturels et politiques.
i) La lutte pour le soutien
pécuniaire et la remise de matériel aux institutions culturelles, aux jeunes ouvriers et
ouvrières. La lutte contre les institutions bourgeoises qui obscurcissent la conscience
de la jeunesse ouvrière.
j) Létablissement
dune liaison fraternelle avec les soviets locaux de l'U.R.S.S., lenvoi de
délégués pour connaître l'application du plan quinquennal et de lédification
socialiste, démasquer les calomnies mensongères contre lU.R.S.S., répandues par
les social-fascistes et la bourgeoisie.
k) Ces principes
généraux de la politique communiste municipale doivent être complétés par les
revendications correspondantes des ouvrières, des femmes douvriers, des ouvriers
agricoles, des paysans pauvres (interdiction dopérer les saisies, etc., jouissance
gratuite des pâturages et des forêts, exonération fiscale, etc.) de toutes les couches
pauvres (petite bourgeoisie pauvre) en sadaptant aux conditions concrètes du pays
et de la commune.
6. Le programme municipal des
sections de lI.C. doit être rédigé : 1. de façon à contenir des
revendications concrètes et dactualité compréhensibles aux grandes masses et
capables de les entraîner dans la lutte sous la direction du parti communiste ; 2.
ce programme doit garder toute sa vigueur et doit être dirigé contre ladaptation
sans principe à la légalité bourgeoise ; 3. les revendications partielles doivent
être liées avec les revendications fondamentales que le parti communiste appliquera
après la prise du pouvoir en tant que parti de la classe ouvrière. Il faut
systématiquement expliquer aux ouvriers et aux autres couches opprimées que la
réalisation de certaines revendications partielles ne peut nullement améliorer
sensiblement leur sort.
Dans les conditions de lessor
révolutionnaire croissant, alors que les masses toujours plus larges de travailleurs
commencent à comprendre quil ny a pas dautre issue à la catastrophe
menaçante que la révolution prolétarienne, une des tâches les plus importantes des
partis communistes est de populariser la politique municipale de lU.R.S.S. et ses
résultats (expropriation des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie, la classe
possédante dépouillée du droit de participer à lactivité municipale, la
confiscation des maisons de la bourgeoisie pour loger des ouvriers, lapplication du
principe de classe dans les impôts, les travaux de réparations et daménagements
dans les quartiers ouvriers de préférence, une large assistance aux chomeurs,
linstruction gratuite, lutilisation des institutions culturelles qui étaient
autrefois le monopole de la bourgeoisie, etc.).
7. Cest du point de vue des
tâches énumérées plus haut quil faut considérer lactivité des
conseillers municipaux communistes. Jusquà présent cette activité sest
déroulée fréquemment sous le signe de la subordination sans principe à la légalité
bourgeoise et même parfois avait pour objectif de conserver des postes bien payés.
Dans toutes les communes où les
communistes ont la majorité ils doivent lutter pour lapplication pratique du
programme municipal communiste, sans craindre dentrer en conflit avec le pouvoir
dÉtat. De tels conflits sont une chose inévitable que doivent nettement comprendre
les partis communistes et que nos partis doivent utiliser pour démasquer aux yeux des
masses tout le caractère réactionnaire de lÉtat capitaliste et pour mobiliser les
larges masses (par des manifestations, des grèves de protestation) pour la défense de
lactivité des municipalités communistes.
8. Un des plus graves défauts de
laction municipale des partis communistes est sa liaison insuffisante avec
lactivité et les mots dordre daction du parti, son isolement du travail
de masses, en particulier du travail dans les usines. Les revendications municipales, en
règle générale, sont formulées en « haut lieu », sans être discutées
dans des réunions ouvrières.
Les communistes doivent lier les propositions de leurs
fractions dans les municipalités avec lagitation dans les usines, les mettre en
discussion dans les réunions dusines, dans les réunions de chômeurs et dans les
organisations de masses.
Nos conseillers municipaux doivent rendre compte de leur
activité dans de telles réunions.
Seul un tel revirement dans notre travail municipal
peut assurer aux communistes un contact avec les masses. Les masses doivent avoir le
contrôle de lactivité des fractions communistes et des conseillers municipaux
communistes. Dans ce but, il faut à la veille des actes importants dans les
municipalités convoquer des réunions dusines, des réunions syndicales, des
réunions de chômeurs. La plate-forme électorale de lopposition syndicale doit
contenir les plus importantes revendications municipales.
Dans les journaux dusines,
il faut parler systématiquement de lactivité des fractions communistes dans les
municipalités et de leur lutte contre le bloc bourgeois-social-démocrate. Des
conseillers municipaux communistes doivent être affectés à de grandes usines, des
comités de chômeurs, des organisations de masses.
Dautre part, les ouvriers des
grandes usines, les comités de chômeurs, les organisations de masses, doivent élire des
délégués qui seront des consultants auprès des fractions municipales.
Le travail de
masses organisé de cette façon, lautocritique constante, la liaison solide et
systématique avec les masses donneront une base solide à lactivité
révolutionnaire des conseillers municipaux communistes.
9. Le tournant ne peut être
réalisé dans lactivité municipale si on ne prend des mesures pour changer la
composition même de ces fractions et les méthodes par lesquelles le parti dirige cette
activité.
Pour débarrasser les fractions
communistes des éléments petits-bourgeois opportunistes, il faut dénoncer ouvertement
leurs erreurs, démasquer devant les ouvriers tous leurs actes dopportunisme. Les
fractions doivent avoir pour noyau des ouvriers dusine, surtout ceux des grandes
usines et non pas les « spécialistes » des questions municipales, parmi
lesquels sont si nombreux les éléments franchement opportunistes et même absolument
étrangers au prolétariat.
En présentant nos listes de candidats, il faut y inscrire des
ouvriers, des ouvrières et des jeunes ouvriers conscients et sûrs au point de vue
politique. La campagne électorale et toute laction municipale doivent être
utilisées pour entraîner les larges masses féminines dans le mouvement
révolutionnaire.
Il faut organiser systématiquement
des cours sur les questions municipales pour former nos militants sur ce terrain.
10. Les fractions communistes, dans
la plupart des cas, travaillent sans contrôle systématique des organes du parti. Dans
nombre de sections de lI.C. il ny a pas encore de sections municipales près
le C.C., près les comités régionaux pour diriger le travail de fraction. Les organes du
parti doivent systématiquement donner des instructions aux fractions et aux conseillers
municipaux.
La création près du Comité central et près des comités régionaux du
parti de sections municipales jouissant dune grande autorité, la désignation dans
ces sections de militants ayant une ligne bolchéviste ferme, la création dans les
journaux communistes de rubriques de la vie locale pour aider et contrôler
lactivité municipale, telles sont les conditions indispensables pour combattre avec
succès lopportunisme en pratique.
Il faut énergiquement
sopposer aux tentatives des opportunistes dorganiser à part des groupements
de conseillers municipaux communistes (Ligue de conseillers municipaux communistes) pour
élaborer et réaliser indépendamment la politique municipale sans la direction et le
contrôle du parti.
11. Le tournant dans la politique
municipale du parti provoquera une grande résistance de la part de tous les éléments
opportunistes. Mais les partis communistes, loin de créer, doivent au contraire profiter
de tout acte de sabotage et de résistance des éléments opportunistes pour alerter
contre eux les effectifs du parti et les masses ouvrières, afin que le parti puisse, en
cas de besoin, se débarrasser sans dommage de tels éléments.
La lutte contre le
légalisme municipal a tout prix, une des variétés les plus dangereuses de
lopportunisme, doit être menée de la façon la plus implacable.
12. Le tournant vers la politique
municipale révolutionnaire implique aussi un effort énergique pour faire disparaître
les déviations « de gauche » (le boycottage des élections
municipales, du travail municipal, le refus daccepter des postes municipaux,
la sous-estimation de limportance du travail municipal pour la mobilisation des
masses, la substitution à la mobilisation des masses par un programme concret de
revendications partielles, de la phrase « gauchiste » sur la révolution dans
les questions municipales après la prise du pouvoir par le prolétariat). Dans tous les
pays « démocratiques » aussi bien que fascistes, les communistes dès
quils en ont la possibilité doivent prendre part aux élections pour mobiliser les
masses, et, dune façon ou dune autre, exprimer la volonté des masses
révolutionnaires contre la bourgeoisie impérialiste et contre la social-démocratie, son
agent dans la classe ouvrière.
Pour une politique municipale
bolchéviste ! Cest sous ce mot dordre que les partis communistes
doivent effectuer le revirement et mobiliser les larges masses du parti pour réaliser la
nouvelle orientation. Le travail municipal doit être un travail intéressant tout le
parti. De même que le travail syndical et le travail dans les autres organisations de
masses, il est une partie de laction que mène le parti pour faire connaître aux
masses nos principes et nos buts et pour les mobiliser pour réaliser ces principes et ces
buts du parti. Une bonne politique municipale révolutionnaire sera un puissant moyen pour
rallier les masses à la révolution prolétarienne.
__________
LES TÂCHES IMMÉDIATES DU PARTI COMMUNISTE
ANGLAIS
(Résolution du Comité central du P.C. anglais adoptée par
le Présidium élargi du C.E. de lI.C.)
1. La crise économique mondiale qui
mûrit trouve son expression aiguë en Angleterre dans le renforcement de la dépression
industrielle qui dure déjà depuis dix ans.
Cela est mis en relief par la croissance du
chômage, la baisse des salaires dans les principales industries, lintensification
du travail dans toutes les entreprises, la réalisation ininterrompue de la
rationalisation, ce qui conduit à une accentuation de loffensive contre la classe
ouvrière sous légide du gouvernement Macdonald.
Les illusions des ouvriers,
entretenues par larrivée du Labour Party au pouvoir (illusions pacifistes,
mondisme, paix dans lindustrie, etc...) sont dissipées par les actes réels du
gouvernement travailliste à légard des masses travailleuses de lAngleterre
et des colonies. Ces circonstances créent des conditions favorables à la croissance et
au développement de linfluence du parti communiste dans les rangs de la classe
ouvrière et à sa transformation en un parti de masses.
2. Le P.C. anglais compte dans son
travail certains succès qui se sont exprimés en ce que le parti a fait un travail assez
grand à loccasion du mouvement des chômeurs : il a commencé à déployer un
large travail dexplication pour démasquer le caractère social-fasciste du
gouvernement travailliste (procès de Meerut, chômage, etc...) ainsi quà éditer
un journal quotidien.
En même temps, il faut constater que le P.C. na pas
travaillé suffisamment à sa tâche politique principale : démasquer le caractère
antiprolétarien du gouvernement travailliste. La campagne du parti contre le
gouverne\ment Macdonald na pas pris le caractère dune agitation de masses. Le
rôle du gouvernement « ouvrier » dans la préparation de la guerre contre
lU.R.S.S., de même que dans la conférence navale des cinq puissances, na pas
été assez nettement expliqué par le parti.
Le parti na pas rempli son devoir
consistant à démasquer la répression cruelle du mouvement révolutionnaire dans les
colonies anglaises par le gouvernement « ouvrier ». Les conflits économiques
dans les industries minière et textile et dans les transports nont pas été
utilisés par le parti pour lancer, en plus des revendications économiques, des mots
dordre politiques démasquant le fond de la politique antiprolétarienne du
gouvernement Macdonald.
Dans le cas où le parti lançait des mots dordre
politiques, ceux-ci étaient mécaniquement rattachés aux revendications économiques.
Laction du parti dans les régions minières et textiles na pas été
suffisante en regard des conflits qui se préparent et il a manqué dune large
perspective révolutionnaire dans ces principales branches de lindustrie anglaise
qui, après des années de dépression, sont sous lemprise de la crise économique
mondiale.
On na rien fait pour
démasquer et pour expliquer dune façon claire et concluante le rôle du
gouvernement « ouvrier » dans les batailles économiques. Le parti a
absolument ignoré la nécessité de lier la lutte contre le gouvernement
« ouvrier » à la lutte contre te Labour Party et la bureaucratie
trade-unioniste qui représentent un instrument de lappareil dÉtat dans son
attaque contre les ouvriers et laccomplissement de toute sa politique impérialiste.
3. Le parti ne pourra mener cette
lutte avec succès que sil se débarrasse de toutes les tendances sectaires et
sil renforce son travail dans les organisations de masses sur la base de la tactique
du front unique par en bas. Le parti ne pourra accomplir un véritable travail dans les
masses quà condition de renforcer son activité dans les rangs du mouvement
minoritaire, de développer systématiquement ce mouvement dans les entreprises sur la
base des batailles économiques.
Dans le parti sest révélée
une tendance manifeste à renoncer à toute action dans les syndicats réformistes.
Cest une grave erreur et la période actuelle dicte la nécessité dorganiser
plus activement nos fractions syndicales communistes et de renforcer laction dans
les syndicats réformistes.
Le parti doit aussi prendre des
mesures énergiques pour développer au maximum les jeunesses communistes qui doivent
être transformées en un instrument pour la conquête des masses de la jeunesse
travailleuse. Le parti doit déléguer certains de ses membres pour travailler dans la
jeunesse communiste.
4. Lédition du Daily
Worker est un succès énorme pour le parti et marque un tournant historique dans la
vie du parti.
Cependant, le niveau politique du
journal reflète les faiblesses et les défauts du travail politique du parti, en
particulier labsence dun plan politique clair de travail et ne donne pas une
ligne politique unique et ferme.
On ny fait pas une campagne permanente et
systématique pour expliquer la politique antiprolétarienne du gouvernement labouriste.
Les conflits dans les industries minière et textile sont exposés dans le journal
dune façon accidentelle et absolument insuffisante.
Il ny a pas de lutte
idéologique contre la déviation de droite.
Le journal ne communique rien de la vie et de
lactivité du parti. Les tâches concernant lédification du parti ne sont pas
exposées dans le journal. Bien que ce dernier donne de nombreux renseignements sur la
lutte des ouvriers, le caractère de parti du journal apparaît insuffisamment. On ne voit
pas assez par le contenu des articles que ce journal est lorgane du parti communiste
anglais. Le problème de lextension et du renforcement du mouvement minoritaire ne
trouve quune place infime dans le Daily Worker.
Les lettres des correspondants
ouvriers sont nombreuses et elles constituent une des plus importantes particularités
politiques du journal ; cependant, elles ne sont pas suffisamment rédigées et
utilisées dans le Daily Worker.
5. Tous ces défauts du Daily
Worker reflètent non seulement la faiblesse du travail politique du parti, mais aussi
labsence dune compréhension claire du rôle de propagandiste,
dagitateur et en particulier dorganisateur que doit jouer le journal pour un
parti aussi faible au point de vue nombre et organisation que le parti anglais, ainsi que
son rôle en tant que moyen de rassembler et de préparer les forces du parti,
détendre et dapprofondir linfluence du parti dans les masses.
Le Daily Worker doit être
transformé en un journal communiste de combat et de masses reflétant les besoins
politiques de la classe ouvrière.
Le journal doit paraître ouvertement en tant
quorgane du Parti communiste anglais et avoir une ligne ferme et conséquente
dorgane communiste de combat. Il doit aussi publier des informations dordre
général, mais dans un tel esprit quelles contribuent à léducation
politique de la classe ouvrière. La meilleure façon de le réaliser est dopérer
un choix politique de la chronique, dexposer celle-ci de façon à contribuer
systématiquement au développement de la conscience de classe des ouvriers et de
paralyser linfluence néfaste de la presse capitaliste.
Le journal doit
continuellement exposer les différents faits de la vie du parti de façon à éduquer les
adhérents, à relever leur niveau politique et idéologique. Il doit accorder une grande
attention à tout le travail de masses du parti et donner la place quelles méritent
à toutes les organisations sympathisantes du front unique.
Lorganisation des
correspondants ouvriers en groupes locaux et dusines, la convocation de conférences
des correspondants ouvriers doivent être un des chaînons les plus importants pour
renforcer la liaison du journal avec les masses.
6. Le Daily Worker et le
parti doivent se servir de lémulation révolutionnaire pour assurer la diffusion du
journal dans les usines. Ils doivent orgâniser parmi les ouvriers une campagne énergique
pour fournir une aide pécuniaire au journal. Le parti doit se proposer dans un
bref délai de porter le tirage du Daily Worker à 50.000 exemplaires et recueillir
5.000 livres sterling.
Le parti na pas compris que la
diffusion du Daily Worker alors quelle est sabotée par les agences
bourgeoises de presse, prend une portée politique décisive, et exige que le B.P. et les
organisations locales désignent pour cela des organisateurs spéciaux responsables de ce
travail, que des organes spéciaux soient créés dans les usines pour maintenir le
journal et assurer sa diffusion (groupes des amis du Daily Worker et organisations
analogues).
7. En vue de relever le niveau du
journal, on recommande les mesures suivantes :
a) Le Bureau
politique, dans ses séances, doit périodiquement discuter le plan de travail du journal
et signaler les questions politiques à traiter dans le journal, la façon dont il faut
les poser, les campagnes à déclencher, les conflits économiques quil faut
examiner systématiquement et les mesures que le parti doit prendre pour réaliser ces
campagnes.
b) Le Bureau politique doit
entendre et discuter périodiquement les comptes rendus sur la diffusion du journal par le
parti et les organisations sympathisantes.
c) Étudier soigneusement les
correspondances ouvrières et consacrer des articles spéciaux aux lettres les plus
importantes pour que les correspondants ouvriers voient que leur travail est une partie
essentielle du journal.
d) Organiser un vaste plan
des comités damis du Daily Worker dans le but daugmenter le tirage du
journal et dactiver laide pécuniaire. Veiller particulièrement à se servir
des correspondants ouvriers pour organiser la vente du journal dans les entreprises.
e) Exposer systématiquement
dans le journal les questions de la lutte idéologique contre les déviations de droite
dans le P.C. anglais et dans les autres sections de l'I.C.
f) Dans le domaine de
lautocritique, porter le centre de lattention sur la lutte contre
lopportunisme en pratique.
8. Les tâches énumérées
ci-dessus ne peuvent être réellement appliquées que si le P.C. anglais se transforme en
un parti communiste de masses. Cest pourquoi il importe de commencer une campagne de
recrutement de masses sur la base de la ligne du parti en se servant de lémulation
révolutionnaire.
Les cellules, les organisations
locales et régionales doivent mener la campagne démulation pour recruter 2.500
adhérents au cours des trois prochains mois. Le succès de la campagne actuelle de
recrutement du parti américain est un exemple de ce que lon peut obtenir en y
mettant assez dénergie.
Dans cette campagne, le Daily
Worker doit jouer un rôle particulièrement important.
Les lecteurs sans parti, les
propagateurs du journal et ses correspondants sont les éléments les meilleurs pour le
recrutement du parti et il faut faire tous les efforts pour les enrôler dans les rangs du
Parti communiste de Grande-Bretagne.
Il faut mettre fin à la passivité
et au sectarisme qui caractérisaient auparavant la position du parti dans la question du
recrutement. Le parti ne doit pas être une secte, mais le guide de la classe ouvrière et
ses portes doivent être grandes ouvertes à tous les ouvriers qui veulent vraiment y
entrer et participer à la lutte révolutionnaire.
__________
LA SITUATION EN ITALIE, L'ÉTAT DU PARTI
COMMUNISTE ITALIEN ET SES TÂCHES IMMÉDIATES
(Résolution du C.C. du P.C. italien, approuvée par le
Présidium élargi du CE. de lI.C.)
1. Léconomie nationale
dItalie plongée depuis plusieurs années dans un état de grande dépression
chronique, est en proie de plus en plus à une crise générale profonde, aggravée tant
par suite des particularités du capitalisme italien et de la politique économique du
fascisme, que par suite de lextension de la crise économique mondiale et de la
répercussion de la crise économique aux États-Unis, etc. La nouvelle aggravation de la
crise officiellement caractérisée comme une « situation délicate » va
bousculer, dans son dévelopement ultérieur, tous les « plans » de la
politique économique fasciste.
Déjà, dès les premiers symptômes de laggravation
de la crise, le gouvernement fasciste a dû renoncer à ses « plans » de
travaux publics et damélioration des terres, et interrompre ses travaux. Outre sa
politique générale répondant exclusivement aux intérêts du grand capital le
gouvernement fasciste engage les finances de lÉtat et lépargne pour
constituer des fonds spéciaux destinés aux grosses entreprises industrielles bancaires
et commerciales, en vue de les aider à sortir indemnes de la crise. Par contre, les
paysans, la petite bourgeoisie industrielle et commerçante couches auxquelles le fascisme
avait fait tant de promesses sont condamnées à se « serrer la
ceinture ».
Pour pouvoir mener cette politique le gouvernement fasciste surcharge
dimpôts encore plus écrasants les larges masses travailleuses urbaines et rurales.
Les capitalistes aidés par le pouvoir dÉtat sefforcent dintensifier
lexploitation des ouvriers, de diminuer les salaires et de jeter à la rue un grand
nombre douvriers, doù accroissement rapide du chômage.
Ainsi le régime fasciste en Italie
fait retomber tout le poids de la crise économique qui saggrave sur les épaules
des larges masses ouvrières et des masses travailleuses en général.
2. Avec laggravation de la
crise économique en Italie, saccroît le mécontentement des larges masses
ouvrières et paysannes contre le régime fasciste.
Même les quelques couches de ces
masses travailleuses si longtemps trompées, commencent visiblement à se détacher de
linfluence fasciste et même, par endroits, à entrer en lutte directe avec le
régime. La nombreuse série dépisodes récents de lutte ouverte de la classe
ouvrière contre les patrons, contre les gros propriétaires fonciers, contre les organes
de lÉtat, contre le fascisme, malgré le redoublement de la terreur fasciste
dénotent incontestablement le début dune poussée des masses ouvrières et
travailleuses, dun réveil de lactivité de combat de ces masses. Les preuves
en sont :
a) Les mouvements des
ouvriers dans certaines usines et fabriques importantes de Milan, Turin, Alexandrie, Udine
et autres villes dans la journée du Premier Août 1929, malgré la proclamation de
létat de siège. En outre, la conduite des 500 ouvriers arrêtés à Turin, qui
organisèrent en prison une manifestation au chant de lInternationale témoigne
de la combativité croissante de la classe ouvrière ;
b) Les manifestations de
masse des ouvriers et des paysans à Goritza-Tolmino lesquels, à loccasion du
Premier Août, allumèrent 40 feux et dispersèrent par la force les gendarmes venus pour
éteindre les incendies qui sétaient déclarés ;
e) Le refus des miliciens
fascistes de mettre à exécution le 18 novembre 1929 le verdict de mort prononcé par le
tribunal extraordinaire contre le paysan croate Gortan, la collision qui sensuivit
avec les fascistes et la manifestation spontanée de protestation des paysans
dIstrie contre lexécution de Gortan ;
d) Les troubles paysans
antifascistes au commencement de novembre 1929 à Sulmone, en Apulie, dans les Abbruzzes
et en Calabre (refus de payer les impôts, incendies des maisons des fonctionnaires
fascistes, voies de fait contre les fascistes et leur expulsion des villages) ;
e) Les actions armées encore
plus imposantes des ouvriers industriels et agricoles et des paysans travailleurs à
Faenza et autres localités de la Romagne vers la fin de novembre de lannée
dernière, où les importantes expéditions punitives militaires et policières, envoyées
du centre, ont perdu environ une centaine de tués et de blessés. Pendant ce temps, de
forts détachements « sûrs » de la milice fasciste et de carabiniers ont
été concentrés dans les centres industriels de Turin et de Milan, où toutes les
grandes usines étaient fortement gardées par les troupes et la police ;
f) La lutte de décembre des
ouvriers des métaux de Milan dans les grandes usines métallurgiques contre la
rationalisation fasciste, lutte qui obligea les patrons à réclamer lenvoi de
troupes en raison de la possibilité de troubles ouvriers, lutte qui obligea même les
« syndicats fascistes » dans des buts démagogiques, à réclamer la
réintégration des ouvriers congédiés ;
g) La désertion, toujours
plus fréquente de miliciens fascistes et la participation de certains dentre eux à
la récente manifestation des ouvriers industriels et des ouvriers agricoles chômeurs à
Milan, etc.
Tous ces faits indiquent que la
lutte des ouvriers et des paysans rompt déjà le front fasciste dans certains endroits.
Ainsi, laggravation de la
crise économique, tout en accentuant les antagonismes sociaux et fondamentaux et la lutte
de classes, accélère la maturation des conditions objectives pour que le mouvement
causé par le mécontentement des grandes masses ouvrières ainsi que les combats
antifascistes plus ou moins disséminés, se développent en grandes grèves économiques,
en imposantes manifestations de rue, en puissantes grèves politiques de masses, en
actions politiques se succédant lune à lautre ou se combinent avec la lutte
antifasciste et les mouvements antifascistes des ouvriers agricoles et des paysans
pauvres, avec la lutte des minorités nationales opprimées.
Le fait important et
caractéristique de la période politique actuelle est précisément ce réveil de
lactivité révolutionnaire des ouvriers et des paysans pauvres.
3. Toutes ces luttes depuis les plus
modestes jusquaux puissantes actions politiques révolutionnaires des larges masses
ouvrières et paysannes, posent dans leur développement irrésistible la question du
renversement du régime fasciste. Le fascisme, parce que devenu lexpression
politique conséquente et la forme dexercice de la dictature violente ouverte de la
grande bourgeoisie impérialiste italienne sur le prolétariat et sur les autres couches
travailleuses ne pourra être renversé que par laction révolutionnaire du
prolétariat qui, sous la direction du parti communiste, conduit laction et les
luttes révolutionnaires antifascistes des larges masses travailleuses urbaines et
rurales.
Par conséquent, dans la prochaine situation révolutionnaire, la lutte pour le
renversement du fascisme ne pourra être que la lutte pour la destruction de la domination
capitaliste, que la lutte pour linstauration du pouvoir des Soviets des ouvriers,
des soldats, marins et paysans, du gouvernement ouvrier et paysan, comme forme politique
de lexercice de la dictature du prolétariat.
4. Le caractère
socialiste-prolétarien de la révolution posée à lordre du jour en Italie ressort
clairement des considérations suivantes : a) le haut degré du
développement du capitalisme impérialiste italien dominant en fait toute
léconomie nationale ; b) la fusion des intérêts matériels et
politiques des capitalistes, des gros agrariens, de la monarchie et de lÉglise
réalisée sous légide du fascisme exerçant la dictature du capital financier,
dune part, le haut degré de différenciation des classes et de lacuité des
antagonismes de classes, dautre part. Est également important le fait que le
prolétariat industriel et agricole (plus de 4 millions douvriers agricoles
avec traditions de lutte révolutionnaire) constitue non seulement le pilier fondamental
de léconomie du pays, mais comprend aussi avec ses alliés directs paysans
pauvres, métayers, etc. limmense majorité de la population ; c)
la crise économique, sociale et politique révolutionnaire des premières années
daprès-guerre (1918-1922) avait déjà posé concrètement le dilemme : ou
dictature prolétarienne comme question daction immédiate, ou dictature violente
ouverte, brutale du grand capital. La dure expérience que le prolétariat et les masses
travailleuses ont accumulée depuis lors sous la dictature fasciste leur a appris encore
davantage la nécessité de combattre pour la dictature prolétarienne comme lunique
voie pour en finir avec le fascisme.
5. Lors de l'avènement au pouvoir
du fascisme, certaines couches de la petite bourgeoisie n'ont joué un rôle politique
important que comme instrument dans les mains de la grande bourgeoisie contre le
prolétariat. Cependant, désillusionnées et mécontentes du régime fasciste, ces
couches, en particulier les petits paysans, sapprêtent à lutter activement contre
le fascisme. Mais leur lutte ne saurait avoir defficacité politique réelle que
dans la mesure où elle entrera dans la voie dune lutte révolutionnaire
conséquente contre le fascisme et où elle se déroulera sous lhégémonie du
prolétariat.
6. Tous ceux qui croient et font
croire que le renversement du fascisme pourrait être le fait de manuvres légales
de la bourgeoisie elle-même, ou le fait de laction des masses petites-bourgeoises,
ou le fait de l« évolution démocratique du fascisme », tous ceux qui
croient que le fascisme sera renversé « légalement », pacifiquement, qui
croient que ce « renversement » ouvrira une phase nouvelle de régime
« démocratique-parlementaire-bourgeois », tous ceux-là jouent le
rôle dagents bourgeois qui cherchent à dérouter les masses et à paralyser la
maturation et la conduite victorieuse des actions révolutionnaires des masses contre le
fascisme.
7. Les épaves démigrés des
anciens groupements petits-bourgeois professant un pseudo-antifascisme verbal (Parti
socialiste-réformiste de Turatti, Parti maximaliste, Parti républicain, groupe de
Buozzi, Ligue des droits de lHomme, ainsi que le groupe des popolari de
Sturzo, le groupe de Ritti, etc.) vont sûrement tenter, soit de leur propre initiative,
soit sur linvitation de lordre capitaliste, lors dune situation
révolutionnaire aiguë, de faire dévier le mouvement et les actions politiques des
masses de leur principal objectif : le renversement du fascisme et
linstauration de la dictature prolétarienne. Des tentatives semblables seront
inévitablement faites, et, si le P.C.I. ne les déjoue pas à temps en conquérant la
direction du mouvement révolutionnaire, elles auront pour conséquence dentraver
provisoirement les luttes révolutionnaires.
8. Il est donc du devoir primordial
du P.C.I., le seul et unique parti qui, en Italie, lutte effectivement et conséquemment
contre le fascisme, de poursuivre inlassablement son but essentiel : empêcher que
les masses qui vont entrer de plus en plus en lutte contre le fascisme, retombent de
nouveau, lors de la prochaine crise révolutionnaire, sous linfluence néfaste des
social-démocrates et dautres groupements petits-bourgeois.
Le parti communiste ne
saurait atteindre ce but quen menant systématiquement la lutte contre les
social-fascistes, en démasquant dune façon conséquente les opportunistes dans ses
propres rangs et en se plaçant à la tête de chaque lutte de masse, de chaque mouvement
des ouvriers et paysans contre le patronat, les grands propriétaires fonciers, et le
fascisme. Seulement par cette voie le prolétariat dirigé par le Parti communiste
conquerra lhégémonie dans les luttes révolutionnaires contre le fascisme, contre
le capitalisme et assurera la victoire de la dictature du prolétariat.
Tous ceux qui, dans les rangs du
Parti, croient sincèrement à lavènement dune période de
« démocratie bourgeoise » comme étape dans le déroulement du mouvement
révolutionnaire antifasciste se montrent non seulement ignorants du degré de
développement et des particularités du capitalisme impérialiste italien, de
lunité organique indissoluble entre le fascisme et le capitalisme, du véritable
caractère des luttes politiques en Italie depuis le début de la guerre impérialiste
mondiale ; non seulement ils se montrent pessimistes quant à lapplication de
la capacité de combat du prolétariat italien en même temps que très optimistes pour
les capacités de combat révolutionnaire de la petite bourgeoisie et même de quelques
couches de la grande bourgeoisie, mais encore tous ceux-là font preuve dune
idéologie défaitiste opportuniste qui, si elle nest pas combattue implacablement,
rend impossible la préparation politique et dorganisation effective des forces du
prolétariat en vue de la lutte contre le fascisme.
Les perspectives de développement
de la lutte révolutionnaire en Italie dépendent donc étroitement des résultats que le
Parti obtiendra dans son travail politique et dorganisation parmi les couches
décisives de la classe ouvrière en se plaçant dès le début à leur tête comme la
seule force antifasciste active dans tout le cours du mouvement révolutionnaire.
9. La tâche fondamentale du P.C.I.
consiste à faire tous ses efforts peur conquérir la majorité de la classe ouvrière
urbaine et rurale de la paysannerie pauvre pour se mettre immédiatement à la tête des
masses qui entrent déjà en lutte et qui y seront poussées dans une mesure toujours plus
grande par suite de laggravation de la situation.
Lactivité du Parti au sein de
la classe ouvrière dans les usines, parmi les ouvriers agricoles, les semi-prolétaires
et les paysans pauvres du Midi et des iles, les fermiers, métayers et paysans moyens, les
artisans, les minorités nationales, les populations des colonies, ainsi que parmi les
couches de la petite-bourgeoisie urbaine ruinées par la politique fasciste doit être
telle que le Parti démontre à toute la population travailleuse quil est la seule
force antifasciste active, la seule force organisée qui mènera victorieusement la lutte
contre le fascisme.
Dans ce but, et pour se lier étroitement avec les masses pour
stimuler, élargir, pousser en avant le mouvement et pour se mettre à sa tête, le Parti,
en liant étroitement son action à celle des syndicats rouges devra mener
lagitation la plus large pour toutes les revendications partielles, quotidiennes,
des ouvriers et des paysans pauvres. Cette agitation devra être menée avec des mots
dordre simples et précis, concrets et adaptés à la situation réelle des couches
ouvrières et paysannes, accessibles à leur compréhension. Le Parti devra parvenir à
lier étroitement, plus quil ne la fait jusquà présent,
lagitation pour les mots dordre partiels avec son agitation et sa propagande
pour les buts finaux de la révolution prolétarienne.
Tout ce travail de propagande,
déclaircissement et dagitation du Parti, doit être accompagné par un
travail opiniâtre dorganisation des luttes et de lactivité révolutionnaire
des masses (manifestations, grèves économiques partielles, manifestations de la
paysannerie contre les municipalités fascistes, coordination des grèves et des
manifestations, etc.).
En tant que problème tactique décisif de la période actuelle, le
P.C. doit poser le problème de la transformation des grèves économiques partielles en
grèves politiques de mgsse conduisant le prolétariat aux combats décisifs pour le
pouvoir. En posant pratiquement ce problème, le P.C. doit travailler à développer
chaque lutte ouvrière en un vaste mouvement de masse et, lorsque la situation concrète
correspondante existe, à lier les grèves aux manifestations de rue, à la fraternisation
avec les soldats, à laction révolutionnaire de masse, à la lutte révolutionnaire
des ouvriers agricoles et des paysans pauvres.
Dans les villages, il faut créer des
comités paysans afin de coordonner les mouvements épars qui se produisent actuellement
et de les transformer en une lutte des masses travailleuses rurales contre les
propriétaires fonciers, contre lÉglise, contre les autorités fascistes.
En outre, en vue de
l'accomplissement de ces tâches, il est absolument nécessaire que le P.C.I. déploie,
dès maintenant, lactivité la plus intense pour créer dans les entreprises et dans
les villages des organisations de masse dautodéfense ouvrière et paysanne, en
posant devant ces organisations la tâche de protéger et de défendre les grèves et
manifestations, ainsi que de préparer les combats ultérieurs pour le renversement du
régime fasciste.
Dans les campagnes, lactivité
du Parti devra se développer très largement en sappuyant essentiellement sur les
ouvriers agricoles dont les mouvements joueront un très grand rôle, et en établissant
lunité de front de combat entre les couches décisives de la population
travailleuse de la campagne (les ouvriers agricoles, les paysans pauvres et une grande
partie des paysans moyens) contre les agrariens, contre les capitalistes, contre
lÉtat fasciste.
En sappuyant sur les noyaux de lAssociation de défense
des paysans pauvres, le P.C. doit les élargir, les rendre plus actifs et y raffermir ses
positions dirigeantes. Il doit mener une vaste agitation contre les municipalités
fascistes, contre les impôts, etc., et ainsi, autour des revendications partielles des
paysans, stimuler et orienter la lutte de ceux-ci pour lui donner un caractère de lutte
révolutionnaire de masse contre lÉtat fasciste-bourgeois.
Enfin, la lutte contre le danger de
guerre impérialiste et pour la défense de lU.R.S.S. acquiert en Italie une très
grande importance par suite de la politique agressive de limpérialisme italien qui
cherche dans la guerre une issue à ses contradictions et à sa crise.
10. Le problème de la
social-démocratie est très important pour le Parti italien.
La social-démocratie
italienne dans tous ses courants, ne constitue en aucune façon une exception parmi les
autres partis social-fascistes de la IIe Internationale. Une partie
de la social-démocratie italienne (la majorité de la direction syndicale réformiste)
sest déjà intégrée au régime fasciste.
Lautre partie (le Parti
réformiste et le Parti maximaliste) qui sest transportée à létranger,
mène seulement une lutte en paroles contre le fascisme et est en réalité un instrument
du fascisme dans la lutte contre le communisme et les éléments prolétariens
révolutionnaires.
Certains éléments de la social-démocratie italienne discutent même
avec Mussolini des conditions de leur retour en Italie et de leur intégration au régime
réactionnaire de la bourgeoisie italienne.
Il ne peut y avoir de doute que dans le
développement de la crise générale du régime fasciste, la social-démocratie italienne
ne prenne une part active et de premier plan, dans le pays même, à l'écrasement du
mouvement révolutionnaire de masse en arrivant à un accord direct avec le fascisme. Le
fait que la social-démocratie cherche actuellement à établir des liaisons avec
certaines couches de la classe ouvrière et paysanne, et a recours à une phraséologie
« révolutionnaire » ne peut être considéré que comme une façon
dutiliser le mouvement de masse pour ses buts réactionnaires.
Le Parti communiste
doit mener parmi les masses la lutte la plus intense et la plus acharnée contre la
social-démocratie et contre tout courant « démocratique » bourgeois et
petit-bourgeois.
Il doit déraciner, détruire lopinion profondément fausse et
dangereuse selon laquelle la social-démocratie italienne serait différente des autres
partis social-fascistes de la IIe Internationale.
Le Parti
communiste doit dénoncer inlassablement la social-démocratie comme un parti
social-fasciste ; de même il doit dénoncer toutes les illusions démocratiques sur
le rôle « progressif » et « révolutionnaire » de la
social-démocratie en prouvant par des faits de la lutte de classes que seul le Parti
communiste défend réellement les intérêts des ouvriers et des paysans.
Cest seulement en démasquant
impitoyablement la social-démocratie italienne comme prolongement politique du fascisme
italien que le P.C.I. saura lutter conséquemment et jusquau bout contre la
dictature fasciste qui, au moment critique, cherchera au moyen de la social-démocratie un
appui parmi les masses travailleuses.
11. Le Parti dans ces derniers temps
a sans doute obtenu des succès (reprise de liaisons durant un certain temps interrompues
avec certaines régions, réorganisation de la base, campagne du Premier Août,
participation active à la conférence de la C.G.T.U., etc.).
Le Comité central de
septembre a fait une juste autocritique de la politique du Parti, en a précisé la ligne
générale en accord avec la ligne générale de lI.C. et conformément à la
nouvelle situation. Il a corrigé certaines erreurs commises dans le passé, a posé les
bases idéologiques et politiques de la lutte contre lopportunisme et les tendances
conciliatrices et a mené énergiquement cette lutte dans son sein, en excluant le
renégat Tasca.
La situation dorganisation du
Parti et la façon dont se développe son activité ne peuvent cependant pas encore être
considérées comme satisfaisantes.
Les organisations de base ont en général, une
activité politique trop réduite. Elles se limitent à une agitation générale,
ne réussissent pas à stimuler et à pousser en avant les masses ouvrières et paysannes
comme cela serait nécessaire et possible et dans la plupart des cas ne réussissent pas
à être à la tête de mouvements de masse qui se produisent spontanément.
Les cadres moyens sont insuffisants
et leur niveau idéologique et politique est très bas.
Il existe un écart trop grand
entre le centre du Parti et la base et le rythme du travail est en général trop lent.
Les mêmes faiblesses peuvent être constatées dans lorganisation des Jeunesses
communistes qui, en outre, sort dune période au cours de laquelle elle avait
fusionné à la base presque complètement avec les organisations du Parti et en
conséquence se trouve à un niveau de développement très bas.
En ce qui concerne le travail
syndical, la tendance à identifier les organisations du Parti avec les organisations
syndicales est encore prépondérante, ce qui empêche le développement dune
activité organisée de caractère syndical parmi les masses des sympathisants et des
ouvriers sans-parti.
Tenant compte des difficultés de la
situation, il faut constater que le développement du Parti est en retard sur le
développement de la situation, en ce qui concerne lorganisation, lactivité
politique en liaison avec les masses, la capacité de diriger leur mouvement. Le danger
le plus grand qui menace actuellement le P.C.I. est quil ne réussisse pas à
rattraper ce retard, et quil soit condanné à rester à la remorque des
événements et des mouvements de masse. Pour surmonter cet écart et, partant, pour
pouvoir accomplir les tâches énormes que lui posent impérieusement le développement de
la crise en Italie et le réveil du mouvement ouvrier, le P.C. doit opérer un tournant
décisif dans le domaine de lorganisation et dans les méthodes de travail pratique.
12. Le B.P. du C.C. du P.C.I. a
soulevé, quoique avec retard, la nécessité dun pareil tournant. Parmi les
principales conditions nécessaires à la réalisation de ce tournant il faut citer les
suivantes :
a) Le recrutement de nouveaux
adhérents au P.C., aux J.C. et aux syndicats révolutionnaires doit être au centre de
lattention et du travail journalier de toutes les organisations du Parti. Cest
le succès de ce travail qui déterminera dans une large mesure la réalisation effective
du tournant dans le travail du P.C.
b) En ce qui concerne le
travail dans les organisations fascistes de masse (syndicats, coopératives, organisations
sportives, etc.) le P.C. a donné des directives justes, mais jusquà ces derniers
temps on les a suivies dans une mesure très insuffisante.
Il est nécessaire
dobtenir la réalisation rapide et décisive de ces directives.
c) Il faut renforcer
dans la plus grande mesure, le travail dans les syndicats, répartir dune façon
juste le travail entre les organisations syndicales et les organisations du Parti.
Entraîner les ouvriers sympathisants actifs à participer à la direction du travail
syndical.
d) Il faut porter la
plus grande attention aux questions du travail parmi les chômeurs.
Le P.C. doit déployer
la plus grande activité dans ce sens en organisant des comités et des conseils de
chômeurs, en liant lactivité de ces comités et conseils aux tâches du travail du
P.C. dans les syndicats et dans les entreprises et en liant le mouvement des chômeurs à
la lutte générale de classe du prolétariat.
e) Il faut intensifier
le travail parmi les émigrés. Étant donné les nouvelles tâches se posant actuellement
devant le P.C., limportance du travail parmi les nombreux émigrés prolétariens
dItalie saccroît énormément.
Dans ce travail le P.C. doit se poser pour
tâche de détruire linfluence de la social-démocratie italienne parmi les
émigrés et dorganiser systématiquement le travail pour recruter parmi les
émigrés de nouveaux cadres dirigeants. Ce travail parmi les émigrés doit
seffectuer en contact étroit avec les P.C. intéressés. Ces derniers doivent
soutenir et aider le P.C.I. dans ce travail.
Tout le travail parmi les émigrés doit
être organisé de façon à renforcer et à multiplier la liaison politique et
dorganisation avec les masses ouvrières et paysannes restées en Italie, car
cest à lintérieur du pays que doit se trouver le centre de gravité du
travail du P.C.I.
f) Le P.C. doit
également intensifier la lutte contre l'Église catholique en expliquant inlassablement
que lÉglise aide le fascisme et la bourgeoisie internationale à asservir les
grandes masses de travailleurs, à préparer la guerre contre lUnion soviétique et
à réprimer le mouvement révolutionnaire des masses opprimées.
13. Dans les conditions actuelles,
devant laggravation de la situation économique et politique et à la veille de
vastes mouvements de masse et de la lutte du prolétariat contre lÉtat capitaliste,
le P.C. se trouve en présence de la tâche excessivement urgente, importante et difficile
détendre son influence idéologique, politique et dorganisation sur les
masses dans le but dorienter leur mouvement dans la voie de la lutte de classe
politique, révolutionnaire et conséquente.
Le Parti ne pourra atteindre ce but
sil ne sait pas venir à bout et détruire définitivement toutes les variétés
dopportunisme.
À létape actuelle, le danger le plus grand qui menace le
parti et tout le mouvement ouvrier, est le danger opportuniste de droite, le courant et
les tendances opportunistes de droite. Tout le Parti et chaque communiste en particulier
doivent combattre ce danger implacablement et par tous les moyens. Cette lutte doit être
menée avec opiniâtreté, sans hésitations, sans esprit de conciliation, sans
équivoque, sans atténuation.
Cest précisément sous ce rapport que la direction
du Parti a commis une erreur politique des plus sérieuses qui sest exprimée par la
lenteur, les hésitations du C.C., par la mobilisation insuffisante de la périphérie du
Parti dans la lutte contre la position opportuniste de droite et liquidatrice de Tasca.
Il existe dans la situation
italienne actuelle des conditions objectives qui constituent une base favorable à la
diffusion de lidéologie opportuniste dans certaines couches de la classe ouvrière
et dans le Parti lui-même.
Parmi les masses et à la base du Parti, lopportunisme
se manifeste essentiellement par une incompréhension du rôle dirigeant de la lutte
antifasciste qui revient à la classe ouvrière, par la tendance à attendre passivement
que le fascisme tombe sous laction dautres classes ou dautres facteurs
(une partie de la bourgeoisie, la social-démocratie, une défaite militaire, etc.), par
la tendance à renvoyer laction de classe du prolétariat contre le régime
capitaliste à un moment ultérieur, etc.
Dans la pratique, lopportunisme se
manifeste par la passivité, par la renonciation au travail dagitation parmi les
masses, par la crainte du mouvement de masse, par lattente passive du développement
de ce mouvement en dehors de laction organisée du Parti.
Il conduit le Parti à la
passivité, à limpuissance devant les tâches résultant de la situation, au manque
de confiance dans les forces de la classe ouvrière, à la capitulation devant
lennemi. La destruction des racines de lopportunisme dans le Parti et dans la
classe ouvrière est la condition indispensable à la réalisation de lhégémonie
du prolétariat dans la lutte contre le fascisme, pour pouvoir donner à cette lutte un
contenu révolutionnaire de classe.
La lutte contre lopportunisme est dautant
plus nécessaire que dans ces derniers temps un fort courant dopportunisme
sest manifesté même parmi les organes de direction du Parti. La déclaration
présentée au Comité central par le camarade P., membre du B.P. constitue, en fait, une
plateforme opportuniste.
Ce camarade est en désaccord profond avec la ligne politique de
lInternationale, il défend dune façon insidieuse et équivoque les positions
qui ont été prises dans presque tous les partis de lInternationale par les
éléments opportunistes et liquidateurs (négation de la radicalisation des masses,
incompréhension du mouvement actuel, tentatives de discréditer la ligne de lI.C.,
de la présenter comme une ligne qui conduit à la destruction du mouvement communiste,
etc.). Le camarade P. soutient la thèse fausse et profondément opportuniste de la
possibilité dune démocratisation de la situation italienne et du fascisme. Il
montre une incompréhension complète des tâches dorganisation du Parti, qualifie
laction que le Parti doit accomplir en Italie pour stimuler et diriger le mouvement
des masses comme un « facteur artificiel », défend la passivité, répand le
pessimisme petit-bourgeois le plus profond.
La position de ce camarade doit être
condamnée de la façon la plus énergique comme une position qui mène à la liquidation
du Parti.
La lutte contre cette position devra être menée ouvertement, sans aucun
ménagement, en combattant en même temps tous ceux qui ne se désolidarisent pas
davec le camarade P., qui se refusent à le combattre, qui montrent une tendance à
la tolérance et à la conciliation envers son point de vue.
Le plan dorganisation qui a
été présenté par quelques membres du Bureau politique doit être aussi considéré
comme une plate-forme qui peut mener à la position opportuniste du camarade P.
La base
idéologique de ce plan dorganisation représente un appui aux tendances admettant
la spontanéité du développement de la révolution, et de ce fait sous-estime le rôle
dirigeant qui incombe au Parti dès le début du mouvement de masse. Pratiquement ces
camarades cherchent à justifier leurs positions en prétextant la faiblesse et les
défauts de lorganisation du Parti, quils exagèrent artificiellement. Les
faiblesses et les défauts du Parti doivent être reconnus entièrement et sans crainte
par une autocritique collective et lon doit tâcher de les vaincre en contrôlant
soigneusement lexécution des décisions prises.
Mais ces faiblesses ne peuvent
servir darguments contre la nécessité daccomplir un tournant énergique dans
les méthodes de travail, contre la nécessité de poser et de résoudre, le plus
rapidement possible, toute une série de problèmes nouveaux.
En raison de cela, le CC. du
P.C.I. croit nécessaire de surmonter énergiquement toutte les résistances à la
nouvelle ligne dorganisation du Parti visant les organes centraux, lappareil
du Parti et la base. Une vérification de lappareil du Parti devra être faite sur
la base de la lutte idéologique contre lopportunisme, sur la base de la capacité
de chaque fonctionnaire du Parti à travailler aux nouvelles tâches et avec les nouvelles
méthodes.
14. Mais la lutte contre les
vestiges du « fascisme » et le danger opportuniste de droite ne sera pas une
lutte ferme et conséquente si le Parti narrête pas, en même temps, toute
tentative de ressusciter en son sein le bordighisme anarcho-liquidateur.
Cela signifie que
la lutte contre le principal danger, contre les déviations et la mentalité opportuniste
de droite, ne doit pas cacher le danger des tendances de « gauche », des
tentatives de ressusciter les vestiges du bordighisme anarcho-liquidateur.
Il est
impossible de détruire définitivement et de rendre politiquement inoffensive
lidéologie opportuniste de droite du camarade P., si lon ne démasque pas le
fait quelle revêt des apparences soi-disant gauches à la Bordiga.
Si dans le fond,
par sa portée politique, la plateforme du camarade P. constitue une défense tardive du
fascisme, elle nen spécule par moins habilement sur certaines erreurs, depuis
longtemps reconnues ouvertement per le C.C., elle représente une tentative dagir
sur létat desprit des éléments prolétariens honnêtes du Parti, mécontents de
certaines lacunes dans lorganisation e le travail pratique. En même temps, le
camarade P. agit également sur létat desprit des éléments qui nont
pas encore complètement et définitivement liquidé les derniers vestiges du bordighisme.
Le C.C. du P.C.I. croit nécessaire
demployer à légard des éléments prolétariens du Parti, honnêtes,
dévoués et détat desprit révolutionnaire, une méthode de persuasion
patiente et dexplications systématiques, en les entraînant dans le travail
courant, voire même en les faisant participer au travail responsable. En même temps, le
C.C. du P.C.I. et les organisations locales du Parti doivent combattre énergiquement les
courants opportunistes de droite et de « gauche » et leurs agents et
représentants masqués, avérés ou poltrons.
15. La façon dont se sont
développées dans le B.P. du Parti les discussions sur les nouvelles tâches
dorganisation a démontré lexistence dune faiblesse intérieure des
organes de direction du Parti.
Cette faiblesse est, en partie, le résultat de la
situation très difficile dans laquelle ces organes et tout le Parti ont travaillé durant
ces dernières années et de lécart trop grand existant entre le centre et la base.
Mais cette faiblesse est aussi, en partie, la conséquence dune fausse méthode de
direction qui a été suivie les années précédentes, du fait que dans le centre du
Parti, par crainte de troubler sa composition, on na pas poussé à fond toutes les
divergences politiques.
En conséquence le Parti a été amené à accomuler certaines
erreurs (hésitations sur la question allemande, lenteur dans le développement de la
lutte idéologique et politique contre Tasca) et certaines positions opportunistes ont eu
la possibilité de rester dissimulées jusquà présent.
Ces positions opportunistes
pourront être démasquées complètement seulement lorsque la lutte contre
lopportunisme et les conciliateurs sera développée largement et sans ménagements,
quand elle sera portée sur le terrain pratique, sur le terrain des tâches concrètes
actuelles et de leur réalisation.
Cette lutte ne pourra que renforcer la solidité
intérieure du C.C. et du B.P. parce quelle liera au C.C. du Parti les meilleurs
éléments révolutionnaires de la base et de la classe ouvrière.
Au cours de cette
lutte, et au cours de tout travail du Parti, la discipline et lunité intérieure
des organes centraux devront être garanties le plus rigoureusement contre toutes
tentatives de mépriser lautocritique qui doit largement être développée ou de la
transformer en lutte fractionnelle, cause de désagrégation.
Mais ce résultat sera
atteint dautant plus facilement que le C.C. luttera énergiquement pour la ligne
générale de l'I.C. et du Parti, quil défendra cette ligne contre toute attaque
sans chercher des accommodements avec ceux qui sont en désaccord avec elle ou qui
résistent à son application.
En particulier, le C.C. du P.C.I. estime nécessaire de
hâter la réalisation de la cooptation au Comité central de nouveaux éléments ouvriers
travaillant à lusine.
__________
LES TÂCHES DU PARTI COMMUNISTE ALLEMAND
(Résolution du C.C. du P.C.A. adoptée par le Présidium
élargi du C.E. de l'I.C.)
Durant la période écoulée
depuis la Xe session plénière, le P.C.A. a fait un grand progrès
dans la lutte pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière, pour la
consolidation organique de son influence politique dans les masses.
En démasquant et en
combattant chaque jour impitoyablement la politique social-fasciste du gouvernement de
coalition et de la bureaucratie syndicale, en résistant énergiquement à
lorientation réactionnaire de la social-démocratie, en particulier par
lorganisation de manifestations politiques, de grèves économiques, par
lorganisation dun large mouvement de défense des intérêts des chômeurs
(manifestations, marches de la faim), le parti a réussi à saper linfluence du
social-fascisme dans dimportantes couches de la classe ouvrière (défaite de la
social-démocratie aux élections municipales de Berlin, de la Ruhr et dans dautres
centres industriels), à conquérir de nouvelles couches de prolétaires (victoire aux
élections municipales à Berlin, victoire aux élections des conseils dusines de la
Ruhr et dautres régions, succès dans le mouvement sportif et dans celui des
libre-penseurs).
Le parti a remporté de grands
succès dans la consolidation organique de son influence politique dans les masses. Le
congrès national de lopposition syndicale, qui a créé le centre de
lopposition syndicale, puis les congrès régionaux tenus à la suite dune
grande campagne dans les usines, marquent une importante étape dans luvre
dorganisation des millions de prolétaires ralliés aux mots dordre du parti
communiste.
La recrudescence dactivité
dune certaine partie des cellules dusines et des conseils dusines
rouges, le grand succès du front unique des chômeurs et des ouvriers occupés, le
travail énergique des organisations de masses, le succès de recrutement du parti à
Berlin, tout cela, de même que le succès des congrès de lopposition syndicale,
témoigne dune activité croissante du parti.
La bonne ligne politique du parti,
sa politique offensive à légard du social-fascisme a resserré les rangs du parti,
a obligé une partie des conciliateurs (Ewert) à capituler, obligeant en même temps les
brandlériens à découvrir leur jeu social-démocrate.
Le plus important indice de
linfluence politique et organique croissante du parti, de son renforcement
intérieur est lautorité croissante de sa direction, tant à lintérieur du
parti que dans les grandes masses ouvrières.
Le C.C. propose de continuer à
sorienter vers une large autocritique et à encourager par tous les moyens
linitiative à la base. Ce nest quà laide des méthodes de
lautocritique et dun système étendu de contrôle dans toutes les régions,
organisations locales du parti et organisations révolutionnaires de masses, que le parti
pourra activer son travail, se débarrasser de ses défauts et de ses faiblesses (lutte
insuffisamment nette contre le social-fascisme de « gauche », en particulier
en Saxe, démasquement tardif de la démagogie sociale des fascistes, développement très
insuffisant des cadres des délégués révolutionnaires à lusine, recrutement
insuffisant au parti dans certaines régions industrielles (Halle, Mersebourg, etc.),
faibles effectifs des cellules dusines, faible développement de lautocritique
dans les organisations de base, opportunisme dans lactivité de certaines cellules
et conseils dusines rouges (par exemple chez Ulstein et Loewe à Berlin),
développement insuffisant de la lutte idéologique contre lopportunisme) qui, en
majeure partie, ont déjà été signalés dans les dernières décisions du B.P.
Les tâches immédiates du P.C.A.
sont déterminées par les objectifs de la lutte pour la conquête de la majorité de la
classe ouvrière dans les conditions de contradictions de classes saccentuant
rapidement et provoquées par laggravation de la crise de la stabilisation
capitaliste en Allemagne ; dans les conditions de la préparation de la bourgeoisie
et de ses serviteurs social-démocrates à une dictature fasciste par le moyen dune
attaque énergique contre le P.C.A. et contre le mouvement ouvrier révolutionnaire
dAllemagne, de la préparation active de la guerre contre lUnion soviétique,
pays de la dictature du prolétariat ; dans les conditions dune croissance
rapide du chômage ainsi que dune recrudescence de lactivité et de la
conscience révolutionnaire des masses.
Continuer à développer la lutte
contre le plan Young, instrument dasservissement et de spoliation du prolétariat
allemand, encouragement de loffensive patronale contre les masses ouvrières dans
les pays vainqueurs, instrument de préparation du blocus économique et de
lintervention militaire contre lU.R.S.S. et facteur aggravant la menace de
guerre entre les impérialistes pour un nouveau partage de leur proie, en se donnant pour
tâche dans cette lutte de mobiliser les masses sous des mots dordre concrets
dactualité, de même quen popularisant dans les masses le programme de la
révolution prolétarienne qui balaye le plan Young et tout le système parasitaire de
limpérialisme et qui à la place de lAllemagne de Young établit
lAllemagne soviétique.
Dénoncer impitoyablement la
social-démocratie, principal appui et principale force pour linstauration de la
dictature fasciste et aussi en tant que principal organisateur de la guerre contre
lU.R.S.S. (en prenant particulièrement soin de démasquer le rôle fasciste des
social-démocrates de « gauche »).
Démasquer impitoyablement les cas de
collaboration croissante de la social-démocratie et du fascisme.
Les organisations du parti doivent
savoir distinguer entre les simples ouvriers dans les usines qui sont encore sous
linfluence des social-démocrates et les cadres du parti social-fasciste afin de
pouvoir rallier les premiers au front révolutionnaire par une application conséquente de
la tactique du front unique par en bas en vue dune lutte révolutionnaire
énergique.
Organiser et grouper les millions de
chômeurs dans des conseils de chômeurs travaillant sous la direction de
lopposition syndicale et du parti.
Déclencher les luttes économiques
sous le mot dordre de la lutte contre la rationalisation capitaliste, pour
laugmentation des salaires, contre les renvois en masses, pour la journée de 7
heures avec le même salaire, de façon à placer sur le terrain de la lutte politique de
masses ces luttes économiques et toutes les autres formes de lactivité et de la
lutte de masses du prolétariat (grèves économiques, manifestations révolutionnaires,
marches de la faim, démonstrations antifascistes).
Lier les revendications partielles
de la lutte quotidienne avec les mots dordre politiques de principe du communisme.
Lancer des mots dordre précis pour toutes les couches de la classe ouvrière et
pour chaque usine, chaque atelier.
Organiser la lutte des paysans
pauvres et des paysans travailleurs contre loppression des propriétaires fonciers
et contre le fardeau fiscal croissant.
Renforcer et améliorer le travail du parti parmi
les employés et dans toutes les autres couches des travailleurs des villes pour organiser
la lutte contre le capital monopoliste, contre la rationalisation capitaliste et contre
loffensive financière et politique du gouvernement de coalition social-démocrate.
Continuer à renforcer et à
développer lopposition syndicale révolutionnaire à lintérieur et en dehors
de lA.D.G.B. et renforcer au maximum laction des fractions communistes dans
les syndicats. Renforcer sous tous les rapports les rangs du mouvement syndical
révolutionnaire et son centre dorganisation.
Les mesures suivantes sont
nécessaires pour élargir la base de masse de lopposition syndicale
révolutionnaire : organiser plus solidement les adhérents de lopposition
révolutionnaire, procéder à un large enregistrement de tous les lecteurs des journaux
syndicaux et révolutionnaires, ladhésion collective à lopposition syndicale
révolutionnaire des comités dusines rouges, des délégués dusines
révolutionnaires, des organisations syndicales exclues pour opposition ainsi que des
comités de chômeurs.
Mobiliser les masses contre la
menace croissante dinterdiction du parti communiste, pour la lutte pour son
existence légale en développant un travail de masses, créer des organisations de masses
dautodéfense prolétarienne pour protéger les organisations et les manifestations
ouvrières contre les attaques des social-démocrates, des fascistes et de leur police.
En
outre, toute cette lutte pour lexistence légale ne contredit pas, mais au contraire
implique des mesures adéquates en cas dune interdiction du parti communiste.
Développer la lutte contre
lopportunisme en pratique, avant tout sur le terrain syndical et municipal, en se
basant sur la plus large autocritique de la base au sommet et sur la lutte idéologique
contre lopportunisme avéré (de droite) aussi bien que contre l'opportunisme
« de gauche » dissimulé sous des phrases révolutionnaires.
Il est absolument
nécessaire de convoquer des conférences périodiques de travailleurs (douvriers
dusines, de chômeurs, de la petite bourgeoisie) auprès des fractions municipales
communistes dans le but de réaliser un contrôle permanent des masses et une
participation active des travailleurs aux problèmes de la politique municipale
révolutionnaire sous la conduite du parti communiste.
Recrutement intense de nouveaux
membres dans le parti, ce faisant il faut se tourner radicalement vers les ouvriers des
grandes entreprises et surtout vers les ouvrières et la jeunesse ouvrière, les
directions de rayon doivent diriger toute leur attention vers le développement du réseau
des cellules dusines, par lextension du réseau des journaux dusines,
vers le renforcement et le développement des cellules dusines comme organes de base
de la direction communiste du travail de masse, renouveler les cadres et les éduquer
idéologiquement : telles sont les tâches dont la solution garantira le succès
de la lutte pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière.
La fermeté et lénergie avec
lesquelles le P.C.A. a appliqué et applique encore les décisions du VIe
congrès et de la Xe session plénière sont un gage des grands
succès que le parti remportera dans la réalisation des nouvelles tâches, dans la lutte
pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière, dans sa mobilisation pour les
batailles révolutionnaires décisives.
__________
LA SITUATION DANS L'U.R.S.S.
(Résolution du Présidium élargi du C.E. de l'I.C. sur le
rapport présenté par V. Molotov au nom du C.C. du P.C. de l'U.R.S.S.)
Le Présidium du C.E. de l'I.C.,
après avoir entendu le rapport du camarade Molotov sur la situation en U.R.S.S., constate
que les nouveaux succès formidables de l'offensive socialiste du prolétariat de
l'U.R.S.S. et de son avant-garde, le P.C. de l'U.R.S.S., constituent une victoire de la
plus haute importance pour le prolétariat mondial.
La Xe session
plénière du C.E. de l'I.C., en soulignant le développement impétueux de l'industrie
socialiste et l'essor puissant de l'enthousiasme du prolétariat édifiant le socialisme,
a déjà marqué que le plan quinquennal de l'édification socialiste est un succès
formidable non seulement pour les masses laborieuses de l'U.R.S.S., mais aussi pour tout
le prolétariat international.
Les résultats de la première année de la période
quinquennale montrent que le plan annuel a été rempli et que les prémisses on été
créées pour que le plan quinquennal soit dépassé.
L'accroissement de la production
industrielle se poursuit à une allure toujours plus rapide et dépasse considérablement
les chiffres prévus pour la seconde année de la période quinquennale. Le rendement du
travail augmente, ce qui crée des conditions techniques bien plus favorables pour les
succès ultérieurs dans ce domaine. Les capitaux nouvellement investis dans les
industries de base ont dépassé au cours de la première année de la période
quinquennale une fois et demie les prévisions du plan.
L'industrie lourde progresse
intensément et l'allure de son développement dépasse considérablement le
développement moyen de lindustrie dans son ensemble.
En même temps, une
modification des plus considérables sest également produite dans le domaine des
échanges qui eux aussi progressent rapidement dans le sens de la socialisation (93 %
de tous les échanges sont déjà assurés par les organismes dÉtat et la
coopération).
En même temps, malgré toutes les difficultés spécifiques de
lédification socialiste en U.R.S.S., on y observe un nouvel accroissement
numérique de la classe ouvrière, la croissance des salaires, le passage dune
partie considérable des entreprises industrielles à la journée de 7 heures et à la
semaine ininterrompue de 5 jours, la réduction du chômage, la multiplication continue
des institutions destinées à élever la culture et à améliorer les conditions
dexistence de la grande masse ouvrière.
Le succès le plus important de la
dernière année est la croissance du mouvement des kolkhoz.
Ce mouvement revêt un
caractère de masse, embrasse des régions entières dune grande étendue et englobe
dès maintenant près de la moitié des petites exploitations paysannes individuelles de
lU.R.S.S.
Le Présidium du C.E. de lI.C.
considère comme une grande victoire de loffensive socialiste, le fait que, déjà
dans le proche avenir, plus de la moitié de toutes les céréales destinées au marché
sera livrée à lÉtat par les kolkhoz et les sovkhoz, ce qui ne peut manquer de
constituer un tournant dans la corélation des forces de classes en U.R.S.S. ainsi que
dans le domaine des rapports internationaux entre lU.R.S.S. et les autres pays.
Le développement impétueux des
kolkhoz résoud lun des plus difficiles problèmes de la dictature du prolétariat,
le problème de lentraînement de millions dexploitations paysannes
individuelles dans lorbite de la révolution socialiste.
Ce mouvement grandiose
brisant tous les obstacles qui se dressent sur son chemin, renverse toutes les théories
réformistes et bourgeoises sur la « stabilité » économique et sur les
« avantages » de la petite exploitation individuelle sur la grande.
Ce
mouvement de masses enterre une fois pour toutes la conception menchéviste adoptée par
les trotskistes sur le caractère contre-révolutionnaire de la paysannerie dans son
ensemble et selon laquelle le prolétariat serait incapable dentraîner à sa suite
les masses formidables de la campagne dans la voie du socialisme.
Ce mouvement réfute
absolument les conceptions essentielles des opportunistes de droite affirmant que la
politique de collectivisation menace de rompre lalliance de la classe ouvrière avec
la paysannerie, quelle entrave lapprovisionnement des villes en céréales et
aboutit à la réduction des terres ensemencées.
Le succès du mouvement des kolkhoz
et le caractère de masse de ce mouvement, qui permet de substituer à léconomie
capitaliste (koulaks) les grandes exploitations collectives, posent la dictature
prolétarienne devant la tâche de la liquidation des koulaks en tant que classe. Étant
donné quen Union soviétique, les koulaks forment la classe qui, jusquà ces
derniers temps, avait conservé la base de production capitaliste, la politique de
liquidation de cette classe contribue à ce que les paysans pauvres et moyens se tournent
en masse vers le socialisme.
Cette politique enlève en même temps à la bourgeoisie
mondiale une de ses principales positions, du fait quelle la prive du concours de la
contre-révolution koulak au sein de lU.R.S.S. De ce fait, tout progrès du
mouvement des kolkhoz constitue un nouveau jalon dans la voie de la victoire de la
révolution mondiale.
Le succès du mouvement de collectivisation ne peut manquer de
résonner comme un appel aux oreilles du prolétariat mondial et des masses paysannes
opprimées du monde entier, comme un appel à la lutte pour la dictature mondiale du
prolétariat.
Le Présidium du C.E. de lI.C.
considère comme un gage de première importance de la victoire du socialisme le fait que
le mouvement des kolkhoz est réellement un mouvement de masses innombrables de paysans
pauvres et moyens, devant lesquelles les douze années de luttes incomparables sous la
direction du prolétariat et de son parti ont ouvert les horizons les plus vastes.
Pour la
grande masse des campagnes, la lutte pour les kolkhoz est liée à la rupture complète
avec le passé extrêmement pénible, grâce à un essor culturel puissant et à un
changement radical de toute lexistence de la masse paysanne. La participation
organisée de ces masses au mouvement de collectivisation, à condition que le principe du
volontariat soit vigoureusement assuré dans lensemble du mouvement de
collectivisation, accélère le processus dunion de la masse fondamentale des
campagnes avec le prolétariat industriel, du fait quelle donne à lalliance
du prolétariat avec la paysannerie une base économique des plus solide, une base de
production, et quelle aboutit de ce fait à la suppression des contradictions entre
la ville et la campagne.
Linfluence croissante de la
ville prolétarienne et son hégémonie à légard de la campagne, en brisant toutes
les anciennes manières de vivre, acquièrent une importance encore plus considérable du
fait que le succès de loffensive socialiste est devenu la cause dun nouvel
essor puissant de lactivité et de linitiative du prolétariat qui, en
U.R.S.S., exerce la dictature et lhégémonie dans la révolution socialiste.
Lactivité de la masse
ouvrière qui sest considérablement accrue sexprime par la croissance de
lenthousiasme au travail par la creation de nouvelles méthodes dans
lédification socialiste par un mouvement puissant vers de nouvelles formes
dorganisation de son activité, par le mouvement de brigades de choc et par
lémulation socialiste, par la mobilisation de brigades de choc se portant au
secours des kolkhoz, par la lutte active pour la science et la technique, par
laction internationale grandissante.
Lactivité politique
croissante de la classe ouvrière se manifeste le plus nettement par le rythme
exceptionnel du renforcement numérique du parti communiste auquel adhèrent maintenant
les ouvriers par ateliers entiers.
La confiance des grandes masses dans
le parti communiste, confiance qui augmente chaque jour, est une conséquence directe de
la justesse de sa direction.
Les grandes masses se rendent de plus en plus compte que les
succès décisifs sur le front socialiste sont indissolublement liés à la ligne juste du
parti qui na rien de commun avec la ligne antiléniniste préconisant de pousser à
outrance les progrès, et qui exagère lefficacité des méthodes administratives
(ce qui caractérisait la ligne des trotskistes et, en suite, la ligne de
lopposition de Zinoviev), pas plus quavec la ligne politique antiléniniste
des concessions illimitées aux éléments capitalistes, préconisée par les partisans de
la théorie de Boukharine sur « lintégration du koulak au socialisme ».
Le P.C. suit fermement sa ligne dans
les conditions les plus difficiles, au moment où loffensive socialiste se heurte à
la résistance acharnée de toutes les forces antiprolétariennes, antisocialistes et, en
fait, contre-révolutionnaires en Union soviétique et à létranger.
En constatant
les tentatives désespérées des ennemis de classe dempêcher luvre de
lédification du socialisme en U.R.S.S., lInternationale communiste salue la
lutte révolutionnaire du P.C. de lU.R.S.S. et du pouvoir soviétique contre les
koulaks, contre les saboteurs, contre tous les agents de la contre-révolution mondiale.
Le Présidium du C.E. de lI.C. déclare que la lutte du P.C. de lU.R.S.S.
contre ses ennemis est en même temps la lutte de toute lInternationale communiste,
et que cette lutte doit être menée de la taçon la plus conséquente et irréductible.
Le Présidium du C.E. de lI.C.
est convaincu quune direction juste de la classe ouvrière et que la mobilisation de
toutes les forces créatrices nécessaires pour vaincre complètement les difficultés,
seront dautant mieux assurées que le P.C. de lU.R.S.S. continuera à lutter
irréductiblement contre toutes sortes doscillations et dhésitations, pour
une ligne de classe claire, nette.
Toutes les sections de lI.C. doivent
sapproprier lexpérience incomparable du P.C. de lU.R.S.S., fort de son
art léniniste de diriger les masses, de sa fermeté bolchéviste dans la lutte contre les
écarts de la ligne du parti, de lépuration systématique de la masse de ses
adhérents et de lunion intime du parti avec les masses prolétariennes, grâce au
large déploiement de lautocritique.
Tout en saluant la direction
léniniste du P.C. de lU.R.S.S. au nom des sections de lI.C., le Présidium du
C.E. de lI.C, déclare que toute lInternationale communiste soutient
entièrement et sans réserve la lutte impitoyable du P.C. de lU.R.S.S. et de son
Comité central pour les principes du léninisme, pour la ligne léniniste dans le P.C.,
pour la liquidation complète de la déviation de droite et des conciliateurs à son
égard, contre toutes les manifestations de la phraséologie gauche, vestiges de la
démagogie petite-bourgeoise et hystérique du trotskisme dont lessence
contre-révolutionnaire est aujourdhui définitivement démasquée.
Le Présidium du C.E. de lI.C.
souligne encore une fois limportance énorme qua la lutte contre les
déviations dans le P.C. de lU.R.S.S., pour toutes les sections de lI.C. et
constate avec joie la consolidation du P.C. de lU.R.S.S. sur la base de la ligne
léniniste seule juste et de la débâcle de tous les éléments et courants qui
menaçaient daffaiblir la capacité de lutte du P.C.
Les succès remportés dans
lexécution du plan quinquennal, et tout particulièrement la refonte socialiste de
la campagne, constituent la cause réelle de la recrudescence des tendances agressives de
limpérialisme contre lU.R.S.S.
Serré à en étouffer dans
létau des contradictions insolubles aggravées encore par la crise sévissant aux
États-Unis, impuissant à prévenir la propagande de cette crise à une série
dautres États capitalistes, limpérialisme ne peut pas ne pas
sapercevoir que la réalisation du plan quinquennal équivaut à léchec de
ses propres plans. Les succès remportés dans lexécution du plan quinquennal
renforcent les positions de la dictature prolétarienne et du socialisme, condamnent à
léchec tous les plans de la bourgeoisie tendant à subjuguer le pouvoir soviétique
par des mesures doppression économique.
Le plan Young qui est un plan de spoliation
au profit des impérialistes (en premier lieu au profit des États-Unis) sur le dos des
masses prolétariennes et semi-prolétariennes dEurope et, en particulier,
dAllemagne, a sa pointe dirigée contre lU.R.S.S.
Plus le niveau culturel et matériel
des masses laborieuses de lU.R.S.S. est élevé par le renforcement des positions
socialistes, plus le problème du chômage est résolu avec succès au cours même du
processus de lédification du socialisme, plus il sera difficile à
limpérialisme de réaliser les principaux points de son programme,
cest-à-dire de rejeter tout le fardeau de la crise sur le dos des masses
laborieuses des pays capitalistes et coloniaux par une intensification encore plus
inhumaine de la rationalisation, par le congédiement de masses ouvrières de plus en plus
grandes et par la promulgation de nouveaux impôts.
En contraste flagrant avec le monde
capitaliste en putréfaction, le pays de la construction du socialisme attire plus que
jamais les regards des travailleurs et des opprimés de tous les pays qui voient dans
lUnion soviétique le plus grand appui dans leurs luttes émancipatrices. Cela
accélère chaque jour davantage le processus débranlement de la stabilisation
capitaliste.
Toutes les provocations à
ladresse de lU.R.S.S., toutes les campagnes de mensonges et de calomnies
ignobles déclenchées contre le pays de la dictature prolétarienne par la bourgeoisie et
ses valets, le social-fascisme, en alliance avec le pape et toutes les forces
réactionnaires du vieux monde, ne sont autre chose quun appel à la défense du
koulak et une croisade contre la révolution prolétarienne internationale, et en premier
lieu contre lU.R.S.S., pilier de cette révolution.
Actuellement, où la tâche
primordiale des impérialistes est dempêcher par tous les moyens le progrès de
loffensive socialiste en U.R.S.S., le prolétariat mondial doit se montrer
dautant plus vigilant et toutes les sections de lI.C. être dautant plus
sur leur garde.
Le Présidium du C.E. de lI.C.
rappelle encore une fois aux sections de lI.C. toutes les décisions de lI.C.
relatives à lorganisation de la défense du pays de la dictature prolétarienne,
seule patrie des travailleurs de tous les pays.
En adressant son salut bolchéviste
chaleureux à la classe ouvrière, à la paysannerie avancée de lU.R.S.S. et à
larmée rouge, le Présidium du C.E. de lI.C. les assure que les combats de
classe livrés par le prolétariat sur un front toujours plus étendu dans le monde entier
et que les combats toujours plus considérables de tous les opprimés sont
indissolublement liés à luvre de la défense de lU.R.S.S., aux succès
du grand plan de construction du socialisme, car les travailleurs de tous les pays ont
clairement compris, et pour la première fois dans lhistoire de la lutte de classe,
que la réalisation pratique de ce plan est le chemin qui les conduira à la conquête du
socialisme dans le monde entier.
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LA PRÉPARATION DU Ve CONGRÈS DE
LINTERNATIONALE SYNDICALE ROUGE
(Résolution sur le rapport de Lozovski)
Étant donné laggravation des
luttes économiques et politiques de la classe ouvrière et lessor général du
mouvement ouvrier, le travail des syndicats révolutionnaires, de lopposition
révolutionnaire et de lI.S.R., centre mondial du mouvement syndical
révolutionnaire, acquiert une importance considérable.
Pour cette raison, précisément
la préparation du Ve congrès de lI.S.R. doit sortir des
cadres habituels et traditionnels ; elle doit avoir un objectif bien marqué et un
caractère prompt et décisif. Il faut que le Ve congrès marque une
étape importante de tout le mouvement ouvrier mondial. Le IVe
congrès a eu une énorme portée pour la consolidation idéologique et organique des
forces du mouvement syndical révolutionnaire.
Mais ce congrès sest déroulé au
début même de lessor du mouvement ouvrier, tandis que le Ve
congrès se réunira dans les conditions dune aggravation considérable des batailles de
classes. Aussi, le Ve congrès de lI.S.R., en vue de
développer par tous les moyens laction révolutionnaire dans les masses, devra-t-il
aller plus loin dans sa façon de poser et de résoudre les questions soulevees par
lexpérience des récentes batailles économiques de la periode de crise croissante
et de chômage de masses Les tâches suivantes incombent à tous les partis communistes à
loccasion du Ve congrès :
1) Vérifier comment ont été mises
en pratique les décisions du IVe congrès et de la VIe session du
Conseil central de lI.S.R. ;
2) Examiner létat des
fractions communistes dans les syndicats et rechercher les causes de la faiblesse de ces
fractions ;
3) Vérifier minutieusement et
discuter ouvertement les côtés faibles dans le travail des syndicats révolutionnaires
et les méthodes à employer pour améliorer ce travail ;
4) Vérifier le travail de
lopposition syndicale et du mouvement de la minorité, porter particulièrement
lattention sur les formes de leur liaison avec les masses et les méthodes du
travail dorganisation et du travail de masses ;
5) Soumettre dans la presse du parti
les problèmes fondamentaux du mouvement syndical révolutionnaire mondial à une
discussion qui en embrassera tous les aspects, en créant à cet effet des pages
spéciales sous la rubrique : « Pour le Ve congrès de
lI.S.R. » ;
6) Prendre linitiative
dune discussion dans les masses de toutes les questions relatives au Ve
congrès, non seulement dans les conférences et congrès syndicaux, mais aussi
directement dans les entreprises ;
7) Assurer, par le travail des
fractions communistes, la représentation au Ve congrès des
ouvriers et ouvrières travaillant à lusine, en particulier des branches
fondamentales de lindustrie (mines, métallurgie, transports, industrie chimique,
etc...) ;
8) Tout le travail de préparation
du Ve congrès mondial doit seffectuer sous le signe
dune autocritique rigoureuse, dune lutte énergique contre le légalisme
syndical et lopportunisme en pratique, et du renforcement, par tous les moyens, de
laction syndicale de masses.
Le Présidium de lI.C. attache
une importance exceptionnelle à la préparation sérieuse du Ve
congrès de lI.S.R. et charge toutes ses sections deffectuer ce travail en se
servant des méthodes de lémulation révolutionnaire internationale.
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