Pour une lutte
conséquente contre l'antisémitisme !
L'antisémitisme en
France possède une caractéristique toute française:
il est hypocrite.
Les antisémites
n'en ont pas fait une brique pour cimenter une politique, ils l'ont
au contraire « dépolitisé », pour que
l'antisémitisme puisse s'infiltrer partout.
L'antisémitisme
peut ainsi suinter de tous les pores de la société,
comme un préjugé accepté – et acceptable.
Les antisémites
ont développé cette position depuis l'affaire Dreyfus.
Ils ont appris à contourner le clivage droite/gauche.
L'antisémite ne se
dira ainsi pas raciste, il dira simplement de lui qu'il est «
réaliste », dira simplement : « ces gens, ils ne
sont pas comme nous. »
Arte ou France 5 peuvent
donc bien passer des documentaires sur l'extermination des personnes
juives d'Europe par les nazis, cela n'atteint pas les antisémites
français, car leur antisémitisme n'a pas la même
forme idéologique que celui des nazis.
Prenons De Gaulle par
exemple. Il a libéré la France, nous dit l'idéologie
de l'Etat français. Mais a-t-il libéré les
personnes françaises d'origine juive? Il n'y a pas un mot à
ce sujet. Il a libéré la France, et puis c'est tout.
Si après, des
personnes d'origine juive ont été massacré, cela
ne peut être qu'un « détail », bien avant Le
Pen. Ainsi après la seconde guerre mondiale, lorsqu'il a été
question de mettre en place un système d'indemnisation des
victimes de guerre, De Gaulle et ses amis ont purement et simplement
prôné l'exclusion des déportés juifs des
bénéficiaires des pensions de guerre.
Ce n'est que par la
pression des résistants communistes qu'il leur a été
finalement octroyée une allocation, et encore les Gaullistes
ont-ils milité pour qu'elle s¹inscrive dans un statut
différent de celui des déportés résistants.
Lorsqu'une délégation
du comité pour l'édification d'un mémorial du
martyr juif demanda à être reçu par De Gaulle,
celui-ci refusa, sous prétexte qu'il ne recevait pas les
délégations. Et pour finir, De Gaulle parlera en 1967
des Israéliens comme d'« un peuple sûr de lui et
dominateur. »
Il n'y a pas de hasard.
Pas plus chez De Gaulle que chez Mitterrand qui faisait déposer
régulièrement chaque 11 novembre une gerbe de fleurs
sur la tombe du maréchal Pétain. Ou chez Barre qui
parlait après l'attentat de la rue Copernic en 1980 d'«
un odieux attentat qui visait des israélites et qui a tué
des Français innocents. »
La « France »
avant tout, la France « éternelle », la
France « innocente. »
Car c'est cela dont il
s'agit: la conception de la nation. L'idéologie nationale est
agressive, elle a comme but que la nation soit un bloc.
Par conséquent les
personnes ne rentrant pas dans ce cadre idéal sont
stigmatisés. Surtout si elles ont quelque chose en commun qui
détermine plus leur identité que la nation.
Ainsi,
« En revendiquant
une nationalité et une culture par-delà les frontières
des pays et des classes, c'est-à-dire en définissant
une communauté humaine en dehors des Etats nationaux, les
communautés juives ont été une cible principale
des idéologies bourgeoises nationales.
Cela a été
particulièrement fort là où les Etats nationaux
n'avaient pas encore atteint leur unité.
Dans la conception nazie
de l'Etat capitaliste centralisé, les communautés
« transnationales » juives, roms et sintis («
tziganes ») apparaissaient comme internationalistes et proches
du communisme dans leurs principes communautaires.
Ce phénomène
de liquidation de populations apparaissant comme des obstacles à
l'unification nationale selon les principes capitalistes parce
qu'elles ont conservé des traits communautaires antérieurs
au capitalisme n'est pas un phénomène exceptionnel.
Il est lié aux
contradictions du rapport entre féodalité et
capitalisme ; il est ainsi encore d'actualité pour la majorité
des peuples du monde, encore prisonniers des rapports féodaux.
Il a pris et prend
souvent un caractère génocidaire (liquidation des Juifs
d'Espagne ; liquidation des communautés samis (« lapones
») en Europe du Nord ; liquidation des natives americans en
Amérique du Nord ; liquidation des communautés
indiennes en Amérique centrale et du Sud, etc.). »
(Manuel d'économie politique marxiste-léniniste-maoïste).
L'antisémitisme
français ne pouvait pas apparaître comme agressif comme
l'antisémitisme allemand, en raison de l'idéologie
officielle de l'Etat français, défenseur de
« l'humanisme des Lumières. »
C'est pourquoi
l'antisémitisme français ne s'affirme pas comme
exterminateur, mais comme éducateur. Exactement comme la
colonisation de l'Afrique était justifié par les
socialistes sous des couverts de « civilisation. »
Le « Juif »,
c'est celui qui fait trop de bruit, qui se fait remarquer, qui a des
manières « non européennes », qui est
susceptible, fréquente ou habite le quartier du sentier à
Paris, a de la famille en Israël, possède de l'argent et
le plus souvent travaille dans le milieu commerçant, vit en
vase clos avec les gens de sa « communauté. »
Le Juif vise l'argent:
voilà l'adage antisémite qui est une banalité en
France.
Même s'il est
artiste, le « Juif » du fantasme antisémite n'a
qu'un but: l'argent.
Et dans un cocktail
fasciste de frustration et de patriarcat, le « Juif »
s'accapare, en plus de l'argent, les « femmes. »
Bernard Henri-Lévi,
personnage insignifiant de la couche des intellectuels bourgeois,
focalise ainsi sur lui tous les fantasmes de ce type. Un personnage
insignifiant politiquement comme Patrick Bruel subit le même
sort: Le Pen ne s'est pas privé de l'appeler « Patrick
Benguigui. »
Le fantasme concernant
l'argent est essentiel dans l'antisémitisme. Si des Juifs ont
de l'argent, c'est nécessairement qu'il s'agit d'argent
souillé, d'argent plus capitaliste que capitaliste.
Ainsi Dieudonné
dit-il du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives)
dans les colonnes du Journal du Dimanche, que ses membres sont:
« des négriers
reconvertis dans la banque, le spectacle et aujourd'hui l'action
terroriste. »
Toutes les accusations
sont naturellement étayées par telle ou telle pseudo
recherche scientifique « démontrant le rôle
des juifs »; en l'occurence l'accusation comme quoi les
personnes d'origine juive se sont enrichies grâce à la
traite des esclaves provient d'un ouvrage produit aux Etats-Unis par
la « Nation of Islam », une organisation ouvertement
antisémite.
Les ouvrages antisémites
renforcent ainsi l'antisémitisme, donnant des cautions
prétendument scientifiques, et fournissent une justification à
l'antisémitisme : les Juifs eux-mêmes.
Ainsi, les Juifs ont
eux-mêmes inventé le racisme : « Le racisme a été
inventé par Abraham, "Le peuple élu", c'est
le début du racisme. »
(Dieudonné, Lyon
Capitale, le 23 janvier 2002)
Ce qui arrive aux
personnes d'origine juive est « mérité »
selon les antisémites :
« Ce n'est pas
systématiquement de la faute de l'autre (...) si personne ne
peut vous blairer partout où vous mettez les pieds (...).
Parce qu'en gros c'est à peu près ça leur
histoire -des juifs-, tu vois. Ça fait quand même 2 500
ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque
part, au bout de cinquante ans, ils se font dérouiller. »
(Alain Soral, sur France 2, le 21 septembre 2004, en présence
de Dieudonné sur le plateau)
Ce discours est également
celui de Bové, le paysan tellement révolté qu'il
avait empêché au Larzac que Mitterrand soit lynché
par les maos: «Il faut se demander à qui profite le
crime. Je dénonce tous les actes visant des lieux de culte.
Mais je crois que le gouvernement israélien et ses services
secrets ont intérêt à créer une certaine
psychose, à faire croire qu'un climat antisémite s'est
installé en France, pour mieux détourner les regards.»
(Libération du 3 avril 2002)
Ainsi le combat contre le
fascisme passe par le combat... contre les personnes d'origine juive,
source de l'antisémitisme. L'antisémitisme? Connais
pas.
Cette haine est tellement
forte qu'elle a contaminé des personnes aliénées
par l'antisémitisme. Cette thèse a donc été
celle d'une partie d'intellectuels juifs / de gauche voyant le mal
dans les personnes d'origine juive, qui seraient avilies.
Bernard Lazare est
trèsconnu en France comme un théoricien juif de gauche
ayant analysé l'antisémitisme et soutenu Dreyfus, mais
son analyse a été grandement salué par les
antisémites en raison de l'explication que les Juifs étaient
associaux.
Plus généralement,
le courant sioniste de droite, connu sous le nom de
sioniste-révisionniste et ayant eu comme fondateur
Jabontinsky, s'appuie sur toute une interprétation «
raciale » des personnes d'origine juive.
Le « Juif »
est « différent. » Voilà la thèse.
Que l'on retrouve souvent.
« C'est l'Etat
d'Israël tel qu'il fonctionne depuis 1967 qui est le vecteur
d'un nouvel antisémitisme. » dit ainsi tranquillement
Maurice Rajsfus, responsable de Ras l'Front, donnant l'absolution aux
antisémites.
C'est également la
thèse de Trotsky, qui expliquait le « développement
» d'un antisémitisme en URSS par le fait... que les
Juifs étaient une population typiquement urbaine, que le
système soviétique avait besoin de beaucoup de
fonctionnaires et que donc les Juifs composaient une part grandement
disproportionnée de la bureaucratie « haï par les
paysans et les ouvriers. » (Thermidor et antisémitisme,
février 1937)
L'antisémitisme
condamne les « Juifs » à être
irrémédiablement différents, socialement,
culturellement, spirituellement, « racialement »,
etc.
Une résolution
scientifique de l'antisémitisme est impossible, car les
« Juifs » sont « trop différents. »
Les antisémites
considèrent l'antisémitisme comme normal et ainsi que
l'antisémitisme n'existe pas, tandis que les personnes
s'opposant à l'antisémitisme le considère comme
un simple préjugé, et donc
n'existant pas
réellement.
La politique suivant la
Libération explique beaucoup de choses dans ce domaine.
L'antisémitisme a été expliqué comme un
phénomène allemand. L'antisémitisme, c'était
les Allemands. Et les Français collabos, des anomalies, qu'il
fallait vite oublier dans la réconciliation nationale.
Affirmons le : la
dénazification de l'Allemagne de l'ouest n'a pas eu lieu, la
dépétainisation de la France non plus.
Au lendemain de la
Libération, ce qui comptait c'était l'unité
nationale, la « cohésion », la nature non
corrompue de la république et de son idéologie, et pour
les classes dominantes la déportation de 86.000 personnes
d'origine juives vivant en France se diluait très bien dans
les 6 millions de personnes d'origine juive assassinées par
les nazis.
Cela a permis de se
débarrasser de la question de l'antisémitisme, qui a
donc été compris comme une anomalie, un « préjugé
», aucunement comme une pièce maîtresse du
fascisme.
L'antisémitisme «
n'existe pas », il n'est qu'un préjugé «
abstrait. »
Et s'il y a un «
acte » antisémite, alors ce n'est pas un acte
antisémite, mais un acte ayant une autre origine.
En France aujourd'hui
s'il y a un acte antisémite, il y a forcément une
« raison », valable ou pas.
De plus en plus souvent
l'antisémitisme est ainsi considéré comme
« excusable » sous prétexte qu'il y aurait un
rapport avec la question palestinienne.
Comme si assimiler les
personnes d'origine juive en France et la population israélienne
n'était pas à la base elle-même une conception
antisémite, celle du « juif apatride. »
Tout cela doit cesser. Il
faut comprendre l'antisémitisme en tant qu'idéologie
autonome. Il ne faut plus voir l'antisémitisme dans le rapport
entre les personnes d'origine juive et le reste des personnes vivant
en France, mais dans le rapport qu'ont les personnes vivant en France
avec elles-mêmes et la société dans laquelle
elles vivent.
Il faut enfin prendre en
compte que l'antisémitisme n'a pas besoin des personnes
d'origine juive.
Les personnes d'origine
juive composait 0,80% de la population d'Allemagne avant la prise du
pouvoir des nazis, et vivaient en majorité dans les grandes
villes.
Le nazisme s'est
développé quand même, et est allé chercher
des personnes d'origine juive à massacrer industriellement
jusque dans les autres pays.
Etudions les sources de
l'antisémitisme, leurs racines sociales.
L'antisémitisme
: un produit idéologique de la petite-bourgeoisie et une
tradition de la petite-bourgeoisie française
La petite-bourgeoisie
existe historiquement dans la phase ascendante du capitalisme, par la
suite elle est broyée par la crise du capitalisme, par la
montée en puissance des monopoles.
L'appauvrissement des
classes moyennes est un phénomène historique vu
plusieurs fois, coïncidant à chaque fois avec la montée
en puissance de l'accumulation du capital.
Mais la
petite-bourgeoisie ne veut pas du prolétariat, elle ne veut
pas du communisme, elle veut préserver ses intérêts.
Elle doit donc trouver
une origine à ses problèmes qui ne remette pas en cause
le capitalisme, alors que le capitalisme devient de plus en plus
entre les mains des grands monopoles, son ennemi.
La petite-bourgeoisie
combat alors un ennemi fantasmatique: le « Juif », à
la fois bolchévik et grand capitaliste.
L'image du « Juif »
comme collectivisateur et appropriateur, comme communiste et grand
capitaliste, montre que l'antisémitisme puise dans une vision
du monde petite-bourgeoise.
On est ainsi pas étonné
de voir le grand théoricien français de la petite
propriété, Proudhon, être un farouche antisémite
: « Juifs, Faire un article contre cette race qui envenime
tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun
peuple. Demander son expulsion de France, à l'exception des
individus mariés avec des françaises ; abolir les
synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin
l'abolition de ce culte. Ce n'est pas pour rien que les chrétiens
les ont appelés déicides. Le juif est l'ennemi du genre
humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l'exterminer. »
Proudhon défendait
le crédit à volonté, et dans son esprit
petit-bourgeois les personnes d'origine juive représentent le
grand capital, qui asservit les petits propriétaires, ainsi
que les communistes collectivistes.
On retrouve cette vision
chez l'utopiste Fourier, défenseur des petites communautés,
dans son livre « Apologue du Juif Iscariote » :
« J'appelle, comme le peuple, de ce nom méprisé
de juif, tout trafiquant d'espèces, tout parasite
improductif, vivant de la substance et du travail d'autrui. Juif,
usurier, trafiquant sont pour moi synonymes. »
Ou encore chez Blanqui,
qui dans le journal qu¹il fonda en 1865, Candide, écrira
« le suffrage universel, c'est l'intronisation définitive
des Rothschild, l'avènement des juifs. »
Pour le petit-bourgeois,
le « Juif » est Lénine et Rotschild en même
temps.
Ce délire a une
origine : « l'avènement » de la suprématie
du grand capital, que la petite-bourgeoisie veut à tout prix
éviter, et cela jusqu'à l'hystérie.
Et la petite-bourgeoisie
produit nécessairement tout autant du nationalisme que son
frère jumeau l'antisémitisme. Il y a deux raisons
essentielles à cela.
La première est
que le petit-bourgeois cherche une source à ses souffrances.
Il ne peut pas accuser le
capitalisme car il est capitaliste, et ne peut donc pas directement
attaquer les grands monopoles, en raison du risque de révolution
sociale.
Il ne peut pas non plus
attaquer directement le prolétariat, car il n'a pas envie de
le remplacer en tant que classe tout en bas de l'échelle. Il
ne veut par conséquent pas aider le prolétariat à
s'abolir en tant que classe, dans le communisme.
Une seconde raison est
que le petit-bourgeois vise à tout prix l'unité de la
nation, pour que le grand capital cesse de l'attaquer et choisisse
une autre cible: un autre pays, c'est-à-dire le grand capital
d'un autre pays.
Le petit-bourgeois
produit donc de l'idéologie, des cibles. Elle tente de
mobiliser des couches entières de la population pour la
défense de ses intérêts.
C'est exactement pour
cette raison que les grands monopoles utilisent le fascisme: le
fascisme permet d'utiliser les petits-bourgeois comme main d'oeuvre
pour attaquer les masses physiquement (SA, bandes fascistes, etc.) et
de reprendre l'idéologie antisémite pour lancer de
grandes mobilisations populaires, d'autant plus nécessaire que
le fascisme est miliariste et partisan des guerres.
Le petit-bourgeois, c'est
le partisan de « l'ordre. » C'est la France des
pavillons, de la petite propriété privée, de De
Gaulle, de la télévision et des flics.
Il faut également
remarquer un phénomène nouveau existant depuis les
années 1950, celles de la pseudo décolonisation.
Les Etats nationaux qui
se sont formés ne sont que formellement indépendants,
en pratique sont au pouvoir des bourgeoisies vendues à
l'impérialisme, ou des petites-bourgeoisies tentant de
traficoter avec l'impérialisme (Mustafa Kémal, Fidel
Castro, Chavez, Saddam Hussein, Peron, Milosevic, Khomeiny, etc.).
Ces Etats nationaux ont
besoin d'une idéologie qui ne soit ni communiste, ni
directement capitaliste. C'est le baasisme national socialiste, le
panarabisme, le nationalisme panaméricain, le panafricanisme,
l'islamisme, etc.
Ces idéologies
s'entrecroisent le plus souvent, car les petites-bourgeoisies des
différents pays se fournissent les unes les autres en
idéologies frelatées.
Ainsi, si l'on prend
Tito, le grand partisan de la petite propriété appelé
autogestion. On retrouve l'un de ses défenseurs et fervent
soutien, le théoricien trotskyste de l'autogestion Pablo comme
conseiller du président Ben Bella, représentant de la
petite-bourgeoisie algérienne.
Et on retrouvera Ben
Bella, qui se définissait comme « nassériste »
(de l'Egyptien Nasser théoricien du nationalisme arabe) en
exil en Suisse, près de son ami François Genoud, ancien
nazi et grand financier du FLN algérien, précisément
soutenu par les réseaux de Pablo...
Parmi ces réseaux
petits-bourgeois, particulièrement prompts à voir des
sionistes partout et à en faire l'ennemi numéro un, on
retrouve naturellement la petite-bourgeoisie iranienne.
Le numéro deux de
l'ambassade d'Iran à Paris a ainsi par exemple remis une très
importante somme d'argent à deux éditions
d'extrême-droite connues pour leur soutien à
l'antisémitisme et le négationnisme (Le Canard
enchaîné, 5 août 1987).
Et la Syrie n'a jamais
caché qu'elle hébergeait d'anciens nazis.
Ce délire va
jusqu'en Malaisie, le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad
affirmant lors d'une réunion au 10ème sommet de l'OCI
(Organisation de la Conférence Islamique) en Octobre 2003 que
« les Européens ont tué 6 millions de Juifs sur
12. Mais aujourd'hui, les Juifs dirigent le monde par procuration.
Ils obtiennent que les autres se battent et meurent pour eux (...).
Ils ont survécu à 2000 ans de pogroms sans frapper en
retour mais en réfléchissant.
Ils ont inventé et
réussi à promouvoir le socialisme, le communisme, les
droits de l'homme et la démocratie, pour que leur persécution
apparaisse comme négative, pour qu'ils jouissent des mêmes
droits que les autres (...).
Avec ça, ils ont
maintenant pris le contrôle des pays les plus puissants et sont
devenus une puissance mondiale. »
Ce qui n'empêchera
pas ce même premier ministre de prôner le dialogue des
Palestiniens avec Israël, car malgré son discours
idéologique il ne peut pas dépasser ses limites de
classe prônant justement le refus de la lutte de classe.
Ce qui n'empêchera
pas non plus le ministre malaisien des Affaires étrangères
de parler de malentendu au sujet de ces propos, tout en précisant
que "ceci est la réalité, les Juifs sont très
puissants".
En fait pour résumer
on peut dire que l'idéologie des Etats nationaux c'est celle
du complot.
Le petit-bourgeois,
incapable de voir que les masses font l'histoire, fantasme sur une
multitude de complots.
Milosevic le yougoslave
fantasmait sur des complots, Hoxha faisait de même en Albanie,
etc.
Bien entendu des complots
existaient réellement : les impérialistes tentaient de
soutenir plutôt telle fraction des partisans de Milosevic
plutôt qu'une autre.
Mais chez le
petit-bourgeois le complot est une vision du monde. L'histoire du
monde est, pour le petit-bourgeois, l'histoire des complots.
Le petit-bourgeois ne
veut pas de remous, il ne veut pas que le monde soit instable. Tout
ce qui met son existence en péril en tant que classe est à
proscrire.
Le petit-bourgeois veut
le calme, il veut tout sauf la tempête, quitte à
lui-même prendre les devants et exterminer ce qui le menace.
Et en attendant le
fascisme, la crise capitaliste et les monopoles se renforçant
chaque jour, le petit-bourgeois sent chaque jour plus le danger,
qu'il interprète comme une menace floue, invisible.
C'est la base de
l'imaginaire du complot, et d'ailleurs, le plus souvent ce sont les «
Juifs » qui en sont à l'origine: les « Juifs »
auraient été au courant de l'attaque contre le world
trade center et n'y seraient pas allé, le Mossad est derrière
chaque attentat, les USA sont à la solde d'Israël (au
lieu du contraire comme il se doit pour toute personne un tant soit
peu sérieuse), les « juifs » contrôlent tous
les médias, les « juifs » organisent un complot
communiste, les « juifs » sont les plus grands
capitalistes, il y avait des « juifs » parmi les nazis
comme par exemple Eichmann, l'holocauste est une « invention
juive » ou bien n'est qu'un prétexte à une
extorsion de fonds, etc. etc.
Et plus la crise
capitaliste avance, plus la crise impérialiste avance, et plus
les théories sur les complots pullulent, deviennent de plus en
plus hystériques, de plus en plus délirantes, se
tordant de plus en plus dans des contradictions qui sont celles,
toutes réelles par contre, de la petite-bourgeoisie en prise
avec le grand capital avec comme conséquence la
prolétarisation tant redoutée.
Rien d'étonnant
ainsi à ce que Thierry Meyssan du réseau voltaire,
auteur du livre L'effroyable imposture concernant le 11 septembre, se
voit accusé de fréquenter des antisémites et des
nationalistes justement adeptes eux-aussi du thème du complot.
L'extrême-droite a
toujours su s'allier des gens de gauche anti-communiste prêts à
participer à la croisade contre les comploteurs.
Toute l'histoire du
négationnisme en France le prouve par ailleurs.
Lorsque Paul Rassinier,
l'un des tout premiers négationnistes, publie Passage de la
ligne, le Bulletin intérieur du Parti socialiste SFIO de
juin 1949 affirme tranquillement que Paul Rassinier s'est « attaché
à démontrer (...) que les horreurs dont [les camps] ont
été le théâtre sont autant le fait des
communistes que les SS » (cité dans Valérie
Igounet, Histoire du négationnisme en France, éditions
du Seuil).
En 1951 l'ouvrage
négationniste Le Mensonge d'Ulysse de Paul Rassinier est vendu
à l'entrée de la fête du journal Le Libertaire,
hebdomadaire de la Fédération Anarchiste, qui recense
également l'ouvrage.
Mais d'autres ont pu être
recruté sur la même thématique du complot.
Roger Garaudy, le
théoricien du « PCF » contre les maos, est par
exemple allé jusqu'au bout de son anticommunisme en embrassant
les religions, et tout en étant encore officiellement de
gauche, peut affirmer : « 95% des médias occidentaux
(sont) contrôlés par les sionistes » (Le Monde, 18
février 1998)
Il n'est pas étonnant
que suivant l'antisémitisme catholique français l'abbé
Pierre ait soutenu Garaudy. Pour l'antisémitisme catholique
français, les personnes d'origine juive c'est l'ancien
testament:
« Tout a commencé,
pour moi dans le choc horrible qui m'a saisi lorsqu'après des
années d'études théologiques, reprenant pour mon
compte un peu d'études bibliques, j'ai découvert le
livre de Josué. Déjà un trouble très
grave m'avait saisi en voyant, peu avant, Moïse apportant les "
Tables de la loi " qui enfin disaient : " Tu ne tueras pas
", voyant le Veau d'or, ordonner le massacre de 3 000 gens de
son peuple. Mais avec Josué je découvrais (certes
contés des siècles après l'événement),
comment se réalisa une véritable "Shoah " sur
toute vie existant sur la " Terre promise ". »
(Lettre à Garaudy, 15 avril 1996).
L'antisémitisme
est une idéologie allant de pair avec le délire sur le
complot.
Le négationnisme
n'est qu'un avatar de l'antisémitisme, cela se voit dès
le début de cette théorie quand on sait que pour les
négationnistes la Shoah a été un complot fait
par les communistes polonais, puis par les « Juifs ».
Selon Rassinier «
Il ne faut, en effet, pas oublier que c'est pour se procurer les
fonds nécessaires à l'édification de l'Etat
d'Israël (indemnisations allemandes proportionnées au
nombre de victimes juives) que le mensonge a été
commis. » (Paul Rassinier, Le drame des juifs européens,
éditions la vieille taupe, 1964).
La rationalité de
l'antisémitisme, ce qui le fait tenir, c'est le fait qu'il
prétende expliquer ce qui n'est apparemment pas
« explicable. »
La fonction de
l'antisémitisme répond ainsi à un besoin
essentiel de la petite-bourgeoisie.
Antisémitisme
et fascisme
L'antisémitisme ne
serait pas une idéologie ayant une si grande importance si il
n'était pas capable d'amener la mobilisation des masses.
L'antisémitisme
est largement utilisé par les réactionnaires pour se
prétendre révolutionnaire; en fait dans le système
de valeurs de l'antisémitisme, le « Juif » est
synonyme de la finance.
La finance internationale
est apatride, elle est toute-puissante et prend le contrôle de
tous les pays, etc.
Il n'est pas étonnant
aujourd'hui de voir les classes moyennes fantasmer sur l'Europe de
Bruxelles et d'associer à ces délires un discours
nationaliste, social-chauvin.
On comprend maintenant
pourquoi les fascistes allemands s'appelaient nationaux-socialistes :
ils opposaient le « travail allemand » au « libéralisme
juif ».
On comprend également
pourquoi l'idéologie nazie amenait à l'extermination
des personnes d'origine juive : l'extermination devait sauver le
capitalisme de son élément abstrait.
Cet élément
« abstrait », polluant le capitalisme et produisant la
lutte de classe, pour les nazis, ce sont les « Juifs. »
Là où les
communistes disent que l'aliénation provient de la coupure
entre travail manuel et travail intellectuel, villes et campagnes,
production et consommation, les nazis mobilisent dans une voie de
garage les masses en prétendant guérir les maux de la
société en liquidant la « source du mal. »
Le communisme parle de
classes, le fascisme parle de races.
Là où le
communisme dit : les valeurs sociales sont de plus en plus décadentes
car la bourgeoisie est réactionnaire, le fascisme dit : il y a
un élément abstrait qui pollue les valeurs.
Là où le
communisme dit : les travailleurs sont mal à l'aise car ils
produisent des biens mais ceux-ci deviennent des marchandises et leur
échappent, le fascisme dit : ce mal à l'aise provient
d'un problème dans la communauté.
Là où le
communisme dit: il faut s'approprier les marchandises et que tout
soit à tout le monde, le fascisme dit : « il faut
écraser la finance » pour très vite expliquer que
la finance, ce sont les « Juifs. »
L'idéologie
fasciste peut alors écraser tous les droits individuels, car
la communauté prime. Il faut que tous les éléments
de la communauté travaillent, répondent aux besoins de
l'accumulation capitaliste.
Pour comprendre le
fascisme il faut comprendre que les individus ne sont pas définis
statiquement, ni sociologiquement par leur classe, mais par leur
classe et le rapport de celle-ci avec les autres classes.
Ou comme Marx l'a formulé
dans les Thèses sur Feuerbach : « L'essence de l'homme
n'est pas une abstraction inhérente à l'individu isolé.
Dans sa réalité, elle est l'ensemble des rapports
sociaux. »
Cela est très
important pour comprendre le sens de l'antisémitisme dans
l'idéologie fasciste. Car dans la conception antisémite
la personne d'origine juive est un parasite.
Pour l'antisémite,
les personnes d'origine juive ne peuvent pas être des
prolétaires, ou des SDF. Elles sont forcément des
membres de la très haute bourgeoisie, celle de la finance, qui
est invisible, que l'on ne rencontre jamais.
Le « Juif »
est invisible, sauf lorsqu'il répond à une image
raciste précise : le Juif riche, le Juif avec une kippa. Mais
le « Juif » de tous les jours n'existe pas, il
est invisible.
Le slogan antisémite
français « Deauville, Sentier, territoires occupés
» reprend ce concept : le « Juif » est
ailleurs.
Le fascisme mobilise
d'autant plus s'il peut le faire contre un ennemi invisible, abstrait
: la lutte contre le complot a une image hyper révolutionnaire.
Pour combattre le
fascisme et l'antisémitisme, il faut donc être sur la
base de l'internationalisme prolétarien.
« Honte au tsarisme
maudit qui torturait et persécutait les juifs. Honte à
ceux qui sèment la haine contre les juifs, à ceux qui
sèment la haine contre les autres nations. Vivent la confiance
fraternelle et l'alliance de combat entre les ouvriers de toutes les
nations dans la lutte pour le renversement du capital.»
(Lénine, à propos des pogromes antijuif)
L'internationalisme
prolétarien signifie non pas abandonner les droits nationaux
mais les reconnaître et les subordonner à la question
sociale. C'est pourquoi l'Union Soviétique de Staline avait
reconnu la population juive comme « minorité nationale.
»
L'aspect secondaire
l'identité nationale est reconnue et placée à
côté de l'aspect principal : le statut de citoyen
soviétique.
La lutte contre le
fascisme nécessite des exigences démocratiques, même
si les communistes sont les seuls à pouvoir diriger ces
exigences.
La lutte contre
l'antisémitisme est une lutte démocratique, mais elle
ne peut être dirigée que par les révolutionnaires,
car si la fraternité a été développé
par la bourgeoisie contre le féodalisme, elle ne pourra être
appliqué réellement tant que subsistera le capitalisme.
Le capitalisme, c'est la
concurrence, et en même temps la nécessité pour
les classes dominantes de maintenir la cohésion sociale.
On ne peut pas comprendre
l'antisémitisme ni lutter contre lui sans voir la
signification du nationalisme, du syndicalisme corporatiste, de
l'idéologie fasciste.
Le fascisme, c'est le
retour aux formes barbares de l'humanité, où des petits
groupes d'êtres humains se rassemblaient et s'affrontaient les
uns les autres, chaque groupe étant guidé par un chef
sorti du lot pour être le plus « fort ».
La force était
systématiquement utilisé pour résoudre les «
problèmes » de l'organisation sociale, et la destruction
totale était une pratique courante.
Cette expérience
historique a laissé des traces profondes, en tant que culture
patriarcale dominante.
« Le chauvinisme
national et racial est une survivance des murs misanthropiques
propres à la période du cannibalisme. L'antisémitisme,
comme forme extrême du chauvinisme racial, est la survivance la
plus dangereuse du cannibalisme. » (Staline : réponse à
une question télégraphique de
l'Agence juive d'Amérique
sur l'antisémitisme, 12 janvier 1931)
Ainsi, on ne peut pas
comprendre l'antisémitisme sans combattre la nation et le
patriarcat.
L'antisémitisme va
toujours de pair avec une idéologie nationaliste et un culte
de la pratique violente, patriarcale.
La violence
révolutionnaire contre l'antisémitisme doit donc en
même temps s'appuyer sur l'internationalisme (contre la nation)
mais aussi unir les pratiques des hommes et des femmes, afin
d'arracher les dernières racines de l'antisémitisme et
du racisme en général.
Pour
le PCMLM, mai 2005.
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