Manuel
d'économie politique
maoïste
8.L'impérialisme,
stade suprême du capitalisme
Le passage à
l'impérialisme.
Le capitalisme prémonopoliste
avec la domination de la libre concurrence a atteint le point
culminant de son développement vers les années
1860-1870.
Au cours du dernier
tiers du dix-neuvième siècle s'est opéré
le passage du capitalisme prémonopoliste au capitalisme
monopoliste.
A la fin du dix-neuvième
et au début du vingtième siècle, le capitalisme
monopoliste s'est définitivement constitué.
Le capitalisme monopoliste
ou impérialisme est le stade suprême et ultime du
capitalisme, dont le trait distinctif essentiel est que la libre
concurrence fait place à la domination des monopoles.
Le passage du capitalisme
prémonopoliste au capitalisme monopoliste - à l'impérialisme
- a été préparé par tout le processus
de développement des forces productives et des rapports
de production de la société bourgeoise.
Le dernier tiers
du dix-neuvième siècle a été marqué
par de grandes transformations techniques, le progrès
de l'industrie et sa concentration.
Dans la métallurgie
se sont répandues largement de nouvelles méthodes
de production de l'acier (procédés Bessemer, Thomas,
Martin).
La diffusion rapide
des nouveaux types de moteurs - moteurs à combustion interne,
turbines à vapeur, moteurs électriques - a accéléré
le développement de l'industrie et des transports.
Les acquisitions
de la science et de la technique ont permis de produire l'énergie
électrique en grande quantité dans des centrales
thermiques, puis dans des centrales hydroélectriques de
grande puissance.
L'utilisation de
l'énergie électrique a amené la création
d'une série de nouvelles branches de l'industrie chimique
et de la métallurgie.
L'emploi des procédés
chimiques s'est étendu dans de nombreuses branches et
processus de production.
Le perfectionnement des moteurs à combustion interne a
contribué à l'apparition et à l'extension
des transports automobiles, et ensuite de l'aviation.
Vers le milieu du
dix-neuvième siècle, l'industrie légère
tient encore une place prédominante dans l'industrie des
pays capitalistes.
De nombreuses entreprises
d'importance relativement faible appartenaient à des propriétaires
individuels, la part des sociétés par actions était
relativement peu importante.
La crise économique
de 1873 a frappé à mort beaucoup de ces entreprises
et donné une impulsion vigoureuse à la concentration
et à la centralisation du capital.
Le rôle primordial
dans l'industrie des principaux pays capitalistes passa alors
à l'industrie lourde, avant tout à la métallurgie
et aux constructions mécaniques, de même qu'à
l'industrie minière extractive, dont le développement
nécessitait d'immenses capitaux.
La grande extension
des sociétés par actions a augmenté encore
la centralisation du capital.
Le volume de la
production industrielle mondiale a triplé de 1870 à
1900.
Au cours du dix-neuvième
siècle, le mode de production capitaliste s'est rapidement
étendu à tout le globe.
Vers 1870, le plus
vieux pays bourgeois - l'Angleterre - produisait encore plus
de tissus, de fonte et de charbon que les Etats-Unis d'Amérique,
l'Allemagne, la France, l'Italie, la Russie et le Japon réunis.
C'est l'Angleterre
qui se classait première dans la production industrielle
mondiale et détenait un monopole absolu sur le marché
mondial.
A la fin du dix-neuvième
siècle, la situation change radicalement.
Les pays capitalistes
neufs ont leur grande industrie.
Cela a fait perdre
à l'Angleterre la primauté industrielle et sa situation
de monopole sur le marché mondial.
Pour le volume de
la production industrielle, les Etats-Unis tiennent le premier
rang dans le monde, et l'Allemagne en Europe.
Au fur et à
mesure que l'on passe à l'impérialisme, les contradictions
entre les forces productives et les rapports de production du
capitalisme prennent des formes de plus en plus aiguës.
La subordination
de la production à la course des capitalistes au profit
maximum dresse de nombreuses barrières sur le chemin du
développement des forces productives.
Les crises économiques
de surproduction deviennent plus fréquentes, leur force
destructrice augmente, l'armée des chômeurs grandit.
Avec l'accroissement
de la misère et du dénuement des masses travailleuses
des villes et des campagnes, la richesse, accumulée entre
les mains d'une poignée d'exploiteurs, augmente comme
jamais auparavant.
L'aggravation des
contradictions de classes inconciliables entre la bourgeoisie
et le prolétariat aboutit au renforcement de la lutte
économique et politique de la classe ouvrière.
Lors du passage
à l'impérialisme, les plus grandes puissances capitalistes
se sont emparées, par la violence et la duperie, de vastes
possessions coloniales.
Les cercles dirigeants
des pays capitalistes développés ont transformé
la majorité de la population du globe en esclaves coloniaux,
qui haïssent leurs oppresseurs et se dressent pour lutter
contre eux.
Les conquêtes
coloniales ont élargi considérablement le champ
de l'exploitation capitaliste; en même temps le degré
d'exploitation des masses laborieuses ne cesse d'augmenter.
L'aggravation extrême
des contradictions du capitalisme trouve son expression dans
les guerres impérialistes dévastatrices, qui emportent
des multitudes de vies humaines et détruisent d'immenses
richesses matérielles.
Le mérite
historique de l'analyse marxiste de l'impérialisme, comme
stade suprême et ultime du développement du capitalisme
et comme prélude à la révolution socialiste
du prolétariat, appartient à Lénine.
Dans son ouvrage
classique L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme
et dans plusieurs autres écrits datant surtout des années
de la première guerre mondiale, Lénine a fait le
point du développement du capitalisme mondial au cours
du demi-siècle écoulé depuis la parution
du Capital de Marx.
S'appuyant sur les
lois découvertes par Marx et Engels sur la naissance,
le développement et la décadence du capitalisme,
Lénine a fait une analyse scientifique exhaustive de la
nature économique et politique de l'impérialisme,
de ses lois et de ses contradictions insolubles.
Suivant la définition
classique de Lénine les caractères économiques
fondamentaux de l'impérialisme sont :
1° Concentration
de la production et du capital parvenue à un degré
de développement si élevé, qu'elle a créé
les monopoles dont le rôle est décisif dans la vie
économique;
2° Fusion du
capital bancaire et du capital industriel et création,
sur la base de ce " capital financier ", d'une oligarchie
financière;
3° L'exportation
des capitaux, devenue particulièrement importante, prend
l'avantage sur l'exportation des marchandises;
4° Formation
d'unions internationales capitalistes monopoleuses se partageant
le monde
et
5° Achèvement
du partage territorial du globe par les plus grandes puissances
capitalistes.
(V. Lénine
: L'impérialisme, stade suprême du capitalisme)
La concentration
de la production et les monopoles. Les monopoles et la concurrence.
La libre concurrence
qui régnait au stade prémonopoliste du capitalisme
avait déterminé un processus rapide de concentration
de la production dans des entreprises de plus en plus grandes.
L'action de la loi
de la concentration et de la centralisation du capital a amené
infailliblement la victoire des grandes, et des très grandes
entreprises, à côté desquelles les entreprises
petites et moyennes jouent un rôle de plus en plus subalterne.
A son tour la concentration
de la production a préparé le passage du règne
de la libre concurrence à la domination des monopoles,
qui anéantissent la liberté de la concurrence et
en même temps rendent la lutte pour la concurrence dans
le monde capitaliste particulièrement acharnée
et dévastatrice.
La concentration
de la production est plus rapide dans l'industrie lourde et dans
les nouvelles branches d'industrie (produits chimiques, électrotechnique,
automobile, etc.) ; elle est plus lente dans l'industrie légère
qui, dans tous les pays capitalistes, compte de nombreuses entreprises
petites et moyennes.
Une des formes de
la concentration de la production est la forme combinée,
c'est-à-dire la réunion dans une seule entreprise
de plusieurs branches de la production, qui ou bien constituent
des stades successifs de la transformation de la matière
brute (par exemple, les combinats métallurgiques comprenant
l'extraction des minerais, la coulée de la fonte et de
l'acier, le laminage), ou bien jouent un rôle auxiliaire
les unes par rapport aux autres (par exemple, l'utilisation des
déchets de la production).
La forme combinée
donne aux grandes entreprises un avantage encore plus important
dans la concurrence.
A un certain degré de son développement, la concentration
de la production conduit tout droit au monopole.
Il est plus facile
a quelques dizaines d'entreprises géantes de parvenir
à un accord entre elles qu'à des centaines et des
milliers de petites entreprises.
D'autre part, dans
la lutte pour la concurrence entre les plus grandes entreprises,
celles qui l'emportent sont les entreprises géantes qui
disposent de masses énormes de profit, et c'est le monopole
qui assure le profit élevé.
Ainsi, la libre
concurrence fait place au monopole.
C'est l'essence
économique de l'impérialisme.
La formation du
monopole qu'entraîne la concentration de la production
est une loi au stade actuel du développement du capitalisme.
Le monopole est
une entente ou une union de capitalistes qui concentrent entre
leurs mains la production et l'écoulement d'une partie
considérable de la production d'une ou de plusieurs branches
d'industrie, en vue de fixer des prix élevés sur
les marchandises et de s'attribuer un profit élevé
de monopole.
Les monopoles peuvent
être constitués parfois par certaines très
grandes firmes particulières qui occupent une position
dominante dans une branche particulière de la production.
Les accords à court terme sur les prix de vente sont les
formes les plus simples du monopole.
Ils ont des appellations
différentes : conventions, corners, rings, etc. Les formes
plus développées du monopole sont les cartels,
les syndicats, les trusts et les consortiums.
Le cartel est une
union monopoliste dont les membres se concertent sur les conditions
de vente, les délais de paiement, se partagent les débouchés,
déterminent en quantité de marchandises à
produire, fixent les prix.
La quantité
de marchandises que chacun des participants d'un cartel est en
droit de produire et de vendre, s'appelle la quote-part; en cas
de non-observation de la quote-part, une amende est versée
à la caisse du cartel.
Le syndicat est
une organisation monopoliste dans laquelle la vente des marchandises,
et parfois aussi l'achat des matières premières
s'effectuent par un comptoir commun.
Le trust est un
monopole dans lequel la propriété de toutes les
entreprises est réunie, et leurs propriétaires
sont devenus des actionnaires percevant un dividende au prorata
du nombre des parts ou des actions qui leur appartiennent.
A la tête
du trust, se trouve un conseil d'administration qui dirige l'ensemble
de la production, l'écoulement des articles fabriqués
et les finances des entreprises antérieurement indépendantes.
Les trusts font
souvent partie de groupements plus vastes, dits consortiums.
Le consortium groupe
plusieurs entreprises de diverses branches d'industrie, des firmes
commerciales, des banques, des compagnies de transports et d'assurances,
sur la base d'une dépendance financière commune
par rapport à un groupe déterminé de gros
capitalistes.
Les monopoles occupent
les postes de commande de l'économie des pays capitalistes.
Ils englobent l'industrie
lourde, ainsi que de nombreuses branches de l'industrie légère,
les transports par fer et par eau, les assurances, le commerce
intérieur et extérieur, les banques; ils exercent
leur domination sur l'agriculture.
Malgré le
rôle dominant des monopoles, il subsiste de nombreuses
entreprises moyennes et petites, ainsi qu'une masse de petits
producteurs, paysans et artisans", dans tous les pays capitalistes.
Le monopole, qui
se crée dans une série de branches de l'industrie,
accentue le chaos propre à l'ensemble de l'économie
capitaliste.
...Les monopoles
n'éliminent pas la libre concurrence, dont ils sont issus;
ils existent au-dessus et à côté d'elle,
engendrant ainsi des contradictions particulièrement aiguës
et violentes, des frictions, des conflits.
(V. Lénine : L'impérialisme, stade suprême
du capitalisme)
Premièrement,
la concurrence subsiste à l'intérieur des monopoles.
Les membres des
syndicats et des cartels luttent entre eux pour des débouchés
plus avantageux, pour une plus grande quote-part dans la production
et la vente.
Dans les trusts
et les consortiums, la lutte se poursuit pour les postes de direction,
pour le contrôle de l'affaire, pour la répartition
des profits.
Deuxièmement,
la concurrence a lieu entre les monopoles : tant entre les monopoles
d'une même branche d'industrie qu'entre ceux des différentes
branches qui s'approvisionnent en marchandises les unes les autres
(par exemple, les trusts de l'acier et de l'automobile) ou qui
produisent des marchandises susceptibles de se remplacer les
unes les autres.
Etant donné
la capacité restreinte du marché intérieur,
les monopoles produisant les objets de consommation, se font
une guerre à outrance pour l'écoulement de leurs
marchandises.
Troisièmement,
la concurrence a lieu entre les monopoles et les entreprises
non monopolisées.
Les branches d'industrie
monopolisées se trouvent dans une situation privilégiée
par rapport aux autres branches.
Les monopoles prennent
toutes mesures utiles pour étouffer les entreprises "
à la marge ", les " outsiders ", qui ne
font pas partie des groupements monopolistes.
La domination des
monopoles confère à la concurrence un caractère
particulièrement destructeur et rapace.
Les monopoles pour
étouffer l'adversaire mettent en jeu tous les procédés
possibles de violence directe, de corruption et de chantage;
ils recourent aux machinations financières les plus compliquées
et utilisent largement l'appareil d'Etat.
La domination des
monopoles entraîne une socialisation plus poussée
de la production.
Mais les fruits
de cette socialisation reviennent à un petit nombre de
monopoles, dont le joug sur le reste de la population devient
particulièrement lourd.
C'est l'aggravation
continue de la contradiction fondamentale du capitalisme - celle
qui existe entre le caractère social de la production
et la forme privée de l'appropriation capitaliste; aussi
les crises deviennent-elles encore plus dévastatrices.
La concentration
et les monopoles dans les banques. Le nouveau rôle des
banques.
On ne saurait avoir
une idée suffisamment complète de la puissance
et de l'importance réelles des monopoles actuels, si l'on
ne tient pas compte du rôle que jouent les banques.
Là, de même
que dans l'industrie, il y a concentration du capital et passage
de la libre concurrence au monopole.
Au début, les banques servaient principalement d'intermédiaire
dans les paiements.
Avec le développement
du capitalisme, s'accroît l'activité des banques
en tant que marchands de capitaux.
L'accumulation du
capital et la concentration de la production dans l'industrie
ont amené la concentration dans les banques d'énormes
fonds disponibles qui cherchent un emploi lucratif.
La part des grandes
banques dans la masse globale des chiffres d'affaires bancaires
n'a cessé de croître.
Dans le système
bancaire, de même que dans l'industrie, la concentration
conduit au monopole.
Les plus grandes
banques, en accaparant les actions, en consentant des crédits,
etc. mettent la main sur les petites.
Détenant
une situation de monopole, les grosses banques passent entre
elles des accords pour le partage des zones d'influence.
Il se crée
des unions monopolistes de banques.
Chacune de ces unions
contrôle des dizaines et parfois des centaines de banques
moins importantes qui deviennent, de fait, leurs filiales.
Un réseau
serré de succursales permet aux grandes banques de réunir
dans leurs caisses les fonds d'un grand nombre d'entreprises.
Presque tout le
capital-argent de la classe capitaliste et les épargnes
des autres couches de la population sont à la disposition
de petits groupes de brasseurs d'affaires des banques.
La concentration
de l'industrie et la constitution des monopoles bancaires amènent
une modification radicale des rapports entre les banques et l'industrie.
Avec l'agrandissement
des entreprises, une importance sans cesse accrue s'attache aux
gros crédits à long terme que les banques consentent
aux capitalistes industriels.
L'accroissement
de la masse des dépôts dont disposent les banques
ouvre de larges possibilités pour le placement à
long terme des fonds bancaires dans l'industrie.
La forme la plus
répandue de l'investissement des fonds bancaires dans
l'industrie est l'achat d'actions de telles ou telles entreprises.
Les banques contribuent
à la formation d'entreprises par actions en se chargeant
de la réorganisation des entreprises capitalistes isolées
en sociétés par actions, ainsi que de la création
de nouvelles sociétés par actions.
La vente et l'achat
des actions se font de plus en plus par l'intermédiaire
des banques.
Les intérêts
des banques et des entreprises industrielles s'entremêlent
de plus en plus étroitement.
Lorsqu'une banque
consent des avances à plusieurs grandes entreprises d'une
branche d'industrie donnée, elle a intérêt
à une entente monopoliste entre elles et elle y contribue.
C'est ainsi que les banques renforcent et accélèrent
le processus de concentration du capital et la formation des
monopoles.
La transformation
des banques, de modestes intermédiaires en une poignée
de monopoles tout-puissants, constitue l'un des processus fondamentaux
de la transformation du capitalisme de l'époque de la
libre concurrence en capitalisme monopoliste.
Le capital financier
et l'oligarchie financière.
Lorsque les banques
deviennent copropriétaires d'entreprises industrielles,
commerciales et de transport, en achetant leurs actions et obligations,
et que les monopoles industriels possèdent, de leur côté,
des actions des banques qui sont liées aux entreprises
en question, cette interpénétration de capitaux
bancaires monopolistes et de capitaux industriels monopolistes
donne naissance à une nouvelle forme de capital, le capital
financier.
Le capital financier
est le capital fusionné des monopoles bancaires et industriels.
L'époque
de l'impérialisme est celle du capital financier.
Définissant
le capital financier, Lénine en a souligné trois
aspects importants :
Concentration de
la production avec, comme conséquence, les monopoles,
fusion ou interpénétration des banques et de l'industrie,
voilà l'histoire de la formation du capital financier
et le contenu de cette notion.
(V. Lénine : L'impérialisme, stade suprême
du capitalisme)
La fusion du capital
bancaire et du capital industriel apparaît nettement dans
l'union personnelle des dirigeants des monopoles bancaires et
industriels.
Les mêmes
personnes sont à la tête des plus grands groupements
monopolistes du système bancaire, de l'industrie, du commerce
et des autres branches de l'économie capitaliste.
Dans chaque pays
capitaliste, des groupes peu nombreux de grands banquiers et
d'industriels monopolistes détiennent toutes les branches
vitales de l'économie, disposant à leur gré
de l'immense masse des richesses sociales.
L'activité
des monopoles capitalistes devient inéluctablement la
domination d'une oligarchie financière (le mot oligarchie
signifie littéralement " domination d'un petit nombre
").
L'impérialisme
est caractérisé par la toute-puissance des trusts
et des syndicats mono polistes, des banques et de l'oligarchie
financière dans les pays capitalistes développés.
La domination de
l'oligarchie financière dans le domaine économique
s'exerce tout d'abord par ce qu'on appelle le " système
de participation. "
Il consiste en ce
qu'un grand financier ou un groupe de brasseurs d'affaires a
en main la principale société par actions (la "
société-mère "), qui est à la
tête du consortium ; cette société, grâce
aux actions qu'elle possède (participation de contrôle),
exerce à son tour sa domination sur les " sociétés
filiales " qui en dépendent; celles-ci font la loi
à leur tour dans leurs " sociétés-filiales
", etc.
Au moyen de ce système,
les brasseurs d'affaires de la finance ont la possibilité
de disposer d'immenses sommes de capitaux appartenant à
d'autres personnes.
L'oligarchie financière,
qui jouit d'un monopole de fait, réalise des profits exorbitants
provenant de la fondation de sociétés par actions,
de l'émission d'actions et d'obligations, du placement
des emprunts d'Etat, de commandes avantageuses de l'Etat.
Le capital financier,
concentré entre les mains d'un petit nombre, lève
un tribut toujours croissant sur la société.
L'oligarchie financière a également la haute main
sur le domaine politique.
La politique intérieure
et extérieure des Etats bourgeois est subordonnée
aux intérêts cupides des plus grands monopoles.
L'exportation
des capitaux.
L'exportation des
marchandises était caractéristique du capitalisme
prémonopoliste, sous le règne de la libre concurrence.
La capitalisme impérialiste,
sous le règne des monopoles, est caractérisé
par l'exportation des capitaux.
L'exportation des
capitaux à l'étranger se fait en vue d'obtenir
le profit maximum.
Elle présente
deux formes essentielles : ou bien consentement d'emprunts aux
gouvernements, villes ou banques d'autres pays, ou bien création
à l'étranger d'entreprises industrielles, commerciales
ou bancaires, concessions, construction de voies ferrées,
et aussi le rachat à vil prix d'entreprises existantes
dans des pays affaiblis (par exemple à la suite d'une
guerre).
L'exportation des
capitaux est déterminée, premièrement, par
la domination des monopoles dans tous les pays capitalistes développés
et, deuxièmement, par la situation de monopole qu'occupe
le petit nombre des pays les plus riches, où l'accumulation
des capitaux est immense.
Dans ces pays, au
seuil du vingtième siècle, il s'est formé
un vaste " excédent de capitaux. "
L'" excédent
de capitaux " dans les pays capitalistes développés
a un caractère relatif, car dans ces pays le bas niveau
de vie des masses dresse des obstacles au développement
de la production, accentue le retard de l'agriculture sur l'industrie
et, d'une façon générale, l'inégalité
du développement des différentes branches de l'économie.
Si le capitalisme
pouvait relever l'agriculture, améliorer le niveau de
vie des masses travailleuses, il ne saurait être question
d'" excédent de capitaux. "
Mais alors le capitalisme
ne serait point le capitalisme, car l'inégalité
de développement et la sous-alimentation des masses de
la population sont les conditions essentielles et préalables
de ce mode de production.
La nécessité
de l'exportation des capitaux est due à la " maturité
excessive " du capitalisme dans certains pays où
les placements " avantageux " (l'agriculture étant
arriérée et les masses misérables) font
défaut au capital.
(V. Lénine : L'impérialisme, stade suprême
du capitalisme)
Dans sa course au
profit maximum, le capital " excédentaire "
se déverse à l'étranger.
Il est exporté
principalement vers les pays retardataires, dans lesquels les
capitaux sont peu nombreux, les salaires bas, les matières
premières bon marché, le prix de la terre relativement
peu élevé.
Dans ces pays, la
possibilité s'offre au capital monopoliste de toucher,
et il les touche effectivement, des profits énormes.
L'exportation des
capitaux est étroitement rattachée au développement
de l'exportation des marchandises : les monopoles qui exportent
des capitaux ont l'habitude d'imposer au pays débiteur
leurs marchandises à des conditions avantageuses pour
eux.
Les monopoles étrangers
s'emparent des débouchés et des sources de matières
premières dans les pays débiteurs.
Outre les pays retardataires,
le capital est exporté aussi dans les pays industriels
développés.
Cela a lieu pendant
les périodes de développement rapide de ces pays,
qui exigent un afflux de capitaux venant du dehors (par exemple,
aux Etats-Unis avant la première guerre mondiale), ou
bien dans une période d'affaiblissement dû à
la guerre (l'Allemagne après la première guerre
mondiale, les pays capitalistes d'Europe occidentale après
la deuxième guerre mondiale).
Les économistes
et les hommes politiques bourgeois présentent l'exportation
des capitaux comme une " aide " et un " bienfait
" qu'apporteraient les pays capitalistes développés
aux peuples retardataires.
En réalité,
l'exportation des capitaux, tout en accélérant
le développement des rapports capitalistes dans les pays
retardataires, conduit en même temps à l'asservissement
et au pillage systématique de ces pays par les monopoles
étrangers.
L'exportation des
capitaux constitue une des bases du système de l'oppression
impérialiste, dans lequel de riches pays-usuriers exploitent
une grande partie du globe.
Par suite de l'exportation
des capitaux, le monde est partagé en une poignée
d'Etats-usuriers et une immense majorité d'Etats-débiteurs.
L'exportation des
capitaux a de graves conséquences pour les pays. D'une
part, les pays en question multiplient leurs richesses et renforcent
leur position sur le marché mondial.
Il leur arrive du
dehors un afflux constant de plus-value sous forme d'intérêts
sur les emprunts ou de profit provenant de leurs entreprises
à l'étranger.
D'autre part, il
se produit souvent une stagnation de l'industrie du pays exportateur
de capitaux.
Un des résultats
les plus importants de l'exportation des capitaux est l'accentuation
de la rivalité entre les puissances, la lutte pour les
sphères d'investissement des capitaux les plus avantageuses.
Le partage économique
du monde entre les unions de capitalistes. Les monopoles internationaux.
A mesure que se
développe l'exportation des capitaux et que s'étendent
les liens et les " zones d'influence " des plus grands
monopoles, des conditions favorables se créent pour le
partage du marché mondial entre eux.
Il se constitue
des monopoles internationaux.
Les monopoles internationaux
sont des ententes entre les plus gros monopoles des différents
pays pour le partage des marchés, la politique des prix,
le volume de la production.
La formation des
monopoles internationaux marque un degré nouveau, infiniment
plus élevé que les précédents, de
la concentration de la production et du capital.
Beaucoup de monopoles
internationaux sont créés avec la participation
effective des Etats capitalistes, et ils sont l'un des moyens
essentiels de leur expansion économique.
Les défenseurs
des monopoles internationaux s'attachent à les présenter
comme un instrument de paix, en prétendant que les ententes
internationales des monopolistes peuvent par des moyens pacifiques
régler les contradictions qui surgissent entre les groupes
et les pays impérialistes.
Ces affirmations
sont tout à fait contraires à la réalité.
En effet, le partage
économique du monde par les monopoles internationaux se
fait en fonction de la puissance des parties engagées;
or la puissance des différents groupes monopolistes varie.
Chacun d'eux poursuit
une lutte incessante pour l'augmentation de sa part, pour l'élargissement
de sa sphère d'exploitation monopoliste.
Les changements
dans le rapport des forces entraînent inévitablement
l'accentuation de la lutte pour un nouveau partage des marchés,
l'aggravation des contradictions entre les divers groupes et
les Etats qui les soutiennent.
Les ententes monopolistes
internationales se distinguent par leur fragilité et recèlent
une source de conflits inéluctables.
L'achèvement du partage territorial du globe entre les
grandes puissances et la lutte pour un nouveau partage.
Parallèlement
au partage économique du monde entre les groupements de
capitalistes et en liaison avec ce partage, on assiste au partage
territorial du globe entre les Etats bourgeois, à la lutte
pour la mainmise sur les terres d'autrui et pour les colonies
et les semi-colonies.
Les colonies sont
des pays dépourvus d'indépendance nationale; elles
sont les possessions d'Etats-métropoles impérialistes.
On appelle semi-colonies
des pays sous-développés, en butte à l'exploitation
coloniale de puissances impérialistes, sous la dépendance
économique et politique desquelles ils se trouvent, tout
en conservant une indépendance formelle. C'est la situation
des pays où vit l'écrasante majorité de
la population mondiale.
A côté
des colonies et des semi-colonies, il existe à l'époque
de l'impérialisme divers types de pays dépendants,
dont le degré de dépendance est différent
et est sujet à toutes sortes de variations.
Caractéristiques
pour l'époque ne sont pas seulement les deux groupes principaux
de pays : possesseurs de colonies et pays coloniaux, mais encore
les formes variées de pays dépendants qui, nominalement,
jouissent de l'indépendance politique, mais qui en réalité,
sont pris dans les filets d'une dépendance financière
et diplomatique.
(V. Lénine : L'impérialisme, stade suprême
du capitalisme)
Les défenseurs
de la bourgeoisie présentent la domination impérialiste
sur les colonies comme une " mission civilisatrice",
ayant soi-disant pour objet d'amener les peuples retardataires
sur la voie du progrès et d'un développement autonome.
En réalité,
l'impérialisme voue les pays coloniaux et dépendants
au retard économique, et les centaines de millions d'habitants
de ces pays à une oppression et à une servitude
sans nom, à la privation de droits et à la misère,
à la famine et à l'ignorance.
La mainmise des
impérialistes sur les colonies entraîne un accroissement
sans précédent de l'oppression nationale et de
la discrimination raciale.
Selon la définition
de Lénine, le capitalisme, de libérateur des nations
qu'il était dans la période de lutte contre le
féodalisme, est devenu, au stade de l'impérialisme,
un monstrueux oppresseur des nations.
Les impérialistes
établissent et maintiennent leur pouvoir sur les colonies
en recourant aux mensonges et à la violence, en utilisant
la supériorité de leur matériel de guerre.
L'histoire de la
politique coloniale présente une chaîne ininterrompue
de guerres de conquête et d'expéditions punitives
contre les peuples asservis, ainsi que de conflits sanglants
entre les pays possesseurs de colonies.
Lénine qualifiait la guerre des Etats-Unis contre l'Espagne
en 1898 de première guerre de type impérialiste,
marquant le début de l'époque des guerres impérialistes.
Au début
du vingtième siècle, le partage du globe était
achevé. La politique coloniale des pays capitalistes avait
amené la conquête de toutes les terres qui n'étaient
pas encore occupées par les impérialistes.
Il ne restait plus
de terres " vacantes ", et la situation était
telle que chaque nouvelle conquête supposait que le possesseur
était dépouillé de son territoire.
L'achèvement
du partage du monde a mis à l'ordre du jour la lutte pour
un nouveau partage.
La lutte pour un
nouveau partage du monde déjà entièrement
partagé est l'un des principaux traits distinctifs du
capitalisme monopoliste.
Cette lutte dégénère
en définitive en une lutte pour la domination mondiale
et entraîne infailliblement des guerres impérialistes
à l'échelle mondiale.
Les guerres impérialistes
et la course aux armements causent aux peuples des pays capitalistes
d'énormes privations et coûtent des millions de
vies humaines.
En même temps,
les guerres et la militarisation de l'économie constituent
pour les monopoles une source de profits particulièrement
élevés.
La loi économique
fondamentale du capitalisme monopoliste.
Comme on l'a déjà
dit, l'essence économique de l'impérialisme consiste
à substituer la domination des monopoles à la libre
concurrence.
Les monopoles qui
fixent des prix de monopole se proposent, selon la définition
de Lénine, d'obtenir des profits élevés
de monopole qui dépassent sensiblement le profit moyen.
L'obtention de ces
profits par les monopoles découle de la nature même
de l'impérialisme; elle résulte d'une exploitation
inouïe de la classe ouvrière par les monopoles, du
dépouillement de la paysannerie et des autres petits producteurs,
de l'exportation des capitaux vers les pays retardataires qui
sont saignés à blanc, des conquêtes coloniales
et des guerres impérialistes, véritable mine d'or
pour les monopoles.
Dans ceux de ses
ouvrages où Lénine s'attache à analyser
l'essence économique et politique de l'impérialisme,
sont exposées les thèses initiales de la loi économique
fondamentale du capitalisme monopoliste.
Partant de ces thèses
fondamentales de Lénine, Staline a formulé la loi
économique fondamentale du capitalisme actuel.
Les principaux traits
et exigences de la loi économique fondamentale du capitalisme
monopoliste consistent en ceci :
assurer le profit
capitaliste maximum par l'exploitation, la ruine et l'appauvrissement
de la majorité de la population d'un pays donné,
par l'asservissement et le pillage systématique des peuples
des autres pays, surtout des pays arriérés, et
enfin par les guerres et la militarisation de l'économie
nationale utilisées pour assurer les profits les plus
élevés.
(J. Staline : Les problèmes économiques du socialisme
en U.R.S.S.)
Ainsi, la loi économique
fondamentale du capitalisme - la loi de la plus-value - poursuit
sous l'impérialisme son développement et sa concrétisation.
Sous le régime
du capitalisme prémonopoliste, la libre concurrence aboutissait
à une égalisation du taux de profit des capitalistes;
c'était le règne de la loi du taux moyen du profit.
Dans le cadre de
l'impérialisme, les monopoles s'assurent un profit élevé
de monopole, le profit maximum.
C'est lui le moteur
du capitalisme monopoliste.
Au stade du capitalisme
monopoliste aussi il y a transfert de capitaux de certaines branches
dans d'autres et tendance à l'égalisation des profits.
Mais cette tendance
se heurte à l'action de la loi économique fondamentale
du capitalisme monopoliste, la loi du profit capitaliste maximum.
A l'époque
de l'impérialisme, dans les branches monopolisées,
les marchandises sont vendues essentiellement à des prix
de monopole, qui sont supérieurs aux prix de production
et qui assurent le profit élevé de monopole, tandis
que dans les branches non monopolisées, les marchandises
sont souvent vendues à des prix inférieurs aux
prix de production, ce qui ne procure même pas aux entrepreneurs
le profit moyen.
Les conditions objectives
pour réaliser le profit maximum sont créées
par l'établissement de la domination des monopoles dans
telles ou telles branches de la production.
Au stade de l'impérialisme,
la concentration et la centralisation des capitaux atteignent
le plus haut degré. De ce fait, l'élargissement
de la production nécessite d'immenses investissements
de capitaux.
D'autre part, en
période de capitalisme monopoliste, la concurrence se
poursuit avec acharnement entre des entreprises géantes.
De cette lutte sortent victorieux les monopoles les plus forts
qui disposent d'immenses capitaux et touchent le profit maximum.
Grâce à
ces immenses profits, la possibilité s'offre aux monopoles
d'assurer leur domination dans le monde capitaliste.
La course des monopoles
au profit maximum accentue à l'extrême toutes les
contradictions du capitalisme.
La base générale
du profit maximum des monopoles capitalistes, comme de tout profit
capitaliste, est la plus-value extorquée aux ouvriers
exploités dans le cours de la production.
Les monopoles poussent
à l'extrême l'exploitation de la classe ouvrière.
En appliquant des
systèmes de surmenage de toute sorte dans l'organisation
et la rémunération du travail, ils arrivent à
une intensification du travail exténuante, qui a pour
effet tout d'abord d'augmenter énormément le taux
et la masse de la plus-value extorquée aux ouvriers.
Ensuite, l'intensification
du travail a pour résultat qu'un nombre considérable
d'ouvriers excédentaires va grossir l'armée des
chômeurs et n'a plus aucun espoir de retrouver un emploi
dans la production.
Les entreprises
jettent dehors aussi tous les ouvriers qui ne peuvent résister
à l'accélération excessive des procédés
de fabrication.
D'autre part, le
salaire réel est en baisse par suite du renchérissement
de la vie et du poids croissant des charges fiscales.
A l'époque
de l'impérialisme, l'écart entre le salaire de
l'ouvrier et le prix de sa force de travail s'élargit
encore davantage.
Cela signifie que
la loi générale de l'accumulation capitaliste,
qui détermine la paupérisation relative et absolue
du prolétariat, renforce son action.
L'exploitation accrue
de la classe ouvrière au cours de la production se double
de la spoliation des travailleurs en tant que consommateurs;
les ouvriers sont forcés de payer en supplément
des sommes importantes aux monopoles qui fixent des prix de monopole
élevés sur les marchandises qu'ils produisent et
vendent.
Dans le cadre du
capitalisme monopoliste, les marchandises fabriquées par
les monopoles ne sont plus vendues au prix de production, mais
à des prix sensiblement plus élevés, à
des prix de monopole.
Cependant le prix
de monopole, comme Marx l'indiquait déjà, ne peut
supprimer les limites déterminées par la valeur
des marchandises.
Le niveau élevé
des prix de monopole ne modifie pas la somme totale de la valeur
et de la plus-value produites dans l'économie capitaliste
mondiale.
Une des sources
du profit maximum, que touchent les monopoles, est la redistribution
de la plus-value, qui a pour résultat une baisse sensible
du niveau du profit des entreprises non monopolisées.
En maintenant les
prix à un niveau plus élevé que celui de
la valeur des marchandises, les monopoles s'approprient le fruit
de la productivité croissante du travail et de la baisse
des frais de production.
Ce qui est un gain
pour les monopoles est une perte pour les ouvriers, les petits
producteurs, la population des pays dépendants.
Un instrument important
du gonflement des prix de monopole est la politique douanière
des Etats bourgeois.
A l'époque
de la libre concurrence, c'étaient surtout les pays faibles,
dont l'industrie avait besoin de se préserver de la concurrence
étrangère, qui recouraient aux droits de douane
élevés.
A l'époque
de l'impérialisme, au contraire, les droits élevés
sont pour les monopoles un moyen d'attaque, de lutte pour s'emparer
de nouveaux débouchés.
Les droits de douane
élevés permettent de maintenir les prix de monopole
à l'intérieur du pays.
Afin de conquérir
de nouveaux marchés extérieurs, les monopoles pratiquent
largement le dumping, c'est-à-dire la vente des marchandises
à l'étranger a vil prix, sensiblement au-dessous
des prix du marché intérieur, souvent même
au-dessous des frais de production.
L'extension de la
vente à l'étranger, grâce au dumping, permet
de maintenir les prix élevés à l'intérieur
du pays sans réduire la production, et les pertes causées
par l'exportation de dumping sont couvertes en augmentant les
prix sur le marché intérieur.
Après avoir
conquis un marché extérieur donné les monopoles
y procèdent à la vente des marchandises à
des prix de monopole.
L'exploitation des
masses essentielles de la paysannerie par les monopoles se traduit
tout d'abord par le fait que la domination de ces derniers engendre
un écart croissant entre les prix des denrées agricoles
et ceux des marchandises industrielles ; c'est ce qu'on appelle
les " ciseaux " des prix : tout en écoulant
leurs marchandises à des prix gonflés, les monopoles
accaparent les produits des paysans à des prix réduits
(bas prix d'achat de monopole).
Instrument servant
à extorquer les ressources financières de l'économie
rurale, les prix de monopole en entravent le développement.
Un des leviers les
plus puissants, destiné à ruiner les exploitations
paysannes, est le crédit hypothécaire.
Les monopoles accablent les paysans de dettes pour, ensuite,
s'approprier à vil prix leur terre et leurs biens.
L'achat par les
monopoles des produits des exploitations paysannes à des
prix très bas, ne signifie nullement que le consommateur
des villes bénéficie de vivres à bon marché.
Entre le paysan
et le consommateur urbain se trouvent des intermédiaires,
marchands groupés dans des organisations monopolistes,
qui ruinent les paysans et écorchent les consommateurs
de la ville.
Ensuite, une source
du profit maximum pour les monopoles est l'asservissement et
le pillage des pays économiquement retardataires et dépendants
par la bourgeoisie des Etats impérialistes.
Le pillage systématique
des colonies et des autres pays retardataires, la transformation
d'une série de pays indépendants en pays dépendants
constitue un trait inaliénable du capitalisme monopoliste.
L'impérialisme
ne peut vivre ni se développer sans l'afflux ininterrompu
du tribut prélevé sur les pays étrangers.
Les monopoles tirent
des revenus considérables tout d'abord de leurs investissements
de capitaux dans les pays coloniaux et dépendants.
Ces revenus sont
le résultat de l'exploitation la plus féroce et
la plus inhumaine des masses laborieuses du monde colonial.
Les monopoles s'enrichissent
grâce à des échanges non équivalents,
c'est-à-dire par la vente dans les pays coloniaux et dépendants
de leurs marchandises à des prix qui dépassent
notablement leur valeur, et par achat des marchandises produites
dans ces pays à des prix excessivement bas, qui ne couvrent
pas leur valeur.
Parallèlement,
les monopoles touchent dans les colonies des profits élevés
sur les opérations de transport, d'assurance et de banque.
Enfin, les guerres
et la militarisation de l'économie sont un des moyens
de garantir les profits maximums des monopoles.
Les guerres enrichissent
démesurément les magnats du capital financier,
qui, dans les intervalles entre les guerres, s'attachent à
maintenir le niveau élevé de leurs profits grâce
à une course effrénée aux armements.
Les guerres et la
militarisation de l'économie apportent aux monopolistes
de riches commandes militaires, payées par le Trésor
à des prix exorbitants, une abondance de prêts et
de subventions prélevés sur le budget de l'Etat.
En temps de guerre
toutes les lois sur le travail sont abolies, les ouvriers sont
déclarés mobilisés, les grèves sont
interdites.
Tout cela permet
aux capitalistes d'élever le degré d'exploitation
en intensifiant systématiquement le travail.
En même temps,
le niveau de vie des masses laborieuses décroît
par suite de l'accroissement des impôts et de la vie chère.
Ainsi, la militarisation
de l'économie capitaliste, en temps de guerre comme en
temps de paix, se traduit par l'exploitation accrue des masses
laborieuses dans l'intérêt de l'accroissement du
profit maximum des monopoles.
La loi économique
fondamentale du capitalisme actuel, qui détermine tout
le cours du développement du capitalisme à son
stade impérialiste, permet de comprendre et d'expliquer
l'inéluctabilité de la montée et de l'aggravation
des contradictions insolubles qui lui sont inhérentes.
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