Manuel
d'économie politique
maoïste
9.La place historique
de l'impérialisme
L'impérialisme,
dernier stade du capitalisme
Déterminant
la place historique de l'impérialisme par rapport au capitalisme
en général, Lénine écrivait :
L'impérialisme
est un stade historique particulier du capitalisme.
Cette particularité est de trois ordres : l'impérialisme
est
1° le capitalisme monopoliste;
2° le capitalisme parasite ou pourrissant; 3° le capitalisme
agonisant.
Le capitalisme monopoliste
n'élimine pas et ne peut pas éliminer les fondements
de l'ancien capitalisme. Il apparaît dans un certain sens
comme une superstructure de l'ancien capitalisme prémonopoliste.
De même qu'il
n'y a pas et qu'il ne peut y avoir de "capitalisme pur ",
de même l'existence d'un " impérialisme pur
" est inconcevable.
Même dans
les pays les plus développés, il existe, à
côté des monopoles, une multitude de petites et
moyennes entreprises, notamment dans l'industrie légère,
dans l'agriculture, dans le commerce et d'autres branches de
l'économie.
Dans presque tous
les pays capitalistes, une partie importante de la population
est constituée par la paysannerie qui, dans sa grande
masse, se livre à la production marchande simple.
Dans les pays coloniaux
et semi-coloniaux l'oppression impérialiste s'enchevêtre
avec des formes d'exploitation précapitalistes, en particulier
avec des formes féodales.
Un trait essentiel
de l'impérialisme est que les monopoles existent parallèlement
au marché, à la concurrence, aux crises.
Comme l'impérialisme
est le prolongement et le développement des particularités
essentielles du capitalisme, à son stade monopoliste les
lois économiques du capitalisme en général
restent en vigueur.
Mais avec la modification
des conditions économiques, avec l'aggravation extrême
de toutes les contradictions du capitalisme, ces lois reçoivent
un nouveau développement et agissent avec une force de
destruction accrue.
Il en est ainsi
des lois de la valeur et de la plus-value, de la loi de la concurrence
et de l'anarchie de la production, de la loi générale
de l'accumulation capitaliste qui conditionne la paupérisation
relative et absolue de la classe ouvrière et voue les
masses de la paysannerie laborieuse à l'appauvrissement
et à la ruine; il en est de même des contradictions
de la reproduction capitaliste, des crises économiques.
Les monopoles poussent
la socialisation de la production à l'extrême limite
possible en régime capitaliste.
Les grandes et les
très grandes entreprises, qui font travailler chacune
des milliers d'ouvriers, fabriquent une partie considérable
de l'ensemble de la production dans les branches maîtresses
de l'industrie.
Les monopoles unissent
en un tout des entreprises géantes, ils font le compte
des débouchés, des sources de matières premières,
ils accaparent les cadres scientifiques, les inventions et les
perfectionnements.
Les grandes banques
exercent leur contrôle sur la presque totalité des
fonds d'un pays.
Les liaisons entre
les diverses branches de l'économie et leur interdépendance
se resserrent considérablement.
L'industrie, qui
possède un énorme potentiel de production, est
capable d'augmenter rapidement la masse des marchandises produites.
Cependant, les moyens
de production restent la propriété privée
des capitalistes et l'essentiel des moyens de production est
détenu par un petit groupe de monopoles.
Dans leur course
au profit maximum, ils augmentent par tous les moyens le degré
d'exploitation de la classe ouvrière, ce qui accroît
l'appauvrissement des masses laborieuses et réduit leur
pouvoir d'achat.
Ainsi, la domination
des monopoles aggrave au plus haut degré la contradiction
fondamentale du capitalisme : celle qui oppose le caractère
social de la production et la forme capitaliste privée
de l'appropriation du fruit de la production.
Il apparaît de plus en plus clairement que le caractère
social du processus de production impose la propriété
sociale des moyens de production.
A l'époque
de l'impérialisme, les forces productives de la société
atteignent un niveau de développement tel qu'elles ne
peuvent plus tenir dans le cadre étroit des rapports de
production capitalistes.
Le capitalisme,
qui vint, en tant que mode de production plus avancé,
remplacer la féodalité, s'est transformé
au stade impérialiste en une force réactionnaire
qui retarde l'évolution de la société humaine.
La loi économique
de correspondance nécessaire entre les rapports de production
et le caractère des forces productives exige que des rapports
nouveaux, socialistes, soient substitués aux rapports
de production capitalistes.
Cette loi rencontre
l'opposition la plus énergique des classes dominantes
et, tout d'abord, de la bourgeoisie monopoliste et des gros propriétaires
terriens, qui entendent empêcher la classe ouvrière
de s'allier avec la paysannerie et de renverser le régime
bourgeois.
Le haut degré
de développement des forces productives et de la socialisation
de la production, l'approfondissement et l'aggravation de toutes
les contradictions de la société bourgeoise témoignent
du fait que le capitalisme, entré dans le dernier stade
de son évolution, est mûr pour être remplacé
par un régime social supérieur, le socialisme.
L'impérialisme,
capitalisme parasite ou pourrissant
L'impérialisme
est le capitalisme parasitaire ou pourrissant.
La tendance à la stagnation et au pourrissement est le
résultat inévitable de la domination des monopoles
qui veulent obtenir le profit maximum.
Les monopoles, qui
peuvent imposer les prix sur le marché et les maintenir
artificiellement à un niveau élevé, n'ont
pas toujours intérêt aux innovations techniques
et entravent souvent le progrès technique; durant des
années, ils gardent sous le boisseau des découvertes
scientifiques et des inventions techniques très importantes.
Ainsi la tendance
à la stagnation et au pourrissement est inhérente
aux monopoles et cette tendance dans certaines circonstances
prend le dessus.
Cela n'a cependant
pas empêché le progrès relativement rapide
de la production et du développement technique dans certaines
branches de l'économie bourgeoise, dans certains pays
capitalistes.
Mais ce développement
s'est effectué d'une façon très inégale,
retardant de plus en plus les immenses possibilités qu'ouvraient
la science et la technique modernes.
Lénine écrivait dès 1913 :
Partout, à
chaque pas, on se heurte aux problèmes que l'humanité
serait à même de résoudre immédiatement.
Le capitalisme l'en empêche.
Il a accumulé
des masses de richesses, et il a fait des hommes les esclaves
de cette richesse.
Il a résolu
les problèmes les plus difficiles en matière de
technique, et il a stoppé la réalisation de perfectionnements
techniques en raison de la misère et de l'ignorance de
millions d'habitants, en raison de l'avarice stupide d'une poignée
de millionnaires.
(V. Lénine : la barbarie civilisée)
Le pourrissement
du capitalisme se traduit par l'accroissement du parasitisme.
La classe des capitalistes
perd toute liaison avec le processus de production.
La gestion des entreprises
se concentre entre les mains d'un personnel technique salarié.
L'immense majorité
de la bourgeoisie et des propriétaires fonciers deviennent
des rentiers, qui possèdent des titres et qui vivent des
revenus qu'ils leur rapportent (la tonte des coupons).
La consommation
parasite des classes exploiteuses s'accroît.
La séparation totale de la couche des rentiers d'avec
la production s'accentue encore par l'exportation des capitaux,
par les revenus provenant des investissements à l'étranger.
L'exportation des
capitaux met une empreinte de parasitisme sur tout pays vivant
de l'exploitation des peuples d'autres pays et des colonies.
Les capitaux exportés
hors des frontières constituent une part sans cesse accrue
de la richesse nationale des pays impérialistes, et les
revenus de ces capitaux une part croissante des revenus de la
classe capitaliste.
Lénine appelait
l'exportation des capitaux du parasitisme au carré.
Le caractère
parasite du capitalisme apparaît nettement dans le fait
qu'une série de pays bourgeois se transforment en Etats-rentiers.
Au moyen d'emprunts
asservissants, les plus grands pays impérialistes tirent
d'immenses revenus des pays débiteurs, se les subordonnent
aux points de vue économique et politique.
L'Etat-rentier est
l'Etat du capitalisme parasite, pourrissant.
L'exploitation des
colonies et des pays dépendants, qui est une des sources
fondamentales des profits maximums des monopoles, transforme
la poignée des plus riches pays capitalistes en parasites
sur le corps des peuples asservis.
Le caractère
parasite du capitalisme trouve son expression dans l'accroissement
du militarisme.
Une part croissante
du revenu national, et principalement des revenus des travailleurs,
est absorbée par le budget de l'Etat et dépensée
pour l'entretien d'armées énormes, pour la préparation
et la conduite de guerres impérialistes.
Tout en étant
un des principaux moyens pour assurer le profit maximum aux monopoles,
la militarisation de l'économie et les guerres impérialistes
signifient en même temps la destruction forcenée
d'une multitude de vies humaines et d'immenses richesses matérielles.
Le progrès
du parasitisme est indissolublement lié au fait que des
masses énormes d'êtres humains sont arrachées
au travail socialement utile.
L'armée des
chômeurs augmente, de même que le nombre de personnes
employées au service des classes exploiteuses, dans l'appareil
d'Etat, ainsi que dans la sphère hypertrophiée
de la circulation (des marchandises).
Le pourrissement
du capitalisme se traduit ensuite dans le fait que la bourgeoisie
impérialiste, avec les profits que lui rapportent l'exploitation
des colonies et des pays dépendants, corrompt systématiquement,
moyennant un plus haut salaire et d'autres avantages, une faible
partie de la couche supérieure des ouvriers qualifiés,
ce qu'on appelle l'aristocratie ouvrière.
Avec l'appui de
la bourgeoisie, l'aristocratie ouvrière s'empare des postes
de commande dans une série de syndicats; elle forme avec
des éléments petits-bourgeois, le noyau actif des
partis socialistes de droite et constitue un danger grave pour
le mouvement ouvrier.
Cette couche d'ouvriers
embourgeoisés est le fondement social de l'opportunisme.
L'opportunisme tend
à subordonner le mouvement ouvrier aux intérêts
de la bourgeoisie, en sapant la lutte révolutionnaire
du prolétariat pour s'affranchir de l'esclavage capitaliste.
Les opportunistes
corrompent la conscience des ouvriers en prêchant la voie
réformiste de l' " amélioration " du
capitalisme; ils demandent aux ouvriers de soutenir les Etats
bourgeois dans leur politique impérialiste, intérieure
et extérieure.
Les opportunistes
jouent au fond le rôle d'agents de la bourgeoisie au sein
du mouvement ouvrier.
En divisant la classe
ouvrière, ils empêchent les ouvriers de conjuguer
leurs forces pour abattre le capitalisme.
C'est là
une des raisons pour lesquelles, dans nombre de pays, la bourgeoisie
se maintient encore au pouvoir.
Au capitalisme prémonopoliste
avec sa libre concurrence correspondait en qualité de
superstructure politique une démocratie bourgeoise limitée.
L'impérialisme
avec la domination de ses monopoles est caractérisé
par le passage de la démocratie à la réaction
en matière de politique intérieure et extérieure
des Etats bourgeois.
La réaction
politique sur toute la ligne est le propre de l'impérialisme.
Les dirigeants des
monopoles, ou leurs hommes de confiance, occupent les postes
les plus élevés dans les gouvernements et dans
l'ensemble de l'appareil d'Etat.
Sous le régime
de l'impérialisme, les gouvernements ne sont pas mis en
place par le peuple, mais par les magnats du capital financier.
Les cliques monopolistes
réactionnaires, pour asseoir leur pouvoir, s'appliquent
à réduire à néant les droits démocratiques
conquis de haute lutte par des générations de travailleurs.
Cela impose d'intensifier
par tous les moyens la lutte des masses pour la démocratie,
contre l'impérialisme et la réaction.
Le capitalisme en
général et l'impérialisme en particulier
font de la démocratie une illusion; et cependant le capitalisme
engendre des tendances démocratiques au sein des masses,
fonde des institutions démocratiques, aggrave l'antagonisme
entre l'impérialisme, négateur de la démocratie,
et les masses qui aspirent à la démocratie.
(V. Lénine : Oeuvres, tome 23)
A l'époque
de l'impérialisme, la lutte des masses les plus larges,
guidées par la classe ouvrière, contre la réaction
engendrée par les monopoles, a une immense portée
historique.
C'est bien de l'activité,
de l'organisation, de la résolution des masses populaires
que dépend l'échec des visées barbares des
forces d'agression de l'impérialisme, qui préparent
sans cesse aux peuples de nouvelles et pénibles épreuves
et des catastrophes militaires.
L'impérialisme,
prélude de la révolution socialiste
L'impérialisme
est le capitalisme agonisant.
Il aggrave toutes
les contradictions du capitalisme, les porte à leur limites
extrêmes, au-delà desquelles commence la révolution.
Les plus importantes
sont les suivantes :
Premièrement,
la contradiction entre le travail et le capital.
Le règne des monopoles et de l'oligarchie financière
dans les pays capitalistes renforce le degré d'exploitation
des classes laborieuses.
L'aggravation des
conditions matérielles et l'oppression politique accrue
de la classe ouvrière accroissent son mécontentement
et accentuent la lutte de classes entre prolétariat et
bourgeoisie.
Dès lors,
les anciennes méthodes de lutte économique et politique
de la classe ouvrière s'avèrent absolument insuffisantes.
L'impérialisme
conduit la classe ouvrière à la révolution
socialiste.
Deuxièmement,
la contradiction entre les puissances impérialistes.
Dans la lutte pour
le profit maximum, se heurtent les monopoles des différents
pays, et chacun des groupes de capitalistes s'efforce de s'assurer
la priorité en mettant la main sur les débouchés,
les sources de matière première, les investissements
des capitaux.
La lutte acharnée
qui se livre entre les pays impérialistes pour les zones
d'influence amène nécessairement des guerres impérialistes
qui affaiblissent les positions du capitalisme, renforcent le
mécontentement des masses et les poussent dans la voie
de la lutte révolutionnaire contre le régime capitaliste.
Troisièmement,
la contradiction entre les peuples opprimés des colonies
et des pays dépendants et les puissances impérialistes
qui les exploitent.
Le renforcement
de l'oppression impérialiste ainsi que le développement
du capitalisme dans les colonies et les semi-colonies a pour
effet d'intensifier le mouvement de libération nationale
contre l'impérialisme.
De réserves
de l'impérialisme, les colonies et les pays dépendants
deviennent des réserves de la révolution prolétarienne.
Telles sont les
principales contradictions qui caractérisent l'impérialisme
comme capitalisme agonisant. Cela ne veut point dire que le capitalisme
puisse dépérir de lui même, par une sorte
de " faillite automatique ", sans que les masses populaires
guidées par la classe ouvrière luttent avec résolution
pour liquider la domination de la bourgeoisie.
Cela veut dire seulement
que l'impérialisme est la phase du développement
du capitalisme, durant laquelle la révolution prolétarienne
est devenue une nécessité pratique, et où
les conditions favorables pour l'assaut direct des citadelles
du capitalisme sont parvenues à maturité.
Aussi Lénine
a-t-il défini l'impérialisme comme le prélude
de la révolution socialiste.
Le capitalisme
monopoliste d'Etat
A l'époque
de l'impérialisme, l'Etat bourgeois, qui représente
la dictature d'une oligarchie financière, oriente toute
son activité dans l'intérêt des monopoles.
Au fur et à
mesure que s'aggravent les contradictions de l'impérialisme,
les monopoles renforcent leur mainmise directe sur l'appareil
d'Etat.
Les grands magnats
du capital jouent de plus en plus souvent le rôle de dirigeants
de l'appareil d'Etat.
On assiste à
la transformation du capitalisme monopoliste en capitalisme monopoliste
d'Etat.
Déjà
la première guerre mondiale avait accéléré
et accentué sensiblement ce processus.
Le capitalisme monopoliste
d'Etat consiste à subordonner l'appareil d'Etat aux monopoles
capitalistes et à l'utiliser pour intervenir dans l'économie
du pays (notamment par sa militarisation), afin d'assurer le
profit maximum aux monopoles et d'asseoir la toute-puissance
du capital financier.
Et l'on procède
à la remise entre les mains de l'Etat bourgeois de certaines
entreprises, branches et fonctions économiques (main-d'uvre,
approvisionnement en matières premières déficitaires,
système de rationnement, construction d'entreprises militaires,
financement de la militarisation de l'économie, etc...),
tout en maintenant dans le pays le règne de la propriété
privée des moyens de production.
La propriété
d'Etat dans les pays impérialistes apparaît ou bien
à la suite de la construction d'entreprise, de voies ferrées,
d'arsenaux, etc... aux frais du budget de l'Etat, ou bien sous
la forme de la nationalisation bourgeoise, c'est-à-dire
du transfert de certaines entreprises privées aux mains
de l'Etat, moyennant une forte compensation.
En dépit
des affirmations des économistes bourgeois, qui présentent
l'étatisation des entreprises sous la domination politique
de la bourgeoisie comme un " pas vers le socialisme ",
celle-ci n'a rien de commun avec le socialisme.
La propriété
d'Etat dans les pays bourgeois est une variété
de propriété capitaliste, où le propriétaire
n'est pas un capitaliste particulier, mais l'Etat bourgeois,
qui est subordonné à une poignée de grands
monopoles.
L'étatisation
des entreprises est utilisée par les monopoles pour renforcer
l'exploitation de la classe ouvrière et de tous les travailleurs
et pour multiplier leurs profits.
Les monopoles utilisent
le pouvoir d'Etat pour collaborer activement à la concentration
et à la centralisation du capital, augmenter leur puissance
et leur influence : par des mesures spéciales, l'Etat
force les entrepreneurs restés indépendants à
se soumettre aux groupements monopolistes et, en temps de guerre,
il fait procéder à la concentration forcée
de la production en fermant les portes d'une foule d'entreprises
petites et moyennes.
C'est dans l'intérêt
des monopoles que l'Etat, d'une part, établi des droits
élevés sur les marchandises importées et
que, d'autre part, il encourage l'exportation de marchandises
en payant aux monopoles des subventions à l'exportation
et en leur facilitant la conquête de nouveaux marchés
au moyen du dumping.
Les monopoles utilisent
le budget d'Etat afin de piller la population du pays en la grevant
d'impôts et en recevant de l'Etat des commandes qui leur
rapportent de gros profits.
L'Etat bourgeois,
sous prétexte " d'encourager les initiatives économiques
" verse aux gros entrepreneurs des sommes considérables
sous forme de subventions.
Dans le cas où
les monopoles sont menacés de faillite, ils reçoivent
de l'Etat les crédits nécessaires pour couvrir
leurs pertes, et on leur fait remise des impôts qu'ils
doivent à l'Etat.
Le développement
du capitalisme monopoliste d'Etat s'accentue particulièrement
en période de préparation et de conduite de guerres
impérialistes.
Lénine disait
que le capitalisme monopoliste d'Etat en temps de guerre était
un bagne pour les ouvriers et un paradis pour les capitalistes.
Les gouvernements
des pays impérialistes font aux monopoles de grosses commandes
d'armements d'équipements et de vivres; ils bâtissent
des usines de guerre aux frais de l'Etat et les mettent à
la disposition des monopoles; ils lancent des emprunts de guerre.
En même temps,
les Etats bourgeois font supporter toutes les charges de la guerre
aux travailleurs.
Tout cela procure
des superbénéfices aux monopoles.
Le développement
du capitalisme monopoliste d'Etat a pour effet, premièrement,
de hâter encore la socialisation capitaliste de la production,
créatrice des conditions matérielles nécessaires
pour remplacer le capitalisme par le socialisme.
Lénine disait
que le capitalisme monopoliste d'Etat était la préparation
matérielle complète du socialisme.
Le développement du capitalisme monopoliste d'Etat amène,
en second lieu, une accentuation de la paupérisation relative
et absolue du prolétariat.
C'est au moyen du
pouvoir d'Etat que les monopoles élèvent au maximum
le degré d'exploitation de la classe ouvrière,
de la paysannerie et de larges couches d'intellectuels, ce qui
ne manque pas d'aggraver considérablement les antagonismes
entre exploités et exploiteurs.
Les défenseurs
du capitalisme, en dissimulant la subordination de l'Etat bourgeois
aux monopoles capitalistes, prétendent que l'Etat est
devenu dans l'économie des pays capitalistes une force
décisive, capable d'assurer la direction planifiée
de l'économie nationale.
En réalité,
l'Etat bourgeois ne peut diriger de façon planifiée
l'économie, car il n'en est pas le maître : elle
se trouve entre les mains des monopoles.
L'effort de l'Etat
pour " régler " l'économie, accompli
dans l'intérêt du capital monopoliste, ne peut pas
supprimer l'anarchie de l'économie capitaliste ni les
crises économiques et il conduit en fait à une
aggravation des contradictions du régime bourgeois.
En régime
capitaliste, les diverses entreprises, les diverses branches
de l'économie d'un pays ne peuvent se développer
également.
Dans le cadre de
la concurrence et de l'anarchie de la production, le développement
inégal de l'économie capitaliste est inévitable.
Cependant, à
l'époque prémonopoliste, la production était
fragmentée en un grand nombre d'entreprises, la libre
concurrence régnait, il n'y avait pas de monopoles.
Le capitalisme pouvait
encore se développer d'une manière plus ou moins
régulière.
Certains pays en
dépassaient d'autres durant une longue période.
Il existait alors
sur le globe de vastes territoires inoccupés.
Tout se passait
sans conflits militaires à l'échelle mondiale.
La situation a radicalement
changé avec le passage au capitalisme monopoliste; alors
le partage du monde est achevé entre les puissances impérialistes
qui mènent une lutte serrée pour un nouveau partage
du monde.
Cependant, le développement
inouï de la technique permet à certains pays impérialistes
de dépasser rapidement, par bonds, les autres pays impérialistes.
Les pays engagés
tardivement dans la voie de l'évolution capitaliste utilisent
les résultats acquis du progrès technique : machines,
méthodes de production, etc...
De là le
développement rapide, par bonds, de certains pays et un
retard dans l'évolution d'autres pays.
Ce développement
par bonds s'accroît énormément aussi grâce
à l'exportation des capitaux.
La possibilité
s'offre pour certains pays de gagner de vitesse les autres, de
les évincer des marchés, de réaliser par
la force des armes un nouveau partage du monde déjà
partagé.
Sous l'impérialisme,
l'inégalité de développement des pays capitalistes
est devenue une force déterminante du développement
impérialiste.
Le rapport des forces
économiques des puissances impérialistes se modifie
avec une rapidité sans précédent.
Il en résulte
des modifications très irrégulières du potentiel
de guerre des Etats impérialistes.
La modification
du rapport des forces économiques et militaires va à
rencontre de l'ancienne répartition des colonies et des
sphères d'influence, ce qui engendre inévitablement
la lutte pour un nouveau partage du monde déjà
partagé.
La puissance véritable
de tels ou tels groupes impérialistes est mise à
l'épreuve au moyen de guerres sanglantes et dévastatrices.
En 1860, l'Angleterre
occupait la première place dans la production industrielle
du monde; la France la suivait de près.
L'Allemagne et les
Etats-Unis n'en étaient qu'à leurs débuts
dans l'arène mondiale.
Une dizaine d'années
s'écoula, et le pays ascendant du jeune capitalisme, les
Etats-Unis d'Amérique, gagnait de vitesse la France, et
prenait sa place.
Dix ans après,
les Etats-Unis rattrapaient l'Angleterre et occupaient la première
place dans la production industrielle mondiale, tandis que l'Allemagne
dépassait la France et occupait la troisième place
derrière les Etats-Unis et l'Angleterre.
Au début
du vingtième siècle, l'Allemagne refoulait l'Angleterre
et prenait la deuxième place après les Etats-Unis.
A la suite des changements
survenus dans les rapports des forces des pays capitalistes,
le monde capitaliste se scinde en deux camps impérialistes
hostiles, et les guerres mondiales se déclenchent.
Le développement
inégal des pays capitalistes détermine l'aggravation
des contradictions dans le camp de l'impérialisme et l'inéluctabilité
de conflits militaires qui conduisent à un affaiblissement
réciproque des impérialistes.
Le front mondial
de l'impérialisme devient facilement vulnérable
pour la révolution prolétarienne.
C'est sur cette
base que la chaîne du front impérialiste peut se
rompre en son maillon le plus faible, au point où les
conditions sont les plus favorables pour la victoire du prolétariat.
L'inégalité
du développement économique à l'époque
de l'impérialisme détermine aussi l'inégalité
du développement politique, qui entraîne pour les
différents pays une différence de maturité
des conditions politiques pour la victoire de la révolution
prolétarienne.
Parmi ces conditions,
il faut ranger avant tout l'acuité des antagonismes de
classes et le degré de développement de la lutte
des classes, le niveau de la conscience de classe, de l'organisation
politique et de la fermeté révolutionnaire du prolétariat,
son aptitude à entraîner les masses fondamentales
de la paysannerie.
La loi de l'inégalité
du développement économique et politique des pays
capitalistes à l'époque de l'impérialisme
est le point de départ de la théorie léniniste
sur la possibilité de la victoire du socialisme au début
dans plusieurs pays ou même dans un seul pays.
Marx et Engels,
en étudiant au milieu du dix-neuvième siècle
le capitalisme prémonopoliste, ont été amenés
à conclure que la révolution socialiste ne pouvait
vaincre que simultanément dans tous les pays ou dans la
plupart des pays capitalistes.
Mais au début
du vingtième siècle, notamment au cours de la première
guerre mondiale, la situation avait changé radicalement.
Le capitalisme prémonopoliste
s'était développé en capitalisme monopoliste.
Le capitalisme ascendant
était devenu le capitalisme déclinant, agonisant.
La guerre avait
mis à nu les faiblesses incurables du front impérialiste
mondial.
Il découlait
en même temps de la loi de l'inégalité du
développement que la révolution prolétarienne
viendrait à maturité en des temps différents,
dans les différents pays.
Partant de la loi
du développement inégal du capitalisme à
l'époque de l'impérialisme, Lénine est arrivé
à la conclusion que la vieille formule de Marx et d'Engels
ne répondait plus aux nouvelles conditions historiques;
que, dans les conditions nouvelles, la révolution socialiste
pouvait parfaitement triompher dans un seul pays; que la victoire
simultanée de la révolution socialiste dans tous
les pays ou dans la plupart des pays capitalistes était
impossible, en raison de la maturité inégale de
la révolution dans ces pays.
L'inégalité
du développement économique et politique, écrivait
Lénine, est une loi absolue du capitalisme. Il s'ensuit
que la victoire du socialisme est possible au début dans
un petit nombre de pays capitalistes ou même dans un seul
pays capitaliste pris à part.
(V. Lénine : du mot d'ordre des Etats-Unis d'Europe)
Lénine avait
élaboré une théorie nouvelle, une théorie
achevée de la révolution socialiste.
Elle enrichissait
le marxisme et le développait; elle ouvrait une perspective
révolutionnaire aux prolétaires des différents
pays, elle développait leur initiative dans le combat
à livrer à la bourgeoisie, affermissant leur certitude
dans la victoire de la révolution prolétarienne.
C'est dans la période
de l'impérialisme que s'achève la formation du
système capitaliste de l'économie mondiale, qui
fait des différents pays les anneaux d'une même
chaîne.
Le léninisme
enseigne que, dans le cadre de l'impérialisme, la révolution
prolétarienne triomphe d'abord, non pas nécessairement
dans les pays où le capitalisme est le plus développé
et où le prolétariat forme la majorité de
la population, mais avant tout dans les pays qui constituent
l'anneau le plus faible de la chaîne de l'impérialisme
mondial.
Les conditions objectives
de la révolution socialiste sont parvenues à maturité
dans l'ensemble du système capitaliste de l'économie
mondiale.
Dès lors,
l'existence dans ce système de pays sous-développés
au point de vue industriel, ne saurait être un obstacle
à la révolution.
Pour la victoire
de la révolution socialiste dans un pays, il faut qu'il
y ait un prolétariat révolutionnaire et une avant-garde
prolétarienne, groupée au sein d'un parti politique,
il faut qu'il y ait dans ce pays un allié solide du prolétariat
en la paysannerie, allié capable de le suivre dans la
lutte décisive contre l'impérialisme.
A l'époque
de l'impérialisme, alors que le mouvement révolutionnaire
progresse dans le monde entier, la bourgeoisie impérialiste
fait bloc avec toutes les forces réactionnaires sans exception
et utilise au maximum les survivances du servage afin de renforcer
sa domination et d'augmenter ses profits.
La liquidation des
survivances de la féodalité et du servage est donc
impossible sans une lutte décisive contre l'impérialisme.
Dès lors,
le prolétariat peut prendre la tête de la révolution
démocratique bourgeoise, rallier autour de lui les masses
de la paysannerie pour lutter contre les survivances féodales
et l'oppression impérialiste aux colonies.
Au fur et à
mesure que sont résolus les problèmes de la lutte
contre la féodalité et ceux de la libération
nationale, la révolution démocratique bourgeoise
se développe en révolution socialiste.
A l'époque
de l'impérialisme, le mécontentement du prolétariat
augmente dans les pays capitalistes, les éléments
d'explosion révolutionnaire s'accumulent et la guerre
libératrice contre l'impérialisme se développe
dans les colonies et les pays dépendants.
Les guerres impérialistes
pour le partage du monde affaiblissent le système de l'impérialisme
et accentuent les tendances à l'union des révolutions
prolétariennes dans les pays capitalistes et du mouvement
de libération nationale dans les colonies.
La révolution
prolétarienne, qui a triomphé dans un seul pays,
marque en même temps le début de la révolution
socialiste mondiale.
Lénine a
prévu, d'une manière scientifique, que la révolution
mondiale se développerait par le détachement révolutionnaire
d'une série d'autres pays du système de l'impérialisme,
grâce au soutien apporté aux prolétaires
de ces pays par le prolétariat des Etats impérialistes.
Aujourd'hui les
politiques agressives de l'impérialisme ne font que révéler
le caractère désespéré de sa situation.
Mao Zedong a résumé cette position :
Dans l'histoire
de l'humanité, toute force réactionnaire au seuil
de sa perte se lance nécessairement, dans un ultime sursaut,
contre les forces de la révolution ; et souvent, des révolutionnaires
sont un moment induits en erreur par cette force apparente qui
dissimule la faiblesse intérieure, ils ne voient pas ce
fait essentiel que l'ennemi approche de sa fin et qu'eux-mêmes
sont près de la victoire.
Idéologie
et culture dans la période impérialiste
A partir de 1848,
la bourgeoisie accélère la destruction de l'aspect
progressiste qu'elle a historiquement eu.
Cette destruction
commence initialement avec sa propre décadence en tant
que classe, puis s'accélère avec le développement
de la lutte des classes et la putréfaction de l'impérialisme
lui-même.
Dans les pays comme
l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne où la bourgeoisie n'a
pu vaincre l'aristocratie, elle s'allie avec elle en raison de
la force grandissante du prolétariat.
La bourgeoisie s'alliant
avec l'aristocratie abandonne ses prétentions démocratiques
et trahit ainsi sa tâche historique, amenant la formation
de pays capitalistes dominés par la culture féodale,
tel que l'écrivain communiste allemand Heinrich Mann le
montrera dans " Le sujet de l'empereur ".
L'Allemagne et le
Japon seront ainsi la proie de militarismes particulièrement
sanglants.
Cette décadence
de la bourgeoisie contamine les sciences, car celles-ci sont
dépendantes de l'idéologie dominante et également
matériellement de l'Etat bourgeois et des entreprises
capitalistes.
L'attitude de la
bourgeoisie vis-à-vis des sciences et des arts n'est pas
une attitude " libérale "; au contraire la bourgeoisie
renforce les tendances bourgeoises en leur sein.
Les sciences et
les arts sont un enjeu de la lutte des classes.
Au Moyen-âge l'aristocratie s'opposait au développement
de la science, qui remettait en cause sa vision du monde.
Elle poussait la
science dans l'irrationalisme pour justifier sa domination.
La bourgeoisie utilisait
les sciences et les arts pour faire avancer sa conception du
monde.
Cervantès
a avec Don Quichotte émis une attaque en règle
contre la décadence des classes dominantes de la féodalité.
Shakespeare est le défenseur le plus systématique
du droit bourgeois; plusieurs siècles après avoir
été écrit " Roméo et Juliette
" reste l'uvre symbolique de la bourgeoisie avec son
appel à dépasser les clivages aristocratiques au
nom de l'individualité et de son affirmation.
Dans la période
impérialiste, la bourgeoisie fait la même chose
que l'aristocratie de par le passé; elle-aussi fait dévier
les recherches et bloque les sciences et les arts.
Cela est particulièrement
vrai pour les recherches dans les domaines médicaux, des
sciences physiques, des mathématiques, etc. qui servent
directement les entreprises capitalistes et jamais les masses.
L'aristocratie s'est
toujours opposée à ce que les masses possèdent
des connaissances médicales (avec par exemple la destruction
hystérique des " sorcières "); la bourgeoisie
fait de même et préfère la consommation de
psychotropes par les masses plutôt qu'une médecine
rationnelle.
La bourgeoisie ne
se contente pas de mettre les masses à l'écart
des sciences afin que celles-ci restent dépendantes de
l'irrationalisme, du mysticisme, des religions, etc., elle fait
en sorte que les sciences aillent dans un sens favorable à
la production capitaliste (recherches militaires; produits "
pharmaceutiques " à haute-plus value, etc.).
De même, la
bourgeoisie isole les masses des arts.
Elle empêche
les masses de développer ses connaissances et ses pratiques
des arts; dans ce domaine comme dans tous les domaines elle soutient
une politique élitiste de la connaissance.
Elle empêche
l'accès aux prolétaires des chefs d'uvre
de la culture humaine et les rejette dans une culture commerciale
ou ouvriériste-réformiste.
Alors qu'il n'y
a pas d'" art prolétarien " ni d'" art
bourgeois ", elle met en avant les grandes oeuvres comme
" ses " oeuvres; la bourgeoisie se met toujours en
avant comme seule classe porteuse de la culture.
Les pseudos défenseurs
du prolétariat mettent parallèlement en avant un
art " prolétarien ", contribuant à la
mise à l'écart des masses de la culture.
La bourgeoisie n'a
de cesse d'organiser de grandes expositions pour mettre en avant
tel ou tel peintre ayant particulièrement bien représenté
la bourgeoisie, niant les réalistes.
Pour se renforcer
contre les réalistes, en peinture comme en littérature,
elle finance quantité d'opportunistes à l'origine
d'uvres irrationnelles et nihilistes.
L'art moderne devient
ainsi de plus en plus abstrait et n'existe que grâce au
financement de la bourgeoisie; de même l'écrasante
majorité de la littérature contemporaine est également
faite par des bourgeois pour des bourgeois.
La littérature
mise en avant par la bourgeoisie est marquée de tous les
aspects de la décadence nihiliste : violence, dégradation
des rapports sexuels en rapports de domination, racisme, etc.
La bourgeoisie fait
tout pour empêcher que soit mise en avant la littérature
réaliste, car celle-ci met en avant un humanisme véritable,
positif, et donc allant dans le sens du communisme (Pablo Neruda,
Halldor Laxness, Nazim Hikmet, Maxim Gorki, Bertolt Brecht).
Elle sait en effet
que la littérature humaniste aide nécessairement
les masses à avancer dans leur compréhension du
monde; elle exerce une pression maximale pour que la littérature
réaliste décade et abandonne toute liaison avec
le destin des masses (Dos Passos, Steinbeck, Malraux, Camus)
et met sur un piédestal la littérature absurde
(Beckett, Ionesco, Cioran, Kafka) et élitiste (Jünger,
Gracq).
Pour les masses,
la connaissance et la pratique des sciences et des arts est une
arme essentielle, qui développe leur connaissance du monde.
C'est pourquoi la
bourgeoisie tolère les cultures " alternatives "
mais rejettent toute tentative des masses de s'approprier l'ensemble
de la culture humaine.
Elle accepte toute
culture alternative rejetant le passé et défend
la subjectivité absolue (comme le surréalisme)
et s'oppose de la manière la plus absolue au réalisme
socialiste.
Par les sciences et les arts, la bourgeoisie tente de justifier
scientifiquement sa domination; à l'opposé le prolétariat
tente de comprendre les lois du renversement du capitalisme et
de la construction du socialisme.
La domination de
la bourgeoisie sur la science est à la fois idéologique
et pratique; elle vise non seulement à soutenir la vision
du monde propre à la bourgeoisie mais également
à soutenir le processus d'accumulation capitaliste.
Les scientifiques
travaillent non pas pour le bien-être de l'humanité,
mais pour le développement des entreprises capitalistes.
Cette contradiction
est de plus en plus visible dans la période impérialiste.
Si grâce à
son Etat, la bourgeoisie pousse dans les sciences à ce
que l'idéologie dominante soit la sienne, cette domination
est marquée de contradictions car elle est un obstacle
à la science et les scientifiques sincères sont
conscients de ce phénomène.
Les oppositions
petites-bourgeoises ne peuvent réussir, car elles considèrent
qu'un Etat capitaliste peut développer les connaissances
archéologiques, musicales, scientifiques en général.
La plupart du temps
les mouvements de contestation au sein des structures universitaires
ou sociales corporatistes sont l'expression de la panique de
la petite-bourgeoisie devant son écrasement par la bourgeoisie
impérialiste, comme les paysans moyens devant les OGM,
les PME d'architecture contre les relations privilégiées
de l'Etat avec les grandes entreprises (Bouygues, Vinci, Spie),
etc.
La petite-bourgeoisie
défend l'idée d'un Etat "au-dessus des classes"
car elle s'oppose à la fois à la bourgeoisie et
au prolétariat.
La politique du
prolétariat s'oppose à l'idée petite-bourgeoise
d'un Etat défendant des valeurs culturelles et scientifiques
ne servant aucune classe.
L'objectif des communistes
est un Etat où les sciences et les arts sont au service
des masses, à l'opposé de ce que veut la bourgeoisie.
Si les sciences
et les arts ne sont pas de classe, leur développement
et leur application sont de classe.
Il n'y pas d'art pour l'art ni de science pour la science.
Ainsi, dans les
domaines de l'histoire, de l'ethnologie et de l'anthropologie,
la science inféodée à la bourgeoisie soutient
que l'exploitation de l'Homme par l'Homme a toujours existé,
que la femme a toujours eu un rôle secondaire dans le processus
de développement.
La substance même
de la science bourgeoise dans ces domaines est la négation
du communisme primitif et du matriarcat dans la première
phase de développement de l'humanité.
Cette négation
est expliquée " scientifiquement " non pas par
des thèses scientifiques que la bourgeoisie n'est pas
capable de produire, mais par diverses thèses décadentes
servant les objectifs de la bourgeoisie, principalement de la
fraction impérialiste.
Ces thèses
décadentes fourmillent et ne sont contradictoires qu'en
apparence.
Leur caractère
commun est de combattre idéologiquement l'affirmation
de la Guerre Populaire Prolongée comme stratégie
du prolétariat pour la prise du pouvoir.
L'histoire du monde
est décrite par la bourgeoisie comme un " choc des
civilisations " (Samuel Huntington), un choc idéologique
(Francis Fukuyama), comme le processus de développement
d'un " Empire supra-étatique du capitalisme "
(Toni Negri).
Dans tous les cas
l'histoire du monde serait terminée et ne serait plus
possible que des aménagements, aussi importants soient-ils.
Le développement
social est résumé à une " vision du
monde " le plus souvent rattaché à une "
race " (Georges Dumézil et les " Aryens "),
une religion (le Vatican et la civilisation judéo-chrétienne),
une vision du monde (Nietzsche et la volonté de puissance),
etc.
Dans tous les cas
les penseurs de la bourgeoisie nient les contradictions et le
fait que ce sont les masses qui font l'histoire; ils dénient
aux masses tout droit à l'organisation et à la
lutte.
La thèse
de la science bourgeoise est dans tous les cas que l'histoire
est " terminée ", que tout aurait fait faillite
à part la " démocratie libérale "
et le capitalisme.
Les anarchistes
et les trotskystes participent totalement à cette thèse
en prétendant une " troisième voie ",
quelque chose de nouveau, etc., soutenant eux-aussi que le communisme
a échoué.
Cette thèse
est largement acceptée par la bourgeoisie, comme le prouve
le soutien d'une fraction de cette classe à des idéologies
réformistes comme celles de l'EZLN au Mexique, les FARC
en Colombie, etc. etc.
Ce libéralisme
à l'égard des utopies exprimées par la petite-bourgeoisie
existe dans tous les domaines scientifiques tant que cela sert
l'impérialisme.
Mais ces utopies
montrent leur caractère de classe en prenant un caractère
fasciste dès que le prolétariat développe
son idéologie et défend ses intérêts.
Lors de la seconde
guerre impérialiste, seuls les communistes ont su ainsi
développer la résistance et faire entrer les masses
dans le processus de lutte contre l'occupant, alors que toutes
les autres formes idéologiques montraient leur caractère
de classe en collaborant ou en refusant la lutte.
Dans les arts, dans
les sciences, sur le plan idéologique, la bourgeoisie
accepte tout du moment que les masses soient mises à l'égard
du processus et que l'irrationalisme soit mis en avant.
La bourgeoisie ne
veut pas d'une science expliquant le monde, elle veut une science
expliquant comment le monde peut être organisé selon
les vux de la bourgeoisie; elle exige de la science qu'elle
justifie la domination de la bourgeoisie.
C'est pour cela
que les principaux philosophes des cercles universitaires sont
toujours ceux qui se sont historiquement opposés à
la genèse du marxisme : Bergson en France, Nietzsche en
Allemagne.
La bourgeoisie de
l'époque de l'impérialisme n'est plus la bourgeoisie
progressiste de la révolution française, laïque
et progressiste dans le domaine des sciences.
La bourgeoisie de
l'époque de l'impérialisme a renversé les
valeurs progressistes pour asseoir sa domination; c'est un caractère
propre aux révisionnistes (de Thorez à Marchais
pour la France, pays où les révisionnistes ont
le plus mis cela en avant) de donner un aspect progressiste à
la bourgeoisie de l'époque de l'impérialisme.
Dans la phase impérialiste,
la bourgeoisie n'apporte plus rien et doit être liquidée
en tant que classe, également comme obstacles aux sciences
et aux arts.
|