Manuel
d'économie politique
maoïste
10.Le fascisme
Le fascisme est
un mouvement moderne inhérent à la société
impérialiste; il se nourrit de l'impérialisme et
de sa crise.
Lénine a
souligné que " l'impérialisme, c'est la réaction
politique sur toute la ligne ".
Avec le fascisme,
la bourgeoisie a comme objectif d'imposer sa conception du monde
à l'ensemble des masses.
L'essence centrale
du fascisme est l'anti-communisme.
Ses caractéristiques sont l'utilisation systématique
de la violence terroriste.
Le fascisme est
historiquement un mouvement organisé par l'impérialisme
à la suite du succès de la révolution d'Octobre
1917 et de l'entrée dans l'époque de la révolution
mondiale.
Jusque-là les bourgeoisies des pays capitalistes avaient
privilégié l'option de l'intégration des
luttes par l'intermédiaire de la social-démocratie.
Le renforcement
de la crise impérialiste, la prise de conscience des masses
au sortir de la première guerre impérialiste mondial,
la naissance et le développement des Partis Communistes
ont rendu nécessaire pour la bourgeoisie d'accentuer sa
lutte de classes.
La bourgeoisie impérialiste
a alors soutenu la formation de groupes fascistes et d'un parti
politique organisé prônant le refus de la lutte
des classes à partir d'une argumentation démagogique.
Le fascisme allemand
s'est présenté comme " socialiste " ;
de même le fascisme italien a mis en avant une argumentation
sociale.
Mais en pratique
l'histoire du fascisme, de sa naissance à sa victoire
et ses réalisations, montre son caractère de régime
terroriste guidé par la bourgeoisie impérialiste.
Avec la naissance
du mouvement fasciste la bourgeoisie fait monter d'un cran la
lutte contre le communisme et le prolétariat.
A la lutte légale
de la police et de l'armée, elle ajoute les attaques de
groupes paramilitaires, couverts par la justice bourgeoise.
Avec le fascisme
c'est la ligne de l'affrontement ouvert qui domine dans la bourgeoisie.
Le fascisme est
une entreprise de propagande pour dévier les masses du
communisme au profit d'entreprises racistes, nationalistes, et
une entreprise militaire.
Les caractères
politiques et militaires du fascisme sont indissociables.
De fait lors de
la victoire du fascisme la liquidation des organisations prolétariennes
et de leurs cadres est totale.
Il s'agit d'une lutte à mort; le fascisme intervient préventivement
avant la révolution.
Le fascisme n'est
pas une forme plus radicalisée de répression telle
qu'elle existe dans les Etats " démocratiques ".
Il ne s'agit pas d'une tendance " dure ".
Cette thèse,
qui est celle du " bonapartisme ", est erronée,
car elle nie le saut qualitatif que représente le fascisme,
étroitement liée à la guerre impérialiste.
Le fascisme est
la troupe de choc de la contre-révolution mondiale.
Le fascisme ne naît
pas de manière spontanée, même s'il existe
toujours des éléments ultra-réactionnaires,
y compris dans la période de développement du capitalisme.
Il n'est pas un
parti représentant la petite-bourgeoisie, comme l'avance
la thèse " bonapartiste ", même si la
petite-bourgeoisie, victime de la crise capitaliste et nourrie
d'anti-communisme, en est toujours la principale composante.
Le fascisme est une entreprise organisée par la bourgeoisie
impérialiste dans le cadre de la lutte des classes.
Hitler, dans un
discours devant un parterre de représentants de la bourgeoisie
impérialiste juste après la première guerre
impérialiste, affirme ainsi :
" la destruction
et l'anéantissement (de la conception mondiale marxiste)
est quelque chose de fondamentalement différent de ce
que les partis bourgeois se fixent comme but.
Les partis bourgeois n'ont pas pour but cet anéantissement
mais seulement une victoire électorale ".
(Hitler : Discours
de 1919 au Club national de Hambourg)
Juste avant sa prise du pouvoir il rappela cette essence du mouvement
fasciste dans une rencontre essentielle avec les représentants
de la bourgeoisie impérialiste :
" Le marxisme
doit être exterminé!
Et si l'on nous reproche notre intransigeance, nous nous en revendiquons
fièrement: oui, nous avons pris l'inflexible résolution
d'extirper le marxisme d'Allemagne jusqu'à la dernière
racine. ...
Pendant 70 ans,
les partis bourgeois ont eu le temps de travailler. Où
est l'organisation qui peut se comparer à la notre? Où
est l'organisation qui, comme la notre, peut faire marcher dans
la rue, quand nécessaire, 400.000 hommes qui possèdent
une obéissance aveugle et exécutent chaque ordre...?"
(Hitler : Communication au club de l'industrie des entrepreneurs
ouest-allemands du 27 janvier 1932)
Les objectifs du
fascisme correspondent systématiquement aux intérêts
de la bourgeoisie impérialiste.
En Italie et en
Allemagne des années 1920-1930, où le capitalisme
industriel moderne côtoyait une campagne féodale
et où les classes ouvrières avaient su fonder deux
grands Partis Communistes, le fascisme est directement intervenu
par rapport aux menaces de révolution.
Mais le fascisme
s'est également directement interposé contre la
menace d'une révolution agraire.
En Turquie, pays
semi-colonial, Ie fascisme s'installait au même moment
principalement pour contrer le risque d'une révolution
agraire.
Ibrahim Kaypakkaya
a souligné cette caractéristique du fascisme turc.
Dans la Turquie
semi-coloniale comme dans l'Allemagne capitaliste, le fascisme
est caractérisé par le pouvoir absolu des monopoles,
la violence terroriste contre les organisations de masses, la
liquidation physique des révolutionnaires, la mobilisation
des masses.
La question de la
mobilisation des masses est essentielle.
La fonction du fascisme est d'amener les masses dans une orientation
autre que celle historiquement nécessaire : le communisme.
Dans un discours
devant des notables de Hambourg, Hitler a résumé
ce fait:
" Si l'on a
compris que la question de notre destin réside dans la
destruction du marxisme, alors tous les moyens qui peuvent mener
au succès sont bons.
Voici le premier:
un mouvement qui veut réaliser cela doit se tourner vers
les larges masses, vers les masses avec lesquelles le marxisme
lui-même combat...
Dans la masse se
trouve la source de toute puissance... cette masse large et têtue
qui est entichée du marxisme et se bat pour lui, est la
seule arme du mouvement qui peut briser le marxisme.
Lorsqu'un mouvement
veut s'adresser aux larges masses en reconnaissant que ce n'est
qu'avec elles seules qu'il peut remplir sa tâche, et quand
la question qui est en jeu est celle de la survie de la nation,
alors nous avons tout à fait le droit d'utiliser tous
les moyens qui mènent à notre but...
Si je parviens à
faire rentrer les larges masses dans le giron de la nation allemande,
qui me fera plus tard des reproches sur les moyens?
...Si nous vainquons,
le marxisme sera anéanti, et cela sans réserve.
"
Le second obstacle
au développement du communisme reste la forme plus ancienne
utilisée par la bourgeoisie : la social-démocratie.
La crise est le
nouveau dans la société, mais la social-démocratie
profite de ses structures de collaboration de classe issue de
la période précédant la crise.
La social-démocratie
est alors fondamentalement réactionnaire : elle veut retourner
en arrière, ce qui est impossible en raison de la crise
du capitalisme.
Comme elle nie l'inéluctabilité
de cette crise, elle continue de combattre le communisme et refuse
l'affrontement ouvert avec le fascisme.
Mais dans les pays
capitalistes, le fascisme ne se contente pas de " moderniser
" l'économie dans le sens des monopoles et de neutraliser
les masses dans une idéologie anti-communiste; il vise
à la conquête, à l'expansion.
Ceci est le second
aspect du fascisme.
Cet aspect de guerre
n'existe que de manière secondaire dans les semi-colonies;
il n'est activé par l'impérialisme que lorsque
cela arrange la bourgeoisie impérialiste, comme avec l'"
Etat " d'Israël au Proche-Orient, ou encore la Turquie.
Dans les pays impérialistes
par contre la question de la guerre est l'autre élément
central du fascisme avec les mobilisations de masses.
Cela vérifie
le fait que le
fascisme est la dictature terroriste ouverte des éléments
les plus réactionnaires, les plus chauvins et les plus
impérialistes du capital financier.
(Comité Exécutif de l'Internationale Communiste
-13éme plénum -1933).
La guerre est nécessaire
à la bourgeoisie impérialiste pour son développement.
Avec le fascisme
elle prend le contrôle de l'Etat, au dépens des
autres couches bourgeoises, qui acceptent cette direction en
raison de l'inéluctabilité de la crise.
Staline a souligné ce fait après la victoire de
Hitler en 1933 :
La victoire du fascisme
en Allemagne, il ne faut pas seulement la considérer simplement
comme un signe de faiblesse de la classe ouvrière et comme
le résultat des trahisons perpétrées contre
elle par la social-démocratie qui a frayé la route
au fascisme.
Il faut la considérer
aussi comme un signe de faiblesse de la bourgeoisie, comme un
signe montrant que la bourgeoisie n'est plus en mesure d'exercer
le pouvoir par les vieilles méthodes du parlementarisme
et de la démocratie bourgeoise, ce qui l'oblige à
recourir dans sa politique intérieure, aux méthodes
terroristes de gouvernement; comme un signe attestant qu'elle
n'a plus la force de trouver une issue à la situation
actuelle sur la base d'une politique extérieure de paix,
ce qui l'oblige à recourir à une politique de guerre.
(Staline : 12eme congrès du PCbUS (b))
La politique du
fascisme dépend alors de ces deux composantes : le contrôle
idéologique et pratique des masses; la guerre impérialiste.
Le nazisme a montré
avec la destruction des populations non " aryennes "
la combinaison absolue des deux faces du fascisme.
La politique raciste, au départ idéologique pour
gagner les masses, s'est transformée en pratique de massacres
de masse avec l'accentuation de la crise impérialiste
et l'expansion guerrière.
La barbarie absolue
est le seul résultat de la crise du capitalisme et de
la victoire de l'impérialisme.
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