Manuel
d'économie politique
maoïste

12.Les classes sociales
et leur évolution dans l'impérialisme

Avec la division de la société en classes commence l'époque de la lutte de classes.

L'histoire est l'histoire de la lutte des classes.

Lutte de classes - certaines classes sont victorieuses, d'autres sont éliminées.
Cela, c'est l'histoire, l'histoire des civilisations depuis des millénaires.
Interpréter l'histoire d'après ce point de vue, c'est ce qui s'appelle matérialisme historique; se placer à l'opposé de ce point de vue, c'est de l'idéalisme historique.

(Mao Zedong : Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte)

Historiquement la définition scientifique des classes est précisément là où s'arrête le manuscrit du Capital de Karl Marx.

Mais nous pouvons nous appuyer sur la formule de Lénine :

On appelle classes de vastes groupes d'hommes [et de femmes] qui se distinguent par la place qu'ils tiennent dans un système historiquement défini de la production sociale, par leurs rapports, la plupart du temps fixés et consacrés par la loi, aux moyens de production, par leur rôle dans l'organisation sociale du travail et donc par les moyens d'obtention et la part des richesses publiques dont ils disposent.

Les classes sont des groupes d'hommes [et de femmes] dont l'un peut s'approprier le travail de l'autre par la différence de place qu'ils tiennent dans un régime déterminé de l'économie sociale.

Pour savoir quelle classe est favorable à la révolution, quelle classe ne l'est pas, et pour savoir qui fait partie de quelle classe, il existe deux critères principaux.

Le premier est la place que la personne a dans le mode de production capitaliste.

Le second est le rapport à la propriété.
Un individu touchant le RMI fera ainsi partie des classes populaires, à moins qu'il ne soit propriétaire de son appartement.

Mais de la même manière, il existe deux autres critères essentiels.

Le premier est le critère objectif : l'individu a tel emploi, possède telle et telle propriété (ou pas).

Le second est subjectif : l'individu est conscient ou inconscient des rapports sociaux, a rejoint l'idéologie communiste ou pas, etc.

En fait,

Dans la société de classes, chaque homme occupe une position de classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe.
(Mao Zedong : De la pratique)

L'évolution historique a été différente selon les pays, où les classes se sont exprimés différemment.

La dialectique de l'Histoire s'est exprimée matériellement différemment selon les pays.

Les besoins naturels, tels que nourriture, vêtements, chauffage, habitation, etc., diffèrent suivant le climat et autres particularités physiques d'un pays.

D'un autre côté, le nombre de prétendus besoins naturels, aussi bien que le mode de les satisfaire, est un produit historique, et dépend ainsi, en grande partie, du degré de civilisation atteint.

Les origines de la classe salariée dans chaque pays, le milieu historique où elle s'est formée, continuent longtemps à exercer la plus grande influence sur les habitudes, les exigences et, par contre-coup, les besoins qu'elle apporte dans la vie.
(K. Marx : Le Capital, Livre I, chap. VI)

Une analyse marxiste des classes ne peut naturellement pas se fonder directement sur les données statistiques de la bourgeoisie.

Mais elles fournissent des pistes, même si les statistiques bourgeoises évitent soigneusement de mentionner les rapports à la propriété dans sa définition des classes sociales, définies par la " catégorie socio-professionnelle. "

Ces catégories sont elles-mêmes tronquées, car la bourgeoisie a tout intérêt à nier l'importance de la classe ouvrière et à diviser les masses.

Cela se vérifie dans la définition faite par la bourgeoisie des " ouvriers " et des " employés. "
Statistiquement, selon l'INSEE, le nombre d'ouvriers en France baisse alors que celui des employés monte.

Leur nombre est à peu près équivalent aujourd'hui, à peu près 28% de la population active chacun (plus de sept millions de personnes chacun, en comptant que chaque groupe a plus d'un million de chômeurs).

En France, la classe ouvrière classique est très concentrée, telle que c'est le cas dans la règle des pays impérialistes.

Les 1000 plus grosses usines françaises sont les lieux d'exploitation d'un million de personnes, soit un salarié du secteur industriel sur 4.

Mais avec le développement de l'industrie des services, la classe ouvrière dépasse les murs de ces usines.

Car en réalité nombre d'employés sont des ouvriers déguisés.

Le terme d'employé recoupe un secteur très large, rassemblant dans une même catégorie l'ensemble des nouveaux emplois, marqués par une précarisation absolue, et les employés de la fonction publique.

En tant que communistes, nous pouvons rattacher les employés, marqués par la précarité, aux masses populaires, mais cela n'est pas possible pour les fonctionnaires.

Ceux-ci doivent être rattachés à la petite-bourgeoisie, puisqu'ils profitent du système capitaliste (revenu stable, fixe et garantie, logement garanti).

Les fonctionnaires de la fonction publique forment en fait la couche supérieure, la couche la plus aisée des masses populaires, si l'on définit par " masses populaires " l'ensemble des gens ne faisant pas partie de la bourgeoisie.

Un autre phénomène important est que la fonction publique embauche de plus en plus systématiquement sur des bases de précarité complète : sur les 5,5 millions de salariés du public, un million sont ainsi des précaires.

On voit ainsi que la classe ouvrière " mord " sur ceux que la bourgeoisie appelle " employés ", et que le secteur des " employés " contient au sens communiste des prolétaires ainsi que des petits-bourgeois.

De même, il faut rajouter aux chômeurs le million de personnes touchant le RMI, plus les 500.000 jeunes de moins de 25 ans n'ayant pas le droit de le toucher.

Pour la bourgeoisie, ces gens n'existent pas en tant que tels.
Aux deux millions de chômeurs du secteur des ouvriers et de celui des employés il faut également rajouter les quelques 600.000 chômeurs des autres couches sociales.

La bourgeoisie considère que ces gens font toujours partie de leur classe sociale d'origine, sans prendre en compte leur éventuelle prolétarisation.

Quelles sont justement les autres classes?

Nous avons vu que les ouvriers et les employés représentent directement à peu près 14 millions de personnes travaillant sur 23 millions au total.

A cela s'ajoute le million de personnes travaillant dans l'agriculture, où là aussi les différences de classes sont très marquées.

Une majorité de ces travailleurs a à gagner à la révolution.

A cela s'ajoute ensuite trois catégories selon la bourgeoisie :

-les artisans;

-les professions intermédiaires;

-les cadres et professions intellectuelles supérieures.

Chez les artisans jouent naturellement les différences de classe, mais la bourgeoisie comptabilise dans cette section également les commerçants et les chefs d'entreprise.

700.000 artisans, 700.000 commerçants et 170.000 chefs d'entreprise forment une classe dont une minorité sera l'alliée de la révolution, la très grande majorité (sauf chez les artisans) son ennemie farouche.

De même pour les cadres et professions intellectuelles.

Les 1.500.000 cadres d'entreprises seront majoritairement opposés au socialisme, tout comme les 350.000 des professions libérales.

Les 1.300.000 cadres de la fonction publique, des professions intellectuelles ou artistiques seront sans doute plus fluctuants, mais seule une minorité pour se rallier tant que l'esprit petit-bourgeois restera prédominant dans ce groupe.

Restent les professions intermédiaires, qui regroupent six millions de personnes selon les statistiques de la bourgeoisie.

Les techniciens, les agents de maîtrise, les professions intermédiaires administratives, commerciales, de la fonction publique...

Une classe culturellement légitimiste, mais qui peut s'allier à la révolution dans certaines conditions bien définies.

Ces conditions sont celles du front révolutionnaire, que le parti a à mettre en place.

Mais dans le processus révolutionnaire, ces classes intermédiaires forment un tampon qui fait obstacle à la lutte de classes.

Leur légitimisme empoisonne la classe ouvrière, leur existence même cache souvent la bourgeoisie aux yeux du prolétariat et de la classe ouvrière.

Une analyse minutieuse doit être effectuée en menant la lutte de classes, dans l'enquête et l'analyse révolutionnaire.

Dans cette analyse succincte nous nous sommes fondés sur la question du rapport social, pas de la question de la propriété.

Cette question prend une importance chaque jour plus grande, car elle marque la prolétarisation générale des masses, y compris des professions intermédiaires et même de la petite-bourgeoisie.

C'est dans la crise que réside la force et la capacité de la classe ouvrière à unifier les masses autour d'elle.

Mais l'économie politique marxiste - léniniste - maoïste souligne que, dans les pays impérialistes, la lutte révolutionnaire des rouges contre les blancs n'est pas une lutte de 90% de la population contre 10% ; elle est une lutte d'une partie de la société contre une autre.