Manuel
d'économie politique
maoïste
13.Le développement
de l'Etat
impérialiste en France
L'histoire du développement
de l'Etat impérialiste français est marquée
par deux facteurs principaux.
Le premier est la
centralisation totale des fonctions étatiques dans la
capitale parisienne.
Le second est le
poids énorme de la culture bourgeoise dans le pays de
la révolution bourgeoise accomplie jusqu'au bout, culture
associée à une tradition forte et toujours soutenue.
L'Etat français
a vécu un développement très fort, organisé
et réorganisé de manière perpétuelle
par la bourgeoisie.
Le jacobinisme est
une donnée essentielle de la culture bourgeoise française.
La domination de
la culture parisienne a permis cette continuité du centralisme;
Paris joue un rôle central économiquement et politiquement.
Il n'y a que deux
villes (Lyon et Marseille) à avoir un million d'habitants;
seulement 8 villes dépassent le chiffre de 500.000 habitants
contre une quinzaine en Italie et en Grande-Bretagne et une vingtaine
en Allemagne.
Cette opposition
Paris/province a également été recrée
à moindre échelle.
Les villes principales
(Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nantes) sont organisées
comme des mini-capitales centralisant en leur sein les richesses
sociales.
L'évolution
de la France a profondément été marquée
par ces phénomènes.
Le géographe
Jean-François Gravier a ainsi créé en 1947
l'expression " Paris et le désert français
".
A également
été formé chez les géographes le
terme de " diagonale du vide ", pour parler de la faiblesse
de la population vivant dans cette diagonale allant des Ardennes
aux Hautes-Pyrénées en passant par le Massif Central.
La domination parisienne
s'est accentuée massivement au moment de la révolution
industrielle, aboutissant au déclin des villes avoisinantes
: Amiens, Caen, Orléans, Reims et Rouen.
En 1914, il n'y
avait que 16 villes françaises de plus de 100.000 habitants,
contre 45 en Allemagne et 47 au Royaume-Uni.
La région
Ile de France regroupe aujourd'hui 19% de la population pour
2,2% du territoire.
Paris joue le rôle
de capitale sur tous les plans : économique, social, culturel,
financier, etc.
La bourgeoisie a
ainsi fait de Paris sa place-forte, développant sa culture
autant qu'elle le voulait, se liant aux autres bourgeoisies grâce
à son rayonnement, multipliant les échanges et
les expériences de domination.
Les modifications
urbaines organisées par le baron Haussmann sont le symbole
de la domination bourgeoise sur Paris.
Une fois les classes
populaires rejetées de la capitale, la bourgeoisie a pu
former une bulle culturelle, aidant d'autant plus au renforcement
de son idéologie et au mythe de la disparition de la classe
ouvrière.
La bourgeoisie a
ainsi pu établir la fonction de maire à Paris en
1977, fonction que la bourgeoisie s'était bien passée
de créer après la Commune de 1871.
Pourquoi, alors
que la bourgeoisie française a su mener sa révolution,
y a-t-il eu une telle centralisation, dans la continuité
de la politique royale?
Cela tient principalement
à la Restauration qui a suivi la révolution bourgeoise;
le temps que la bourgeoisie prenne définitivement le pas
sur l'aristocratie (1848) le prolétariat a déjà
fait son apparition et commence à se développer
en tant que classe révolutionnaire.
L'Etat français
a alors subi une influence culturelle bourgeoise et aristocrate.
La bourgeoisie française
a ainsi pratiqué son jacobinisme le plus poussé
non plus dans sa lutte contre l'aristocratie, mais contre le
prolétariat et les nations opprimées (Euzkadi,
Breizh, Corsica).
Ainsi, alors que
l'Allemagne se voit historiquement dominée par une alliance
entre l'aristocratie et la bourgeoisie et n'a pas de centralisation
réelle (en raison du poids de l'aristocratie dans chaque
Land), la France bourgeoise continue l'hyper centralisation.
Cette tradition
aristocratique au sein de l'Etat français se retrouve
dans toute la culture des hauts fonctionnaires et participe totalement
au soutien par ceux-ci à l'alliance pétainiste
avec le nazisme.
De Gaulle avait
alors représenté les intérêts de la
bourgeoisie contre la tradition de l'appareil d'Etat français.
Mitterrand, haut
fonctionnaire de tradition aristocratique acquis par la suite
au modernisme bourgeois, représente la synthèse
de ces deux tendances historiques au sein de l'Etat français.
Le rôle des
communistes, dans leur lutte contre la bourgeoisie et son Etat,
est donc d'unifier les classes populaires exclues des richesses
de la capitale et les nations opprimées exclues de tout
pouvoir de décision (en leur accordant également
le droit à l'autodétermination).
Cette lutte passe
également par la lutte contre les représentants
de la bourgeoisie impérialiste et les bourgeois des autres
villes, qui sont un soutien essentiel à ce découpage
centralisateur bourgeois et ont le plus souvent des statuts de
véritables notables.
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