Manuel
d'économie politique
maoïste

14.Les masses dans les métropoles impérialistes

Avec le développement des forces productives lors du nouveau cycle productif ouvert après la seconde guerre impérialiste s'est ouvert une période d'une vingtaine d'années où le centre de la révolution mondiale a clairement été géographiquement dans la " zone des tempêtes " (l'Asie, l'Afrique, l'Amérique latine).

Les masses des pays capitalistes vivant une amélioration de leur niveau de vie, trouvant de manière relativement aisée du travail et découvrant une nouvelle consommation, ne se sentent plus concernés par la politique révolutionnaire telle qu'elle pouvait exister lors de la crise des années 1930.

Aujourd'hui, dans la période de crise de l'impérialisme et de destruction sociale généralisée, les masses n'ont pas encore retrouvé le niveau de conscience qu'elles pouvaient avoir auparavant dans un même contexte.

Dans les années 1960-1980, la ligne générale révolutionnaire passait par le soutien aux mouvements des peuples et nations des continents opprimés; aujourd'hui la politique révolutionnaire dans le centre impérialiste lui-même est d'actualité.

La Fraction Armée Rouge disait au tout début des années 1970:

" Avec l'introduction de la journée de huit heures, correspondant à la domination de 24h du travailleur par le système - avec la création du pouvoir d'achat des masses, des échelles mobiles - le système a remporté une victoire sur les projets, les besoins, les alternatives, la fantaisie, la spontanéité, en un mot sur l'être humain dans sa totalité.

Le système a réussi à plonger les masses dans les métropoles si profondément dans leur propre merde qu'elles ont apparemment perdu leur vision d'elles-mêmes en tant que masses opprimées et exploitées; de sorte que pour elles, l'automobile, l'assurance-vie, un contrat d'épargne-logement, leur font accepter tous les crimes du système et que, mis à part la voiture, les vacances, la salle de bains, elles ne peuvent rien se présenter et espérer (...).

Le fait est que le système, par une offensive progressive sur le psychique des gens, se reproduit, et cela non pas de manière ouverte, fasciste, mais par le marché " (Fraction Armée Rouge, Mener la lutte anti-impérialiste - construire l'armée rouge!).

La RAF avait alors conclu que la contradiction bourgeoisie / prolétariat était devenue secondaire.

Toute personne en Allemagne refusant culturellement le système et se reconnaissant dans la luttes des peuples et nations d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine devenait un camarade.

Aujourd'hui l'impérialisme n'est plus capable de maîtriser sa base arrière de manière aussi nette que dans les années précédentes.

Chaque année la crise s'aggrave, prolétarisant de larges masses, même si ces masses sont encore largement en retard sur le plan subjectif, favorisant la montée d'idéologies réactionnaires comme le racisme, la religion, etc.
Mais les masses font chaque jour l'expérience de leur "nouvelle" situation.

Elles font l'expérience de la violence du rapport entre individus, rapport dominé par les rapports marchands et l'idéologie patriarcale.

Les individus, inconscients des rapports sociaux dominants, participent à ces rapports de manière de plus en plus volontaire, considérant que c'est l'unique moyen de s'en sortir.

Cette volonté individuelle de progression sociale renforce l'individualisme, aboutit à plus de concurrence, de violence, et contribue encore davantage à ce que d'autres individus abandonnent la lutte pour d'autres rapports sociaux et sombrent dans la concurrence la plus effrénée.

Cette concurrence n'est pas que sur le plan de l'emploi; elle concerne tous les domaines de la vie.

Les rapports capitalistes dégradent les rapports d'amitié, sentimentaux, sexuels, qui subissent des déformations afin de devenir eux-mêmes des rapports d'exploitation et d'oppression.

Dans les pays impérialistes sont même apparues des formes fétichisant ces rapports, sacralisant les rapports physiques violents, la violence au sein de groupes, la prostitution, la domination.

Dans la période de décadence de l'impérialisme, les femmes sont les principales cibles de la violence généralisée des rapports sociaux au sein du capitalisme.

Elles sont maintenues dans une déchéance politique et sociale les mettant à l'écart de tout développement social.

A la différence des hommes, les femmes expriment ainsi leur violence contre elles-mêmes (haine de soi, auto-mutilation, anorexie, boulimie, etc.).

Les femmes ne trouvent au sein des masses aucun appui pour se libérer, car la vision du monde dominante est imposée par la violence étatique et l'influence de la culture bourgeoise.
Les masses, qualifiées de stupides par la bourgeoisie, dilapident leurs énormes capacités dans des connaissances fantastiques et sans limites sur les clubs sportifs, la mécanique, les jeux vidéos, etc..

Les masses, dans l'impérialisme, ne possèdent plus de repères; elles suivent par conséquent ceux proposés culturellement par l'impérialisme, principalement par les mass-médias (télévision, cinémas, etc.) et la consommation.

Les masses immigrées subissent de plus l'influence immense de la culture féodale de leurs pays d'origine, pays auxquels elles restent reliées par des liens culturels nationaux, familiaux.

Elles ne possèdent pas les critères pratiques et théoriques ni l'expérience historique pour affronter les contradictions chaque jour grandissantes des pays impérialistes, et se replient ainsi le plus souvent sur des valeurs féodales capables selon elles de " résister " à la décadence massive et générale de toutes les valeurs au sein de l'impérialisme.

Dans la période de décadence de l'impérialisme, à l'aliénation subie dans la période de montée de l'impérialisme s'ajoute la décadence massive de tous les fondements faisant l'humanité.

La déformation massive de la personnalité, de la richesse individuelle, de la sensibilité, aboutit à une explosion des troubles psychiatriques, de souffrances d'autant plus difficiles que l'origine n'en est pas comprise.

Les rapports de domination et d'exploitation s'étant immiscé jusque dans les rapports humains les plus banals, les rares résistances se voient le plus souvent dévoyées, dirigées contre d'autres individus, contre des catégories des masses elles-mêmes (les femmes considérées comme des " salopes ", les immigrés comme des " voleurs ", etc.).

L'accroissement de la folie et du désespoir est la caractéristique principale de la période de décadence de l'impérialisme.

Cet accroissement aboutit à la notion bourgeoise de " schizophrénie ", que pas un seul manuel psychiatrique bourgeois ne définit pareillement.

La bourgeoisie soutient de la même manière quantité d'idéologies " expliquant " l'accroissement des comportements irrationnels : psychanalyses, psychologies, explication par les gènes, par les " races ", par les religions, par les nationalités, etc.

Cet accroissement général de la folie dans les métropoles impérialistes porte en lui son contraire : la possibilité pour les masses de devenir totalement maîtres de leur propre destin, en prenant conscience des rapports sociaux et de leur impact en chaque individu et en les renversant.

La période de décadence de l'impérialisme ne peut aboutir soit qu'au retour à une période initiale du développement de l'humanité, à la barbarie (par la destruction des sociétés, les guerres impérialistes et nucléaires), soit au socialisme.