Manuel
d'économie politique
maoïste

15.La sexualité dans l'humanité

La destruction du communisme primitif a amené la formation d'une nouvelle entité sociale, la famille.

La famille, au sens bourgeois du terme, n'a pas toujours existé sous cette forme.

Dans le communisme primitif, les individus ne forment pas de couples fixés.

Et de fait, que trouvons-nous comme la forme la plus ancienne, la plus primitive de la famille, celle dont nous pouvons indéniablement attester l'existence dans l'histoire, et qu'encore aujourd'hui nous pouvons étudier çà et là?

Le mariage par groupe, la forme de mariage où des groupes entiers d'hommes et des groupes entiers de femmes se possèdent mutuellement et qui ne laisse que peu de place à la jalousie.

Et, de plus, nous trouvons à une étape postérieure de développement la forme exceptionnelle de la polyandrie qui, certes, est un défi à tous les sentiments de jalousie et qui est, pour cette raison, inconnue aux animaux.
(Friedrich Engels : Origines de la famille et de la propriété privée)

Historiquement le matriarcat a prédominé dans les premières formes sociales de l'humanité ; la femme était elle seule capable de produire, en engendrant.

L'humanité était dépendante de la production de la nature et se partageait tout.

A tous les stades antérieurs de la société, la production était essentiellement une production commune, de même que la consommation se faisait par une répartition directe des produits au sein de collectivités communistes plus ou moins vastes.
(Friedrich Engels : Origines de la famille et de la propriété privée)

Par la suite, le patriarcat a prédominé. La construction fondamentalement patriarcale des religions monothéistes vise à nier l'existence passée de ce matriarcat. L'invention d'un Dieu unique créateur correspond à l'idéologie patriarcale niant l'importance de la femme.

Le patriarcat apparaît historiquement comme idéologie des nouvelles classes possédantes.

Cette idéologie nie le communisme primitif et consacre la domination des propriétaires.

La sexualité a changé de forme.

De naturelle et spontanée, les rapports sexuels ont été encadrés par des rapports de domination.

Dans la société patriarcale, les femmes sont mises à l'écart de tout processus de décision ou de propriété, sauf en de rares cas dans les classes dominantes.

Avec le développement du capitalisme, l'ancien patriarcat disparaît ; une égalité formelle s'instaure entre personnes du genre masculin.

Les femmes restent considérées comme des " sous-hommes ", selon le point de vue développé par toutes les religions.

De la même manière, l'homosexualité masculine est rejetée comme rapprochant les personnes du genre masculin des femmes ; l'homosexualité féminine est purement et simplement niée, son existence remettant en cause les principes patriarcaux.

Dans le capitalisme, les couples se forment non pas selon le libre-choix des individus, mais selon les nécessités sociales et affectives.

L'amour romantique mis en avant historiquement par la bourgeoisie reste interne à sa classe, comme le montre l'amour de Roméo et Juliette, qui rejette l'aristocratie mais reste dans le cadre des classes dominantes.

Les rapports sociaux capitalistes créent une culture individualiste, où les êtres humains apparaissent eux-mêmes comme des objets de consommation.

Dans le capitalisme, la sexualité est réduite à un besoin, sans dimension culturelle.

Des théoriciens bourgeois ont théorisé le caractère "purement " pulsionnel de la sexualité ; la psychanalyse expliquant ainsi que les œuvres d'art sont le produit d'individus ayant refoulé leur sexualité et l'ayant transformé - sublimé selon le terme de Freud - en créativité artistique.

Le communisme rejette l'idée que la sexualité ne soit pas un besoin, et rejette la réduction de la sexualité à de simples besoins.

Le communisme primitif a démontré le caractère de jeu qui peut être attribué à la sexualité dans le cadre d'une humanité libérée ; Alexandra Kollontaï a été la principale théoricienne de cet aspect essentiel.

Mais dans le communisme primitif les individus sont purement et simplement intégrés dans la communauté ; ils ne peuvent pas développer leurs facultés personnelles et s'affirmer individuellement.

Le capitalisme a permis la reconnaissance individuelle des hommes, des femmes et des enfants.

Ainsi, les individus dans le socialisme vivront leur sexualité comme un choix individuel, assumant leurs besoins humains dans le cadre d'une construction culturelle.

Cette construction peut se limiter à un jeu ou être la formation d'un couple ; cet aspect est secondaire par rapport à l'attribution d'un aspect culturel à la sexualité.

Les femmes ayant subi le patriarcat depuis la fin du communisme primitif, leur libération est une condition majeure pour la victoire du socialisme.

Dans la soumission des femmes aux principes de l'ordre établi se cache la soumission de l'humanité aux rapports sociaux de domination.

Le mouvement communiste se distingue des autres mouvements par le fait que sa direction est féministe, que les femmes jouent en son sein des rôles essentiels.

Le mouvement communiste est l'affirmation de la femme ; c'est dans la lutte révolutionnaire que les femmes brisent les règles et valeurs les enfermant, détruisent les structures sociales niant leurs existences individuelles.

La situation de la femme prouve la nécessité de révolutions culturelles dans tous les domaines de la vie.

Les femmes ne réussissent pas à abolir la domination par des réformes ou des aménagements ; le patriarcat trouve autant d'aménagements qu'il le souhaite en raison de la continuation de l'existence de la propriété privée.

En abolissant la propriété privée, le socialisme ôte au patriarcat son principal appui. La lutte culturelle contre la continuation idéologique du patriarcat est l'un des aspects centraux de la révolution.