Manuel
d'économie politique
maoïste
19.La nation basque
La nation basque
a une histoire très particulière au sein de l'Europe.
Historiquement,
la nation basque est issue de peuples présents en Europe
avant la venue des Indo-Européens, il y a cinq mille ans.
De fait le pourcentage
d'individus du groupe sanguin Rhésus négatif est
bien plus élevé dans la population basque que dans
la plupart des autres populations du monde.
L'origine de leur
langue, qui n'est pas indo-européenne, et des basques
en général, reste source de débat.
Il est aujourd'hui
traditionnel de rattacher la langue basque à la famille
dite déné-caucasienne (composée de six branches,
principalement au Caucase mais également en Amérique
avec notamment l'apache et le navajo).
La langue appelé
l'euskara, remonte certainement à l'âge de pierre,
comme le prouvent les noms d¹instruments de travail qui
comportent la racine " aitz ", signifiant " pierre
".
La sortie de l'âge
de pierre fut tardive. Le travail du cuivre et du bronze arrive
avec les Ibères, vers 2000 avant notre ère, celui
du fer avec les Celtes, vers 600 avant notre ère.
Contrairement aux
Celtes et aux Ibères, les Basques n'offrirent pas une
grande résistance aux Romains.
Les Basques, bien
que déjà agriculteurs et éleveurs, avaient
encore un pied dans la communauté primitive et le matriarcat
demeurait la règle, alors que les Celtes connaissaient
le patriarcat, la hiérarchie, la terre aux chefs.
La terre n'étant
à personne, des accommodements purent être trouvés,
comme par exemple le libre passage aux Ibères, Celtes,
Romains, et leur installation provisoire sur certains pâturages.
Les rapports entre
envahisseurs et autochtones n'ont ainsi pas été
nécessairement sanglants, à l¹opposé
des rapports confrontant les sociétés patriarcales
entre elles : Etrusques contre Romains, Gaulois contre Romains...
D'autre part, ces
sociétés déhiérarchisées étaient
également morcelées entre les neuf tribus de langue
Euskara s'étendant de la Garonne jusqu¹au sud de
l¹Ebre : les Aurigones, Caristios, Vardulos, Tarbeli, Sibulates,
Osquidates, Bigerriones, Auskis et Vascones.
A l'opposé
des Etrusques et des Gaulois, peuples s'étant intégré
à d'autres peuples, les Basques ont subsisté. Leur
langue a également incorporé les mots et les techniques
venus de l'étranger.
Les Romains prirent
place dans les plaines et le général Pompée
fixa ses quartiers dans le village qui deviendra Pampelune (la
ville de Pompée).
Les Romains nommèrent
la province conquise Novempopulania, pays des neuf peuples.
La sortie de la
communauté primitive matriarcale et l¹union des tribus
basques, rendue possible par les transformations de l¹occupation
romaine, apparaîtra clairement lors des guerres contre
les envahisseurs " barbares. "
Du duché de Basconie au royaume de Navarre
Les Basques vont
historiquement se mesurer principalement à deux peuples
Germains : les Francs au Nord et les Wisigoths au sud.
Au sud, le chef
Wisigoth Roderic (le
Rodrigue du Cid) mate en 711 à Pampelune l'une des innombrables
révoltes de Basques, avant de faire face aux Arabes de
Tarik qui viennent de débarquer au sud de la péninsule
ibérique.
Au nord, les rois
Francs, vainqueurs des Wisigoths, imposent aux Basques un duc
: le nord du Pays Basque devient le duché de Basconie
ou Gascogne.
Mais très
vite, les Basques rejettent la tutelle des rois fainéants
-les Francs mérovingiens- et se battent en Soule contre
l'armée de Dagobert.
Ils gagnent la bataille
et élisent comme duc, c'est à dire chef de guerre,
un des leurs : Otsoa (Loup).
Entre les Francs
et le duché de Basconie, c'est la guerre, ouverte ou larvée.
Elle culmine dans
les deux batailles de Roncevaux, gagnées par les Basques.
Charlemagne et les
Francs, de retour d'une expédition manquée contre
les Sarrasins à Saragosse, se rattrapent contre la ville
de Pampelune, qu¹ils incendient en 778.
Les Basques se regroupent
alors au sommet du col pyrénéen de Roncevaux, préparent
l'embuscade et attaquent par surprise l'arrière-garde
franque.
La victoire basque
est totale. L'humiliation franque, puis française par
conséquent, fut telle que l'Histoire bourgeoise, se servant
de la Chanson de Roland composée quatre siècles
plus tard, a prétendu déposséder les Basques
de leur victoire, en préférant l¹attribuer
à des adversaires plus renommés, les Sarrasins.
Suite à cette
première victoire, les Basques s'unissent entre eux et
s'allient avec les Musulmans.
C'est avec l'aide
de ces derniers qu¹une seconde victoire est remportée
à Roncevaux en 824, contre Louis le Pieux.
Puis au nord, les
incursions des Normands (852, 892, 982) affaiblissent le Duché
de Basconie, et le dernier duc, Sancho VI Guillaume meurt en
l'an 1032.
Le duché
de Basconie a joué un rôle historiquement positif
puisqu'il est à l'origine du processus de la nation basque.
Il permit aux Basques, sortant de la tutelle romaine, de dépasser
la dispersion tribale en résistant contre les ennemis
du nord et du sud pendant des siècles, et ensuite de faire
naître un Etat totalement souverain, le royaume de Pampelune.
Le royaume de
Navarre et la féodalité
Le premier roi de
Pampelune est Eneko Aritza qui régna de 824 à 852.
Les rapports économiques
et diplomatiques se jouent principalement avec les Emirs de Cordoue
au sud et les rois Francs au nord.
Alternent périodes
d¹entente et périodes de résistance face à
ces royaumes plus grands.
Les Normands, installés
sur la côte, sont chassés de Bayonne un peu avant
l'an mil, ayant contribué à l¹éducation
des Basques concernant l¹art de la navigation et de la construction
navale.
Les Musulmans sont
repoussés au Sud du royaume après l'an mil, après
avoir laissé des enseignements dans le domaine de l'architecture
et dans d'autres aspects culturels.
Le royaume est en
effet chrétien, mais de rite mozarabe, il comporte des
éléments maures.
Cela sera un prétexte
d¹attaque de la Navarre pour la Castille catholique romaine.
Le royaume s'étend
peu à peu à tout le domaine parlant Basque et prend
le nom de royaume de Navarre.
L'apogée
du royaume se situe sous le règne de Sancho le Grand (1005-1035)
et comprend les sept territoires actuellement basques, plus des
régions voisines comme la Rioja qui alors était
basque.
Son blason est l'aigle
noir.
A la mort du monarque,
le royaume est divisé entre ses trois fils.
Ce démembrement
ouvre la longue période de décadence de ce petit
royaume coincé entre deux voisins plus grands, la France
et l'Espagne.
En effet, la Castille,
et l¹Aragon, qui reprennent peu à peu du terrain
face aux Maures, deviennent des puissance rivales de la Navarre,
puis supérieures à elle lorsque ces deux royaumes
s¹unissent pour former ce qui deviendra l¹Espagne.
La Castille est
devenue l¹ennemi principal de la Navarre.
En l'an 1200 elle
prend l'Alava par la force, puis le Guipuzkoa est rajouté
à sa couronne.
Cependant, ces provinces,
en devenant vassales du roi de Castille, sont protégées
par des droits particuliers et ancestraux, les fueros, que le
roi doit jurer de respecter sous peine d'annulation du pacte
et de reprise de l'état de guerre.
Grâce aux
fueros, les Basques ne sont pas soumis au service militaire et
ne sont pas tenus de combattre pour le roi en dehors de leur
province.
Les fueros définissent
le droit concernant le domicile, les garanties pénales,
les modalités d'accès à la justice.
Ils aboutissent
dans chaque province, qu¹elles appartiennent ou non au royaume
de Navarre, à un système législatif et administratif
où une assemblée générale (junta,
biltzar, silviet) réunit les délégués
de toute la province, élit un jurat ou syndic, et décide
des affaires internes et en partie de relations avec le pouvoir
de tutelle.
C'est au Labourd
que les attributions de l'assemblée sont les plus étendues
: maintien de l'ordre et entretien des milices locales, problèmes
de transhumance du bétail, de ponts et chaussées,
de cadastre, modalités de recouvrement de l¹impôt,
sommes forfaitaires dues au roi.
Cette autonomie
est presque une souveraineté si l'on considère
que Les négociations se font de puissance à puissance,
et que les provinces sont reconnues par des pays étrangers.
Il y a des accords
entre la Bizcaye et le Guipuzkoa avec le roi d¹Angleterre,
un consulat bizcayen à Anvers et à Bruges, un traité
de non-belligérance entre le Labourd et le Guipuzkoa,
même en cas de guerre entre la France et l'Espagne.
Des relations très
variables de dépendance s'installent entre les provinces
basques et les royaumes qui les englobent.
Ces rapports politiques
féodaux sont compliqués, mouvants et emboîtés
les uns dans les autres.
En effet, une province
-un vicomté- pouvait être vassal de plusieurs suzerains
à la fois. La Soule, vicomté rural, était
lié à la ville et l'évêché
de Dax, qui dépendaient du duc de Gascogne, vassal du
roi de Navarre. Cependant, le vicomté devait aussi fidélité
au duc d¹Aquitaine.
C'est ainsi qu'Alienor,
duchesse d¹Aquitaine, se mariant en 1137 avec le roi de
France Louis VII, lui apporte en dot le Labourd et le Soule qui
passent sous tutelle française.
Mais, lorsqu¹elle
divorce en 1152 et se remarie avec Henri Plantagenêt, qui
deviendra roi d¹Angleterre, les deux provinces basques deviennent
des dépendances de la couronne britannique.
Pour cette raison,
les Souletains et les Labourdins combattent avec les Anglais
et contre les Français durant la Guerre de Cent Ans.
Malgré cela,
les Basques ne subissent pas passivement ces annexions.
Les armées
de Richard Cur de Lion doivent combattre les forces du
vicomte du Labourd qui entendaient résister.
D'autre part, les
annexions ne sont pas des colonisations entières car la
langue basque et les fueros sont conservés.
Pendant ce temps,
au sud, le royaume de Navarre est tiraillé entre l'influence
aragonaise et l'influence castillane, ce qui donnera lieu au
quinzième siècle à des querelles dynastiques
en Navarre aboutissant à une longue guerre civile opposant
nobles agramontais, favorables aux Aragonais, et nobles beaumontais,
pro-castillans.
Le royaume est durablement
affaibli par dette guerre civile de féodaux, qui ouvre
la voie à la conquête de la partie sud du royaume
par la Castille.
La centralisation au Nord et au Sud
La Castille devient
à cette époque une grande puissance depuis qu'elle
a reconquis le territoire ibérique en chassant les Maures
et qu¹elle a uni sous sa coupe la péninsule en s'alliant
par mariage à l'Aragon.
Puissance mondiale,
elle l'est depuis qu'elle a pris pied en Amérique et commence
à exploiter ce continent et ses habitants.
L¹existence
du royaume de Navarre est ainsi un défi à sa puissance.
Elle représente
le fleuron qui manque à la couronne des Rois Catholiques
; de plus, la Navarre garde la porte de la France.
L'attaque castillane
commence en 1512, puis est finalement victorieuse en 1521.
La Navarre tombe
sous la botte castillane.
Au Nord, le royaume
devient vassal de la France.
Henri III de Navarre
devient Henri IV de France, donc roi de France et roi de Navarre,
de 1572 à 1610.
Son fils Louis XIII
joint la partie Nord de la Navarre à la couronne de France.
Les rois seront
donc " rois de France et de Navarre. " Le pays conserve
ses fueros mais devient un royaume-croupion.
Le royaume de Navarre
fut ainsi absorbé par de plus puissants voisins, mais
il reste la colonne vertébrale inachevée de la
nation basque.
La nation ne s'est
pas formée car la monarchie navarraise était incapable
de se développer une base féodale solide.
Le servage n'existait
qu¹à une échelle très réduite.
Le processus de
passage du féodalisme au capitalisme a donc été
faible, incapable de produire une monarchie absolue.
Ce qui a eu lieu
en Castille-Aragon et en France ne s¹est donc pas produit
pour les Basques.
Le développement
du commerce et de la bourgeoisie est devenu réel avec
la naissance d'une ville au sens strict : Bayonne; pourtant,
ce développement qui aurait pu mener à la nation
a été bloqué et empêché par
l'écartèlement du pays entre plusieurs puissances
et à cause du non développement des forces productives.
L'économie
était principalement rurale et de subsistance.
La Navarre n'était
pas un royaume germain, mais autochtone. Les éléments
qui forment la matrice du féodalisme en Europe, à
savoir l'existence préalable de la latifundia romaine
sur laquelle se rajoutent les structures de commandement et
de loyauté des Germains barbares, n¹ont donc pas
été pleinement présents au Pays Basque.
Il n¹y avait
pas de grande exploitation agricole, pas de zones céréalières
où exploiter des serfs, d¹autre part la population
était peu dense et éparpillée.
L¹unité
de base n'est alors pas vraiment le village, mais plutôt
la maison matriarcale.
Les Basques, qui
ignoraient le nom de famille, en sont venus tardivement à
prendre celui de leur maison.
La population est
formée de bergers transhumants, d¹artisans, de marins
et de pêcheurs sur la côte. Les seigneurs féodaux
sont rares, il n¹y a pas de châteaux, à part
dans les villes-capitales.
C'est la pénétration
de la monarchie absolue française au dix-septième
siècle qui introduit le féodalisme développé
et organisé : le fermage et les impôts que paient
le reste de la France.
Les Basques se révoltent,
en 1641 à Bayonne contre le fermage et en 1685 contre
la gabelle, mais ils sont pris dans le torrent de l'histoire
: ces combats d'arrière-garde n¹empêchent pas
la progression de la centralisation monarchique.
Au Sud, les fueros
sont rongés.
Il faut désormais
parler castillan pour participer aux assemblées.
Les paysans se révoltent
contre le prix du sel et les impôts.
Cette absorption
par l'Espagne s'accentue lors de la guerre de résistance
contre Napoléon, où Basques et Espagnols combattent
ensemble.
Au Nord, la révolution
bourgeoise de 1789 achève l'uvre des rois.
La Navarre disparaît
et en 1790, contre l'avis des députés Basques et
béarnais le département des Basses-Pyrénées
est créé, regroupant provinces basques et béarnaises.
En 1800, Napoléon
Bonaparte crée l'institution semi-dictatoriale des préfets,
assimilables à des gouverneurs coloniaux.
Le nord du Pays
Basque devient à ce moment une semi-colonie de la France
et le reste aujourd'hui.
Il n'est pas du
tout développé industriellement et a souffert d'une
grande émigration vers l¹Amérique.
Pendant ce temps,
la côte est transformée en zone touristique destinée
au plaisir de la bourgeoisie française : Biarritz est
développée par Napoléon III.
Au Sud, le capitalisme
progressera tardivement, mais puissamment.
Pendant tout le
dix-neuvième siècle, les libéraux bourgeois
industriels s'opposent aux absolutistes propriétaires
terriens.
Les libéraux
développent la production, le marché national et
la centralisation, mais se heurtent aux droits féodaux,
aux barrières que sont les fueros et la langue basque.
Les Basques, qui
pensent que les fueros sont un don de dieu, s¹opposent aux
idées modernes " impies " et prennent le parti
des absolutistes qui promettent le respect de Dieu et des fueros.
Les réactionnaires
carlistes profitent de l'arriération des Basques pour
les gagner à leur cause.
La lutte des classes
entre bourgeoisie et aristocratie produit les deux guerres carlistes,
querelle dynastique dont l¹enjeu est la domination bourgeoise
ou aristocratique sur la monarchie.
La victoire fut
bourgeoise.
Les Basques furent
les seuls à se soulever en masse pour Carlos et les absolutistes.
Ils s¹étaient organisés au cri de " Vive
les Fueros ! "
Cette révolte
est comparable à une chouannerie, dans la mesure où
elle exprime un côté réactionnaire de défense
des féodaux, qui explique la défaite, et un côté
progressiste de défense du peuple et de ses droits contre
la colonisation.
Les deux guerres carlistes seront pour les Basques une grande
expérience en terme d'organisation et en termes militaires,
expérience fondamentale pour la résistance basque
du vingtième siècle.
La nation basque
L'industrialisation
commence ainsi dans la deuxième moitié du dix-neuvième
siècle.
La sidérurgie
se développe en Bizkaye à grande vitesse.
Une bourgeoisie
basque au service de l'Espagne apparaît et se développe
très vite.
L'artisanat est
remplacé par l'industrie, le cadre de vie est ainsi totalement
bouleversé.
D'autre part, une
forte immigration d¹ouvriers parlant seulement castillan
achève de transformer la physionomie du pays.
Deux types de population
sont donc juxtaposés : la population basque, principalement
rurale, et la population ouvrière, principalement immigrée
et qui s'accroît très vite.
Dans ces conditions
naît le nationalisme basque, et à côté
de lui, le socialisme espagnol : ces deux mouvements s'ignorent
réciproquement.
L¹origine du
nationalisme basque est petite bourgeoise. Sabino Arana, issu
d¹une famille de carlistes, est le premier patriote basque
moderne.
Il étudie
l'Euskara, préconise la confédération des
sept provinces basques en un seul tout qu¹il baptise Euzkadi.
Il imagine et réalise le drapeau basque et en 1895 fonde
le PNV (Parti Nationaliste Basque).
La définition de la nation par Arana est racialiste et
cléricale: le PNV est le parti de la petite-bourgeoisie
et de la bourgeoisie nationale moderne, mais qui ne rompt pas
ses attaches avec la réaction carliste, avec l'Ancien.
La bourgeoisie nationale
basque devient au tournant du vingtième siècle
assez forte pour exister politiquement.
Le PNV lui offre
l'idéologie dont elle a besoin : un cadre d'autonomie
pour son développement propre, mais avec les liaisons
commerciales avec l¹Espagne et l'Amérique.
Lorsque les franquistes
déclenchent le soulèvement réactionnaire
semi-féodal en 1936, les Basques sont divisés.
La république
bourgeoise de 1931 n¹avait pas reconnu l¹autonomie
d¹Euzkadi.
Le franquisme étant
un carlisme renouvelé et adapté, la Navarre, rurale
et basque, passe tout de suite dans le camp de Franco. Au contraire,
la bourgeoise nationale du PNV se place dans le front démocratique
de la république, suivant en cela la classe ouvrière.
L'autonomie est accordée en 1936, et comme l'Euzkadi est
séparée territorialement des zones républicaines,
cette autonomie est pratiquement une indépendance.
Le président
PNV d'Euzkadi est Aguirre ; sont organisées la vie sociale
et la résistance au fascisme, un ministre est du Parti
Communiste d'Euzkadi.
Le clergé
basque suivra le PNV, parti démocrate-chrétien,
et sera donc républicain, à la différence
de ce qui se passe partout ailleurs.
Guernika, ville
symbole des libertés basques (c'est sous l'arbre de Guernika
que les rois juraient fidélité aux fueros) est
détruite par l'aviation nazie le 26 avril 1937, jour de
marché.
Les Franquistes
sont victorieux, ce qui provoque une immense émigration
vers les Etats-Unis et la France principalement.
La période
franquiste est la plus grande défaite basque.
Les combattants
d'Euzkadi sont fusillés et la langue est interdite partout,
ainsi que toute expression culturelle propre.
Cette défaite
extirpe toutes les illusions carlistes, autonomistes-réactionnaires.
Est alors déblayé
le terrain de la lutte pour l'indépendance.
En effet, le gouvernement
légal d'Euzkadi était diplomatiquement reconnu
par la France et les Etats-Unis, mais ils changent leur fusil
d'épaule dans les années 50 et reconnaissent l'Espagne
de Franco L'ambassade d'Euzkadi à Paris est cédée
aux fascistes.
Ainsi la bourgeoisie
nationale et le PNV en finissent avec leur rôle hégémonique
dans le processus de la nation basque.
Le combat pour l¹indépendance
Le prestige parlementaire
du PNV n'ayant plus cours et la bourgeoisie basque ayant ou fui
le pays ou s'étant intégrée à l¹oligarchie
franquiste, la libération nationale doit repartir presque
de zéro.
Euskadi Ta Askatasuna
(ETA), c'est-à-dire "Pays Basque et Liberté
", est fondée en 1959 à partir du noyau "
ekin " (" agir") crée en 1953 par des gens
issus de la jeunesse de PNV.
ETA entend reprendre
le combat de résistance anti-fasciste et pour l'indépendance.
Le mouvement déclenche
la lutte armée en faisant dérailler des trains
contenant des gradés franquistes.
S'appuyant sur les
Basques de naissance, le mouvement se développe au-delà
et parvient au fur et à mesure à intégrer
une grande partie de la classe ouvrière immigrée
des villes.
En effet, ETA devient
la résistance principale au franquisme, ce qui lui attire
la sympathie du prolétariat urbain. Le saut qualitatif
se produit dans la deuxième moitié des années
60, lorsque la classe ouvrière s'intègre au combat
pour la nation basque.
Est ainsi incorporé
à la cause d¹Euskadi et à sa culture le prolétariat
immigré.
ETA assume une identité
de Mouvement de Libération Nationale, entend mener la
lutte pour l'indépendance et pour le socialisme sur le
modèle cubain et vietnamien.
Le principal théoricien
est Federico Krutwig (alias Fernando de Sarrailh de Yhartza)
qui définit la stratégie comme devant être
la Guerre Révolutionnaire.
Krutwig traduit
en 1968 Mao Zedong en Euskara. La lutte militaire est vue comme
principale.
ETA attaque au coeur
de l'Etat en 1973, l'espoir populaire en Euzkadi est alors immense.
En effet, l'amiral
Carrero Blanco, successeur désigné par Franco,
est éliminé par les patriotes basques, dans une
action spectaculaire : sa voiture dynamitée s'élève
de plusieurs étages (d'où le slogan en France :
" Plus haut que Carrero ").
La " démocratisation " de l'Espagne ne reconnaissant
pas la nation basque ni son droit à l'autodétermination,
ETA continue la lutte.
Officiellement selon
la Constitution les forces armées espagnoles sont le garant
de l'intégrité territoriale de l'Espagne.
La lutte culturelle
se développe elle aussi parallèlement : les ikastolas
(écoles en basque) se développent dans les années
70 et 80, et l'enseignement systématique de l'Euskara
est un principe mis en avant par le MLN basque, alors que le
PNV gère le bilinguisme depuis les années 1980.
La lutte idéologique
est pourtant laissée de côté, le parti étant
considéré seulement comme un appoint, donc facultatif
pour ETA, qui rejette également dans cette période
les tendances trotskystes et capitulationnistes (ETA VI et les
Polis-Milis).
En fait la ligne
d'ETA oscille entre la volonté de lutter radicalement
pour l'indépendance et la soumission au PNV et son souhait
d'autonomie du pays basque.
Localement la ligne
des patriotes basques est clairement radicale (le pays basque
vote majoritairement contre l'OTAN, seule " région
" espagnole à le faire), avec les principes résumés
dans la plate-forme dite " KAS ", consistant en des
revendications révolutionnaires-démocratiques.
Plus de deux cents
militants d'ETA sont tombés pour la cause basque.
Mais sur le plan
général, la dérive est celle du réformisme
armé, comme la P.I.R.A. d'Irlande du Nord. Cela aboutit
à un réformisme armé de plus en plus dur.
Les revendications
d'E.T.A. seront toujours rejetées, et au début
des années 2000 toutes les organisations et associations
basques radicales interdites.
La partie d'Euzkadi occupée par la France
La résistance
au nord du Pays Basque est un écho de ce qui se passe
au sud.
Le nord n'a en effet
pas connu la guerre anti-fasciste de 36-39, principe initial
de l'identité du MLN basque.
Il n¹y a pas
eu de développement au Nord, à part celui du tourisme,
et les conséquences idéologiques de la Guerre de
14 ont été catastrophiques pour la conscience patriotique
(malgré les très nombreuses désertions en
14-18).
Ceci explique le
retard du Nord dans le processus de la nation Basque.
Pourtant, le combat
patriotique renaît dans les années 60 et 70 avec
le mouvement " Enbata " pour l'Euskadi des sept provinces.
Le slogan est 4+3=1,
pour l¹unification des quatre provinces appartenant à
l'Espagne avec les trois provinces appartenant à la France.
L'objectif tactique
est de réunir entre elles les 3 provinces du nord en un
département basque, afin stratégiquement de se
réunir avec l'ensemble des 4 provinces du Sud.
En 1974 apparaît
le groupe armé Iparretarrak (les etarras -membres d'ETA-
du Nord) qui appuie ces revendications patriotiques en attaquant
des cibles administratives qui maintiennent le pays dans le
sous développement et le caciquisme de hobereaux.
Le mouvement attaque
la touristification, qui transforme le Nord du pays en une zone
récréative pour la bourgeoisie de France et des
autres pays.
Etant donné
qu'au Sud, le régime de " l'autonomie " est
un cadeau fait à La bourgeoisie compradore basque vendue
aux Espagnols pour qu'elle participe elle-même à
l'exploitation des masses populaires (avec notamment la "
police basque "), et qu'au Nord la bourgeoisie ne veut même
pas entendre parler d'une modification départementale,
les patriotes basques ne peuvent que devoir reconsidérer
le néant de valeur de l'autonomie de type fueros et assumer
intégralement les principes communistes de la Libération
Nationale.
La tâche des
communistes de France est de soutenir la nation basque dans son
juste combat pour le droit à l'autodétermination.
|