Manuel
d'économie politique
maoïste

19.La nation basque

La nation basque a une histoire très particulière au sein de l'Europe.

Historiquement, la nation basque est issue de peuples présents en Europe avant la venue des Indo-Européens, il y a cinq mille ans.

De fait le pourcentage d'individus du groupe sanguin Rhésus négatif est bien plus élevé dans la population basque que dans la plupart des autres populations du monde.

L'origine de leur langue, qui n'est pas indo-européenne, et des basques en général, reste source de débat.

Il est aujourd'hui traditionnel de rattacher la langue basque à la famille dite déné-caucasienne (composée de six branches, principalement au Caucase mais également en Amérique avec notamment l'apache et le navajo).

La langue appelé l'euskara, remonte certainement à l'âge de pierre, comme le prouvent les noms d¹instruments de travail qui comportent la racine " aitz ", signifiant " pierre ".

La sortie de l'âge de pierre fut tardive. Le travail du cuivre et du bronze arrive avec les Ibères, vers 2000 avant notre ère, celui du fer avec les Celtes, vers 600 avant notre ère.

Contrairement aux Celtes et aux Ibères, les Basques n'offrirent pas une grande résistance aux Romains.

Les Basques, bien que déjà agriculteurs et éleveurs, avaient encore un pied dans la communauté primitive et le matriarcat demeurait la règle, alors que les Celtes connaissaient le patriarcat, la hiérarchie, la terre aux chefs.

La terre n'étant à personne, des accommodements purent être trouvés, comme par exemple le libre passage aux Ibères, Celtes, Romains, et leur installation provisoire sur certains pâturages.

Les rapports entre envahisseurs et autochtones n'ont ainsi pas été nécessairement sanglants, à l¹opposé des rapports confrontant les sociétés patriarcales entre elles : Etrusques contre Romains, Gaulois contre Romains...

D'autre part, ces sociétés déhiérarchisées étaient également morcelées entre les neuf tribus de langue Euskara s'étendant de la Garonne jusqu¹au sud de l¹Ebre : les Aurigones, Caristios, Vardulos, Tarbeli, Sibulates, Osquidates, Bigerriones, Auskis et Vascones.

A l'opposé des Etrusques et des Gaulois, peuples s'étant intégré à d'autres peuples, les Basques ont subsisté. Leur langue a également incorporé les mots et les techniques venus de l'étranger.

Les Romains prirent place dans les plaines et le général Pompée fixa ses quartiers dans le village qui deviendra Pampelune (la ville de Pompée).

Les Romains nommèrent la province conquise Novempopulania, pays des neuf peuples.

La sortie de la communauté primitive matriarcale et l¹union des tribus basques, rendue possible par les transformations de l¹occupation romaine, apparaîtra clairement lors des guerres contre les envahisseurs " barbares. "


Du duché de Basconie au royaume de Navarre

Les Basques vont historiquement se mesurer principalement à deux peuples Germains : les Francs au Nord et les Wisigoths au sud.

Au sud, le chef Wisigoth Roderic (le
Rodrigue du Cid) mate en 711 à Pampelune l'une des innombrables révoltes de Basques, avant de faire face aux Arabes de Tarik qui viennent de débarquer au sud de la péninsule ibérique.

Au nord, les rois Francs, vainqueurs des Wisigoths, imposent aux Basques un duc : le nord du Pays Basque devient le duché de Basconie ou Gascogne.

Mais très vite, les Basques rejettent la tutelle des rois fainéants -les Francs mérovingiens- et se battent en Soule contre l'armée de Dagobert.

Ils gagnent la bataille et élisent comme duc, c'est à dire chef de guerre, un des leurs : Otsoa (Loup).

Entre les Francs et le duché de Basconie, c'est la guerre, ouverte ou larvée.

Elle culmine dans les deux batailles de Roncevaux, gagnées par les Basques.

Charlemagne et les Francs, de retour d'une expédition manquée contre les Sarrasins à Saragosse, se rattrapent contre la ville de Pampelune, qu¹ils incendient en 778.

Les Basques se regroupent alors au sommet du col pyrénéen de Roncevaux, préparent l'embuscade et attaquent par surprise l'arrière-garde franque.

La victoire basque est totale. L'humiliation franque, puis française par conséquent, fut telle que l'Histoire bourgeoise, se servant de la Chanson de Roland composée quatre siècles plus tard, a prétendu déposséder les Basques de leur victoire, en préférant l¹attribuer à des adversaires plus renommés, les Sarrasins.

Suite à cette première victoire, les Basques s'unissent entre eux et s'allient avec les Musulmans.

C'est avec l'aide de ces derniers qu¹une seconde victoire est remportée à Roncevaux en 824, contre Louis le Pieux.

Puis au nord, les incursions des Normands (852, 892, 982) affaiblissent le Duché de Basconie, et le dernier duc, Sancho VI Guillaume meurt en l'an 1032.

Le duché de Basconie a joué un rôle historiquement positif puisqu'il est à l'origine du processus de la nation basque. Il permit aux Basques, sortant de la tutelle romaine, de dépasser la dispersion tribale en résistant contre les ennemis du nord et du sud pendant des siècles, et ensuite de faire naître un Etat totalement souverain, le royaume de Pampelune.

Le royaume de Navarre et la féodalité

Le premier roi de Pampelune est Eneko Aritza qui régna de 824 à 852.

Les rapports économiques et diplomatiques se jouent principalement avec les Emirs de Cordoue au sud et les rois Francs au nord.

Alternent périodes d¹entente et périodes de résistance face à ces royaumes plus grands.

Les Normands, installés sur la côte, sont chassés de Bayonne un peu avant l'an mil, ayant contribué à l¹éducation des Basques concernant l¹art de la navigation et de la construction navale.

Les Musulmans sont repoussés au Sud du royaume après l'an mil, après avoir laissé des enseignements dans le domaine de l'architecture et dans d'autres aspects culturels.

Le royaume est en effet chrétien, mais de rite mozarabe, il comporte des éléments maures.

Cela sera un prétexte d¹attaque de la Navarre pour la Castille catholique romaine.

Le royaume s'étend peu à peu à tout le domaine parlant Basque et prend le nom de royaume de Navarre.

L'apogée du royaume se situe sous le règne de Sancho le Grand (1005-1035) et comprend les sept territoires actuellement basques, plus des régions voisines comme la Rioja qui alors était basque.

Son blason est l'aigle noir.

A la mort du monarque, le royaume est divisé entre ses trois fils.

Ce démembrement ouvre la longue période de décadence de ce petit royaume coincé entre deux voisins plus grands, la France et l'Espagne.

En effet, la Castille, et l¹Aragon, qui reprennent peu à peu du terrain face aux Maures, deviennent des puissance rivales de la Navarre, puis supérieures à elle lorsque ces deux royaumes s¹unissent pour former ce qui deviendra l¹Espagne.

La Castille est devenue l¹ennemi principal de la Navarre.

En l'an 1200 elle prend l'Alava par la force, puis le Guipuzkoa est rajouté à sa couronne.

Cependant, ces provinces, en devenant vassales du roi de Castille, sont protégées par des droits particuliers et ancestraux, les fueros, que le roi doit jurer de respecter sous peine d'annulation du pacte et de reprise de l'état de guerre.

Grâce aux fueros, les Basques ne sont pas soumis au service militaire et ne sont pas tenus de combattre pour le roi en dehors de leur province.

Les fueros définissent le droit concernant le domicile, les garanties pénales, les modalités d'accès à la justice.

Ils aboutissent dans chaque province, qu¹elles appartiennent ou non au royaume de Navarre, à un système législatif et administratif où une assemblée générale (junta, biltzar, silviet) réunit les délégués de toute la province, élit un jurat ou syndic, et décide des affaires internes et en partie de relations avec le pouvoir de tutelle.

C'est au Labourd que les attributions de l'assemblée sont les plus étendues : maintien de l'ordre et entretien des milices locales, problèmes de transhumance du bétail, de ponts et chaussées, de cadastre, modalités de recouvrement de l¹impôt, sommes forfaitaires dues au roi.

Cette autonomie est presque une souveraineté si l'on considère que Les négociations se font de puissance à puissance, et que les provinces sont reconnues par des pays étrangers.

Il y a des accords entre la Bizcaye et le Guipuzkoa avec le roi d¹Angleterre, un consulat bizcayen à Anvers et à Bruges, un traité de non-belligérance entre le Labourd et le Guipuzkoa, même en cas de guerre entre la France et l'Espagne.

Des relations très variables de dépendance s'installent entre les provinces basques et les royaumes qui les englobent.

Ces rapports politiques féodaux sont compliqués, mouvants et emboîtés les uns dans les autres.

En effet, une province -un vicomté- pouvait être vassal de plusieurs suzerains à la fois. La Soule, vicomté rural, était lié à la ville et l'évêché de Dax, qui dépendaient du duc de Gascogne, vassal du roi de Navarre. Cependant, le vicomté devait aussi fidélité au duc d¹Aquitaine.

C'est ainsi qu'Alienor, duchesse d¹Aquitaine, se mariant en 1137 avec le roi de France Louis VII, lui apporte en dot le Labourd et le Soule qui passent sous tutelle française.

Mais, lorsqu¹elle divorce en 1152 et se remarie avec Henri Plantagenêt, qui deviendra roi d¹Angleterre, les deux provinces basques deviennent des dépendances de la couronne britannique.

Pour cette raison, les Souletains et les Labourdins combattent avec les Anglais et contre les Français durant la Guerre de Cent Ans.

Malgré cela, les Basques ne subissent pas passivement ces annexions.

Les armées de Richard Cœur de Lion doivent combattre les forces du vicomte du Labourd qui entendaient résister.

D'autre part, les annexions ne sont pas des colonisations entières car la langue basque et les fueros sont conservés.

Pendant ce temps, au sud, le royaume de Navarre est tiraillé entre l'influence aragonaise et l'influence castillane, ce qui donnera lieu au quinzième siècle à des querelles dynastiques en Navarre aboutissant à une longue guerre civile opposant nobles agramontais, favorables aux Aragonais, et nobles beaumontais, pro-castillans.

Le royaume est durablement affaibli par dette guerre civile de féodaux, qui ouvre la voie à la conquête de la partie sud du royaume par la Castille.


La centralisation au Nord et au Sud

La Castille devient à cette époque une grande puissance depuis qu'elle a reconquis le territoire ibérique en chassant les Maures et qu¹elle a uni sous sa coupe la péninsule en s'alliant par mariage à l'Aragon.

Puissance mondiale, elle l'est depuis qu'elle a pris pied en Amérique et commence à exploiter ce continent et ses habitants.

L¹existence du royaume de Navarre est ainsi un défi à sa puissance.

Elle représente le fleuron qui manque à la couronne des Rois Catholiques ; de plus, la Navarre garde la porte de la France.

L'attaque castillane commence en 1512, puis est finalement victorieuse en 1521.

La Navarre tombe sous la botte castillane.

Au Nord, le royaume devient vassal de la France.

Henri III de Navarre devient Henri IV de France, donc roi de France et roi de Navarre, de 1572 à 1610.

Son fils Louis XIII joint la partie Nord de la Navarre à la couronne de France.

Les rois seront donc " rois de France et de Navarre. " Le pays conserve ses fueros mais devient un royaume-croupion.

Le royaume de Navarre fut ainsi absorbé par de plus puissants voisins, mais il reste la colonne vertébrale inachevée de la nation basque.

La nation ne s'est pas formée car la monarchie navarraise était incapable de se développer une base féodale solide.

Le servage n'existait qu¹à une échelle très réduite.

Le processus de passage du féodalisme au capitalisme a donc été faible, incapable de produire une monarchie absolue.

Ce qui a eu lieu en Castille-Aragon et en France ne s¹est donc pas produit pour les Basques.

Le développement du commerce et de la bourgeoisie est devenu réel avec la naissance d'une ville au sens strict : Bayonne; pourtant, ce développement qui aurait pu mener à la nation a été bloqué et empêché par l'écartèlement du pays entre plusieurs puissances et à cause du non développement des forces productives.

L'économie était principalement rurale et de subsistance.

La Navarre n'était pas un royaume germain, mais autochtone. Les éléments qui forment la matrice du féodalisme en Europe, à savoir l'existence préalable de la latifundia romaine sur laquelle se rajoutent les structures de commandement et de loyauté des Germains barbares, n¹ont donc pas été pleinement présents au Pays Basque.

Il n¹y avait pas de grande exploitation agricole, pas de zones céréalières où exploiter des serfs, d¹autre part la population était peu dense et éparpillée.

L¹unité de base n'est alors pas vraiment le village, mais plutôt la maison matriarcale.

Les Basques, qui ignoraient le nom de famille, en sont venus tardivement à prendre celui de leur maison.

La population est formée de bergers transhumants, d¹artisans, de marins et de pêcheurs sur la côte. Les seigneurs féodaux sont rares, il n¹y a pas de châteaux, à part dans les villes-capitales.

C'est la pénétration de la monarchie absolue française au dix-septième siècle qui introduit le féodalisme développé et organisé : le fermage et les impôts que paient le reste de la France.

Les Basques se révoltent, en 1641 à Bayonne contre le fermage et en 1685 contre la gabelle, mais ils sont pris dans le torrent de l'histoire : ces combats d'arrière-garde n¹empêchent pas la progression de la centralisation monarchique.

Au Sud, les fueros sont rongés.

Il faut désormais parler castillan pour participer aux assemblées.

Les paysans se révoltent contre le prix du sel et les impôts.

Cette absorption par l'Espagne s'accentue lors de la guerre de résistance contre Napoléon, où Basques et Espagnols combattent ensemble.

Au Nord, la révolution bourgeoise de 1789 achève l'œuvre des rois.

La Navarre disparaît et en 1790, contre l'avis des députés Basques et béarnais le département des Basses-Pyrénées est créé, regroupant provinces basques et béarnaises.

En 1800, Napoléon Bonaparte crée l'institution semi-dictatoriale des préfets, assimilables à des gouverneurs coloniaux.

Le nord du Pays Basque devient à ce moment une semi-colonie de la France et le reste aujourd'hui.

Il n'est pas du tout développé industriellement et a souffert d'une grande émigration vers l¹Amérique.

Pendant ce temps, la côte est transformée en zone touristique destinée au plaisir de la bourgeoisie française : Biarritz est développée par Napoléon III.

Au Sud, le capitalisme progressera tardivement, mais puissamment.

Pendant tout le dix-neuvième siècle, les libéraux bourgeois industriels s'opposent aux absolutistes propriétaires terriens.

Les libéraux développent la production, le marché national et la centralisation, mais se heurtent aux droits féodaux, aux barrières que sont les fueros et la langue basque.

Les Basques, qui pensent que les fueros sont un don de dieu, s¹opposent aux idées modernes " impies " et prennent le parti des absolutistes qui promettent le respect de Dieu et des fueros.

Les réactionnaires carlistes profitent de l'arriération des Basques pour les gagner à leur cause.

La lutte des classes entre bourgeoisie et aristocratie produit les deux guerres carlistes, querelle dynastique dont l¹enjeu est la domination bourgeoise ou aristocratique sur la monarchie.

La victoire fut bourgeoise.

Les Basques furent les seuls à se soulever en masse pour Carlos et les absolutistes. Ils s¹étaient organisés au cri de " Vive les Fueros ! "

Cette révolte est comparable à une chouannerie, dans la mesure où elle exprime un côté réactionnaire de défense des féodaux, qui explique la défaite, et un côté progressiste de défense du peuple et de ses droits contre la colonisation.
Les deux guerres carlistes seront pour les Basques une grande expérience en terme d'organisation et en termes militaires, expérience fondamentale pour la résistance basque du vingtième siècle.


La nation basque

L'industrialisation commence ainsi dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle.

La sidérurgie se développe en Bizkaye à grande vitesse.

Une bourgeoisie basque au service de l'Espagne apparaît et se développe très vite.

L'artisanat est remplacé par l'industrie, le cadre de vie est ainsi totalement bouleversé.

D'autre part, une forte immigration d¹ouvriers parlant seulement castillan achève de transformer la physionomie du pays.

Deux types de population sont donc juxtaposés : la population basque, principalement rurale, et la population ouvrière, principalement immigrée et qui s'accroît très vite.

Dans ces conditions naît le nationalisme basque, et à côté de lui, le socialisme espagnol : ces deux mouvements s'ignorent réciproquement.

L¹origine du nationalisme basque est petite bourgeoise. Sabino Arana, issu d¹une famille de carlistes, est le premier patriote basque moderne.

Il étudie l'Euskara, préconise la confédération des sept provinces basques en un seul tout qu¹il baptise Euzkadi. Il imagine et réalise le drapeau basque et en 1895 fonde le PNV (Parti Nationaliste Basque).


La définition de la nation par Arana est racialiste et cléricale: le PNV est le parti de la petite-bourgeoisie et de la bourgeoisie nationale moderne, mais qui ne rompt pas ses attaches avec la réaction carliste, avec l'Ancien.

La bourgeoisie nationale basque devient au tournant du vingtième siècle assez forte pour exister politiquement.

Le PNV lui offre l'idéologie dont elle a besoin : un cadre d'autonomie pour son développement propre, mais avec les liaisons commerciales avec l¹Espagne et l'Amérique.

Lorsque les franquistes déclenchent le soulèvement réactionnaire semi-féodal en 1936, les Basques sont divisés.

La république bourgeoise de 1931 n¹avait pas reconnu l¹autonomie d¹Euzkadi.

Le franquisme étant un carlisme renouvelé et adapté, la Navarre, rurale et basque, passe tout de suite dans le camp de Franco. Au contraire, la bourgeoise nationale du PNV se place dans le front démocratique de la république, suivant en cela la classe ouvrière.
L'autonomie est accordée en 1936, et comme l'Euzkadi est séparée territorialement des zones républicaines, cette autonomie est pratiquement une indépendance.

Le président PNV d'Euzkadi est Aguirre ; sont organisées la vie sociale et la résistance au fascisme, un ministre est du Parti Communiste d'Euzkadi.

Le clergé basque suivra le PNV, parti démocrate-chrétien, et sera donc républicain, à la différence de ce qui se passe partout ailleurs.

Guernika, ville symbole des libertés basques (c'est sous l'arbre de Guernika que les rois juraient fidélité aux fueros) est détruite par l'aviation nazie le 26 avril 1937, jour de marché.

Les Franquistes sont victorieux, ce qui provoque une immense émigration vers les Etats-Unis et la France principalement.

La période franquiste est la plus grande défaite basque.

Les combattants d'Euzkadi sont fusillés et la langue est interdite partout, ainsi que toute expression culturelle propre.

Cette défaite extirpe toutes les illusions carlistes, autonomistes-réactionnaires.

Est alors déblayé le terrain de la lutte pour l'indépendance.

En effet, le gouvernement légal d'Euzkadi était diplomatiquement reconnu par la France et les Etats-Unis, mais ils changent leur fusil d'épaule dans les années 50 et reconnaissent l'Espagne de Franco L'ambassade d'Euzkadi à Paris est cédée aux fascistes.

Ainsi la bourgeoisie nationale et le PNV en finissent avec leur rôle hégémonique dans le processus de la nation basque.


Le combat pour l¹indépendance

Le prestige parlementaire du PNV n'ayant plus cours et la bourgeoisie basque ayant ou fui le pays ou s'étant intégrée à l¹oligarchie franquiste, la libération nationale doit repartir presque de zéro.

Euskadi Ta Askatasuna (ETA), c'est-à-dire "Pays Basque et Liberté ", est fondée en 1959 à partir du noyau " ekin " (" agir") crée en 1953 par des gens issus de la jeunesse de PNV.

ETA entend reprendre le combat de résistance anti-fasciste et pour l'indépendance.

Le mouvement déclenche la lutte armée en faisant dérailler des trains contenant des gradés franquistes.

S'appuyant sur les Basques de naissance, le mouvement se développe au-delà et parvient au fur et à mesure à intégrer une grande partie de la classe ouvrière immigrée des villes.

En effet, ETA devient la résistance principale au franquisme, ce qui lui attire la sympathie du prolétariat urbain. Le saut qualitatif se produit dans la deuxième moitié des années 60, lorsque la classe ouvrière s'intègre au combat pour la nation basque.

Est ainsi incorporé à la cause d¹Euskadi et à sa culture le prolétariat immigré.

ETA assume une identité de Mouvement de Libération Nationale, entend mener la lutte pour l'indépendance et pour le socialisme sur le modèle cubain et vietnamien.

Le principal théoricien est Federico Krutwig (alias Fernando de Sarrailh de Yhartza) qui définit la stratégie comme devant être la Guerre Révolutionnaire.

Krutwig traduit en 1968 Mao Zedong en Euskara. La lutte militaire est vue comme principale.

ETA attaque au coeur de l'Etat en 1973, l'espoir populaire en Euzkadi est alors immense.

En effet, l'amiral Carrero Blanco, successeur désigné par Franco, est éliminé par les patriotes basques, dans une action spectaculaire : sa voiture dynamitée s'élève de plusieurs étages (d'où le slogan en France : " Plus haut que Carrero ").


La " démocratisation " de l'Espagne ne reconnaissant pas la nation basque ni son droit à l'autodétermination, ETA continue la lutte.

Officiellement selon la Constitution les forces armées espagnoles sont le garant de l'intégrité territoriale de l'Espagne.

La lutte culturelle se développe elle aussi parallèlement : les ikastolas (écoles en basque) se développent dans les années 70 et 80, et l'enseignement systématique de l'Euskara est un principe mis en avant par le MLN basque, alors que le PNV gère le bilinguisme depuis les années 1980.

La lutte idéologique est pourtant laissée de côté, le parti étant considéré seulement comme un appoint, donc facultatif pour ETA, qui rejette également dans cette période les tendances trotskystes et capitulationnistes (ETA VI et les Polis-Milis).

En fait la ligne d'ETA oscille entre la volonté de lutter radicalement pour l'indépendance et la soumission au PNV et son souhait d'autonomie du pays basque.

Localement la ligne des patriotes basques est clairement radicale (le pays basque vote majoritairement contre l'OTAN, seule " région " espagnole à le faire), avec les principes résumés dans la plate-forme dite " KAS ", consistant en des revendications révolutionnaires-démocratiques.

Plus de deux cents militants d'ETA sont tombés pour la cause basque.

Mais sur le plan général, la dérive est celle du réformisme armé, comme la P.I.R.A. d'Irlande du Nord. Cela aboutit à un réformisme armé de plus en plus dur.

Les revendications d'E.T.A. seront toujours rejetées, et au début des années 2000 toutes les organisations et associations basques radicales interdites.


La partie d'Euzkadi occupée par la France

La résistance au nord du Pays Basque est un écho de ce qui se passe au sud.

Le nord n'a en effet pas connu la guerre anti-fasciste de 36-39, principe initial de l'identité du MLN basque.

Il n¹y a pas eu de développement au Nord, à part celui du tourisme, et les conséquences idéologiques de la Guerre de 14 ont été catastrophiques pour la conscience patriotique (malgré les très nombreuses désertions en 14-18).

Ceci explique le retard du Nord dans le processus de la nation Basque.

Pourtant, le combat patriotique renaît dans les années 60 et 70 avec le mouvement " Enbata " pour l'Euskadi des sept provinces.

Le slogan est 4+3=1, pour l¹unification des quatre provinces appartenant à l'Espagne avec les trois provinces appartenant à la France.

L'objectif tactique est de réunir entre elles les 3 provinces du nord en un département basque, afin stratégiquement de se réunir avec l'ensemble des 4 provinces du Sud.

En 1974 apparaît le groupe armé Iparretarrak (les etarras -membres d'ETA- du Nord) qui appuie ces revendications patriotiques en attaquant des cibles administratives qui maintiennent le pays dans le sous développement et le caciquisme de hobereaux.

Le mouvement attaque la touristification, qui transforme le Nord du pays en une zone récréative pour la bourgeoisie de France et des autres pays.

Etant donné qu'au Sud, le régime de " l'autonomie " est un cadeau fait à La bourgeoisie compradore basque vendue aux Espagnols pour qu'elle participe elle-même à l'exploitation des masses populaires (avec notamment la " police basque "), et qu'au Nord la bourgeoisie ne veut même pas entendre parler d'une modification départementale, les patriotes basques ne peuvent que devoir reconsidérer le néant de valeur de l'autonomie de type fueros et assumer intégralement les principes communistes de la Libération Nationale.

La tâche des communistes de France est de soutenir la nation basque dans son juste combat pour le droit à l'autodétermination.