Manuel
d'économie politique
maoïste
20.Le mode de
production socialiste
LES PRINCIPAUX
TRAITS DE LA PERIODE DE TRANSITION DU CAPITALISME AU SOCIALISME
La révolution
prolétarienne et la nécessité d'une période
de transition du capitalisme au socialisme
Le développement
du mode de production capitaliste et de la lutte de classes dans
la société bourgeoise conduit inévitablement
au remplacement révolutionnaire du capitalisme par le
socialisme.
Ce remplacement
révolutionnaire du capitalisme par le socialisme subit
des avancées et des reculs; il correspond à la
lutte entre l'ancien et le nouveau.
Mao Zedong a résumé
cette question ainsi :
Les changements
qui interviennent dans la société proviennent surtout
du développement des contradictions à l'intérieur
de la société, c'est-à-dire des contradictions
entre les forces productives et les rapports de production, entre
les classes, entre le nouveau et l'ancien.
Le développement
de ces contradictions fait avancer la société,
amène le remplacement de la vielle société
par la nouvelle.
(Mao Zedong : De la contradiction)
Le capitalisme donne
naissance à la grande industrie mécanique, qui
est la condition matérielle préalable du passage
au socialisme.
Sous la forme du
prolétariat, le capitalisme, en se développant,
prépare la force sociale qui réalise ce passage.
La force sociale nouvelle, le prolétariat, ne peut réaliser
ce passage qu'en comprenant sa propre nature et la nature de
la force sociale ancienne.
La lutte entre le
capitalisme et le socialisme, entre l'ancien et le nouveau, entre
la force sociale ancienne et la force sociale nouvelle, est une
lutte idéologique et pratique.
Elle concerne tous les domaines de la vie.
A l'époque
de l'impérialisme, le conflit entre les forces productives
qui ont grandi et les rapports de production bourgeois, qui sont
devenus une entrave pour ces forces productives, atteint un degré
d'acuité sans précédent.
La loi de la correspondance
nécessaire entre les rapports de production et le caractère
des forces productives exige la suppression des anciens rapports
de production bourgeois et l'établissement de rapports
de production nouveaux, socialistes.
D'où la nécessité
objective d'une révolution prolétarienne socialiste.
D'où la nécessité
subjective de construire le Parti Communiste afin de faire vaincre
la vision communiste du monde.
L'opposition entre
les fondements de la société bourgeoise et ceux
de la société socialiste, l'antagonisme entre les
intérêts du travail et ceux du capital rendent impossible
l'" intégration" pacifique du capitalisme dans
le socialisme, que prêchent les réformistes.
Le passage du capitalisme
au socialisme ne peut être réalisé que par
la révolution prolétarienne et la dictature du
prolétariat.
Mao Zedong a résumé
ainsi la thèse communiste :
Dans la société
de classes, les révolutions et les guerres révolutionnaires
sont inévitables; sans elles, il est impossible d'obtenir
un développement par bonds de la société,
de renverser la classe réactionnaire dominante et de permettre
au peuple de prendre le pouvoir.
(Mao Zedong : De la contradiction)
Chaque communiste
doit s'assimiler cette vérité que " le pouvoir
est au bout du fusil. "
(Mao Zedong : Problèmes de la guerre et de la stratégie)
Sa situation économique
fait du prolétariat la seule classe capable de grouper
autour d'elle tous les travailleurs pour renverser le capitalisme
et assurer la victoire du socialisme.
La révolution prolétarienne se distingue foncièrement
de toutes les révolutions qui l'ont précédée.
Lors du passage
du régime esclavagiste à la féodalité,
puis de la féodalité au capitalisme, une forme
de propriété privée succédait à
une autre, le pouvoir de certains exploiteurs était remplacé
par celui d'autres exploiteurs.
Les formations sociales
fondées sur l'exploitation ayant toutes une base semblable
: la propriété privée des moyens de production,
la nouvelle formation économique se développait
progressivement au sein de l'ancien mode de production.
Ainsi lors du passage
du féodalisme au capitalisme, les nouveaux rapports de
production bourgeois se sont peu à peu développés,
des formes plus ou moins achevées du type capitaliste
ont grandi au sein de l'ancien régime.
La tâche de
la révolution bourgeoise se réduisait à
la prise du pouvoir par la bourgeoisie, à faire correspondre
ce pouvoir à l'économie capitaliste existante,
à détruire les entraves de l'ancienne société
féodale qui empêchaient l'essor du capitalisme.
Atteindre ce but
est d'ordinaire le terme de la révolution bourgeoise.
La révolution
prolétarienne se propose de remplacer la propriété
privée des moyens de production par la propriété
sociale et de supprimer toute exploitation de l'Homme et la Femme
par l'Homme.
La révolution
prolétarienne libère la femme de l'entrave du patriarcat;
le socialisme vise l'égalité complète de
l'homme et de la femme dans la reconnaissance de leur différence
en tant que genre.
La révolution
prolétarienne ne trouve pas de formes d'économie
socialiste toutes prêtes.
Le régime
socialiste, fondé sur la propriété sociale
des moyens de production, ne peut pas naître et grandir
au sein de la société bourgeoise, fondée
sur la propriété privée.
La révolution
prolétarienne a pour mission d'instaurer le pouvoir du
prolétariat et d'édifier une économie nouvelle,
socialiste.
La révolution
prolétarienne permet l'hégémonie d'une culture
nouvelle, communiste.
La conquête
du pouvoir par la classe ouvrière n'est que le début
de la révolution prolétarienne, ce pouvoir étant
ensuite utilisé pour opérer la refonte de l'ancienne
économie et en organiser une nouvelle, pour faire de chaque
individu un individu nouveau, maître d'une culture communiste.
Par suite, le remplacement
du régime capitaliste par le régime socialiste
nécessite dans chaque pays une période de transition
particulière qui s'étend sur toute une époque
historique, au cours de laquelle s'opère l'édification
de l'économie socialiste, la refonte radicale de tous
les rapports sociaux.
Les caractères
spécifiques de la transition consistent non seulement
en les développements économiques et sociaux spécifiques,
mais également les développements culturels.
Mais ces caractères spécifiques sont secondaires
par rapport au caractère général de la construction
du socialisme, consistant en la dictature du prolétariat.
Entre la société
capitaliste et la société communiste, se place
la période de transformation révolutionnaire de
celle-ci en celle-là.
A quoi correspond
une période de transition politique où l'Etat ne
saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire
du prolétariat.
(K. Marx et F. Engels : Critique des programmes de Gotha et d'Erfurt)
La période
de transition du capitalisme au socialisme commence par l'instauration
du pouvoir du prolétariat et se termine quand l'édification
du socialisme, première phase de la société
communiste, est achevée.
Au cours de cette
période, l'ancienne base capitaliste est détruite
tandis qu'il se crée une base nouvelle, socialiste qui
garantit le développement des forces productives, nécessaire
à la victoire du socialisme.
Ce développement
des forces productives est lié dialectiquement à
l'élévation de la culture des masses populaires.
L'organisation politique
et l'organisation économique sont étroitement liées;
le développement des forces productives repose sur l'accroissement
de la capacité des masses à gérer tous les
aspects sociaux.
La construction
du socialisme libère la femme et les couches sociales
marginalisées, particulièrement à cause
du racisme, en collectivisant la vie, en permettant d'assumer
collectivement tous les aspects de la vie quotidienne.
Le prolétariat
doit, durant la période de transition, se tremper pour
devenir une force capable d'administrer le pays, de bâtir
la société socialiste et de rééduquer
les masses petites-bourgeoises dans l'esprit du socialisme.
A l'aide des thèses
de Marx et d'Engels, Lénine a construit une théorie
de la période de transition du capitalisme au socialisme
et de la dictature du prolétariat, armant ainsi la classe
ouvrière et tous les travailleurs de la connaissance scientifique
des voies de l'édification du socialisme.
Profitant de la
grande expérience de l'U.R.S.S. guidée par Joseph
Staline, Mao Zedong a pu compléter la théorie marxiste
de la transition du capitalisme au socialisme.
Mao Zedong dit ainsi
à propos de la construction du socialisme :
La lutte des classes,
la lutte pour la production et l'expérimentation scientifique
sont les trois grands mouvements révolutionnaires de l'édification
d'un pays socialiste puissant.
Ces mouvements constituent une sûre garantie permettant
aux communistes de se garder de toute bureaucratie, de se prémunir
contre le révisionnisme et le dogmatisme et de demeurer
toujours invincibles, une pure garantie permettant au prolétariat
de s'unir avec les larges masses travailleuses et de pratiquer
une dictature démocratique.
(Mao Zedong, cité dans " Le pseudo communisme de
Khrouchtchev et les leçons historiques qu'il donne au
monde")
La révolution
prolétarienne a triomphé d'abord en Russie.
Le capitalisme était, en Russie, suffisamment développé
pour que la révolution prolétarienne pût
triompher.
La Russie était
d'autre part le nud de toutes les contradictions de l'impérialisme,
ce qui contribua fortement aux progrès de l'esprit révolutionnaire
parmi le prolétariat et au rassemblement des masses paysannes
autour de ce dernier.
En octobre 1917,
sous la direction du Parti communiste, le prolétariat
russe, armé de la théorie léniniste de la
révolution socialiste, en alliance avec la paysannerie
pauvre, renversa le pouvoir des capitalistes et des grands propriétaires
fonciers et instaura sa dictature.
La révolution
prolétarienne a ensuite triomphé en Chine.
La Chine était la victime des puissances impérialistes
qui avait fait d'elle une semi-colonie.
Là aussi
l'alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie,
guidée par la classe ouvrière organisée
en Parti Communiste, a su triompher du capitalisme.
La grande Révolution
socialiste d'Octobre a, pour la première fois dans l'histoire
de l'humanité, ouvert la voie du socialisme et donné
l'exemple de ce que doit être, dans ses grandes lignes,
la révolution prolétarienne dans tout pays, quel
qu'il soit.
La révolution
culturelle chinoise a pour la première fois dans l'histoire
de l'humanité montré comment la lutte contre le
révisionnisme dans une société socialiste
peut et doit être menée.
L'expérience
chinoise complète l'expérience russe, elle montre
que les masses doivent systématiquement être au
cur de la construction du socialisme sur tous les plans:
politique, économique, militaire et culturel.
L'expérience
chinoise montre l'importance de la commune populaire pour la
collectivisation de la vie à tous les niveaux, pour réaliser
les besoins de communisme des masses.
L'expérience
chinoise montre qu'il ne faut pas se contenter de connaître
les questions et lois générales, mais également
étudier la manière dont ces questions et lois ont
été posé.
Il n'est pas possible de connaître l'herbe bénéfique
si l'on ne connaît pas également l'herbe vénéneuse.
Il ne faut pas seulement
comprendre les lois générales, établies
par Marx, Engels, Lénine et Staline en se fondant sur
leur vaste étude de la vie réelle et de l'expérience
de la révolution, il faut aussi étudier la position
et la méthode qu'ils adoptent pour examiner et résoudre
les problèmes.
(Mao Zedong, Le rôle du Parti Communiste dans la guerre
nationale)
La dictature du prolétariat, instrument de la construction
d'une économie socialiste.
La révolution
prolétarienne a pour tâches de créer un système
socialiste d'économie, fondé sur la propriété
sociale des moyens de production, et de faire disparaître
toute exploitation; elle ne peut donc se dispenser de briser
l'ancienne machine d'Etat, qui opprimait les travailleurs, de
mettre sur pied un Etat capable d'assurer l'édification
de la nouvelle économie.
La tâche centrale
et la forme suprême de la révolution, c'est la conquête
du pouvoir par la lutte armée, c'est résoudre le
problème par la guerre.
(Mao Zedong : Problèmes de la guerre et de la stratégie)
La révolution
prolétarienne engendre un Etat d'un type nouveau : la
dictature du prolétariat.
La dictature du
prolétariat est la direction politique de la société
par la classe ouvrière.
Sans dictature du
prolétariat, l'affranchissement économique et politique
des travailleurs est impossible, de même que le passage
du mode de production capitaliste au mode de production socialiste.
Superstructure politique,
la dictature du prolétariat naît du fait que le
passage du capitalisme au socialisme est devenu pour la société
une nécessité économique.
Mais, une fois venue
au monde, la dictature du prolétariat devient une force
prodigieuse, l'instrument de l'édification d'une économie
socialiste.
Elle prend une part
active à la naissance et au développement de la
base socialiste.
Elle assure la destruction
de la base ancienne, capitaliste et la victoire des formes socialistes
d'économie sur les formes capitalistes.
Les formes socialistes
d'économie ne peuvent ni apparaître ni se développer
d'elles-mêmes, spontanément.
Elles apparaissent
et se développent grâce à l'action méthodique
de l'Etat prolétarien, grâce à l'activité
créatrice des masses laborieuses.
L'Etat prolétarien
ne peut s'acquitter de sa mission de construction d'une base
nouvelle que parce qu'il s'appuie sur la loi économique
objective de la correspondance nécessaire entre les rapports
de production et le caractère des forces productives,
ainsi que sur les nouvelles lois économiques nées
des nouvelles conditions économiques.
C'est pour cette
raison que l'Etat prolétarien est dirigé par le
Parti Communiste, que le Parti Communiste vise au développement
idéologique des masses.
La politique et
l'économie sont en pratique inséparables.
Elles existent ensemble et agissent ensemble.
Et celui qui, dans notre travail politique, pense séparer
l'économie et la politique, renforcer le travail économique
en diminuant l'importance du travail politique, ou, inversement,
renforcer le travail politique en diminuant l'importance du travail
économique, celui-là sera nécessairement
acculé dans une impasse.
(J. Staline : L'Homme, capital le plus précieux)
Les masses populaires
sont douées d'une puissance créatrice illimitée.
Elles sont capables
de s'organiser et de diriger leurs efforts vers tous les domaines
et toutes les branches dans lesquelles elles peuvent déployer
leur énergie; elles peuvent s'attaquer à la tâche
de la production, en largeur comme en profondeur, et créer
un nombre croissant d'uvres pour leur bien-être.
(Mao Zedong: L'essor du socialisme dans les campagnes chinoises)
La dictature du
prolétariat assure la création d'un type d'organisation
sociale du travail supérieur au capitalisme.
Là est la
source principale de la force du régime socialiste et
la raison de sa victoire sur le régime capitaliste.
La dictature du
prolétariat est une démocratie véritable;
elle est l'interprète des intérêts vitaux
des travailleurs.
Sous la dictature
du prolétariat, les travailleurs deviennent, pour la première
fois dans l'histoire, les maîtres de leur pays.
Jusque-là,
l'Etat sous toutes ses formes opprimait la majorité exploitée
dans l'intérêt d'une minorité exploiteuse.
La dictature du
prolétariat réprime la minorité exploiteuse
dans l'intérêt de la majorité laborieuse.
Alors que les révolutions
bourgeoises, qui consacrent une nouvelle forme d'exploitation,
la forme capitaliste, ne peuvent rassembler autour de la bourgeoisie
les masses laborieuses et exploitées pour une période
tant soit peu durable, la révolution prolétarienne,
qui met fin à toute exploitation, peut et doit souder
ces masses au prolétariat en une alliance durable.
L'alliance de la
classe ouvrière et de la paysannerie sous la direction
de la classe ouvrière, alliance dirigée contre
les classes exploiteuses, est le principe suprême de la
dictature du prolétariat.
Sans cette alliance,
il est impossible d'affermir le pouvoir du prolétariat
et d'édifier une économie socialiste.
La dictature du
prolétariat est, dans des conditions et sous des formes
nouvelles, la continuation de la lutte de classe du prolétariat
contre les exploiteurs à l'intérieur du pays et
contre les forces d'agression de l'encerclement capitaliste.
La dictature du
prolétariat est une lutte opiniâtre, sanglante et
non sanglante, violente et pacifique, militaire et économique,
pédagogique et administrative, contre les forces et les
traditions de la vieille société.
(V. Lénine : La maladie infantile du communisme (le "gauchisme
")
En fonction des
objectifs de l'édification du socialisme, la dictature
du prolétariat présente trois aspects essentiels.
Elle est l'utilisation
du pouvoir par le prolétariat, premièrement, pour
écraser les exploiteurs, défendre le pays, resserrer
les liens avec les prolétaires des autres pays; deuxièmement,
pour détacher définitivement de la bourgeoisie
les masses laborieuses et exploitées, pour consolider
l'alliance du prolétariat avec ces masses, pour faire
participer ces dernières à l'édification
du socialisme; troisièmement, pour édifier une
société nouvelle, socialiste.
L'Etat prolétarien
peut revêtir différentes formes.
Le passage du capitalisme au communisme ne peut évidemment
pas ne pas fournir une énorme abondance et diversité
de formes politiques; mais leur essence sera inévitablement
une : la dictature du prolétariat.
(V. Lénine : L'Etat et la révolution)
Cette thèse
fondamentale du marxisme-léninisme-maoïsme a été
entièrement confirmée tant par l'expérience
historique de l'U.R.S.S. et de la Chine populaire.
C'est aux partis
communistes qu'appartient, dans les pays de dictature du prolétariat,
la direction de tout le processus de la construction méthodique
d'une économie socialiste.
Armés de la théorie marxiste-léniniste-maoïste,
de la connaissance des lois du développement économique
de la société, ces partis organisent les masses
populaires et les orientent vers la solution des problèmes
posés par l'édification socialiste.
Mao Zedong a souligné
l'existence de deux types de contradictions sociales.
Nous sommes en présence
de deux types de contradictions sociales : les contradictions
entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple.
Ce sont deux types
de contradictions de caractère tout à fait différent.
(Mao Zedong : De la juste solution des contradictions au sein
du peuple)
Dans la construction
du socialisme le Parti Communiste doit ainsi attentivement étudier
qui est le peuple et qui sont les ennemis et partir du principe
que c'est l'humanité entière qui doit être
amené au communisme.
C'est pourquoi Mao
Zedong a également affirmé, en précisant
la nature des contradictions :
Les contradictions
entre nous et nos ennemis sont des contradictions antagonistes.
Au sein du peuple, les contradictions entre travailleurs ne sont
pas antagonistes et les contradictions entre classe exploitée
et classe exploiteuse présentent, outre leur aspect antagoniste,
un aspect non antagoniste.
(Mao Zedong : De la juste solution des contradictions au sein
du peuple)
La nationalisation socialiste.
Le développement
du capitalisme a préparé les conditions nécessaires
pour la collectivisation socialiste de la grande industrie mécanique
et des transports mécanisés, des banques, etc.
Aussi l'Etat prolétarien
procède-t-il, dès le début de la période
de transition, à la nationalisation de la grande production
capitaliste.
La nationalisation
socialiste est l'abolition révolutionnaire par le pouvoir
prolétarien de la propriété des classes
exploiteuses et sa transformation en propriété
d'Etat, socialiste, patrimoine du peuple tout entier.
Il faut distinguer
la propriété sociale de la propriété
individuelle.
La propriété
sociale s'étend à la terre et aux autres moyens
de production, et la propriété individuelle aux
produits, donc aux objets de consommation.
(F. Engels : Anti-Dühring)
La nationalisation
socialiste conduit à l'élimination de la contradiction
essentielle du capitalisme, celle entre le caractère social
de la production et la forme privée de l'appropriation
capitaliste.
La nationalisation
socialiste met les rapports de production dans l'industrie en
accord avec le caractère des forces productives, ce qui
ouvre la voie à leur développement.
La nationalisation
socialiste, premièrement, liquide la propriété
capitaliste des principaux moyens de production et met ainsi
fin à la domination économique de la bourgeoisie
dans le pays; deuxièmement, elle fournit une base économique
à la dictature du prolétariat en plaçant
entre les mains des travailleurs les leviers de commande de l'économie
nationale, c'est-à-dire les branches maîtresses
de l'économie où est instaurée la propriété
sociale des moyens de production, fondement des rapports de production
socialistes.
La nationalisation
de la grande industrie, branche-clé de l'économie
nationale, a une importance décisive pour l'édification
du socialisme.
Les banques, les
chemins de fer, la marine marchande et la poste, les télécommunications,
les grandes entreprises du commerce intérieur, le commerce
extérieur, sont eux aussi nationalisés.
La nationalisation
des banques prive la bourgeoisie d'un des principaux instruments
de sa domination économique, tandis que l'Etat prolétarien
acquiert un appareil économique centralisé et ramifié
qui, après sa refonte révolutionnaire, concourt
à la construction du socialisme.
La nationalisation
du commerce extérieur est indispensable pour assurer au
pays qui bâtit le socialisme son indépendance économique
vis-à-vis du monde capitaliste.
Concernant l'agriculture,
la dictature du prolétariat mène naturellement
différentes politiques selon la nature du pays.
Dans les pays capitalistes,
où l'agriculture est devenue en bonne partie une industrie,
l'Etat prolétarien s'approprie l'ensemble du secteur industriel
et permet l'existence des agriculteurs pauvres et moyens, jusque
là écrasés par les monopoles.
Dans les pays opprimés,
conscient de la nécessité vitale de faire disparaître
les survivances du servage, de la propriété foncière
féodale devenue depuis longtemps un anachronisme, l'Etat
prolétarien procède à la confiscation immédiate
des terres des grands propriétaires fonciers, de leurs
exploitations.
La majeure partie
des terres confisquées est alors remise à la paysannerie
laborieuse, tandis que sur une autre partie, plus petite, sont
organisées de grandes entreprises agricoles d'Etat.
La nationalisation
de la terre, c'est-à-dire la liquidation de la propriété
privée de la terre et le transfert de la propriété
du sol à l'Etat prolétarien, constitue une des
mesures les plus importantes de la révolution socialiste.
Le pouvoir prolétarien
décide des méthodes et des délais de la
nationalisation de toute la terre en fonction des conditions
concrètes de chaque pays.
En Russie, où
les traditions de la propriété privée de
la terre étaient, chez les paysans, moins puissantes qu'en
Occident, le pouvoir des Soviets a, conformément aux revendications
des masses paysannes, nationalisé toute la terre dès
le début de la révolution, abolissant ainsi la
rente foncière absolue.
Pour la première
fois dans l'histoire, la paysannerie soviétique a reçu
de la révolution prolétarienne la terre en jouissance
gratuite.
Dans les pays où
la propriété privée des petits paysans sur
la terre existe depuis longtemps et où, par suite, les
traditions de la propriété privée de la
terre sont plus fortes, la classe ouvrière au pouvoir
ne procède pas à la nationalisation de toute la
terre au début de la révolution.
Dans ces pays, une
partie seulement des terres confisquées aux grands propriétaires
fonciers est nationalisée et constitue le fonds d'Etat;
la majeure partie des terres confisquées devient la propriété
privée des paysans.
La question de la
nationalisation de toute la terre trouve sa solution pratique
au cours de la refonte socialiste de l'agriculture.
En nationalisant
la grande industrie, les banques, les transports, le commerce
extérieur, le socialisme brise la puissance économique
de la bourgeoisie et prend en main les leviers de commande de
l'économie nationale.
Dans les entreprises
nationalisées, les rapports de production capitalistes
sont remplacés par des rapports socialistes.
En devenant propriété sociale, les moyens de production
cessent de faire fonction de capital.
L'exploitation de
l'homme par l'homme est abolie.
Une discipline du travail nouvelle, socialiste, s'instaure.
On assiste à
la naissance de l'émulation socialiste parmi les ouvriers.
Peu à peu
les principes socialistes de gestion de la production s'implantent,
combinant la direction personnelle unique avec l'activité
créatrice des masses.
Les interprétations
erronées des marchandises, des rapports humains, cessent
parallèlement que cessent les rapports d'exploitation.
L'exploitation,
la manipulation, toutes les caractéristiques de l'être
humain vivant dans des rapports sociaux capitalistes, ne trouvent
plus de point d'appui économique (par les nationalisations)
ni idéologique (par la dictature du prolétariat).
C'est la fin de
la domination de la marchandise.
Les catégories
de l'économie bourgeoise sont des formes de l'intellect
qui ont une vérité objective, en tant qu'elles
reflètent des rapports sociaux réels, mais ces
rapports n'appartiennent qu'à cette époque historique
déterminée, où la production marchande est
le mode de production sociale.
Si donc nous envisageons d'autres formes de production, nous
verrons disparaître aussitôt tout ce mysticisme qui
obscurcit les produits du travail dans la période actuelle.
(K. Marx : Le Capital, Livre I, Chap. I)
Les types d'économie
et les classes dans la période de transition. L'alliance
de la classe ouvrière et de la paysannerie.
La nationalisation
de la grande industrie, des transports, des banques, etc., donne
naissance au type d'économie (secteur) socialiste.
A côté
de celle-ci, qui est fondée sur la propriété
sociale des moyens de production, il existe encore, pendant la
période de transition, des formes d'économie héritées
du passé et fondées sur la propriété
privée des moyens de production.
Autrement dit, l'économie
de la période de transition est une économie composite.
Elle contient des
types différents de rapports de production.
Comme l'indiquait
Lénine, il existait en U.R.S.S. pendant la période
de transition les cinq types d'économie suivants : 1.l'économie
paysanne patriarcale; 2.la petite production marchande; 3.le
capitalisme privé; 4.le capitalisme d'Etat; 5.l'économie
socialiste.
L'existence de ces
cinq types d'économie n'est nullement inévitable
dans chaque pays qui bâtit le socialisme.
L'économie paysanne patriarcale, fondée sur le
travail personnel, était une petite économie presque
entièrement naturelle, c'est-à-dire produisant
surtout pour sa propre consommation.
Cela provient de
la pénétration tardive du capitalisme dans les
campagnes en Russie, telle que Lénine l'a constaté.
Dans les pays impérialistes, cette forme n'existe plus.
La propriété du sol est une chose acquise, ainsi
que Marx l'a constaté.
Les Hommes ont souvent
fait de l'Homme même, dans la figure de l'esclave, la matière
primitive de leur argent; il n'en a jamais été
ainsi du sol.
Une telle idée
ne pouvait naître que dans une société bourgeoise
déjà développée.
Elle date du dernier
tiers du XVIIème siècle; et sa réalisation
n'a été essayée sur une grande échelle,
par toute une nation, qu'un siècle plus tard, dans la
révolution de 1789, en France.
(K. Marx : Le Capital, Livre I, Chap. I)
En Russie la petite
production marchande était une économie fondée
sur le travail personnel et plus ou moins liée au marché.
C'était surtout
une économie de paysans moyens, qui produisait la plus
grande partie du blé marchand, et aussi une économie
d'artisans n'employant pas le travail salarié.
Pendant la période
de transition, cette forme d'économie engloba longtemps
la majorité de la population du pays.
Dans les pays impérialistes
l'industrie domine toute la production.
Dans les pays impérialistes
les monopoles se sont déjà développés,
c'est pourquoi Lénine disait que l'impérialisme
est l'antichambre du socialisme.
Le capitalisme d'Etat
existe dans le capitalisme, pour aider le capitalisme; dans le
socialisme il sert au contraire à briser le capitalisme.
En fait, sous la
dictature du prolétariat, le capitalisme d'Etat diffère
profondément de ce qu'il est en régime bourgeois.
Sous la dictature
du prolétariat, c'est une forme d'économie strictement
limitée par le pouvoir prolétarien et que celui-ci
utilise pour lutter contre l'anarchisme petit-bourgeois, pour
édifier le socialisme.
Le capitalisme d'Etat
n'a occupé historiquement qu'une place insignifiante dans
l'économie de l'U.R.S.S.
L'objectif est la
victoire du secteur socialiste sur les autres secteurs.
Le secteur socialiste
se caractérise par le fait que la force de travail a cessé
d'être une marchandise, que le travail a perdu son caractère
de travail salarié et était devenu un travail pour
soi, pour la société.
La plus-value a
disparu.
On procède
graduellement à la planification du travail des entreprises
nationalisées, à l'échelle de chaque branche
d'industrie, puis de tout le secteur d'Etat.
Par suite de l'instauration
de la propriété socialiste des moyens de production,
les produits fabriqués dans les entreprises d'Etat reviennent
non plus aux capitalistes, mais à l'Etat, c'est-à-dire
à l'ensemble du peuple laborieux.
Comme Lénine
l'a enseigné - et comme l'expérience de l'histoire
l'a maintenant confirmé - on a dans chaque pays, pendant
la période de transition du capitalisme au socialisme,
les principales formes suivantes d'économie sociale :
le socialisme, la petite production marchande, le capitalisme.
Les classes qui
correspondent à ces formes d'économie sociale sont
: la classe ouvrière, la petite bourgeoisie (surtout la
paysannerie), la bourgeoisie.
L'économie,
les rapports entre les classes, et par suite, les principes généraux
de la politique économique pendant la période de
transition ont dans tous les pays, des traits essentiels communs,
ce qui n'exclut pas l'existence dans chaque pays de particularités
spécifiques.
La situation des
classes pendant la période de transition est radicalement
différente de ce qu'elle est en régime capitaliste.
La classe ouvrière,
classe opprimée sous le capitalisme, est devenue la classe
dominante, qui détient le pouvoir et possède, concurremment
avec tous les travailleurs, les moyens de production socialisés
par l'Etat.
La situation matérielle de la classe ouvrière ne
cesse de s'améliorer, et son niveau culturel de s'élever.
A la paysannerie,
à la masse des paysans pauvres et moyens, l'Etat donne
la terre; il l'affranchit du joug des gros propriétaires
fonciers, la protège contre le paysan riche, lui apporte
son aide économique et culturelle dans tous les domaines.
Engels écrivait
:
Lorsque nous serons
au pouvoir, nous ne pourrons songer à exproprier par la
force les petits paysans (que ce soit avec ou sans indemnité),
comme nous serons obligés de le faire pour les grands
propriétaires fonciers.
Notre devoir envers
le petit paysan est, en premier lieu, de faire passer sa propriété
et son exploitation individuelles à l'exploitation coopérative,
non en l'y contraignant, mais en l'y amenant par des exemples,
et en mettant à sa disposition le concours de la société.
(F. Engels : La question paysanne en Franc et en Allemagne)
La petite production
paysanne marchande engendre inévitablement des éléments
capitalistes; il s'opère dans la paysannerie une différenciation
de classe en paysans pauvres et en paysans riches.
Mais ce processus
revêt, pendant la période de transition, un caractère
tout autre qu'en régime capitaliste.
La nature du paysan
moyen est double : comme travailleur, il se sent attiré
vers le prolétariat; comme petit propriétaire,
vers la bourgeoisie.
La bourgeoisie et
le prolétariat s'efforcent tous deux de gagner les masses
de la paysannerie moyenne.
La classe ouvrière fait appel aux intérêts
fondamentaux du paysan en tant que travailleur, alors que la
bourgeoisie mise sur ses intérêts de propriétaire
privé.
Pendant la période
de transition, et surtout tant que l'existence de la paysannerie
est fondée sur la propriété privée
et la petite production marchande, il existe entre la classe
ouvrière et la paysannerie certaines contradictions non
antagonistes, par exemple dans la question des prix, du montant
des impôts.
Mais ces contradictions
sont secondaires.
Dans les questions
essentielles, les intérêts de la classe ouvrière
et des masses laborieuses de la paysannerie coïncident :
ces deux classes ont un intérêt vital à la
suppression de l'exploitation et à la victoire du socialisme.
C'est pourquoi la
victoire du socialisme est effectuée dans les campagnes
au moment où la forme socialiste de la coopérative
a triomphé.
Le régime
des coopérateurs civilisés, quand les moyens de
production appartiennent à la société et
que le prolétariat a triomphé de la bourgeoisie
comme classe, c'est le régime socialiste.
(V. Lénine : De la coopération)
C'est sur cette
base que repose l'alliance solide des deux classes amies : la
classe ouvrière et la paysannerie.
Le principe de l'alliance
de la classe ouvrière et de la paysannerie, alliance où
le rôle dirigeant appartient à la classe ouvrière,
est à la base de l'édification socialiste.
C'est la ville socialiste qui entraîne la campagne.
Cette alliance a
un rôle fondamental dans les pays opprimés, où
la révolution démocratique reste une tâche
à mener avant le passage au socialisme, dans des pays
marqués par une économie semi-féodale, semi-coloniale.
Mais elle reste
également essentiel dans les pays impérialistes,
où l'on fait très vite face à la résolution
de la contradiction entre travail intellectuel et travail manuel,
entre la ville et la campagne.
Une alliance solide
de la classe ouvrière et de la paysannerie est indispensable
à l'établissement de rapports économiques
corrects entre la ville et la campagne, entre l'industrie et
l'agriculture, au progrès de l'agriculture et à
sa transformation socialiste.
Ce n'est que sur
la base de l'alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie
que peuvent être assurées la liquidation des formes
capitalistes d'économie et la victoire du socialisme.
Les principales
classes de la période de transition sont la classe ouvrière
et la paysannerie.
La bourgeoisie qui
a perdu le pouvoir et les principaux moyens de production a cessé
d'être une des principales classes de la société.
Mais pendant un
certain nombre d'années, la bourgeoisie dispose encore
d'une force importante.
Cela s'explique
par la naissance spontanée et inéluctable d'éléments
capitalistes à partir de la petite économie marchande
et par l'impossibilité de remplacer d'emblée dans
tous les domaines l'économie capitaliste par une économie
socialiste.
Cela s'explique
par les anciennes habitudes, les anciennes conceptions du monde.
Même après
la perte de sa domination, la bourgeoisie conserve dans une mesure
plus ou moins grande des ressources financières et matérielles,
des attaches avec une fraction importante des vieux spécialistes.
Elle bénéficie
en outre de l'appui du capital international.
Même après la perte de sa domination, la bourgeoisie
exerce un large poids idéologique sur les masses.
Ce poids est d'autant
plus fort dans les pays anciennement opprimés où
la révolution a eu lieu que le secteur socialiste est
faible.
Ce poids est d'autant
plus fort dans les pays anciennement impérialistes où
la révolution a eu lieu que le capitalisme a influencé
culturellement plusieurs générations.
La contradiction
économique et idéologique fondamentale de la période
de transition est celle qui existe entre le socialisme naissant,
auquel appartient l'avenir, mais qui dans les premiers temps
est encore faible, et le capitalisme renversé, qui représente
le passé, mais est encore fort au début et possède
des racines dans la petite économie marchande.
Dans tous les domaines
de la vie économique, idéologique et culturelle,
la lutte se déroule entre le socialisme et le capitalisme
pour savoir " qui l'emportera. "
Après l'anéantissement
des ennemis armés, il y aura encore des ennemis non armés;
ceux-ci ne manqueront pas de mener contre nous une lutte à
mort; nous ne devons jamais les sous-estimer.
(Mao Zedong : Rapport du 5 mars 1949)
Pendant la période
de transition, l'Etat prolétarien applique une politique
visant d'abord à limiter et à évincer les
éléments capitalistes, puis à les liquider
entièrement.
Il est logique que
dans la période de transition le prolétariat, les
masses laborieuses intensifient leur lutte de classe contre la
bourgeoisie, qui accentue sa résistance à mesure
que s'engage la construction du socialisme.
Les luttes de classes
continuent après la révolution prolétarienne,
et ce jusqu'à la victoire définitive du socialisme.
C'est à travers les difficultés
et les vicissitudes que grandit le nouveau.
Ce serait une pure
illusion de croire que sur la voie du socialisme on peut éviter
les difficultés et les détours, qu'on peut se passer
de faire le maximum d'efforts, qu'il suffit de se laisser pousser
par le vent et que le succès vient facilement.
(Mao Zedong : De la juste solution des contradictions au sein
du peuple)
L'apparition
des lois économiques du socialisme.
Du fait que le secteur
socialiste détient les leviers de commande de l'économie,
les formes capitalistes d'économie et les lois de leur
développement cessent de jouer le rôle prépondérant
dans l'économie nationale dès le début de
la période de transition.
Le développement
de l'économie nationale n'est plus commandé par
l'action de la loi économique fondamentale du capitalisme
actuel.
L'action de la loi
de la plus-value ne s'exerce plus que sur le secteur capitaliste
de l'économie et sa sphère ne cesse de se rétrécir.
De nouvelles lois
économiques, propres aux rapports de production socialistes,
apparaissent sur la base des nouvelles conditions économiques
et étendent progressivement leur champ d'action.
Avec la formation
et le développement du type d'économie socialiste
apparaît et commence à se manifester la loi économique
fondamentale du socialisme.
Cela se traduit,
premièrement, par une modification radicale du but de
la production : dans le secteur socialiste, le but de la production
n'est plus de fournir le profit capitaliste, mais de satisfaire
les besoins matériels et culturels des travailleurs, de
concourir à la construction du socialisme.
Deuxièmement,
à mesure que les rapports de production socialistes s'affermissent
et se développent, il se crée des conditions de
plus en plus favorables pour atteindre cet objectif grâce
à un progrès rapide et ininterrompu de l'industrie
et à un large emploi de la technique moderne.
Le développement
de l'industrie perd son caractère cyclique, les crises
économiques de surproduction cessent.
Aussi longtemps
qu'à coté du secteur socialiste il existe dans
l'économie du pays d'autres secteurs : ceux de la petite
production marchande et du capitalisme, et que la question de
savoir " qui l'emportera " n'est pas encore tranchée,
le champ d'action de la loi économique fondamentale du
socialisme se trouve limité.
Cette loi ne s'applique
que dans le cadre du secteur socialiste.
Mais comme celui-ci
joue un rôle déterminant et que son importance dans
l'économie du pays ne cesse d'augmenter, la loi économique
fondamentale du socialisme exerce une influence croissante sur
le développement de l'ensemble de l'économie nationale.
La propriété
sociale, qui groupe les entreprises du secteur socialiste, rend
nécessaire et possible le développement harmonieux
de celui-ci.
Pendant la période
de transition, la loi économique du développement
harmonieux (proportionné) de l'économie nationale
apparaît et commence à manifester son action sur
la base des rapports de production socialistes.
Cette loi exige
que l'économie soit régie par un plan et que celui-ci
établisse entre les différentes branches de l'économie
les proportions nécessaires pour assurer la victoire du
socialisme et satisfaire les besoins croissants de la société.
La loi du développement
harmonieux de l'économie nationale commence à jouer
le rôle de régulateur de la production dans le secteur
socialiste et exerce une influence de plus en plus déterminante
sur les proportions de toute l'économie nationale.
A mesure que se
développe la forme socialiste de l'économie, la
loi de la concurrence et de l'anarchie de la production perd
du terrain, un champ de plus en plus du développement
harmonieux de l'économie nationale.
La loi de la valeur
de la force de travail cesse de jouer dans le secteur socialiste.
Sur la base des
nouveaux rapports de production, la loi économique de
la répartition selon le travail apparaît et commence
à exercer son action ; en vertu de celle-ci chaque travailleur
doit être rémunéré en fonction du
travail qu'il a fourni.
La loi de la valeur
subsiste puisque la production et la circulation marchandes continuent
d'exister.
Mais grâce
à la socialisation des principaux moyens de production
et à l'apparition des lois économiques du socialisme,
la sphère de la production marchande et de la loi de la
valeur diminue de plus en plus, et leur rôle devient foncièrement
autre qu'en régime capitaliste.
La loi de la valeur
joue, dans certaines limites, le rôle de régulateur
de la production dans les secteurs de la petite économie
marchande et du capitalisme, mais non dans le secteur socialiste.
La loi du taux moyen
de profit cesse d'agir dans le secteur socialiste. Dans ce secteur,
les investissements se réalisent à partir de la
loi du développement harmonieux de l'économie nationale.
De plus en plus,
le pouvoir prolétarien met à profit la production
marchande, la loi de la valeur, le commerce, la circulation monétaire
pour développer les formes socialistes d'économie,
renforcer les liens économiques entre l'industrie et l'agriculture,
et combattre les éléments capitalistes.
Partant des thèses
de Lénine sur le rôle nouveau du commerce et de
la monnaie pendant la période de transition, Staline disait
:
Que le commerce
et le système monétaire soient des méthodes
de l'" économie capitaliste " là n'est
point la question.
La question est
que les éléments socialistes de notre économie
en lutte contre les éléments capitalistes, s'emparent
de ces méthodes et de ces instruments de là bourgeoisie
pour vaincre les éléments capitalistes, qu'ils
les utilisent avec succès contre le capitalisme, qu'ils
les utilisent avec succès pour jeter les fondements socialistes
de notre économie.
La question est
donc que, grâce à la dialectique de notre développement,
les fonctions et la destination de ces instruments de la bourgeoisie
se modifient radicalement, à fond, se modifient à
l'avantage du socialisme, au détriment du capitalisme.
(J. Staline : Discours de clôture de la discussion sur
le rapport politique du Comité central du XIV Congrès
du P.C.(b) de l'U.R.S.S.)
Les principes fondamentaux
de la politique économique pendant la période de
transition du capitalisme au socialisme
Il est impossible de bâtir le socialisme si l'on ne tient
pas compte correctement des conditions économiques objectives
de la période de transition et des lois économiques
nées de ces conditions.
Il est impossible
de bâtir le socialisme si l'on ne liquide pas les idéologies
combattant sa construction, soit qu'elles mettent en avant le
capitalisme, soit qu'elles nient la possibilité de le
construire (comme le trotskysme).
Quand on parle de
la victoire du socialisme dans un seul pays, il importe de distinguer
les deux aspects de cette question : l'aspect intérieur
et l'aspect international.
L'aspect intérieur
de la question de la victoire du socialisme dans un seul pays
comprend le problème des rapports entre les classes à
l'intérieur du pays.
La classe ouvrière
alliée à la paysannerie est parfaitement en mesure,
après avoir triomphé politiquement du capitalisme,
de vaincre économiquement sa propre bourgeoisie, de liquider
les classes exploiteuses et de construire une société
socialiste.
L'aspect international
de la question de la victoire du socialisme dans un seul pays
comprend le problème des rapports entre le pays de la
dictature du prolétariat et les Etats capitalistes.
Tant que coexistent
deux régimes opposés : le régime socialiste
et le régime capitaliste, le danger d'une agression armée
des puissances impérialistes contre le pays du socialisme
subsistera.
Cette contradiction
ne peut être levée par les seules forces du pays
de la dictature du prolétariat.
Aussi la victoire
du socialisme ne sera-t-elle définitive que lorsque disparaîtra
le danger d'une intervention et d'une restauration du capitalisme
par les puissances impérialistes agressives.
Faire face à
cette menace et organiser la construction du socialisme est la
tâche du Parti Communiste.
La construction
du socialisme libère également les nations opprimées
et écrasées par le découpage impérialiste
du monde.
S'il est inévitable
que la propriété privée et le capital divisent
les hommes, attisent les haines nationales et renforcent l'oppression
nationale, il est non moins inévitable que la propriété
et le travail collectifs rapprochent les hommes et les femmes,
minent les haines nationales et abolissent l'oppression nationale.
L'existence du capitalisme
sans oppression nationale est aussi inconcevable que celle du
socialisme sans affranchissement des nations opprimées,
sans liberté nationale.
(J. Staline : Les tâches immédiates du Parti dans
la question nationale)
L'industrialisation
socialiste du pays et la collectivisation de l'agriculture assurent
la victoire du socialisme dans toute l'économie nationale,
l'élévation constante de la production et du bien-être
de la population.
Cette victoire doit
être défendue face aux tentatives de restauration,
telles qu'elles ont réussies en U.R.S.S. avec Khrouchtchev
et en Chine avec Deng Xiao Ping.
Les formes concrètes
de l'édification économique dans tel ou tel pays
doivent tenir compte des particularités de son développement,
de la conjoncture dans laquelle se déroule la révolution
socialiste.
Lénine a
souligné que
Marx ne se liait
les mains, ni à soi-même ni aux futurs artisans
de la révolution socialiste, quant aux formes, procédés
et moyens de faire la révolution : il se rendait fort
bien compte qu'une quantité de nouveaux problèmes
surgiraient alors; que toute la situation changerait, qu'elle
changerait souvent et beaucoup au cours de la révolution.
(V. Lénine : " Sur l'impôt en nature ")
C'est là
la principale difficulté, la brèche où les
révisionnistes et les opportunistes s'engouffrent.
La victoire du révisionnisme
dans les pays de l'Est européen avant même celle
en U.R.S.S. a pris comme prétexte les particularités
locales, tout comme le révisionnisme des Partis Communistes
en Italie et en France.
C'est la difficulté
du combat du nouveau contre l'ancien.
La victoire du socialisme
dans un pays impérialistes, là où les contradictions
entre communisme et capitalisme sont les plus marquées,
contribuerait grandement aux révolutions et aux constructions
du socialisme dans les pays opprimés.
LA PLANIFICATION
La loi du développement
harmonieux de l'économie nationale et la planification
socialiste.
Le Parti communiste
et l'Etat socialiste répondent aux exigences de la loi
du développement harmonieux de l'économie nationale
au moyen de plans qui organisent et orientent l'activité
créatrice des masses laborieuses.
Les masses sont
au cur du processus de construction du socialisme.
Pour établir
une liaison avec les masses, nous devons nous conformer à
leurs besoins, à leurs désirs.
Dans tout travail
pour les masses, nous devons partir de leurs besoins, et non
de nos propres désirs, si louables soient-ils.
Il arrive souvent
que les masses aient objectivement besoin de telles ou telles
transformations, mais que subjectivement elles ne soient pas
conscientes de ce besoin, qu'elles n'aient ni la volonté
ni le désir de les réaliser.
Dans ce cas, nous
devons attendre avec patience; c'est seulement lorsque, à
la suite de notre travail, les masses seront, dans leur majorité,
conscientes de la nécessité de ces transformations,
lorsqu'elles auront la volonté et le désir de les
faire aboutir qu'on pourra les réaliser.
Sinon, l'on risque
de se couper des masses.
Tout travail exigeant
la participation des masses deviendra quelque chose de tout à
fait formel et aboutira finalement à l'échec si
les masses n'ont pas pris conscience de la nécessité
de ce travail, n'ont pas manifesté le désir d'y
participer volontairement...
Deux principes doivent
nous guider : premièrement, les besoins réels des
masses et non les besoins nés de notre imagination; deuxièmement,
le désir librement exprimé par les masses, les
résolutions qu'elles ont prises elles-mêmes et non
celles que nous prenons à leur place.
(Mao Zedong : Le Front uni dans le travail culturel).
La direction de
l'économie nationale selon un plan est une particularité
essentielle de la fonction d'organisation économique de
l'Etat socialiste.
La planification
socialiste repose sur des bases rigoureusement scientifiques;
elle requiert une synthèse continue de l'expérience
de l'édification communiste, la mise à profit de
toutes les réalisations de la science et de la technique.
Diriger l'économie
nationale selon un plan, c'est prévoir.
La prévision
scientifique est fondée sur la connaissance des lois économiques
objectives; elle a son point de départ dans les besoins
du développement de la vie matérielle de la société.
Pour planifier correctement,
il faut avant tout connaître et savoir appliquer la loi
du développement harmonieux de l'économie nationale.
On ne doit pas confondre
la loi du développement harmonieux de l'économie
nationale avec la planification de l'économie par les
organismes compétents de l'Etat socialiste, ni avec les
plans annuels et quinquennaux de développement de l'économie
nationale.
La loi du développement
harmonieux de l'économie nationale est une loi économique
objective.
Elle donne aux organismes
d'Etat la possibilité de planifier correctement la production
sociale. Mais possibilité n'est pas réalité.
Pour que cette possibilité
devienne une réalité, il faut savoir appliquer
la loi du développement harmonieux, il faut dresser des
plans qui répondent entièrement aux exigences de
cette loi.
Dans la pratique,
les plans ne répondent pas toujours exactement aux exigences
de la loi du développement harmonieux de l'économie
nationale.
Quand celles-ci
sont enfreintes, des disproportions se révèlent
dans certains secteurs de l'économie nationale, le cours
normal de la production et de la circulation est troublé.
Si, par exemple,
le plan prévoit la fabrication d'un certain nombre d'automobiles,
mais non la quantité nécessaire de tôle d'acier,
le programme de production d'automobiles peut ne pas être
exécuté.
Les organismes de
planification ont à tenir compte, lorsqu'ils établissent
les plans, des exigences de la loi du développement harmonieux,
à prévenir toute disproportion et, s'il s'en produit,
à prendre en temps utile les mesures propres à
y remédier.
Les réserves,
qu'il s'agisse de ressources matérielles ou financières
ou de main-d'uvre, jouent un rôle important dans
le développement ininterrompu, de l'économie nationale.
Elles donnent la
possibilité d'éliminer rapidement les disproportions
qui se manifestent dans certains secteurs, ou de les prévenir;
elles permettent plus de souplesse dans le maniement des ressources.
La planification
de l'économie nationale ne peut donc donner de bons résultats,
assurer le développement proportionné de l'économie
nationale et l'essor permanent de la production que si elle tient
compte correctement des exigences de la loi du développement
harmonieux de l'économie nationale et se conforme en tous
points à celles de la loi économique fondamentale
du socialisme.
La planification
socialiste s'appuie également sur l'utilisation des autres
lois économiques du socialisme.
C'est ainsi que
la loi de la répartition selon le travail est une condition
nécessaire de la gestion planifiée de l'économie.
Cette loi fait que les producteurs ont un intérêt
matériel à augmenter la productivité du
travail; elle est l'un des moteurs de la production socialiste.
La planification
socialiste implique la nécessité d'utiliser des
instruments économiques se rattachant à l'action
de la loi de la valeur : prix, monnaie, commerce, crédit.
Le principe de la
gestion équilibrée, qui incite à gérer
la production dans un esprit d'épargne, à mobiliser
les ressources intérieures, à réduire les
prix de revient et à augmenter la rentabilité de
l'entreprise, est aussi un instrument de planification.
La planification
socialiste exige l'étude approfondie et la large utilisation
des réalisations modernes de la science et des techniques
soviétiques et étrangères en vue d'assurer
un progrès technique rapide de toutes les branches de
l'économie nationale, de perfectionner sans relâche
la technologie, d'augmenter sans cesse la productivité
du travail.
S'inspirant des
lois économiques du socialisme, synthétisant l'expérience
acquise en matière d'édification économique
et culturelle et tenant compte des conditions intérieures
et extérieures, le Parti communiste et l'Etat socialiste
déterminent à chaque étape les objectifs
économiques et politiques essentiels des plans d'Etat;
c'est ainsi que sont fixés le volume de la production,
les rythmes du développement de chaque branche de l'économie
nationale, le montant des investissements au titre des fonds
fixes, le niveau des salaires, etc.
Les plans d'Etat
sont dressés à l'échelle de toute l'économie
nationale, mais aussi pour les diverses branches et leurs différents
départements, par régions et zones économiques.
En Union Soviétique,
leur élaboration et le contrôle de leur exécution
étaient confiés à la Commission d'Etat auprès
du Conseil des ministres de l'U.R.S.S. pour la planification
perspective (Gosplan de l'U.R.S.S., à la Commission économique
d'Etat auprès du Conseil des ministres de l'U.R.S.S. pour
la planification courante (Commission économique d'Etat
de l'U.R.S.S.), aux ministères de l'U.R.S.S. et des républiques,
ainsi qu'aux Soviets locaux, qui possédaient également
leurs organismes de planification.
La planification
socialiste combine les plans perspectifs, qui traduisent la ligne
fondamentale du développement économique pour un
certain nombre d'années, avec les plans courants, programmes
concrets des travaux à exécuter dans des délais
plus réduits.
Il faut mentionner,
parmi les plans perspectifs, les plans quinquennaux de développement
de l'économie nationale, ainsi que ceux qui sont dressés
pour de plus longues périodes.
Parmi les plans
courants, il convient de ranger les plans annuels.
Les plans courants
sont élaborés à partir des plans perspectifs.
Au fur et à mesure du développement de l'économie
socialiste, la planification perspective gagne sans cesse en
importance.
Lénine indiquait
que
l'on ne peut travailler
sans avoir un plan calculé pour une longue période
et destiné à remporter un important succès.
(V. Lénine : Rapport d'activité du Conseil des
commissaires du peuple au VIIIème Congrès des Soviets
de Russie)
Le Gosplan de l'U.R.S.S.
avait pour tâche d'élaborer les plans quinquennaux
avec leurs subdivisions annuelles, ainsi que les perspectives
du développement des diverses branches et de l'ensemble
de l'économie nationale pour une période plus longue,
de dix à quinze ans.
La Commission économique
d'Etat de l'U.R.S.S. avait pour tâche d'élaborer,
à partir des plans quinquennaux, les plans d'Etat annuels
du développement de l'économie nationale et les
plans d'approvisionnement en matières premières
et en machines avec leurs subdivisions trimestrielles.
Chaque entreprise
d'Etat possédait son plan financier et technique de production,
qui était établi à partir des objectifs
prévus au plan d'Etat et constitue le plan général
pour l'activité financière et technique de la production
de l'entreprise.
Le développement
harmonieux de l'économie socialiste exige que la planification
centralisée de l'économie, quant aux indices essentiels,
laisse aux organismes locaux chargés de la planification
de la production l'autonomie et l'initiative indispensables.
Les conditions et
particularités locales doivent jouer un très grand
rôle dans la planification qui, si elle est stéréotypée
et ignore ces particularités, contredit aux exigences
de la loi du développement harmonieux de l'économie
nationale.
Une centralisation
excessive, la tendance à planifier d'en haut jusqu'aux
moindres détails sans connaître suffisamment ni
prendre en considération les conditions et les possibilités
locales entraînent des erreurs dans la planification, paralysent
les initiatives de la base, empêchent d'utiliser au maximum
les ressources locales et les immenses réserves existant
dans les différentes branches de l'économie socialiste
et dans les entreprises.
Le perfectionnement
des méthodes de planification socialiste suppose une centralisation
conséquente de la planification quant aux indices fondamentaux
et déterminants, tout en accordant plus d'importance et
en laissant plus de latitude à l'initiative des organismes
locaux, des entreprises industrielles, des coopératives,
pour diriger la production, assurer une planification différenciée
dans chaque région économique, chaque zone agricole,
chaque entreprise ou coopérative.
Diriger l'économie
nationale selon un plan, c'est établir quels sont les
principaux maillons de l'économie.
Le plan met en relief les branches maîtresses dont dépend
l'exécution du plan de l'économie nationale dans
son ensemble.
La loi du développement
harmonieux, proportionnel, de l'économie nationale requiert
une coordination rigoureuse des plans de développement
des différentes branches et leur harmonisation dans un
plan économique unique.
Tous les plans des
différentes branches de la production, disait Lénine, doivent être rigoureusement coordonnés,
reliés entre eux et constituer ensemble le plan économique
unique dont nous avons tant besoin.
(V. Lénine : Rapport d'activité du Conseil des
commissaires du peuple au VIIIème Congrès des Soviets
de Russie)
Les plans économiques
comportent un certain nombre d'indices, exprimés les uns
en nature (catégories de produits, assortiments, etc.),
les autres en argent (production globale, prix de revient, revenus
et dépenses, etc.).
Parmi les indices
en nature et en argent, il y a lieu de distinguer les indices
qualitatifs (augmentation de la productivité du travail,
diminution du prix de revient, rentabilité, amélioration
de la qualité des produits, efficacité de l'emploi
des moyens de production : équipement, machines, matières
premières, etc.).
Dans l'agriculture,
l'indice fondamental est l'obtention d'un maximum de production
pour 100 hectares de surface agricole avec le minimum de dépense
de travail et de moyens de production par unité de produit.
Le plan de développement
de l'économie nationale comporte les subdivisions suivantes
:
§ programme
de production de l'industrie et de l'agriculture;
§ plan des transports et développement des communications;
§ plan des grands travaux, du développement et de
l'introduction de nouvelles techniques;
§ plan d'approvisionnement par l'Etat de l'économie
nationale;
§ plan concernant le travail et les salaires;
§ plan concernant le commerce et les stockages;
§ plan des mesures d'ordre social et culturel;
§ plan concernant le prix de revient de la production ;
§ plan du développement de l'économie nationale
par région économique;
§ partie synthétique du plan de l'économie
nationale, comprenant les indices généraux du développement
de l'économie nationale et les principaux objectifs des
différentes branches Industrielles.
L'indice donnant
la meilleure vue d'ensemble du plan est l'accroissement du revenu
national et le pourcentage qu'y occupent respectivement le fonds
de consommation et le fonds d'accumulation.
Font aussi partie
intégrante de la planification d'Etat la planification
des prix et des finances (budget d'Etat, plans de crédit
et de caisse de la Banque d'Etat), ainsi que celle du commerce
extérieur.
Le plan de développement
et d'introduction (les nouvelles techniques embrasse les objectifs
les plus importants, d'importance nationale, concernant la mécanisation
et l'automatisation des processus de la production, la mise au
point de la production de nouvelles machines et de nouveaux matériaux,
l'implantation des processus technologiques d'avant-garde, ainsi
que les principaux travaux de recherche scientifique, des bureaux
d'études et d'essais relatifs aux techniques nouvelles.
Dans la planification
socialiste, une importance croissante est réservée
à la répartition géographique rationnelle
des forces productives, au développement dans tous les
domaines des régions économiques et à la
coordination des plans de développement de l'économie
nationale.
Une des principales
méthodes utilisées pour établir dans l'économie
nationale des proportions correctes, répondant aux exigences
de la loi du développement harmonieux, est la mise au
point d'un système de balances.
L'Etat socialiste
fixe ainsi les proportions, exprimées en nature et en
argent, dans le développement de l'économie nationale,
détermine les ressources et leur répartition par
branches d'activité et catégories de produits.
La confrontation
des ressources existantes et des besoins que l'on en éprouve
fait apparaître les points faibles de l'économie
nationale, les disproportions entre les différentes branches
quant au niveau et aux rythmes de leur développement,
et suggère les mesures à prendre pour y remédier.
Par ailleurs, le
système des balances permet de déceler des ressources
supplémentaires résultant d'une économie
de matières premières et de matériaux, ainsi
que d'une meilleure utilisation de l'équipement, ressources
qui contribueront à accroître la production et la
consommation.
On distingue les
balances des ressources matérielles (exprimées
en nature), les balances exprimées sous forme monétaire,
et les balances de la main-d'uvre.
Les balances des
ressources matérielles font apparaître la corrélation
qui existe entre la production et la consommation d'un produit
ou d'un groupe de produits sous leur forme naturelle.
Elles sont indispensables
pour dresser les plans de fourniture de moyens de production
à toutes les branches de l'économie nationale par
ministères et par départements.
Ces plans prévoient
une meilleure utilisation de l'équipement, des matières
premières, du combustible, etc., grâce à
l'application de normes progressives.
Parmi les balances
exprimées sous forme monétaire, il faut ranger
notamment celles des revenus et des dépenses en argent
de la population, du revenu national et de sa répartition.
Les balances de la main-d'uvre déterminent les besoins
de l'économie nationale en main-d'uvre et en cadres
qualifiés, ainsi que les moyens de couvrir ces besoins.
La balance apportant
la synthèse la plus complète est la balance de
l'économie nationale, qui représente un système
d'indices économiques caractérisant les principaux
rapports et proportions de l'économie socialiste.
Elle comprend les
balances essentielles suivantes : produit social global, revenu
national, travail.
La planification
socialiste, qui reflète les exigences de la loi du développement
harmonieux de l'économie nationale, établit des
directives.
Les plans d'Etat
ne sont pas des plans-pronostics, mais des plans-directives,
que les organismes dirigeants sont tenus d'exécuter et
qui déterminent l'orientation du développement
économique de tout le pays.
Une fois sanctionnés
par les organismes supérieurs de l'Etat socialiste, les
plans d'Etat ont force de loi.
Les dirigeants de
l'économie sont tenus d'en assurer l'exécution
régulière, suivant le rythme prévu, par
chaque entreprise, tout au long de l'année, du trimestre
et du mois, en ce qui concerne non seulement le volume de la
production, mais aussi son assortiment; ils sont tenus d'améliorer
sans cesse la qualité de la production et de réduire
les prix de revient conformément aux prévisions
du plan.
Une particularité
essentielle de la planification socialiste est qu'elle associe
le maintien des proportions nécessaires à l'essor
ininterrompu de la production socialiste, au progrès technique.
Les proportions
définies par le plan pour le développement de l'économie
nationale ne représentent pas quelque chose de figé,
d'intangible.
La planification
socialiste a un caractère actif, mobilisateur.
Les plans orientent le travail de millions d'hommes à
l'échelle de tout le pays, donnent aux masses laborieuses
une perspective nette, les incitent à accomplir de véritables
exploits dans le travail.
Le plan, c'est l'activité
créatrice et vivante des masses.
La réalité des plans de production, ce sont les
millions de travailleurs qui bâtissent une vie nouvelle.
Dresser un plan
n'est que le début de la planification.
Lénine, qui
qualifiait le plan d'électrification de la Russie (plan
Goelro) de second programme du Parti, soulignait que ce programme serait chaque
jour, dans chaque atelier et dans chaque canton, amélioré,
approfondi, perfectionné et modifié.
(V. Lénine : Rapport d'activité du Conseil des
commissaires du peuple au VIIIème Congrès des Soviets
de Russie)
Tout plan est précisé,
modifié et perfectionné en tenant compte de l'expérience
des masses et du déroulement de son exécution,
aucun plan ne pouvant prévoir à l'avance toutes
les possibilités que renferme le régime socialiste
et qui ne se révèlent qu'au cours du travail.
Dans la lutte pour
l'exécution du plan à la fabrique, à l'usine,
dans une coopérative, l'initiative créatrice et
l'activité des masses se donnent libre cours, l'émulation
socialiste se développe, et la mise au jour de nouvelles
réserves permet d'accélérer les progrès
de l'économie.
La mobilisation
des masses est effectuée par le Parti communiste et sous
sa direction, à l'appel des organisations d'Etat et des
organisations sociales, des syndicats, des Jeunesses communistes.
La participation
active des masses à la lutte pour l'exécution des
plans de développement de l'économie nationale
est l'une des principales conditions de l'exécution et
du dépassement des plans, de l'accélération
des rythmes de la construction de la société communiste.
Les plans socialistes
ne peuvent jouer un rôle mobilisateur que si les organismes
de planification tablent sur les éléments nouveaux,
progressistes qui naissent dans la pratique de l'édification
communiste, dans l'uvre créatrice des masses.
Le peuple, le peuple
seul, est la force motrice, le créateur de l'histoire
universelle.
(Mao Zedong : Du gouvernement de coalition)
La planification
répond aux critères politiques et économiques,
car c'est le Parti Communiste qui est responsable d'elle.
La planification
fait partie de l'action du Parti Communiste, c'est pourquoi elle
doit être jugée sur les mêmes critères
que l'ensemble des actions du Parti Communiste.
Mao Zedong nous
enseigne à ce sujet que :
La politique est
le point de départ de toute action pratique d'un parti
révolutionnaire et se manifeste dans la développement
et l'aboutissement des actions de ce parti.
Toute action d'un
parti révolutionnaire est l'application de sa politique.
S'il n'applique
pas une politique juste, il applique une politique erronée;
s'il n'applique pas consciemment une politique, il l'applique
aveuglément.
Ce que nous appelons
expérience, c'est le processus d'application d'une politique
et son aboutissement.
C'est par la pratique
du peuple seulement, c'est-à-dire par l'expérience,
que nous pouvons vérifier si une politique est juste ou
erronée, et déterminer dans quelle mesure elle
est juste ou erronée.
Mais la pratique
des hommes [et des femmes], spécialement la pratique d'un
parti révolutionnaire et des masses révolutionnaires,
se rattache nécessairement à une politique ou à
une autre.
Par conséquent,
avant de mener une action, nous devons expliquer clairement aux
membres du Parti et aux masses la politique que nous avons formulée
à la lumière des circonstances.
Sinon, les membres
du Parti et les masses s'écarteront de la direction politique
donnée par notre Parti, agiront à l'aveuglette
et appliqueront une politique erronée.
(Mao Zedong : A propos de la politique concernant l'industrie
et le commerce)
Les plans de production
doivent partir, non pas de la moyenne arithmétique des
normes déjà atteintes, mais de normes progressives
de travail, d'utilisation de l'équipement, des matières
premières, du combustible et des matériaux, c'est-à-dire
de normes qui s'alignent sur l'expérience des entreprises
d'avant-garde, des travailleurs d'élite.
Le Parti communiste
et l'Etat socialiste combattent énergiquement toute tentative
de dresser des plans minimisés qui ne mobilisent personne,
l'alignement sur les secteurs retardataires, de même que
la manie des projets qui ne tiennent pas compte des possibilités
réelles du développement de l'économie socialiste.
La planification
socialiste exige qu'une lutte intransigeante soit menée
contre les tendances, contraires aux intérêts de
l'Etat, qui se traduisent par les tentatives faites pour opposer
les intérêts d'une entreprise, d'une région
ou d'un service à ceux du pays tout entier.
L'un des aspects
les plus importants de la direction planifiée de l'économie
nationale est la vérification de l'exécution du
plan, qui permet d'établir jusqu'à quel point celui-ci
traduit les exigences de la loi du développement harmonieux
de l'économie nationale, et comment il se réalise.
Elle donne la possibilité
de déceler en temps utile les disproportions existantes
et de prévenir l'apparition de nouvelles disproportions,
de découvrir des réserves de production jusque-là
ignorées et d'apporter les correctifs nécessaires
aux plans de l'économie nationale.
Pour diriger l'économie
nationale d'après un plan, un système unique de
recensement s'impose.
Lénine enseignait
que " le socialisme, c'est le recensement. "
Une organisation socialiste planifiée ne saurait se concevoir
sans un recensement correct.
Or, qui dit recensement
dit statistique.
Dans l'économie
socialiste, le recensement et la statistique sont organiquement
associés au plan de l'économie nationale.
Les statistiques relatives à l'accomplissement du plan
sont indispensables à l'établissement du plan pour
la période suivante.
Le système
socialiste de recensement et de statistique permet de contrôler
l'exécution du plan dans son ensemble et dans chacune
de ses parties.
Les avantages
de l'économie planifiée.
Le développement
harmonieux de l'économie nationale assure à la
société socialiste des avantages énormes
sur le capitalisme.
Contrairement à
ce dernier, où des rapports proportionnés sont
un effet du hasard et où l'économie se développe
de façon cyclique, en passant par des crises périodiques,
l'économie socialiste se développe sans discontinuer,
suivant une ligne ascendante et à des rythmes élevés,
sur la base des proportions établies par l'Etat socialiste
conformément aux exigences de la loi du développement
harmonieux de l'économie nationale et de la loi économique
fondamentale du socialisme.
L'économie
socialiste ignore les crises qui ravagent l'économie nationale,
infligent à la société un préjudice
matériel énorme et la rejettent périodiquement
en arrière.
L'économie
socialiste planifiée exclut le chômage et garantit
le plein emploi de toute la force de travail de la société.
L'économie
capitaliste engendre fatalement le chômage, qui est pour
les capitalistes un moyen de s'assurer une main-d'uvre
à bon marché.
L'économie
planifiée développe la production afin de satisfaire
les besoins de toute la société.
Les capitalistes
investissent leurs capitaux dans les branches de l'économie
où le taux de profit est le plus élevé.
L'économie socialiste planifiée permet un développement
méthodique de la science et de la technique conforme aux
besoins de l'économie nationale.
En régime
capitaliste, le progrès technique se heurte à la
loi de la concurrence et de l'anarchie de la production; très
inégal, il aggrave fatalement le déséquilibre
de la production.
Contrairement à
la conception capitaliste de la rentabilité, subordonnée
à l'obtention du profit maximum, la loi du développement
harmonieux de l'économie nationale et la planification
socialiste garantissent une forme supérieure de rentabilité,
une rentabilité considérée du point de vue
de l'économie nationale dans son ensemble.
L'économie
socialiste planifiée met un terme au formidable gaspillage
de travail social qui est inhérent à l'économie
capitaliste et permet la mise en uvre la plus économique
et la plus efficace de toutes les ressources, tant à l'intérieur
des entreprises qu'à l'échelle nationale; elle
découvre sans cesse des réserves nouvelles et de
nouveaux moyens d'accroître la production.
L'Etat socialiste
règle par un plan les rapports de production entre les
entreprises et procède à la répartition
géographique la plus rationnelle de la production existante.
Des savants bourgeois
prêchent un " capitalisme planifié " et
sèment parmi les travailleurs l'illusion qu'en éliminant
la concurrence, les monopoles créent les conditions d'une
planification de l'économie capitaliste et de la suppression
des crises économiques.
Mais, ainsi qu'il
a été démontré, la planification
de l'économie a pour condition décisive l'existence
de la propriété sociale des moyens de production
et de la loi du développement harmonieux, proportionné,
de l'économie nationale, alors que dans la société
capitaliste dominent la propriété privée
des moyens de production, la loi de la concurrence et l'anarchie
de la production.
La limitation de
la concurrence dans les entreprises et les branches monopolisées
s'accompagne d'une accentuation brutale de la concurrence entre
les monopoles, ainsi qu'entre les entreprises et les branches
monopolisées et celles qui ne le sont pas.
Toute tentative
de planifier l'économie nationale dans les pays capitalistes
et d'y éliminer les crises de surproduction aboutit immanquablement
à un échec.
Le Budget de
l'Etat socialiste
Les ressources de
l'Etat socialiste sont affectées principalement au développement
de l'économie, aux mesures sociales et culturelles, à
l'entretien des organismes administratifs d'Etat, à la
défense nationale.
Une partie des richesses
créée va à l'accumulation, une autre à
la consommation.
Pour l'accumulation,
il s'agit d'étendre la production, exécuter des
travaux d'ordre social et culturel, créer un fond pour
assurer les individus.
Pour la consommation,
il s'agit des rémunérations, de la sécurité
sociale, des fonds de l'administration publique, ceux de la santé
et de l'enseignement.
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