Manuel
d'économie politique
maoïste
25.Les déviations
idéologiques
de l'époque révolutionnaire
LE TROTSKYSME
Le trotskysme est
la variété d'opportunisme la plus forte et la plus
développée dans les pays impérialistes.
L'idéologie
trotskyste a comme principale caractéristique d'être
une réaction.
Elle n'existe pas
sur les plans philosophique ni économique, mais seulement
en tant qu'opposition politique au développement de la
révolution.
Il n'y a ainsi aucun
texte philosophique et l'économie se réduit systématiquement
à des séries de données chiffrées
et de citations de journaux bourgeois servant d'arguments.
L'idéologie
trotskyste a ainsi un point de vue politique "mutant ",
se modifiant en permanence selon les exigences de la bourgeoisie
dans la lutte de classe.
Le trotskysme s'appuie
initialement sur les textes principaux de Léon Trotsky:
Cours nouveau (1923), La révolution permanente (1928)
et principalement Le programme de transition (1938), dans
lequel Trotsky théorise le trotskysme comme l'aile socialiste
de gauche de la social-démocratie et l'opposition au mouvement
communiste.
Sur le plan politique,
le trotskysme a été et est l'idéologie :
--des opposants
à la construction du socialisme en U.R.S.S. (sous prétexte
de l'impossibilité du socialisme dans un seul pays et
de la soi-disant impossibilité des masses paysannes à
participer à la révolution);
--des opposants
à la révolution dans les pays du " 1/3 monde
" (sous prétexte de la primauté historique
des pays capitalistes et de la soi-disant impossibilité
des masses paysannes à participer à la révolution);
--des opposants
à la révolution dans les pays capitalistes (sous
prétexte de la nécessité de la révolution
mondiale en une fois et de la soi-disant impossibilité
de s'opposer à la social-démocratie).
Le trotskysme est
en fait une arme idéologique de dernier recours pour contrer
le communisme.
Après avoir
tenté de s'opposer à la construction du socialisme
en U.R.S.S., le trotskysme a attaqué la révolution
dans les pays opprimés.
Trotsky dit dans
" La révolution permanente " : " Entre
le régime de Kerensky et le pouvoir bolchevique, entre
le Kuomintang et la dictature du prolétariat, il n'y a,
il ne peut y avoir aucun régime intermédiaire,
c'est-à-dire aucune dictature démocratique des
ouvriers et des paysans. "
Trotsky rejette
ainsi la position de Lénine.
Le trotskysme est
la négation de ce que Mao a appelé la révolution
de nouvelle démocratie, étape nécessaire
pour les pays du 1/3 monde.
Le trotskysme est
ainsi une théorie contre-révolutionnaire.
Le trotskysme a continué politiquement ses attaques en
développant ses options politiques sur les plans de l'organisation.
Le trotskysme rejette
le centralisme démocratique et la lutte des deux lignes
dans le Parti pour défendre le " droit de tendance
" et des principes d'organisation associatifs.
Le trotskysme s'allie
systématiquement avec l'aile opportuniste de gauche de
la social-démocratie et s'oppose systématiquement
à l'organisation des masses par elles-mêmes.
Le trotskysme s'est
ainsi opposé à la Résistance en France lors
de l'occupation nazie, affirmant notamment que les soldats allemands
étaient des " ouvriers en uniformes ".
Les trotskystes
ont alors mérité leur surnom d'"hitléro-trotskystes
".
Le trotskysme est
en définitive l'ultime expression idéologique de
la social-démocratie.
La seule exigence
possible serait la " gestion ouvrière ", appelée
" autogestion "; le capitalisme serait un néo-capitalisme,
c'est-à-dire un capitalisme des managers ne connaissant
plus de crises et connaissant un perpétuel progrès
technique.
Le principal théoricien
trotskyste de l'époque moderne est Ernest Mandel.
Il n'a pas hésité
à affirmer que " le capitalisme est entré
dans une troisième étape de son développement,
aussi différente du capitalisme monopolistique ou de l'impérialisme
décrit par Lénine, Hilferding et d'autres, que
le capitalisme monopolistique l'était du classique capitalisme
du laissez-faire du dix-neuvième siècle. "
Pour les trotskystes,
qui ont en fait la même vision du socialisme que les titistes,
la seule question qui compte est : qui doivent être les
managers de la production?
Les trotskystes
nient ainsi la capacité de mobilisation des masses et
la démocratie à la base.
A l'opposé
de l'anarcho-syndicalisme qui nie le rôle des cadres, le
trotskysme leur donne une priorité absolu : le trotskysme
est un anarcho-syndicalisme renversé qui met en avant
la dictature des cadres techniques de l'entreprise là
où l'anarchisme nie totalement leur rôle, voire
leur existence.
En définitive, le trotskysme est contre-révolutionnaire
dans son essence même par sa négation du principe
voulant que
Les masses populaires
sont douées d'une puissance créatrice illimitée.
(Mao Zedong : L'essor du socialisme dans les campagnes chinoises)
Le peuple, le peuple
seul, est la force motrice, le créateur de l'histoire
universelle.
(Mao Zedong : Du gouvernement de coalition)
LE BOUKHARINISME ET LE LUXEMBOURGISME
Le boukharinisme
et le luxembourgisme représentent deux moments essentiels
dans l'histoire du mouvement communiste.
Il s'agit d'interprétations
erronées du passage du capitalisme à l'impérialisme,
aboutissant à une mésestimation complète
de l'impérialisme.
La conséquence
principale en est chez Rosa Luxembourg la négation du
caractère progressiste du Mouvement de Libération
Nationale et chez Boukharine la négation du caractère
réactionnaire de la classe des paysans riches.
Rosa Luxembourg
a bien vu qu'à l'époque de l'impérialisme,
Les questions du
militarisme et de l'impérialisme constituent aujourd'hui
le pivot de la vie politique.
(R. Luxembourg : Oeuvres complètes, t.3)
Mais pour elle l'impérialisme
reste principalement un phénomène politique consistant
en la conquête de ce qu'elle appelle les " territoires
non capitalistes " (il s'agit en fait des colonies et des
semi-colonies).
Elle ne voit pas
que l'une des caractéristiques essentielles de l'impérialisme
est le caractère monopolistique.
Elle ne prend pas
non plus en compte la résistance des peuples et nations
des colonies et semi-colonies.
Cette conception
de l'impérialisme va de pair avec la considération
que le capitalisme vivra nécessairement une crise finale
au moment de l'impossibilité d'accumuler plus en conquérant
de nouveaux territoires non capitalistes.
Cette crise amène
la guerre impérialiste entre Etats capitalistes et en
fin de compte la fin du capitalisme.
La théorie
de Rosa Luxembourg est ainsi une théorie de la catastrophe,
fondée sur un point de vue mécaniciste.
La conclusion politique
de sa théorie est la négation du rôle du
Parti Communiste au profit d'un appel à la spontanéité
des masses populaires, qui pour faire la révolution ont
simplement besoin d'avoir conscience de la situation.
Le luxembourgisme
fait du socialisme quelque chose venant passivement, la seule
tâche politique étant subjective : celle d'avoir
conscience de la situation.
Le luxembourgisme
nie le rôle du Parti Communiste, la ligne de masse, le
principe maoïste selon laquelle " la voie est sinueuse
(et l'avenir lumineux). "
Cette idéologie
combine analyse droitière (passivité idéologique)
et gauchisme (subjectivisme et militarisme).
Cette position attentiste
est historiquement une idéologie erronée typique
au mouvement communiste allemand et autrichien.
Il y a trois exemples
généraux de défaites correspondant à
un point de vue luxembourgiste.
Le premier lors
de l'insurrection menée par Rosa Luxembourg à la
fin de la première guerre mondiale, insurrection immédiatement
écrasée.
Le second lors de
la considération après la prise du pouvoir par
les nazis que le système va à son écroulement
rapide.
Le troisième
lors de l'analyse de la Fraction Armée Rouge que le système
est obligé de faire la guerre, n'ayant plus de débouchés
dans le " tiers-monde " et qu'accélérer
la lutte armée dans le " tiers-monde " signifie
accélérer la révolution.
Le boukharinisme représente une ligne opposée au
luxembourgisme.
Le boukharinisme
considère en effet que l'impérialisme est une forme
de capitalisme supérieur, dont la principale caractéristique
est d'être organisé.
Le boukharinisme
nie la thèse léniniste comme quoi
Les monopoles n'éliminent
pas la libre-concurrence dont ils sont issus; ils existent au-dessus
et à côté d'elle, engendrant ainsi des contradictions,
des frictions, des conflits particulièrement aigus et
violents.
(V. Lénine : L'impérialisme, stade suprême
du capitalisme)
Boukharine est en
fait un nouveau théoricien de l'ultra-impérialisme,
thèse déjà avancée par les révisionnistes
sociaux-démocrates du début du vingtième
siècle.
La thèse
de Boukharine veut que le capitalisme et l'Etat fusionnent en
trusts capitalistes d'Etat, dans une économie capitaliste
rationalisée.
Dans " la théorie
de l'Etat impérialiste ", il avance que:
L'" économie
politique " devient de plus en plus une " économie
" d'Etat (...).
La science, les
partis, les églises, les groupements de patrons, etc.
sont englobées dans l'Etat.
Ainsi se constitue
une organisation unique qui s'étend sur tout, l'Etat brigand
du capitalisme moderne, représentant l'organisation dominante
et omnipotente de la bourgeoisie(...).
Là aussi,
nous reconnaissons la dialectique de l'histoire : l'Etat, qui
était à l'origine la seule classe dominante, se
transforme en une organisation parmi d'autres, pour redevenir
ensuite un organe unique, ayant absorbé tous les autres.
C'est le monstre, le Léviathan moderne de l'appareil d'Etat.
Cette thèse
nie la théorie marxiste de l'Etat et nie le principe de
la négation de la négation.
Boukharine a une
conception intellectuelle de l'organisation sociale; pour lui
c'est la forme sociale la mieux organisée qui prédomine.
C'est pourquoi Boukharine
a nié l'aggravation de la lutte des classes après
1917 et combattu la liquidation de la classe des koulaks, les
paysans riches.
La thèse
de Boukharine était que l'Etat et les coopératives
socialistes vaincraient naturellement, de par leur forme sociale
supérieure, la petite-bourgeoisie et la petite-production.
Le boukharinisme
est ainsi en définitive une thèse niant la négation
de la négation, principe essentiel de la dialectique,
ce qui l'amène dans le camp de la social-démocratie.
Le boukharinisme
arrive également à la négation des contradictions
inter-impérialistes.
Le boukharinisme
est ainsi :
une position social-démocrate...
en admettant tout d'abord la possibilité même d'un
capitalisme organisé, et ensuite, le fait que l'Etat impérialiste
était en train d'acquérir une place immédiatement
directrice dans l'économie.
(L. Kaganovitch : Revoliutsia Prava n°1, 1930)
L'organisation
politique la plus connue ayant subi une déviation boukhariniste
est les Brigades Rouges italiennes, pour qui la bourgeoisie impérialiste
est unifiée à l'échelle mondiale et contrôle
l'Etat qui " corporatiserait " la société
par l'intermédiaire des syndicats et des accords sociaux.
LE TITISME
Le titisme représente
une variante extrême d'opportunisme.
La campagne contre
le titisme a été majeure dans le Mouvement Communiste
International dès la naissance de cette déviation.
Le titisme est historiquement
le fruit de l'accommodement avec la petite-bourgeoisie, principalement
paysanne, au niveau national, et l'accommodement avec les puissances
impérialistes au niveau international.
Mao Zedong nous
a à ce titre enseigné:
Il peut y avoir
de ces communistes que l'ennemi armé n'a pu vaincre, qui
se conduisaient devant l'ennemi en héros dignes de ce
nom, mais qui, incapables de résister aux balles enrobées
de sucre, tomberont sous ces balles.
Aujourd'hui, les
accusations faites par les organisations se revendiquant de Enver
Hoxha contre le marxisme-léninisme-maoïsme sont essentiellement
des calomnies consistant en l'assimilation du marxisme-léninisme-maoïsme
avec le titisme.
Le titisme est l'idéologie
développée par Tito.
Après que
le mouvement communiste ait su lutter victorieusement contre
l'occupation nazie et la réaction intérieure, la
question de la révolution socialiste fut à l'ordre
en Yougoslavie.
Tito remit alors
en cause les enseignements du léninisme, et appliqua une
ligne nationaliste autoritaire et développa son pouvoir
personnel.
Il fut en cela aidé
par les puissances impérialistes nord-américaine
et britannique.
En 1945 l'appareil
d'Etat ne fut pas brisé, contrairement aux enseignements
du communisme.
Tito fit en sorte
de conserver le vieil Etat et d'intégrer les représentants
des couches de la petite-bourgeoisie sous couvert de " front
antifasciste. "
Le PC de Yougoslavie
ne devint pas public malgré les conditions nouvelles.
Sa direction était
cooptée. Il n'avait pas de programme.
Le Front Populaire
était le seul organisme présenté aux masses.
Le titisme consista
en la mise en place d'une économie s'appuyant sur les
paysans riches.
La propriété
privée fut le fondement de la production agricole, majeure
dans le pays.
Cette politique
fut ensuite généralisée aux entreprises
du pays sous le couvert d'" autogestion. "
Les comités
d'entreprises furent fondés autoritairement et régis
par la nouvelle bourgeoisie.
De fait le titisme
est le rejet de la thèse de Lénine comme quoi :
" La petite
exploitation individuelle engendre constamment, chaque jour,
chaque heure, spontanément et à une grande échelle
le capitalisme et la bourgeoisie. "
Le titisme est en
fait une variante de la thèse boukharinienne de l'affaiblissement
des luttes de classe sous le socialisme.
Le Kominform, organisme
rassemblant les partis communistes de l'époque, critiqua
cette situation, en affirmant notamment:
" Dans le Parti
[Communiste de Yougoslavie] il n'y a pas de démocratie
à l'intérieur du parti - le principe du vote n'est
pas réalisé - il n'y aucune critique et autocritique
(
)
Un tel type d'organisation du Parti Communiste yougoslave ne
peut pas être défini autrement que comme sectaire-bureaucratique.
Cela amène
la liquidation du parti comme organisme créatif et indépendant,
et développe dans le Parti des méthodes militaires
de direction, similaires aux méthodes propagées
par Trotsky en son temps. "
Le titisme passa
par la suite ouvertement dans le camp du fascisme. Il liquida
les communistes - au moins 8.500 cadres - et s'allia ouvertement
à l'impérialisme, poignardant dans le dos la guerre
de libération du peuple grec.
Il développera
une politique d'aide à l'impérialisme au niveau
international en unissant de nombreux pays contre l'U.R.S.S.
sous le prétexte de " non-alignement ", principalement
avec des pays se considérant eux-aussi officiellement
comme " socialistes " (l'Inde, l'Egypte, l'Indonésie).
Le Kominform constatera
dès la fin 1948 que :
" Alors que
les réunions quant au PCY en juin 1948 constataient le
passage de la clique Tito-Rankovic de la démocratie et
du socialisme au nationalisme bourgeois, durant le laps de temps
nous séparant de ces réunions s'est réalisé
le passage de cette clique du nationalisme bourgeois au fascisme
et la trahison ouverte des intérêts nationaux de
la Yougoslavie.
" L'indépendance
nationale " selon la conception bourgeoise, opportuniste
et nationaliste, dans le sens d'un exclusivisme et d'un isolement
national vis-à-vis de la lutte commune des peuples.
La clique nationaliste
de Tito s'est ravalée justement jusqu'à cette conception
bourgeoise de la question de l'indépendance nationale.
"
Le titisme profitera
directement de l'aide américaine et britannique; Tito
deviendra une personnalité publique de la presse occidentale.
Le titisme est à
l'origine de l'échec de la révolution grecque.
Il a collaboré avec l'impérialisme et empêché
le soutien politico-militaire soviétique à la lutte
de libération du peuple grec.
Le PCY se dissout
en 1952 pour devenir la Ligue des Communistes de Yougoslavie.
Le titisme, tout
comme le révisionnisme soviétique après
Staline, refusera le risque d'abandonner l'image socialiste afin
de continuer sa domination sur les masses populaires.
Le théoricien
Djilas fut ainsi écarté.
Le titisme est un
opportunisme devenu révisionnisme.
Le Parti Communiste
de Chine constata ainsi la " nouvelle " position révisionniste
de la Yougoslavie avec le développement du titisme :
" Les points
de vue révisionniste qui se manifestent depuis quelques
années diffèrent évidemment du révisionnisme
du passé.
Ils ont fait leur
apparition dans une nouvelle conjoncture historique et sous le
mot d'ordre d'opposition au " stalinisme."
Mais si on les considère
en fonction de leur aspect fondamental - le rejet du contenu
révolutionnaire du marxisme - ces opinions sont essentiellement
les mêmes que le révisionnisme du passé...
Le marxisme-léninisme
soutient par exemple que la transition vers le socialisme ne
peut se réaliser que par la lutte révolutionnaire
du prolétariat, la transformation de la propriété
privée capitaliste en propriété commune
socialiste et la suppression du régime capitaliste.
Or il y en a qui
soutiennent que le capitalisme d'Etat et la nationalisation de
certaines entreprises dans les pays capitalistes constituent
une forme de transition du capitalisme vers le socialisme et
signifient la négation de la propriété capitaliste.
Ils prétendent
même que la société humaine dans son ensemble
progresse vers le socialisme parce que la nature des moyens modernes
de production, en particulier l'énergie atomique et l'automation,
exigent la création de rapports socialistes de production.
C'est-à-dire
que le socialisme se développera de pair, dans le cours
naturel des choses, avec le développement de la socialisation
de la production dans l'économie capitaliste. "
LE CENTRISME
Le centrisme représente
une variété particulière d'opportunisme,
qui s'est développé dans les années suivant
la victoire du révisionnisme en Union Soviétique.
Les " centristes
" ont refusé de suivre la critique du révisionnisme
et ont mis dos à dos l'U.R.S.S. et la Chine populaire,
considérant que tous deux faisaient partie du bloc socialiste
et que les différences étaient secondaires.
En pratique, les
centristes ont été néanmoins plus proches
de l'U.R.S.S., comme s'ils n'osaient pas assumer le saut politique
vers la Chine populaire.
Cela est particulièrement
vrai pour les centristes de gauche, Ernesto " Che "
Guevara et Ho Chi Minh.
Les centristes étaient
incertains politiquement; ils voyaient les positions de la politique
de l'Union Soviétique mais considéraient au maximum
celles-ci comme des erreurs, ne jouant pas finalement sur les
questions principales.
Pour les centristes,
l'existence de l'U.R.S.S. existant comme puissance opposée
aux USA suffisait.
L'U.R.S.S. soutenait
ce qui s'opposait aux USA, y compris militairement, et pour les
centristes cela était une position correcte.
Les centristes possédaient
différentes interprétations de l'U.R.S.S., mais
leurs positions se ramenaient en définitive soit au trotskysme
pour qui l'URSS était un Etat ouvrier dégénéré,
soit au révisionnisme classique pro soviétique.
Les centristes justifiaient
leurs positions en arguant que c'était la " bataille
finale ", que le socialisme était en train de gagner
dans le monde et qu'ainsi les " problèmes "
devaient passer au second plan.
Les centristes niaient
le caractère révisionniste du " Parti Communiste
" d'U.R.S.S., ils niaient l'existence du social-impérialisme.
Après la
chute du social-impérialisme russe, l'ensemble des centristes
ont capitulé politiquement et tronqué la perspective
ultra-gauchiste de la révolution mondiale contre le réformisme,
y compris parfois armé.
Tel a été
le cas pour la fraction armée rouge en Allemagne, le Front
Populaire de Libération de la Palestine, le DHKC en Turquie,
le Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru au Pérou.
La figure absolue
du centrisme de droite est Fidel Castro, par opposition à
la figure essentielle de la gauche du centrisme est Ernesto "
Che " Guevara, qui a abandonné la construction du
socialisme à Cuba pour tenter de développer des
guérillas dans d'autres pays.
Dans sa position
sur la guerre de libération du Vietnam, Guevara a critiqué
la Chine populaire et l'U.R.S.S. pour ne pas soutenir assez le
FNL vietnamien et a ainsi rejoint la position des centristes
de droite.
Néanmoins
sa décision de lutter ailleurs marque sa volonté
de rupture avec la politique de " non révolution
" du révisionnisme, décision purement subjective
qui échouera.
La caractéristique
essentielle du centrisme de gauche est le subjectivisme, la caractéristique
essentielle du centrisme de droite étant le pragmatisme.
A la figure d'Ernesto
" Che " Guevara doit être associé celle
de Ho Chi Minh, qui lui aussi défendra une position centriste
de gauche.
Mais à Cuba
comme au Vietnam, après Guevara et Minh, les centristes
de droite domineront et couleront toutes les positions révolutionnaires,
s'alignant totalement sur le social-impérialisme russe.
Ce schéma
se déroulera de manière similaire pour de nombreuses
guérillas des pays dominés (FSLN du Nicaragua,
FMLN du Salvador...) où par pragmatisme les centristes
de droite profiteront de l'aide de l'U.R.S.S. pour faire dominer
une ligne opportuniste et chasser les éléments
révolutionnaires.
Aujourd'hui le centrisme
a un impact dans la mesure où il apparaît hyper
révolutionnaire; il est de fait une déviation gauchiste.
Les nouveaux centristes
se revendiquent idéologiquement de tout ce qui s'est revendiqué
du socialisme, ou bien bricolent un nouveau monde socialiste
(la Corée du Nord, Cuba, etc.).
Le centrisme est
un obstacle à l'organisation des masses, même si
une grande différence d'évaluation historique doit
être faite entre les centristes de droite et les centristes
de gauche.
Tout homme doit
mourir un jour, mais toutes les morts n'ont pas la même
signification.
Un écrivain
de Chine antique, Sema Tsien, disait:
" Certes, les
hommes sont mortels; mais la mort des uns a plus de poids que
le mont Taichan, celle des autres en a moins qu'une plume. "
Mourir pour les
intérêts du peuple a plus de poids que le mont Taichan,
mais se dépenser au service des fascistes et mourir pour
les exploiteurs et les oppresseurs a moins de poids qu'une plume.
(Mao Zedong : Servir le peuple)
LE HODJAISME
Le " hodjaisme
" ou " hoxhaisme " n'existe pas idéologiquement
en tant que tel.
Par " hodjaisme
" nous entendons l'ensemble des interprétations du
marxisme-léninisme à la suite d'Enver Hodja (ou
Hoxha) (1908-1985).
Le " hodjaisme
" se caractérise par un sectarisme extrême
associé à un pragmatisme absolu.
Cela tient à
sa conception du Parti Communiste : le hodjaisme rejette l'existence
de la dialectique dans le Parti et prétend faire unilatéralement
conserver à celui-ci un caractère monolithique.
Enver Hodja a rejeté
les principes de la dialectique ; il a considéré
que la défense du principe de l'unité relative
des contraires par Mao Zedong revenait à du " taoïsme
".
Hodja rejette le
point de vue marxiste-léniniste-maoïste comme quoi
les deux aspects de la contradiction sont en rapport dialectique
; il les sépare arbitrairement, affirmant que leurs essences
sont séparées.
Il ne peut ainsi
pas y avoir de lutte entre deux lignes au sein du parti communiste
car celui-ci est l'expression du prolétariat et que l'essence
de celui-ci est différente de celle de la bourgeoisie.
Il rejette l'affirmation
communiste comme quoi la bourgeoisie et le prolétariat
sont les deux aspects de la question.
Le hodjaisme est
ainsi une idéologie ultra-sectaire et moraliste voyant
les choses unilatéralement, combinée à la
considération que le prolétariat est bon "
par essence ".
Les organisations
se revendiquant de Hodja fonctionnent ainsi comme une secte sur
le plan idéologique et interne, et comme une organisation
totalement opportuniste à l'extérieur.
Historiquement cette
position dégénérée du communisme
est issue de l'activité d'Enver Hodja.
Après avoir
dirigé la libération de l'Albanie et réussi
à instaurer le socialisme malgré la pression impérialiste
et l'expansionnisme yougoslave, Hodja a participé au mouvement
de critique de l'Union Soviétique révisionniste
guidée par Kroutchev.
Le prestige de l'Albanie
et de son Parti - le Parti du Travail d'Albanie, a alors été
très grand dans le Mouvement Communiste International.
La Chine et l'Albanie
étaient alors considérées comme les deux
seuls pays socialistes et les deux pays s'appuyaient.
Puis, à la
mort de Mao, Hodja a affirmé que Mao avait toujours été
un révisionniste, que la Chine n'était pas socialiste.
Il a affirmé
avoir toujours critiqué la Chine, n'a cessé de
se mettre en avant et s'est même approprié des travaux
de Lénine et de Staline (comme dans l'ouvrage " Impérialisme
et révolution ").
Ce rejet a été
totalement nouveau.
En 1976 le congrès
du PTA saluait Mao Zedong comme un grand communiste; en 1979
il était selon lui devenu un révisionniste.
Cela fut ainsi justifié
a posteriori par la publication de prétendus vieux documents,
et a profité de l'arrivée au pouvoir en Chine des
révisionnistes (qui se revendiquaient alors encore de
la pensée Mao Zedong).
Hodja a assimilé
les révisionnistes chinois à Mao Zedong et lancé
une grande propagande contre les contributions de Mao.
Hodja a semé une grande confusion dans le mouvement communiste
international, amenant à sa décadence quasi-complète.
Il a prétendu
que tous les pays du monde sont capitalistes, rejetant la position
communiste comme quoi les pays opprimés sont semi-coloniaux
semi-féodaux.
Le hodjaisme rejoint
ainsi le trotskysme dans sa négation de la nécessité
d'organiser les masses paysannes.
Partant de là
il a contribué à la lutte des impérialistes
et des sociaux-impérialistes russes contre les Mouvements
de Libération Nationale, qualifiés par lui de "petits-bourgeois."
Il a ainsi sympathisé
avec le kémalisme et d'autres forces réactionnaires,
sous le prétexte de la menace des deux " superpuissances.
"
Il a désarmé
les communistes en niant l'expérience des années
1960-1970 pour faire triompher un " marxisme-léninisme
" desséché, dogmatique, anti-dialectique et
anti-culturel au possible.
Il s'est mis en
avant comme l'unique critique du révisionnisme russe et
a sans cesse combattu contre le développement du maoïsme.
Il a tout fait pour
nier le rôle historique de la révolution culturelle,
prétendant à l'instar de la bourgeoisie qu'il ne
s'agissait que d'une " révolution de palais. "
Hodja a en définitive
tenté de faire passer Mao Zedong pour un nouveau Tito.
Il a affirmé que Mao était à l'origine de
la "théorie des trois mondes", théorie
des révisionnistes chinois prônant l'alliance du
" 1/3 monde " avec le second monde (les pays impérialistes
" de moindre envergure ") contre les deux superpuissances
américaine et russe.
Cette tentative
a été brisée, par l'ouverture de nouvelles
guerres populaires, principalement celle menée au Pérou
par le PC du Pérou sous la direction de Gonzalo, refaisant
de Mao un guide pour la pensée et l'action.
LE PRAGMATISME ET LE POPULISME
Le pragmatisme et
le populisme sont deux déviations relativement similaires,
se présentant comme partisanes du "réalisme"
et se justifiant par rapport au travail politique et à
la question de la ligne de masse.
Le pragmatisme et
le populisme consistent en la négation des principes du
marxisme-léninisme-maoïsme et la mise en place de
politiques aux lignes directrices erronées sous prétexte
de " nécessités impérieuses. "
La théorie
du pragmatisme a été formulée par Deng Xiao
Ping au lendemain du renversement du socialisme en Chine.
Elle a été
résumé comme suit: " Qu'importe que le chat
soit noir ou blanc pourvu qu'il attrape des souris. "
Le pragmatisme justifie
la mise de côté des principes au nom de l'efficacité.
Cette mise au goût
du jour de l'opportunisme social-démocrate contourne les
masses et n'évalue une situation que par rapport aux apparences.
Le pragmatisme nie
que les masses font l'histoire.
Les pragmatistes " contournent " les difficultés
en faisant des alliances sans principes et en abandonnant l'idéologie.
Dans la déviation
pragmatiste, la capacité des masses est niée; cela
est particulièrement vrai pour la déviation pragmatiste
dans le cadre de la guerre populaire.
Mao Zedong a souligné
la position communiste :
Les armes sont un
facteur important, mais non décisif, de la guerre.
Le facteur décisif,
c'est l'homme [la femme] et non le matériel.
Le rapport des forces
se détermine non seulement par le rapport des puissances
militaires et économiques, mais aussi par le rapport des
ressources humaines et des forces morales.
C'est l'homme [la
femme] qui dispose des forces militaires et économiques.
(Mao Zedong : De la guerre prolongée)
Le populisme s'est
développé historiquement sous de nouvelles formes,
prenant comme prétexte le pragmatisme.
L'ancien populisme, attaqué par Lénine dans Que
faire?, avait émis une théorie de la spontanéité,
opposée à la nécessité du Parti Communiste.
Lénine avait
notamment affirmé dans " Que faire? " que :
On parle de spontanéité.
Mais le développement
spontané du mouvement ouvrier tend à le subordonner
à l'idéologie bourgeoise... car le mouvement ouvrier
spontané c'est le trade-unionisme... et le trade-unionisme
c'est l'asservissement idéologique des ouvriers à
la bourgeoisie.
Sans théorie
révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire.
Le nouveau populisme
prend à nouveau comme prétexte les masses, et réaffirme
la nécessité pratique de mettre de côté
l'idéologie afin de gagner ces masses.
Ce populisme est
l'expression du défaitisme et de l'incapacité à
développer une ligne de masse.
Ce populisme est
aujourd'hui particulièrement fort là où
les masses populaires ont été influencées
par l'Islam.
Le pragmatisme est
l'expression gauchiste et le nouveau populisme l'expression droitière
de la remise en cause de l'idéologie.
Ces deux formes
se combinent l'une à l'autre.
Ainsi, l'appel à
l'unité effectuée par une force néo-révisionniste
peut être soutenu par des éléments gauchistes
cherchant à tout prix à " l'élargissement.
"
Ces deux formes
sont l'expression de la négation du caractère scientifique
du marxisme-léninisme-maoïsme et s'opposent ainsi
par définition à ce que Lénine a résumé
comme suit:
La doctrine de Marx
est toute-puissante, parce qu'elle est juste.
(Lénine :
Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme).
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