FATAH


LA REVOLUTION PALESTINIENNE
ET LES JUIFS

II - Position des Juifs à l'égard des palestiniens

La révolution palestinienne, nous l'avons dit, a officiellement adopté comme objectif final de sa lutte de libération la création d'une Palestine démocratique non confessionnelle où chrétiens, juifs et musulmans pourront vivre sans discrimination. L'adoption de cet objectif représente un changement révolutionnaire dans la perspective de l'avenir de la Palestine. L'idée, certes, n'est pas tout à fait nouvelle et les Palestiniens chrétiens, musulmans et juifs, avaient vécu ensemble pendant des siècles en paix et en harmonie, ou tout au moins avec le minimum de frictions.

Toutefois, l'occupation par les sionistes de la Palestine et la déracinement d'une grande partie de ses habitants, musulmans et chrétiens, chassés par la terreur, la tromperie et la force brutale, avaient provoqué un profond changement dans leur mentalité.

Les Palestiniens exilés avaient appris à haïr les juifs comme des oppresseurs, des impérialistes, comme l'unique cause de leurs tourments. Us constataient que les juifs persécutés, après avoir trouvé refuge en Palestine, étaient devenus à leur tour des persécuteurs. Et il devint difficile à beaucoup de Palestiniens persécutés de distinguer entre juifs et sionistes, de s'élever an-dessus de leurs souffrances et de distinguer clairement leurs véritables ennemis.

Le résultat le plus important de la révolution palestinienne aura été de libérer les Palestiniens de leurs chaînes et de leurs misères, de leur humiliation et de leur désespoir. Dès que le Palestinien a pu tenir un fusil en main et prendre en main son destin, il a grandi et mûri rapidement.

La révolution entreprit aussitôt des études sur son ennemi et sur elle-même. Un mouvement de libération progressiste ne peut pas être inspiré par la vengeance ni être déterminé par le racisme qui caractérise son ennemi dans son désir de conquête. Dès lors, on se pencha sur l'histoire des souffrances et des buts du peuple juif.

Des discussions sérieuses avec des juifs progressistes d'Europe et d'Amérique aidèrent à se former une nouvelle image du juif en général mais aussi des juifs comme sionistes et comme citoyens palestiniens: des hommes qui après avoir été persécutés par certains Européens racistes et nazis, ont été manipulé par des Européens racistes et sionistes qui les ont dirigés sur la Palestine, à la place des Palestiniens expulsés.

La révolution a réussi à amener un changement fondamental dans la pensée des Palestiniens et dans leur attitude à l'égard de leur ennemi. Les Palestiniens ne sont plus animés par des sentiments de haine envers les juifs en tant que tels; ils les considèrent comme les membres d'une communauté semblable aux autres, qu'elle soit chrétienne ou musulmane.

La façon dont ils se conduisent, leur attitude, leur position envers les Palestiniens et leur révolution, tout cela devient plus important que leur nom. leur langage ou leur croyance religieuse. Les Palestiniens se battent en vue de fonder un pays tolérant, démocratique et une terre libérée " pour nous tous ", juifs, chrétiens et musulmans. Ce changement d'attitude est considéré comme le premier jalon vers la création d'un nouvel Etat. Un changement de l'attitude des juifs, qui comprendraient de leur côté les Palestiniens et leur révolution, en serait une autre.

Une Palestine ouverte, multiple, tolérante envers les juifs. les musulmans et les chrétiens est bien supérieure à un pays exclusivement raciste, fondé sur un principe d'exclusion et de misère pour une partie de sa population. Jusqu'à quel point ce but est-il réalisable? Cela dépendra de l'attitude des juifs à l'intérieur et à l'extérieur de la Palestine ainsi que des progrès de la révolution. Comme on, a étudié l'attitude des Palestiniens musulmans et chrétiens, on étudiera maintenant l'attitude et les réactions des juifs.

Essai d'analyse des comportements juifs

Toute tentative pour étudier et interpréter les comportements et [es réactions morales d'un groupe de population est soumis à des difficultés et peut être suspecté de parti pris et de distorsion. Nous ne prétendons pas être exempts de ce genre de faiblesse, mais nous essaierons de réduire au minimum son effet. Nous procéderons par des citations directs et en nous référant à des documents quand cela sera possible.

Un problème essentiel requiert notre étude: la plupart des comportements et des " idéologies " étudiés ont été construits par les sionistes, par les soins de leur organisation de propagande. Ils peuvent n'avoir pas été accepté par tous ou par la majorité des juifs dans le monde.

Cependant, on doit admettre que les sionistes ont dan une grande mesure réussi à identifier le judaïsme avec le sionisme aux yeux de la majorité des juifs, particulièrement dans les pays occidentaux Les horreurs commises par les nazis et les menaces antijuives dans plusieurs pays ont aidé les sionistes à maintenir partout leur emprise sur l'esprit des juifs.

Sans l'argent des juifs, sans leur influence politique, sans leur appui, Israel n'aurait pas survécu et l'occupation impérialiste sioniste n'aurait pas duré. En définitive, c'est la puissance et l'influence de la communauté juive mondiale manipulée par les sionistes qui ont perpétué la tragédie des Palestiniens, leur oppression, leur sujétion et leur exil.

Il est donc très important de se rendre compte des sentiments éprouvés par les juifs envers les Palestiniens, comment ils les considèrent en tant que " peuple " et jusqu'à quel point ces sentiments ont influencé l'action qui amena l'expulsion des Palestiniens. Et il est encore plus important de se demander, peut-on changer cette opinion?

Comment les sionistes voient les Palestiniens

Au début, l'attitude des sionistes envers les Palestiniens consista simplement à ignorer leur existence. La fameuse phrase d'Israël Zangwill: " Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ", résume cette attitude. Chaim Weizmann émit un jugement plus pittoresque: " Il existe un pays qui, paraît-il, s'appelle Palestine, un pays sans population, et, d'antre part, il existe un peuple juif et il n'a pas ce pays.
Qu'y a-t-il d'autre à faire que de sertir la pierre précieuse dans la bague, d'unir le peuple à son pays ? "

Uri Avnery signale que Theodor Herzl, dans son livre l'Etat juif, qui lança le mouvement sioniste moderne, s'est occupé des heures de travail, du logement des ouvriers et même du pavillon national, nos ne dit pas un seul mot des Arabes de Palestine.

Pour les sionistes, l'Arabe était " l'homme invisible ". Psychologiquement, il n'existait pas. Totrtefois, cette attitude ne peut résister à l'épreuve des faits. On découvrit que la Palestine était un pays prospère pour l'époque. Sa population croissait et accomplissait sa tâche, cultivait son sol dans une paix relative et apportait dans l'ensemble sa contribution à la communauté arabe. Plusieurs rapports publiés à la fin du XIXème siècle et au début du XXème confirment que les Arabes palestiniens déployaient, par exemple, une activité intense dans le domaine des agrumes. Ils produisaient des oranges d'une qualité exceptionnelle qui étaient déjà réputées an XVHIème siècle.

Achad Ha-am, juif rosse et philosophe hébreu, signalait dès 1891 que la Palestine n'était pas vide et que cela posait des problèmes, il précisa, après un voyage en Palestine, qu'il était difficile d'y trouver des terres arabes qui n'aient pas encore été mises en cataire.

Max Nordau, leader sioniste, apprenant qu'il existait une population arabe en Palestine, accourut chez Herzl en s'écriant: " Je ne savais pas cela! Mais alors, nous sommes en train de commettre une injustice... "

La fabrication sioniste des clichés traite ensuite un autre thème qui fut accepté par un grand nombre de juifs et de chrétiens en Europe et en Amérique et contribua grandement à déterminer l'attitude des juifs à l'égard des Palestiniens.

Selon les sionistes, ceux-ci se trouvaient vivre en Palestine par hasard; c'étaient des gens sous-développés; ils ne possédaient ni entité ni civilisation nationales. Ce point de vue a été adopté dans l'infâme déclaration Balfour, désignant les Palestiniens comme des indigènes qui peuvent avoir des droits religieux et civils, mais pas des droits politiques, qui ne constituent pas réellement un peuple. Plus tard, on inventa qu'il s'agissait, en réalité, non d'Arabes mais de Bédouins, de nomades errants, pillant le sol fertile de la Palestine et amenant à un état de dévastation croissante ce magnifique pays de lait et de miel.

Les juifs européens débarquant en Palestine y seraient donc une bénédiction, " car le juif européen était porteur d'une civilisation supérieure, maître de la technologie européenne et était en mesure d'apporter les bénédictions de cette civilisation à La population nomade de Palestine". Il s'agissait clairement d'une " mission civilisatrice " typique.

Du reste, Herzl lui-même était autant un colonialiste européen, un impérialiste allemand, qu'un juif, et il ne le cachait pas: " Avec les juifs, disait-il, c'est un élément culturel allemand qui arrivera en Orient, la preuve en est que, même s'ils sont d'origine juive, ce sont des écrivains de langue allemande qui dirigent le mouvement sioniste. L'allemand est la langue du congrès. La grande majorité des juifs participent de la culture allemande ".

Il ajoute, un peu plus loin: " Si Dieu veut que nous retournions dans notre patrie historique nous devrons agir comme des représentants de la civilisation occidentale et apporter les coutumes savamment élaborées de l'Occident à ce malheureux coin de l'Orient, accablé de calamités ".

Portrait des chefs palestiniens

Les Palestiniens ne se sont pas montrés conformes à l'image qu'en avait donnée les sionistes et le monde a fini par apprendre qu'il existait des Palestiniens prêts à se battre pour vivre libres. A cela les fabricants de slogans sionistes trouvèrent facilement une réponse: les Palestiniens auraient été des indigènes dociles s'ils n'avaient pas été contaminés par des agitateurs et des fanatiques. Ce sont des luttes dynastiques, familiales ou " tribales " parmi les riches qui seules avaient provoqué ces troubles.

Ces luttes causeraient la ruine du petit peuple et c'est lui qui en payerait le prix. Les leaders palestiniens sont décrits par Maurice Samuel comme une " armée de paresseux, d'artistes à backchiches et de bavards de cafés parasites qui sont avant tout responsables de l'atmosphère instable. Une activité politique ne saurait être mené en Palestine par les " indigènes ", qui ne comprennent pas ces choses, mais seulement par des agitateurs ".

Attitude à l'égard des " réfugiés " palestiniens

La colonisation de la Palestine et le déracinement des Palestiniens ont été en partie accomplis en 1948 et complétés en 1967. Tous les rêves et programmes sionistes se réalisaient enfin. Une patrie juive fut créée en Palestine et les " indigènes " sont devenus des réfugiés, des exilés, privés de leurs foyers et de leurs droits nationaux. Cette grande tragédie humaine qui a apporté la misère, l'humiliation et le désespoir à un million, puis à un million et demi d'hommes, fut une sombre affaire, un crime prémédité.

On présenta cette nouvelle situation de la façon suivante: les Palestiniens avaient vendu leurs terres aux juifs et, ensuite, avaient fui le pays pour laisser les armées arabes se livrer au massacre de ceux-ci. Ainsi, ces traîtres indigènes récidivaient. Refusant de vivre en paix avec les Européens porteurs de la civilisation, ils écoutaient les agitateurs pris de convoitise à l'idée d'un bain de sang juif.

Les Palestiniens ne méritaient aucune sympathie dans leur misère et la perte de leur foyer. Ils devaient plutôt être stigmatisés ou tournés en dérision. Ils pouvaient d'ailleurs facilement être absorbés dans les autres pays arabes. Leur passion pour la Palestine était ridicule, stupide et déplacée. Ils n'avaient pas de raison de désirer si ardemment rentrer dans leur foyer, les camps de réfugiés actuels étaient probablement bien plus confortables que leurs masures en Palestine. Au reste, ces Bédouins n'avaient-ils pas toujours été des nomades? Pourquoi se plaindraient-ils?

Et puis, ils n'arrêtent pas de tricher dans les statistiques qu'ils fournissent aux Nations-Unies: ils falsifient les chiffres pour augmenter leur nombre et soutier plus de rations. En somme, ils sont la proie de démagogues et d'agitateurs qui les utilisent comme des pions dans un jeu politique à l'échelle mondiale.

Qu'ils ne prétendent surtout pas retourner dans la Palestine sioniste! Celle-ci a été civilisée et ne leur appartient plus. Ils y constitueraient seulement une cinquième colonne, une armée de saboteurs ou de collaborateurs de l'ennemi. De toute manière, ils ont été largement compensés par les " juifs orientaux " venus des pays arabes.

Cette présentation des choses, fondée sur une mission civilisatrice et sur la destruction du caractère propre des Palestiniens, a toujours cours aujourd'hui: ces révolutionnaires ne sont que des terroristes; on sait que les Palestiniens ne sont pas capables de sentiments et d'actes courageux, chevaleresques et patriotiques: ils sont juste bons pour la duplicité et l'intrigue.

Or l'histoire montre que les Palestiniens n'ont pas vendu leur pays: en 1948, les juifs possédaient moins de 6% des terres, et moins de 1% avaient été acheté aux Palestiniens. Les Palestiniens n'ont pas quitté leur pays sur l'ordre des chefs arabes: ils sont partis terrorisés et chassés par les sionistes. Alors, le problème est de savoir comment les juifs ont été amenés à accepter une vision aussi fallacieuse des choses.

Le paradoxe juif

Le fait que la propagande sioniste ait été acceptée par l'ensemble du judaïsme mondial et ait réussi à déterminer l'attitude des juifs envers les Palestiniens est en réalité très étonnant n y a toujours eu des juifs qui continuaient de clamer la vérité.

Mais ils étaient la minorité. Les autres ont fourni des hommes, de l'argent et le poids de leur influence pour faire d'Israël une réalité et perpétuer les crimes commis contre les Palestiniens. Le peuple du Livre, les hommes de la Lumière, les victimes des pogromes russes, du génocide nazi, de Dachau et d'autres camps de concentration allemands, ferment leurs yeux et leurs oreilles, et changent de rôle, d'opprimés devenant oppresseurs. C'est le paradoxe juif des temps modernes.

Achad Ha-am a écrit, au début du siècle que leur comportement montre que les juifs n'ont rien appris de leur propre histoire.

Il déclare: " Que font nos frères en Palestine? Tout le contraire d'avant: ils étaient des serviteurs dans le pays de leur exile et se trouvent soudain dans un été de liberté sans limite et sans restriction, tel qu'on ne peut en trouver qu'en Turquie. Ce soudain changement a provoqué une tendance au despotisme, comme c'est toujours le cas lorsqu'un serviteur devient le maître, et ils traitent les Arabes avec hostilité et cruauté, ils restreignent leurs droits d'une manière déraisonnable, les insultant sans raison, et tirent gloire de tels actes; et personne ne prend aucune mesure contre cette méprisable et dangereuse tendance ".

En 1919, un autre juif, W. Brunn, écrivait: " Nous qui souffrons de persécutions dans le monde entier et qui réclamons le respect des droits de l'homme en notre laveur, nous allons en Palestine y renverser les rôles ".

En 1923, l'anthropologue juif américain Goldenweiser notait avec inquiétude que les juifs en Palestine avaient des préjugés contre les Palestiniens et les considéraient comme inférieurs, il raconte ses visites à des écoles juives où des instituteurs lui ont parlé de la stupidité et de l'infériorité congénitale des Arabes.
Quand Goldenweiser demanda à un éducateur juif s'il enseignait cela à ses élèves, le maître répondit " Mais ils savent cela par eux-mêmes ". Arthur Koestler raconte que " chaque juif, marxiste ou non, se considère comme un membre de la race élue et considère comme un membre de la race élue et considère l'Arabe comme son inférieur".

Schizophrénie morale

Ce paradoxe, si répandu chez les juifs de notre temps, est appelé " schizophrénie morale ", " myopie morale ", par le journaliste juif J.F. Stone.

Celui-ci, qui a été décoré en 1948 par l'Irgoun, a écrit en 1967 un article très pénétrant (3) que nous allons citer. Il fait de très subtiles comparaisons entre le comportement sioniste et celui des nazis et en tire des conclusions psychologiques.

Refusant les arguments israéliens au sujet de l'exode palestinien, M. Stone déclare: " Le point de vue que les réfugiés ont fui " volontairement " ou parce que leurs chefs les ont poussés à le faire jusqu'après la fin des combats, non seulement repose sur un mythe, mais ne constituerait même pas une justification. Est-ce que les réfugiés juifs allemands ont perdu le droit de récupérer leurs biens, sous prétexte qu'ils ont fui " volontairement " leur pays sous Hitler? "

M. Stone poursuit: " Le terrorisme juif, grâce aux massacres sauvages de l'Irgoun, tels que celui de Deir Yassin, et aussi sous la pression moins brutale de la Haganah, a lui-même 'encouragé' les Arabes à quitter les régions dont les juifs voulaient s'emparer pour des raisons stratégiques ou démographiques. Ils ont fait en sorte que dans la plus grande partie possible d'Israël il y ait le moins possible d'Arabes ".

En ce qui concerne la prétendue " compensation " qu'on pourrait établir entre les Palestiniens et des " réfugiés juifs " du monde arabe, M. Stone déclare: " Les Arabes palestiniens considèrent que cette 'compensation' de la même manière que les juif allemands quand le IIIème Reich refusait de restituer les biens sous ce prétexte qu'ils étaient 'compensés' par les pertes des réfugiés allemands des Sudètes ". Il remarque que " cette 'myopie morale' permet aux sionistes d'insister sur les droits des jmë a la Palestine après dix-neuf cents ans d'exil et de refuser ces mènes droits aix réfugiés arabes après seulement dix-neuf ans d'absence ".

Stone déclare plus loin: " Le fait d'être apatride est le thème principal du sionisme, mais le droit à cette situation pathétique est absolument refusé aux réfugiés arabes ".

Et encore: < Ceux qui ont connu les effets du racisme et de la discrimination dans kur propre chair et dans leur propre dignité sont moins excusables d'être racistes que ceux qui ne peuvent connaître que par l'imagination l'effet destructeur des préjugés raciaux ".

M. Stone raconte un entretien avec Moshé Dayan. à la T.V. américaine, le 11 juin 1967, dans lequel Dayan déclarait que mène si Israël pouvait absorber les Palestiniens dans les " territoires conquis ", il ne le ferait pas, car cela transformerai Israël en un Etat bi on polynational, arabo-juif, au lieu d'un Eta juif " Nous voulons un Etat juif comme les Français ont un Etat français ".

Stone conclut: " Israël crée une sorte de schizophrénie morale dans le judaïsme mondial Dans la Diaspora, le salut du judaïsme dépend de l'existence de sociétés laïques nos raciales et 'pluralistes'.

En Israël, le judaïsme se trouve défendre une société dans laquelle un mariage mixte ne peut être légalisé, dans laquelle les non-juifs ont un statut inférieur aux juifs, dans laquelle l'idéal est racial et exclusif.

Les juifs doivent combattre dans la Diaspora, pour leur sécurité et leur existence, des principes a des pratiques qu'ils se trouvent eux-mêmes défendre en Israël' Ceux qui viennent du monde extérieur, même dans leurs moments de plus grand enthousiasme pour les réalisations d'Israël ressentent des accès de claustrophobie, pas seulement géographique mais aussi spirituelle.

Ceux qui sont pris par une ferveur prophétique commencent bientôt à ressentir que la lumière qu'ils attendaient de Sion n'est, en lait, qu'un nouvel et étroit nationalisme ".

Or, les périodes des plus grands succès créateurs du judaïsme doivent être associées à des civilisations de caractère diversifie et aux grands moments d'expansion et de tolérâtes: durant la période hellénique, sous la civilisation arabe en Afrique du Nord, en Espagne, en Europe occidentale et en Amérique.

Les valeurs universelles ne peuvent qu'être le fruit d'une vision universelle : la grandeur des prophètes réside dans leur faculté de dépasser les limites de l'organisation ethnique. Un nationalisme lilliputien ne peut pas créer des vérité valables pour tonte l'humanité. Telles sont les racines d'une croissante divergence entre les juifs et les Israéliens, les premiers ayant le sens d'une mission de témoins dans la jungle humaine, les seconds s'occupant seulement du bien-être de leur tribu ".

Les juifs vont-ils changer leur comportement ?

Nous avons montré par ces citations qu'il a toujours existé des juifs pour s'opposer moralement au sionisme, n n'y a jamais eu une opinion juive vraiment monolithique.

Le succès de la propagande sioniste, en galvanisant la majorité des juifs et en l'attirant à lui, ne saurait être attribué à la seule tromperie ou à la manipulation intellectuelle. Les juifs sont assez intelligents pour ne pas céder à la seule propagande. C'est l'antisémitisme en Occident et l'hypocrisie régnant dans les sociétés occidentales sur les plais racial et religieux qui ont finalement pousse les juifs, graduellement, à cette schizophrénie morale mentionnée plus haut.

En toute franchise, il faut ajouter à ces facteurs les comportements souvent erronés des Arabes.

Avant la révolution palestinienne, les positions antijuives prévalaient oses le monde arabe, sans doute par la suite de comportements antiarabes de la part des juifs. Les Palestiniens n'étaient pas en mesure de proposer une solution humaine et raisonnable au sionisme israélien. Les juifs éprouvaient de la difficulté à vivre dans les pays arabes et te problème des minorités jetait un doute sur la possibilité. pour eux de trouver la sécurité au milieu du monde arabe sacs l'existence d'un Israël militariste.

C'est un fait qu'au cours lie la période 1948-1967 les juifs ont bénéficié de la sécurité, au moment où les Palestiniens, et peut-être d'autres Arabes avec eux se voyaient privés de la leur.

La révolution palestinienne a créé une nouvelle alternative: pas de sécurité dans un Etat raciste, mais toute la sécurité dans une nouvelle Palestine démocratique. Un dialogue se développe encre les révolutionnaires palestiniens et les juifs libéraux progressistes, socialistes, et même des conservateurs religieux. De plus en plus, des mais juifs ouvrent leurs bras pour embrasser la révolution palestinienne et être accueillis par elle.

Les sionistes sont réellement inquiets de ce nouveau phénomène. Un article publié dans le Jérusalem Post du 2 juillet 1969 accusait ces juifs d'être de nouveaux traîtres à leur peuple et considérait leur alliance avec la révolution comme des plus sérieuses et menaçantes, n est unie que le phénomène de schizophrénie morale juive soit souligné, que la conscience judaïque reçoive un choc en découvrant les conséquences ultimes du sionisme.

Mais on peut penser que les juifs non israéliens en viendront à une entente avec la révolution palestinienne avant les juifs israéliens. Après tout, les Français de Paris ont accepté plus facilement la révolution algérienne que les Pieds-Noirs. Cependant, les efforts doivent continuer en Palestine pour gagner les juifs à la révolution. Nos progrès auront des conséquences. De toute évidence, ils durciront l'attitude de certains sionistes juifs contre les Palestiniens, spécialement l'oligarchie qui n'a qu'à perdre dans une Palestine ouverte et démocratique; mais ils auront aussi un effet salutaire, en démontrant qu'un Israël voué à l'exclusivisme est un foyer, non de refuge, mais d'insécurité, et ne pourra pas durer.

La révolution palestinienne assume une grande responsabilité en décidant de gagner les juifs à sa cause par des actes et pas seulement par des mots. La révolution ne devrait pas - et en fait elle ne le fera pas - laisser échapper la moindre occasion de prouver au judaïsme mondial et aux juifs de Palestine qu'elle se tiendra à leur côté s'ils sont persécutés et qu'elle est résolue à créer avec eux et à faire vivre une nouvelle Palestine qui ne sera pas fondée sur la tricherie, le racisme ou la discrimination, mais sur la coopération et la tolérance.

Si une telle campagne réussit à vaincre à la fois sur le terrain et dans les cœurs, la Palestine démocratique deviendra vraisemblable en même temps que souhaitable et réalisable. Comment se présentera ce nouveau pays? Que veut réellement dire la révolution palestinienne par ces mots: démocratique, progressive et non confessionnelle? Voilà de sérieuses questions qui exigent une attention particulière et qui feront l'objet de la dernière partie de cette étude.