FATAH
LA REVOLUTION PALESTINIENNE
ET LES JUIFS
II
- Position des Juifs à l'égard des palestiniens
La révolution palestinienne,
nous l'avons dit, a officiellement adopté comme objectif
final de sa lutte de libération la création d'une
Palestine démocratique non confessionnelle où chrétiens,
juifs et musulmans pourront vivre sans discrimination. L'adoption
de cet objectif représente un changement révolutionnaire
dans la perspective de l'avenir de la Palestine. L'idée,
certes, n'est pas tout à fait nouvelle et les Palestiniens
chrétiens, musulmans et juifs, avaient vécu ensemble
pendant des siècles en paix et en harmonie, ou tout au
moins avec le minimum de frictions.
Toutefois, l'occupation par les
sionistes de la Palestine et la déracinement d'une grande
partie de ses habitants, musulmans et chrétiens, chassés
par la terreur, la tromperie et la force brutale, avaient provoqué
un profond changement dans leur mentalité.
Les Palestiniens exilés
avaient appris à haïr les juifs comme des oppresseurs,
des impérialistes, comme l'unique cause de leurs tourments.
Us constataient que les juifs persécutés, après
avoir trouvé refuge en Palestine, étaient devenus
à leur tour des persécuteurs. Et il devint difficile
à beaucoup de Palestiniens persécutés de
distinguer entre juifs et sionistes, de s'élever an-dessus
de leurs souffrances et de distinguer clairement leurs véritables
ennemis.
Le résultat le plus important
de la révolution palestinienne aura été
de libérer les Palestiniens de leurs chaînes et
de leurs misères, de leur humiliation et de leur désespoir.
Dès que le Palestinien a pu tenir un fusil en main et
prendre en main son destin, il a grandi et mûri rapidement.
La révolution entreprit
aussitôt des études sur son ennemi et sur elle-même.
Un mouvement de libération progressiste ne peut pas être
inspiré par la vengeance ni être déterminé
par le racisme qui caractérise son ennemi dans son désir
de conquête. Dès lors, on se pencha sur l'histoire
des souffrances et des buts du peuple juif.
Des discussions sérieuses
avec des juifs progressistes d'Europe et d'Amérique aidèrent
à se former une nouvelle image du juif en général
mais aussi des juifs comme sionistes et comme citoyens palestiniens:
des hommes qui après avoir été persécutés
par certains Européens racistes et nazis, ont été
manipulé par des Européens racistes et sionistes
qui les ont dirigés sur la Palestine, à la place
des Palestiniens expulsés.
La révolution a réussi
à amener un changement fondamental dans la pensée
des Palestiniens et dans leur attitude à l'égard
de leur ennemi. Les Palestiniens ne sont plus animés par
des sentiments de haine envers les juifs en tant que tels; ils
les considèrent comme les membres d'une communauté
semblable aux autres, qu'elle soit chrétienne ou musulmane.
La façon dont ils se conduisent,
leur attitude, leur position envers les Palestiniens et leur
révolution, tout cela devient plus important que leur
nom. leur langage ou leur croyance religieuse. Les Palestiniens
se battent en vue de fonder un pays tolérant, démocratique
et une terre libérée " pour nous tous ",
juifs, chrétiens et musulmans. Ce changement d'attitude
est considéré comme le premier jalon vers la création
d'un nouvel Etat. Un changement de l'attitude des juifs, qui
comprendraient de leur côté les Palestiniens et
leur révolution, en serait une autre.
Une Palestine ouverte, multiple,
tolérante envers les juifs. les musulmans et les chrétiens
est bien supérieure à un pays exclusivement raciste,
fondé sur un principe d'exclusion et de misère
pour une partie de sa population. Jusqu'à quel point ce
but est-il réalisable? Cela dépendra de l'attitude
des juifs à l'intérieur et à l'extérieur
de la Palestine ainsi que des progrès de la révolution.
Comme on, a étudié l'attitude des Palestiniens
musulmans et chrétiens, on étudiera maintenant
l'attitude et les réactions des juifs.
Essai d'analyse
des comportements juifs
Toute tentative pour étudier
et interpréter les comportements et [es réactions
morales d'un groupe de population est soumis à des difficultés
et peut être suspecté de parti pris et de distorsion.
Nous ne prétendons pas être exempts de ce genre
de faiblesse, mais nous essaierons de réduire au minimum
son effet. Nous procéderons par des citations directs
et en nous référant à des documents quand
cela sera possible.
Un problème essentiel
requiert notre étude: la plupart des comportements et
des " idéologies " étudiés ont
été construits par les sionistes, par les soins
de leur organisation de propagande. Ils peuvent n'avoir pas été
accepté par tous ou par la majorité des juifs dans
le monde.
Cependant, on doit admettre que
les sionistes ont dan une grande mesure réussi à
identifier le judaïsme avec le sionisme aux yeux de la majorité
des juifs, particulièrement dans les pays occidentaux
Les horreurs commises par les nazis et les menaces antijuives
dans plusieurs pays ont aidé les sionistes à maintenir
partout leur emprise sur l'esprit des juifs.
Sans l'argent des juifs, sans
leur influence politique, sans leur appui, Israel n'aurait pas
survécu et l'occupation impérialiste sioniste n'aurait
pas duré. En définitive, c'est la puissance et
l'influence de la communauté juive mondiale manipulée
par les sionistes qui ont perpétué la tragédie
des Palestiniens, leur oppression, leur sujétion et leur
exil.
Il est donc très important
de se rendre compte des sentiments éprouvés par
les juifs envers les Palestiniens, comment ils les considèrent
en tant que " peuple " et jusqu'à quel point
ces sentiments ont influencé l'action qui amena l'expulsion
des Palestiniens. Et il est encore plus important de se demander,
peut-on changer cette opinion?
Comment les
sionistes voient les Palestiniens
Au début, l'attitude des
sionistes envers les Palestiniens consista simplement à
ignorer leur existence. La fameuse phrase d'Israël Zangwill:
" Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ",
résume cette attitude. Chaim Weizmann émit un jugement
plus pittoresque: " Il existe un pays qui, paraît-il,
s'appelle Palestine, un pays sans population, et, d'antre part,
il existe un peuple juif et il n'a pas ce pays.
Qu'y a-t-il d'autre à faire que de sertir la pierre précieuse
dans la bague, d'unir le peuple à son pays ? "
Uri Avnery signale que Theodor
Herzl, dans son livre l'Etat juif, qui lança le mouvement
sioniste moderne, s'est occupé des heures de travail,
du logement des ouvriers et même du pavillon national,
nos ne dit pas un seul mot des Arabes de Palestine.
Pour les sionistes, l'Arabe était
" l'homme invisible ". Psychologiquement, il n'existait
pas. Totrtefois, cette attitude ne peut résister à
l'épreuve des faits. On découvrit que la Palestine
était un pays prospère pour l'époque. Sa
population croissait et accomplissait sa tâche, cultivait
son sol dans une paix relative et apportait dans l'ensemble sa
contribution à la communauté arabe. Plusieurs rapports
publiés à la fin du XIXème siècle
et au début du XXème confirment que les Arabes
palestiniens déployaient, par exemple, une activité
intense dans le domaine des agrumes. Ils produisaient des oranges
d'une qualité exceptionnelle qui étaient déjà
réputées an XVHIème siècle.
Achad Ha-am, juif rosse et philosophe
hébreu, signalait dès 1891 que la Palestine n'était
pas vide et que cela posait des problèmes, il précisa,
après un voyage en Palestine, qu'il était difficile
d'y trouver des terres arabes qui n'aient pas encore été
mises en cataire.
Max Nordau, leader sioniste,
apprenant qu'il existait une population arabe en Palestine, accourut
chez Herzl en s'écriant: " Je ne savais pas cela!
Mais alors, nous sommes en train de commettre une injustice...
"
La fabrication sioniste des clichés
traite ensuite un autre thème qui fut accepté par
un grand nombre de juifs et de chrétiens en Europe et
en Amérique et contribua grandement à déterminer
l'attitude des juifs à l'égard des Palestiniens.
Selon les sionistes, ceux-ci
se trouvaient vivre en Palestine par hasard; c'étaient
des gens sous-développés; ils ne possédaient
ni entité ni civilisation nationales. Ce point de vue
a été adopté dans l'infâme déclaration
Balfour, désignant les Palestiniens comme des indigènes
qui peuvent avoir des droits religieux et civils, mais pas des
droits politiques, qui ne constituent pas réellement un
peuple. Plus tard, on inventa qu'il s'agissait, en réalité,
non d'Arabes mais de Bédouins, de nomades errants, pillant
le sol fertile de la Palestine et amenant à un état
de dévastation croissante ce magnifique pays de lait et
de miel.
Les juifs européens débarquant
en Palestine y seraient donc une bénédiction, "
car le juif européen était porteur d'une civilisation
supérieure, maître de la technologie européenne
et était en mesure d'apporter les bénédictions
de cette civilisation à La population nomade de Palestine".
Il s'agissait clairement d'une " mission civilisatrice "
typique.
Du reste, Herzl lui-même
était autant un colonialiste européen, un impérialiste
allemand, qu'un juif, et il ne le cachait pas: " Avec les
juifs, disait-il, c'est un élément culturel allemand
qui arrivera en Orient, la preuve en est que, même s'ils
sont d'origine juive, ce sont des écrivains de langue
allemande qui dirigent le mouvement sioniste. L'allemand est
la langue du congrès. La grande majorité des juifs
participent de la culture allemande ".
Il ajoute, un peu plus loin:
" Si Dieu veut que nous retournions dans notre patrie historique
nous devrons agir comme des représentants de la civilisation
occidentale et apporter les coutumes savamment élaborées
de l'Occident à ce malheureux coin de l'Orient, accablé
de calamités ".
Portrait des
chefs palestiniens
Les Palestiniens ne se sont pas
montrés conformes à l'image qu'en avait donnée
les sionistes et le monde a fini par apprendre qu'il existait
des Palestiniens prêts à se battre pour vivre libres.
A cela les fabricants de slogans sionistes trouvèrent
facilement une réponse: les Palestiniens auraient été
des indigènes dociles s'ils n'avaient pas été
contaminés par des agitateurs et des fanatiques. Ce sont
des luttes dynastiques, familiales ou " tribales "
parmi les riches qui seules avaient provoqué ces troubles.
Ces luttes causeraient la ruine
du petit peuple et c'est lui qui en payerait le prix. Les leaders
palestiniens sont décrits par Maurice Samuel comme une
" armée de paresseux, d'artistes à backchiches
et de bavards de cafés parasites qui sont avant tout responsables
de l'atmosphère instable. Une activité politique
ne saurait être mené en Palestine par les "
indigènes ", qui ne comprennent pas ces choses, mais
seulement par des agitateurs ".
Attitude à
l'égard des " réfugiés " palestiniens
La colonisation de la Palestine
et le déracinement des Palestiniens ont été
en partie accomplis en 1948 et complétés en 1967.
Tous les rêves et programmes sionistes se réalisaient
enfin. Une patrie juive fut créée en Palestine
et les " indigènes " sont devenus des réfugiés,
des exilés, privés de leurs foyers et de leurs
droits nationaux. Cette grande tragédie humaine qui a
apporté la misère, l'humiliation et le désespoir
à un million, puis à un million et demi d'hommes,
fut une sombre affaire, un crime prémédité.
On présenta cette nouvelle
situation de la façon suivante: les Palestiniens avaient
vendu leurs terres aux juifs et, ensuite, avaient fui le pays
pour laisser les armées arabes se livrer au massacre de
ceux-ci. Ainsi, ces traîtres indigènes récidivaient.
Refusant de vivre en paix avec les Européens porteurs
de la civilisation, ils écoutaient les agitateurs pris
de convoitise à l'idée d'un bain de sang juif.
Les Palestiniens ne méritaient
aucune sympathie dans leur misère et la perte de leur
foyer. Ils devaient plutôt être stigmatisés
ou tournés en dérision. Ils pouvaient d'ailleurs
facilement être absorbés dans les autres pays arabes.
Leur passion pour la Palestine était ridicule, stupide
et déplacée. Ils n'avaient pas de raison de désirer
si ardemment rentrer dans leur foyer, les camps de réfugiés
actuels étaient probablement bien plus confortables que
leurs masures en Palestine. Au reste, ces Bédouins n'avaient-ils
pas toujours été des nomades? Pourquoi se plaindraient-ils?
Et puis, ils n'arrêtent
pas de tricher dans les statistiques qu'ils fournissent aux Nations-Unies:
ils falsifient les chiffres pour augmenter leur nombre et soutier
plus de rations. En somme, ils sont la proie de démagogues
et d'agitateurs qui les utilisent comme des pions dans un jeu
politique à l'échelle mondiale.
Qu'ils ne prétendent surtout
pas retourner dans la Palestine sioniste! Celle-ci a été
civilisée et ne leur appartient plus. Ils y constitueraient
seulement une cinquième colonne, une armée de saboteurs
ou de collaborateurs de l'ennemi. De toute manière, ils
ont été largement compensés par les "
juifs orientaux " venus des pays arabes.
Cette présentation des
choses, fondée sur une mission civilisatrice et sur la
destruction du caractère propre des Palestiniens, a toujours
cours aujourd'hui: ces révolutionnaires ne sont que des
terroristes; on sait que les Palestiniens ne sont pas capables
de sentiments et d'actes courageux, chevaleresques et patriotiques:
ils sont juste bons pour la duplicité et l'intrigue.
Or l'histoire montre que les
Palestiniens n'ont pas vendu leur pays: en 1948, les juifs possédaient
moins de 6% des terres, et moins de 1% avaient été
acheté aux Palestiniens. Les Palestiniens n'ont pas quitté
leur pays sur l'ordre des chefs arabes: ils sont partis terrorisés
et chassés par les sionistes. Alors, le problème
est de savoir comment les juifs ont été amenés
à accepter une vision aussi fallacieuse des choses.
Le paradoxe
juif
Le fait que la propagande sioniste
ait été acceptée par l'ensemble du judaïsme
mondial et ait réussi à déterminer l'attitude
des juifs envers les Palestiniens est en réalité
très étonnant n y a toujours eu des juifs qui continuaient
de clamer la vérité.
Mais ils étaient la minorité.
Les autres ont fourni des hommes, de l'argent et le poids de
leur influence pour faire d'Israël une réalité
et perpétuer les crimes commis contre les Palestiniens.
Le peuple du Livre, les hommes de la Lumière, les victimes
des pogromes russes, du génocide nazi, de Dachau et d'autres
camps de concentration allemands, ferment leurs yeux et leurs
oreilles, et changent de rôle, d'opprimés devenant
oppresseurs. C'est le paradoxe juif des temps modernes.
Achad Ha-am a écrit, au
début du siècle que leur comportement montre que
les juifs n'ont rien appris de leur propre histoire.
Il déclare: " Que
font nos frères en Palestine? Tout le contraire d'avant:
ils étaient des serviteurs dans le pays de leur exile
et se trouvent soudain dans un été de liberté
sans limite et sans restriction, tel qu'on ne peut en trouver
qu'en Turquie. Ce soudain changement a provoqué une tendance
au despotisme, comme c'est toujours le cas lorsqu'un serviteur
devient le maître, et ils traitent les Arabes avec hostilité
et cruauté, ils restreignent leurs droits d'une manière
déraisonnable, les insultant sans raison, et tirent gloire
de tels actes; et personne ne prend aucune mesure contre cette
méprisable et dangereuse tendance ".
En 1919, un autre juif, W. Brunn,
écrivait: " Nous qui souffrons de persécutions
dans le monde entier et qui réclamons le respect des droits
de l'homme en notre laveur, nous allons en Palestine y renverser
les rôles ".
En 1923, l'anthropologue juif
américain Goldenweiser notait avec inquiétude que
les juifs en Palestine avaient des préjugés contre
les Palestiniens et les considéraient comme inférieurs,
il raconte ses visites à des écoles juives où
des instituteurs lui ont parlé de la stupidité
et de l'infériorité congénitale des Arabes.
Quand Goldenweiser demanda à un éducateur juif
s'il enseignait cela à ses élèves, le maître
répondit " Mais ils savent cela par eux-mêmes
". Arthur Koestler raconte que " chaque juif, marxiste
ou non, se considère comme un membre de la race élue
et considère comme un membre de la race élue et
considère l'Arabe comme son inférieur".
Schizophrénie
morale
Ce paradoxe, si répandu
chez les juifs de notre temps, est appelé " schizophrénie
morale ", " myopie morale ", par le journaliste
juif J.F. Stone.
Celui-ci, qui a été
décoré en 1948 par l'Irgoun, a écrit en
1967 un article très pénétrant (3) que nous
allons citer. Il fait de très subtiles comparaisons entre
le comportement sioniste et celui des nazis et en tire des conclusions
psychologiques.
Refusant les arguments israéliens
au sujet de l'exode palestinien, M. Stone déclare: "
Le point de vue que les réfugiés ont fui "
volontairement " ou parce que leurs chefs les ont poussés
à le faire jusqu'après la fin des combats, non
seulement repose sur un mythe, mais ne constituerait même
pas une justification. Est-ce que les réfugiés
juifs allemands ont perdu le droit de récupérer
leurs biens, sous prétexte qu'ils ont fui " volontairement
" leur pays sous Hitler? "
M. Stone poursuit: " Le
terrorisme juif, grâce aux massacres sauvages de l'Irgoun,
tels que celui de Deir Yassin, et aussi sous la pression moins
brutale de la Haganah, a lui-même 'encouragé' les
Arabes à quitter les régions dont les juifs voulaient
s'emparer pour des raisons stratégiques ou démographiques.
Ils ont fait en sorte que dans la plus grande partie possible
d'Israël il y ait le moins possible d'Arabes ".
En ce qui concerne la prétendue
" compensation " qu'on pourrait établir entre
les Palestiniens et des " réfugiés juifs "
du monde arabe, M. Stone déclare: " Les Arabes palestiniens
considèrent que cette 'compensation' de la même
manière que les juif allemands quand le IIIème
Reich refusait de restituer les biens sous ce prétexte
qu'ils étaient 'compensés' par les pertes des réfugiés
allemands des Sudètes ". Il remarque que " cette
'myopie morale' permet aux sionistes d'insister sur les droits
des jmë a la Palestine après dix-neuf cents ans d'exil
et de refuser ces mènes droits aix réfugiés
arabes après seulement dix-neuf ans d'absence ".
Stone déclare plus loin:
" Le fait d'être apatride est le thème principal
du sionisme, mais le droit à cette situation pathétique
est absolument refusé aux réfugiés arabes
".
Et encore: < Ceux qui ont
connu les effets du racisme et de la discrimination dans kur
propre chair et dans leur propre dignité sont moins excusables
d'être racistes que ceux qui ne peuvent connaître
que par l'imagination l'effet destructeur des préjugés
raciaux ".
M. Stone raconte un entretien
avec Moshé Dayan. à la T.V. américaine,
le 11 juin 1967, dans lequel Dayan déclarait que mène
si Israël pouvait absorber les Palestiniens dans les "
territoires conquis ", il ne le ferait pas, car cela transformerai
Israël en un Etat bi on polynational, arabo-juif, au lieu
d'un Eta juif " Nous voulons un Etat juif comme les Français
ont un Etat français ".
Stone conclut: " Israël
crée une sorte de schizophrénie morale dans le
judaïsme mondial Dans la Diaspora, le salut du judaïsme
dépend de l'existence de sociétés
laïques nos raciales et 'pluralistes'.
En Israël, le judaïsme
se trouve défendre une société dans laquelle
un mariage mixte ne peut être légalisé, dans
laquelle les non-juifs ont un statut inférieur aux juifs,
dans laquelle l'idéal est racial et exclusif.
Les juifs doivent combattre dans
la Diaspora, pour leur sécurité et leur existence,
des principes a des pratiques qu'ils se trouvent eux-mêmes
défendre en Israël' Ceux qui viennent du monde
extérieur, même dans leurs moments de plus grand
enthousiasme pour les réalisations d'Israël ressentent
des accès de claustrophobie, pas seulement géographique
mais aussi spirituelle.
Ceux qui sont pris par une
ferveur prophétique commencent bientôt à
ressentir que la lumière qu'ils attendaient de Sion n'est,
en lait, qu'un nouvel et étroit nationalisme ".
Or, les périodes des plus
grands succès créateurs du judaïsme doivent
être associées à des civilisations de caractère
diversifie et aux grands moments d'expansion et de tolérâtes:
durant la période hellénique, sous la civilisation
arabe en Afrique du Nord, en Espagne, en Europe occidentale et
en Amérique.
Les valeurs universelles ne peuvent
qu'être le fruit d'une vision universelle : la grandeur
des prophètes réside dans leur faculté de
dépasser les limites de l'organisation ethnique. Un nationalisme
lilliputien ne peut pas créer des vérité
valables pour tonte l'humanité. Telles sont les racines
d'une croissante divergence entre les juifs et les Israéliens,
les premiers ayant le sens d'une mission de témoins dans
la jungle humaine, les seconds s'occupant seulement du bien-être
de leur tribu ".
Les juifs
vont-ils changer leur comportement ?
Nous avons montré par
ces citations qu'il a toujours existé des juifs pour s'opposer
moralement au sionisme, n n'y a jamais eu une opinion juive
vraiment monolithique.
Le succès de la propagande
sioniste, en galvanisant la majorité des juifs et en l'attirant
à lui, ne saurait être attribué à
la seule tromperie ou à la manipulation intellectuelle.
Les juifs sont assez intelligents pour ne pas céder à
la seule propagande. C'est l'antisémitisme en Occident
et l'hypocrisie régnant dans les sociétés
occidentales sur les plais racial et religieux qui ont
finalement pousse les juifs, graduellement, à
cette schizophrénie morale mentionnée plus haut.
En toute franchise, il
faut ajouter à ces facteurs les comportements
souvent erronés des Arabes.
Avant la révolution palestinienne,
les positions antijuives prévalaient oses le monde arabe,
sans doute par la suite de comportements antiarabes de la part
des juifs. Les Palestiniens n'étaient pas en mesure de
proposer une solution humaine et raisonnable au sionisme israélien.
Les juifs éprouvaient de la difficulté à
vivre dans les pays arabes et te problème des minorités
jetait un doute sur la possibilité. pour eux de trouver
la sécurité au milieu du monde arabe sacs l'existence
d'un Israël militariste.
C'est un fait qu'au cours lie
la période 1948-1967 les juifs ont bénéficié
de la sécurité, au moment où les Palestiniens,
et peut-être d'autres Arabes avec eux se voyaient privés
de la leur.
La révolution palestinienne
a créé une nouvelle alternative: pas de sécurité
dans un Etat raciste, mais toute la sécurité dans
une nouvelle Palestine démocratique. Un dialogue se développe
encre les révolutionnaires palestiniens et les juifs libéraux
progressistes, socialistes, et même des conservateurs religieux.
De plus en plus, des mais juifs ouvrent leurs bras pour embrasser
la révolution palestinienne et être accueillis par
elle.
Les sionistes sont réellement
inquiets de ce nouveau phénomène. Un article publié
dans le Jérusalem Post du 2 juillet 1969 accusait ces
juifs d'être de nouveaux traîtres à leur peuple
et considérait leur alliance avec la révolution
comme des plus sérieuses et menaçantes, n est unie
que le phénomène de schizophrénie morale
juive soit souligné, que la conscience judaïque reçoive
un choc en découvrant les conséquences ultimes
du sionisme.
Mais on peut penser que les juifs
non israéliens en viendront à une entente avec
la révolution palestinienne avant les juifs israéliens.
Après tout, les Français de Paris ont accepté
plus facilement la révolution algérienne que les
Pieds-Noirs. Cependant, les efforts doivent continuer en Palestine
pour gagner les juifs à la révolution. Nos progrès
auront des conséquences. De toute évidence, ils
durciront l'attitude de certains sionistes juifs contre les Palestiniens,
spécialement l'oligarchie qui n'a qu'à perdre dans
une Palestine ouverte et démocratique; mais ils auront
aussi un effet salutaire, en démontrant qu'un Israël
voué à l'exclusivisme est un foyer, non de refuge,
mais d'insécurité, et ne pourra pas durer.
La révolution palestinienne
assume une grande responsabilité en décidant de
gagner les juifs à sa cause par des actes et pas seulement
par des mots. La révolution ne devrait pas - et en fait
elle ne le fera pas - laisser échapper la moindre occasion
de prouver au judaïsme mondial et aux juifs de Palestine
qu'elle se tiendra à leur côté s'ils sont
persécutés et qu'elle est résolue à
créer avec eux et à faire vivre une nouvelle Palestine
qui ne sera pas fondée sur la tricherie, le racisme ou
la discrimination, mais sur la coopération et la tolérance.
Si une telle campagne réussit
à vaincre à la fois sur le terrain et dans les
curs, la Palestine démocratique deviendra vraisemblable
en même temps que souhaitable et réalisable. Comment
se présentera ce nouveau pays? Que veut réellement
dire la révolution palestinienne par ces mots: démocratique,
progressive et non confessionnelle? Voilà de sérieuses
questions qui exigent une attention particulière et qui
feront l'objet de la dernière partie de cette étude.
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