FATAH
LA REVOLUTION PALESTINIENNE
ET LES JUIFS
III
- LA NOUVELLE PALESTINE DÉMOCRATIQUE
L'établissement d'une
société progressiste ouverte à tous les
Palestiniens est sûrement une meilleure solution que celles
qui consisteraient à rejeter " les Arabes dans le
désert " ou " les juifs à la mer".
Mais, pour que cette solution soit réalisable, il faut
qu'elle soit acceptée par les parties concernées
aussi bien que par les peuples du monde, agissant comme tierce
partie intéressée, n faut montrer que ce plan peut
réussir.
Nous avons déjà
examiné le comportement de la révolution palestinienne
pour atteindre ce but, en mettant l'accent sur son attitude à
l'égard des juifs. Un changement révolutionnaire
a été mis en évidence: les Palestiniens
ne voient plus les juifs comme des ennemis héréditaires;
ils identifient clairement l'ennemi comme l'Etat raciste-colonialiste
d'Israël et ses alliés impérialistes. En lisant
la littérature juive, en tendant la main aux juifs progressistes
à travers le monde et en acquérant plus de confiance
au fur et à mesure des progrès de la révolution,
le comportement des Palestiniens a changé.
Les comportements des juifs ont
été analysés ensuite. La propagande sioniste
persiste à considérer les Palestiniens comme des
nomades, des terroristes assoiffés de sang et des traîtres.
Mais un certain nombre de juifs - spécialement ceux vivant
hors de Palestine - sont en train de changer d'opinion et se
rallient à un appel pour une Palestine progressiste et
non-confessionnelle. Changer l'esprit et le comportement des
juifs de Palestine reste une tâche de la révolution
importante et pas encore accomplie. Mais une guerre de libération
populaire destinée à détruire l'Etat raciste-impérialiste
créera de nouvelles conditions de vie rendant possible
une nouvelle Palestine.
Ainsi l'alternative présentée
aux juifs de Palestine est radicalement changée. Auparavant
c'était un Etat d'Israël puissant ou le risque d'être
rejeté a la mer. aujourd'hui, la révolution propose,
au lieu de l'insécurité dans un Israël exclusif
et raciste, "une Palestine ouverte, sûre et tolérante
pour tous ses habitants. La révolution palestinienne tend
ainsi, à la longue, à recruter des juifs palestiniens
aussi bien que des non-juifs dans ses forces de libération,
et cela constitue une étape importante vers la réalisation
de son but final. Mais cela requiert un changement profond dans
le comportement juif.
Pour atteindre cet objectif,
il est nécessaire maintenant d'élaborer et de clarifier
le projet d'une Palestine démocratique.
Difficultés
et limitations
Il est difficile et risqué,
à cette première étape de la révolution,
de faire une déclaration claire et définitive sur
ce que sera la nouvelle Palestine libérée? Le réalisme
plutôt qu'un rêve romantique doit constituer notre
principal approche révolutionnaire.
Nous ne croyons pas que la victoire
soit proche. La révolution ne sous-estime pas l'ennemi
et ses alliés impérialistes. Ce qui se passera
durant les années d'un dur combat pour la libération
ne peut être aisément prévu. Le comportement
des juifs palestiniens se durcira-t-il ou deviendra-t-il plus
souple? Une nouvelle poussée vers la droite, augmentant
le terrorisme antiarabe - dans la tradition de l'O.A.S. algérien
-, suivi par un exode volontaire massif à la veille de
la libération, poserait un problème tout à
fait différent.
En revanche, si des juifs rejoignaient
en grand nombre la révolution ou collaboraient avec elle,
cela donnerait des assises plus solides au développement
de la nouvelle Palestine. La révolution travaille sérieusement
à réaliser la seconde hypothèse. Les opérations
de guérillas sont essentiellement dirigées contre
les fondements militaires et économiques de l'Etat colonial
sioniste. Quand un objectif civil est choisi, on s'efforce de
réduire an minimum la perte en vies civiles, bien qu'il
soit difficile de distinguer entre civils et non civils dans
cette société Spartiate moderne où tout
adulte est mobilisé.
En frappant des zones non spécifiquement
militaires, on s'efforce de provoquer chez les Israéliens
un choc psychologique, en leur faisant comprendre que l'Etat
raciste et militariste ne peut leur assurer la sécurité
quand il organise un génocide contre les niasses palestiniennes
exilées et opprimées. Dans l'affaire de la bombe
de la rue Dizengoff, à Tel-Aviv, les guérilleros
"fa Fath ont différé trois fois l'opération
pour choisir un emplacement (en face d'un immeuble en construction)
et un moment (vers minuit) destinés à intensifier
au maximum le bruit et réduire an minimum les victimes.
Le résultat fut que peu de gens furent blessés,
mais que des miniers furent ébranlés et conduits
à de sérieuses réflexions.
Quoi qu'il en soit, et malgré
toutes les incertitudes, les révolutionnaires palestiniens
sont animés par la certitude d'un avenir meilleur pour
leur contrée opprimée. H fait dès maintenant
réfléchir et trouver des réponses aux milliers
de questions relatives à cet avenir. Même si ces
réponses sont aléatoires, elles ouvriront un dialogue
qui préparera la route vers des solutions mûries
et des réalisations fructueuses.
Profil de
la Palestine démocratique: 1. Le territoire
La Palestine d'avant 1948, comme
définie durant le mandat britannique, est le territoire
qui doit être libéré et on un Etat démocratique
et progressiste doit être crée. La Palestine libérée
fera partie de la patrie arabe, et ne sera pas un Etat étranger
à l'intérieur de cette patrie.
L'union probable de la Palestine
avec d'antres Etats arabes rendra moins important le problème
des frontières, mettant fin au caractère artificiel
du présent statut d'Israël et éventuellement
de celui de la Jordanie. Le nouveau pays sera anti-impérialiste
et rejoindra le rang des pays progressistes et révolutionnaires.
Par conséquent, il devra couper les liens, aujourd'hui
vitaux pour Israël, de totale dépendance à
l'égard des Etats-Unis. Son intégration dans la
région sera une exigence essentielle.
Il doit être tout à
fait clair que la nouvelle Palestine évoquée ici
n'est pas la seule rive ouest du Jourdain occupée, ou
le territoire de Gaza, Ce sont là des zones occupées
par les Israéliens depuis juin 1967. La patrie des Palestiniens
usurpée et colonisée en 1948 n'est pas moins chère
ou importante que la partie occupée en 1967. D'autre part,
l'existence même de l'Etat raciste et oppresseur d'Israël,
fondée sur le départ et l'exil forcée d'une
partie de ses citoyens, ne peut être acceptée par
la révolution, même s'il ne s'agit "que d'un
petit village palestinien. N'importe quel arrangement favorable
à l'Etat colonial est inacceptable et ne saurait durer.
N'est permanente que la population
de la Palestine: ses juifs, ses chrétiens et ses musulmans
dans un pays qui les intègre tous.
2. Les composants
Tous les juifs, musulmans et
chrétiens vivant en Palestine ou exilés de ce pays
par la force auront droit à la citoyenneté palestinienne.
Ce principe garantit le droit à tous les Palestiniens
exilés de retourner dans leur patrie, qu'ils soient nés
en Palestine ou en exil et quelle que soit leur présente
nationalité. Cela signifie également que tous les
juifs palestiniens - actuellement israéliens -ont les
mêmes droits, à condition naturellement qu'ils rejettent
le chauvinisme sioniste et raciste et qu'ils acceptent pleinement
de vivre comme des Palestiniens dans la nouvelle Palestine.
La révolution rejette
donc explicitement le principe selon lequel ne seraient accepté
que les juifs qui vivaient en Palestine avant 1948 ou avant 1914,
et leurs descendants. Après tout, Dayan et Allon sont
nés en Palestine avant 1948 et ils sont, ainsi que beaucoup
de leurs collègues, des sionistes racistes invétérés
qui n'ont pas certainement pas la qualité pour recevoir
le statut de Palestiniens.
Dans une interview fameuse, Abou
lyad, un officiel du Fath, a réaffirmé que non
seulement les juifs progressistes antisionistes, mais même
des sionistes actuels qui manifesteraient la volonté d'abandonner
leur idéologie raciste, seront les bienvenus comme citoyens
palestiniens. C'est l'opinion de la révolution que la
plupart des juifs israéliens actuels changeront leur comportement
et souscriront à la nouvelle Palestine, surtout après
la destruction de la machine d'Etat oligarchique, de l'économie
de classes et de l'institution militaire.
L'idéologie
Les Palestiniens, au cours de
leur lutte de libération et au moment de leur libération,
décideront du système de gouvernement et de l'organisation
politique, économique et sociale de leur patrie libérée.
(On répète ici que le terme " Palestiniens
" comprend les Palestiniens arabes qui sont exilés,
ceux qui vivent en terre occupée, ainsi que les juifs
antisionistes).
Une Palestine démocratique
et progressiste, toutefois, rejette par élimination une
forme de gouvernement théocratique, féodal, aristocratique,
autoritaire ou raciste-chauvine. Ce sera un pays qui ne permettre
pas l'oppression ou l'exploitation d'une partie de la population
par un autre groupe ou par des individus, un Etat qui donnera
des chances égales à chacun de ses citoyens pour
le travail, l'accomplissement des devoirs religieux, l'éducation,
le droit de décision politique, l'expression culturelle
et artistique.
Cela n'est pas un rêve
utopique, car la lutte pour réaliser la nouvelle Palestine
crée par elle-même le climat nécessaire au
futur système de gouvernement, c'est-à-dire que
la guerre populaire de libération fait surgir de nouvelles
valeurs et suscite un nouveau comportement qui sont une garantie
pour la démocratie qui suivra la libération. Preuve
en est le changement de comportement à l'égard
du travail collectif constaté dans les camps de réfugiés
et de combattants en Jordanie et au Liban. Les Palestiniens et
les autres frères qui se joignent à eux acceptent
volontairement de travailler et d'assurer leur subsistance, il
n'y a pas d'exploitation ni de travail d'esclave. Les valeurs
de la vie humaine se transforment.
Contrairement aux raids an napalm
israéliens et à leurs tueries sans discrimination,
les combattants palestiniens sélectionnent leurs objectifs.
De nouvelles formes de relations humaines apparaissent. Aucune
relation de maître à esclave ne peut être
établie entre des combattants luttant pour la liberté.
Une conscience accrue des dimensions internationales de leur
problème, la prise en considération de ceux qui
appuient l'oppresseur et de ceux qui aident l'opprimé,
créent de nouvelles responsabilités à l'égard
de la communauté internationale, en particulier envers
les partisans de la libération et de la démocratie.
Par conséquent, les Palestiniens
n'accepteront, après leur libération, d'être
soumis à qui que ce soit et n'instaureront un régime
d'oppression contre quelque groupe que ce soit, car ce serait
la négation de leur raison d'être et l'abdication
de leur idéal révolutionnaire. Cela apparaît
clairement dans les camps de réfugiés palestiniens
au Liban et en Jordanie. Après vingt-deux ans d'oppression,
d'humiliation par la police secrète et les exploiteurs
locaux, les camps se sont éveillés à la
révolution.
Dans la lutte, les exilés
ont brisé leurs chaînes, ils ont expulsé
la police secrète, ses espions et les exploiteurs qui
étaient leurs alliés, et ont institué une
administration démocratique autonome. Des services médicaux,
éducatifs et sociaux sont installés localement
par les organisations révolutionnaires sur une base d'initiative
personnelle qui a rétabli la dignité et le respect
de soi. La criminalité dans ces camps a considérablement
baissé, à 10% de ce qu'elle était avant
la révolution. La discipline personnelle a remplacé
la police.
La nouvelle milice a établi
un lien entre l'avant-garde révolutionnaire et la base
des masses populaires. Des contrôles démocratiques
sont institués. Ces Palestiniens n'accepteront pas l'oppression
ou la soumission et n'imposeront pas un tel régime à
qui que ce soit. Les journalistes et les autres visiteurs étrangers
ont découvert que nulle part dans le monde arabe ils ne
trouvent des gens aussi mûrs et aussi tolérants
envers les juifs que dans les camps de Jordanie et du Liban et
spécialement parmi les " Ashbal ". Ces jeunes
Palestiniens (de 8 à 16 ans) sont entièrement libérés
de tout complexe antijuif. Ils ont une vision plus claire de
la nouvelle Palestine démocratique que les bourgeois habitant
dans les villes. Ces adolescents sont les libérateurs
de demain. Ils compléteront la destruction de l'oppression
israélienne et rebâtiront la nouvelle Palestine.
En définitive, si cette
Palestine démocratique et progressiste est encore une
utopie, et bien, les' combattants palestiniens et les habitants
des camps sont en train de la réaliser.
Deux conceptions fausses
Diverses interprétations
de la Palestine démocratique sont apparues dans certains
milieux, qui demandent à être clarifiées
et parfois corrigées. Nous essaierons ici d'évoquer
deux de ces interprétations qui nous semblent particulièrement
importantes:
1) La conception d'une Palestine
non confessionnelle ne doit pas être confondue avec celle
d'un Etat multi-religieux ou bi-nationaL La nouvelle Palestine
ne doit pas être construite autour de trois religions d'Etat
ou de deux nationalités. Elle implique, plus simplement,
l'absence d'oppression religieuse d'un groupe par un autre et
la liberté de pratiquer sa religion sans discrimination.
La révolution ne désire aucun durcissement des
prescriptions religieuses.
Elle n'envisage aucune distribution
stricte et fixée à l'avance, sur des bases religieuses,
des fonctions politiques et des autres postes importants. Le
modèle libanais (où une hiérarchie réactionnaire,
quasi-féodale ou commerciale-capitaliste, divise les postes
et les fonctions sur la base de l'appartenance à des sectes,
pour perpétuer la domination sur les masses) est complètement
étrangère à l'esprit de la révolution.
Yasser Arafat a répété plusieurs fois que
le président de la Palestine libérée pourra
être un juif, un musulman, un chrétien, non à
cause de sa religion ou de la secte à laquelle il appartient,
mais en vertu de son mérite comme Palestinien.
En outre, les frontières
religieuses et ethniques s'imbriquent étroitement en Palestine,
de sorte que le terme binational et une dichotomie arabe-juive
sont sans signification, ou an mieux, tout à fait sujets
à contestation. La majorité des juifs actuellement
en Palestine sont des juifs arabes. La Palestine rassemble donc
des Arabes juifs, chrétiens et musulmans, aussi bien que
des juifs non arabes, les juifs occidentaux
2) La nouvelle Palestine démocratique
ne saurait constituer un substitut à la libération.
Elle est au contraire l'objectif suprême de celle-ci. Un
Etat fantoche sur la rive ouest et dans la zone de Gaza, un Israël
désionisé dans le style d'un Avnery, ou "
pasteurisé ". ou une confédération
sémitique, sont catégoriquement rejetés
par la révolution.
Ce sont là des plans racistes
destinés à tromper les Palestiniens et les autres
Arabes, de façon à maintenir une hégémonie
israélienne et une soumission palestinienne. Tous ces
projets prévoient le maintien de l'agression fondamentale
qui a conduit à l'exil forcé des Palestiniens et
à l'oppression des masses. La condition sine qua non de
la nouvelle Palestine passe par la destruction des fondements
politiques, économiques et militaristes de l'Etat colonial
chauviniste et raciste. Le maintien d'une machine militaire,
technologiquement avancée, grâce à un afflux
continuel de capital occidental, et l'échange des populations
ont permis à l'organisation sioniste expansionniste de
poursuivre son agressionet de la répéter. La liquidation
de cette organisation est nécessaire à la naissance
de la nouvelle Palestine.
La période de transition
n est tout à fait logique
que soient prises des mesures collectives transitoires tout de
suite après la libération et, même, que certaines
d'entre elles subsistent dans l'Etat, c'est-à-dire que
certains privilèges collectifs ou de groupes soient accordés
à côté de privilèges purement individuels.
Les juifs et les non-juifs auront le droit de pratiquer leur
religion et de développer leur culture et leur langue.
Il est normal, par exemple, que l'arabe et l'hébreu soient
tous deux enseignés comme langues officielles dans les
écoles du gouvernement à tons les Palestiniens,
juifs ou non-juifs.
Le droit de libre circulation
dans le pays et à l'extérieur sera garanti. Les
Palestiniens désireux de quitter volontairement le pays
seront autorisés à la faire. L'immigration sera
limitée pendant une période transitoire an retour
de tous les Palestiniens exilés désireux de rentrer
dans leur patrie. Dans l'Etat permanent normalisé, l'immigration
sera soumise à la réglementation sur laquelle on
se sera mis d'accord et, compte tenu de la capacité d'absorption
du pays, l'immigration sera ouverte sans discrimination. La liberté
d'accès, les visites et les pèlerinages ainsi que
le tourisme seront garantis - sous réserve de la réglementation
normale - à tous les juifs, musulmans et chrétiens
du monde, qui considèrent la Palestine comme un heu saint
de pèlerinage et de méditation.
La nouvelle
Palestine est-elle viable?
Plusieurs critiques bien intentionnés
déclarent que, même si la création d'une
Palestine démocratique est possible, elle ne survivra
pas longtemps. Leur principal argument est que l'équilibre
démographique et culturel favorisera les juifs. Ce facteur,
selon eux, conduira soit à une situation explosive, soit
à la domination de la. nouvelle Palestine par les juifs
et à un retour à un Etat néo-sioniste déguisé.
Cet argument est sérieux et paraît tout à
fat plausible dans le contexte actuel de la dichotomie européenne
qui présente les Arabes comme un groupe ethnique arriéré
et les jrâfs comme un groupe moderne.
Quant à la population,
les juifs sont actuellement en Palestine an nombre de 2,5 millions,
en face de 2,6 millions de Palestiniens arabes (chrétiens
et musulmans) dans les territoires occupés avant et après
1967 et en exil. Le taux de natalité et le taux naturel
net de croissance sont plus élevés chez les Palestiniens
arabes que chez les juifs en Palestine.
C'est l'immigration qui a été
la principale cause de l'accroissement du nombre des juifs. Mais
on doit prendre en considération le fait que 250 000 juifs
ont définitivement quitté la Palestine depuis 1949,
dans une période où régnait une sécurité
relative. La plupart de ces émigrants étaient des
juifs européens. En outre, la majorité des nouveaux
immigrants sont des juifs arabes qui ont trouvé très
difficile de rester dans leur pays après la création
et l'existence de l'Etat colonial d'Israël agresseur.
La lutte révolutionnaire
provoquera inévitablement une augmentation du rythme de
l'émigration, spécialement de ceux qui jouissent
d'un statut privilégié dans l'Etat raciste et qui
répugneront à s'adapter à une société
ouverte et diversifiée. Parallèlement à
cette évolution se développera la modernisation
croissante des pays arabes et leur attitude tolérante
à l'égard de tontes les minorités, y compris
les citoyens juifs. Le Fath a déjà engagé
des négociations avec plusieurs pays arabes pour qu'ils
autorisent les émigrants juifs à rentier et qu'ils
leur rendent leurs propriétés, en leur garantissant
une entière égalité des droits.
On s'attend à ce que l'ensemble
de ces facteurs maintienne un équilibre démographique
relatif en Palestine.
Quant au niveau de développement
social et éducatif, il augmente rapidement chez les Palestiniens
arabes. On estime que le nombre de Palestiniens en exil détenteurs
de diplômes universitaires dépasse 50 000. Les Palestiniens
ont brillamment rempli des fonctions d'éducateurs, de
techniciens et ont exercé des professions libérales
dans plusieurs pays arabes, spécialement dan la Péninsule
Arabique et en Afrique du Nord. Les Palestiniens arabes ont fait
face à ce défi culturel d'avant 1948 et on réussi
dans une période relativement courte de trente ans. à
soutenir la compétition avec les juifs dans l'agriculture,
l'industrie, l'éducation et même dans le domaine
de la finance et de la banque. Armés de l'esprit d'une
révolution victorieuse, remplis d'espoir par la camaraderie
que leur manifestent nombre de juifs, les Arabes de Palestine
seront des partenaires effectifs et à égalité
dans la construction de la nouvelle patrie.
L'intégration de la Palestine
dans la région arabe augmentera sa vitalité économique
et politique. Le boycottage arabe actuel sera remplacé
par une aide économique et par des relations commerciales,
objectif que l'Etat colonial d'Israël n'a absolument pas
atteint, restant un laquais et un protégé de l'Amérique
depuis sa naissance.
Conclusion
Le concept de la Palestine démocratique
non confessionnelle n'est pas encore tout à fait clair
et doit encore être étudié. Mais on ne peut
faire mieux à cette étape d'une lutte difficile
pour la libération. Les Palestiniens ont surmonté
leur amertume et leur sentiment de frustration dans un temps
relativement court grâce à la lutte armée.
Il y a quelques années,
la seule discussion de ce projet aurait été considérée
comme une liquidation du problème, ou de la haute trahison.
Même aujourd'hui, certains Arabes trouvent difficile d'accepter
l'objectif que nous nous sommes proposé, et secrètement
- ou publiquement - ils espèrent qu'il ne constitue rien
d'autre qu'une action tactique de propagande.
Et bien, disons-le catégoriquement
et définitivement, ce n'est pas cela. La révolution
palestinienne est destinée à combattre pour la
création de la nouvelle Palestine démocratique
et non confessionnelle comme l'objectif à long terme du
mouvement de libération. L'annihilation des juifs ou des
Palestiniens exilés et la création d'un Etat raciste
ou théocratique en Palestine, qu'il soit juif, chrétien
ou musulman, est absolument inacceptable et ne peut réussir
ni durer. Les masses palestiniennes opprimées combattront
et feront tous les sacrifices pour abattre un Etat oppresseur
et exclusiviste.
Les racistes israéliens
sont vivement irrités par l'idée d'une Palestine
démocratique. Cette irritation fait apparaître les
contradictions du sionisme et met à nu la schizophrénie
morale qui a atteint la communauté juive du monde depuis
la création d'Israël.
L'adoption de ce nouvel objectif
par de nombreux juifs progressistes, dont l'opinion compte, effraie
le sionisme mondial Plusieurs de ces juifs ont été
menacés et molestés par les sionistes pour leur
adhésion aux principes d'une Palestine démocratique
comme objectif final de la libération.
Les sionistes ont déclenché
une campagne pour discréditer cette idée, particulièrement
parmi les juifs.
Leur effort a été
vain.
La force de la logique et le
souvenir des années de persécutions subies dans
des sociétés exclusives du fait des racistes ouvrent
les yeux des juifs et des autres hommes, leur faisant comprendre
que la seule solution permanente qui apportera une paix durable
et la justice à notre Palestine est celle qui consiste
à construire un pays progressiste, ouvert et tolérant
pour nous tous.
Notes:
1)déclaration des délégués
du Fatah à la seconde conférence internationale
pour le soutien aux peuples arabes, Le Caire, 28 janvier 1969
2)Ibidem
3)J.F. Stone, For a new approach to the Israeli-Arab conflict,
The New York Review Book, 3 août 1967
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