La coordination anti-carcérale du Rio de la Plata

2005


Présentation

Le projet de coordination anti-carcérale du Rio de la Plata est né de différentes expériences et de la nécessité qu'ont ressentie diverses individualités qui commençaient à questionner les formes d'intervention utilisées historiquement par les compagnons.

Nous avons l'intention de propager une dynamique vivante, capable de s'étendre et de se recréer sans avoir recours à la formalisation d'instances ou de structures, qui finiraient probablement par générer un degré de bureaucratisation suffisant pour institutionnaliser l'insurrection que nous désirons ardemment.

Cette coordination se veut un point de regroupement, de rencontre et de reconnaissance, pour échanger expériences et espoirs, pour penser un engagement selon les rythmes et les capacités personnelles.

Du simple au complexe, facilement reproductible, contagieux, solidaire et révolutionnaire ; une coordination dans laquelle puissent se reconnaître tous les compagnons qui mettent les paroles en actes, qui permette le flux vivant d'informations et d'actions pour les compagnons immergés dans la guerre sociale.

Pour la liberté de toutes et tous !

Coordination anti-carcérale du Rio de la Plata

Quelques points à éclaircir

I-Prisonniers-Prisonnières, ni politiques, ni sociaux.

Pour commencer, nous sommes toutes et tous prisonniers de cette société, de ses codes, de ses lois et de ses collaborateurs. Pour être plus clairs, à l'intérieur de cette gigantesque prison sociale, il y a en plus les prisons.

Ajoutons ensuite que dans ce qu'on appelle prison se trouvent des milliers de personnes pour avoir attenté à l'ordre établi de différentes manières, par leur activité sociale ou pour quelque autre raison.

Que nous soyons d'accord avec ou pas, elles sont bien là. Nous ne faisons pas de différence entre des attitudes politiques ou sociales.

Nous pensons qu'il n'y a qu'une liberté et qu'elle est totale et que chaque norme établie par le système est un maillon de plus dans la chaîne nous attache.

Nous refusons donc une hiérarchisation de la misère. Nos conceptions anarchistes nous amènent à considérer que le problème réside dans l'existence même de la prison et dans la société qui les produit et en a besoin.

C'est à dire que dans une perspective révolutionnaire, nous ne demandons ni de meilleures prisons, ni des lois plus humaines, l'objectif que nous poursuivons est leur abolition ainsi que celle de la société qui les maintient en place.

Nous ne pouvons omettre les hôpitaux psychiatriques ou asiles de fous.

Il est aberrant que l'état enferme des personnes pour le seul fait d'être différentes de la majorité, tua,t ainsi en chaque individu toute possibilité -de se développer.

Les psychologues et psychiatres, sous couvert des règles sociales édictées par l'état, anéantissent la liberté et la vie sans aucune considération pour l'individu, pour sa manière de se relationner et d'être. Ils tentent -sans y parvenir- de faire passer cet enfermement et ce contrôle des personnes qui ne s'ajustent pas à la réalité imposée pour de simples mesures de contention.

II- Prisonniers-Prisonnières pour des attitudes fascistes.

Par les temps qui courent, où le système capitaliste s'est développé à des niveaux qui dépassent toute logique, la majorité de la population carcérale, tout au moins en Amérique du Sud, est enfermée pour des attaques à la propriété privée.

Même si ce n'est pas la seule raison d'exister des prisons, nous pensons important de le préciser, avant d'aborder le thème de ceux qui sont emprisonnés pour des comportements fascistes.

Ces comportements peuvent être par exemple le fait de policiers, de violeurs, entre autres.

Il est important de dire aussi que cette société est malade, quasiment en phase terminale, de toutes ces valeurs consuméristes, sexistes au niveau socio-économique.

Quand nous vivons et bouffons ces valeurs depuis l'enfance, nous souffrons indiscutablement de cette maladie, qui sans doute nous limitera et nous guidera.

Sans en faire une excuse, il est important d'en être conscient pour savoir d'où viennent certains comportements.

Nous voyons, à chaque fois que l'on aborde la question des prisons, surgir l'éternelle discussion sur ce qu'il faudrait faire de ces personnes.

A ce propos, nous tenons à nous débarrasser de l'idée de déléguer nos problèmes à la justice étatique, bourgeoise, ou à quelque pouvoir imposé.

Car l'état et sa justice s'octroient le droit de « résoudre » nos problèmes les plus intimes.

Bien sûr, il faudrait développer bien davantage ce sujet, mais nous ne voulons pas donner une solution, pas plus que nous n'affirmons que chacunE d'entre nous doit et peut résoudre chaque situation de ses propres mains, car ne seraient-ce que les questions de force physiques pourraient être une entrave de taille.

Pour l'instant, il nous intéresse surtout d'approfondir la possibilité de nous délier de la justice et du rôle qu'elle a de juger en des situations qu'elle ignore, dans des problèmes personnels d'individus qu'elle ne connaît pas et dans les quels elle ne devrait pas avoir de pouvoir décisionnel.

III- Réformisme

Nous considérons opportun de commencer par dire que nous croyons pas qu'existe, dans notre perspective, aucune possibilité d'améliorer les prisons ou de les rendre plus humaines. Nous croyons au contraire que la seule solution est de les abolir, tout comme toutes les institutions.

Nous ne partageons pas les positions qui, comme nous e disions auparavant, visent exclusivement à l'humanisation des prisons.

Que ce soit par des réformes prises par la Justice étatique, ou à défaut, au travers des ONG, églises et autres associations ou groupes qui servent le système en ce qu'elles se contentent de « tirer les marrons du feu » pour le gouvernement.

Bien sûr, nous comprenons qu'il y a des personnes à l'intérieur des prisons et qu'avant la révolution à laquelle nous aspirons, chaque possibilité d'améliorer les conditions de vie à l'intérieur est toujours bonne à prendre, pour peu que nous n'en restions pas à cette seule revendication et que nous lui donnions une finalité.

IV- Justice et mentalité policière. (peur et contrôle)

Le Système (Etat-Capital) entretient et diffuse par ses institutions les valeurs dont il a besoin pour maintenir « son » ordre.

Cet ordre, loin de toute valeur humaine et solidaire, vise à faire participer l'ensemble des citoyens aux mécanismes policiers.

De la même manière, il tente d'établir une mentalité policière de justicier et prétend ainsi transformer toute personne en flic du coin et faire de tous des collaborateurs de la société carcérale qu'il impose.

V- Finalité : de la lutte anti-carcérale à la révolution et à l'anarchie

La lutte révolutionnaire est loin de se limiter à une conquête partielle, comme pourrait l'être en ce cas par exemple l'abolition des prisons.

Il s'agit d'en finir avec toutes les oppressions imposées par le Système et reproduites par l'ensemble de la société.

Mais il nous semble indispensable de ne pas laisser passer une réalité qui, étant données les conditions sociales dans lesquelles nous vivons, peut tous nous affecter à n'importe quel moment, d'autant plus lorsque nous sommes immergés dans la guerre sociale.

Par conséquent, il est pour nous nécessaire de préciser que si nous menons bien une lutte anti-carcérale, nous n'en restons pas à cela, mais élargissons la revendication à la destruction de l'ordre établi, dans les faits et les mentalités.

Que ce soit de la part de ceux qui posent la prison comme une nécessité minimale dans « certains cas », ou de ceux qui ont doté la justice de prisons, ce qui ressort, c'est une réalité répressive qui traverse les murs de la prison pour englober la totalité de ce qui existe.ce que nous vivons, c'est la société carcérale.

La généralisation d'une mentalité policière primée par le pouvoir commence à faire des ravages, y compris parmi les «révolutionnaires».