Cellules Communistes
Combattantes
La
flèche et la cible
1. Quelle
est la base idéologique des Cellules Communistes Combattantes?
Le Marxisme-Léninisme.
Cest-à-dire
avant tout le matérialisme dialectique comme conception
philosophique; le matérialisme historique comme application
du matérialisme dialectique à la connaissance de
la société humaine et de son évolution;
léconomie politique marxiste comme compréhension
des lois de laction et du développement des forces
productives; et enfin le socialisme scientifique comme patrimoine
denseignements, perspective et guide pour laction
révolutionnaire du prolétariat.
Dans le cadre du
travail qui souvre ici, il est naturellement impossible
dexposer toute la variété et la complexité
des thèses propres à ces quatre grandes parties
du Marxisme-Léninisme.
Nous nous en tiendrons
à une présentation des traits essentiels.
Notre base philosophique
est donc le matérialisme dialectique.
Nous pensons que
notre univers (le monde et les phénomènes qui le
traversent) est matière et mouvement (déplacement
/ évolution / transformation) de la matière selon
ses propres lois. Dailleurs la science et la réalité
historique et sociale confirment cela de plus en plus clairement.
Nous rejetons par
conséquent tout idéalisme philosophique: nous affirmons
que la conscience est le produit dune haute organisation
de la matière, le cerveau, donc que la conscience est
le reflet du monde objectif dans le cerveau humain.
Toujours en opposition
avec lidéalisme philosophique (ou sa variante honteuse:
lagnosticisme), nous pensons que la cogniscibilité
du monde est infinie, que la science et la pratique sont virtuellement
capables de tout découvrir, jusquaux choses aujourdhui
encore inconnues.
La vérité
absolue - définitive - est donc théoriquement accessible,
mais ne lest pratiquement quà travers les
progrès de la vérité relative (incomplète,
correspondant à un niveau du mouvement de la connaissance)
qui tend à correspondre toujours plus exactement à
la réalité objective du monde, monde qui existe
donc indépendamment de la conscience que lon peut
avoir de lui.
Le matérialisme
dialectique dépasse lancien matérialisme
mécaniste des grands penseurs des XVllème et XVlllème
siècles (Diderot, Holbach, DAlembert, etc.) qui
tendaient à réduire le monde à son seul
mouvement mécanique, lui prêtant même à
lextrême le caractère dun éternel
mouvement cyclique - au sein duquel, loin de sunir et dinteragir
dialectiquement, les contraires sexcluaient de manière
métaphysique.
Néanmoins,
le matérialisme dialectique est lhéritier
du matérialisme mécaniste, tout comme dailleurs
du matérialisme antique (Démocrite, Epicure, etc.)
souvent plein de génie mais handicapé par létroitesse
de la base scientifique de lépoque.
Le matérialisme
marxiste est dialectique parce quil considère le
monde comme un tout en mouvement et changement perpétuels,
dans lequel le développement de linférieur
au supérieur se fait par laction des contradictions
opposant et unissant ses parties constitutives, dans lequel laccumulation
de petites transformations progressives (phénomène
quantitatif) provoque à terme des progrès soudains,
des bonds qualitatifs.
Le matérialisme
historique est lapplication du matérialisme dialectique
à létude de la société et de
lHistoire, il constitue la méthode marxiste de connaissance
des lois générales qui déterminent lapparition,
le développement et la disparition des régimes
sociaux.
Cest donc
le cadre général de toutes les sciences sociales,
parmi lesquelles léconomie politique occupe une
place primordiale.
En effet, le matérialisme
historique révèle que le déterminant principal
dune société est lorganisation du travail
humain destiné à la production des choses nécessaires
à la vie.
Ce qui détermine
fondamentalement une société et son évolution
sont les moyens de production et ceux qui les animent (les forces
productives), les rapports qui unissent et opposent les hommes
dans la production sociale (les rapports de production, comme
la propriété des moyens de production, la division
du travail, la répartition des produits, etc.), bref le
mode de production, la combinaison des forces productives et
des rapports de production, la lutte des classes.
Le mode de production
constitue donc linfrastructure du régime social:
sur sa base se façonnent la conscience sociale (politique,
morale, religion, art, etc.) et les institutions sociales (Etat,
partis politiques, églises, etc.) qui forment ensemble
la superstructure.
Coulé dans
le moule du matérialisme dialecti­que, le matérialisme
historique conçoit létude des systèmes
sociaux dans leur évolution.
Lorigine de
cette évolution réside dans la production qui est
en continuel développement.
Chaque fois quest
atteint un stade de développement où les forces
productives entrent en contradiction avec les rapports de production
simpose une transformation de ces derniers, et cette transformation
exige à son tour un changement dans la superstructure,
dans le régime social.
Crises et révolutions
sociales sont lexpres­sion de ces contradictions se
résolvant à travers des bonds dialectiques.
Cinq grands modes
de production se sont globalement succédés jusquà
nos jours.
Aux premiers temps
dexistence des hommes, on trouve le communisme primitif
qui se caractérisait par un extrême dénuement
et la propriété commune des sources de richesse.
Le mode de production esclavagiste lui a succédé
en raison de laugmentation des forces productives et de
la richesse sociale (agriculture, élevage), il a ouvert
le règne de la propriété privée et
de lexploitation de lhomme par lhomme.
Apparut ensuite
le mode de production féodal, où la propriété
privée des moyens de production (essentiellement la terre)
restait totale mais se réduisait sur le producteur (lesclave
devient serf).
Signalons aussi
lexistence, en Inde particulièrement, dun
mode de production asiatique caractérisé par la
simultanéité de rapports sociaux égalitaires
à léchelle villageoise et dune exploitation
de ces communautés rurales par des monarchies.
Lincessant
développement des forces productives imposa finalement
le mode de production capitaliste, les rapports de production
féodaux étant devenus trop étriqués
pour une économie marchande et industrielle.
Et cest le
même développement qui maintenant sonne le glas
du mode de production capitaliste: il est devenu caduc à
son tour, comme le démontre théoriquement léconomie
politique marxiste et pratiquement la crise générale
qui frappe le système.
Léconomie
politique marxiste a pour fonde­ment la loi de la valeur
selon laquelle la valeur dune marchandise tient dans le
temps de travail socialement nécessaire à sa production
(ce qui nempêche pas quune marchandise puisse
être vendue au-dessus ou en dessous de sa valeur mais signifie
alors que si une des parties gagne dans léchange
des marchandises, lautre y perd, et que tous ces mouvements
se compensent de telle sorte quen moyenne les marchandises
sont vendues à leur valeur).
Aucune valeur nouvelle
nétant créée dans léchange
(les ventes et les achats) des marchandises, lorigine de
la plus-value extraite de leur capital par les propriétaires
des moyens de production se situe dans le processus de production
même.
Le capitaliste achète
des moyens de production tels des machines, des matières
premières, de lénergie, etc. (capital constant)
et la force de travail des prolétaires (capital variable).
Conformément
à la loi de la valeur, le capitaliste achète ces
moyens à leur véritable valeur, cest-à-dire
selon le temps de travail nécessaire à leur production.
Cela se conçoit
facilement pour les éléments du capital constant.
Pour la force de
travail des prolétaires, cela doit se comprendre comme
le temps de travail nécessaire à la production
des marchandises telles que nourriture, logement, habillement,
etc. qui permettent à cette force de travail de se reconstituer
et de se reproduire par lentretien de la famille du prolétaire.
La particularité
de la marchandise «force de travail» est quelle
est source de nouvelle valeur.
Le capitaliste achète
la force de travail du prolétaire pour un temps déterminé
et, durant ce temps, le prolétaire ajoute par son travail
de la valeur aux marchandises quil contribue à produire
non seulement à la hauteur de ce qui lui est versé
comme salaire (le salaire nétant jamais que le prix
de la marchandise «force de travail») mais bien au-delà.
Ce «surtravail»
- contre lequel le prolétaire ne reçoit aucun équivalent
-compose la plus-value et donc le profit capitaliste.
La concurrence entre
capitalistes pousse chacun deux à remplacer tant
que faire se peut le travail humain par la machine.
De cette façon,
chaque capitaliste renforce sa compétitivité par
rapport aux autres.
Mais au niveau de
la formation sociale prise dans son ensemble, cela a aussi pour
conséquence de faire baisser globalement la proportion
du capital variable par rapport au capital constant.
Comme la plus-value
sextorque seulement sur le capital variable (les machines,
matières premières, etc. ne faisant que transmettre
leur valeur dans les marchandises quelles contribuent à
produire, soit en une fois pour un capital circulant comme une
matière première consommée toute entière,
soit progressivement pour un capital fixe comme une machine qui
suse peu à peu), le taux de profit (à savoir
le rapport entre la plus-value extorquée et le capital
globalement engagé) a tendance à baisser.
La «chute
tendancielle du taux de profit» contraint les capitalistes
à un rattrapage, soit par une exploitation accrue du prolétariat
(une augmentation du taux de plus-value, cest-à-dire
du rapport entre la plus-value extorquée et le capital
variable engagé), soit par une augmentation de la production
passant généralement par de nouveaux progrès
du machinisme.
La concurrence entre
capitalistes ainsi que la circulation des capitaux entre les
secteurs permettent indirectement la traduction de la loi de
la valeur dans léchange des marchandises.
Il sétablit
de cette façon un taux de profit moyen qui détermine
le «prix de production» des marchandises (soit le
capital dépensé pour leur production augmenté
du profit moyen).
Ainsi également,
quand pour une raison ou lautre la demande dune marchandise
donnée est telle quelle se vend bien plus cher que
son «prix de production» ,la recherche du profit
maximal pousse des capitalistes à investir dans sa production
et cela ramène progressivement son «prix de marché»
à la hauteur de son «prix de production» en
rétablissant léquilibre de loffre et
de la demande.
De même, lopération
inverse a naturellement cours: la désaffection pour une
marchandise fait tomber son «prix de marché»
en dessous de son «prix de production» et pousse
les capitalistes à en abandonner la production.
Dautre part
la concurrence engendre son contraire: en imposant un développement
et un élargissement permanents de la production, elle
provoque la concentration croissante des capitaux (apparition
du grand capital) et des entreprises.
Cest la tendance
à la monopolisation.
Elle entraîne
aussi la prolétarisation des classes moyennes incapables
de rester en lice (incapables de réunir les capitaux nécessaires
à une position compétitive), et cela jusque dans
les secteurs économiques qui leur étaient autrefois
réservés (commerces, services, etc).
A la contradiction
opposant prolétaires et capita­listes autour de la
plus-value et du surtravail (que les premiers tentent de baisser
- directement ou in­directement par une augmentation du salaire),
sen ajoutent dautres essentielles dans le mode de
production capitaliste.
Principalement,
la contradiction entre le caractère social de la production
(la production est assurée collectivement par les masses
populaires) et le caractère privé de la propriété
des moyens de production (capital, usines, terre, etc.) et donc
de lappropriation de la plus-value.
Tandis que la production
ne cesse de sétendre, la demande solvable des masses
populaires reste limitée en raison de la mainmise bourgeoise
(la bourgeoisie recouvrant ceux qui vivent non de leur travail
mais de leur capital) sur la plus-value créée par
le prolétariat, et de cette contradiction insoluble dans
le cadre du mode de production capitaliste naissent cycliquement
des crises de surproduction.
Le socialisme scientifique
se fonde dans la compréhension du fait que les contradictions
du mode de production capitaliste sont inexorablement appelées
à saccentuer, le rendent obsolète et conduisent
à son dépassement dialectique dans un nouveau mode
de production.
Le nouveau mode
de production devra résoudre la contradiction entre production
sociale et propriété privée des moyens de
production, entre production sociale et appropriation privée,
ce qui sera seulement accessible en rendant la propriété
des moyens de production et lappropriation également
sociales.
Le socialisme scientifique
se distingue du socia­lisme utopique (de Thomas More à
Fourier en passant par Rousseau) en ce quil ne se fonde
pas seulement sur une exigence morale de justice et une aspiration
à une vie meilleure.
En effet, le socialisme
scientifique repose en priorité sur lanalyse scientifique
(matérialiste) du monde actuel, des tendances qui le traversent,
des forces qui laniment.
Il ne sagit
plus délaborer un système idéal et
ensuite de chercher à y plier la réalité
de la société, il sagit de sinscrire
dans le mouvement même de lévolution sociale
et de travailler consciemment à sa réalisation.
Notre époque
correspond au stade suprême du capitalisme, limpérialisme.
Ce stade est notamment
caractérisé par une extrême concentration
des capitaux (allant jusquau monopole), la fusion du capital
industriel et bancaire dans le capital financier, le partage
du monde entre grandes puissances impérialistes (la colonisation
et néo-colonisation ayant permis dimposer le mode
de production capitaliste au monde entier), etc.
Un stade qui se
caractérise aussi par le fait que les contradictions inhérentes
au mode de production capitaliste (celles-là mêmes
que révèle entre autres choses léconomie
politique marxiste) sont exacerbées au point de frapper
ce mode de production dun dysfonctionnement quasi permanent,
den faire un frein au développement des forces productives
alors quil en avait été un formidable moteur.
Le passage dun
type de rapports de production à un autre (dans ce cas:
des rapports capitalistes aux rapports socialistes) signifie
le passage dun mode de production à un autre, dun
régime social à un autre.
Non seulement linfrastructure
mais aussi toute la superstructure sociales doivent être
modifiées, tant celle-ci est liée à celle-là.
Ainsi simposent les révolutions.
Comme ce fut la
réalité des choses lors du passage du mode de production
féodal au mode de production capitaliste, le passage du
mode de production capitaliste au mode de production socialiste
exige une révolution bouleversant tout lordre social,
transformant radicalement la pensée, la morale, les institutions,
etc.
Et de la même
manière que la révolution anti-féodale a
été animée par la classe qui aspirait le
plus puissamment et consciemment à lordre social
à venir - la bourgeoisie et le capitalisme la révolution
anti-capitaliste aura pour sujet la classe de ceux qui ont le
plus grand intérêt à lavènement
dune société de producteurs pour les producteurs
- le prolétariat et le socialisme.
Le prolétariat,
qui connaît avant tout la collectivisation des peines et
du travail, est la classe désignée pour réaliser
la collectivisation des fruits du travail social.
Il lui appartient
à ce propos de synthétiser lensemble de ses
revendications particulières (celles de telle ou telle
de ses parties) en une aspiration générale, unique,
une volonté de classe à marcher vers le socialisme,
tout comme il lui appartient de se doter de lappareil politico-militaire
nécessaire au succès de sa mission historique.
Cet appareil politico-militaire
(le Parti Communiste et ses forces armées) simpose
pour une double raison.
Pour rassembler
et orienter de la façon la plus juste lensemble
des forces révolutionnaires et pour accéder finalement
à un rapport de force victorieux dans la lutte des classes.
Parce que de la même manière que jadis la noblesse
sest accrochée bec et ongles à ses privilèges
de lancien régime contre la bourgeoisie alors révolutionnaire,
aujourdhui la bourgeoisie devenue historiquement réactionnaire
nentend pas se laisser déposséder de ses
privilèges par le prolétariat.
Elle dispose dun
Etat qui la sert, de nombreuses forces armées et répressives,
elle exerce une contre-révolution préventive dans
tous les domaines - à commencer par lidéologie,
la connaissance, linformation, etc.-, et le prolétariat
ne peut espérer inverser pareil rapport de force défavorable
sans développer une longue et dure lutte dans laquelle
il accumulera expérience et puissance, une lutte intransigeante
pour établir sa dictature: les pleins pouvoirs de la classe
ouvrière.
La dictature du
prolétariat (cest-à-dire la dictature de
la majorité au profit de la majorité) permettra
à cette classe de réaliser son programme, daccomplir
ses tâches: expropriation de la bourgeoisie et donc élimination
en tant que classe (un bourgeois dépossédé
pourra bien sûr se réinsérer à titre
individuel dans la société, en tant que travailleur
contribuant à la production), destruction de lÉtat
bourgeois et édification des institutions de la démocratie
populaire, socialisation des moyens de production et orientation
rationnelle (planification) de lactivité économique
pour garantir la satisfaction des besoins de tous et toutes,
etc.
La maturation du
mode de production socialiste et de ses superstructures conduira
lhumanité à un système social encore
supérieur mais aujourdhui inaccessible: le Communisme,
société sans classe et sans État.
Voilà brièvement
récapitulées, quelques-unes des thèses principales
du Marxisme-Léninisme.
Il en existe encore
bien dautres et toutes mériteraient dêtre
développées.
Mais, nous lavons
dit, notre but ici était seulement de donner un aperçu
général de la base idéologique de notre
organisation, de notre vision du monde et de notre conception
historique.
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