Cellules Communistes Combattantes

La flèche et la cible

 

13. Quels sont les précédents les plus immédiats de la lutte armée révolutionnaire en Belgique?

Il importe ici de s’entendre sur la notion de «lutte armée révolutionnaire» .

En effet, selon que l’on désigne par là une pratique armée inscrite dans une perspective révolutionnaire historique ou une pratique armée menée par des révolutionnaires dans le cadre d’une lutte populaire et/ou prolétarienne à finalité réformiste, la réponse à la question sera différente.

Dans le premier cas on doit remonter jusqu’au siècle passé, dans te second on citera la grande grève de l’hiver 1960/61.

Pour ce qui est d’une pratique armée inscrite dans une perspective révolutionnaire historique, il faut remonter jusqu’en 1887/88, aux grandes grèves révolutionnaires lancées par les mineurs et les ouvriers du Centre, du Hainaut et du Borinage.

La figure de proue de ce mouvement fut Alfred Defuisseaux, le fondateur du Parti Socialiste Républicain (P.S.R.) que l’on pourrait qualifier à de nombreux égards de blanquiste.

La revendication principale de ces grèves était le suffrage universel (pour lequel Defuisseaux lutta infatigablement) mais, à leur époque, elles s’inscrivaient dans un réel projet révolutionnaire.

L’usage des armes et de l’explosif y était largement répandu et ainsi, par exemple, chaque nuit les mineurs allaient dynamiter des maisons de jaunes.

L’action armée s’étendit aussi à des objectifs officiels, comme l’Hôtel de Commerce de La Louvière où deux officiers furent blessés lors d’un attentat (car, bien entendu, la troupe avait été dépêchée dans la région), etc. Parallèlement à la grève et aux actions armées étaient organisés des «meetings noirs», ainsi dénommés parce qu’ils se tenaient dans l’obscurité afin d’empêcher d’éventuels mouchards d’identifier les participants.

Mais au terme de longues manœuvres la police parvint à infiltrer trois de ses agents dans l’appareil du P.S.R., infiltration qui fut à l’origine de nombreuses arrestations, du démantèlement du parti et finalement du célèbre procès dit du «Grand Complot» (1889).

Cette lutte des années 1887/88 constitue un événement marquant dans l’histoire politique du prolétariat beige, car c’est à la faveur de sa défaite que les réformistes du P.O.B. (qui pour leur part avaient condamné les grèves) imposèrent définitivement leur hégémonie sur le mouvement ouvrier.

Si l’on choisit de regrouper sous la formule «lutte armée révolutionnaire» toutes les actions menées par des révolutionnaires - même dans un cadre finalement réformiste-, il faut par contre remonter bien moins loin.

Que l’on pense simplement à la Résistance anti-fasciste où les communistes jouèrent un rôle de premier plan (au prix de lourds sacrifices) et durant laquelle d’innombrables actions armées furent menées contre l’occupant, les rexistes, les collaborateurs, etc.

Que l’on se souvienne aussi des événements liés à «l’affaire royale»: 136 attentats recensés entre le 26 juillet et le 1er août 1950, dont 59 à l’explosif - pour l’essentiel contre des voies ferrées.

Et bien sûr on ne peut manquer de rappeler la grande grève de l’hiver 1960/61:1350 actions de sabotage comptabilisées entre le 22 décembre et le 17 janvier! De nombreux pylônes et voies ferrées dynamités, des journaux bourgeois incendiés, des tirs d’armes à feu contre les rares autobus en service, etc., etc.

Mais il faut bien faire la part des choses en ce qui concerne ces exemples et ces chiffres.

Une part sans doute importante des actions armées menées furent le fait d’hommes et de femmes ayant comme seul objectif la libération nationale en 1940-44, l’abdication de Léopold III en 1950 et le retrait de la «Loi unique» en 1960/61.

Ce qui, au niveau du sens et du contenu, différencie fondamentalement leurs interventions de celles des communistes et des révolutionnaires qui ne perdent jamais de vue l’objectif final de la révolution pro­létarienne.