Cellules Communistes Combattantes

La flèche et la cible

 

15. Pouvez-vous développer plus amplement la distinction entre contradiction à caractère réformiste et contradiction à caractère révolutionnaire, distinction à laquelle vous semblez tenir?

Nous ne tenons à cette distinction que dans la mesure où elle nous paraît réelle, utile pour le travail d’analyse.

Ni plus ni moins, il s’agit de distinguer deux catégories de contradictions, selon qu’elles puissent être résolues dans le cadre du capitalisme ou que leur résolution exige un bouleversement révolutionnaire, selon qu’elles concernent une fraction sociale seulement ou l’ensemble de la classe révolutionnaire, le prolétariat.

Les contradictions à caractère révolutionnaire ne s’expriment pas pour autant en permanence de façon aiguë, mais elles restent indissociables du système capitaliste, de ses cycles, de sa tendance obligatoire au développement.

Nous pensons que deux grandes contradictions à caractère révolutionnaire s’affirment à notre époque dans l’Europe impérialiste: la contradiction opposant le prolétariat au capitalisme en crise (et donc à la bourgeoisie et aux politiques gouvernementales anti-ouvrières) et la contradiction opposant tout le peuple à la tendance à la guerre impérialiste (et donc aux menées des grandes puissances et aux pactes militaires impérialistes).

Et de fait, toute l’action de notre organisation en 1984/85 s’est déployée sur ces deux espaces de lutte.

Croire qu’un espace de lutte en vaut un autre -et que la seule chose qui compte est la ligne politique qu’on y défend ou la radicalité qu’on y apporte - est une erreur subjectiviste.

Bien sûr, il est vrai que le seul fait de placer son action sur le terrain d’une contradiction à caractère révolutionnaire ne constitue pas nécessairement une démarche révolutionnaire: il suffit de passer en revue les politiques trade-unionistes et pacifistes dominantes aujourd’hui dans le cadre des luttes anti-austérité et anti-guerre pour le constater.

Et il est vrai que les révolution­naires peuvent également s’engager à l’occasion avec des résultats tactiques positifs dans le contexte de contradictions à caractère réformiste.

Mais, à terme, seules les contradictions à caractère révolutionnaire sont centrales (stratégiques) pour les communistes, car les réformistes et les réformes sont incapables d’y répondre à l’attente des masses et que cette attente ne peut historiquement que gagner en importance.

Les contradictions à caractère réformiste ne peuvent retenir que l’intérêt tactique des communistes, car dans ce cas les réformistes sont en mesure d’y proposer des solutions véritables et d’un accès bien plus aisé que la voie révolutionnaire.