Cellules Communistes Combattantes

La flèche et la cible

 

20. Ces dernières années en France, on a vu surgir des mouvements de grève vastes et décidés, indépendants des structures syndicales traditionnelles (cf. la grève de 1988 à la S.N.C.F.); en Italie, les comités de base ont souvent débordé le syndicalisme officiel; en R.F.A. sont apparus des «syndicalistes oppositionnels» ; etc.

Le même phénomène se développe-t-il en Belgique?

Il est aussi apparu dans notre pays, principalement ces dernières années, des initiatives de base qui sortaient des sentiers battus, tant au niveau des formes d’organisation que des méthodes de lutte.

Lors de la grande grève des enseignants de 1990 on a vu surgir le «Front des Enseignants Unis», regroupement néo-corporatiste particulièrement dynamique et encore actif aujourd’hui, et des démarches similaires ont depuis lors émaillé les mouvements de lutte des cheminots.

Mais l’importance de ce phénomène en Belgique est bien moindre qu’en Italie ou en France, et de surcroît il présente certains aspects artificiels en ce que cette formule de «cobas» fut - semble-t-il - souvent impulsée de l’extérieur par des forces politiques et militantes qui voyaient dans ce modèle apparu à l’étranger une nouvelle voie à suivre.

De toute manière, ces initiatives marginales -dont nous ne savons que peu de choses - se révèlent généralement éphémères, confidentielles, pas vraiment efficaces, peut-être précisément en raison de leur manque d’assise objective, de vitalité propre.

cela explique aussi que nous ne disposions pas de beaucoup d’éléments pour analyser le phénomène.

Toutefois une chose nous paraît certaine: la seule formule de «cobas» ne peut constituer en elle-même une issue à la crise que traverse le mouvement prolétarien en Europe car cette crise repose moins sur des problèmes de méthode, de structure, de forme organisationnelle, de tactique, etc., que sur la question de la perspective politique de lutte.

Il nous semble que les «cobas», aussi radicaux et démocratiques qu’ils puissent être parfois, n’en sont pas pour autant un espace moins favorable au corporatisme que les syndicats traditionnels, - et au contraire même!

La formule des «cobas» peut donc éventuellement présenter un intérêt tactique et organisationnel dans son domaine, mais à notre avis elle ne constitue pas un véritable élément de solution pour la classe à qui il manque non pas une recette de regroupement de base mais bien une ligne politique globalisante et centralisatrice.