Cellules Communistes Combattantes

La flèche et la cible

 

30. Comment voyez-vous pratiquement le processus de construction de l’avant-garde révolutionnaire à partir de la situation actuelle du mouvement de classe en Belgique?

La question nous semble bien posée en ce qu’elle lie le problème à résoudre à la situation qui le détermine.

Première donnée essentielle: dans notre pays, il est question de construction de l’avant-garde révolutionnaire, compte tenu du fait que depuis grosso modo un demi-siècle aucune force politique n’a pu prétendre à cette responsabilité (nous précisons notre analyse à ce propos en répondant aux questions no11 et 12), la cassure historique est nette, la vacuité installée.

La scission du P.C.B. dans les années 60 et l’apparition des groupes «maoïstes» un peu plus tard auraient éventuellement pu déboucher sur une sorte de reconstruction à partir des meilleurs acquis historiques, mais ce ne fut pas le cas.

Aujourd’hui, le P.C.B. révisionniste a disparu et l’extrême-gauche institutionnelle (P.O.S. et P.T.B.) patauge irrémédiablement dans l’opportunisme, le crétinisme parlementaire, etc., et collabore avec empressement à la contre-révolution.

Les révolutionnaires en Belgique se trouvent donc face à une situation de vide complet, une situation où tout doit être apporté, tout doit être construit.

Pour notre part, nous avons l’habitude de dire que les Cellules Communistes Combattantes sont le produit de cet extrême dénuement du mouvement révolutionnaire de classe et plus encore le produit de l’impérieuse nécessité historique d’en sortir.

En effet, seules jusqu’à présent les Cellules ont emprunté la voie qui, partant de la pénible situation présente, permet de progresser dans la lutte pour la révolution.

Et si la modestie et la fragilité de notre organisation ont témoigné de l’atomisation et du désarroi de l’ensemble des forces prolétariennes, il faut mettre cela en rapport avec la longueur et la profondeur de la déchéance du mouvement communiste dans le pays et comprendre en conséquence que cette atomisation et ce désarroi sont a ce point enracinés qu’ils caractériseront un certain temps encore la réalité où agir.

Il serait donc vain d’espérer voir apparaître ici à brève échéance une force organisationnelle réellement implantée dans tous les secteurs prolétariens (ou, du moins, les principaux) et qui pourrait ainsi prétendre à la polarisation de l’ensemble des initiatives des avant-gardes révolutionnaires de la classe. Pas plus que les Cellules Communistes Combattantes ne le pouvaient (elles ont toujours été très claires à cet égard), personne ne pourrait prétendre aujourd’hui à la centralisation structurelle des potentialités et forces révolutionnaires: les conditions objectives pour ce faire ne sont tout simplement pas réunies. Pourtant cette centralisation est capitale.

C’est la raison pour laquelle les communistes et les prolétaires d’avant-garde en Belgique doivent prioritairement travailler à l’émergence de ces conditions.

Pratiquement, cela implique à notre avis la constitution d’une véritable trame d’initiatives révolutionnaires, la construction responsable de nom­breuses petites unités politico-militaires actives, le plus généralement - hélas! - isolées les unes des autres.

C’est là tout le principe stratégique du mot d’ordre «Que mille cellules naissent!»: puisqu’actuellement l’établissement d’une organisation révolutionnaire à même d’exercer une action centripète est hors de portée, il est du devoir de chaque camarade d’œuvrer concrètement à l’impulsion d’initiatives révolutionnaires, quelles qu’en soient les limites ou le degré d’isolement initiaux.

Seules l’apparition d’un pareil réseau (dont le développement se fera naturellement en maillage), sa dynamique propre et son action sur la réalité politico-sociale permettront le dépassement de la décomposition et du désarmement (dans tous les domaines et en premier lieu politique) actuels du camp révolutionnaire, la conquête d’étapes supérieures de lutte pour la révolution.

Toutefois, que l’on nous comprenne très bien: cette conception stratégique particulière d’émergence est indissociable de l’objectif primordial de construction de l’organisation unique, politique et combattante, centralisée et hiérarchisée, catalysant et synthétisant les aspirations de l’ensemble du prolétariat dans une perspective historique, regroupant tous les éléments d’avant-garde de la classe.

Car la pire des erreurs serait bien sûr de s'installer dans l’éparpillement ou de s’en accommoder politiquement: au plus tôt nous en aurons fini avec lui, au mieux cela vaudra! Cette situation n’est tolérable que dans l’exigence de sa liquidation la plus rapide et entière.

Voilà pourquoi aujourd’hui toute initiative particulière porte une immense responsabilité vis-à-vis du processus général d’unification.

Une responsabilité qui doit se traduire par une attention exceptionnelle portée au caractère et à l’incidence de toute pratique révolutionnaire.

Seule la recherche permanente d’unité théorique, politique et stratégique, pourra remédier aux inconvénients et limites de l’inévitable décentralisation initiale.

Seule la démarche d’unité - dans la lutte - apportera au mouvement communiste révolutionnaire les caractères objectifs et subjectifs nécessaires au progrès historique que représentera la fondation de l’Organisation Combattante des Prolétaires.